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« Lavraie sagesse, c’est de vivre, le plus qu’on peut, dans la vérité, donc dans le réel plutét que dans I'imaginaire. » (André Comte-Sponville) § Philosophie de vie « La philosophie aide a vivre mieux, plus intensément, plus lucidement, plus heureusement parfois. » (André Comte- | Blo Express | André Comte Spomvite (63.0), 9 losaphe matrliste,rationaiste et humanist st na Pars, en 1982, ‘clon ébve de Ecole Normale Supérioure dete Ui, agree de philosopie, docteur de rlseme ‘je, est uss Docteur Honoris ‘Causa de Uniersté de Mons Hal au, en Belgique. ft longtemps raite de conferences a Université Pats Panthécn Sorbonne), dont "isemitencongé (part de 1997) puis demissionna fen 2003) pour consacrer davantage de temps 8 "écrture et aux conferences qu donne en Sehers de Universite a puble une vingtaine de West ls en 24 langues. est membre ‘du Comite Cnsutat National ‘Fethique depuis quatre ans. Vous expliques que le« spleen » déctit par Baudelaire, est votre « limatimeéienr Ie plus spontand»(«javais la sensibilté riae tla pense joyeuse »)- Laphilosophie vous a-telle dé a combattre ou & enforcer cette forme de mélancolie et de ile? Iya pas de raison pare sil n'y a que Timpureté de vivre e de penser ‘Au dépare, jéais de vempérament pluust) mélancolique et ane Cest pourquoi jai tellement aime la philosophic: elle me perms desist 2m puleamee de perms que javas en eff phic allage, au service de ma fublesse de vive Spinoza adi: combate la mélan cole et ans important qulapaiser Ia faim et la soi Done ou, Ia phi losophie mia aidé 4 combattre ~ et nom renforcer- ce moi de triste ou d'angoise. Mais 0m w guiri dune névro, comme Aisaic Saree, on nese guére pas de 10». Le fond de melancolic ext toe jours Ih; mais) appr 8 Faccepter ta la résister. Les deux vont en « Philosopher, c'est s’etforcer de penser sa vie et de vivre sa pensée. » (André Comte-Sponville) semble +i fue dabond aecepter ce aqui es - done ausi Saccepter so our avoir une chance de le tans Former, au moins un peu. Si votre suects et vel auprés du public depuis toutes es années, CCeatcertainement parce que ‘vous fates partie, image de Montaigne, Descartes ou Pascal, de cea « philesophics incarnés». Bres-vous accord avec cette analyse? ui, tour Aft ! Pest ce que fap- pelle « le smaditon francaise en pi laephie » + une philosophic & la premidre personne, qui tend moins 2 iaventer un systéme qua nourie tune existence singulitre, « Cit mot (que je pein », disse Montaigne. Cela permet de sadreser au grand public, comme Tone fie Mon taigne, Descartes et Pascal, en se donnant les moyens de sien faire comprendre. Es cela suppose quion reonclie lx philosopie ex fa c- séeature. En France, la phupart de ros grands philosophes sont aus de grands érivains. C'est avec eet traditions que jai esaye de re- Plus votre succes et votre notorieté ont grandi aupeés du grand public, plus vous aver éé ‘itique. On vous reprochait de philosopher AFancienne, de fagon classique, voirearchaique, ctméme d'éire un «intllectuel smédiatique ». Pourtant, ne penser-vous par que “est grace A votre ceuvre, quia permis ‘now seulement de enower avec la tradition philosophique mais aussi de lui apporter tune reconstruction, que les Frangais se yont mis & Yincéreser beaucoup plus la philosophic? Le suces sucte toujours des alow sie, des agacements des atagucs (Ceres pas bien grave ! Au demas rant, il est yal que j'ai résolument smtrepris de philosopher « a Tan- sleane », non pour enfermer dans le passé, mais pour échapper aux impasses de la postmodern. Les auteurs des années 1970, méme ts tenes (Focal, Dele, Der ‘ida, Akdhoer.), me semblaent Signer dece qui ot mts your Teenie dela pileeophie, er ovin- ceesaient mi que es Anciens tex Cs Se dont choi de plilipher sur paps Que xmas eps pers, Mon tigre, Pal, Spnasa Diderot... de preemie or i, plu auc x anroe les A a mode “ane leu ole pa comnibuer 2 recon grand publi avec la philosophie! (Quant au reproche dere un « phi- uophe médiatique », jy voix un faux procs 1 miarrve quelques de passer la eévsion. Pourquoi nom? Socratephilosophsit sur 'go- 1a (la place publique), et agora au jourd hui, sone mocamment les rédias, Mais en rs pas des livres pour paser la évsion. Je pate la eclévision, lonqulon me propose tune émison acceptable, pour que mes lives solent lus, y compris par este gu em connate psc On vous reconnaic souvent la qualité de « pasenr », parce que vos omvrages sont pédagogiques ct permettentd'initier le quidam ‘la philosophic. Mais vous dites sussi que #adreter au grand publi, ce nen par forcement ‘ulgarser >. Oui, méme ceux qui ne maiment pat me reconnaissent ce talent de pédagogue, mais souvent pour me repracher de sige qu'un vulga- slateur.. I me seimble que cest faire un contreens sur 1a phil sophie, On parle juste titre de vlgarisation dans les science +i agit alors de-aire comprendre un certain nombre de résultats en faisant Péconomic des démonstra- tons. Mais en philosophic, il aly a pas de démonsiation absolument probante, i de résultats qui fassent objet d'un consensus... Cx pour- quoi je prifée parler dination aque de vulgatsation. Crest ce que jai Ge das certains de mes lives, ‘comme mes Prtemtations de Le phi laophie (reprises dans Le plas de penser) ou le « Que sainje ? que «La philosophie m’a aidé a combattre- et non a renforcer- ce qu'il y avait ‘enmoi de tristesse ou dangoisse. » (André Comte-Sponvitle) les PUF font demandé. Mais ce west pas Fessendal de mon travail ‘Arrtons de parler de vulgaisation ds quéun philorophe sexprime clairement ! Montaigne, Descarves fou Pascal fadresient au grand public. Qui oseit dite que ce sont des vulgrisaccurs ? Au fond, jai ‘oul renouer avecce que Niewsche appelait «la belle clare ances» 4! oppomit volontiers 3 ce qu yadobscur ou de jrgonnant chez tant de philosophes allemand, Cela tne edge len au genie d'un Kant cou d'un Hegel. Mas je suis comme Nietzsche : Montagne ou Pascal me touche et mv ebairent davancage ! Comment défnitier-vous« une ‘philesophie pour mosre temps ‘qui «corresponde ans possbilités ‘et auc besoin de notre dpogue » En quoi elle diferente de celle des anciens? ‘Toute philosophic est file de son emps, I n'y auait aucun sens a jourdhui, 2 ete aristtdicen ou (picurien, ni mime cartéien ou spinoniste. Nor sciences ont conn des bouleversements spectaculaires. [Nos société aus. Une philosophie {qu correspond aux beroins de notre époque, c'est une philosophic qui € confiomte & ce que lex sciences fous apprennent, sur a narure et sur Thomme, mais aus la moo: diaisation, au décin des wtopic, aux dangers écologiques qui nous ‘menacent, au pil udéaire dividualsme démocratique. ce ‘quan a appelé a tore ot 3 rison, le « chow des civilisations»... Cela slemptehe pas de lire les Anciens, bien au contaite, mas dissuade d'y chercher de rponses toutes tes Vous vous dcfininser comme materialise (comme Epicure). rationalite (comme Spinoza) et Iumaniste (comme Moniaigne) » Pouvez-wous nous expliquer ardente nécesiéimtéicure qui ‘vous aconduie sur ce chemin de pensée? (Ce som deux questions différentes Ge qui conduie sur le chemin de ls pense, c'est d'or le plaisir qu'on ¥ trouve, autant pls vif quill faffinte la difculé de vive. A ‘chacun, ensuite, de chercher son