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Cours magistral : Doreid BECHERAOUI Master I

2022/2023
Travaux dirigés : Emilie EHRENGARTH

Droit pénal spécial

TD 3. Les atteintes volontaires à l’intégrité de la


personne

Documents

Doc 1. P.-J. Delage, « Happy slappers and bad lawyers », D. 2007 p.1282
Doc 2. C. Girault, Le relâchement du lien de concertation entre l'auteur principal et le complice,
D. 2008 p.1714
Doc 3. Cass.crim. 29 mars 2017, n° 16-82.615
Doc 4. Cass.crim. 30 septembre 2009, n° 09-80.373

Exercices
1. Faire les fiches d’arrêt.
2. Résoudre le cas pratique.

1
Résoudre le cas pratique
Lors d’une partie de chasse un peu arrosée, les esprits s’échauffent. Léo et Arthur, qui ne se
sont jamais entendu sur rien, en viennent aux mains. D’un caractère emporté, Léo jette Arthur
à terre, s’empare de son arme et tire sur le jeune homme en plein cœur. Arthur décède sur le
champ. Léo, qui a été arrêté par les autres chasseurs, est remis aux forces de l’ordre.
La jeune épouse d’Arthur, Aurore, a été avertie du drame. Elle contacte Franck, le meilleur ami
d’Arthur et ancien tireur d’élite. Elle lui annonce la triste nouvelle. Elle dit à Franck que Léo va
argumenter qu’il n’a fait que se défendre et qu’il s’en sortira très certainement, son père étant
un juge très réputé. Franck, qui considérait Arthur comme son frère, assure Aurore que ce
« salaud » subira le châtiment qu’il mérite. Aurore, de son côté, l’informe que Léo sera présenté
au juge d’instruction à la fin de la semaine. Elle lui fournit l’heure et l’adresse de la convocation.
Bien décidé à assouvir sa vengeance, Franck se poste sur le toit d’un immeuble, attend le
fourgon qui transporte l’auteur présumé des faits. Dès qu’il l’aperçoit, lui tire une balle entre
les deux yeux. Léo s’écroule, mort. Franck réussit à s’échapper, prévient Aurore de la totale
réussite de l’opération et disparaît dans la nature.
Pour fêter cela, Aurore décide d’inviter quelques amies au restaurant « Les Deux Clés » et de se
faire un très bon repas en hommage à Arthur, cuisinier de formation et fin gastronome. Alors
que le repas ne fait que commencer, Aurore, qui a seulement avalé un gorgée de champagne
et mangé quelques chips et cacahuètes, s’écroule. Elle s’étouffe. Un médecin, qui était assis à
une table voisine, se précipite pour lui porter secours. La meilleure amie d’Aurore lui dit que
son amie est allergique aux pistaches. En fouillant le plat, la tablée s’aperçoit qu’il y a quelques
miettes de pistaches, reconnaissables par leur couleur verte. Grâce à l’intervention du médecin,
qui avait sa trousse de premiers soins, la jeune femme survit. Clarisse, une invitée d’Aurore, voit
Marthe, la mère de Léo, sortir précipitamment du restaurant. Interrogée par la police, la vieille
femme, qui avait eu vent des festivités, reconnait avoir agi pour venger son fils , elle sait que
c’est à cause d’Aurore que son fils est mort.

Consignes : résoudre le cas pratique.


Trouvez les qualifications juridiques qui conviennent et les peines applicables pour chacun des
personnages. Ne traitez pas des aspects procéduraux de l’affaire.

2
Doc 1. « Happy slappers and bad lawyers »
Pierre-Jérôme Delage, Doctorant, Faculté de droit et des sciences sociales de Poitiers.
D. 2007 p.1282.

Parmi de nombreuses innovations ou modifications, la loi n° 2007-297 du 5 mars 2007, relative


à la prévention de la délinquance (JO 7 mars), a introduit, au sein du code pénal, un article 222-
33-3, tendant à réprimer la pratique dite du happy slapping (ou « joyeuse baffe »). Le
phénomène n'étant peut-être pas encore connu de tous, l'on apportera, dans un premier
temps, quelques précisions sur celui-ci ; ces observations liminaires effectuées, l'on s'attardera
sur l'incrimination nouvelle, susceptible de quelques critiques.

La pratique de la « joyeuse baffe » consiste, comme son nom l'indique relativement bien, à
frapper, plus ou moins violemment, une personne (parfois choisie au hasard), et à filmer la
scène (le plus souvent au moyen d'un téléphone mobile) ; tout l'intérêt de la chose réside dans
le fait de pouvoir visionner à volonté la scène litigieuse, mais également (et principalement) de
la montrer à ses amis, voire, grâce à internet (et, plus particulièrement, aux sites de partage de
vidéos), au monde entier. Générateur d'un engouement certain, le happy slapping a
rapidement connu de nombreuses dérives : durant la « crise des banlieues », certains jeunes
ont filmé des voitures en train de brûler après les avoir incendiées - comportement qualifié de
happy burning par le sociologue Christian Papilloud (cf. l'interview réalisée par L. Blecher,
Libération, 1er mars 2007) ; certaines de ces dérives sont d'ailleurs dramatiques : ont ainsi été
enregistrées puis diffusées des scènes de vols à l'arrachée, de viol, ou encore de « passages à
tabac » entraînant le décès de la victime.

Etant essentiellement le fait de mineurs ou de jeunes majeurs, le happy slapping trouve, si l'on
peut dire, sa source d'inspiration dans la « trash TV » - « Jackass », « Dirty Sanchez » -, mais
également (et ceci est bien plus dérangeant) dans la mise en scène habituelle du mal, dans la
banalisation de la barbarie et sa contemplation. Comme il l'a été remarquablement écrit, « tout
se passe comme si la mise en scène du mal, sous toutes ses formes et de toutes les manières,
exprimait une fascination inavouée, un manque, une absence, quelque chose comme une
sidération voluptueuse » (J.-C. Guillebaud, Le goût de l'avenir, Seuil, 2003, p. 41). Et pour preuve
: il semblerait que la diffusion des images des prisonniers d'Abou Ghraib ait « fait des émules »
(C. Papilloud, interview préc.) chez les happy slappers.

C'est ainsi que, encore méconnu (et même inexistant) il y a quelques années, le happy slapping,
originaire de Grande-Bretagne - Londres en est le « berceau moderne » (O. Seguret, Libération,
7 sept. 2005) -, s'est rapidement exporté vers plusieurs pays, tels l'Allemagne, la Suisse ou les
Etats-Unis, mais aussi la France. Les premières affaires françaises ont d'ailleurs été largement
médiatisées : l'on songe, notamment, au viol d'une collégienne survenu, fin 2005, à Nice, et
dont les images avaient été montrées au sein de l'établissement scolaire par son auteur, ou
encore à l'agression, en avril 2006, à Porcheville, d'une enseignante par un élève, tandis qu'un
autre filmait la scène avec son téléphone mobile (cf. L. Bronner et M. Kessous, Le Monde, 29
avr. 2006).

