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ae. PS ie Del ee Le Ee Ht Lt ; OA eaT | ALIEN, la Résurrection): linterview de Benoit WIDEMANN Petits Petit i] Fa jena Expressions autour de la musique de MAGMA Mai Suen ALIEN, la Resurkeetlon | | ni iW air view de Benoit WIDEMANN _—.A Pate Na 7 [MAGMA A 6'O4YMPIA — oe Se = — ne pas jeter sur la voie publique cab] = oa i oa > Oo a D a = oO a o = i o = =| = i on Cc i) = oO 2 ra) | a ASCENSION EDITORIAL... Aprés le succés {au moins quantitatif) du premier numéro, que ce soit sous forme papier ou téléchargeable, nous sommes heureux de yous présenter le numéro 2 d'ASCENSION. Vous y retrouverez comme dans le numéro 1, diverses formes d'expressions libres autour de la musique de Christian Vander. - Une rubrique nommée "Retrovision” réveillera des sou- venirs de concerts plus ou moins lointains (cahier central), - la rubrique “Expressions” rassemble des poémes et des textes ouverts a la réflexion (pages 2 et 3) Cependant, bien conscients que notre formule doit s'ameéliorer et évoluer, nous avons décidé de développer également le cote informatif de la revue. Vous découvrirez donc au sommaire de ce numéro: -un entretien avec James Mac Gaw, (page 8) qui avec une grande gentillesse s'est prété a un entretien exclusif, ainsi que des entretiens avec Benoit Widemann (page 4) et Simon Goubert (page 10), - des chroniques de concerts récents (pages 5, 6, 7 et 9), - une rubrique désormais consacrée a l'actualité disco- graphique (page 10). Enfin, la page 11 est dédiée 4 la musique contemporaine et donne un coup de projecteur bien meérité sur un com- positeur trop peu connu. Plus que jamais notre but est de vous faire partager nos passions, nos coups de coeur, et bien entendu notre amour pour la musique de Christian Vander. En vous souhaitant une bonne lecture, l'équipe d' ASCENSION. ..ET SOMMAIRE ASCENSION Rédactrice en chef : Evelyne CERMOLACCE Ont collaboré 4 oe mumére : Stéphane BOUCHE, Evelyne CERMOLACCE, doan-Marc DELWILLE, Denis DESASSIS, Fisbert GC, GUILLERALLT, Laurert EIBEL, Jean-Jacques LECA, Eric MONMIER, Jean-Paul PIGMIDE. Yves ROHRBACHER et Jean-Claude Papy” WOAZER ‘Grphisme couverture : Evelyne CERMOLACCE Mise en page : Jean-Jacques LECA, Gnidits photos “live® :Evrlne CERMOLACCE, Rober GC GLELLERAULT Guy MAS, Marco TCHAMP contact: ascersionfijzeuhi inio Les CODOTSIEUTS CLASCENS/On Bon Dare Oles, Les. propos trnus n'engagent que leurs auieurs. Tole reproduction, mame parhelle, dee bales et iluetralions eal lterdite gana leur accord. Ascension est impnimeé par nos soins. lihustration de couverture : ‘La tombe de Kohntarkosz a été retrouvée, ot ce bas-relief mortrerait le jeune Eméhetét-Ré présentant sa nouvelle religion au diew Anubis (hypothése archéologuel" EXPRESSIONS... (Re)Naissance. Une fois, quelque part. Ses paupiéres font le noir sur le Monde tandis que son corps trempé prend des pases primitives dont je n’arrive a concevoir le mouvement qui existe entre chacune. Son visage plissé est a la limite. $a bouche s‘enfonce en lui pour aller chercher un cri infini et insupportablement beau. Je Ventends.Et je tellement tout devient éclat du temps. Je suis pleure de mal si lumineux en cet | én vieje respire. ll y a de l'air et il circule, Pas besoin d expirer | dans ma main ou de bloquer man thorax jusqu’a suffocation pour m’en rendre compte. Un souffle et un mouvement. Jolie définition dela Musique: du vent, une ame et Art de le jouer, de la réveler. Ce cri serait donc ma Musique intime, Et c'est de cette sincérité que naitraient la violence a la réception, le chaos, en me retoumant les quinze demiéres années et quelques kilomeé- tres de ma vie qui ne fait plus qu’attendre et d'obi je vais si bien le néant que doucement lidee de me confondre avec lui ne me révolte plus car je suis devenu lache et résigne. Mais c'est aussi de cette violence et de ce chaos que vient de naitrela rebellion: ne pas MOurir,pas Comme Ca, pas sans me battre, pas sans aimer, Ce-cri m’appelle donc 4 la lutte pour l’Amour, &redevenir un querrier de la Vie, un nouveau-ne. Maintenant, la. Ce cri est celui de Christian Vander. SB Une chape d'ennui s‘abattait sur la Terre, Les hommes semblaient fuir leur imagination. Les uns prénaient l'Amour, d'autres faisaient la querre; Niles uns niles autres croyalent en leur action. Face 4 ce grand troupeau, les chefs se réunirent, L'absence d'idéal leur servait d'alibi, Distillant 4 ce peuple la soupe médiatique L'art ne s‘inventait plus, il était un produit. L'écriture, le dessin, la danse ou la musique, Devenaient unifarmes, stériles, ou incompris. Des groupes inconnus entraient la mystique Danse de l'ignorance dés le succés conquis. De ce monde endormi soudain un cri jaillit, nattendu, choquant pour les dmes incultes, Le cri de John Coltrane, de Miles ou de Otis, Que la médiecrité a tout jamais rebute, MAGMA voyait le jour, Christian Vander hurlait Au monde sa colére devant tant d'ignorance. Comment pouvait-on vivre sans plus jamais parler, Chanter, jouer et vivre cette musique intense? Si parfois les années émoussent la passion, Celle de ton public est plus présente encore, Les enfants des anciens, jeune génération, Recoivent en heritage la griffe au reflet d'or. JPP ASCENSION page 3 La Communauzé de Ua...2euhl Les x jours du Magmarathon = de maux... Mais non, je de ces merveilleux lintensité — incandes- ma mené chaque nuit Sud-ouest, ou le petit Bordeaux a Car née vous parlerai pas concerts, méme si cente de la Musique si loin, vers des sphéres inémarrables détats de consciences multiples. Ce qui m’a saute aux yeux, au plutot au COUT, aU Cours cde ces fantastiques jourmées, ce sont ces tte communion in tense, cette joie rayonnante entre de si nombreux specta- eurs kobatens (ou en devenir), Oui! des retrauvailles, des nouvelles connaissances, ce besoin aller vers |'Autre sans a priori, sans retenue, pour communiquer cette “appartenance" a ce que jé veux nommer la Communauté de la Zeuhl. Grace 4 linitiative de Laurent pour la création du Forum (http:!/forum.aceboard.net/ (-24700.htm), de nombreux Kobaiens ont eu déja l'occasion de s'ouveir, d'aller vers, de t& naigner, de partager. Et 4 présent, a l'occasion de ces grandes migrations (Triton, Olympia, Bretagne, Nord, Sud-ouest, Rhone. ..), ils arrivent de l'ensemble de l'Europe de |'Quest, toutes générations confondues, avec l'espair de se retrouver a nouveau et de communier ensemble dans l'énergie de la Zeuhl. ll est evident qu’au dela de nos différences, de nos origines, de nos parcours, cette musique nous rassemble; elle éveille en nous cette part de mystére indéfinis- sable, cette part d'inconnu par cette nthmique endiablée dau emergent ces forces telluriques de la pulsation terrestre, de la vie, de la transformation , ceuset de notre évalution. Et quand jaillissent ces vaix sublimes, ces cheeurs, ils nous elévent alors vers I'ceuf cosmique, vers I'Unité. Le Pied d'Dieu quoi '!! L'époque ancienne est révolue et il faut essayer, pour les “anciens”, d'éviter toutes formes de nostalgie. L'austérite apparente du Magma de ces temps o combien fantastiques paurtant, qui ne poussait pas ala communication, n'est plus de mise, Notre Magma actuel et toutle “courant Zeuhl", si riche, nous bouscule et nous pousse vers ce besoin impérieux de créer une vraie “mouvance", une "Communauté de la Zeuhl’ of chacun apporte sa pierre, son authenticité, son dynamisme constructif, sans arriére-pensées. Que cet élan vive et s@ prapage pour une waie reconnaissance de cette Musique Unique. Qu'on se déplace a Paris, ou aux quatre coins de la France, les liens existent. A mous de les décupler, dans la plus large tolérance et louverture, sans aucun sectarisme. Magma, reflet ou révélateur de notre ame ! Derriére le mirair, brisons la glace, ouvrons la porte et avancons ! élans de partage, ce Dans la douceur des brouillards de l'automne, Quand la fraicheur du soir nous pousse prés du feu, Lasse de ces musiques trop souvent monotones, Jentend ta voix sublime et jen deviens heureux. Quand l'or et le safran, colorent les nuages, Que le soleil couchant éclaire la futaie, Jai coeur a l'envers, ta melodie voyage Vers des rives lointaines, havre