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La Veille - n°13 - Janvier 2009

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pourront plus d'aucune manière de résolution des conflits engendrant doute ou de crise génératrice de
intervenir directement ou indirecte- un très fort taux de satisfaction et de situation de blocage et d'agressivité.
ment dans la défense des intérêts réussite.
Nos confrères ne doivent pas négli-
d'aucune des parties. ger ce nouveau terrain d'exercice
Il replace aussi et surtout les avocats
Le Droit Collaboratif en France est au cœur du processus de résolution professionnel riche d'enseignement
d'application directe, il est largement alternative des conflits familiaux et et de réussite.
préconisé comme un mode alternatif patrimoniaux et leur permet d'offrir à
de règlement des conflits, dans le leurs clients une palette plus complè-
cadre des dernières propositions de te de services. Pour en savoir plus :
réforme du droit de la famille. www.institut-dfp.com
La mission de l'avocat s'insère dans
Il présente une alternative globale et un travail d'équipe où tous les inter- «Le Droit de la Famille du XXIe
constructive à la solution judiciaire et venants sont centrés sur la recherche siècle : collaboratif ou pas» dans
permet de répondre au changement d'un accord. Gazette du Palais des 21 et 22
important de mentalité qui caractéri- novembre 2008 page 25.
Outre un rôle de conseil et de négo-
se les conflits familiaux depuis plu-
ciateur, l'avocat intervient en amont
sieurs décennies.
du processus en déterminant avec
Le processus collaboratif est généra- son client ses priorités essentielles, Martine BOSC
Avocate au Barreau de Grasse
lement considéré comme un mode qu’il lui rappellera en période de

Réforme de la protection
juridique des personnes :
le Décret nouveau est arrivé !
1ère partie

C’est le 7 décembre 2008 qu’est paru à juste titre qu’il ne bouleverse pas le sur la protection internationale des
au Journal Officiel le très attendu cœur de la matière et reprend la plu- adultes1, le Juge des tutelles territoria-
part des règles antérieures : cf. com- lement compétent est celui de la rési-
Décret n° 2008-1276 du 5 décembre dence habituelle de la personne à
mentaires Semaine Juridique -
2008 relatif à la protection juridique Edition Notariale et Immobilière n° 52 protéger ou protégée ou celui du
des mineurs et des majeurs et modi- du 26 décembre 2008 page 3 domicile du tuteur.

fiant le Code de Procédure Civile, pris En toute logique, il convient d’examiner La référence au domicile du tuteur est
donc une nouveauté significative qui
en application de la Loi n° 2007-308 ces dispositions en fonction des deux
vient compléter la détermination de la
grands secteurs qu’ils ont désormais
du 5 mars 2007 entrée en vigueur au compétence, telle que prévue originai-
vocation à régir :
1er janvier 2009. rement par cet article 1211 du Code
• le régime judiciaire de la protection de Procédure Civile.
Les dispositions de ce Décret modifient des personnes Sauf cas spécifiques d’auto-saisine
et complètent l’ensemble des articles • le régime conventionnel (mandat de prévus aux articles 442 et 485 du Code
actuellement applicables, savoir : les protection future). Civil, le Juge est saisi par requête remi-
se ou adressée au Greffe du Tribunal
articles 1211 à 1263 du Code de La protection judiciaire d’Instance.
Procédure Civile.
Désormais et en conformité avec la Ce nouveau libellé de l’article 1217 du
Les premiers commentaires soulignent Convention de La Haye du 13 janvier 2000 Code de Procédure Civile ne fait

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La Veille - n°13 - Janvier 2009

