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Sémiologie des

troubles
Psychomoteurs
DR MAMADOU HABIB THIAM
Professeur Titulaire
Introduction
Introduction
• Il s'agit des troubles qui s'expriment par des
symptômes moteurs, mais qui traduisent en
fait des processus psychopathologiques sous-
jacents.
• On intégrera dans ce chapitre:
– le comportement général, visible lors de l’examen,
– mais aussi ce que l’anamnèse peut apporter
concernant les conduites sociales du patient.
La présentation
et le contact
La présentation et le contact

La présentation et le contact
sont le premier lien
du sujet avec le monde
La présentation et le contact
• La tenue qui peut aller de l’hyperconformisme à
l’extravagance, en passant par une originalité
calculée et limitée.
• On s’attachera à repérer la plus ou moins bonne
adaptation de la tenue à l’âge, au sexe, aux
impératifs sociaux ou climatiques.
• Le maniérisme de la schizophrénie peut
s’exprimer dans la tenue, plus ou moins bizarre,
sorte de caricature décalée et invraisemblable
La présentation et le contact
• Il faut repérer aussi les cicatrices
– Les phlébotomies,
– Le cutting des ados,
– Les rixes des psychopathes,
– Les tremblements,
– Les sudations excessives
La présentation et le contact
• L’hygiène est également un élément
sémiologique à apprécier (de l’incurie
fréquente dans la psychose à la sur-propreté
maniaque de certains obsessionnels ou de
certains paranoïaques).
• L’incurie est le défaut de soin, la négligence
du corps et / ou des vêtements
La présentation et le contact
• La syntonie est la « fusion harmonieuse du
sujet dans l’ambiance ».
• Ainsi l’hypersyntonie désigne l’attitude du
sujet qui se croit un peu trop chez lui, capable
de plaisanteries bruyantes dans une
assemblée qu’il ne connaît que depuis peu de
temps…une familiarité excessive avec ludisme
et souvent prolixité
La présentation et le contact
• La mimique traduit en principe les états
affectifs et émotionnels du sujet en cohérence
avec ses propos.
• L’interprétation de la mimique doit tenir
compte du contexte culturel.
• On peut parler :
– d’hypermimie (mimiques très abondantes),
– de paucimimie (peu de mimiques),
– et même d’amimie
Les excès du
comportement moteur
Les excès du comportement moteur
• L’agitation
• Les compulsions et impulsions
• Les fugues
• Le raptus
• Les tics
• Les parakinésies
• Les stéréotypies gestuelles
• Le maniérisme
Les agitations
• C’est une expression motrice désordonnée et
plus ou moins explosive qui réalise des actes
hors d’un plan élaboré.
• C’est l'expression dans le comportement de
l’excitation psychique.
• Il s’agit d’une activité motrice augmentée et
inadaptée.
• Cette activité peut être contrôlable ou non par
le sujet.
Les agitations
• Les manifestations cliniques de l’agitation sont
– motrices (déambulation, mouvements brutaux et
incoordonnés, manifestations d’agressivité),
– verbales (voix forte, parole précipitée, cris…).
• Ces états peuvent être
– brefs et réactionnels (à un choc, une frustration),
– mais ils peuvent aussi être plus durables.
• Ils s'intègrent alors à un tableau plus complexe :
– manie,
– délire,
– confusion mentale,
– démence.
Les agitations

• On distingue trois niveaux


d'agitation d'intensité croissante :
– Hyperactivité
– Agitation
– Fureur
Les agitations
• Il faut noter :
– Le thème dominant éventuel :
• agressivité,
• onirisme,
• anxiété,
• érotisme,
• colère…
– L’orientation de l’agitation :
• fuite,
• lutte,
• séduction…
Les agitations

– L’agitation psychomotrice est souvent une


urgence psychiatrique ++++.

– Elle peut se rencontrer dans de nombreux


syndromes psychiatriques, constante dans le
syndrome maniaque elle est fréquente dans les
syndromes confusionnels, délirants ou anxieux.
Les compulsions et impulsions
• Les compulsions sont des actes inutiles ou
absurdes, très ritualisés, que le sujet ne peut
pas s'empêcher d'accomplir, même s'il perçoit
bien leur caractère absurde.
• Si la personne en proie à une compulsion,
essaie de lutter, une angoisse importante va
apparaître, qui pousse la personne à se laisser
aller à son rituel après un temps de lutte
anxieuse.
Les compulsions et impulsions
• Ces actes de compulsions sont très variés :
– vérifications diverses,
– lavages de main…
• Lorsqu'elles sont nombreuses ou
envahissantes, on parle de névrose
obsessionnelle ou de TOC.
Les compulsions et impulsions
• L'histoire d'une compulsion est d'abord
relationnelle consécutive à un rapport de
force mentale conscient interprété sans
analyse originelle par le sujet qui la vécu,
comme une relation affective.
Les compulsions et impulsions
• Une Impulsion est la tendance irrésistible à
l’accomplissement d’un geste ou d’un acte, à
caractère dangereux ou incongru, et dont
l’exécution échappe au contrôle de la volonté.
• L’impulsion, à la différence de la compulsion,
n’est pas précédée d’une lutte anxieuse ni
même le plus souvent d’une pensée
perceptible par le sujet.
Les compulsions et impulsions
• La finalité de l’impulsion est souvent
incompréhensible.
• Les impulsions concernent des actes plutôt
publics (ou au moins dans la sphère
relationnelle), souvent dangereux.
Les compulsions et impulsions
• La compulsion concerne plutôt une
personnalité obsessionnelle (++++)

