Le Soir Jeudi 20 novembre 2008
ÉCOUTES Record ! 4.000 numéros de téléphone devraient avoir été mis sur écoute en 2008 par la police et la justice.
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labelgique
Société / Un dossier sur la table de la Commission de la protection de la vie privée
Google a des vues sur la Belgique
NAVIGUER virtuellement
dans les villes belges ? La
multinationale y travaille.
Un service utile. Et intrusif ?
a société américaine Goo-
L gle s’apprête à lancer, en
Belgique, son produit
« Street view » qui permet de na-
viguer virtuellement dans les
rues d’une grande ville. Implanté
depuis 2007 aux Etats-Unis et
disponible dans d’autres pays (Ja-
pon, Australie, France…), ce ser-
vice permet aux internautes de re-
pérer un lieu public (chaussées,
jardins, façades…) grâce à une sé-
rie d’images prises à 360º.
« Nous prenons effectivement
des images dans plusieurs villes
belges », nous confirme Jessica
Powell, porte-parole de Google
Europe. Où ? Combien de « Goo-
gle cars » (ces voitures dotées
d’une caméra sophistiquées)
sont-elles à pied d’œuvre ?
Quand cette « cartographie bel-
ge » sera-t-elle mise en ligne ?
« Nous tenons à garder la confi-
dentialité. Notre service devrait
être prêt aussi vite que possible. »
Il semblerait que Bruxelles et
plusieurs autres villes (Anvers,
Liège…) intéresseraient la multi-
nationale. « Plusieurs facteurs
entrent en ligne de compte, préci-
se Jessica Powell. La qualité des
images, l’attrait pour cette ville,
la météo lors des prises de vue… »
Pour rappel, « Google Street
view » est un service gratuit, ac-
cessible via Google Map, qui a no-
tamment été activé lors du der-
nier Tour de France, mais égale-
Politique
De Gucht ne
regrette rien
S eul contre (presque) tous,
Karel de Gucht (VLD), mi-
nistre des Affaires étrangères,
maintient sa ligne dure vis-à-
vis du régime Kabila au Congo
et continue de juger « déloya-
les » les démarches diplomati-
ques dans l’ex-colonie entrepri-
ses par son collègue Charles Mi-
chel (MR), ministre de la Coopé-
ration au développement. Dans
Le Soir, nous avions rendu
compte hier des déchirements
dans la majorité, singulière-
ment entre libéraux du Nord et
du Sud. Nouvelle illustration,
mercredi, en commission des
Relations extérieures. « Je ne
changerai pas d’avis, ni dans
un jour, ni dans un mois, ni
dans un an », a-t-il déclaré.
Daniel Ducarme (MR) a dé-
ploré l’image que nous don-
nions des relations avec le Con-
go, André Flahaut (PS), deman-
dé de la « cohérence », et un
« nouveau partenariat belgo-
congolais », Jean-Marc Nollet
(Ecolo), réclamé la démission
du ministre… Interviewée à la
RTBF, Joëlle Milquet (CDH) a
souhaité que la famille libérale
retrouve un cap pour notre poli-
tique étrangère, comme Lauret-
te Onkelinx (PS), qui appelle à
se concentrer sur les dossiers so-
cio-économiques. ■ D.Ci
1NL
ment dans plusieurs grandes vil-
les européennes (Lille, Barcelo-
ne…) et américaines (New York,
Miami…).
Repérer un quartier, visualiser
un hôtel, faire connaître son en-
treprise ou son magasin, se diri-
ger dans un nouveau quartier,
présenter une maison à vendre…
Les applications sont riches et di-
verses. « Touristes, architectes,
services, d’urgence, agents immo-
biliers, tout le monde peut y trou-
ver son compte », assure-t-on
chez Google.
A quel prix ? Dès le lancement
de ce service, les défenseurs des
libertés individuelles sont mon-
tés au créneau. Forçant Google à
masquer les visages et les pla-
ques d’immatriculation. Et en
Belgique ? La société a pris con-
tact avec la Commission de la pro-
tection de la vie privée. Qui a im-
médiatement ouvert un dossier.
