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Préparation de l’analyse d’un débat politique et

à l'argumentation orale

QUELQUES NOTIONS POLITIQUES

1 L'axe politique

1.1 La gauche

Les idéologies de gauche soutiennent plus fortement certaines valeurs telles que :
• le progrès social
• la liberté,
• l’égalité,
• la solidarité sociale.

Les idéologies de gauche prônent l’intervention de l’État, notamment dans les domaines économiques
et sociaux. Elles tendent vers une redistribution des richesses (programmes d’aide sociale et
d’assurance-emploi, accès aux soins de santé ou à l’éducation, etc.) pour une société plus égalitaire et
solidaire. Les personnes qui adhèrent à ces idéologies demandent régulièrement des changements ou
des réformes. Ces idéologies sont qualifiées de progressistes (qui veulent apporter des changements
dans la société pour la faire progresser). On trouve parmi les idéologies de gauche
le socialisme (gauche) et le communisme (extrême gauche).

1.2 Le centre

Les idéologies de centre partagent certaines valeurs de gauche (comme la redistribution des richesses) et
de droite (comme la défense des libertés individuelles). Le libéralisme est un exemple d’idéologie de
centre.

1.3 La droite

La droite comprend des idéologies qui tendent plus vers des valeurs comme :
• la défense des traditions,
• la défense du libéralisme économique (libre-échange des marchandises, des droits du travail plus
souples, une liberté élargie pour les entrepreneurs),
• l’ordre,
• la défense des libertés individuelles (dans la gestion de son argent et de ses biens, par exemple).

Les idéologies de droite, contrairement à celles de gauche, sont en faveur d’une limitation du rôle de
l’État (dans le domaine économique, par exemple). Elles souhaitent également conserver l’ordre établi,
d’où le fait que les partis de droite soient qualifiés de conservateurs. Parmi les idéologies de droite, on
trouve le conservatisme (droite) et le fascisme (extrême droite).

Important!

On ne peut pas être trop stricts dans notre catégorisation politique. En effet, tous les partis de droites
ne sont pas libéraux (Marine Lepen par exemple) et certains partis de droite sont paradoxalement
défenseurs du peuple plutôt que des grandes entreprises. Le tableau suivant est donc trop simpliste,
mais donne une vue assez générale du panorama politique.

1
Gauche → → → → → → → → → Centre → → → → → → → → → → → →Droite

Communisme Socialisme Libéralisme Conservatisme Fascisme


ou extrême gauche ou extrême droite

Belgique PTB PS MR NVA Vlaams Belang


Ecolo NVA
Vooruit OpenVLD
Les Engagés (ancien CDH)
CD&V
France Mélenchon (France PS LR (Pécresse) LR (Pécresse) M. Lepen (RN)
Insoumise) (Hidalgo) Macron M. Lepen (RN) E. Zemmour
Ecolo (En Marche) (Reconquête)
(Y. Jadot)

2 Le débat politique

Vous savez tous ce qu’est un débat. Vous en avez déjà fait en classe et vous avez déjà assisté à de
nombreux débats dans des émissions de télévision diverses.

Mais le débat politique est particulier puisqu’il oppose deux personnes dont le but est de « gagner le
débat ». Le débat politique est un combat, une lutte rhétorique où souvent, tous les coups sont permis
pour déstabiliser l’adversaire, le mettre à terre, l’humilier parfois et, évidemment attaquer ses idées.
D’ailleurs dans de nombreux débats politiques, les intervenants passent plus de temps à attaquer
l’adversaire qu’à défendre ses propres idées (ce fut l’erreur de Marine Lepen en 2017 face à
Macron).

OUTILS D’ANALYSE

1 Introduction (Mélenchon >< Zemmour)

Ce débat est extrêmement intéressant car il permet de comprendre la multitude des armes que l'on peut
utiliser pour gagner la guerre qu'est un débat.

On constatera d'abord que Mélenchon commence par briser l'image de son adversaire, il attaque
d'abord Zemmour en tant que personne avant d'attaquer ses idées (argument ad personam).
Ces attaques sont verbales (« laissez-le parler, il va dire des choses homophobes », « vous êtes un
pleurnichard », « je vais vous hacher menu », « je vais pas vous rater »), gestuelles (il sourit, il
marmonne).

Faisant cela, il s'attribue le rôle du dominant laissant à Zemmour le choix de son rôle. Ce dernier,
d'habitude très agressif, va choisir l'humilité, voire la victimisation (« je ne suis pas comme vous », « je
n'attaquerai pas votre personne », laissez-moi parler »).

Mélenchon : Est-ce que vous regrettez d'avoir dit que vous voulez faire émigrer les gens dans l'autres
sens?

Zemmour : N'importe quoi... monsieur mélenchon, vous voyez la France créolisée, moi j'appelle ça
le grand remplacement et l'islamisation.
Cette semaine, le hasard fait bien les choses, à la télévision sur m6, dans Zone interdite, il y

2
avait un reportage sur Roubaix, et on voit à Roubaix des jeunes, des enfants voilées
assises en classe, à 6 ans... voilée, dans des classes, à 6 ans. On voit aussi des restaurants
où l'on met des femmes dans des box, vous savez, pour qu'elles puissent manger
seules...1 On voit des choses comme cela... Bref, c'est l'Afghanistan à deux heures de
Paris.2
Votre créolisation, monsieur Mélenchon, c'est Roubaix, l'avenir de la France avec
monsieur Mélenchon,c'est Roubaix, c'est-à-dire une société islamisée : 3il y aura une
vague d'islamisation parce que dans l'histoire, c'est la démographie qui décide.

