J. NUTTIN ; PERCEPTION DE LA PERSONNALITE
ture ou la valeur des résultats que Yon ob-
tient, Les conditions de ces déformations se
rapportent a des variables de personnalité aussi
bien qu’ des facteurs d’ordre social (1).
RESUME
La formation a la recherche expérimentale
niimplique pas que la manipulation d’appareils
et l’élaboration statistique des résultats. Il
importe surtout d’apprendre & découvrir des
questions intéressantes a poser A la « nature»
et de trouver le moyen de transposer ces ques-
tions en un langage qui oblige la «nature» &
répondre, dans le cadre de l'expérience, & la
question qu’on lui pose.
On a essayé de décrire, a l'aide d'un exem-
ple, quelques démarches impliquées dans la
découverte de ces nouvelles questions et leur
«traduction » en langage facilitant Yexpérimen-
tation.
‘On a insisté aussi sur l'importance qu'il y
a a identifier avec précision les caractéris-
‘Notes sur une expérience dap-
au Mali, Rev. Ps. Appl, 1963,
Liautear a, en 1962-1963, expérimenté au Ms
tests dans les domaines scolaire et professionnel.
‘A Ia suite de cette expérimentation, il semble
possible d’envisager dams le domaine scolaire les
tests suivants
1. — En 4* et S¢ années fondamentales, Proses
sive Matrices 1947, Test Mosaique de Gille (adapts
si possible) et épreuves scolaires.
2. — Au niveau de Ia 9°, les Progressive Matrices
1938 et le Test Mécanique (co dernier pour la tech:
nique).
3, — Aw nivesm universitaire (orientation), en
fin de la 12", candidats boursiers, ete, : Progressive
‘Matrices 1938, qui pourrait étre complété par un
questionnaire d'intéréts du genre de Lee-Thorpe
Occupational Interest Inventory, et un entretien.
Dans le domaine scolaire, Vorientation pourrait
6 faire par recoupement de. données enivantes :
— avis des maitres, notes ou classement ;
— teats 5
— Spreaves scolsires, qui devront certainement
‘tre révisées et complétées.
«Le poureentage d'élves pouvant poursuivre
leurs études, i chaque palier de sélection, serait
éterming, compte tena d'un déchet_raisonnable,
par le poureentage que chaque cyele denseignement
peat aborder.
Dans le domaine professionnel des tests, tels
que les Progressive Matrices 1938, Ie Test Mécanie
que, les tests de Boppe, etc, semblent utilisables
sins que des épreaves classiques [..] et les prea
‘ves professionnelles du CERP,
615
ies des variables et des processus que l'on
intervenir.
La recherche qui nous a servi d’exemple
concerne la «perception » des résultats de nos
Propres actes et de ceux des autres. II s'agit
d'une tendance, qui existe chez certaines per-
sonnes et qui se fait jour dans certaines cir-
constances, & accentuer soit I’ékément suects,
soit l'élément échee dans le résultat des act
vités. Apres avoir décrit la conception du com-
portement humain qui a donné lieu a cette
problématique, quelquesuunes des données ex-
érimentales obtenues jusqu’a maintenant ont
é mentionnées.
(2) Nos premiéres recherches dans ce domi
ont 68 déerites dans motre ouvrage Teche, réussi
et 6 théorie de la conduite humaine, Paris et
Louvain, Béatriee-Nauwelaerts, deuxiéme édition,
1961; ainsi que dans Reward and punishment in
human learning, New York et Londres, Académie
Press, 1968,
LEFAVRAIS (P.). — Du diagnostic de Ia dyslexi
& Témde clinique de la lecture, un nouvel ine
trument : le test ¢Palouctie>. Rev. Ps. Appl.
1963, n° 3, pp. 189-207.
Lisuteur présente un test, , instra-
ment d'étade clinique de la lecture & Fusage des
peychologues scolaires.
Cet instrument permet de déterminer :
4)
— les niveaux des altérations 5
— Ie degré de discordance entre La rapidité de In
promenade oculaire et Ia valeur stimulante
des faciés 5
— Ia rapidité de lecture a laquelle les lecteurs
peuvent prétendre ;
—le nombre de syllabes ignorées du lecteur et
Ines malgré Fignorance ;
— les mots et syllabes connus et mal Ins,
B)
— le mécanisme de Paltératio
— Ia catégorisation des fantes commises ;
— les plans de lecture choisis ;
— les effets de la dichotomisation ;
, per
mettent en outre d'éclairer et d'orienter les réédu-
cations, d’en établir Ia progression, de choisir et
Elaborer les procédés qui leur permettent une réus-
site rapide.>256 BULLETIN DE
thographe. Et il parait arbitraire d'isoler la
lecture des autres conduites verbales et d’ac-
cepter, par exemple, 'hypothése d'une: « fonc-
tion lexique » sp ique qui serait normale-
ment répartie dans la population (1). Mesurer,
ou plus exactement établir des repéres qui
permettent de classer des résultats obtenus, ne
Saurait conduire d’emblée a isoler une « fonc-
tion». Passer directement d'un test de rapi-
dité et de correction de lecture, comme le
test de I'Alouette, & une prétendue « fonction
lexique» parait une simplification arbit)
Il me semble pas (auraiton méme complete.
