« Lavraie sagesse, c’est de
vivre, le plus qu’on peut, dans
la vérité, donc dans le réel
plutét que dans I'imaginaire. »
(André Comte-Sponville)§ Philosophie de vie
« La philosophie
aide a vivre
mieux, plus
intensément, plus
lucidement, plus
heureusement
parfois. »
(André Comte-
| Blo Express
| André Comte Spomvite (63.0), 9
losaphe matrliste,rationaiste et
humanist st na Pars, en 1982,
‘clon ébve de Ecole Normale
Supérioure dete Ui, agree
de philosopie, docteur de rlseme
‘je, est uss Docteur Honoris
‘Causa de Uniersté de Mons Hal
au, en Belgique. ft longtemps
raite de conferences a Université
Pats Panthécn Sorbonne), dont
"isemitencongé (part de 1997)
puis demissionna fen 2003) pour
consacrer davantage de temps 8
"écrture et aux conferences qu
donne en Sehers de Universite
a puble une vingtaine de West
ls en 24 langues. est membre
‘du Comite Cnsutat National
‘Fethique depuis quatre ans.
Vous expliques que le« spleen
» déctit par Baudelaire, est
votre « limatimeéienr Ie plus
spontand»(«javais la sensibilté
riae tla pense joyeuse »)-
Laphilosophie vous a-telle
dé a combattre ou & enforcer
cette forme de mélancolie et de
ile?
Iya pas de raison pare sil n'y a
que Timpureté de vivre e de penser
‘Au dépare, jéais de vempérament
pluust) mélancolique et ane
Cest pourquoi jai tellement aime
la philosophic: elle me perms
desist 2m puleamee de perms
que javas en eff phic allage,
au service de ma fublesse de vive
Spinoza adi: combate la mélan
cole et ans important qulapaiser
Ia faim et la soi Done ou, Ia phi
losophie mia aidé 4 combattre ~ et
nom renforcer- ce
moi de triste ou d'angoise. Mais
0m w guiri dune névro, comme
Aisaic Saree, on nese guére pas de
10». Le fond de melancolic ext toe
jours Ih; mais) appr 8 Faccepter
ta la résister. Les deux vont en
« Philosopher, c'est
s’etforcer de penser sa vie
et de vivre sa pensée. »
(André Comte-Sponville)semble +i fue dabond aecepter ce
aqui es - done ausi Saccepter so
our avoir une chance de le tans
Former, au moins un peu.
Si votre suects et vel auprés du
public depuis toutes es années,
CCeatcertainement parce que
‘vous fates partie, image de
Montaigne, Descartes ou Pascal,
de cea « philesophics incarnés».
Bres-vous accord avec cette
analyse?
ui, tour Aft ! Pest ce que fap-
pelle « le smaditon francaise en pi
laephie » + une philosophic & la
premidre personne, qui tend moins
2 iaventer un systéme qua nourie
tune existence singulitre, « Cit mot
(que je pein », disse Montaigne.
Cela permet de sadreser au grand
public, comme Tone fie Mon
taigne, Descartes et Pascal, en se
donnant les moyens de sien faire
comprendre. Es cela suppose quion
reonclie lx philosopie ex fa c-
séeature. En France, la phupart de
ros grands philosophes sont aus
de grands érivains. C'est avec eet
traditions que jai esaye de re-
Plus votre succes et votre
notorieté ont grandi aupeés du
grand public, plus vous aver éé
‘itique. On vous reprochait
de philosopher AFancienne, de
fagon classique, voirearchaique,
ctméme d'éire un «intllectuel
smédiatique ». Pourtant, ne
penser-vous par que “est grace
A votre ceuvre, quia permis
‘now seulement de enower avec
la tradition philosophique
mais aussi de lui apporter
tune reconstruction, que les
Frangais se yont mis & Yincéreser
beaucoup plus la philosophic?
Le suces sucte toujours des alow
sie, des agacements des atagucs
(Ceres pas bien grave ! Au demas
rant, il est yal que j'ai résolument
smtrepris de philosopher « a Tan-
sleane », non pour enfermer dans
le passé, mais pour échapper aux
impasses de la postmodern. Les
auteurs des années 1970, méme ts
tenes (Focal, Dele, Der
‘ida, Akdhoer.), me semblaent
Signer dece qui ot mts your
Teenie dela pileeophie, er ovin-
ceesaient mi que es Anciens
tex Cs Se dont choi de
plilipher sur paps
Que xmas eps pers, Mon
tigre, Pal, Spnasa Diderot...
de preemie or i, plu
auc x anroe les A a mode
“ane leu ole pa comnibuer
2 recon grand publi avec la
philosophie!
