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L’argent et le bonheur

Une relation des plus ambiguës


Table des matières
 L’argent et le bonheur
 L’argent et le sentiment de puissance
 La relation « idéale » d’un individu avec
l’argent
Introduction
 Investir est toujours un acte éminemment narcissique et tout humain
est contraint à investir les autres pour vivre, et aussi créer des liens
sociaux. L’argent sera donc ce moyen privilégié, ce mode d’expression,
ce langage. Aussi se prête-t-il mal à la neutralité. La soif de richesses,
le désir d’accumulation de biens, constituent une des principales
caractéristiques de l’espèce humaine. Certains diront que l’argent
représente la liberté, la sérénité, le plaisir, la jouissance, le pouvoir et
particulièrement le pouvoir sur les autres. D’autres évoqueront le
malheur, la discorde, la jalousie, les rivalités, les passions. D’autres,
moins nombreux, en parleront comme d’une nécessité qui doit
circuler, un moyen d’échanger et de communiquer entre les hommes.
L’argent et le bonheur
 Les chercheurs scientifiques ont constaté qu’ils peuvent attirer conclusions auxquelles
ils sont parvenus :
 1) Sur une échelle de 1 à 7 (du moins heureux au plus heureux), on trouve certes que les
hommes et les femmes les plus riches se disent généralement heureux ou très heureux (ils
sont notés entre 5 et 6). Mais on découvre avec surprise beaucoup de « foyers de bonheur
» dans des endroits inattendus comme :
- le Groenland, où les gens vivent toute l'année dans un froid glacial (- 20 °C) et des
conditions spartiates ;
- le Kenya, chez des éleveurs déshérités qui dorment dans des huttes sans chauffage, ni
eau, ni électricité.

 2) L'argent fait vraiment le bonheur d'un individu ou d'une nation lorsqu'il les fait
passer du dénuement total à un relatif confort : celui qui se nourrit convenablement, est
logé, accède à l'eau courante, à l'électricité et au chauffage, après avoir été privé de ces
besoins fondamentaux, se sent heureux.
L’argent et le bonheur
 L'argent fait votre bonheur lorsque vous passez de rien à quelque chose et lorsqu'il vous
donne une possibilité, fût-elle limitée, de choisir entre deux biens (poisson ou viande,
légume ou fruit, par exemple).
Mais les pas suivants, qui conduisent à une vie beaucoup plus confortable ou plus
luxueuse, ne procurent pas toujours et pas forcément du bonheur ou autant de bonheur :
autrement dit, le bonheur ne grandit pas avec la prospérité.
Il arrive même, et plus souvent qu'on ne le pense, que plus de prospérité engendre de
nouvelles aspirations : à un moment donné, le luxe et le superflu en viennent à être
considérés comme des besoins, et ne pas pouvoir les satisfaire est alors ressenti comme
une frustration.
En tout cas, les citoyens des États-Unis, ceux du Japon ou des pays de l'Europe
occidentale et du Nord, dont le revenu a été multiplié par trois ou quatre au cours des
soixante dernières années, n'ont pas vu leur degré de bonheur ou de satisfaction suivre la
même progression. Conclusion : plus d'argent n'apporte pas plus de bonheur et
beaucoup plus d'argent ne vous donne en aucun cas beaucoup plus de bonheur.
L’argent et le bonheur
 3) Si on ne sait toujours pas qui de l'oeuf ou de la poule précède - et
fait - l'autre, on sait en revanche, grâce aux chercheurs qui se sont
consacrés à la question, que les personnes qui se sentent heureuses
gagnent plus d'argent. C'est qu'elles travaillent mieux, ont une
meilleure productivité, un moral de gagnant et une stabilité propice au
progrès social.
Dans leur cas, qui n'est pas aussi rare qu'on le croyait, le bonheur aide
puissamment à gagner plus d'argent voire à s'enrichir.