Mélenchon : Vous faites peur avec votre langage-là, avec votre peur animale qui n'a aucune sens. (il
sourit).
Moi, je vous parle d'une idée qui a été formulée avec plus de brio par un poète français
martiniquais qui s'appelle Edouard Glissant4. Edouard Glissant est un homme de la
Martinique qui comme le reste des Antilles a été martyrisée par l' esclavage et s'est
interrogé sur la manière dont cette société où vivaient des milliers de gens de langues
et de cultures différentes a réussi à créer une langue dans laquelle tous pouvaient se
parler : ce qu'on appelle le Créole. Cette création à partir de plusieurs langues, le
poète l'a étendu à la culture : partout où les sociétés humaines, des cultures se
rencontrent, elles se créolise. Les religions, elles ne se créolisent pas, puisqu'elles sont
uniques.
Quant à l'exemple que vous donnez de roubaix je ne suis pas vraiment surpris que
vous le preniez, pour faire peur aux gens et...

Zemmour : Les poupées sans visage dans le magasin, vous les avez vues dans le reportage ? Parce
que l'Islam interdit les visages... Oui, oui, les enfants sans visage... ça vous plaît ça ? ça
vous plaît ?5

Mélenchon : Non... Mais c'est une c'est une émission particulièrement malhonnête. Parce que dans
cette rue, il y a ce magasin bizarre... des magasins bizzarres, il y en a partout. En bas de
chez moi, vers la gare de l'est, c'est une armurerie, alors il ya des épées, des sabres, des
armes... je n'en ai pas déduit que toute la rue, ni toute la ville n'étaient composées de
gens qui étaient prêts à s'entretuer.6 L'équipe de tournage qui a fait ça a manipulé tout le
monde pour donner de Roubaix une image terrible.
Je vais vous dire le vrai problème de Roubaix. C'est pas les poupées, c'est la misère d'un
ville qui est la ville la plus pauvre de France. C'est ça le vrai problème, mais l'émission
ne s'est pas faite là-dessus !!!

Zemmour : Vous me faites de la peine parce que j'ai connu à monsieur Mélenchon qui était un
républicain et qui n'avait pas peur d'affronter les religions quand elles empiètent sur les
libertés7. Maintenant, vous avez un poste au chaud, vous êtes dans les hautes sphères,
vous ne voyez plus rien.8 Monsieur Mélenchon se soumet à la religion musulmane.
Vous cherchez un électorat de substitution monsieur Mélenchon. C'est triste pour vous
parce que vous et la gauche, vous avez perdu le peuple français, alors évidemment vous
cherchez un électorat de substitution et vous avez trouvé les Musulmans et vous êtes
prêts à toutes les bassesses pour qu'ils votent pour vous.

1 Exemple argumentatif + induction (généralisation)


2 Slogan et hyperbole
3 Hyperbole
4 Argument d'autorité (référence culturelle)
5 Répétition (insistance) + question rhétorique
6 Exemple argumentatif pour montrer combien l'argument de l'adversaire est absurde.
7 Analogie entre les deux Mélenchon(s).
8 Populisme (se mettre du côté du peuple et présenter l'autre comme faisant partie de l'élite dirigeante.

3
2 Les armes du débat

2.1 Mobiliser les émotions

On peut pousser les gens à être de notre côté, sans pour autant avoir des arguments infaillibles. Il suffit
parfois de jouer sur les émotions des auditeurs. Les faire rire, leur faire peur, les faire pleurer permet
parfois de « gagner des points », de rallier à sa cause ceux qui nous écoutent.

Le populisme, c'est NOTAMMENT9 le fait de dire aux gens ce qu'ils veulent entendre pour les
convaincre de nous supporter. Souvent on joue alors sur l'émotion, car il ne faut pas chercher des
arguments solides puisque l'on sait que les auditeurs seront de toute façon d'accord avec nous. Ainsi,
défendre le port du voile devant une assistance en majorité musulmane ne demande pas une
argumentation en béton. En revanche, donner l'impression de comprendre, dénoncer l'oppression
suffit à rallier les auditeurs.trices.

2.2 Maîtriser la langue

Créer des slogans, utiliser la métaphore, l'hyperbole, l'euphémisme : les figures de style sont l'un des
outils permettant de convaincre, de créer l'émotion, tout comme l'usage des verbes impersonnels, la
clarté des organisateurs logiques, l'emploi d'une langue ni trop riche, ni trop populaire.

2.3 Travailler l'image de soi et de l'autre

Si le débat est un combat, le rôle des adversaires est très important. Ainsi, l'intervenant qui semble le
plus fort, le plus « puissant » peut convaincre simplement par sa posture, son attitude. On peut donc
influencer l'avis des auditeurs en donnant à soi-même et à l'adversaire un rôle : la victime, le sage, le
puissant, le professeur, le spécialiste, le menteur, l'ignorant. Se mettre en avant ou décridibiliser
l'adversaire est une arme très utilisée par Mélenchon ou Macron face à Lepen par exemple.

2.4 Argumenter

Enfin, le nerf de la guerre : arriver à convaincre par la logique du discours, par la preuve, la
démonstration sans faille, l'argument...

3 L’expression non verbale

Dans un débat, les gestes, les attitudes, les positions adoptées par les participants sont également
réfléchies, étudiées, car elles participent à l’opinion que se font les spectateurs des participants.

Débat de l'entre-deux-tours : pourquoi le non-verbal est incontournable pour convaincre


Propos recueillis par Maëlane Loaëc, 18 mars 2022 sur LCI-info
Travailler son programme, ses fiches, passer au crible le programme adverse... Dans les jours qui précèdent le
débat de l'entre-deux-tours, les deux finalistes préparent un argumentaire précis et bien ficelé. Mais ce travail de
fond ne suffit pas : la maîtrise des gestes et des émotions, la modulation des expressions faciales et de la voix,
en bref le contrôle de son attitude non verbale, restent incontournables pour convaincre son auditoire.
D'autant que ce rendez-vous est très suivi - 16,5 millions en 2017. Dans ce contexte, perdre ses moyens
peut être fatal : lors du précédent débat, Marine Le Pen avait fait les frais d'une attitude excessive et de
rires nerveux. Ce body langage forge les premières impressions des électeurs, qui influent ensuite sur le
choix final du vote, explique Lou Safra, chercheuse en sciences cognitives spécialisée en psychologie
politique au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof).