L'une des premières voix (politique) à s'être élevée contre le happy slapping fut celle de l'ancien
ministre de l'Intérieur qui, souhaitant qu'un tel comportement puisse tomber sous le coup de
la loi pénale, réclama la création d'une nouvelle circonstance aggravante (cf. P. Tourancheau,

3
Libération, 9 juin 2006). Cette proposition n'allait néanmoins pas être suivie, le Sénat ayant
préféré adopter, à l'occasion des débats relatifs à la future loi « prévention de la délinquance »
et à l'initiative de la commission des lois, un amendement tendant à réprimer le happy slapping,
non pas en tant que circonstance aggravante, mais en tant qu'acte de complicité. L'idée était la
suivante : pouvoir, désormais, sanctionner « le comportement de celui qui se borne à filmer la
scène violente, lorsqu'il ne peut pas être considéré comme l'instigateur de l'agression à laquelle
il ne participe pas directement ». Etait alors érigé en « une forme particulière de complicité »
(V. le rapport Houillon sur la prévention de la délinquance, AN, n° 3674, févr. 2007, p. 66) le fait
d'enregistrer sciemment, par quelque moyen que ce soit, des images constitutives de tortures
et actes de barbarie, violences, viol ou agression sexuelle (on relèvera que, curieusement, le
texte d'incrimination ne vise ni le délit d'atteinte sexuelle, ni le crime d'homicide).

Plus précisément, le nouvel article 222-33-3, en son alinéa 1er, dispose qu' « est constitutif d'un
acte de complicité des atteintes volontaires à l'intégrité de la personne prévues par les articles
222-1 à 222-14-1 et 222-23 à 222-31 et est puni des peines prévues par ces articles le fait
d'enregistrer sciemment, par quelque moyen que ce soit, des images relatives à la commission
de ces infractions ». L'alinéa 2, quant à lui, vient incriminer « le fait de diffuser de telles images
», les peines applicables étant de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende.
Enfin, le dernier alinéa précise que les dispositions précédentes ne sont « pas applicable[s]
lorsque l'enregistrement ou la diffusion résulte de l'exercice normal d'une profession ayant
pour objet d'informer le public ou est réalisé afin de servir de preuve en justice ».

On ne peut guère remettre en cause la légitimité d'une incrimination du happy slapping, et l'on
ne peut qu'approuver le refus des parlementaires d'en autoriser la sanction par l'intermédiaire
de la création d'une nouvelle circonstance aggravante (car celle-ci n'aurait pu concerner que
celui commettant matériellement les violences, mais en aucun cas celui se bornant à les filmer
: on imagine mal, en effet, appliquer une circonstance aggravante à un comportement qui, pour
être immoral, demeure, faute d'incrimination, légal - sauf à démontrer que la personne
enregistrant la scène de violences en est l'instigatrice).

On peut douter, en revanche, de la pertinence du choix législatif tendant à dissocier le


comportement de l'auteur des violences de celui les enregistrant, pour faire de ce dernier un «
simple » complice. La démarche est insatisfaisante à deux égards : d'une part, l'on peut
sérieusement contester le fait d'introduire, dans le code pénal, un nouveau mode de complicité
qui, purement spécial, n'a vocation qu'à régir certains cas particuliers (jusqu'alors, les «
ancestraux » modes de complicité que sont l'aide ou l'assistance et l'instigation semblaient
répondre aux nécessités de la répression ; fallait-il donc assister à l'apparition de quelques «
joyeux baffeurs » pour croire devoir ajouter à un édifice législatif pour le moins bicentenaire ?).
D'autre part, l'on peut critiquer la conception, exprimée à travers le recours à la notion de
complicité, selon laquelle le comportement de la personne enregistrant les violences serait
accessoire à celui de leur auteur matériel : une telle dissociation a pour inconvénient d'occulter
la communauté d'intérêts existant entre les protagonistes.

En effet, et les parlementaires l'ont eux-mêmes reconnu, « l'objectif final [poursuivi à travers le
happy slapping ] est de diffuser les images enregistrées » (rapport Houillon, préc., p. 65) ; en
d'autres termes, l'on peut assez certainement affirmer que, sans la présence de la caméra,
l'agression n'a pas lieu d'être. C'est dire, par extension, que la présence de l'agresseur ne
4
s'envisage pas sans celle de celui enregistrant les violences (et réciproquement), que leurs actes
sont nécessairement interdépendants ; aussi la personne filmant la scène de violence apparaît-
elle bien davantage comme un coauteur que comme un complice. On se permettra, pour
illustrer ces quelques propos, de citer un arrêt de la Chambre criminelle de la Cour de cassation
qui, pour ne pas être de première fraîcheur, n'en est pas moins admirablement rédigé : « Dans
les actes de complicité, il faut distinguer ceux qui, extrinsèques à l'acte, tendent à préparer,
faciliter et réaliser la consommation, de ceux qui, par la simultanéité d'action et l'assistance
réciproque, en constituent la perpétration même ; il suit que les individus coupables de ces
derniers actes sont bien moins des complices que des coauteurs de l'infraction » (Cass. crim. 17
déc. 1859, DP 1860. 1. 196).

C'est ainsi que, avec le happy slapping, le comportement adopté par la personne filmant les
images de violences participe, à égalité avec celui de la personne les commettant
matériellement, au résultat en commun escompté (c'est donc dans la complémentarité des
comportements et leur simultanéité que l'on découvre « l'assistance réciproque »
caractéristique de la coaction). Simultanéité, complémentarité et interdépendance sont ainsi
les traits essentiels du happy slapping ; aussi leur réunion appelle-t-elle une reconsidération du
choix législatif au profit de la coaction.

Si l'on suit ce raisonnement, le happy slapping devrait devenir une incrimination autonome qui,
pour être pleinement constituée, supposerait, outre la constatation de l'intention des
coauteurs, la réalisation d'un « élément matériel complexe », impliquant de voir réunis, dans le
même temps, sur la tête des protagonistes, deux comportements tout à la fois distincts et
interdépendants : un acte de violence et l'enregistrement des images de cet acte. Quant à la
sanction attachée à cette incrimination, celle-ci devrait être fonction de la gravité des faits
objets de l'enregistrement (selon les modalités habituelles d'aggravation), mais aussi
nécessairement plus élevée que celle encourue pour l'acte de violence accompli, afin de
clairement prendre en compte la finalité particulière poursuivie à travers le happy slapping ainsi
que son caractère collectif.

Au demeurant, la réécriture de l'alinéa premier de l'article 222-33-3 pourrait être, également,


l'occasion de parfaire la rédaction de son alinéa troisième (celui instaurant une cause
d'exonération de responsabilité pénale « lorsque l'enregistrement ou la diffusion [des images
de violences] résulte de l'exercice normal d'une profession ayant pour objet d'informer le public
ou est réalisé afin de servir de preuve en justice »). Car la formule légale a déjà suscité quelques
critiques, au premier rang desquelles celle de « Reporters sans frontières » qui, dans un
communiqué daté du 7 mars 2007, a fait valoir que « les passages de ce texte censés traiter du
happy slapping ont en réalité une portée plus large. Les internautes se voient désormais
interdire de publier des vidéos montrant des scènes de violences sur personne, même si ces
actes sont commis par les forces de police » (cf. L. Girard, Le Monde, 11 mars 2007).