de liberte. Aprés un si beau réve je garde au fond de moi, L'instant follement doux que tu as su faire naitre Par une onde magique declenchant un emoi, Que la fee aux chansons fera réapparaitre. Stella, ferme mythique, au parcours musical Qui tend jour apres jour vers cette perfection Que seuls. peuvent comprendre ceux qui cherchent le De 'harmonie des sons tu as fait ta mission. P.5, Avec toutes mes excuses si je vous ai tutoyée sans votre pe Quatre heures du matin, il est tard, la nuit est tambee sur la vill depuis bien longtemps, amplifiant les sons et les bruits environnants, coiffant étres et choses d'une ombre diffuse et maladive. Coltrane sur son lit, est en pleine meditation, son esprit s‘envole vers d'autres contrées. Nous sommes en 1964, en automne. La piece ov il se trouve est noire et silencieuse. Les minutes s'éqrénent, puis les heures. Il est immobile, et soudain une musique l'envahit, 'entoure, vire- volte autour de lui tel un oiseau de Paraclis, et d'un seul coup le pénétre complétement. Coltrane réalise alors que cette musique céleste ne peut-étre que la Voix de Dieu lui-méme, et que cette Voix lui demande de composer une Musique 4 sa Gloire, Quand John Coltrane se réveille, au sortir de sa méditation, il sait que rien ne sera plus pareil, il ala certitude qu'a présent sa musique ne sera plus laméme. Aprésent, elle devra refléter tous les paradoxes humains... Il dira: “..Pour la premiére fois de ma vie, jawais en téte la totalité de ce que jallais enregistrer, du début a la fin...” Aidé en cela par 565 compagnons de route, 525 prestigieux acolytes Mac Coy Tyner, Jimmy Garrison et Elvin Jones, John Coltrane réalise un album-priére d'une beauté fulgurante, oli quatre thérmes senchainent, se croisent jusqu’a attein- dre une quiétude, une plénitude totale... Une priére musi- cale belle et sobre, un hymmne a la vie, 4 l'amour c'autrul et surtout 4 amour de Dieu... album "Alove Supreme" est enregistré en décembre 196-4 par l'irremplacable Rudy Van Gelder, magicien des micros. Il se vendit 4 cent mille exemplaires, ce qui fut la meilleure vente dalbum pour John Coltrane, A Love Supreme est une évidence. Cet album est un aboutissement, une fin, la rencontre d'un homme avec Dieu, une priére, une invocation, John Coltrane dira d’ailleurs en parlant de Dieu: .." Humble- ment, j¢ LUI offre cet album..." Jcw A LOVE SUPR Texte JPP Dessin EC .. ET REMERCIEMENTS ASCENSION ALIEN page 4 LA RESURRECTION Comment ca ce titre est défd pris 7 Un film dites-vous ?.,. Un événement cine mategraphique de 1997 7... Eh bien moi, cest de /événement musical de la fin de [année 2004 que je vals vous parler! Alien est de retour! Le Capitaine Vander pase san vaisseau au Sunset pour une durée de cing jours. San équi- page a subj quelques mouvements de persannel depuis sa demiére appari- tion, il y @ vingt ans ! Le génial clavieriste Benoit Widerann est tou jours Id, fidéle au poste, |! est entouréde trois nowveaux membres bien connus du batailion de ta Zeuhl : James Mac- Gaw ala guitare, Philippe Bussonet ola basse et Emmanuel Borghi au Fender Rhodes et synthe. Qui mieux que Benoit Widemenn pour nous parler de cette aventuire... Peux-tu nous racanter comment est née cette reformation d'Alien ? Jai été invité plusieurs fois l'année demiere pour jouer avec Maison Klaus, le groupe créée par Klaus Blasquiz et Laurent Cockelaere, Ces concerts ont été des moments fort agréables, Christian Vander passait par la, et lidée de rejouer ensemble a été evoquee. Christian m'a appele peu de temps aprés pour me pro- poser cette nouvelle formule d'Alien. Quelle a été ta premiére réaction quand on te fla praposée ? Excitation ? Appréhensian ? al Na ON Bela wLes deux : excitation d'un projet intéressant, lappréhension de re tourner vingt-cing ans en arriére avec ce que ca peut comporter de négatif. ll faut croire que l'excitation |'a em- porte... Ton matériel n'était pas trap "rouille"? Pas du tout. Mon Moog est en pleine forme, avec des éléments du clavier remis a neuf il y aa peine 18 mois. Pour le reste, jai constitué une sélec- tion de matériel “optimisée” pour Alien, mélangeant des composants anciens et modermes, des instru ments numénques d'aujourd'hui et des vieux coucous qui n'ont méme pas de prise Midi. Qu'as-tu ressenti en rejouant aux cates de Chistian Vander? Christian n'a pas change, il a toujours un jeu incroyable et une constance musicale sans faille. Cest un grand plaisir de jouer avec lui. Peux-tu nous dire quelques mots sur les musciens d'Alien Quintet et leur prestation (version décembre 2004)? A vrai dire j'appréhendais un peu dentrer dans un groupe constitué, puisque tous jouent avec Christian depuis des années. Mais jai été ac- cueilli agréablement, avec une sorte de complicité qui sest installée dés la premiére répeétition, sans doute pas vraiment étonnante quand on y réfle- chit... Ca joue terrible, Philippe Bus- sonnet, Emmanuel Borghi et James McGaw sont d'excellents musiciens, II est bien dommage que cet incendie ait empéché la série de concerts daller a son terme. Il y aura sans doute d'autres occasions. Comment ie répertoire construit? Essentiellement sur celui de |'Alien original des années 80. On a supprimé quelques piéces que per- sonne n'avait envie de jouer,et ajouté quelques autres. Le gros des morceaux est constitué par des themes de McCoy Tyner, au pris dans la discographie de Tony Williams, Alan Holdsworth, Jan Hammer, Parions diavenir : dans quelques mois tu dois rejouer avec Magma 4 foccasion de la série de concerts pro- grammeée au Triton, Est-ce une secande apparition « anecdotique » 7 As-tu d'autres projets musicaux ? Cest une simple invitation amicale, qui m’offre le challenge de réviser des marceaux oubliés depuis vingt-cing ans contre le plaisir de les rejouer quelques jours. J'ai effectivement le projet de reformer un quintet, fespére pouvoir lui donner corps dans le courant de cette année. Stest-il LEM AW SUNSET CaM lili a LL Jai eu la chance de découvrir fa mu- sique de Christian Vander en concert en 1981 avec MAGMA, et Benoit Widemann y officiait alors aux cla- viens. Impressionné par le bonhomme, j'ai regretté qu'il se soit mis en retrait de la musique pendant de nombreuses années, Aussi, l'annonce de la serie de con- certs au Sunset du mythique groupe Alien me rendit fébrile, surtout lorsque jen vis la composition. “C'est .. de bonne nouvelle | pu miempécher de Je décidais de m’y rendre le 28 décembre. C’était la premiere fois que je mettals les pieds au Sunset. Pour tout dire c'était la premiare fois que Jallais dans un club de jazz. En pénétrant dans la salle du saus-sol, je me fis bien la réflexion que le lieu était étroit. Javais bien remarqué aussi que je ne trauvais pas des yeux les issues de secours, mais comme je n'étais pas venu dans lidée d'un in- cendie, je concentrais ma vision sur les instruments dont le fabuleux mini Les cing musiciens se frayent un chemin jusqu’a la scene. Les premiéres notes de Samalayuca de Mc Coy Tyner retentissent. Ca y est, c'est parti, On sent que le groupe se cherche en- core, mais le plaisir de jouer est la tout comme celui, pour nous, de les écouter. Les themes se succédent :" Reliefs de Jannick Top, * Snake oil ” tiré de album “ Believe it" du Lifetime de Tony Williams, ° Throme of a white rose “ et " Red and orange * de Jan Hammer. Les deux claviers, Emmanuel Borghi et Benoit Widemann, dialoquent. Je femarque une extraordinaire com- plicité entre Benalt et James Mc Gaw. Le public séduit est attentif. On est bien. Une nappe de syntheétiseur annonce une mélodie trés mélancolique, c'est “ Skunckadelic’s " d'Emmanuel Borghi, un titre qui figure sur l'album "65!" du Christian Vander Trio. Le climat est intense. Le theme est en- chainé avec “ Dear Mac “ du reqretté Michel Graillier, theme qui fut le fleu- fon des concerts d'Alien dans les an- nées 1980. Aprés l'intervention de Philippe Bus- sonnet, aux deux tiers du titre, Benoit Widemann nous gratifie, dans la par- tie hypnotique du théme, d'une en- volée remarquable au mini Moag. Cest la fin du premier set. Nous som- mes dans un réve. Christian Vander nous présente les cing musiciens puis nous annonce qu’Alien reviendra