9 Voir définition à la fin du cours.

4
L'attitude non verbale d'un candidat compte-t-elle autant que le contenu de ses discours ?
On ne le sait pas précisément, car pour l'instant, les deux éléments ont toujours été étudiés de façon
séparée. Mais on sait qu'il existe une corrélation. Les études montrent qu'à partir des premières
impressions que les électeurs vont se faire sur les candidats, on est capable de prédire dans une certaine
mesure les résultats aux élections. Ces premières impressions se basent notamment sur des indices
superficiels dans le comportement, comme la forme de son visage, la tonalité de sa voix, les gestes.
Des yeux plus grands, un visage plus souriant donnent par exemple l'impression que l'on peut faire
confiance à la personne, tandis que quelqu'un à la voix grave va paraître plus dominant. Certaines
expériences en laboratoire se sont aussi focalisées sur les mouvements de personnalités politiques lors de
leurs discours, par exemple. Les participants ne voyaient que des sortes de squelettes qui bougeaient. Sans
avoir accès au contenu de ce qu'ils disaient, ils étaient déjà capables de déterminer si le candidat leur
paraissait digne de confiance, dominant, attractif, etc.
On sait aussi que l'on peut mieux mémoriser certaines séquences en fonction de l'intensité émotionnelle
véhiculée par celui qui parle, lorsqu'il se met en colère ou s'il semble tout à coup affecté, par exemple,
mais aussi grâce à des effets de surprise. Mais on ne va pas nécessairement en garder un souvenir positif.

Les candidats ont-ils un vrai pouvoir sur leur non-verbal ?


Ils peuvent en effet beaucoup travailler leur expression faciale ou leurs gestes, trafiquer leur visage et leur voix...
Au point même de renvoyer une image qui peut être complètement fausse. Ils ont tout intérêt à adapter leur
communication en fonction des électeurs auxquels ils veulent plaire. Car différentes personnes vont être
sensibles à différentes caractéristiques.
Les sensibilités politiques entrent en effet en jeu. Des études menées aux États-Unis montrent ainsi que les
électeurs républicains favorisent des candidats qui ont l'air d'avoir l'ascendant, à l'inverse des démocrates, qui
privilégient ceux qui se montrent ouverts au dialogue. Par ailleurs, en fonction du contexte, ce ne sont pas les
mêmes atouts que l'on va vont chercher chez le candidat : en temps de guerre par exemple, des expériences ont
montré que l'on plébiscite ceux qui paraissent plus dominants, plus forts.
Mais les aprioris et les connaissances préalables que l'on a sur les candidats, que l'on entend et voit déjà
beaucoup, comptent aussi : ceux sur lesquels j'ai déjà une perception positive vont me paraître les plus sincères.
À l'inverse, si je juge un candidat incompétent, je vais davantage prêter attention à chaque moment où il paraît
en difficulté. C'est ce qu'on appelle le biais de confirmation : je vais être plus sensible aux indices qui
confirment ce que je pensais déjà. Il est donc difficile pour un candidat de changer complètement sa réputation
par son attitude lors du débat, et de convaincre ceux qui soutiennent la partie adverse.

Est-il possible de déceler une attitude véritablement sincère ?


Au quotidien, notre système cognitif est très performant pour détecter de façon intuitive les fausses émotions,
comme les faux sourires. Mais dans un tel exercice, les candidats cherchent à nous plaire, sont très bons dans ce
travail de représentation et se sont beaucoup entraînés. On ne dispose pas encore d'études pour évaluer notre
perception de la sincérité dans ce contexte.
Une chose est sûre, le fait d'être conscient que l'on est dans un exercice où tout est travaillé et où l'interaction
n'est pas du tout naturelle, est peut-être la meilleure façon de ne pas se faire avoir. Il faut rester en alerte, en se
disant qu'il est possible que tout soit faux. Une colère ou des larmes, par exemple, sont très probablement des
mises en scène.

Il est donc intéressant d’étudier les gestes et les attitudes des participants d’un débat en gardant en tête
que ceux-ci ont été étudiés et réfléchis. Ils peuvent donc nous renseigner sur l’image qu’un candidat
veut donner de lui, mais aussi sur son caractère lorsque le candidat oublie l’attitude réfléchie et se laisse
aller (colère, émotions, etc.).

L’image ci-contre est extrêmement parlante : elle oppose deux candidats dont l’attitude révèle le
caractère et les relations qu’ils entretiennent. Eric Zemmour concentré, la tête basse, les mains croisées
(signe de malaise ou de contrariété), Luc Mélenchon à l’aise, un sourire aux lèvres, comme s’il ne prenait
pas son adversaire au sérieux.

5
4 Les formes du raisonnement et les arguments

4.1 Les arguments logiques

4.1.1 Le raisonnement causal


Le principe de cette argumentation est que tout fait a une cause et produit des effets. Entre les faits
s'établissent donc des relations de condition à conséquence, de moyen à fin, de cause à effet.
Il a plu, le sol est mouillé.
4.1.2 La déduction
Des deux prémisses (arguments) on déduit une conclusion.
Cette montre est suisse, or les montres suisses sont de bonne qualité, donc cette montre est de bonne qualité.

4.1.3. Le raisonnement dialectique.


Comme dans la déduction, le raisonnement dialectique part de deux propositions contraires, voire
contradictoires (Thèse / Antithèse) pour conclure sur une idée neuve.
1. La peine de mort détruit la personne du criminel.
2. La peine de mort exalte le criminel jusqu'à en faire un héros.
Conséquence : Supprimer la peine de mort permet d'humaniser le criminel sans l'idéaliser.