donc plus référence à la déclaration Civile dispose que ce certificat : d’une mesure de protection, le majeur
écrite ou verbale prévue par l’ancien à protéger ou protégé peut faire le
• décrit avec précision l’altération des
article 1212 du même Code. choix d’un avocat ou demander à la
facultés du majeur à protéger ou
Juridiction saisie que le bâtonnier lui
Le Décret spécifie le contenu de la protégé,
en désigne un d’office. La désigna-
requête aux fins d’ouverture d’une
• donne au Juge tout élément d’infor- tion doit intervenir dans les huit jours de
mesure de protection d’un majeur et
mation sur l’évolution prévisible de la demande».
prévoit que cette requête comporte à
cette altération,
peine d’irrecevabilité, savoir : A comparer avec (et rapprocher
• précise les conséquences de cette de) la rédaction de l’ancien article
• le certificat médical et circonstancié altération sur la nécessité d’une 1246 :
rédigé par le médecin choisi sur la assistance ou d’une représentation
liste établie par le Procureur de la «Le juge des tutelles entend la person-
du majeur dans les actes de la vie ne à protéger et lui donne connaissan-
République, civile, tant patrimoniaux qu’à caractè- ce de la procédure engagée.(…)
• l’identité de la personne à protéger et re personnel ainsi que sur l’exercice
l’énoncé des faits qui appellent cette de son droit de vote, Le Juge peut, s’il l’estime opportun,
protection : il faut ici expliciter et procéder à cette audition en présence
• il indique si l’audition du majeur est du médecin traitant et, éventuellement,
démontrer le caractère nécessaire de nature à porter atteinte à sa santé
de la mesure tel que prévu à l’ar- d’autres personnes.
ou si celui-ci est hors d’état d’expri-
ticle 428 du Code Civil2. mer sa volonté. Le procureur de la République et le
La requête doit également faire conseil de la personne à protéger
L’article 1219 nouveau prévoit égale- sont informés de la date et du lieu
mention :
ment que ce certificat est remis par le de l’audition, ils peuvent y assister.
• des personnes appartenant à l’en- médecin au requérant sous pli cache-
tourage du majeur à protéger, énu- té, à l’attention exclusive du Procureur (…)»
mérées au 1er alinéa de l’article 430 de la République ou du Juge des Cette référence (nouvelle) à l’interven-
du Code Civil, c'est-à-dire : le tutelles. tion de l’avocat illustre et garantit une
conjoint, le partenaire avec lequel est Quant au «déroulé procédural», les dis- meilleure prise en compte tant des inté-
conclu un pacte civil de solidarité ou positions du Décret reprennent en sub- rêts du protégé que du respect dû à sa
le concubin, à moins que la vie com- stance des mesures existantes telles personne, fil conducteur affiché de
mune ait cessé, ou encore un parent que l’audition par le Juge de la per- cette réforme.
ou un allié, une personne entretenant sonne à protéger3 ou la compétence C’est également dans le cadre de la
avec le majeur des liens étroits et du Tribunal de Grande Instance protection conventionnelle que se
stables, ou une personne exerçant à comme Juridiction du second degré retrouveront ce parti pris et ces valeurs,
son égard une mesure de protection amenée à connaître des différents aux termes des mesures d’application
juridique, recours susceptibles d’être formés. de cette grande innovation qu’est le
• le nom du médecin traitant si son A noter cependant par ailleurs qu’il est mandat de protection future.
existence est connue du requérant, fait référence expresse à l’interven-
• dans la mesure du possible, il est tion de l’Avocat dès l’ouverture de la
Seconde partie à suivre
également fait mention d’éléments mesure et non plus, comme sous les
anciennes dispositions, principalement dans le prochain numéro
concernant la situation familiale,
financière et patrimoniale du majeur. au seul stade des recours :

S’agissant plus spécifiquement du Cf. nouvel article 1214 du Code de


Procédure Civile : Elisabeth GRANIER-ZARRABI
«certificat médical circonstancié» qui
Agnès PROTON
sera joint à cette requête, le nouvel «Dans toute instance relative à l’ouver-
Avocats au Barreau de Grasse
article 1219 du Code de Procédure ture, la modification ou la mainlevée

1 - Ratifiée en France par la loi n° 2008-737 du 28 juillet 2008


2 - Pour mémoire, l’article 428 alinéa 1 du Code Civil pose le principe du caractère «subsidiaire» de la protection judiciaire: «La mesure de protection
ne peut être ordonnée par le Juge qu’en cas de nécessité et lorsqu’il ne peut être suffisamment pourvu aux intérêts de la personne par l’ap-
plication des règles du droit commun de la représentation, de celles relatives aux droits et devoirs respectifs des époux et des règles des régimes
matrimoniaux, en particulier celles prévues aux articles 217, 219, 1426 et 1429, par une autre mesure de protection judiciaire moins contraignante
ou par le mandat de protection future conclu par l’intéressé».
3 - Cf. nouvel article 1220-3 du Code de Procédure Civile : «Le Juge des tutelles ne peut statuer sur une requête concernant un majeur protégé et
relative à la protection de sa personne qu’après avoir entendu ou appeler celui-ci sauf si l’audition est de nature à porter atteinte à la santé de
l’intéressé ou si celui-ci est hors d’état d’exprimer sa volonté».

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