dans quelques instants. Je me dirige vers le fond de la salle. Une odeur nauséabonde et suffo- cante de brale y régne, Soucain, c'est labscurité totale. Philippe Bussonnet, James Mic Gaw et Benoit Widemann demandent au bar- man de ne surtout pas remettre le courant (ce quil fait quand méme) et se précipitent vers les instruments. Berard et Himiko Paganotti sont au bar. Comme l'atmosphere est irrespi- rable, Himiko demande a son pére de sortir. Parallélement je me dirige vers la scéne pour dire 4 mes amis que compte tenu de lodeur terrible qui regne il vaut mieux sortir s'aérer un peu pendant l'entracte. Ace moment une personne nous de- mande d'évacuer immédiatement la salle. Heureusement beaucoup de monde était sorti, Une autre per- sonne ouvre la porte qui méne au sous-sol et oll les musiciens se re- posent et demande a Christian Vander de remonter tres vite. Vescalier qui méne au rez-de- chaussée est rempli de fumée, Nous sortons danslarue des Lombards etl hous constatons que le systéme de dimatisation qui est situé entre le pla- fond du Sunside et fappartement du ler étage de limmeuble est en feu, Les pompiers arrivent trés vite, La pa- lice a beaucoup de mal a nous faire reculer derriére le périmétre de sécu- fité tant nous peinons 4 réaliser la gravité du sinistre, Nous échangeons moult plaisanteries entre nous et avec les musiciens présents dant Ber- nard Paganotti. Iln’y aura pas de deuxiéme set, ni de concert final du 29 décembre, Les pompiers mettent prés de trois heu- res 4 maitriser le feu. Les dégats sont importants. Nous apprenons vers trois heures du matin que le Sunset, au sous-sol, n'est pas touché et que les instruments ont été épargnes. Outre la frustration de n’avoir pu suivwe le concert jusqu'a son terme, hous nous rendons compte que le coup est dur pour ce lieu mythique du jazz 4 Paris. Souhaitons quill puisse rouvmir tres vite, JMD Au cours de ces concerts ALIEN a joué les morceaux suivants (ordre et répertoire variable suivant les soirees): Coming back home {Jan Hammer) Dear Mac (Michel Graillier) Fred (Alan Holdsworth) Going far (Tony Williams) Opus (Mc Coy Tyner) On the mountain (Jan Hammer) Red and orange (Jan Hammer) Reliefs (Didier Lockwood - Janik Top - Christian Vander - Benoit Widemann) Samalayuca (Mc Coy Tyner) Skunkadelic’s (Emmanuel Borghi) Snake Oil (Tony Williams) Stratus (Billy Cobham) The Greating (Mc Coy Tyner) Throne of a white rose (Jan Hammer) Wildlife (Tony Williams) Anecdote ou Exploit ? L’Ascension du Mont Olympia Les 500 exemalaires d Ascension N°1 viennent de faire plus de 500 klométres en automobile, train et mélra pour arriver enfin ce 27 janvier 2005 a 17 heures devant le 26 bd des Capucines. Mon épaule gauche me remercie de déposer le préneux chargement devant la rédac’ chef et notre génial metteur en page qui m altendent avec impatience et des daigis gelés. Mais c'est comme lors d'une ascension, les dermiers métres qui nous. séparent du qraa - le stand de Seventh Records en | occurrence - seront les plus penibles. Premiere lentatvve aul quichet du celébre music-hall qui mous renvoie sur |"entrée des arlistes. Mon énaule gauche reprend du service pour une centaine de mélres oll nous nous retrouans devant la porte mythique franchie par toules les stars. Bien sir nous aussi nous entrons.... Evehne expique la raison dé notre intrusion avec une précision et une courtoisie dé bon aloi ala préposée contrileuse d'accés a deux ascenseurs dont lune des inscriptions nous fait réver : “ene * Bonjour , nous venons déposer des revues Ascension sur le stand de Seventh Records pour le concert de ce soir. Stella est au courant. Pourrions nous rencontrer un membre du groupe ?" Ala me de la perplewté de la jeune file de laccueil, Evelyne aura trés bien pu le dire en kobaien, a portée de notre mission lui aurait échappé de la meme maniére. Cependant a question en retour Ya nous estamaquer : * Vous éles dela prod ? * Ben non , nous on est du forum Magma, quoi... des fares, des rats, des durs... Les purs et durs sont priés de repasser plus tard. Requinguds |'un par une biére , |'auire par un chocolat chaud, nous repartons | 'assaut Cele [ois-ci c “esl un sympalhique cerbére alympien qui va tenter de nous comprendre. “ Bonjour nous venons déposer etc.. ". Pour simplifier je me permets d'ajauter que si nous pouvions parler @quelqu’un de chez Seventh ¢a ke ferail aussi Coup de fi interminable du garchen du temple et tentative d explication aun autre homme qui me fait penser au croque mort dans les Lucky Luke et qui semble tomber de La dernsére Lihns : * C'est qui Vander, c'est qual Magma ?° . Pour lui Stella m'évoque qu'une marque de biere | Surgt Haus Blasquiz, inconnu lui aussi du maitre es-zeuhl, qui devra expquer tout penaud qu'il chantera idl ce soir. 18h30:: La réponse a notre question existentiele vient de tomber , * présentez vous al “ouverture des partes “Ben voila , pouvait pas le dire de suite, l'autre, la? Le reste sera facile et plaisant. Nous enlevons quelques (D de Magma du présentoir Seventh pour poser nos jaurnauc gratuits, Ne ralez pas, ily ades priorités non ? Laune de couverture avec le beau portrat de Christian Vander, l'accroche * Ascension expression autour de fa musique de Magma ” et les mots magiques *Gratul, server vous! * feront le reste, Les premiers exemplaires trouwent leurs lecteurs. Le frutt de nos trois mois de travail est récompensé, Dans quelques minutes |Qlympia tremblera sous les premiers coups de cymbales de Eméhntét-Ré mais ceti est une autre histoire, une autre récompense. LE ASCENSION MAGMA A L’OLYMPIA Le retour des batisseurs de pyramides Jeudi 27 janvier 2005, 20h20... Il neige surle boulevard des Capucines, la nuit est déja tambés depuis un bon bout de temps sur Paris et pourtant, il régne ici comme un air de féte. Je con- temple une fois encore la facade de [Clympia qui affiche figrement *‘Magma” et, comme revenu de longues années. en arriére, je savoure avec plaisir mon ultime attente au sein d'un long cortége de personnes qui, tout comme mai, comme 2500 autres, sont venues célébrer avec fer- veur et fievre le rendez-vous qui’ils Nespéraient peut-étre plus. Magma a Olympia, Magma a lGlympia... Tout doucement, la température monte, la foule sé presse dans le hall, le service diordre fait son boulat, fouille, palpe avec une drdle dindifférence appliquée, comme si nous existions a peine, sans nous ac- corder l2 moindre regard. Magma a Olympia, ‘Olympia... Il est 2035, je n'ai encore apercu au- cun visage familier = ils sont pourtant nombreux 4 m'avoir demandé de les saluer, méme quelques secondes. Ar- rivé tardivement en ce pour de gréve surprise off les trains ant souvent brillé par leur absence et leur retard, apres une longue course poursuite contre le temps, je remets a plus tard les retrouvailles avec mes amis. Dans la fosse, la foule se presse, les regards se croisent, heureux, anxieux, en at- tente. Aprés un rapide appel au micro demandant aux spectateurs de bien vouloir s‘abstenir de fumer {une requéte souvent ignorée...), une jeune chanteuse, Ayo, fait son entrée sur scene, seule, une guitare ala main. Elle est heureuse de jouer quelques minutes devant tant de monde, nous Magma @ sommes un peu surpris de sa présence. Sa musique semble vivante et sincére, mais comment lapprécier waiment ? Comment nous extraire de lunivers mental que tous, nous mous sommes méthodiquement créé depuis des heures pour mieux com- munier avec la musique de Magma ? Cette bréve premiére partie tenminés, voici maintenant venir le moment tant attendu. Beaucoup d'entre nous connaissent déja le répertoire qui devrait étre joué, les informations ont circulé énonmément depuis plusieurs semaines et, avant méme l'anrivée des musiciens sur scene, mous entendons en nous résonner les premiéres notes, celles que nous devinons, celles que nous Nous rememorans. Magma va venir, Magma a |'Olympia, Magma 4 l'Olympia... “Eméhntéht-Re" | llssantla. De gauche a droite sur la grande scéne : Frédéric D'Oelsnitz, Antoine et Himko Paganotti, James Mac Gaw, Christian Vander, Philippe Bussonnet, Stella Vander, Isabelle Feuillebois. Derriére eux, dans un grand bain de lumiére rouge, domine