« Société de renseignements »
« Nous sommes dans un dialo-
gue constructif avec eux sur leur
service “Street view”, mais pas
seulement, explique Stefan Vers-
chuere, vice-président de la Com-
mission. Mais nous devrons exa-
miner si ce système est ou non in-
sécurisant et identifiant pour le
citoyen. Le cas échéant, nous ren-
drons un avis et des recomman-
dations. Et s’il s’avère qu’il y a
des infractions à la loi sur la vie
Enseignement / Les écoles ne peuvent le refuser
Obtenir la copie de ses
examens est un droit
lève sans difficultés particu-
E lières dans un athénée de
Charleroi, le jeune L. a doublé sa
cinquième alors qu’il n’avait eu
aucun échec jusqu’à trois mois
auparavant. Depuis lors, ses pa-
rents se heurtent au refus catégo-
rique de l’école de leur livrer co-
pie des épreuves d’examen ra-
tées. De tels refus sont monnaie
courante et ne concernent pas
seulement les examens, mais
aussi les contrôles et interroga-
tions. Il n’est d’ailleurs pas rare
que des professeurs se conten-
tent de communiquer aux élèves
les points obtenus, à consigner
au journal de classe, sans leur re-
mettre la copie concernée.
Pas idéal pour permettre à
l’enfant de comprendre ses er-
reurs afin de s’améliorer ensui-
te, ni à ses parents de pouvoir
l’épauler. Pourtant, les ensei-
gnants et directeurs qui agissent
de la sorte sont dans l’erreur.
Leur refus d’autoriser les élèves
et parents concernés à obtenir
copie des épreuves incriminées
est même inconstitutionnel, si
l’on suit l’avis rendu tout récem-
ment par la Commission d’accès
aux documents administratifs
DE NEW YORK À LILLE, le service « Street view » développé par Google permet aux internautes de visiter virtuellement le cœur
d’une ville. C’est gratuit, utile et ludique. Mais le service pose des questions en matière de protection de la vie privée. © GOOGLE.
privée du 8 décembre 1992, nous
les dénoncerons au parquet. »
Pour Thibault Verbiest, avocat
spécialisé dans les nouvelles tech-
nologies, « il s’agit d’un outil pra-
tique, ludique, mais qui ne peut
en aucun cas est détourné de sa fi-
de la Communauté française.
Précisons, avec sa présidente
Thérèse Brigode, que ladite
Commission n’a qu’une compé-
tence d’avis et non contraignan-
te. Et que ses avis sont rendus et
ne valent qu’au cas par cas. Mais
ils sont le plus souvent suivis par
les administrations et, dans le
cas contraire, peuvent appuyer
un éventuel recours en justice
ou auprès du Conseil d’Etat.
La qualité des corrections
Dans le cas d’espèce, la Com-
mission était saisie de la plainte
des parents d’un élève désireux
d’introduire un recours contre
la décision d’un conseil de clas-
se, auxquels l’école refusait de
délivrer copie des examens. La
direction s’appuyait sur l’article
96 du décret Missions de 1997,
stipulant que « tous les docu-
ments concernant un élève de
l’école peuvent être consultés sur
place ». Consultés, pas copiés :
nombre d’écoles appliquent ce
passage à la lettre et refusent de
délivrer copie des documents à
ceux qui le demandent. Les éco-
les… ou certains professeurs peu
désireux que les parents jugent
nalité première. Pas question,
pour Google de devenir une super-
société de renseignements ».
Quid de l’utilisation de ces
images, même floutées ? Com-
bien de temps sont-elles conser-
vées ? Qu’en est-il des risques de
la qualité de leur correction.