(Quant au reproche dere un « phi-
uophe médiatique », jy voix un
faux procs 1 miarrve quelques
de passer la eévsion. Pourquoi
nom? Socratephilosophsit sur 'go-
1a (la place publique), et agora au
jourd hui, sone mocamment les
rédias, Mais en rs pas des livres
pour paser la évsion. Je pate
la eclévision, lonqulon me propose
tune émison acceptable, pour que
mes lives solent lus, y compris par
este gu em connate psc
On vous reconnaic souvent la
qualité de « pasenr », parce que
vos omvrages sont pédagogiques
ct permettentd'initier le quidam
‘la philosophic. Mais vous dites
sussi que #adreter au grand
publi, ce nen par forcement
‘ulgarser >.
Oui, méme ceux qui ne maiment
pat me reconnaissent ce talent de
pédagogue, mais souvent pour me
repracher de sige qu'un vulga-
slateur.. I me seimble que cest
faire un contreens sur 1a phil
sophie, On parle juste titre de
vlgarisation dans les science +i
agit alors de-aire comprendre
un certain nombre de résultats en
faisant Péconomic des démonstra-
tons. Mais en philosophic, il aly a
pas de démonsiation absolument
probante, i de résultats qui fassent
objet d'un consensus... Cx pour-
quoi je prifée parler dination
aque de vulgatsation. Crest ce que
jai Ge das certains de mes lives,
‘comme mes Prtemtations de Le phi
laophie (reprises dans Le plas de
penser) ou le « Que sainje ? que
«La philosophie m’a aidé
a combattre- et non a
renforcer- ce qu'il y avait
‘enmoi de tristesse ou
dangoisse. »
(André Comte-Sponvitle)
les PUF font demandé. Mais ce
west pas Fessendal de mon travail
‘Arrtons de parler de vulgaisation
ds quéun philorophe sexprime
clairement ! Montaigne, Descarves
fou Pascal fadresient au grand
public. Qui oseit dite que ce sont
des vulgrisaccurs ? Au fond, jai
‘oul renouer avecce que Niewsche
appelait «la belle clare ances»
4! oppomit volontiers 3 ce qu
yadobscur ou de jrgonnant chez
tant de philosophes allemand, Cela
tne edge len au genie d'un Kant
cou d'un Hegel. Mas je suis comme
Nietzsche : Montagne ou Pascal me
touche et mv ebairent davancage !
Comment défnitier-vous« une
‘philesophie pour mosre temps
‘qui «corresponde ans possbilités
‘et auc besoin de notre dpogue »
En quoi elle diferente de celle
des anciens?
‘Toute philosophic est file de son
emps, I n'y auait aucun sens a
jourdhui, 2 ete aristtdicen ou
(picurien, ni mime cartéien ou
spinoniste. Nor sciences ont conn
des bouleversements spectaculaires.
[Nos société aus. Une philosophie
{qu correspond aux beroins de notre
époque, c'est une philosophic qui
€ confiomte & ce que lex sciences
fous apprennent, sur a narure et
sur Thomme, mais aus la moo:
diaisation, au décin des wtopic,
aux dangers écologiques qui nous
‘menacent, au pil udéaire
dividualsme démocratique. ce
‘quan a appelé a tore ot 3 rison,
le « chow des civilisations»... Cela
slemptehe pas de lire les Anciens,
bien au contaite, mas dissuade d'y
chercher de rponses toutes tes
Vous vous dcfininser comme
materialise (comme Epicure).
rationalite (comme Spinoza) et
Iumaniste (comme Moniaigne) »
Pouvez-wous nous expliquer
ardente nécesiéimtéicure qui
‘vous aconduie sur ce chemin de
pensée?
(Ce som deux questions différentes
Ge qui conduie sur le chemin de ls
pense, c'est d'or le plaisir qu'on
¥ trouve, autant pls vif quill
faffinte la difculé de vive. A
‘chacun, ensuite, de chercher son
chemin». Le mien, en fet, et ma
tdralive, rationalise et humanist
Je suis convainea que tout ce qui
cae est mati on produit de la
matiée, que Tlirationnel existe
pas (ce qui sufi & le distinguer
ddu déraionnable, qui existe que
trop), et que Vhumanicé nese pas
seulement une espe animale mais
aussi une valeur. Cela dit, daees
philosophes proposront’ autres
vies... C'est bien ainsi. La phil
sophie west par une xience, Les dé
seconds fot partie de son essence
parce que les philosophes ne
sont pas accord entre eux que
chacun doit philosopher pour hi
Vous révéles.que vous dries
chrétien& votre adolescence et
‘que vous dts deren un athée
radical. Expliques-nous.