la projection de la griffe, “Eméhntéht-Re" ! Llintroduction est empreinte de toute la majesté qu'on lui avait conmue dans les années 7 len 1977 notamment), elle n'est plus uniquement vocale comme 4 lépoque des Voix, Christian Vander lui imprime toute la puissance que cette suite mythique - souvent évoqueée, partiellement jauée - appelle et les thémes vont pouvoir senchainer : "Rind/éh", puis le second fragment, que le groupe avait enregistré en 1976 (cf. la réédition sur CD de "Od Widi"), puis "hai", dans une version trés lyrique ol le chant habité de Christian nous emporte... in God... dowiss... avant gue le Fender Rhodes ne scande deux ac- cords sur lesquels vient se poser la basse de Philippe Bussonnet, elle gronde, les chceurs appellent.., “Zombies" | Tout s‘enchaine et méme si l'on devine parfaitement que cette longue et belle suite nen est qu'au premier stade de sa (releréation, quelle est encore inachevée, au paint quelle ne fait qu'aviver encore plus notre impatience de |'ecouter mdrir au fil des mois, toute l'énergie est la, intacte, préservée. Jentends ma voisine de fosse qui, a lévidence, découvre la musique de Magma, dire a son ami: "C'est ger et puissant a la fois !". Peut-étre, instinc- tivement, a-t-elle tout compris, tout peru ? Carla force vitale de l'univers musical de Christian Vander est pro- bablement a chercher quelque part dans ce déchirement permanent, cet antagonisme entre amour et dé sespair, cette lutte sans merci entre courants opposés, Légéreté et puis- sance, air et terre... Apiés quelques mots de Stella qui nous dit le plaisir du groupe a investir anouveau cette scéne quill avaitaccu- pée voici maintenant 25 ans a to believe l'occasion des cancerts de rétrospec- tive, Cest maintenant "Soi soi" et son introduction au piana, puis "KMX" et le duel fra- tricide entre la basse de Philippe Bussonnet et la batterie de Christian Vander. On imagine alors une pause (OU une tréve, c'est selon...}, quelques mi- nutes de répit avant un second assaut, sous les ordres du capitaine d'un valsseau conqueérant. Non, pas de pause, ciest au contraire un “K.A* sur- vitaminé qui s'annonce, 50 minutes d'une féte musicale dense et habitée comme jamais : les voix s'envolent, le feu des cymbales nous brile les yeux et les oreilles. Il y a dans cette compo- sition que le groupe joue sans relache depuis trois ans maintenant une jubi- lation aux pouvoirs énergisants, une joie si communicative qu'on redoute de voir le temps cee og vite, ASCENSION page 7 Pourtant, malgré notre envie com- mune de suspendre ce temps, de ‘arréter en plein vol et de demeurer ainsi, comme en état de lévitation, les minutes s'@caulent et la fin approche. Lafin, ou presque... Les applaudissement, eux, durent longtemps, le public refuse la fin de la féte et c'est avec un neuviéme com- plice que Magma revient sur scéne : un Klaus Blasquiz souriant, vaire débonnaire, qui vient jouer |e role dun Monsieur Loyal et prendre le temps de nous présenter, un @ un, chacun des = musiciens avant d’entonner la chanson “originelle", invitation au premier voyage ‘Kobaia" ou dix minutes pour un re- tour aux sources en guise d’au revoir. Et méme si, ce soir-la, la prestation de Klaus ne fut peut-étre pas inoubliable, a bonheur ba pane, ces SOUrITes eurent vite fait d'inradier définitive- ment un public conquis. Applaudissements, applaudissements encore... a nen plus finir | Christian Vander, comme intimidé, revient au micro nous expliquer que... désolé... aprés 2330... il faut arréter, c'est ainsi, cest (Olympia, c'est Paris, Applaudissements... Et le groupe revient, malgré taut, taut doucement, musicien par musicien, Christian entame au chant la magni- fique “Ballade”, ainsi normmée parce qu'elle n’a jamais été présentée autre- ment. Les choeurs dépasent leur tapis de velours, la quitare de James Mac Gaw tise une toile délicate, les doigts de Christian — imagiment une fldte ou, plus prabablement, uin sax- ophone soprano... Coltrane sundfia... Les lumiéres se rallu- ment, c'est fini On nous invite trés vite a quitter la fosse. Dans le hall, chacun est 1a, un peu hagard, on re- trouve enfin les vis ages qu'on n’avait pas eu le temps de voir trois heures plus tét, on échange quelques mots, des silences, qui disent l'essentiel parce que tellement difficile a exprimer, Magma @ VOlympia, Magma 4 Olympia! Ce n’est qu'un au revoir. ASCENSION age & - INTERVIEW JAMES Mac GAW EMEHNTET-RE / KA Nous avons répete toutes les parties, y compris les nouvelles. Mais il faut bien voir qu'avec toutes les sollicita- tions (talés, .) nous ne l'avons pas fait autant que nous laurions souhaite Eméhntét-Ré est donc mont, mais hous ne pouvions pas le jouer comme ca devant deux mille person- hes. Techniquement nous aurions su le faire, mais faute de répétitions suf- fisantes, le morceau n’aurait pas “sonne ". Nous nous sommes donc arrétés a Zombies. |I reste les parties qui suivent Zombees et que nous avons dechiffrees d’apres des bandes de 1977 et enfin ce qui constitue le troisiéme mouvement c' Eméehntét- Ré. Cette partie est * en lair”, mais pas comme Kohntarkasz pouvait létre, mais plutét comme ¢a (démonstration sur la table du café de Olympia). (0: Emehntet-Re est le prochain enre- gistrement ?Combien de temps va-t-i! folloir attencire ? Porce qu iavec KA...) En fait, pour moi KA a été enregistré tés vite! Nous avans fait la ryth- mique et la guitare témoin en deux jours, L'année et demi qui a suivi usqu’a 5a sortie a été frustrante, y compris POUr mot, mais il faut bien se rendre compte que Christian a profite du studio pour soigner les arrange- ments: ily a jusqu’a 49 voix parmo- ments! Ce mode d'enregistrement donne un cote vivant a Palbum, que nous n'aurions pas obtenu s'il avait fallu enregistrer instrument par ins- tument. Le son estce quill est, mais nous en sammes contents. Gu alors il faut enregistrer a Ferber avec huit métres sous plaford ! PRATIQUE MUSICALE, PRATIQUE MARTIALE : MEME RECHERCHE, MEME VOIE Comme en Aikibudo (ou dans toute pratique martiale d'ailleurs), je re- cherche l'état de * non-vouloir" quand je pratique. Je cherche a étre dans la musique et non pasa jouer la musique. Christian a coltume de dire: “ si turefléchis, c'est trop tard ", Atteindre cet état, c'est répondre sans réfléchir aux sollicitations de lenvironnement. La technique est une condition nécessaire pour attein- dre ce“ non-vouloir ", mais elle n'est pas suffisante. Au cours de leyécution d'un morceau, linteraction entre les musiciens est primordiale, Nous devons tous étre dans cet état de * non-vouloir “. Siun seul n’atteint pas cet état, le jeu est correct mais ¢a ne sonne pas, Comme en Aikido, ilin’y a pas de competition, pas d'adversaire, mais un partenaire avec qui on pragresse. MAITRES ET GUIDES SPIRITUELS Sin entend par Maitre quelgu'un dont on suit les enseignements et qui pense pour toi, je n’en ai pas :je pense qu'on se perd en suivant quelqu'un de la sorte, Par contre, il est clair que quelqu'un comme Chiris- tian Vander Capporte énormément dans ta pratique et ta facon de vivre au senslarge. Il ative 4 te mettre en confiance et 4 te faire sentir meilleur que ce que tu crots étre, et ¢a, c'est trés important et enrichissant. MUSICIENS DU XXiéme SIECLE Jen écoute et fen aime énormeément. En particulier Ravel, Bartok, Debussy, Fauré, Stravinski... (Tout Strovinski Qui, y compris quand il reprenait des éléments de musiciens classiques pour les detoumer. En fait, j'aime les musiciens qui n'ont pas peur d'aller au bout de leur démarche, de déchirer les voiles voire de défancer les murs, comme Webem, par xem ple, Plus prés de nous, Messiaen est un géant (ah... ses modes a transposi- tions limitées !), Dutilleux également, tout comme Jean-Claude Eloy que je fréquente réguliérement. Nous fai- sons des séances d'écoute de ses oeuvres. Nous ne nous cantentons pas d'écouter dailleurs, mais il mexplique comment il a monte ses morceauy, an particulier ses grandes pieces électro-acoustiques. Jai une admiration sans bomes pour ce type de musiciens. Quand on pense aux moyens techniques dont ils digpo- salent a [époque : clseaux, calle, bande magnétique et parfols deux étages 4 moniter ou descendre