chemin». Le mien, en fet, et ma tdralive, rationalise et humanist Je suis convainea que tout ce qui cae est mati on produit de la matiée, que Tlirationnel existe pas (ce qui sufi & le distinguer ddu déraionnable, qui existe que trop), et que Vhumanicé nese pas seulement une espe animale mais aussi une valeur. Cela dit, daees philosophes proposront’ autres vies... C'est bien ainsi. La phil sophie west par une xience, Les dé seconds fot partie de son essence parce que les philosophes ne sont pas accord entre eux que chacun doit philosopher pour hi Vous révéles.que vous dries chrétien& votre adolescence et ‘que vous dts deren un athée radical. Expliques-nous. (Oui, fal ecé chréten durant coure mon enfance et mon adolescence, Aujoundhu, je me definis comme auhée non dogmatique et fide [Ate parce que ene cois en aucun Dieu. Non dogmatiqus, parce que je teconnais que mon athéinne next, ‘Auteur de tes nombreux ouwages, notamment publié cher Alin (2000), + Le coptolisme est moral ?(2008) + Lesprit de thse ftvodction ‘une spite sons Die) (2006) + Le gout de ware et cent autres ‘ropes (2010) + te sexe fa mort ros essos sur amour et sexvoit) (2012). 7 @ Philosophie de vie « Lessentiel en I’homme n’est pas conscient pourtant la conscience qu'il (André Comte-Sponville) ps un savoir: je ne sais pas si Diew existe ou non (pesonne ne le sat) mais je cols quil nfexe pas. Ce tion, que je ne prétendsimposer personne. Enfin fiddle, parce qu, tour athée que je soi, je reste atta ché Aun cerain nombre de valeurs morales qui sone nées, pour beat coup dente eles, dans les grandes tdigions, cx spécalement parce que est mon histoire, dans ls tradition judéo-chrtienne. Ce nest pas parce (que je suis athée que je vas eracher sur vingc-cing sicles de civilisation judéo-cheétienne, ni reise de voir la grandes, au moins morale et hu maine, du message des Evangiles! Vous dstinguet la connaissance de a vérté (e sonte connaisnance xt relative, historique, partele a vévté est absolue, éternelle infinie»). Que doit-on enseigner nos enfants, la recherche de la connaissance, de a vrité ou les deux? Et pourquoi ? Les deux wot indisocables ! Nous savane aucun accis abso 3 Pabeo A {faut développer. » lu, La seule fagon de chercher la vé tg, ened appeendee la connate, ‘ay moins en parte. Dela Phumilie de nos scientifiques: is svent bien que toute connaissance ext particle relative, peovisoire, qilaucune w/at- teindra jamais Ie virté absolue ‘Mais leur humilie va de pir avec leur confance : ls savent que lex sciences progressen, de figon iré serble, et que a connalsance vaut mieux que Fignorance ou la supers- Vous drives que « les tis grands philosopher ne sont pas si nombrens qu'on le eroit- guire plus d'une dewcaine» et vous ‘ites prioritairement « Platon, Avistote, Deseartes, Spina, Leibniz, Kant, Hegel...» Powves vous nous dre pourquoi en une pheate pour chacua ? En une phrase, non je ne peux pas 1 faut kes lr... Mais ce sone ceux qui me donnent le plus clarement Vimprestion du génie, aucrement dic d'une puissance de penser sans (Gale. Ise trouve que, de ces sep, es Spinora dont je me sense plos proche. Mais fadmire rour aurane Arisore, Descartes ou Leibnia, Ne confondons pes aditation et de hésion 11 yaurat quelque petiresse A sladmirer que les philosophes dont on partige lex orientations Prenons. ls Méditutions métapl siquer de Descartes ou le Disours de métaphyique de Leibniz: je ne suis d'scord avce aucune de thises principales qui y sont énoncées ral je wen suis pas moins cone cu que ce sont deux des plus beaux lives de philosophic jamais crits Vous aver &é marsiste pendant dix ans. Vous vous ddinssez ‘aujourdhui comme libéral de gauche, Peut-on encore fapete-vous diriger le monde sans une politique lbérale? Avex-vous peur de la montée des idées dextréme-droite Ex que pensco-vous de la ase politique francaise actuelle en tant que sduoyen? 