ment envisagé lactivité de lecture, ce qui n'est
pas le cas avec le test de Alouette) quiil y
ait lieu de revenir & une psychologie des fa-
cultés complétement périmée et d'isoler les
renseignements parcellaires obtenus & propos
d'une conduite complexe pour en faire un tout
prétenduement défini et arbitrairement dénom-
mé fonction lexique. En admettant que les ré-
sultats des enfants puissent slinscrire en gros
sur une courbe de Gauss, il n'y a aucune sy-
métrie entre une prétendue « surlexie » qui
n'est quiune meilleure réussite et une dyslexie
qui est un échee et non le résultat d'une ap-
titude moindre. Il n’y a pas plus symétrie en-
tre I'équilibre de Thomme heureux et l’échee
adaptation du malade mental, enfermé dans
un hopital psychiatrique, qu'il n'y a de symé-
trie entre la bonne lecture et I'échec 4 Ia lec-
ture, Confondre le pathologique avec le moins
bon risque de faire obstacle a 1a connaissance
du trouble, ainsi qu’aux soins et a la prophy-
Jaxie souhaitables. Or I'échec en lecture, qui
Pose, & notre sens, un probleme majeur a
Vécole primaire élémentaire, d'une part, et & Ia
psychiatrie infantile, d’autre part, mérite micux
qu'un constat gratuit de faiblesse d’aptitude,
i. —_LES DIFFICULTES
DE LECTURE
1. - Différence
entre déchiffrage et lecture
Quand Vactivité de lecture est perturbée, lat
tention des éducateurs se porte volontiers sur
es difficultés de déchiffrage. Les erreurs de
lecture peuvent, en effet, sembler provenir
d'une insuffisance de connaissance de la com-
binatoire. Mais, en fait, un bon lecteur ne
déchiffre que lorsqu’il se trouve devant un
mot nouveau; la forme générale du mot lui
PSYCHOLOGIE
tant inconnue n’évoque, alors, aucune signi
fication et cette forme doit étre décodée,
grace aux lois de la combinatoire, Le lecteur
déchiffre donc, puis, ensuite, il lit. Mais lire
ne consiste jamais a déchiffrer, et comme
Vécrit M. Lobrot : «Si celui qui lisait déchif-
frait, il apprendrait un langage mais il ne per-
cevrait pas un sens. Il serait comme Champol-
lion en face des higroglyphes. » (2). Le déchif-
frage n'est en aucun cas, en lukméme, lec-
ture. Il constitue un accident et fait échec au
dynamisme indispensable au lecteur qui doit,
pour lire, abandonner Je mot aussitét que
saisi, sous peine d’en briser T'unité et de
stengluer dans une association de sons sans
signification. Ce déchiffrage constitue, en ou-
tre, un travail extrémement fatigant dans le
quel les possibilités dlattention s'épuisent rapi-
dement. Absorbé dans cette tache, le lecteur
malheureux trébuche sur la combinatoire qui
est un exexrcice beaucoup trop complexe pour
étre mené A bien pendant longtemps. Les fau-
tes apparaissent alors en tres grand nombre
et évoquent, par exemple, pour l'observateur,
une incapacité a saisir lordre des lettres, alors
qu’elles traduisent en fait la lassitude provo-
quée par un exercice stérile. L’activité de dé.
chiffrage nuit A activité de lecture elle per-
met, mais n’entraine pas foreément, un acces
A la signification. Lierreur peut étre induite
par une difficulté spécifique a appréhen-
der Ja signification. II se constitue alors un
cercle vicieux, la perte du sens raméne au
déchiffrage qui, lui-méme, devient une acti-
vité trop absorbante pour que le lecteur puisse
Sten détacher et retrouver la signification.
Chez Venfant dyslexique, il est donc possible
que les erreurs proviennent, non pas d'une
connaissance de la combinatoire,
mais d'une difficulté a appréhender la signi-
fication du langage. On doit noter que cette
difficulté est loin de n’apparaitre qu’a Tocca.
sion des exercices de lecture. Bien au contraire,
une certaine lenteur d’intégration du langage
et des erreurs fréquentes dans le choix des
termes traduisent un trouble d’ordre séman-
tique qui atteint toute la sphere d’activité
verbale. Ce trouble dordre sémantique en-
traine chez le lecteur une difficulté a dépas-
ser le déchiffrage pour accéder a une tecture
vraie.
Tout cela peut, se résumer dans le tableau
ci-dessous :
Lecteur normal
1’ Absence de signification (cas rare :
nouveau ou inconnu).
2 Déchiffrage (exceptionnel et perte de temps
insignifiante).
3 Integration de la si
une lecture normale,
mot
ification et retour &
Trouble de la lecture
Absence de signification (méme pour des
mots déja vus),
Déchiffrage (frequent et perte de temps ré-
pétée), ;
Accentuation de |'absence de signification
par mobilisation excessive dans lactivité de
déchiffrage et phénoméne d'inhibition crois-
sante.
a
) parue dans le n° 27 de La Gazette médicale.
CE. par exemple Ia théorie exprimée par MM.
Debray (P.), Defranoux (A.) et Melekian
(2) Lobrot (M.) : Psychologie de la Langue écrite, Paris, C.D.U.