en courant pour mettre en route deux consoles quatre pistes au bon ma- ment ! Jean-Claude Eloy est un grand, mais il ne sera reconnu qu'aprés sa mort, Ila fréquenté un temps Boulez avant de se brouiller avec lui,ce qui n'a pas facilité la diffusion de sa mu- sique. fet Boulez done 7] Grand com- positeur, grand pédagoqgue, grand chef, mais je trouve que tout est trap sous controle avec lui. PROJETS PERSONNELS Jai un projet (a mon modeste niveau) avec un gars qui travaille 4 lIRCAM et le programme Max, qui consiste a associer musique et couleurs. interview réalisée palEC-JJ L-LE Aprés un magnifique concert a Olympia, James Mac Gaw a accepté de se préter au jeu de interview. On n'insistera jamais assez sur la gentillesse et la disponibilité de ce musicien, qui aprés avoir tout donné au cours d'une prestation appelée a faire date, a fait plus que répondre a trois (timides) fans. C'est en effet une véritable discussion 4 batons rompus et non un jeu de ques- tions-répanses que nous avons tenté de retranscrire ici (grandement aidés par une défaillance technique), discussion au cours de laquelle James Mac Gaw nous a fait partager sa démarche, ses centres d'intérét et ses passions. (CRANS-MONTANA (Avant) [35 ans aprés, MAGMA va a nouveau jouer en premiére partie de Deep Purple : qu'en penses-tu ®] Christian n'a raconté ce qui s était passé en 1970 quand Transition as- surait la premiére partie de Deep Pur- ple. Ca n’a pas duré longtemps! Ceci dit, Deep Purple, c'est quand méme une lagende du rock ! Je ne sais plas §/ NOUS Monterons Un reper toire adapté, ni combien de temps nous jOUPTONS. (Complément d'interview réalisé par email CRANS-MONTANA (Apres) La rencontre avec Deep Purple a été tres sympathique, Ce sant des gens tres chaleureux et simples, extréme- ment pros. On en a profité pour leur dire notre admiration, et remercier Roger Glover pour "Love is all’ quia berce natre enfance. Steve Morse m'a meme gentiment donné quelques secrets de fabrication trés intéres- sants, aprés m'avair dit qu'il tait vrai- ment retourné par ce quill avait entendu au paint d'avoirle tac de monter sur scéine aprés nous! Un bon moment! PIANO! VOIX, RYTHMIQUE, MAGMA COMPLET [Ta vision de ce concept ? Comment ie public fo-t-ilressentl aton avis 2] Pour répondre 4 tes questions les reactions a la formule des 3 concerts ont été plutét enthousiastes. Person- nellement, je pense que cela merite d/étre travaillé, Cest l'occasion pour chacun d'explorer encore un peu pilus le répertoire, Les résultats. sur le groupe sort positifs ASCENSION Je m’étais habitué a rencantrer désor- mais des visages familiers aux con- certsde MAGMA, mais ce ne fut pas le cas en mars, 4 Crans Montana. Ceci sexplique en partie par la distance, mais aussi par la singularité de faffiche qui plagait MAGMA en premiére partie de DEEP PURPLE. A cet énoncé, imagination s'emballe, fombre des “événements’ de la tournée TRANSITICN/DEEP PURPLE de 70, tels que namés par Didier ‘Embrauille {le wai), ressurgit... James Mec Gaw va til jouer d'une main en buvant du Cates-du-Rhane au goulot de l'autre, le groupe va til jeter des petits pois [nan écossés) sur la fouls, quelle est la couleur des chaussettes jaunes du bassiste? Mais si c'est bien cet assemblage étéroclite qui m'a motive a me dé- placer, il semble avoir eu effet in- verse sur les suspects habituels, redoutant probablement une mau- vaise soirée, Et pourtant.., Arrive tot sur place, j'ai pu entrer dans la salle (un chapiteau, en fait) pendant le soundcheck des musiciens de MAGMA et demander a Emmanuel Borghi combien de temps et quels morceaus ils allaient jauer. Il m’a can- firmé que, de maniére prévisible, le groupe ne jouerait qu'une heure, pour interpréter "Hhai* et "KA". Dé- mais bon, jé m'y attendais.., Plus tard, revenu dans la file d'attente (ou jai sympathisé avec un Italien, venu de Milan pour voir MAGMA sur scene pour la premiére fois et qui dé- plore [absence du groupe en Italie. I] aurait aimé entendre "MDK" ce sair...), je vols passer pres de moi les mu- siciens et échange quelques mots avec Philippe Bussonet. Lui, en tout cas, ne se plaint pas du temps imparti, il est content de jouer méme une heure seulement. De plus, il est con- ent aussi d'assister au concert de DEEP PURPLE, dont les membres sont venus les saluer dans les loges. A dé- faut de convergence musicale, la guerre des groupes n’aura pas lieu ce soir. Tant pis pour les revanchards purs et durs, tant mieux pour tous les autres, Le chapiteau est rempli, il y a davan- lage de gens venus pour le hard-rock que pour la zeuhl, et la seule question encore en suspens est l'accueil quills vont faire a MAGMA, La réponse vient trés vite, Des la prise de possessian de la scéne et les premiéres mesures de “Hhai’, il est clair pour tout le monde quill ne s'agit pas la d'amateurs et le groupe va non seulement satisfaire jencore une fois) ceux venus pour lui, mais aussi convaincre une bonne Par- tie du reste de l'audience (aprés leur passage, fai attrapé au vol une re- marque dugenre ‘Tiens, pour une fois cétalt bien la premiére partie’, bien agréable a entendre). Cest wai aussi que "Hhai" est une piece relativement courte seulement” un quart d’heure) et que le jeu entre la quitare et les claviers doit peut-étre rappeler a certains, in- consciemment, le jeu de DP large- ment basé sur cette dualité. Mais vient alors "KA" piéce épique, et meéme-ta, ¢a marche. Tout le monde nadhére pas, bien sir, mais rien ne went géner interprétation du groupe, y compris dans les moments plus calmes du morceau, J'ai assiste a des concerts de MAGMA en téte daffiche ol le public sé mentrait bien moins respectueux que-ce soir. Mais "K.A" se termine, le passage de MAGMA aussi et, malgre l'ovation, les lumiéres se rallument pour le change: ment de scéne, coupant court aux de- mandes de rappel. Detail amusant, au milieu des techniciens qui s‘affairent sur scéne, il y en a un gui passe Faspirateur! Mais il y a au sol des échardes des baguettes de Christian, sacrifiées, et lan Gillan évolue sur scene pieds nus. Pas la peine de provoquer un incident diplamatique quand tout se passe si bien. Entree en scene de DEEP PURPLE, dont le public se manifeste bruyam- ment en se rapprochant massivement de la scene. lan Gillan a maiqti, il a aussi un peu plus dallure ce soir que lors de certains concerts de la toumée précédente. Le groupe joue un set d'une heure et demi, rappel compris, alternant les morceaux du demier al- bum "Bananas" avec les incantourna- bles. Le son est fort mais bon, 9 ce nest que 1a of je suls, la basse est un peu trop au-dessus du reste. Décu lors du precédent concert, aCal- mar en 2003 of ils avaient donné un show un peu trap “service service” a mon golit, routinier et dépaurvu diimagination, je me rattrape ce soir avec un groupe en grande forme, tres a l'aise et qui rntroduit les improvi- sations avant et pendant les morceaux, Méme si je regrette les concerts des années 90, qui duraient deux heures et ou les plages dimprovisation, justement, étaient plus nombreuses_ Mais la nostalgie est une emmerdeuse, DEEP PURPLE tout comme MAGMA sont des ception, donc, de ne roupes qui on etd MAGMA A CRANS-MONTANA (3.13/05) cer deh nels nombreux, qui ont & chaque fois entrainé des modifications au plan musical, et dont les formes actuelles respectives sont parfaitement valides. ll serait done dommage de tout ra- mener a hier et de minimiser ce qui nous est donné a entendre ce soir. La soirée se termine, ce n'est pas le concert de MAGMA le plus mémora- ble auquel j'ai assiste (il y a déja deux prétendants au titre), mais c'est un evenement insolite auquel je suis can- tent d'avoir assisté. Je croise a nou veau Bubu dans la salle, toujours aussi ouvert 4 la discussion, il a lui aussi passe un bon moment avec DEEP PURPLE. Décidément, ce match retour de 70 s'avere bien interessant. Le bilan de la soirée? Ceux qui vou- laiant du hard-rock ont été servis. Ceux qui étaient venus pour MAGMA ont été frustrés par la briéveté de leur temps de passage, mais le groupe a joué sans étre géné devant 3000 per- sonnes, Ceux qui étaient venus l'esprit ouvert sant repartis comblés (DP a- yant probablement AUSSI convaincu