• L’impulsion concerne plutôt une personnalité


psychopathique ou psychotique (++++)
Les compulsions et impulsions
• On peut distinguer les impulsions : (+++++)
– de mettre le feu : pyromanie (impulsion à allumer
des incendies. Se rencontre dans:
• la débilité,
• la psychopathie,
• l’activité délirante du schizophrène ou du paranoïaque)
Les compulsions et impulsions
• On peut distinguer les impulsions : (+++++)
– de vol : kleptomanie (une impulsion à voler sans
nécessité économique ni recherche de l’utilité de
la chose volé)
– de boire : dipsomanie … ou de fugue on parlera de
dromomanie.
Les fugues
• La fugue:
– C’est un comportement inhabituel et imprévu de
fuite du lieu habituel de résidence.
– On distingue :
• les fugues symptômes d’une pathologie
neuropsychiatrique comme la confusion mentale, la
démence ou la schizophrénie et
• les fugues du comportement impulsif.
– Le patient peut garder le souvenir de sa fugue ou
non (amnésie).
Le raptus
• Le raptus:
– C’est une « réponse à l’instant dans l’instant » c’est à
dire un acte à la limite entre le réflexe et la volonté,
réponse immédiate (sans la médiation de la parole) à
un vécu actuel ou à une émotion intense.
– C’est une impulsion brusque entraînant un passage à
l'acte immédiat en général violent : on parle de raptus
agressif, de raptus suicidaire...
– C’est un acte coordonné, ayant une finalité apparente
et en rapport avec la situation affective et
émotionnelle.
Les tics
• C’est un mouvement bref, en éclair, souvent
répété, conscient mais involontaire,
intempestif qui concerne souvent quelques
muscles et sans nécessité objective.
Les tics
• Il ébauche en général un geste réflexe ou un
geste simple ayant dans les conditions
normales une fonction (reniflement,
grattage…).
• Le tic ne peut être caché et donne à voir ou à
entendre au moment le moins opportun.
• Les tics de la face sont les plus fréquents
(paupières, bouche, langue…) mais aussi
épaules, mains…
Les tics
• Le tic est précédé d’un état de tension
pénible, gène physique et mentale qui
accapare la pensée et trouble la
communication.
• La survenue du tic soulage la tension mais
suscite un malaise.
• Le plus souvent il existe un tic dominant,
intensifié dans des circonstances précises
(souvent anxiété).
Les tics
• Des tics transitoires sont fréquemment
observés au cours du développement de
l'enfant et n'ont pas de signification
pathologique.
• Dans la maladie de Gilles de la Tourette les tics
sont à la fois moteurs, vocaux et sonores, et
sont particulièrement envahissants.
Les parakinésies
• Les parakinésies:
– Les parakinésies sont des mouvements anormaux,
répétitifs, stéréotypés, qui parasitent, caricaturent
ou remplacent un mouvement normal (grattage,
balancement.) à laquelle ils se superposent.
– On les observe dans la schizophrénie et le retard
mental.
Les stéréotypies gestuelles
• Les stéréotypies gestuelles:
– Ce sont des répétitions inadaptées, sans
signification actuelle, quasi automatiques, d’un
geste, d’une attitude ou d’une expression verbale.
– Cela peut concerner des automatismes simples,
comme le geste de se frictionner les mains, se
lisser les cheveux, se frotter le nez, mais aussi des
gestes plus complexes comme les salutations,
mouvements expressifs d’impatience, de douleur
ou de satisfaction.
Le maniérisme
• Il est caractéristique de la schizophrénie, il se
traduit par un ensemble de manifestations
motrices donnant l’impression d’un
comportement artificiel, obséquieux, flatteur,
alambiqué, compliqué, théâtral, voire
baroque : style gestuel (et oral) emphatique,
phrases sophistiquées et ampoulées, gestes
hypertrophiés, compliqués, caricaturés.
Le maniérisme
• Le patient maniéré prend un air affecté pour
dire des banalités.
• Le maniérisme schizophrénique donne une
impression de bizarrerie beaucoup plus que
démonstration.
• Ce terme devrait essentiellement se limiter au
syndrome schizophrénique.
Les déficits
psychomoteurs
Les déficits psychomoteurs
• La bradykinésie
• L’inhibition
• La réticence
• La stupeur
• Le syndrome catatonique
• Les dystonies
• Le ralentissement psychomoteur
Les déficits psychomoteurs

