Concours d’orthographe 2016
Catégorie :
Nom et prénoms :
Etablissement (pour les lycéens) :
Profession (senior) :
Consignes:
1- Donnez un titre 4 ce texte
2- Soulignez chaque faute et corrigez-la.
Titre :
J’ai longtemps voyagé, accomplissant au gré de mon imagination les maint
balades et aller-retour sur les planisphéres vieillies et les mappemondes jaunis,
4 la lumiére des ceil-de-boeuf de mon grenier. Et voila que les mass médias nés
de la technologie nouvelle ont changé ma vie : désormais, si tt descendue du
taxi-be, je me hate vers mon rendez-vous quotidien.
Dans ces temps si troublés d’humeur collérique chez les humains, d’attentats &
n’en plus finir et de virus « en veux-tu en voila », je ne me sens quiéte qu’une
fois I’huis clos, en retrouvant le héros de mon feuilleton.
Je ne V’ai connu qu’au vingt et uniéme épisode, mais c’est sous les meilleures
auspices que nous nous sommes rencontrés et & priori, plus: il venait d’étre
abandonné par sa niéme fiancée, comme me |’avaient racontée mes collégues
ou plutét mes compagnes d’infortune avec qui je fais, chaque matin, le ménage
dans les bureaux de ce ministére qui m’a embauché il y a déja belle lurette | Et
est devant mon vieux poste de télé, hérité d’une vieille tante acariatre, partie
sans crier gare dans l'autre monde, que je goiite 4 une accalmie malgré les
gérémiades de mon vieux chat atteint d’urticaire perpétuel.Avec sa chemise kakie, ses yeux noirs foncés et percants, ses quatre-vingts et
quelques kilos bruts, son esprit d’a-propos, il incarne pour moi le séducteur-
type. Il est beaucoup trop bien pour mes collégues qui, toutes, de la plus
mastoque a la moins mafflue, se répandent a son sujet en miévreries cucul ; il
est tellement bien que les chefs tout décrépis, crient leur jalousie en
d’infamants commentaires.
Mais, je dirais, quant & moi que ce qui m’intéresse surtout dans les feuilletons,
est la langue francaise que je suis loin de maitriser, je ’avoue, et dans laquelle
se déverse des mots tendres, des serments brilants. Et méme si je ne
comprends pas toujours les sens de certains mots ou que des tournures de
phrases alambiquées me laissent sur ma fin, je ne rate plus aucun épisode du
feuilleton ! L’autre soir, quelqu’un a frappé 4 ma porte au moment ot mon
héros remplissait I’écran et que nous étions forts prés l'un de l'autre, pendant
Vhabituel cérémonial ! Imaginez ma rage d’avoir été arrachée de l’extase si
sublime dans laquelle je me trouvais. Pensez-vous que je suis allée ouvrir 4 cet
importun ? Je_l’ai laissé faire le pied de grue sous la pluie, tel un amoureux
transit ! Encore heureux que je ne lui ai pas fait un pied de nez ! Ce n’est pas
pour étre dérangée que je me calefeutre chez moi, rideaux tirés, pour oublier
les bruits du dehors, les bruits de non-amour.
Les lycéens s’arrétent ici
Depuis une semaine, je me livre a un autre rituel : je retiens certains mots que
j'ai entendu, prononcer, bien sdr, par mon héros, et si tét arrivée t6t au
ministére, je m’en vais dans le bureau d’un chef de service qui, soit-dit en
passant, est un véritable cochon, au propre comme au figuré ! Il laisse toujours
son bureau dans un fouillis tel qu’il nous arrive, 8 nous, femmes de ménage, de
tirer au sort pour désigner celle qui mettra de l’ordre dans ce capharnatim,
avec ses emballages de beignets suintant d’huile rence, ses épluchures de
cacahuéte voletants partout dés qu’on ouvre une fenétre, ses vignettes
barbouillées de rouge, de bleu, de vert ! Le pire, ce sont les correspondances
qui se retrouvent parfois 4 méme le sol, les pauvres dossiers jetés a la va-vite
sur des étagéres poussiéreuses et les parapheurs disloquées ! Et pourquoi donc
pensez-vous que je me hate dorénavant vers ce bric-a-brac si repoussant ?
Tout simplement pour y consulter un dictionnaire ! Je me saisis du volumineux
ouvrage qui, rien qu’au touché, produit toujours sur moi un effet extraordinairemalgré ses couvertures éraflées, ses pages jaunies, comme si un fragment du
passé, tel un aérolithe, s’abattait sur moi. Malheureusement, je sors souvent
dépité de mon expédition : n’ayant pas fait beaucoup d’études, l’orthographe
francaise me joue des tours | Et pourtant, je suis une amoureuse des mots ! Je
les aime a leurs sonorités qu’elles soient douces ou abruptes, Apres ou
lumineuses, j'adore cet imperceptible vacarme qui transmet, par sa magie, de
Vespoir chez moi qui suis assoifée de savoir. Je reste parfois dubitative sur leur
orthographe et je me pose des mille et une question et je deviens un vaisseau
lancé a la recherche de nouvelles terres !
Et tout cela pour un feuilleton, me dites-vous ? Oui, chacun choisit le chemin
qui lui convient pour percer les mystéres d’une langue qui fait que je suis figre
d’étre francophone ! Je prends les mots a bras-le-corps car je sais qu’il me faut
assiéger cette tour qui me permettra de dire 4 mon héros tout les mots que je
lancerai, comme une poignée de bonheur indissible; au firmament je les
répandrai et ma joie se disséminera partout sur le parcours étroit de la vie mais
rendue joyeux par le pouvoir des mots! Je vais partout, chez les libraires
occasion, lieux magiques, moréne cle mémoire que je prospecte chaque
j et femmagasine des mots qui rompent cette fastidieuse uniformité
que notre éducation, nos conventions de société, nos bienséances d’usage ont
introduites pour en faire un levain qui fermente et qui restitue @ chacun une
portion de son individualité naturel. Et je m’endors aprés un dernier regard sur
la photo de mon héros que j'ai fait imprimé aprés l'avoir capturé sur ’écran de
ma télé avec mon téléphone.
Car & quoi me servirait recherches et incursions dans le dictionnaire si mon
héros n’était pas ld pour me tenir compagnie?