4.1.4 L'induction
Raisonnement qui part du particulier pour arriver à une loi générale.
J’'ai encore vu ce matin dans le métro une vieille dame rester debout alors qu'un étudiant, assis, continuait à lire.
La jeunesse d’aujourd’hui ne respecte pas les personnes âgées.

4.1.5 Le sorite
Raisonnement composé de plusieurs propositions si bien liées entre elles que l’attribut de la première
devient le sujet de la deuxième, l’attribut de la deuxième le sujet de la troisième, et ainsi de suite ; en
sorte que la dernière proposition doit être implicitement comprise dans la première, si le raisonnement
est juste.
Le grand classique stoïcien: qui est sage est tempérant; qui est tempérant est constant; qui est constant est
sans trouble; qui est sans trouble est sans tristesse; qui est sans tristesse est heureux : donc le sage est
heureux, et la sagesse suffit au bonheur.

4.2 Les arguments de déstabilisation (déstabiliser ou contrer l'adversaire)

4.2.1 La question rhétorique


Question par laquelle on ne peut répondre que par oui ou non et qui n’appelle donc pas nécessairement
de réponse.
Un enseignant n’a-t-il pas comme devoir de faire de ses élèves des personnes engagées dans la société ?

4.2.2 Le procès d'intention


Le procès d'intention est une accusation portant, non sur des faits, mais sur des intentions qu'on prête
plus ou moins gratuitement à l'adversaire.

4.2.3 L'absurde
Mise en cause directe de l'interlocuteur montrant que son raisonnement est contradictoire. (structure
rhétorique)
Vous dirigez un orchestre et vous prônez l'anarchie !

4.2.4 L'argument ad hominem


Inversion feinte des rôles; on se met à la place de l'interlocuteur en acceptant ses présupposés* mais
pour tenir un discours contraire à ce qu'il veut faire admettre. (structure rhétorique)
- Monsieur, nous passons trop de temps à étudier. Nous n'avons plus le temps de faire du sport.
Supprimez donc de la matière.

6
- Vous avez tout à fait raison de vouloir moins étudier, je vous encourage à la paresse mais à la paresse
intelligente : travaillez mieux, perdez moins de temps et vous en aurez davantage pour pratiquer les
activités physiques qui sont tellement salutaires.

4.2.5 L'argument ad personam ou argument personnel


Stratégie qui interpelle l'interlocuteur en tant que personne afin de dévaluer ses propos. On prend
l'adversaire à partie dans sa singularité. (structure rhétorique). L’injure ou l’insulte est évidemment
l’estrême argument ad personam
Comment pouvez-vous critiquer la télévision, vous ne la regardez jamais !

4.3 L'insinuation (imposer son idée sans réellement l'énoncer explicitement)

4.3.1 L'argumentation indirecte


Proposer un avis ou un argument sans l’énoncer explicitement. Ainsi, dans ces deux exemples,
l’énonciateur part d’un même fait (sondage) mais sa façon de l’énoncer donne une image difrférente du
président et de sa popularité.
La cote de popularité du Président se maintient au-dessus des 50 % bien qu'elle ait baissé de deux points.
La cote de popularité du Président a encore baissé de deux points; elle se rapproche des 50 %.

4.3.2 La prétérition
La prétérition permet de dire un énoncé en prétendant le taire.
Dois-je rappeler que M. Zemmour a déjà été accusé et condanné pour racisme ?
Je ne m’abaisserai pas à rappeler les condamnation pour racisme de M. Zemmour.

4.3.3 L'insinuation
L'insinuation une accusation dont l'énoncé reste partiel.

4.3.4 L’ironie
Défendre l’idée inverse à la nôtre tout en s’en moquant ou en montrant combien elle est indéfendable.

4.4 La référence à l'autorité (l'idée que je défends vient d'un spécialiste, de quelqu'un
d'inattaquable ou est la conséquence d'un fait indiscutable)

4.4.1 L'autorité
Donner plus de poids à notre idée en citant une personne légitime, spécialiste ou experte qui
aurait la même idée.

4.4.2 La définition
Définition d’une idée, d’un concept ou d’un mot, en la forumlant de fçaon à ce qu’elle appuye
notre idée ou notre point de vue.

4.4.3 Le modèle
Défendre une action ou une décision en citant quelqu’un de reconnu qui l’aurait faite ou prise
auparavant.
Ou le contraire : critiquer une action ou une décision en citant quelqu’un de détestable qui l’aurait faite
ou prise auparavant.

4.4.4 L’exemple argumentatif ou l'argument par l'exemple


Prendre un exemple frappant, parlant qui suffira à convaincre.
En 1975, Ronnie Bridgeman, 17 ans, est condamné à mort pour le meurtre d’un vendeur. Le
témoignage d’un jeune garçon de 13 ans qui affirmait l’avoir vu tabasser le dit vendeur suffit à le faire
condamner. Trente-neuf ans plus tard, on apprit que le jeune garçon de 13 ans avait fait un faux

7
témoignage sous la pression des enquêteurs. Et il a fallu encore attendre près de douze ans pour que
l’État de l’Ohio innocente Ronnie Bridgeman du meurtre et le libère.Heureusement, pour lui, il fut
innocenté alors que son exécution n’avait pas encore été décidée. Mais on n’est pas pas passé loin d’une
nouvelle et terrible erreur judiciaire et de mort la mort d’un innocent.

4.5 L'excuse

4.5.1 La bonne foi


Justification d'un comportement condamnable par l'intention droite de celui qui l'a adopté. "Telle
conduite méritant condamnation est excusable parce qu'adoptée en toute bonne foi". (structure
rhétorique)

4.5.2 Le bon sens


Eviter que l’on critique sa pensée ou son action en rappelant que n’importe qui dans la même situation
aurait agit de la même façon.

4.5.3 La faute commune


Se faire pardonner une erreur en disant que tout le monde la fait ou qu’on n’est pas le seul à l’avoir
faite.