5
Doc 2. Le relâchement du lien de concertation entre l'auteur principal et le complice
Carole Girault, Maître de conférences à l'Université d'Evry Val d'Essonne
D. 2008 p.1714

Les contours de la responsabilité pénale ont connu ces dernières années une véritable évolution
du fait de la reconnaissance exponentielle, à la fois d'origine jurisprudentielle et législative, de
nouvelles formes de participation à l'infraction (1). La consécration de la responsabilité de la
personne morale, suivie de l'abandon du principe de spécialité (2), la possibilité d'imputer une
infraction à un auteur moral (3), indirect ou médiat (4), l'extension de la circonstance
aggravante de bande organisée (5) ainsi que l'institution de nouvelles infractions reposant sur
des présomptions de culpabilité ou de responsabilité (6) montrent que le cercle des personnes
pénalement responsables ne cesse de s'élargir. Reposant sur la théorie de l'emprunt de
criminalité, la notion de complicité n'échappe pas à cette tendance, l'élargissement résultant
indistinctement de l'assouplissement des conditions générales de la complicité (complicité par
abstention, complicité postérieure à l'acte principal...), de la reconnaissance de nouveaux cas
de complicité (complicité indirecte, complicité d'infractions non intentionnelles) ou encore de
l'incrimination de délits distincts (happy slapping (7), mandat criminel (8)...). Alors que ces
différentes évolutions impliqueraient de dresser un bilan exhaustif des nouvelles formes de
complicité, le constat de l'affaiblissement du lien de concertation entre le complice et l'auteur
principal peut d'ores et déjà être formulé. Définie comme le fait de s'entendre pour agir
ensemble ou pour préparer une action en commun, la concertation est effectivement présumée
en l'absence d'accord direct entre les principaux protagonistes avant l'action (I) et même
ignorée lorsque l'auteur et le complice n'ont matériellement pas eu la possibilité ou la volonté
de s'entendre et de s'associer (II).

I - De l'admission d'une concertation tacite ou présumée...


Nécessaire pour sceller l'entente entre l'auteur principal de l'infraction et son complice, la
concertation ne se manifeste pas toujours ouvertement ni directement. La jurisprudence admet
de retenir dans les liens de la prévention aussi bien celui qui s'est abstenu d'agir pour empêcher
l'auteur de passer à l'acte, confortant ce dernier dans l'exécution du projet criminel (A), que le
complice indirect, simple maillon d'une chaîne ayant conduit à la commission d'une infraction
principale (B).

A - La complicité par collusion

La collusion, qui peut se définir comme une entente secrète, se révèle d'une grande utilité
lorsque le complice n'a pas manifesté positivement son intention d'aider l'auteur principal et
s'est contenté de rester passif lors de la commission de l'infraction. La volonté du complice,
bien que tacite, est néanmoins sans équivoque. C'est d'ailleurs ainsi que l'auteur principal la
perçoit, ce qui renforce sa détermination et l'encourage à passer à l'acte (9).

Conceptualisée par le Doyen Decocq (10), la notion de collusion requiert la réunion de trois
éléments pour être punissable : le complice doit avoir eu le pouvoir de s'opposer à l'action
illicite, la connaissance que celle-ci se commettait actuellement et enfin, comme dans tous les
cas de complicité, la volonté de s'y associer en laissant l'auteur libre d'agir. Le gardien de la paix
qui laisse un collègue commettre un vol au cours d'une patrouille (11), le débitant de boissons
qui ne met pas fin aux tapages nocturnes faits dans son établissement (12) ou encore le
6
comptable qui ferme les yeux sur certaines fraudes (13) s'abstiennent volontairement d'agir,
manifestant de cette façon leur adhésion. L'entente qui s'instaure avant ou lors de la
commission de l'infraction « est quelque chose de moins net, de moins formel, que le concept
frauduleux ou entente matérielle organisée que l'on découvre dans la complicité ordinaire. Il
s'agit d'une entente à mi-mot, d'une entente parfois muette, mais cependant très réelle et aux
effets palpables, puisque l'auteur sait qu'il peut compter sur le silence approbateur d'un tiers
et qu'il a les mains libres » (14).

Le pouvoir d'opposition du complice peut néanmoins ne pas résulter uniquement de ses


obligations professionnelles, contractuelles ou légales, mais de l'emprise psychologique qu'il
exerce sur l'auteur. La Cour de cassation a ainsi retenu la responsabilité du membre d'un groupe
d'agresseurs qui, par sa seule présence, avait fortifié moralement les assaillants (15), ou celle
d'une mère de famille, dont l'attitude négligente et l'empire total qu'elle exerçait sur ses
enfants auraient eu pour effet de déterminer l'un d'eux à commettre un parricide (16).
Réintroduisant la notion de devoir moral, cette jurisprudence modifie la conception habituelle
de la complicité en mettant à l'arrière-plan l'élément matériel, l'intention du complice justifiant
en grande partie la répression. Elle contribue également à définir la complicité par ses effets
sur le passage à l'acte alors pourtant que la causalité, dans les exemples précités, ne peut être
établie avec certitude (17). Parler de concertation ou de connivence devient, dans ce contexte,
aléatoire. Qu'il s'agisse du membre passif d'un groupe d'agresseurs ou d'une mère dominatrice,
il n'est pas sûr que le complice, dont on ne sait s'il connaissait le projet de l'auteur, ait voulu
encourager ou faciliter la commission d'un crime ni même qu'il était en mesure de s'y opposer
réellement. Sa passivité ou son impuissance face à des événements graves et prévisibles sont
interprétées comme une forme d'adhésion de telle sorte que la collusion n'est plus tacite mais
présumée. Le glissement ainsi opéré sert la répression, la responsabilité pénale s'exprimant
peut-être en lieu et place d'une responsabilité essentiellement morale (18).

De la même façon, la répression de la complicité indirecte s'inscrit dans le cadre d'une


responsabilité élargie, la concertation entre l'auteur principal et le complice indirect n'étant
même pas requise.

B - La complicité indirecte

Souvent décrite comme une complicité de second rang (19), la complicité de complicité est
réprimée au même titre que la complicité alors que l'auteur principal et le complice indirect ne
sont peut-être jamais entrés en relation, l'auteur pouvant même ignorer l'existence de celui qui
s'est contenté d'apporter son aide à un complice. Assurément, celui-là est néanmoins coupable
puisqu'il a, en connaissance de cause, facilité la commission d'une infraction perpétuée par
autrui. La répression repose ainsi principalement sur l'intention du complice indirect qui a
clairement manifesté la volonté de s'associer à une action pénalement répréhensible. Depuis
l'arrêt du 15 décembre 2004, la position de la Cour de cassation est à ce propos dépourvue de
toute ambiguïté, « l'aide ou l'assistance apportée en connaissance de cause à l'auteur de
l'escroquerie, même par l'intermédiaire d'un autre complice, constitue la criminalité incriminée
par l'article 121-7 du code pénal » (20). La solution n'est pas nouvelle (21), quelques arrêts (22)
retenant déjà cette forme indirecte de complicité alors qu'une interprétation littérale de
l'ancien article 60 du code pénal s'y opposait. Punissant au titre de la complicité « ceux qui
auront, avec connaissance, aidé ou assisté l'auteur ou les auteurs de l'infraction », l'article 60
7
imposait en effet un lien direct entre l'auteur et le complice, exigence aujourd'hui abandonnée
par le nouvel article 121-7 dont la formulation plus générale offre une grande marge
d'interprétation. Le complice est désormais toute personne qui, par l'un des moyens énumérés,
a facilité la commission d'une infraction, peu importe qu'il ait ou non renforcé la détermination
de l'auteur principal en l'informant personnellement des moyens susceptibles d'être mis à sa
disposition.