1 apie moins de philosophic, ic que opinions. Je suis de gauche parce que je pense que la politique ddoie se metre au service de plus fables, done notamment des plas pauses. Er lbérl, parce que pe fre albert a concraince (méme silesdeux sont bien sie nécensire) (Cee pourquol je me bats aus bien contre es noralgquss d une écono mie éatnde que conte les ukralibé- sux. On a ini par comprendre, y compris & gauche, que VEratréait pas tts bon pour créer de lat: ches : Le marché et les entreprises Te fone plus e mews. I sea temps de comprendee, y compas & dei, aque le marché et les entreprises ne sont pas ts bone pour créer de Ta justice + see les Feats ont chance dy parvenit. Au fond, cst le modal socabdémocrate : comp ter sur le marché pour exéer de la richewe (Cet la seule fagon de faire reauler la pauveté), et sur TE pour créer de la justice, done asi pour compensr - parla redsebu ‘ion les injustices du marche, Q doit, ou, bien sti, cela minguiée. ‘Comme niinguige ediscréit dans lege! sit souls wos horamespo- 3 le montée de Texteéme Tiigues. Is ont eertes tne pare de responsabilc, Masi faut eappeler quien démacratic, om ales dirigeans ‘quon mitt, fe me mie de be d&- isin générale, su Tai du «tons ‘pouris ». On ne parviendra pas & ‘habit la politique, comme cest ddevenu urgent en crachant perpé tellement sur ceux qui la font On woos sent partagé sur la pychanalyse. Pourtan, vous crivez ne pas regreter avoir entrepeia une peychaaalyee pendant deux ans. Cette ‘expérience atelle nourri d'une ‘certaine maniére le philosophe ‘que vous des devens ou. seulement Fhomme en soulfrance de 'époque? aime beaucoup Freud. Be je sais parfois agacé par les paychanalstes, (Ce nest pas contradictore ! Quant ma propre cure, j'ai enteprise vers a quaranaine ma philosophic Gait deja constiuée. Mais mon capésience sur le divan ne ma pas seulement aidéy voir pls lair sur smoisméme, Elle m'a aus confrmé ddans ceraines de mes Idées : que Feasentid en homme sles pas conscent + t que cese pourant [a conscience quil faut développes, ‘Dans ma rerminologi, eda: pe ‘mat de Vinconscent: primauté de Ia comeience. Vinconscent, objec- tivement, et plus important. Mais Ia conscience, subjectivement, ext tune valeur pis haute {me sermble ‘que Freud, sur exs deux poims,se- tale d accord. (On apprend dans vou live que Prajndmpad ext votre sens « le plus grand maitre spiritual dae AX sidle». Vous dies quil est bien plus qu'un philosophe, un sage. Expliquer-nows. Seami Prajndnpad, qui yéeuc au XX° sifcle, fir, en Inde, Lun des. pre- mies lecteur de Freud. 12 inventé, entre psychanalyse & Vedanta, un nouveau. syle de prychothérapie (es « Sing»), qui est aussi une ‘oie spirtuell, De quot agit? Diapprendre 3 se connaite, donc notamment dexplorer son propre fnconseient, né de lenfance, mais suse apprendre 4 accepter ce qui ct, pour le transformer. Se libérer du pass, pour saffranchir de Les pir de ba crainte. Prajntapad rows apprend A vivre au présnt. ts fe moins aux concepts qu’ pratique. C'esten quoi cst un sige, en fet, plus qu'un philosophe, ct un maitre spistuel plus qu'un ‘malee & pense, Mais sa sages ot tune sagese de Vaction :« Reser dens eprint give, apse, agisez!