Vous êtes sur la page 1sur 4

EXAMEN DE FIN D’ÉTUDES SECONDAIRES GÉNÉRALES

2019
BRANCHE SECTION(S) ÉPREUVE ÉCRITE
Durée de l’épreuve : 3 heures

Français GSO Date de l’épreuve : 17/09/2019


Numéro du candidat :

Partie A : Compréhension de l’écrit (10 points)

Quand les trolls envahissent Internet

Les lecteurs du Hobbit se souviennent à coup sûr des trolls, ces créatures fantastiques de la
mythologie nordique, géants au cerveau d’escargot, transformés par Tolkien en figures mal-
faisantes… Mais il est aujourd’hui d’autres trolls, avatars d’un monde aussi étrange que la
Terre du milieu, et tout autant nuisibles que leurs lointains aïeux… Car certains affirment
5 que les trolls modernes furent baptisés ainsi en référence aux monstres scandinaves quand
d’autres spécialistes affirment que leur patronyme est bêtement tiré de l’argot d’Internet…

Les trolls du XXI° siècle ne hantent pas les cavernes ou les forêts profondes; ils diffusent leur
médiocrité, leur amertume, leur méchanceté ou leur venin sur la Toile. « Ils empoisonnent
les débats sur Internet avec des remarques inappropriées ou provocantes », résume le La-
10 rousse.(..) La prolifération de ces inlassables agitateurs paraît aujourd'hui sans limites… C’est
d’ailleurs ce que semble penser Yann Leroux, psychanalyste, geek et écrivain: « C’est la
grande déception des réseaux sociaux…car force est de constater que les grands principes de
la nétiquette des débuts d’Internet - le partage, l’entraide, le respect - sont foulés aux pieds.
Les gens passent plus de temps à s’engueuler qu’à construire des choses. Les trolls sont en
15 train de gagner. »

La blague facile, la mauvaise foi outrancière, la provocation gratuite ou le mensonge pur et


simple, tout est bon pour détourner le débat, faire dérailler la discussion et occuper l’espace.
(…) Dans un espace où les retweet ou les like représentent l’unique échelle de valeur, l’ar-
gument pondéré et la déclaration réfléchie font bien moins réagir que l’énormité avancée
20 avec aplomb. Bref, on a plus de chances d’être une star des réseaux, un leader d’opinion, en
agissant en troll tonitruant plutôt qu’en modeste expert.
Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, pas une journée ne passe sans que des community ma-
nagers de marque vannent des anonymes pour mettre les rieurs de leur côté, que des jour-
nalistes, écrivains ou politiques déboulent dans les fils de discussion, lâchent des intox, pro-
25 voquent les internautes avec à la clé une bonne brassée de réactions. Bref, tout le monde
fait le troll, même si rares sont ceux qui l’assument. Le troll, c’est toujours l’autre.

1/4
Examen de fin d’études secondaires générales – 2019

On a longtemps cru que l’anonymat constituait le terreau indispensable à l’éclosion de cet


empêcheur de discuter tranquille, mais on se rend compte aujourd’hui qu’être connu et re-
connu n’empêche absolument pas de troller, au contraire! ( …) Une étude sociologique de
30 l’université de Zurich montrait même en 2016 qu’un « individu qui tient des propos agressifs
sous sa propre identité sera jugé comme plus « crédible » par ses interlocuteurs parce qu’il
assume ses opinions ». L’illustration ultime? Donald Trump quand, un exemple parmi
d’autres, à l’occasion de l’attentat meurtrier de Strasbourg, il tweete sur la nécessité de fer-
mer les frontières américaines: cela n’a strictement aucun rapport, mais génère des milliers
35 de commentaires (outrés ou de soutien). Débat confisqué, agitation maximale et, donc, mis-
sion accomplie!
« Son utilisation des majuscules, sa façon de manier l’absurde ou de retourner le stigmate
contre la personne à laquelle il s’adresse, comme les prétendues fake news des médias tra-
ditionnels…, cela relève effectivement des techniques de troll », analyse Romain Badouard,
40 maître de conférences en sciences de l’information à l’université Paris-II. Que l’une des per-
sonnes les plus importantes de la planète agisse comme un troll en dit long sur l’acceptation
de cette brutalité, la banalisation de ces méthodes.(…)

Le trolling a quitté le monde en ligne pour avoir des influences palpables dans la réalité. Les
dernières révélations de deux commissions d’enquête américaines ont montré comment
45 des centaines d’internautes basés en Russie ont tenté d’influencer l’élection présidentielle
aux Etats-Unis, en utilisant tout un arsenal hérité des pratiques des trolls, comme le détaille
un article du New York Times: exacerbant le « ni Clinton ni Trump » chez les électeurs noirs,
inventant un mouvement des United Muslim Of America pour exaspérer les lecteurs conser-
vateurs, provoquant de fausses discussions où un complice fait semblant d’être convaincu….
50 « C’est un trolling à échelle industrielle », analyse Yann Leroux. Difficile d’évaluer l’influence
de cette guérilla en ligne, mais force est de constater que le candidat favorable à Moscou a
été élu…
Après le Web, les trolls sont-ils aussi en train de casser la démocratie?