(Oui, fal ecé chréten durant coure
mon enfance et mon adolescence,
Aujoundhu, je me definis comme
auhée non dogmatique et fide
[Ate parce que ene cois en aucun
Dieu. Non dogmatiqus, parce que
je teconnais que mon athéinne next,
‘Auteur de tes nombreux ouwages,
notamment publié cher Alin
(2000),
+ Le coptolisme est moral ?(2008)
+ Lesprit de thse ftvodction
‘une spite sons Die) (2006)
+ Le gout de ware et cent autres
‘ropes (2010)
+ te sexe fa mort ros essos sur
amour et sexvoit) (2012).
7@ Philosophie de vie
« Lessentiel en I’homme n’est pas conscient
pourtant la conscience qu'il
(André Comte-Sponville)
ps un savoir: je ne sais pas si Diew
existe ou non (pesonne ne le sat)
mais je cols quil nfexe pas. Ce
tion, que je ne prétendsimposer
personne. Enfin fiddle, parce qu,
tour athée que je soi, je reste atta
ché Aun cerain nombre de valeurs
morales qui sone nées, pour beat
coup dente eles, dans les grandes
tdigions, cx spécalement parce que
est mon histoire, dans ls tradition
judéo-chrtienne. Ce nest pas parce
(que je suis athée que je vas eracher
sur vingc-cing sicles de civilisation
judéo-cheétienne, ni reise de voir
la grandes, au moins morale et hu
maine, du message des Evangiles!
Vous dstinguet la connaissance
de a vérté (e sonte connaisnance
xt relative, historique, partele
a vévté est absolue, éternelle
infinie»). Que doit-on enseigner
nos enfants, la recherche de la
connaissance, de a vrité ou les
deux? Et pourquoi ?
Les deux wot indisocables ! Nous
savane aucun accis abso 3 Pabeo
A
{faut développer. »
lu, La seule fagon de chercher la vé
tg, ened appeendee la connate,
‘ay moins en parte. Dela Phumilie
de nos scientifiques: is svent bien
que toute connaissance ext particle
relative, peovisoire, qilaucune w/at-
teindra jamais Ie virté absolue
‘Mais leur humilie va de pir avec
leur confance : ls savent que lex
sciences progressen, de figon iré
serble, et que a connalsance vaut
mieux que Fignorance ou la supers-
Vous drives que « les tis
grands philosopher ne sont pas si
nombrens qu'on le eroit- guire
plus d'une dewcaine» et vous
‘ites prioritairement « Platon,
Avistote, Deseartes, Spina,
Leibniz, Kant, Hegel...» Powves
vous nous dre pourquoi en une
pheate pour chacua ?
En une phrase, non je ne peux pas
1 faut kes lr... Mais ce sone ceux
qui me donnent le plus clarement
Vimprestion du génie, aucrement
dic d'une puissance de penser sans
(Gale. Ise trouve que, de ces sep,
es Spinora dont je me sense plos
proche. Mais fadmire rour aurane
Arisore, Descartes ou Leibnia, Ne
confondons pes aditation et de
hésion 11 yaurat quelque petiresse
A sladmirer que les philosophes
dont on partige lex orientations
Prenons. ls Méditutions métapl
siquer de Descartes ou le Disours
de métaphyique de Leibniz: je ne
suis d'scord avce aucune de thises
principales qui y sont énoncées
ral je wen suis pas moins cone
cu que ce sont deux des plus beaux
lives de philosophic jamais crits
Vous aver &é marsiste pendant
dix ans. Vous vous ddinssez
‘aujourdhui comme libéral
de gauche, Peut-on encore
fapete-vous diriger le monde
sans une politique lbérale?
Avex-vous peur de la montée des
idées dextréme-droite Ex que
pensco-vous de la ase politique
francaise actuelle en tant que
sduoyen?