4.5.4 Le premier responsable


Report de la faute sur un coupable antérieur. "Le vrai responsable est le premier responsable", « ce n’est
pas ma faute, c’est e gouvernement d’avant ».

4.6 L'émotion

4.6.1 L'extrême
Cet argument consiste à pousser à bout la position de l'autre pour en manifester les conséquences
insupportables, inconcevables pour l'esprit.
Le grand remplacement de Zemmour.

4.6.2 L'urgence
Appel à une décision immédiate, tout délai entraînant des conséquences fâcheuses.

4.6.3 La peur
Faire peur aux auditeurs du débat et présenter nos idées comme unique bouclier contre l’origine de
cette peur.

4.7 L'analogie
Établissement d'une similitude de rapports entre deux choses, deux personnes, deux époques, deux
idées.
Zemmour à Mélenchon : « Comme d’habitude, depuis deux cents ans, vous et ceux de votre parti ne
savez faire qu’une chose : guillotiner ». Zemmour compare donc les membres de la France Insoumise aux
révolutionnaires ayant imposé la terreur en France après la Révolution de 1889).

5 Les erreurs de raisonnement

5.1 Le sophisme
Le sophisme est une déformation intentionnelle du raisonnement (définition incorrecte, analogie
trompeuse, ignorance ou connaissance incomplète des faits, par exemple).
Il y a une majorité de personnes issues de l’immigration dans cette prison. Les personnes d’origine
étrangère sont dangereuses et doivent être mises hors de France.

8
5.2 Le paralogisme
Le paralogisme est une erreur réputée involontaire du raisonnement.

5.3 La pétition de principe


La pétition de principe est une faute logique par laquelle on tient pour admise, sous une forme un peu
différente, la proposition même qu'il s'agit de démontrer; c'est un raisonnement qui prétend prouver
une thèse en s'appuyant sur les principes mêmes de cette thèse
Il ne peut pas être aussi malhonnête que vous le dites car c’est quelqu’un d’honnête.

6 Les autres erreurs à éviter

6.1 Les erreurs langagières


Hésitation, bégaiement, temps d’arrêt peuvent être anodins, mais aussi trahir un malaise ou un
fourvoiement.

Ainsi, une hésitation qui casse le rythme d’un discours au débit rapide et structuré laisse penser qu’un
candidat récitait par cœur et manque donc de spontanéité.

Un bégaiement peut trahir le malaise d’un candidat à parler d’un sujet précis ou son manque de
préparation de tel ou tel « dossier ».

6.2 Les erreurs lexicales


Le vocabulaire choisi par un participant à un débat est choisi pour donner une image positive de lui.
Ainsi, un langage soutenu le rend cultivé et intelligent aux yeux des spectateurs. En revanche, un mot
comme le « karsher » de Sarkozy ou le « fils de …. » de Zemmour montrent combien un mot mal choisi
peut bousculer une campagne électorale.

6.3 Les erreurs corporelles


Nous en avons déjà parler. Il s’agit de ces poses, ces attitudes, ces gestes qui vont trahir un malaise, une
soumission, une perte de contrôle d’un candidat.

7 Notions et concepts

7.1 Le populisme
En politique, un parti populiste a des discours dans lesquels il défend le peuple qu’il oppose à l’élite des
dirigeants, au système. Les partis populistes se montrent proches du peuple, des petites gens et leur
promet de les défendre contre un système politique qui les opprime.

7.2 La fenêtre d'Overton

La fenêtre d’Overton est l’ensemble des idées, opinions ou pratiques considérées comme acceptables
dans l’opinion publique.. Dès lors, une idée peut vivre, exister, seulement si elle est à l’intérieur de la
fenêtre qui englobe une gamme d’idées considérées comme acceptables politiquement en regard de
l’opinion publique. Si un politicien propose une idée, une politique qui existe à l’intérieur de cette
fenêtre, de ce cercle admis, il sera vu comme acceptable par le peuple.

Ainsi, il y a cent ans, dire que la femme était inférieure à l'homme était tout à fait acceptable et entrait
parfaitement dans la fenêtre d'Overton. Aujourd'hui, la fenêtre a évolué et cette idée n'y entre plus,
n'est plus considérée comme acceptable (heureusement).

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Selon Viktorovitch10, les élus d'extrême droite aime laisser la parole à des personnes radicale ayant des
propos très très « limites », , voire en dehors de la fenêtre d'Overton. En effet, plus on met la limite de
l'indicible loin, plus les idées qui paraissaient avant extrêmes/extrêmistes, paraissent aujourd'hui
acceptables.

7.3 La vulgarisation
Les auditeurs d’un débat ne sont pas tous politologues ou économistes. Il est donc important de
vulgariser, c’est-à-dire de rendre compréhensibles des idées, des réalités ou des concepts complexes. Le
danger de la vulgarisation est la simplification extrême qui peut aussi être une arme redoutable pour
présenter les choses de façon apparemment simples alors qu’elles sont bien plus complexes.

7.4 Les chiffres


Certains hommes politiques sont devenus experts dans l'art de marteler des chiffres. Objectif : donner
de la force au discours. Qu'importe alors si ces chiffres sont exacts ou pas, le tout étant de les asséner
avec suffisamment de conviction. "L'accumulation de chiffres impressionne et rend dérisoire toute
forme d'argumentation non quantifiée", expliquent les chercheurs. "C'est une mobilisation des
nombres qui vise à émouvoir le lecteur", "créer un effet de saturation chiffrée", ajoute pour sa part
Lilian Mathieu, chercheur au CNRS. "Le malaise du lecteur ne surgit pas uniquement de l'accumulation
(des chiffres), mais aussi de leur diversité. Ce ne sont pas seulement des chiffres colossaux qui sont
assénés, mais toutes sortes de chiffres : des effectifs en nombres absolus, des pourcentages, des
estimations, des tendances...", poursuit-il.