La concertation peut donc simplement résulter d'une entente entre un « complice principal »,
en lien direct avec l'exécutant, et des « complices secondaires », petites mains du crime. Ces
différents degrés de participation criminelle ne sont pas reconnus par la jurisprudence qui
atteint sans distinction tous les protagonistes. L'admission de la complicité de complicité invite
ainsi à mieux délimiter cette forme de responsabilité avec celle qui pourrait être encourue du
chef d'association de malfaiteurs. La Cour de cassation, on le sait, a déjà retenu une telle
qualification lorsque les règles de la complicité ne permettaient pas d'atteindre celui qui avait
provoqué vainement autrui à commettre un crime (23). Or, s'il est vrai que la complicité -
surtout lorsqu'elle fait intervenir plusieurs participants - suppose un minimum d'organisation
et d'entente, il paraît essentiel de mieux la distinguer du crime organisé, son caractère
occasionnel et presque opportuniste étant à cet égard déterminant. Une définition plus juste
du crime organisé, incluant un critère de stabilité et de permanence du groupement criminel,
se révélerait utile, non seulement pour préciser une notion qui justifie la mise en oeuvre d'une
procédure d'exception, mais aussi pour dissocier différents cercles de participation criminelle
relativement proches les uns des autres.

Consacrant « un élargissement de la répression en étirant au maximum le rapport entre l'auteur


de l'infraction et son complice » (24), la complicité indirecte repose sur un lien de concertation
qui ne lie plus seulement l'auteur et son complice, mais un complice principal et un ou plusieurs
complices secondaires. La concertation avec l'auteur principal est implicite dans la mesure où
ce dernier ne s'oppose pas à ce que le complice direct mette en oeuvre tous les moyens
nécessaires, dont l'appel à des tiers, pour préparer et faciliter la commission de l'infraction.

La reconnaissance de cas de complicité ne reposant sur aucune entente est en revanche plus
discutable.

II -... à la répression de la complicité sans concertation

Bien que les notions de concertation et d'intention semblent intrinsèquement liées, la


commission d'une faute d'imprudence ne fait pas toujours obstacle à l'application des textes
sur la complicité. L'exigence d'un lien de concertation devient effectivement illusoire lorsque
l'auteur principal s'est simplement montré négligent (A) ou lorsque le complice, par manque
d'attention, n'a pas rempli son devoir de surveillance à l'égard de l'auteur (B).

A - La complicité et l'absence de faute intentionnelle de l'auteur

Très audacieuse, la Haute juridiction n'hésite pas à retenir la responsabilité du complice lorsque
l'auteur principal s'est montré négligent, engageant ainsi sa responsabilité au titre d'une
infraction non intentionnelle, ou, au contraire, bénéficiant d'une décision de relaxe ou
d'acquittement en l'absence de faute intentionnelle.
8
Faisant suite à l'admission de la complicité de délits matériels (25), la reconnaissance de la
complicité d'infractions non intentionnelle a rapidement été imposée par la Cour de cassation
au motif que « les dispositions des articles 59 et 60 sont générales et s'appliquent à tous les
délits, même non intentionnels, à moins que la loi n'en est autrement ordonné » (26).

A titre d'exemple, les passagers d'un bobsleigh, lancé à une vitesse excessive par le conducteur
reconnu responsable de la mort accidentelle d'une fillette, ont pu être déclarés complices de
l'homicide involontaire imputé à l'auteur principal (27). Il leur était reproché de ne pas avoir
crié - simple abstention - pour attirer l'attention du conducteur sur la nécessité de freiner. La
concertation entre l'auteur et les passagers est ici exclue pour ce qui concerne le résultat
mortel, lequel procède d'un manque de prévision. Elle pourrait en revanche s'induire de l'acte
d'imprudence auquel les complices ont pleinement adhéré, ce qui postulerait une distinction
entre l'élément matériel stricto sensu et le résultat de l'infraction principale (28). En admettant
cependant que le complice d'une infraction non intentionnelle ait voulu s'associer à une action
dangereuse (29), sa responsabilité devrait être engagée en tant que coauteur et non au titre de
la complicité. Les différents protagonistes sont en effet responsables du résultat mortel pour
avoir participé à une « action commune dangereuse » (30).

La concertation devient totalement fictive lorsque le complice est reconnu responsable alors
que l'auteur principal du délit, poursuivi pour une infraction volontaire, est relaxé en l'absence
de faute intentionnelle. Les exemples relevant de cette hypothèse révèlent que le complice est
un véritable manipulateur profitant de la naïveté de l'auteur principal pour commettre sa
propre infraction. Il en est ainsi lorsqu'un homme fait croire à une femme qu'elle est
valablement divorcée - ce qui n'était pas le cas - pour entretenir une relation adultère avec elle.
Celle-ci fut relaxée du chef d'adultère faute d'élément moral, son amant étant néanmoins
reconnu complice du délit (31). Plus récemment, la même solution fut appliquée au complice
qui s'était servi d'une personne peu regardante pour faire passer de la drogue, la chambre
criminelle énonçant clairement « que la relaxe en faveur de l'auteur principal (pour défaut
d'intention coupable) n'exclut pas la culpabilité d'un complice » (32). Par cet arrêt qui « bafoue
les liens de dépendance entre la criminalité du complice et la criminalité de l'auteur du fait
principal » (33), la Cour de cassation sort du cadre de la criminalité d'emprunt, aucun fait
principal punissable ne pouvant être retenu à l'encontre de l'auteur (34). Le fait principal n'est
effectivement punissable que dans la mesure où il prend la forme d'une infraction pénale,
laquelle doit être caractérisée en tous ses éléments (35).

Outre le principe de légalité, c'est donc la théorie même de l'infraction pénale qui est ici remise
en cause, l'élément moral n'étant plus perçu comme l'un des éléments constitutifs. Il est à noter
que les adversaires de la criminalité d'emprunt, parmi lesquels se situait le Doyen Carbonnier,
n'allaient pas jusqu'à détacher aussi clairement la criminalité du complice de l'existence d'une
action principale délictueuse. Même perçue comme un délit distinct, la complicité requiert,
selon les partisans de cette théorie, que l'action principale « réalise en elle la description légale
d'une infraction, (...) en ayant, matériellement et moralement, figure déjà reconnaissable de
délit » (36).

On ne saurait enfin prétendre, dans l'exemple précité, que le complice ait voulu s'associer à une
infraction commise par autrui puisqu'il est en réalité l'auteur moral de celle-ci. C'est à ce titre
9
que sa responsabilité devrait pouvoir être engagée, solution qui impliquerait de « dégager
complètement l'instigation de la gangue de la complicité » (37).

La question de la responsabilité du complice se pose également lorsque, à l'inverse, l'auteur


profite de sa négligence pour commettre intentionnellement une infraction. Dans cette
hypothèse, la culpabilité du complice est retenue alors qu'il ignorait tout de la commission
d'une infraction principale.