1 apie moins de philosophic, ic
que opinions. Je suis de gauche
parce que je pense que la politique
ddoie se metre au service de plus
fables, done notamment des plas
pauses. Er lbérl, parce que pe
fre albert a concraince (méme
silesdeux sont bien sie nécensire)
(Cee pourquol je me bats aus bien
contre es noralgquss d une écono
mie éatnde que conte les ukralibé-
sux. On a ini par comprendre, y
compris & gauche, que VEratréait
pas tts bon pour créer de lat:
ches : Le marché et les entreprises
Te fone plus e mews. I sea temps
de comprendee, y compas & dei,
aque le marché et les entreprises ne
sont pas ts bone pour créer de
Ta justice + see les Feats ont
chance dy parvenit. Au fond, cst
le modal socabdémocrate : comp
ter sur le marché pour exéer de la
richewe (Cet la seule fagon de faire
reauler la pauveté), et sur TE
pour créer de la justice, done asi
pour compensr - parla redsebu
‘ion les injustices du marche,
Q
doit, ou, bien sti, cela minguiée.
‘Comme niinguige ediscréit dans
lege! sit souls wos horamespo-
3 le montée de Texteéme
Tiigues. Is ont eertes tne pare de
responsabilc, Masi faut eappeler
quien démacratic, om ales dirigeans
‘quon mitt, fe me mie de be d&-
isin générale, su Tai du «tons
‘pouris ». On ne parviendra pas &
‘habit la politique, comme cest
ddevenu urgent en crachant perpé
tellement sur ceux qui la font
On woos sent partagé sur la
pychanalyse. Pourtan, vous
crivez ne pas regreter avoir
entrepeia une peychaaalyee
pendant deux ans. Cette
‘expérience atelle nourri d'une
‘certaine maniére le philosophe
‘que vous des devens ou.
seulement Fhomme en soulfrance
de 'époque?
aime beaucoup Freud. Be je sais
parfois agacé par les paychanalstes,
(Ce nest pas contradictore ! Quant
ma propre cure, j'ai enteprise
vers a quaranaine ma philosophic
Gait deja constiuée. Mais mon
capésience sur le divan ne ma pas
seulement aidéy voir pls lair sur
smoisméme, Elle m'a aus confrmé
ddans ceraines de mes Idées : que
Feasentid en homme sles pas
conscent + t que cese pourant [a
conscience quil faut développes,‘Dans ma rerminologi, eda: pe
‘mat de Vinconscent: primauté de
Ia comeience. Vinconscent, objec-
tivement, et plus important. Mais
Ia conscience, subjectivement, ext
tune valeur pis haute {me sermble
‘que Freud, sur exs deux poims,se-
tale d accord.
(On apprend dans vou live que
Prajndmpad ext votre sens « le
plus grand maitre spiritual dae
AX sidle». Vous dies quil est
bien plus qu'un philosophe, un
sage. Expliquer-nows.
Seami Prajndnpad, qui yéeuc au XX°
sifcle, fir, en Inde, Lun des. pre-
mies lecteur de Freud. 12 inventé,
entre psychanalyse & Vedanta, un
nouveau. syle de prychothérapie
(es « Sing»), qui est aussi une
‘oie spirtuell, De quot agit?
Diapprendre 3 se connaite, donc
notamment dexplorer son propre
fnconseient, né de lenfance, mais
suse apprendre 4 accepter ce qui
ct, pour le transformer. Se libérer
du pass, pour saffranchir de Les
pir de ba crainte. Prajntapad
rows apprend A vivre au présnt.
ts fe moins aux concepts qu’
pratique. C'esten quoi cst un sige,
en fet, plus qu'un philosophe,
ct un maitre spistuel plus qu'un
‘malee & pense, Mais sa sages ot
tune sagese de Vaction :« Reser dens
eprint give, apse, agisez!=
Vous expliquer le malentends
avec les médias qui vous
présentent souvent tort comme
‘le philonophe du bonheur »
Pourtant, neste pas une
bonne cé denteée pour initer
le grand public Ala philosophic
ct la woie de a sagesse? Le
‘monde nlraeil pas mieux si
lex gens comprenaient que « le
ombeur, cst quand om res pas
‘matherrens > €.que «la sages,
Cent le hombewr dans la virté»?
Vous aver dit sent: La notion
de bonheur ext une «ck dente»
pari daucres, pour accéder a
philosophic. Ex ext aus de Favis
te presque tous lex philosophes (et
Freud, sur ce point, leur donne ri-
son), le bur que chacun pours,
Mais ce alese qulune vole daccés,
non la seule nl woujours la. plas
thaue. Je Tai dit souvent : le bon-
hour est le but de la philosophic,
‘mais let passa norme. La norme
de ka philosophic, comme de route
pena digne de ce nom, c'est la v=
Fee au moins possible. Ce alest pas
parce qulune idée me rend hewrews
‘que je dois Ia penser; cst parce
aquielle me paraitvaie. Mieux vaut
tine vrale trtese quiune fausse
joie. La philoophie res ai un an-
talgique ni un euphorisan.