Vous verrez, l’utilisation des chiffres permet plusieurs choses :

L'attaque. Il y a d'abord les chiffres qu'on brandit comme des armes pour attaquer l'adversaire. Ainsi,
cette offensive de Mitterrand contre VGE en 1974 : «Vous savez combien de commerces d'alimentation ont
disparu sous votre gestion ? Disons depuis 9 ans? 50 000. Combien de petites et moyennes entreprises ? 60 000.
Combien de petites et moyennes entreprises ont fermé en janvier de cette année 1974 ? 1740» .

La défense. Etre attaqué sur la validité d'un argument chiffré étant grave, les candidats se défendent
souvent... en attaquant les chiffres adverses.

Le diagnostic.Troisième grande famille d'utilisation des statistiques : la mise en avant d'un fait, le constat
d'une situation, qui permet au candidat d'imposer une problématique (auquel bien évidemment son
programme répond) et oblige son adversaire qui doit lui aussi répondre, même s'il ne l'avait pas prévu.

8 Analyse de débats divers

8.1 Zemmour vs A. Caron (Face à Hanouna)

Caron → commence par une attaque personnelle envers Zemmour (ad personam) disant qu’il est raciste.
→ Il justifie son accusation en définissant le racisme (définition)
→ puis en illustrant sa définition par des propos antérieurs de Zemmour (exemple argumentatif et
raisonnement causal)
Zemmour → Rétorque par les mêmes armes. Il attaque Caron, son égocentrisme et son ignorance (ad personam).
→ Propose une autre définition du mot « race » pour contrer l’argument de Caron
→ Passe à l’Islam :
→ L’Islamisme doit être combattu comme l’a été le communisme dans les années d’après-guerre
(analogie).
→ L’Islam est dangereux car politique et pas seulement religieux, comme le disait déjà l’historien
et philosophe Ernest Renan (autorité).
→ se défend d’être raciste par une déduction : si vous me traitez de raciste alors que Renan pense la même
chose que moi, alors vous insinuez que Renan est raciste, ce qui est faux.

10 viktorocitch julie graziani - YouTube

10
8.2 Marion Maréchal-Lepen vs Valérie Pécresse (Valérie Pécresse face à Marion Maréchal dans
Face à Baba – YouTube - 7minutes)

V. Pécresse → Attaque Marion Maréchal Lepen et Zemmour sur son modèle Poutine, insinuant qu’on ne peut pas
défendre la France si on admire Poutine.
Marion → Réplique en rappelant qu’à l’époque le modèle de Pécresse, le président Chirac, avait remis à Poutine la
M-Lepen plus haute récompense française, la légion d’honneur, en la présence de V. Pécresse (faute commune). Par
déduction, elle insinue donc que si Zemmour ne peut diriger la France parce qu’il a admiré Poutine, V.
Pécresse ne le peut pas également.
→ Après s’être défendue, elle attaque à son tour par une question rhétorique : « M. Pécresse, si vous dirigez la
France, vous allez continuez à avoir des liens diplomatique avec Poutine pour défendre la position de l’Europe et de la
France ?». A cette question, Valérie Pécresse ne peut répondre que « Oui » et donc accepter qu’une
bonne relation avec Poutine est une avantage s’il faut défendre la France.
V. Pécresse → Se défend par une analogie en rappelant que La France a eu des relations diplomatiques avec le
dictateur russe Staline sans pour autant être d’accord avec le Stalinisme.
→ Elle attaque ensuite son adversaire par une autre question rhétorique : « Madame Lepen, Poutine est-
il un dictateur ? »
M.-Lepen → Obligée de dire oui et d’accepter le fait qu’elle a admiré un dictateur, elle se défend en définissant un
régime autoritaire et en rappelant que la France a des liens avec bien d’autres régimes totalitaires.

8.3 Riolo vs Messiha concernant le retour de Karim, Benzema en équipe de France.

Jean Messiha : Karim Benzema c'est un très grand joueur, j'ai vu certaines de ces actions, c'est magnifique,
mais ce qui me gêne, si vous voulez, c'est que là on est en train de parler de l'équipe de France. L'équipe de
France, c'est pas simplement, comment dirais-je, une équipe de football…. On est dans la représentation. Il
représente la France à l'étranger, il représente la France en Europe, c'est quelque chose l'équipe de France, c’est
une des rares institutions dans laquelle tout le monde se reconnaît encore quelles que soient les origines sociales,
professionnelles, ethnique et donc je veux qu'il y ait dans l'équipe de France des gens qui incarnent la France.
Or, excusez-moi, mais quand Karim Benzema, en 2006, nous dit que son pays c'est l'Algérie, nous dit qu'il veut
pas jouer, qu'il aurait volontiers joué en Algérie, mais que sportivement, comprenez pour une histoire d'argent,
il préfère jouer en France, lorsqu’il ne chante pas la Marseillaise, lorsque il crache par terre après la Marseillaise
jouée en l'honneur des morts du bataclan, moi, ces choses-là me choquent. Ça n'enlève rien à ses talents, mais je
dis que ces choses-là me choquent. Quel pays au monde, à commencer d'ailleurs par son pays d'origine, c'est-à-
dire l'Algérie accepterait dans son équipe nationale un joueur qui ne chante pas son hymne national ou qui
crache par terre après l'hymne national ? Je crois que les Algériens, et ils ont raison, sont très nationalistes, très
patriotes, et ils n'accepteraient pas dans l'équipe nationale un joueur qui fait un tel affront à l'hymne et au
drapeau du pays. Je ne vois pas pourquoi la France devrait effectivement céder à cela.
Daniel Riolo : Alors, il y a trois erreurs dans ce que vous dites monsieur le Spécialiste du foot. D’abord,
l’affaire du crachat, c'est un fake. Ensuite, la déclaration à laquelle vous faites allusion à ses hésitations sur le
choix de son équipe nationale, hé ben ce sont des propos que tiennent tous les binationaux. C'est quelque chose
que vous entendrez chez à peu près tout le monde. Moi aussi, à l'époque, les propos m'avaient un petit peu
interpellé, mais finalement quand on se renseigne : récemment Abdou Diallo, un joueur du PSG qui a fait
toutes ses classes avec les sélections en équipe de France, a finalement opté pour son pays, enfin le pays
d'origine de ses parents, le Sénégal. Les binationaux sont tous déchirés entre deux pays.
Jean Messiha : Oui,mais j'en ai marre de ce raisonnement qui consiste à dire que pour que pour aimer, l'autre il
faut commencer par se détester soi-même. On peut aimer les deux pays. On n'est pas obligé, si vous voulez,
d'être dans la provocation vis-à-vis de l’un. Enfin, excusez-moi, mais Karim Benzema, qui l'a fait roi ? C'est
quand même la France, donc il lui doit au moins, à défaut d'allégeance, au moins du respect. Or, dans l’équipe
nationale, dans l'équipe tricolore, il n’est est pas foutu de chanter l'hymne du pays.
Daniel Riolo : vous savez si on enlève de l’équipe tous les joueurs qui ne chantent pas la Marseillaise, on se
retrouve à cinq contre onze.