= Vous expliquer le malentends avec les médias qui vous présentent souvent tort comme ‘le philonophe du bonheur » Pourtant, neste pas une bonne cé denteée pour initer le grand public Ala philosophic ct la woie de a sagesse? Le ‘monde nlraeil pas mieux si lex gens comprenaient que « le ombeur, cst quand om res pas ‘matherrens > €.que «la sages, Cent le hombewr dans la virté»? Vous aver dit sent: La notion de bonheur ext une «ck dente» pari daucres, pour accéder a philosophic. Ex ext aus de Favis te presque tous lex philosophes (et Freud, sur ce point, leur donne ri- son), le bur que chacun pours, Mais ce alese qulune vole daccés, non la seule nl woujours la. plas thaue. Je Tai dit souvent : le bon- hour est le but de la philosophic, ‘mais let passa norme. La norme de ka philosophic, comme de route pena digne de ce nom, c'est la v= Fee au moins possible. Ce alest pas parce qulune idée me rend hewrews ‘que je dois Ia penser; cst parce aquielle me paraitvaie. Mieux vaut tine vrale trtese quiune fausse joie. La philoophie res ai un an- talgique ni un euphorisan. (Ce lest pas une raison pour renone cee au bonheus, bien au contre ‘ais pas non plus pour confondre la philosophie ee développement personnel » qui voudraic nous fire sxtcindrele bonheur parle pluscourt chemin, Bre, le philosophe cherche Te bonheur, comme alimpore qu, mais ce gut le deine comme phil sophe, cet qui cherche dabord et plus encore la véit, Cala de, vous aver tation + celui qui comprend, au moins imelletullement, ce que sont en vétité le bonheur et las ese il aura davancage de chance de les atteinde ou de sen approcher ! Erle monde iri sans doute moins ‘mal, si nous ions plus nombreux le comprendre... Il age de penser micux, pour vivre mieux. Cesons ater ke bonheur pour demain “Apprenons Ae vive aujour hui! ‘Vous dites que « a philoophie ext wn trav la sages, wn repos» Asprer-vous aaprés ces 40 années dédies la Philosophie, prendre du repos En partic, oul J'ai publié un pew plus de 7 000 pages (en ne comp- tant que le ves, done en aissant dle dtd les articles non rasemblés en recuel). I ny aurait guére de sens mulilicr indéfiniment les publications Jéeieal sans doute ‘encore. Mais ia vie miinéresse da vvanage que les lives, ‘Vous pratiques quotidiennement tune forme de méditation appeléc ran », Penscz-vous que tout le monde devrait apprendre sméditer? Etsi ou, pour quels « Lavie m’intéresse da- vantage que les livres. » (André Comte-Sponville) béndtices? Qu’apporte-eelle au philosophe que vous étes? ‘Oui, je pratique eégulizement la < méditation asi, silenciewe et same objet». C'est un autre rapport A Teintence, nom plus théorique ‘mais pratique, non plus intllecrae ‘ait indisociablement corpore ct piitel. Cela wide ~ comme Ja philosophic, mais par une tout autre voie - 3 y voir un pou plus hie sue molsméme et sur la vie Medite, cest re atten & ce qul ‘xa présent qui pase t demeute (Cert comme une douche de silence «qvion prendeai chaque matin. N Nese ten de prsiquer ce ype Vevercice. Mais ime semblerai dommage de passer 3 cbeé ‘Vous définisses votre travail plus comme une « philasophie (du rel» que comme une ‘ philcophie dren, La veaie agente ex-elle de comprendre ‘que la vie n'a pas de sens sauf si ‘lle cst vécue dans le réel? La vmaie sages, Cesc de vivre, le plus qulon peu, dans a vére, done dans le eél pte que dans Tima ginaire. Or il ya bien du sens dans foe vie (puique nous parlons, Plaque nove agisons). Mais la vie lleméme rest pas un dicours, (qui faudrait comprendte, i un ymprdme, quil faudrait iwerpeé- tee Elle est « elleméme dso atv de », comme diait Montaigne. 