quelques réticents), les grincheux... auront toujours quelque chose a ra- jouter de toute facon. Le positif lemparte donc hautlamain. YR “Pour la premiare fois, jai déciclé denregistrer un album qui n’est pas avant tout le résultat d'un travail de groupe ; je me suis attaché a mettre en évidence des influences et des travaux que j'avais laissés en retrait jusquea. Tout est une question de temps, ... de rythme.” - Simon Gau- bert Avec la parution de “et aprés”, son sixiEme opus en tant que leader, Simon Goubert continue a creuser le sillon d'une histoire musicale ex- trémement attachante ol le jazz mele ses accents a ceux d'univers plus ex- ploratoires, pour un disque cont les dlimats variés traduisent la sensibilité d'un musicien qui, plus que jamais, accepte de se livrer 4 nous en toute sincérite et nous rappelle que le bat- eur aujourd hui largerent reconnu est aussi Lin pianiste et un arrangeur de premier plan. De nouvelles couleurs sonores, no- tamment celle de fa guitare élec- rique (Frédéric Sylvestre dans un hommage é Babik Reinhardt et Eric Daniel pour un lumineux "Marvin et Diana”), un travail original et incanta- toire sur les harmonies vocales (‘Organum II"), une valse nostalgique a deux claviers, Fender Rhodes et piano ("et aprés"), l'invitation a un voyage en une cantrée dont les pay- sages, dessinés par un piano hypno- ique, évoquent Offering ("Et le temps a passé") et plus généralement une écriture maitrisée font de “et apres” un disque 4 découvrir sans attendre. Le sammet de ce nouveau disque est peut-étre “Question de temps", angue et riche composition de vingt Minutes ol Simon le batteur reprend ‘initiative, entouré de ses complices. Pour en savoir plus: Aprés une premiére moitié aux into- nations jazz dans la continuité de ses précédentes productions, le piano de Sophia Domancich égréne quelques accords qui évoquent trés fartement "Dodo l'enfant do" et le climat de "A tous les enfants" (Christian Vander), ici renforcé par la voix de Stella Vander. Un théme poignant, puis un final lyrique en deux temps, d'abord souligné par le saxophone ténor de Boris Blanchet, puis un theme toumoyant introduit par le saxo- phone soprano de Jean-Michel Cou- chet, dont l'atmospheére nous renvole a nouveau directement a Offering. Ultime étape, "et aprés" se canclut dans lintimité du piano de Simon, qui rend un hommage émouvant a John Coltrane, avec une reprise magnifique et épurée de “Dear Lord’, Il nous reste alors un seul mot a dire: MERC! ! Simon GOUBERT — “et apres" - Ex-Tensian Records - EX04 - Avil 2005 I- Le sounte de Bablk (7°22); 2- Orga- nur Il (déaié a Charles Ravier) (5°G4) ; 3- Et apres (8'20) ;4- Et le temps a passé (920) ; 5- Marvin et Diana (7°28) ; 6- Question de temps (19'52) ; #- Dear Lord (3°34) Musiciens: Bons Blanchet saxophone ténar) ; Jean-Michel Couchet (saxophone soprano) ; Eric Daniel (guitare) ; Sophia Domancich (pranay ; Frédéric Sylvestre (guitare) » Simon Goubert (batterie, claviers, Fender Rhodes, piano, voix) ; Stella Wander (chant) Jean-Philippe Viret (contrebasse) ; Miche! Zenina (contrebasse) DD “httpy/www.siman-goubert.net - « http./Avwaw.ex-tensionrecords.cam “httpywww.seventhrecords.com ASCENSION page 10 4 occasion |a parution de "et apres", Simon a bien voulu répondre a quelques une de nos questions et revient entre autres sur sa période de collaboration avec Christian Vander. Avec ce nouveau disque, tu sembles prendre une nouvelle airection, ou fécriture est primordiale et les elimats sont woriés, Est-ce vraiment une mou- velle direction, une bifurcatian ou le début d'un chemin paralléle & celui de ton itinénaire de musicien de jazz"? Je ne peux pas dire ce que c'est, mais je peux dire ce que ce n'est pas. A savoir une nouvelle direction, car jai toujours pratique ces méthodes de composition, mais jamais je ne les avais appliquées sur mes enregistre- ments. Sur "L'Encierro” ou “Le phare des Pierres Noires", il y a beaucoup de travail de re-recording, mais fait de telle maniére qu'on ne s'en apercoive pas, Quantau différents climats, il est vrai quill y @ un certain... lyrisme qui est tres ancré en moi et que je n’avais jamais osé laisse paraitre a ce point. Pour résumer, ce n'est aucune de tes trois propositions. Sur plusieurs compositions, on ressent finfluence du travail que tu as effectué aux cates de Christian Vander, Au-dela de [Hommage comment regardes-tu aujourd'hui cette période de ta vie de musicien (Magma, Offering, Les Voix de Magma, Welcome) ? Tout d'abord, il y a deux périodes (1982-87 et 1992-96). Pendant la premiere, la vie Quotidienne se con- fondait avec la vie d'Offering, Je dé- couvrais 4 la fois le travail de studio, les tournées, les concerts en sales, un public autre que celui des clubs de Jazz, le travail d’arrangement, ete. Bref, tout ce. qu'un jeune musicien dé- couvre avec émerveillement. Jétais plus mur et plus consistant dans la deuxiéme période. Le travail en pro- Dares reperes : + 060: maissance @ Rennes. *1964:c0 hetude du pane. + (O70 découvre Io battene a foccasion d'un concent de Merny Clarke, *Ammdes 70: études des percussions au Con- seyvatoie oe Rennes, puis de Versciffes, fréquenterc ensuite énormeément les clubs de Laz et cotolend alors de nombrewy grands mu: ereres, +987 forme son premier ensemble avec Domi: nique Lemerte et Eric Barret, [S82 creation du groupe Spiral avec Aniga Lorenzi et Jean- Labia, ‘participation aux clwers a Magma et Offering. +1987: fande un sextet qui deviendra quinteten 1999. Use produit auss! é partir de cette dpaque enrinia avec hifi ier et Alby Cullaz. 2) Grail +198) cenregistre son premier afburn, "Haiti" dont invite de marque est Steve Grossman. +1992 :relaint Christian Vander av sein des Voie de Magma, = 7904 - 1997 ; dirige fe sentet Welcome avec Christian Vander. + 1996; recoil & pnx Dianga Reinhardt de Académie du Jazz ; participe gu retour sur Interview réalisée par DD fondeur de la musique me préaccu- pait davantage, ou différemment. Chaque concert était devenu partie intégrante de ma vie de tous les jours. Quant 4 Welcome, ca a été un beau moment de musique. Parallélement, la musique de Christian Vander a tow- jours été une des musiques impar- tantes pour mai, Dans “et apres’, le pianiste Siman Gau- bert est au mains aussi présent que le batteur, Le piano reste donc pour to¥ un instrument essentiel ? Qui. J'ai essayé d'appracher d'autres instruments, mais le piano et la bat- terie sont les seuls avec lesquelsje me sens "chez mai’. Peux-Tu nous dire comment tu com- poses ? Au piano justement ? Oui, ou alors c'est le son d'un synthéti- seur au d'un Fender Rhodes qui minspire, ce qui est le cas dans plu- sieurs thémes de “et aprés”, Cet enregistrement est présenté dabord comme un travail de studio. Aura-til un prolongement sur scéne ? Plusieurs thémes de * et aprés ° sont joués parle quartet que je dirige, dans lequel se trouvent Boris Blanchet, Sophia Damancich et Michel Zenino. Pour les autres, je pense quia part “Organum (I, j2 trouveral comment les jouer en formation plus réduite. Les 31 mai et ler juin, nous serons tous au Sunside, 4 Paris, sauf Stella Vander qui sera en tournée. Queiques mots sur tes projets ? Etre sur scéne. Et si tu) powvars, pour finir, écrire quelques lignes de commentaires sur les nouvelles compositions ? Achacun d'imaginer les siens. stone dé Magma ©1999 - 2002 joue dons le Trio BPG avec Glenn Ferris et Emmanuel Bex, alna quiaved ler trie et quintet Pentacle* de Sophia Domancich. “2000: forme sev quartet avec Fors Blan- et Zeming. cographie de 5 man Goubert est aujourd'hui assez abondante, nous ne wos proposons idl que les disques quil cenregiites an tant gue leaderau co-leader Leader +L Encierra® - (1.994) «Le phare des Pierres Nev * Desommais” - (2007! ConLemder * Steve Grossman / Alby Cullaz ‘Simon Goubert: "Reflections" = (1991) Simon Goubert, Christan Vander - WELCOME "Bienvenue" = (7995) Alby Cullaz,’ Simon Goubert: y goed might" = ( Simon Goubert: "Linkage" - (2000) *Emmanvel Bex Glenn Ferris! Simon Goubert = GFG: “Here and mow" - (2001) Alby "Gweet smile"- (Japan J (1997) * Couleurs de peaun” - (7993) ines” = (1998) “et apres*- (2005) / Senan Goubert : ASCENSION page