11
• Soulignez toutes les marques d’oralité. Quelles sont celles qui seraient des manies, les tics de langage ?11
• Souligne une insinuation.12
• Comment D. Riolo commence-t-il son argumentation (argument et ton)?13
• Comment D. Riolo défend-il Karim Benzema ? Par quels types d’arguments ?14

8.4 Débat présidentiel du 2e tour – 2017

Journalistes. Comment lutter contre le terrorisme ?


Marine Le Pen. La sécurité et le terrorisme est une problématique absolument majeure. Nous sommes pas à
l’abri de nouveaux actes terroristes sanglants. En la réponse à cela est totalement absente de votre projet.
Totalement absente. Aucune proposition qui tienne la route. C'est-à-dire que la sécurité physique de nos
compatriotes et la lutte contre le terrorisme et le fondamentalisme islamiste, vous ne voulez pas le mener et
vous ne voulez pas le mener monsieur Macron, moi je sais pourquoi. Contre le terrorisme, il faut d'abord
retrouver nos frontières nationales tout de suite, immédiatement. Et ça ce sera quelque chose que je ferai
immédiatement après mon arrivée au pouvoir. Il faut que l'on expulse tout de suite les fichés S étrangers qui
sont sur notre territoire, tous ceux qui, étrangers, sur notre territoire, ont un lien avec le fondamentalisme
islamiste. Dehors, dehors. Tous ceux qui sont double-nationaux. On mettra en œuvre la déchéance nationale. Je
sais que vous êtes contre cela, mais vous êtes pour toutes les propositions laxistes et contre toutes celles qui
font preuve de fermeté. Déchus de leur nationalité, ils seront également renvoyés dans leur pays.
Emmanuel Macron. Ca va leur faire peur à ceux qui se font sauter. Ça va les terroriser.
Marine LePen. Les fichés S ?
Emmanuel Macron. Non, ceux qui se font sauter puisque aujourd'hui les terroristes que nous devons
combattre et que j'éradiquerai, ce sont des gens qui se suicident dans les attentats. On l'a vu… Et, quelqu'un qui
est dans cette disposition d'esprit, la déchéance de nationalité brandie par Madame Le Pen, vous pensez que ça
le fait trembler ? Il faut aller beaucoup plus au cœur, beaucoup plus au fond, être beaucoup plus concret…

• Par quel type de d’argument Marine Lepen inaugure-t-elle son argumentation. 15


• A quels endroits du texte retrouve-t-on des arguments ad-personam ? Quels sont les indices de cette argumentation ?16
• Quel arme rhétorique Macron utilise-t-il pour briser l’argument de son adversaire ?17

8.5 Arguments pour et contre le voile dans l’espace public

Ceux qui disent que le voile islamique entretient l’inégalité entre hommes et femmes confondent
d’abord différence et inégalité. Ensuite, ils considèrent que le voile est imposé par l’homme alors qu’il
est encouragé par Dieu. Enfin, considérer le voile des femmes comme une forme de discrimination de
la femme, c’est discriminant. En effet, c’est croire qu’une femme qui se voile pour des raisons
religieuses serait inférieure à l’homme alors qu’un homme sikh dont la tête est couverte par un turban
ne sera pas considéré comme inférieur à la femme qui n’en porte pas.18

11 Les marques d’oralité sont celles-ci « si vous voulez, comment dirais-je, c'est quelque chose, vous comprenez, etc. » .
En outre, Jean Messiha répète de nombreuses fois les mêmes mots, ce que l’on évite lorsque l’on rédige un texte :
« l'équipe de France, hymne national ». Enfin, il fait plusieurs erreurs syntaxiques ou grammaticales qui seraient
dommageables à l’écrit « il peut pas, c’est pas, etc. ». Le « vous comprenez » et le « si vous voulez » sont des tics de
langage car ils se répètent plusieurs fois dans le discours de Jean Messiha.
12 Si l’insinuation est une accusation déguisée, cachée ou esquissée (pas franche), le « comprenez pour une histoire
d’argent » en est une puisque Messiha laisse entendre la vénalité de Benzema.
13 Il commence par attaquer l’autorité de Jean Messiha (ad personam) et utilise pour cela l’ironie.
14 Il utilise la « faute commune » (Tous les binationaux font cela) puis prend un exemple qu’il érige en modèle. Concernant
l’hymne national, il utilise de nouveau la faute commune (Benzema n’est pas le seul à ne pas le chanter).
15 Elle utilise la peur avec des mots comme « sanglant ou terrorisme ».
16 M. Lepen interpelle très souvent son interlocuteur (vous, vos, votre) et critique son inaction.
17 Il utilise le sarcasme (ironie mordante) pour ridiculiser M. Lepen et démontrer l’absurdité de ses propos (comment des
hommes qui voudraient faire un attentat-suicide contre la France pourraient-ils craindre de ne plus être Français ?
18 L’énonciatrice argumente en mettant en évidence la confusion de sens des détracteurs du voile concernant l’inégalité et
la différence (elle propose donc une redéfinition). Elle redéfinit également le voile. Enfin, elle montre l’absurdité de