4) La découverte la plus intéressante de nos chercheurs permet
d'introduire le facteur politique dans la relation dialectique entre
argent et bonheur :
L’argent et le bonheur
 Les nations qui se sont enrichies au point de devenir prospères ont, à
un moment ou à un autre de cet itinéraire, accédé à la démocratie.
Si toutes les démocraties ne sont pas riches - la majorité des citoyens
du Sénégal, de l'Inde, de l'Afrique du Sud sont encore pauvres -, tous
les pays riches, ceux dont le revenu global et par habitant est élevé,
sont des démocraties bien établies.
Les droits de l'homme, de la femme et de l'enfant y sont (en général)
respectés, la justice y est indépendante et on y vit sous le règne de la loi
; le système de santé et de sécurité sociale protège les citoyens. De tout
cela il résulte un sentiment général de sécurité et de bien-être qui
contribue plus que l'argent au bonheur des gens.
L’argent et le bonheur
 5) Mais la médaille a son revers. Les gouvernants de ces mêmes
nations démocratiques étant élus et ne pouvant se maintenir au
pouvoir que si leurs concitoyens les réélisent, ils seront tentés « d'aller
dans le sens du vent ».
Dès lors que plus d'argent ne donne pas à leurs électeurs-citoyens plus
de bien-être et de bonheur, les dirigeants des démocraties riches
auront tendance à consacrer plus d'attention au social qu'à
l'économique et voudront de plus en plus répartir les richesses
acquises, au détriment de l'effort qui permet d'en produire de
nouvelles.
C'est le danger qui guette :
- les socio-démocrates de tous les pays lorsqu'ils sont au pouvoir ;
- et, plus grave, les démocraties les plus avancées et la démocratie en
tant qu'idéologie.
L’argent et le bonheur
 Dans leur majorité, les citoyens de ces démocraties en arrivent à vouloir
travailler de moins en moins (dans la semaine comme dans leur vie) pour
bénéficier de plus de temps de loisirs, au cours de leur vie active. Et d'une
retraite prise plus tôt...
Ils se font alors rattraper puis distancer par des nations, démocratiques ou
moins démocratiques, mais qui ont plus de jeunesse et d'énergie.
Non rassasiées, ces dernières « en veulent » encore et trouvent du bonheur
dans le progrès économique et... l'accès à plus de richesse.

 La relation entre argent et bonheur n'est décidément pas simple. Dans ce


tandem, aucun des deux ne fait l'autre, mais aucun des deux n'est absent ou
très loin lorsque l'autre est là.
Et aucun des deux ne vous est durablement acquis si vous ne vous donnez pas
la peine de vous en occuper, de veiller à ce qu'il demeure votre compagnon.
L’argent et le sentiment de
puissance.
 Quand la possession de l'argent devient une finalité, des
efforts colossaux seront déployés afin d'atteindre cet
objectif plutôt qu'un autre. Toute notre activité sociale
tourne autour de ce but, alors on admet que l'argent est
devenu le nouveau dieu terrestre. En tant que valeur
dépassant toute autre valeur, le seul fait de posséder
beaucoup d'argent (sans même le dépenser !) procure un
sentiment euphorique de puissance. C'est ici que les
problèmes commencent : "Avec de l'argent dans les
poches, nous sommes libres, alors que l'objet nous rendait
auparavant dépendants des conditions de sa conservation
et de sa fructification.
La relation « idéale » d’un individu
avec l’argent
 Bien que théorique, une réflexion sur cette question n’est pas inutile à qui
accompagne des personnes ayant avec l’argent des relations complexes et
parfois conflictuelles.
 Une telle relation idéale serait caractérisée par :
 La capacité à en gagner suffisamment, sans avoir à « se tuer au travail »
 La capacité à le dépenser, pour satisfaire ses besoins et ses désirs (savoir se
faire plaisir)
 La capacité à contrôler ses dépenses en fonction de ses revenus
 La capacité à épargner et à emprunter (ni trop, ni trop peu)
 La capacité à penser l’argent dans la durée, et notamment à constituer et à
gérer un patrimoine, en « bon père de famille »
 La capacité à donner gratuitement et à recevoir
 La capacité à recevoir, à « intégrer » et à gérer un héritage
 La capacité à transmettre à ses propres héritiers
La relation « idéale » d’un individu
avec l’argent
 Le fait d’avoir, de l’argent, une représentation réaliste et positive ou
au moins neutre
 Le fait que l’argent tienne une place modérée (ni trop, ni trop peu)
dans sa vie psychique (pensées, rêves, conversations, émotions…)
 La capacité à faire normalement confiance en l’avenir
 La capacité à faire confiance à un tiers (ce qui n’exclut ni les
précautions préalables, ni éventuellement un contrôle a posteriori…)
 Le respect, pour l’essentiel, de la loi et des usages
 Le souci de faire avec autrui des transactions équitables
 Plus techniquement 
 La capacité à distinguer l’argent flux et l’argent stock
 La capacité à manier une grosse somme d’argent
 La capacité à prendre un risque modéré (ex : acheter un logement)

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