• Bradykinésie
– A bas bruit, on pourra parler de bradykinésie ou
de ralentissement psychomoteur qui peut associer
à des degrés divers lenteur motrice et difficultés
d’initiation des actes.
L’inhibition
• L’inhibition :
– C’est la suspension ou l’entrave involontaire d’une
fonction psychique ou d’un comportement
(exemple : inhibition motrice).
– L’inhibition de l’attention, qui donnera une
distractivité importante est nommé aprosexie.
– L’inhibition de la volonté se nomme aboulie
La réticence
• La réticence

– Il s’agit d’une attitude de méfiance souvent


excessive qui se traduit par un refus systématique
et volontaire d’exprimer sa pensée ou ses idées, et
d’expliquer les raisons de ses difficultés.
La réticence
• La réticence
– Le patient défend son intimité avec des réponses
typiques :
• « vous le savez mieux que moi »,
• « je n’ai rien à vous dire »,
• « vous le savez puisque vous avez mon dossier ».
La réticence
• La réticence :

– On distingue:
• la réticence passive où le malade se tait, refuse de
parler et se confine volontiers au lit,
• la réticence active où le malade parle beaucoup,
parfois même de façon logorrhéique (réticence prolixe),
tout en détournant le sujet de la conversation.
La stupeur
• La Stupeur :
– La stupeur (l'état stuporeux) est caractérisée par la
suspension de toute activité motrice et langagière.
– Le sujet paraît engourdi, figé dans une immobilité
totale, sans réaction aux stimuli externe.
– Le calme du patient n'est qu'apparent dans la mesure
où l'activité psychique sous-jacente peut être intense,
rendant possible un passage à l'acte.
– C’est une espèce d'immobilité causée par une grande
surprise ou par une frayeur subite.
La stupeur
• La stupeur :
– Cet état de stupeur où la paresse de penser
empêche de comprendre et même d'écouter.
– On peut observer un état stuporeux :
• immédiatement après un traumatisme psychique,
• au cours de la mélancolie (mélancolie stuporeuse),
• dans la schizophrénie,
• Dans le syndrome confusionnel.
Le syndrome catatonique
• Le syndrome catatonique :
– Il s’agit d’un syndrome psychomoteur, rencontré
dans la schizophrénie, caractérisé par :
• une passivité psychomotrice,
• une perte de l’initiative motrice,
• un négativisme,
• une catalepsie,
• parfois des accès paroxystiques.
Le syndrome catatonique
• Le syndrome catatonique :
• Le négativisme est un trouble du comportement
marqué par des attitudes d’oppositions actives
paradoxales.
• Cela peut aller :
– du refus de la main tendue, du refus de s’asseoir, de
s’exprimer,
– jusqu’à un oppositionnisme systématique qui peut inclure un
refus de nourriture, le refus systématique volontaire et
délibéré de toutes les consignes.
Le syndrome catatonique
• Le syndrome catatonique :
• La catalepsie est une perte de l’initiative motrice avec
rigidité musculaire particulière.
• Le sujet, spontanément immobile :
– soit réagit à la mobilisation passive comme de la « cire molle »
(et il peut ainsi conserver longtemps l’attitude imposée),
– soit résiste à la mobilisation passive avec une hypertonie très
marquée évoquant une franche opposition.
Le syndrome catatonique
• Le syndrome catatonique :

• Par exemple, si on élève le bras d'un patient, il


maintient indéfiniment cette attitude.
• La catatonie s'observe au cours de certaines formes de
schizophrénies.
Les dystonies
• Les dystonies:
– Ce sont des troubles du tonus musculaire qui
perturbent le mouvement volontaire ou la
posture.
– Elles sont parfois spectaculaires et peuvent être
douloureuses.
– Elles peuvent être la conséquence de la prise d’un
traitement neuroleptique.
Le ralentissement psychomoteur
• Le ralentissement psychomoteur:

– Ralentissement de l'activité motrice, et de


l'activité psychique (bradypsychie), observé
principalement dans la dépression.
Les tremblements
Les tremblements

• Ce sont des mouvements rythmiques et


oscillatoires touchant surtout les extrémités.
Les tremblements
• On distingue :

– le tremblement physiologique peu marqué, accru


par l’émotion et le stress
– le tremblement dit essentiel (sans cause connue),
le plus souvent familial et qui s’accroît avec l’âge
Les tremblements
• On distingue :
– le tremblement symptomatique d’une autre
affection telles que:
• un dysfonctionnement de la thyroïde,
• la maladie de parkinson,
• ou en rapport avec la prise d’un traitement
médicamenteux (psychotrope en particulier).
FIN

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