12
La Cour européenne des droits de l’Homme affirme que « la liberté de manifester sa religion ou ses convictions
» ne peut être restreinte qu’au nom de la « sécurité publique », la « protection de l’ordre », « la santé ou la morale
publiques » ou encore « la protection des droits et libertés d’autrui ». Or, une jeune fille musulmane qui porte
un voile et discute avec ses amies sur un banc public ne menace ni la sécurité publique, ni l’ordre, ni la
santé ou la morale, ni les droits et les libertés d’autrui. Donc elle a légalement le droit de porter son
voile. 19
Toutes les femmes musulmanes ne portent pas le voile. En revanche, toutes les femmes islamistes le
portent et tous les islamistes l’imposent. Combattre l’islamisme, c’est donc combattre le voile.
• Quel est le type d’arguments utilisé ?20
• Comment s’y opposer ?
Il y a un an, à Bézier en France, cinq femmes ont été arrêtées alors qu’elles se préparaient à commettre
un attentat. Leur point commun : le voile islamique sur leur tête. Le voile est dangereux, il faut
l’interdire !
• Quel est le type d’arguments utilisé ?21
• En quoi l’argument est-il mauvais, peu pertinent ?

l’argument des détracteurs (il est discriminant de juger le voile discriminant) et fait ensuite une analogie avec les Siks.
19 C’est un argument a contrario. Si A implique B, alors l’inverse de A implique l’inverse de B.
20 L’argument est de déduction : prémisse 1 (le voile est la tenue des islamistes), prémisse 2 (il faut combattre l’islmaisme),
conclusion (il faut combattre le voile).
21 L’énonciateur fait une induction : il part d’un cas particulier et en tire une loi générale.

13
Les types d'arguments Les figures de style Les fautes de fond Lexique Les chiffres Non verba
Logiques La déduction Analogie Comparaison Sophisme Le populisme Statistiques Les gestes
Le raisonnement causal Métaphore Parallogisme La vulgarisation Attaque Le sourire
l'induction Opposition Antithèse Pétition de principe La fenêtre d'Overton Défense La posture
Le raisonnement dialectique Exagération Hyperbole L'habit
La référence à l'inattaquable D'autorité Accumulation Le regard
L'exemple argumentatif Gradation Le port de tête
La définition Atténuation Euphémisme Fautes de forme
Le modèle Litote Erreurs langagières
La déstabilisation Ad personam Erreures lexicales
L'absurde Erreurs corporelles
Ad hominem La position
La question rhétorique Le professeur

14
L'insinuation La prétérition La victime
L'ironie Le leader
L'insinuation Le spécialiste
L'argumentation indirecte Le sage
L'analogie Par analogie Le gentil
L'excuse La bonne foi Le passionné
Le bon sens
La faute commune
L'émotion La peur
L'urgence
La compassion
L'extrême
9 Bibliographie et sitographie

1. Viktorovitch, Clément, Le pouvoir rhétorique, Paris, Seuil, 2021

2. Débat de l'entre-deux-tours : pourquoi le non-verbal est incontournable pour convaincre


3. Propos recueillis par Maëlane Loaëc, 18 mars 2022 sur LCI-info
4. Les caractéristiques de l'argumentation - Assistance scolaire personnalisée et gratuite - ASP µ

5. Clément Viktorovitch : Julie Graziani et la radicalité comme stratégie rhétorique - Clique -


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6. Clément Viktorovitch : L'exemple n'est pas un argument - Clique - CANAL+ - YouTube

7. Clément Viktorovitch : Zemmour et la rhétorique du conflit - Clique - CANAL+ - YouTube

8. Clément Viktorovitch : Zemmour, une rhétorique extrémiste - Clique - CANAL+ - YouTube

9. Clément Viktorovitch : on ne dit plus... mais on dit... - Clique - CANAL+ - YouTube

10. Jean Messiha contre l'arrivée de Karim Benzema dans l'équipe de France ! - YouTube

11. Éric Zemmour face à Jean-Luc Mélenchon chez Cyril Hanouna - YouTube

12. Aymeric Caron face à Eric Zemmour : "Vous êtes raciste, sans le savoir" - YouTube µ

13. Valérie Pécresse face à Marion Maréchal - YouTube

14. Clément Viktorovitch : Joutes verbales à l'Assemblée - Clique - CANAL+ - YouTube

15
10 Exercice oral

Expression orale Le débit de parole : parlez à une vitesse normale, sans endormir les /5
auditeurs par un débit trop lent ni les perdre en parlant trop rapidement.
La clarté : il faut que l’on vous comprenne. Articulez, faites de courtes /5
pauses, organisez votre discours.
L’aise : Ne montrez pas votre stress. Soyez naturels. /5
Respect des normes : évitez de faire de trop nombreuses fautes de langue. /5
Conditions : il ne s’agit pas de donner vos arguments l’un après l’autre, mais /5
de discuter entre vous avec respect.
Arguments Pertinence : vos arguments sont bons, développés et bien choisis. /5

Cohérence : vous êtes dans une joute verbale. Chacun rebondit /5


(acquiescement, contre-argument, etc.) sur ce que l’autre vient de dire avant
de proposer un nouvel argument.
Types : sur vos six arguments (sans compter les éventuels contre-arguments), /5
quatre sont de types différents.

16

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