La Commission rappelle que
le décret sur la publicité de l’ad-
ministration (1994) s’applique à
« tous les documents des autori-
tés administratives », y compris
s’ils « revêtent un caractère per-
sonnel ». Elle considère ensuite
que toutes les écoles relèvent de
son champ d’application, qu’el-
les soient organisées par la Com-
munauté ou par un pouvoir orga-
nisateur privé, si elles sont sub-
ventionnées. « Selon la jurispru-
dence, une école [du réseau d’en-
seignement] libre exerce une
mission d’intérêt public en ma-
tière de sanction des études et
doit être considérée comme une
autorité administrative lors-
qu’elle agit dans ce domaine. »
Enfin, référence ultime, la
Constitution. Dont l’article 32
établit que « chacun a le droit de
consulter ou de se faire remettre
copie de chaque document admi-
nistratif, sauf dans les cas et con-
ditions fixés par la loi ou le dé-
cret (…) ». Or, le décret Missions
ne prévoit pas le droit à obten-
tion d’une copie « mais ne l’in-
terdit pas non plus ». CQFD ! ■
PHILIPPE BERKENBAUM
P.6 Encombrants sans-papiers
Que faire des sans-papiers qui
ont investi le centre sportif de
l’ULB à Bruxelles ?
croisements d’images (une per-
sonne, un lieu, un contexte…) ?
L’internaute qui se sent lésé
peut demander à Google la sup-
pression d’une image. « Nous
n’avons pas intérêt à offrir un ser-
vice qui va à l’encontre de l’inté-
Unifs / Convention UCL-KUL
Diplômes conjoints
pour des ingénieurs
D ’ici quelques années, des in-
génieurs civils pourront
montrer à leur employeur poten-
tiel ou mentionner sur leur CV
deux diplômes conjoints : l’un
accordé par l’UCL, l’autre par la
KUL. C’est le fruit d’une conven-
tion signée mercredi par les rec-
teurs des deux universités.
Quarante ans après la scis-
sion, les retrouvailles sont dans
l’air du temps. Les futurs doc-
teurs honoris causa ne seront-ils
pas nommés conjointement, à
Louvain-la-Neuve et à Louvain,
par les deux universités ? Et un
« Bike & Run » ne réunit-il pas
les mollets louvanistes et néolou-
vanistes entre les deux villes ?
Sur le plan de la recherche et de
la formation aussi, des collabora-
tions existent. Dans le cadre du
programme Erasmus Belgica,
notamment, des étudiants vont
suivre des cours durant un se-
mestre ou un an dans l’universi-
té flamande.
La convention signée pour la
formation des futurs ingénieurs
civils – avant celle d’étudiants
d’autres facultés – va plus loin.
« Un projet et dix programmes
communs (mécanique, électrici-
té, chimie, informatique, archi-
tecture, maths appliquées, cons-
© OLIVIER PAPEGNIES.
rêt privé de nos utilisateurs », in-
siste Jessica Powell. Voyageur vir-
tuel, scrutateur ou voyeur, l’inter-
naute est donc plongé au cœur
des villes. Parfois la sienne. Avec
de bonnes et, parfois, de mauvai-
ses surprises… ■ HUGUES DORZÉE
tructions, biomédical, électromé-
canique à orientation énergie et
mécatronique) vont permettre à
des étudiants de l’UCL et de la
KUL de réaliser dès l’an pro-
chain leur master (deuxième cy-
cle) durant un an à Louvain et
un autre à Louvain-la-Neuve »,
explique Francis Delannay,
doyen de l’Ecole polytechnique
de l’UCL. « Cela accentuera le
poids de l’UCL et de la KUL
dans le réseau Cluster qui favori-
se les échanges entre universités
européennes dans le domaine
des sciences et des technologies »,
ajoute Ludo Froyen, doyen de la
Faculté des sciences appliquées
de la KUL.
De quoi immerger les candi-
dats – sélectionnés sur la base de
leurs connaissances linguisti-
ques – dans des enseignements
différents. « A l’UCL, on aborde
la matière selon les concepts ; à
Louvain, on insiste plus sur les
normes, les détails techniques »,
expliquent Bénédicte Peeter-
mans et Gilles Delaunoit, futurs
ingénieurs architectes qui ont
anticipé l’initiative l’an dernier.
Et la langue ? « Noyés au début,
on finit par s’habituer après
deux mois. » ■
CATHERINE MOREAU
www.lesoir.be