B - La complicité non intentionnelle

Prononcée au mépris de l'élément moral de la complicité qui veut que le complice ait eu
connaissance de l'infraction principale doublée de la volonté de s'y associer, la complicité non
intentionnelle semble, pour l'instant, réservée à une catégorie de professionnels. Une
jurisprudence constante invite ainsi les experts-comptables et les commissaires aux comptes à
redoubler de vigilance, toute négligence de leur part étant susceptible d'être interprétée
comme une volonté de faciliter des fraudes commises par des dirigeants sociaux (38).

Deux arrêts rendus respectivement en 1979 (39) et en 1981 (40) permettent de mieux saisir le
syllogisme à l'origine de ce mouvement jurisprudentiel. Dans le premier de ces arrêts, un
expert-comptable est poursuivi pour complicité de fraude commise par son client, faute d'avoir
mis en œuvre les moyens qui lui auraient permis de déceler l'infraction principale. Sa
condamnation au titre de la complicité est prononcée car « il ne s'est pas soucié de vérifier les
comptes et de les redresser ». De là à en déduire que le professionnel a agi sciemment, il n'y a
qu'un pas qui fut aisément franchi par les juridictions. Dans le même sens, le deuxième arrêt
retient la responsabilité d'un comptable qui « devait par le seul rapprochement des
renseignements et documents fournis se rendre compte que les frais généraux et les frais de
personnel étaient sans commune mesure avec le chiffre d'affaires réalisé par ses clients ». Sa
complicité est retenue car « il n'a pas procédé à une vérification sommaire qui était de nature
à lui permettre de découvrir les fraudes fiscales que son client voulait commettre et de refuser
les moyens de les réaliser ». La mauvaise foi du complice s'induit ici des seuls manquements
professionnels dont il est responsable du fait de sa négligence. Une telle présomption porte
atteinte non seulement au principe de la légalité criminelle, la complicité atteignant celui qui
facilite sciemment une infraction principale, mais également à la présomption d'innocence.

Ainsi que le soulignait le Doyen Decocq, « en admettant que le législateur veuille inciter les
experts-comptables et les comptables agréés, par la menace pénale, à faire preuve d'une
extrême vigilance en vue de prévenir la fraude fiscale, il n'aurait pas le pouvoir d'instituer une
complicité par négligence dont seuls ces professionnels pourraient se rendre coupables. Il y
aurait là en effet une discrimination dans l'application de la présomption d'innocence édictée
par l'article 6 § 2 de la Convention européenne » (41). Pareil avertissement n'a pas découragé
la Cour de cassation, le dernier arrêt remarqué sur le sujet rejetant les pourvois d'un expert-
comptable et d'un commissaire aux comptes auxquels il était reproché d'avoir manqué de
curiosité et de vigilance (42). Poursuivi pour complicité d'escroquerie à la TVA, le commissaire
aux comptes avait commis une faute qui résidait, selon le dossier d'instruction et la cour
d'appel, dans le fait « de ne pas avoir procédé à une vérification sérieuse sur l'export (fictif) »
et de « s'être contenté d'une réponse évasive à une question sur l'existence de contrats (tout
aussi fictifs) » (43). La Cour de cassation en déduit qu'il avait ainsi certifié « en connaissance de
10
cause » les comptes de la société et « sciemment fourni à l'auteur principal les moyens lui
permettant de réitérer l'escroquerie ».

Il est indéniable que des négligences facilitent et parfois même rendent possible la commission
d'une infraction principale par le dirigeant. Mais ce dernier ne fait que tirer fortuitement profit
du manque de professionnalisme de la personne chargée de vérifier les comptes, sans pouvoir
compter par avance sur sa participation consciente et volontaire. L'infraction étant commise
sans aucune concertation, mais peut-être en partie grâce aux différentes négligences
commises, la part d'aléa est trop importante pour retenir un lien entre l'acte principal et celui
du complice (44), lequel n'est d'ailleurs pas un acte positif. Si la responsabilité de l'expert-
comptable ou du commissaire aux comptes doit être engagée, des sanctions d'ordre
disciplinaire rendraient certainement mieux compte de la situation. Il faut en effet admettre
que « celui qui, par imprudence, négligence ou impéritie, rend possible le délit de l'agent ne
peut pas être complice car il n'a pas pu vouloir s'associer à l'action de cet agent » (45).

Le constat du relâchement du lien de concertation entre l'auteur principal et le complice


conduit à s'interroger sur les limites de la théorie de l'emprunt de criminalité. Pour les besoins
de la répression, la complicité, qui se trouve dans le même temps réduite à une dimension soit
matérielle, soit intentionnelle, est perçue comme une action autonome, indépendante de
l'infraction principale. Prenant le relais de cette tendance jurisprudentielle, le législateur
intervient lorsque le lien de concertation est trop distendu pour fonder la répression, le droit
pénal spécial palliant alors les insuffisances de la théorie générale. L'incrimination du mandat
criminel ou du happy slapping fait entrer dans le champ de la répression des individus qui
n'auraient pu être poursuivis sur le terrain de la complicité, faute de réelle entente sur la
commission de l'infraction principale. Peut-être est-il temps d'aller plus loin et de distinguer
complètement l'instigation de la complicité. Sauf à vouloir consacrer la théorie de la complicité-
délit distinct, solution préconisée avec vigueur par quelques-uns (46), la reconnaissance d'une
responsabilité propre à l'auteur moral d'une infraction éviterait de dénaturer davantage les
règles relatives à la complicité et permettrait à celle-ci de préserver son identité de criminalité
accessoire.

(1) Cf. L'élargissement des formes de préparation et de participation à l'infraction, XVIIIe


Congrès international AIDP, colloque préparatoire, Section I, RIDP, à paraître.
(2) Art. 121-2 c. pén. mod. par L. n° 2004-204 du 9 mars 2004.
(3) Crim. 28 mars 1996, Dr. pén. 1996. comm. 223, obs. Robert ; 1er févr. 2000, Dr. pén. 2000.
Comm. 59, obs. Robert.
(4) Art. 121-3 c. pén.
(5) Cf. art. 221-4, 222-4, 227-22, 227-23, 442-2 c. pén., mod. par L. 9 mars 2004.
(6) Cf. art. 321-6 c. pén., issu de la loi n° 2006-64 du 23 janv. 2006 relative à la lutte contre le
terrorisme qui étend le recours à des présomptions de culpabilité en généralisant les
infractions dites d'entourage.
(7) Cf. art. 222-33-3 c. pén., issu de la loi n° 2007-297 du 5 mars 2007 relative à la prévention
de la délinquance, C. Lacroix, Happy slapping : prise en compte d'un phénomène criminel à la
mode : l'enregistrement et la diffusion d'images de violences, JCP 2007. I. 167.
(8) Art. 221-5-1 c. pén. A. Ponseille, L'incrimination du mandat criminel, Dr. pén. 2004. Chron.
10.