II MUSIQU: CONTEMPORAIN. Jean-Claude Voici un musicien exceptionnel par Son parcours, 625 idées, et surtout son oeuvre. II n'a danc évidemment pas la place qu'il mérite, Comme dit James Mc Gaw ailleurs dans ce joumal: * Jean-Claude Eloy est un grand, mais il ne sera reconnu [ndlr : peut-étre...] qu'aprés sa mort”. Au départ, il a tout pour devenir un musicien du“ sérail sériel " et un pilier de ‘establishment boulézien qui a la fin des années cinquante se sulbstitue progressivement au précédent. Né en 1938, fl suit des études musi- cales traditionnelles. ler prix de piano, de Musique de Chambre, de Contrepoint et d’ondes Martenot, il s‘orente vers la composition. Il assiste aux cours de Darius Milhaud, décou- wre les musiques de Boulez et Stock- hausen, réalise qu'il a besoin des clets nécessaires d leur compréhension et sinscrit aux cours de composition du premier. Une affinité intellectuelle en découle et son statut passe d'éléve a homme de confiance : il se voit ailleurs déléquer un tempsla super- vision des notes de présentation des ceuvres présentées lors des concerts du Domaine Musical. Lors d'un de ces concerts en 1962, est presentée Etude Ill, qui sous ce titre engageant, livre déja les clefs de lceuvre a venir, Piéce de facture * pastwebernienne *, elle montre néanmoins que aspect méditatif de la musique orientale fait également vibrer une corde sensible chez ce mu- sicien d’a peine 24 ans, La critique s‘attache d’ailleurs plus ace morceau qu'a celui du grand Stravinski qui fait partie du méme programme. Un an plus tard, Equivalences, dans laquelle l'influence du Japon est en- core plus présente au travers de pas- sages statiques, est un nouveau succes. Le morceau doit étre bissé lors de sa premiere presentation le 30 ac- tobre 1963. Mais le grand écart s‘accentue entre cesdeuxmandes que" tout ° oppose, le sérialiste intégral et la musique orientale. J.CEloy cherche en effet a développer une musique plus con- templative et moins “ chargéede notes®.En 1964, Polychranizs, malgré un Nouveau succes critique et public le laisse insatisfait et se voit retirée du catalogue. Cette périade de doute correspond a un départ tonitruant pour la Californie et la tenue d'une chaire d'analyse et de composition @ Berkeley, Il fait feu sur le ministére, la radio, le conservataire, les anciennes et nouvelles feodalités musicales, dans un entretien au Nouvel Observa- teur et déclare :“ Je pars sans reqret pour la Californie - j'y attendrai des jours meilleurs”. En fait, J.C Eloy garde un souvenir mi- tigé de ce passage califomien (° on m'a tout promis sans rien me don- ner“) mais son intérét pour la mu sique électro-acoustique et les musiquesd'extréme-orient perdure et lui fournit des pistes de réflexion sup- plémentaires en particulier sur les no- tions de perception et de durée. approche =de la composition change : avec la musique électro- acoustique et le travail de studio, le compositeur devient improvisateur, construit son ceuyre en piachant dans un matériau musical qui s‘engendre au fur et 4 mesure qu'il se dévaile, Uceuvre se découvre et se batit en ménme temps. Apartir de" Kama-Kala, le triangle cles énergies ", les créations de J.C Eloy sont la plupart du temps des événe- ments qui transcendent la notion de concert. En 1974, sa premiére ceuvre électro- acoustique “ Shanti *, d'une durée de 135' est présentée au festival de Ro- yan. Les sans les plus concrets engen- drent le matériau le plus abstrait et le mains identifiable. Exploités au maxi- mum, ils révélent progressivement de véritables univers. * Shanti, [...] cest auissi hypothése d'un son jamais en- tendu. S'identifier au son, se perdre en lui. Intégrer dans ce son toutes les forces implosives de la conscience, en ne faisant qu'un avec sa pulsation multiple, intérieure et sereine.." 11 janvier 1979, salle Wagram : Gaku no Michi (les voles de la musique}, cLOY avec sons électroniques et concrets dure quatre heures. Les quatre parties melent bruits de la ville, discours, chants religieux, sons naturels, sons @lectroniques en un gigantesque va- et-vient la aussi entre abstrait et con- cret, artificiel et naturel, éléments re- connaissables et transformes, avec des raccourcis saisissants et chargés de sens (‘les discours politiques vio- lents deviennent insectes dans la na- ture"). Aout 1981, festival d'Avignon :* Yo In * (réverbération en japonais) pour bande magnétique et percussions. Du jamais entendu, du jamais vu :cloches rituelles, percussions métalliques de toutes sortes, mais aussi lime, mar- teau, scie circulaire, meules utilisées par un “ percussionniste - personnage ~ maitre de rituel ", entrant en réso- nance avec la partie enregistrée, pour quatre heures de spectacle et de mu- sique, les sons se diluant au final dans une gigantesque coulée sonore qui absorbe pew a peu tout le reste. 30 septembre 1983 : Tokyo, théatre National du Japon : representation de * Alaporoche du feu méditant”, piece pour quatre moineschanteurs, choeurs de moines et instruments du Gagaku [musique de cour japonaise}. Cette fois le balancier penche mette- ment en faveur de la musique orien tale. Préevoyant les — inévitables réactions, Jean-Claude Eloy avait écrit sur le sujet un an plus tot. * On trouve tout naturel que des Chinois, des Japonais ou des Coréens apprennent a jouer diinstruments occidentaux, rempartent des competitions intema- tionales, constituent des orchestres symphoniques, deéveloppent des écoles de compositeurs dont cer- taines usent des techniques résalu- ment modernes de |'Occident. Mais quiun occidental désire jouer du "Sha", compose pour l'orchestre du “Gagaku" ou s'intéresse a tel aspect des musiques tracitiannetles chi- noises OU Coréennes - et voila ce mu- sicien aussitat qualifié d"exotique™. Pourquoi tel pianiste ou chef diorchestre japonais ne serait-il pas “exotique’ a son tour ? Ce mouve- ment a désormais pris une ampleur qui préfigure la musique du XXle sie- de, laquelle sera, inévitablement, le produit [..] de cette rencontre uni- verselle des cultures musicales, Pour- quoi refuser le plaisir, au nom de jene sais quelle “défense de |'Occident" puritaine et raciste ? Peut-on parler, aujourd'hui encore, d"exotisme” ? A une époque ou les cosmonautes font plus de cent fois le tour du globe en une semaine, n'est-il pas temps d'en finir avec “lexotisme", cette notion d'un autre age 7". A noter qu’a cette occasion, une notation musicale est inventée pour les moines qui chan- tent de la musique écrite pour la premiere fois. Encere un grand moment quelques années plus tard avec Sapho |m- plarante pour deux voix de femmes et électronique : les voix explorent tous les registres, chant, cr, percus- sion, vibration, s'‘infiltrent dans les sons, a moins que ce ne soit le con- traire. Innovation et inspiration sant fidéles au paste. Depuis le début des années quatre- vingt-dix, on assiste 4 un retour vers une musique plus * occidentale * mais nullement assagie : le terreau est tau- jours fertile et de belles et grandes SUNprises encore a esperer. Si ces quelques lignes vous ont donné envie d'écouter Jean-Claude Eloy, il est néanmoins inutile de vous précipiter chez votre — disquaire préféré : aucun des nombreux enre- gistrements gravés sur vinyle n'a été réadité en CD! Allez plutat dans les discathéques qui né sé sont pas débarrassées de leurs 33 tours, ou épluchez les programmes de France- Musique, qui diffuse parfois les oeu- wes citées, ou du moins des extraits. La musique de Jean-Claude Elay n’est pas jugée digne d'étre distribuée décemment. |l faut done faire effort de la trouver : le chemin est difficile, mais la recompense est grande. JJL lon ? Yous avez 2 qui suit vous deka une revue laccotitumée d formations ne foule de ils (cen nase de morceaucdah cia musicie east Lo ous te aan stand M Jeuhh abe sate tarder dé ouvrir ce journe la ENTINELLE - 62bis - Boulevard de fa Barniére - 13070 MARSEILLE @ sur le gateau : depuis le is de Janvi RETROVISION 35 ANS D’EMOTIONS, ET RETROVISION 1976-1977: MAGMA AU THEATRE DE LA RENAISSANCE ET A L'HIPPODROME DE PANTIN Je vais vous parler d'un terpps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre, Magma en ces terpps-la... Oui ¢a pourrait étre les paroles d'une chanson, mais ce n'est pas le cas, Avec le termps, les souvenirs des concerts passes. ont tendance a Sestomper, a se mélanger un peu. Il arrive méme parfois que la patine du terpps les enpbellissent, ces souvenirs et les fasse paraitre encore plus merveil- leux... pourtant malgré le temps passé, deux dentre eux sont toujours bien presents sur Pecan noir de mes nuits blandhes, toujours vivants deux fragrpents d'éeternite, deux paroxysrpes, deux moments de fusion, de jouissance totale. Deux salles, le Theatre de la Renaissance, [Hippodrome de Pant. Deux années, 1976, 1977. Deux concerts, deux couleurs, le noir, le blanc, ormbre et la lumiére. deux ambiances. (ne Messe paienne enppreinte de solennité, mystique. Uh public assis, recuellli, attentif, prét pour le grand requiem des anges dechus, le kaddish des ames perdues. De l'autre, un moment de folie furieuse, de jouissance débridée, une foule debout, qiant, burlant son amour, son plaisir, sa joie, partageant la folie du groupe en une communion physique et spirituelle. Théatre de la Renaissance, beaute et fureur. Jan- nick Top, drapé d'une longue robe noire, capuche rabattue sur les épaules, le visage dissirpulé sous un masque de gardien de hockey sur glace, statue antique, immobile et possédee, nous entranant sur les volutes musicales hypnotiques et barbares de La Musiques Des Spheres, dans une flarmboyance ténébreuse de vibrations répétitives, Bruit / Fureur Christian Vander, Maitre d'Oeuvee, chef d'orchestre possédé aux magiques baguettes, éclaboussant ses cymbales de gerbes d'étoiles noires de la galaxie Kobaia, regard sondant l'infini. Au milieu de la scéne, réincamation du prétre noaudit Raspoutine, vodférant et gesticulant, marionnette démoniaque sans fils, diable magni- da F 60 He 705094 ee MAGMA AFRE DE Ea Mardi? Vovembre 137 a 20h Sih fique faisant tinter ses clochettes d'argent, Kaus, La couleur, le Noir, un monde de lumineuses ténébres... Eblouissante de noiceur. Magra, mar- Hal, sombre et mouvant, puissant et tenébreax, broyant tout sur son passage. Creature de la nuit . Theatre de la Renaissance du chaos et de la fureur. Hyppodrome de Pantin, Magma de lunjere et de brillance, chevaliers éblouissants en quéte du Graal sacré, alliant folie, magie blanche, force et le 14 mai 1977 a. a, »* 4 = a oa # Nouvel Hippodrome de Paris orte de Pantin) nouveau disque sorti sur TAPIOCA 10001 SO fF Ne 001014 Bruit / Fureur. Etres de soleil de vie vive 4 Pantin, Kobaiens de la nuit a la Renaissance Guy Delacroix, Troll blanc dansant sans cesse sur les vagues sonores de la Zeubl, lutin joyeux sautil- lant dans la darté, tirant de ses cordes des chants dallegesse. Qhristian de Lumiére ou d'Orpbre, est toujours le Maitre de Musique et de Céremonie, habite de TEtre Supréme, inradiant de vie communicative, foudroyant peaux et cymbales tel un diew de folie. Goupe lumineux de la période blanche, blanche comme la lurpiére d'un jour kebaien, comme la vie qui s'écoule de la musique - séve nourriciere- Groupe de la Mythologie de ‘Ombre, Kobaiens de la nuit. puissance monolithe et ténébreuse. Deé- mons de la nuit. Deux pétiodes, 1976, 1977, deux groupes, deux rousiques paralldes, un seul et méme ai, une seule destination, Kobaia, un groupe, Magra. Le film de ma merpoire vive defile aux rythmes de De Futura et de Mékanik Destruktiw Korpmandab. Messe ou Liesse, peu importe. Des musiciens au service d'une OEUVRE qui s’inscrit en lettres de feu au Panthéon de la Musique, écrivant [histoire, notre histoire, parcelles d'existence, moments d'étemite a jamais graves sur disque de notre Ame ~ Mémoire passée et inrportelle... A vie, a mort et aprés... Jcw LE MEILLEUR EST A VENIR RETROVISION 1984: OFFERING AU FESTIVAL DES MUSIQUES DE Aucun regret d'un mythique age d'or soi-disant révolu dans ces écrits, ces témoignages photographiques et ces dessins, uniquement la preuve que la musique de Christian Vander et les sentiments qu'elle inspire traversent les décennies. RETROVISION 1981: MAGMA A BOBINO —™ a a ee ' ey Photos GM TRAVERSES DE REIMS (2/6/84) Les lignes qui suivent ont été écrites en juin 1984. J’étais agé de 20 ans. Les propos étaient virulents. ll faut dire que je gardais une mauvaise impression quant a l'accueil réservé a ce concert. Aujourd’hui, je pense que je serais plus modéré. Ces lignes étaient destinées 4 un fanzine qui ne les a jamais publiées. Les voici “brutes de fonte ”. Derniére chose, en premiére partie de ce concert, il y avait John Greaves (Ex - Henry Cow, ex - National Health) qui était accompa- gné de Mireille Bauer (ex - Gong), Denis Van Ecke (ex - Aqsak Maboul) et le regretté Francois Ovide (ex — Weidorje). JMD Aprés avoir subi le choc d'un concert parisien Offering, il fallait, a n'iporte quel prix, que jassiste a celui qui était preva au Festival des Musiques de Traverses a Reims. Mais, l'atrposphére, en penétrant dans le hall de la maison des arts André Malraux, était loin d'étre a la hauteur de la sérenité qui s‘était installé en mon esprit. La porte franchie, c'est l'agression malsaine de piles de télévisions diffusant a saturation des vidéo dips pour le moins agressifs tant pour les yeux que pour les oreilles. Cela n'annoncait rien qui vaille comme il s'est averé par la suite. Minuit. Christian Vander investit la scéne, nous démpontrant avec brio et une fois de plus qu’ll est et sera toujours un créateur de poids face 4 une bande de braillards, faiseurs de soupe qui dis- tribuent de la merde a une France naive et peu endine a la découverte. Entouré de musiciens de talent pour une musique gui ne lest pas moins, Vander se demene comme un beau diable devant un public totalenent amor- phe et hors du contexte, Pourtant rien ne manquait 4 une solide ambiance vu que l'ceuvre est de plus en plus belle et epuree. On a eu droit au déferlement d'énergie et de folie dhaotique qui sont 'apanage de la Zeuhl Wortz, et aussi a Coltrane (dont le public magmaien ne dedaigne pas ertendre la musique quoi qu'en disent certaines revues soi-disant spécialisées), au ai fulgurant de Christian Vander sur Or, aii vena de linfini des abimes cosrpiques et accouché de la douleur et de la beaute, cri enfin qui nous Fait éprouver de la honte envers notre misérable condition hurpaine. Ce furent trois heures de mage et Témerveillerpent pour ceux qui avaient mis toute leur are a assister pleinerent (A Love Supreme), mais ce furent aussi trois heures d'enfer pour Vander face aux merdeux et aux intellos qui cormposaient la rmajorité de la foule. Trois heures qui commencérent tapies dans lorpbre pour se derouler selon une spirale frené- tique et illurpinée pour enfin s'apaiser avec ce petit moment grandiose qu’est le tout sirgple Ehn Deiss, extrait acoustique de la longue piéce Zéss. comme lidentité méme d'Offering et noo plus comme de simples accompagnateurs. Jugez plutot. Simon Goubert au piano, dispensa- teur d'une énergie éblouissante qui vient renforcer calle de Christian Vander et dont le jeu est des plus fous, surtout quand il joue Coltrane. Etait présente aussi Stella Vander qui prend moain- tenant part entiére a [interpretation et dont les interventions ne sont pas des moins belles. Enfin, Guy Kbalifa au piano et a la fldte, beaucoup plus posé que son bouillant confrére cité plus haut, et deux percussionnistes, des frappeurs de choc, en la personne de Francois Laizeau et celle de Steve Shehan. Quant a Ohristian Vander, sa reputation d'excellent mousicien (dans tous les sens du tempe) n'est plus 4 faire, et dépasse largement les frontieres de l'Hexagone. Certaine revue de jazz qui en est encore a essayer dingurgiter Coltrane avait parle dune “ atmos- phére de bouffonnetie grotesque ” ; je ne I'ai pas ressentie, sinon dans le hall. Beaucoup ne conprendront jarpais qu’ils assistent @ un évéenement (merde 4 ceux qui parleront de fanatisme, qu’ils crévent dans leur ignorance). En tout cas, ce n'est pas 4 l'aide des médias quills lapprendront car leur silence au sujet de Magma est bel et bien réel et semble des plus troublants. — ie o. Ai > 7 F rar J > a | ‘ ! Ai ( » * S . ae ie een | “ia ‘ner ee | eee

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