1 agit moins ll towver un sens (que pouceit-lle signifier?) que de Tap- précier 3 sa juste valeur, autrement dit de 'aimer < Pour moi, donc. faime le vie», lsat Montaigne... Ces la sagese vale : non Tamour du bonbeut, rnéme Tamour de la sages, mais amour de a vey ewreuse ow mal- Iheureuse, sage ou pas, et aucune vie bien air afestheuteuse ou sage dans son ener. C'est pourguol la philo- sophie ox wooo tome oF Sion caeignaitbeaacoup pls tt ‘loupluslongeempslphiloophic cole, qucls bende poutions nous en attendre pour Ia socked route entre? IL me semble surout imporcant de enseigner plus Jongiemps. Il n'est pas normal que de Fuuns médecine, cde futur ingénieusou de futurs ma istratsalaent pas de cours de phi- Towophie- Quant aux binéices& en amtende, ls sone indivduels avane eee sociaux. Mal es indivis progresent, ln société progresera Galement. La philosophie lest pas ‘ne panacés, gui permet dee soudre tous les problimes. Mais elle ade & les poser mieus, plus lucie rent, pls inelgemment, et €est ji beiscoup! Ml Propos reels par Valérie Loti, Som site ofcel: plcomte- ‘ponvil monitearange fl ‘pres sie mols aecnange ‘piste, cette i conversation amicae entre ‘deux philosophies about un be tice et dense La forme de Fenretiena permis une ‘grande ibere dans le Watemont e questions sériuses:ne ren sacfer quant au fond, out en sdonnant aux propos le ythme ‘vant du slog. Depuis presque _quarente ans, rte Comte Spon- vile n'a eu de cess ¢opprofondr a pensée, ou pt del dormer forme, comme ne germiation. ‘Cequifut bord une intuition de jeunesse trouver avecetemps, [aie les rencontes et es lectures es expressions plus laborées du pointe we de a théorie. Mas essen eaten place ses ‘commencement, En reétracant avec ‘sic son parcours, personnel et roessionel, André Comte Spon- ‘le nous racante sa ie, dco laphiosoptie. «Crest chose tndre que ave» ‘André Come Spore Etre. tien ove Frangats Uwonnet. Albin Miche, 584 poges, 24 €. 59 @ Philosophie de vie HMSO Le gout de vivre! philosophie ne guérit pas mais elle peut rendre heureux. Ele m’a donné le gout de vivre » assure André Comte-Sponville. Le philosophe prouve au travers d'une ceuvre dense et riche que « plaisir de comprendre > } i et « désir de vivre » peuvent se transmettre. Sélection de nos huit livres prétérés, @ Présentations M Le bonheur, désespérément de la philosophie (4. 84, 2003) (Poche, 2002) sc avvestce que Pris bonheur, dans la vent alte foe ci Woody Alen dt peut ide de la pensée des autres y ommes sepa ‘grands philosophies ont vou ent pa depuis Ant lair les grandes question eal ou conta de ne vive pour de bon, a he de eu espéter vivre thames étern Cesta que fen et a morale contre les legos Epicure, des stoicens, amour et met Inconnets- | Sino2a, ou, en Oren, de Boul fectlasayesse., | de Bonheur qu’ proportion du de serons capable de traverse. La MW LEsprit de l'athéisme : Introduction a une spiritualité sans Dieu (Poche, 2008) Peut.on se passer de el gion ? Dieu existe-ti? Les de questions décisivese Diei «choc des civilisations » ‘André Comte Sponviley se d'un grand plo phiques dans leur | sophe mas aussi dun «honnéte homme», on des esi, lurs comer te I et des hanes crisalises par certains mye ons, nous | Pout lu la pital est trop fondamertale pout Inve a comtinuer ensuite qu'on abardonne aux intégstes de tous bords. eiplrdion par nous meine le méme que la lait est trop précieuse pour éire nous proposant un guide onfsquée par ls atieigeu es plus rénétiques, Ne des ceuvees et des Aussi est urgent de cetrower une spiritual a utes essentiels de aphlor ICU, Sans dogmes, sans Egse, qui nous prému tale, rise autant du fanatsme que du iiisme ANDRE COMTE-SPONVILLE UAMOUR LA SOLITUDE Ml Le Goiit de vivre et cent autres propos (Poche, 2012) Philosopher pour tous, sans préparation, sans pécaution, et dans la langue commune: el at le pan Aan, dans ses cBlabres ropos. Te