(706 mots)

Antoine Besse, Marianne, février 2019

2/4
Examen de fin d’études secondaires générales – 2019

Questionnaire partie A (10 points ; -1,5 points par élément ; dictionnaire non auto-
risé)

I. Dites si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses par rapport au contenu de l’ar-
ticle. Justifiez à chaque fois votre réponse en citant le texte (en recopiant la phrase ou
partie de phrase correspondante) et indiquez les lignes.
Les deux parties de la réponse doivent être correctes pour que cette dernière soit validée.

1 On devient plus rapidement une vedette dans les réseaux sociaux lorsqu’on sait
argumenter.
2 Les personnes dont on ignore le nom sont les seules à troller.
3 Aujourd’hui, on méprise les règles de conduite à respecter pour le bon usage
d’Internet.
4 Les tweets de Trump ne provoquent que de l’indignation voire de la colère.
5 Le trolling a uniquement des conséquences sur Internet.
6 Peu de gens reconnaissent qu’ils trollent régulièrement voire sont prêts à en
porter la responsabilité.
7 L’auteur compare le trolling à une guerre civile.

II. Expliquez les expressions suivantes dans leur contexte.

1 empoisonnent le débat (l.8-9)


2 la prolifération (l.10)
3 les prétendues fake news (l.38)

Partie B : Analyse de l’écrit et expression écrite (30 pts.)

Violences scolaires : pas de solution miracle

Les réseaux sociaux sont d’impitoyables révélateurs. Et des amplificateurs capables de dé-
clencher de puissantes vagues de protestation. On le constate, une nouvelle fois, avec la
vidéo, largement diffusée depuis le 18 octobre 2018, dans laquelle on voit un lycéen de
Créteil mettre en joue une professeure avec une arme pour exiger qu’elle ne note pas une
5 énième arrivée en retard en cours.

Que l’arme se soit avérée factice n’enlève rien au choc de l’image : depuis une semaine, ce
sont des milliers de professeurs de collèges et de lycées qui témoignent, sur Twitter, des
faits de violence qui dégradent, voire pourrissent, le climat dans leur établissement. Le suc-
cès du hashtag #pasdevague sous lequel ils s’expriment démontre, à la fois, leurs difficultés
10 à faire face à ces situations et le sentiment qu’ils sont abandonnés à leur sort par les chefs

3/4
Examen de fin d’études secondaires générales – 2019

d’établissement et les autorités académiques. Ceux-ci, à leurs yeux, sont trop enclins à mi-
nimiser ces incidents et, selon la formule du ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel
Blanquer, à « mettre la poussière sous le tapis ».

Le phénomène n’est pas nouveau, et l’éducation nationale s’en préoccupe sérieusement


15 depuis une vingtaine d’années. Toutes les enquêtes sur le sujet montrent également qu’il
n’est pas en expansion. Entre 2007 et 2016, les incidents graves recensés par le ministère
(violences physiques ou verbales, atteintes à la vie privée, violences sexuelles, vols ou dé-
gradations des locaux, des matériels ou des biens personnels) se sont stabilisés et se produi-
sent la plupart du temps entre les élèves. Moins de 1 % des enseignants déclarent avoir subi
20 des violences physiques durant leur carrière, et environ un tiers des agressions verbales.
Mais ces chiffres globaux ne rendent pas compte du sentiment de solitude de nombreux
professeurs, ni du traumatisme provoqué par les agressions les plus violentes, ni de la lassi-
tude devant la banalisation des incivilités ou des injures. Ils ne reflètent pas davantage la
diversité des situations et la plus grande concentration des problèmes dans les lycées pro-
25 fessionnels ou dans des quartiers « difficiles ». Inévitablement, la violence qui enflamme
telle ou telle banlieue, et dont témoigne la multiplication récente de rixes sauvages entre
bandes d’adolescents, déteint sur le « sanctuaire » scolaire.

Sévèrement interpellé à l’Assemblée nationale par la droite ou l’extrême droite, qui l’accu-
saient d’occulter le problème, le ministre a haussé le ton : « Il n’y a aucun laxisme. Nous
30 allons rétablir l’ordre et l’autorité », a-t-il martelé.
(400 mots)
Editorial publié dans Le Monde le 25 octobre 2018

Questionnaire Partie B:

1. Dégagez les idées essentielles du texte en vos propres mots. Indiquez le nombre de
mots utilisés. (maximum 100 mots / dépassement de 10% autorisé) (15 points)

2. Quelles solutions pouvez-vous proposer afin de réduire les violences à l’école? Justifiez
votre réponse en veillant à bien la structurer (minimum 150 mots). Indiquez le nombre de
mots utilisés entre parenthèses à la fin du commentaire ! (15 points)

Partie C : Étude d’une œuvre littéraire (20 points)


Un secret, Philippe GRIMBERT

1) Hannah montre ses vrais papiers aux soldats allemands. S’agit-il d’une erreur? Justifiez
votre réponse. (10 points)

2) Qu’est-ce qui a déclenché chez le narrateur le besoin d’écrire le roman? Pourquoi l’a-t-il
dédié à Simon? (10 points)

4/4

Vous aimerez peut-être aussi