11
(9) Selon A. Decocq, la volonté du complice est fondamentale car « c'est l'entente entre le
complice et l'auteur en vue de cette attitude passive qui fait de celle-ci un acte positif de
collusion », Inaction, abstention et complicité par aide ou assistance, JCP 1983. I. 3124.
(10) Ibid.
(11) T. corr. Aix-en-Provence 14 janv. 1947, JCP 1947. II. 3465, note Béraud ; Gaz. Pal. 1947. 1.
262.
(12) Crim. 25 juin 1858, Bull. crim., n° 183 ; 14 nov. 1924, DH 1924. 700 ; 17 févr. 1988, Bull.
crim., n° 80.
(13) Crim. 19 avr. 1982, pourvoi n° 81-92.078, et 24 mai 1982, pourvoi n° 80-94.111, inédits.
(14) A. Vitu, obs. sous Crim. 19 déc. 1989, RSC 1990. 775 .
(15) Crim. 20 janv. 1992, Dr. pén. 1992. Comm. 194.
(16) Crim. 19 déc. 1989, D. 1990. Jur. 198 , note Mayer ; RSC 1990. 337 , obs. Levasseur, et
775, préc., obs. Vitu.
(17) Selon D. Mayer (note préc.), « cette causalité diffuse ne peut suppléer la constatation
d'un acte déterminé ayant facilité, en connaissance de cause, la commission de l'infraction ».
Sur le sujet, V. P. Salvage, Le lien de causalité en matière de complicité, RSC 1981. 25.
(18) En ce sens, cf. D. Mayer, note préc.
(19) Cf. G. Royer, note sous Crim. 15 déc. 2004, D. 2005. Jur. 2128 .
(20) Crim. 15 déc. 2004, préc., JCP 2005. II. 10050, obs. Maréchal ; RSC 2005. 298 , obs.
Vermelle.
(21) Cf. A. Vitu, La complicité de complicité, RSC 1990. 325 .
(22) Crim. 23 mai 1844, Bull. crim., n° 179 : « Celui qui, affectant de ne pas se mettre en
rapport direct avec l'auteur principal du crime, donne à un tiers des instructions nécessaires
pour commettre ce crime afin qu'il les transmette à celui qui doit le commettre est aussi
coupable que s'il les donnait directement ». Dans le même sens, Crim. 8 juill. 1843, JCP 1944.
II. 2651 ; 22 juill. 1943, Bull. crim., n° 76 ; 30 mai 1989, Bull. crim., n° 222.
(23) Crim. 30 avr. 1996 (Delaplace), Bull. crim., n° 176 ; RSC 1997. 113 , obs. Delmas Saint-
Hilaire, et 1996. 860 , obs. Mayaud.
(24) G. Royer, note préc.
(25) Crim. 29 avr. 1910, Bull. crim., n° 231.
(26) Crim. 14 déc. 1934, DP 1935. 1. 96.
(27) Chambéry 8 mars 1956, JCP 1956. II. 9224, obs. Vouin ; RSC 1956. 532, obs. Légal.
(28) En ce sens, Cf. Fournier, v° Complicité, Rép. pén. Dalloz, n° 45.
(29) En ce sens, V. Crim. 6 juin 2000, Bull. crim., n° 213 ; Dr. pén. 2000. 124, obs. Véron ; RSC
2000. 827 , obs Mayaud, et 2001. 152 , obs. Bouloc ; D. 2000. IR. 222 , qui retient la complicité
d'un délit de risques causés à autrui (art. 223-1 c. pén.) car le complice avait eu « la volonté de
commettre une imprudence en ayant conscience d'un dommage éventuel ». A la différence
des infractions purement non intentionnelles dans lesquelles le résultat procède d'un défaut
de prévision, le délit de risques causés à autrui postule un résultat prévisible, ce qui rend
possible une éventuelle concertation entre l'auteur et le complice.
(30) Cf. Crim. 24 oct. 1956, Bull. crim., n° 675 ; RSC 1957. 370 ; 23 juill. 1986, Bull. crim., n°
243.
(31) Dakar 31 déc. 1952, Annales africaines 1955, p. 124, obs. Larguier, cité par J.-H. Robert,
Imputation et complicité, JCP 1975. I. 2720. Dans le même sens, V. également Crim. 2 juin
1916, S. 1918-1919. 1. 189 ; 26 juin 1921, S. 1922. 1. 288 ; 20 oct. 1949, JCP 1949. IV. 169.
(32) Crim. 8 janv. 2003, D. 2003. Jur. 2661 , note Garçon, et 2004. Somm. 310, obs. de Lamy ;
RSC 2003. 553 , note Bouloc ; JCP G 2003. II. 10159, note Jeandidier.
12
(33) E. Garçon, note préc.
(34) Contra : B. de Lamy, obs. préc.
(35) Crim. 4 mars 1998, Bull. crim., n° 83 : « La complicité n'est caractérisée qu'autant qu'il y a
un fait principal punissable dont l'existence est établie en tous ses éléments constitutifs.
Lorsque aucune question n'a été posée sur le point de savoir si les violences volontaires dont il
est résulté la mort de la victime ont été commises avec l'intention de la donner, l'infraction
principale de meurtre n'est pas établie en tous ses éléments constitutifs ; en conséquence, la
complicité n'est pas caractérisée ». V. également la jurisprudence de la Commission de
révision de la Cour de cassation selon laquelle la relaxe de l'auteur principal au motif que
l'intention frauduleuse n'est pas caractérisée est un fait nouveau de nature à exclure la
culpabilité du complice, Crim. 20 juin 1994, Bull. crim., n° 246 ; 16 nov. 1998, JCP G 1999. II.
10118, note Jeandidier.
(36) J. Carbonnier, Du sens de la répression applicable aux complices selon l'article 59 du code
pénal, JCP 1952. I. 1034. Appelant la jurisprudence « à réagir contre la théorie classique de
l'emprunt de criminalité », le Doyen Carbonnier reconnaissait « qu'il n'y pas de complicité,
délit de conséquence, en l'absence d'une action délictueuse d'autrui ».
(37) W. Jeandidier, note préc.
(38) Cf. du Pontavice, Commissaire aux comptes, expert-comptable et complicité des délits
commis par les dirigeants sociaux, Rev. sociétés 1988. 489.
(39) Crim. 15 janv. 1979, Bull. crim., n° 21 ; RJ com. 1982. 293, note Bouloc. Dans le même
sens, V. également Crim. 24 juill. 1979, inédit, n° 78-94.047. Sur le sujet, A. Decocq, Inaction,
abstention et complicité par aide ou assistance, JCP 1983. I. 3124.
(40) Crim. 16 mars 1981, Juris-Data, n° 001-141.
(41) Préc., JCP 1983. I. 3124.
(42) Crim. 31 janv. 2007, D. 2007. Jur. 1843 , note Bouloc ; AJ pénal 2007. 130 et 134 , obs.
Royer.
(43) Les experts avaient estimé que la fraude était en l'espèce indécelable, deux contrôles de
l'administration fiscale n'ayant relevé aucune anomalie dans la tenue des comptes. Il faut
noter, en outre, que la certification des comptes par le commissaire aux comptes intervient
après leur falsification, l'acte prétendu de complicité étant ainsi postérieur à la fraude. La Cour
de cassation observe néanmoins que la certification des comptes frauduleux a permis « la
réitération » des faits d'escroquerie.
(44) P. Salvage, Le lien de causalité en matière de complicité, art. préc.
(45) B. Bouloc, note préc., D. 2007. Jur. 1843.
(46) Cf. J. Carbonnier, art. préc., JCP 1952. I. 1034, qui indiquait « les directions possibles à un
mouvement souhaitable ». V. également J.-H. Robert, art. préc., JCP 1975. I. 2720, et W.
Jeandidier, note préc., JCP 2003. II. 10159.