est cel d/ndré Comte Sponvite, dans les siens. La philosophic, pour ll este contrae dune tour rove; ele nexiste que dans le monde, que dons 1 Dictionnaire philosophique (PUF, 2013) Pour Andté Comte-Sponvile:« Philosophie a son vocabulire propre certains mots gui ‘oppartiennentqu'd socite etdautant mieux qu'elle ne cesse de ¥y confront. crite dans le jouraue, est penser dans la icorvient, et pour elle. Ces 101 propos, le plus souvent inspires pa Factual, constituent la plus wane des nod @ Lamour, la solitude (Poche, 2004) {Lamour la sexual, le désespoit, la solitude, la sagesse.. Pour André Comite Sponvile, a phiosophie n'a stimérét que si ele reste au contac de a we vécue, de experience ‘uotidienne, quale nous aide & cater ot 8 pprfondi, Dans cos entretions avec une romance un podte et un jeune phitosophe, aborde en toute bets les grands themes qui charpentent son couwe, snésitant pas 8 dévoler son parcours personnel pour mantrer ‘comment une exstonce pout ‘uminée parla pensée des grands ‘auteurs. Etcest fnalement une in le de sagesse et de citoyenneté vation & part nous-mémes leur fenconte, de acon ba fos ime et Hore, qu nous est faite dans ce petite, depuis logterips deve run bestseller. w Petit traité des grandes vertus (Poche, 2014) Miewx vaut enselgner les vertus que condamner les ves. La marale nest pas & pour nous culpabilser, mals pour aide cacun 8 tre son propre mitre, son unique juge. Dans quel but? Pou ddevenir plus humain, plus for, plus doux. Dela Poltesse d'Amour en passant parle Courage etl Tkérance, André Comte-Sponvil, en s'appuyant su los lus grands pilosophes, nous fait dScouvi dhl de ces vertus qui nous ‘manquent et nous élawent. A pravquer sans modération, Prix Lo Brayére de FAcadémie fancars, adult en vingt quatre le Pett waite des grandes vertu est un des plus grands succes philosophiques de ces der ribres décennes. tions 8 la pilosophie, meis aussi davantage: un le, foutres, nombreux, qu'elle G ‘emprunte au ngage ordinate, awquels celle donne un sens plus précis ou lus ‘rofend, Cela fat une parte de sa dificuté: Un jargon ? Seulement pour coux qu ne le comnaissent ‘as ou qui sen serent mal. Vottare, quem ‘mon tre, a su montrer que ks clon, contre a foie des hommes, ét ‘un ascours syn ‘ou abscons. Comment combate obscuronisme por Vobscunté ? La peur parle terrors 60, ‘poe snobisme ? Mieux vautscresser& ous, pour ‘alder chacun& penser. La phiosophien'opparb ‘personne. Quelle demande des effons, du travai, de lo réexon, est une évidence. Mais ele ne vou ‘que parle plaisir u’al offre: celui de penser mieux pou vive mieux C’est quoi ces 1654 defintions voudraient contbuer.» 1 Du tragique au matérialisme (PuF, 2015) Ancié Comte-Sponville le kl vingt-sic tudes distoire de ka philosophie, portant principalement surlestradions tragique et ma ‘érialiste, depuis Eccésiostejusqu'a Marcel Concho, on passant par Montaigne, Pascal, La Rochefoucauld, Spinoza, La Mette, Jear-Ma- rie Guyau, Nietzsche et Alsi. La pélace propose tune longue analyse de la notion de trogique, CCouteu y prend au sérieux ce que laitrstue eta vie nous apprennent : que le tragique aa vit avec le maneu, mais r6e| put que possible (par dé rence avec « suspense ») et nécessare putt que contingent par aitférence avec le drama). Une sagesse qu $2 sat insut fisante et satiate (ne sagesse tragique) vaut mieux, de ce point de vue (ue lasuftsance dune sagesse prétendument saifate, Cela améne & prendre quelque distance avec Epicure, Spinoza, Netasche et Marx. Et se trouver plus, proche de Lueréce, de Montaigne cu du dernier Athusser. Ei (oes a

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