13
Doc 3. Cass.crim. 29 mars 2017, n° 16-82.615

RÉPUBLIQUEFRANÇAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE, en son audience publique tenue au Palais de Justice à
PARIS, a rendu l'arrêt suivant :

REJET des pourvois formés par M. [P] [Z],

- contre l'arrêt de la cour d'assises de la Moselle en date du 31 mars 2016, qui, pour assassinat, l'a
condamné à vingt-cinq ans de réclusion criminelle ainsi que contre l'arrêt du même jour par lequel la
cour a prononcé sur la recevabilité des constitutions de parties civiles ;

- contre l'arrêt, en date du 20 mai 2016, qui, après sa condamnation pour assassinat, a prononcé sur les
intérêts civils ;

La COUR, statuant après débats en l'audience publique du 8 février 2017 où étaient présents dans la
formation prévue à l'article 567-1-1 du code de procédure pénale : M. Guérin, président, M. Stephan,
conseiller rapporteur, M. Castel, conseiller de la chambre ;

Greffier de chambre : Mme Hervé ;

Sur le rapport de M. le conseiller STEPHAN, les observations de la société civile professionnelle SPINOSI
et SUREAU, avocat en la Cour, et les conclusions de M. l'avocat général VALAT ;

Joignant les pourvois en raison de la connexité ;

Vu les mémoires produits ;

I - Sur le pourvoi formé contre l'arrêt pénal :

Sur le premier moyen de cassation, pris de la violation des articles 6 de la Convention européenne des
droits de l'homme, 221-1 et 221-3 du code pénal, préliminaire, 350, 378, 380-2, 380-3, 591 et 593 du
code de procédure pénale :

"en ce que la cour a rejeté les conclusions de la défense tendant à ce que la question spéciale de
préméditation, qui n'avait pas été retenue par la cour d'assises statuant en premier ressort, ne soit pas
posée, seul l'accusé ayant formé appel principal et le ministère public n'ayant interjeté qu'appel incident
;

"aux motifs que la cour, vu les conclusions déposées par Me Frédéric Berna tendant à dire et juger que
la question spéciale de préméditation de l'article 221-3 du code pénal ne sera pas posée et à rejeter
toute demande en ce sens ; que, considérant qu'en application de l'article 380-1 du code de procédure
pénale, la cour d'assises d'appel procède à un réexamen en son entier de l'affaire ; que si l'appel incident
formé par le procureur général à la suite de l'appel principal de l'accusé ne saisit pas la cour d'assises
statuant en appel des infractions dont l'accusé a été déclaré non coupable, il n'en est pas de même
s'agissant des éventuelles circonstances aggravantes mises au débat ; que, par ces motifs, la cour rejette
les conclusions déposées par Maître Berna, défenseur de l'accusé et dit que les questions seront posées
de la façon suivante :

14
- l'accusé [P] [Z] est-il coupable d'avoir à [Adresse 1], le [Date décès 1] 2011, volontairement donné la
mort à [A] [D] ? ;

- le meurtre ci-dessus spécifié a t-il été commis avec préméditation ? ;

"1°) alors que la circonstance aggravante de préméditation ne peut être retenue quand la décision de
mise en accusation l'a écartée pour un motif de droit ; qu'en l'espèce, la cour d'assises ne pouvait se
borner à indiquer que "si l'appel incident formé par le procureur général à la suite de l'appel principal
de l'accusé ne saisit pas la cour d'assises statuant en appel des infractions dont l'accusé a été déclaré
non coupable, il n'en est pas de même s'agissant des éventuelles circonstances aggravantes mises au
débat" sans s'expliquer sur les raisons pour lesquelles l'ordonnance de mise en accusation, en date du 3
mars 2014, avait expressément exclu cette circonstance aggravante ;

"2°) alors qu'en tout état de cause, la cour d'assises d'appel, statuant sur le seul appel principal de
l'accusé et l'appel incident du parquet, qui reconnaissait que "l'appel incident formé par le procureur
général à la suite de l'appel principal de l'accusé ne saisit pas la cour d'assises statuant en appel des
infractions dont l'accusé a été déclaré non coupable" n'a pas tiré les conséquences légales de ses propres
constatations en le condamnant du chef d'assassinat, infraction distincte de celle du meurtre, qui n'avait
pas été retenue par la cour d'assises statuant en premier ressort" ;

Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué et des pièces de procédure que M. [Z], mis en examen du chef
de meurtre, a été mis en accusation sous cette qualification ; que lors des débats devant la cour d'assises
de première instance, le président a demandé à la cour et aux jurés de se prononcer sur le point de
savoir si le meurtre avait été commis avec préméditation, en répondant à une question spéciale ; que la
circonstance aggravante de préméditation a été écartée ; que M. [Z] a interjeté un appel principal de sa
condamnation pour meurtre, le ministère public formant un appel incident ; que lors des débats devant
la cour d'assises d'appel, le président a informé les parties qu'il envisageait de poser une question
spéciale sur la préméditation;

Attendu que l'avocat de l'accusé a soulevé un incident contentieux en faisant valoir que le caractère
incident de l'appel du ministère public s'opposait à ce que soit de nouveau posée cette question spéciale,
la réponse négative donnée en première instance par la cour et les jurés équivalant à un acquittement
partiel qui ne pouvait plus être remis en cause ; que par arrêt incident, la cour a rejeté la demande de la
défense et ordonné que soit posée une question spéciale relative à la préméditation ;

Attendu qu'en prononçant ainsi, dès lors que le président a le pouvoir de soumettre à la cour et au jury
la circonstance aggravante de préméditation résultant des débats, quand bien même elle n'aurait pas
été examinée au cours de la procédure d'instruction, la cour a justifié sa décision sans encourir les griefs
formulés au moyen ;

D'où il suit que le moyen ne saurait être accueilli ;

Sur le deuxième moyen de cassation, pris de la violation des articles 6 de la Convention européenne des
droits de l'homme, 348, 349, 350, 378, 591 et 593 du code de procédure pénale :

"en ce qu'il résulte du procès-verbal des débats que "le président a donné lecture des questions
auxquelles la cour et le jury auraient à répondre ; aucune observation n'a été faite, l'accusé ayant eu la
parole en dernier" ;

15
"alors que lorsqu'il entend poser une question spéciale, le président a l'obligation de la lire ; qu'ainsi, en
se contentant de mentionner que le président avait donné lecture des questions auxquelles la cour et le
jury auraient à répondre sans précision de ce que ces questions résultaient ou non des débats, la cour
d'assises n'a pas mis la Cour de cassation en mesure de s'assurer du respect des articles 348 et 350 du
code de procédure pénale" ;

Attendu que le procès-verbal des débats mentionne que le président, après la clôture des débats, a
donné lecture des questions auxquelles la cour et le jury auraient à répondre ;

Attendu que cette mention implique qu'il a été donné connaissance de l'ensemble des questions posées,
incluant tant la question principale que la question spéciale ;

D'où il suit que le moyen doit être écarté ;

Sur le troisième moyen de cassation, pris de la violation des articles 6 de la Convention européenne des
droits de l'homme, 310, 316, 378, 591 et 593 du code de procédure pénale :

"en ce qu'il ressort du procès-verbal des débats que le président a rendu publiquement les arrêts
suivants :

- arrêt incident n° 1 :

la cour, statuant sans le concours des jurés et considérant que Me Frédéric Berna, défenseur de l'accusé,
a demandé à la cour d'ordonner une expertise de l'accusé confiée à un expert en neurologie et dire
qu'en cas de besoin cet expert pourra s'adjoindre les services de tout sapiteur qu'il estimera utile
(psychiatre, psychologue...) ; que, considérant qu'au vu des résultats de l'instruction à l'audience qui
vient de prendre fin, la Cour est en mesure de s'assurer que la mesure sollicitée n'est pas nécessaire à
la manifestation de la vérité ; que par ces motifs, la cour rejette la demande ;

- arrêt incident n° 2 :

la cour, vu les conclusions déposées par Maître Frédéric Berna tendant à dire et juger que la question
spéciale de préméditation de l'article 221-3 du code pénal ne sera pas posée et à rejeter toute demande
en ce sens ; que, considérant qu'en application de l'article 380-1 du code de procédure pénale, la cour
d'assises d'appel procède à un réexamen en son entier de l'affaire ; que si l'appel incident formé par le
Procureur Général à la suite de l'appel principal de l'accusé ne saisit pas la Cour d'assises statuant en
appel des infractions dont l'accusé a été déclaré non coupable, il n'en est pas de même s'agissant des
éventuelles circonstances aggravantes mises au débat ; que par ces motifs, la cour rejette les conclusions
déposées par Maître Berna, défenseur de l'accusé et dit que les questions seront posées de la façon
suivante :

- l'accusé [P] [Z] est-il coupable d'avoir à [Adresse 1], le [Date décès 1] 2011, volontairement donné la
mort à [A] [D] ? ;

- le meurtre ci-dessus spécifié a t-il été commis avec préméditation ? ;

"alors que le procès-verbal des débats ne pouvait valablement indiquer, sans se contredire, indiquer que
des arrêts incidents ont été "rendu(s)" publiquement par le président, tout en mentionnant dans le corps
de ces décisions, que la cour "a statué sans le concours des jurés" ; que ces mentions contradictoires ne
permettent pas à la chambre criminelle d'assurer son contrôle sur le respect de la compétence exclusive
de la cour en matière d'incidents contentieux" ;

16
Attendu que les mentions du procès-verbal des débats permettent à la Cour de cassation de s'assurer
que les arrêts incidents concernés sont intervenus après que la cour, sans l'assistance des jurés, en a
délibéré, puis qu'il en a été donné connaissance publiquement, à l'audience, par le président ;

Que dès lors le moyen n'est pas fondé ;

II - Sur le pourvoi formé contre l'arrêt civil en date du 31 mars 2016 :

Attendu qu'aucun moyen n'est produit ;

III - Sur le pourvoi formé contre l'arrêt civil en date du 20 mai 2016 :

Sur le moyen unique pris de la violation des articles 1382 du code civil, 2, 3, 591 et 593 du code de
procédure pénale ;

"en ce que la cour d'assises d'appel statuant sur l'action civile a condamné M. [P] [Z] à payer diverses
sommes aux parties civiles et au Fonds de garantie ;

"alors que la cassation de l'arrêt pénal (pourvoi n° E 16-82615) entraînera, par voie de conséquence,
celle de l'arrêt civil qui se trouvera alors dépourvu de toute base légale" ;

Attendu que le moyen est devenu inopérant par suite du rejet des moyens dirigés contre l'arrêt pénal ;

Et attendu que la procédure est régulière et que la peine a été légalement appliquée aux faits déclarés
constants par la cour et le jury ;

REJETTE les pourvois ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, chambre criminelle, et prononcé par le président le vingt-neuf
mars deux mille dix-sept ;

En foi de quoi le présent arrêt a été signé par le président, le rapporteur et le greffier de chambre.

Doc 4. Cass.crim. 30 septembre 2009, n° 09-80.373


République française
Au nom du peuple français

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE, a rendu l'arrêt suivant :


Statuant sur le pourvoi formé par :
- X... Joël,
contre l'arrêt de la cour d'appel d'ORLÉANS, chambre correctionnelle, en date du 15 décembre
2008, qui, pour appels téléphoniques malveillants réitérés en vue de troubler la tranquillité
d'autrui et menace réitérée de commettre un délit contre les personnes dont la tentative est
punissable, l'a condamné à deux mois d'emprisonnement avec sursis et a prononcé sur les
intérêts civils ;
Vu le mémoire personnel en demande et le mémoire en défense produits ;

17
Sur le premier moyen de cassation, pris de la violation des articles 111-4 et 222-16 du code
pénal ;
"en ce que l'arrêt attaqué a déclaré le prévenu coupable d'appels téléphoniques malveillants
réitérés ;
"alors que le délit précité supposant que la victime ait été exposée à un message sonore
transmis par la voie téléphonique, il ne peut, dès lors, être constitué par le seul envoi, fût-ce
par voie téléphonique, de messages électroniques écrits dits "SMS" ou "textos" ;
Attendu que, pour déclarer Joël X... coupable d'appels téléphoniques malveillants réitérés en
vue de troubler la tranquillité d'autrui, l'arrêt attaqué relève que, du mois d'avril au mois de
mai 2007, le prévenu a adressé à la partie civile des SMS (Short Message Service) malveillants
et réitérés, de jour comme de nuit, ayant pour objet de troubler la tranquillité de cette dernière;
Attendu qu'en cet état, et dès lors que la réception d'un SMS se manifeste par l'émission d'un
signal sonore par le téléphone portable de son destinataire, la cour d'< appel > a justifié sa
décision ;
D'où il suit que le moyen doit être écarté ;
Sur le second moyen de cassation, pris de la violation des articles 121-4 et 222-17 du code pénal;
"en ce que l'arrêt attaqué a déclaré le prévenu coupable de menace réitérée de commettre un
crime ou un délit contre les personnes dont la tentative est punissable ;
"alors que, d'une part, les juges n'ont pas établi en quoi les prétendues menaces adressées à la
victime constituaient l'annonce de menaces de violences physiques et que, d'autre part et
subsidiairement, la tentative de violences correctionnelles n'étant pas punissable, les menaces
de violences ne peuvent constituer l'élément matériel du délit de menaces de commettre un
crime ou un délit contre les personnes ;
Attendu que les énonciations de l'arrêt attaqué mettent la Cour de cassation en mesure de
s'assurer que la cour d'< appel > a, sans insuffisance ni contradiction, répondu aux chefs
péremptoires des conclusions dont elle était saisie et caractérisé en tous ses éléments, tant
matériels qu'intentionnel, le délit dont elle a déclaré le prévenu coupable, et a ainsi justifié
l'allocation, au profit de la partie civile, de l'indemnité propre à réparer le préjudice en
découlant ;
D'où il suit que le moyen, qui se borne à remettre en question l'appréciation souveraine, par les
juges du fond, des faits et circonstances de la cause, ainsi que des éléments de preuve
contradictoirement débattus, ne saurait être admis ;
Et attendu que l'arrêt est régulier en la forme ;
REJETTE le pourvoi ;
FIXE à 2 500 euros la somme que Joël X... devra payer à Catherine Y... au titre de l'article 618-1
du code de procédure pénale ;

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Ainsi jugé et prononcé par la Cour de cassation, chambre criminelle, en son audience publique,
les jour, mois et an que dessus.

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