(Ce lest pas une raison pour renone
cee au bonheus, bien au contre
‘ais pas non plus pour confondre
la philosophie ee développement
personnel » qui voudraic nous fire
sxtcindrele bonheur parle pluscourt
chemin, Bre, le philosophe cherche
Te bonheur, comme alimpore qu,
mais ce gut le deine comme phil
sophe, cet qui cherche dabord et
plus encore la véit, Cala de, vous
aver tation + celui qui comprend,
au moins imelletullement, ce que
sont en vétité le bonheur et las
ese il aura davancage de chance de
les atteinde ou de sen approcher !
Erle monde iri sans doute moins
‘mal, si nous ions plus nombreux
le comprendre... Il age de penser
micux, pour vivre mieux. Cesons
ater ke bonheur pour demain
“Apprenons Ae vive aujour hui!
‘Vous dites que « a philoophie
ext wn trav la sages, wn
repos» Asprer-vous
aaprés ces 40 années dédies la
Philosophie, prendre du repos
En partic, oul J'ai publié un pew
plus de 7 000 pages (en ne comp-
tant que le ves, done en aissant
dle dtd les articles non rasemblés
en recuel). I ny aurait guére de
sens mulilicr indéfiniment les
publications Jéeieal sans doute
‘encore. Mais ia vie miinéresse da
vvanage que les lives,
‘Vous pratiques quotidiennement
tune forme de méditation appeléc
ran », Penscz-vous que tout
le monde devrait apprendre
sméditer? Etsi ou, pour quels
« Lavie m’intéresse da-
vantage que les livres. »
(André Comte-Sponville)
béndtices? Qu’apporte-eelle au
philosophe que vous étes?
‘Oui, je pratique eégulizement la
< méditation asi, silenciewe et
same objet». C'est un autre rapport
A Teintence, nom plus théorique
‘mais pratique, non plus intllecrae
‘ait indisociablement corpore
ct piitel. Cela wide ~ comme
Ja philosophic, mais par une tout
autre voie - 3 y voir un pou plus
hie sue molsméme et sur la vie
Medite, cest re atten & ce qul
‘xa présent qui pase t demeute
(Cert comme une douche de silence
«qvion prendeai chaque matin. N
Nese ten de prsiquer ce ype
Vevercice. Mais ime semblerai
dommage de passer 3 cbeé
‘Vous définisses votre travail
plus comme une « philasophie
(du rel» que comme une
‘ philcophie dren, La veaie
agente ex-elle de comprendre
‘que la vie n'a pas de sens sauf si
‘lle cst vécue dans le réel?
La vmaie sages, Cesc de vivre, le
plus qulon peu, dans a vére, done
dans le eél pte que dans Tima
ginaire. Or il ya bien du sens dans
foe vie (puique nous parlons,
Plaque nove agisons). Mais la vie
lleméme rest pas un dicours,
(qui faudrait comprendte, i un
ymprdme, quil faudrait iwerpeé-
tee Elle est « elleméme dso atv
de », comme diait Montaigne. 1
agit moins ll towver un sens (que
pouceit-lle signifier?) que de Tap-
précier 3 sa juste valeur, autrement
dit de 'aimer
< Pour moi, donc. faime le vie»,
lsat Montaigne... Ces la sagese
vale : non Tamour du bonbeut,
rnéme Tamour de la sages, mais
amour de a vey ewreuse ow mal-
Iheureuse, sage ou pas, et aucune vie
bien air afestheuteuse ou sage dans
son ener. C'est pourguol la philo-
sophie ox wooo tome oF
Sion caeignaitbeaacoup pls tt
‘loupluslongeempslphiloophic
cole, qucls bende poutions
nous en attendre pour Ia socked
route entre?
IL me semble surout imporcant de
enseigner plus Jongiemps. Il n'est
pas normal que de Fuuns médecine,
cde futur ingénieusou de futurs ma
istratsalaent pas de cours de phi-
Towophie- Quant aux binéices& en
amtende, ls sone indivduels avane
eee sociaux. Mal es indivis
progresent, ln société progresera
Galement. La philosophie lest pas
‘ne panacés, gui permet dee
soudre tous les problimes. Mais elle
ade & les poser mieus, plus lucie
rent, pls inelgemment, et €est
ji beiscoup! Ml
Propos reels
par Valérie Loti,
Som site ofcel: plcomte-
‘ponvil monitearange fl
‘pres sie mols
aecnange
‘piste, cette
i conversation
amicae entre
‘deux philosophies
about un be
tice et dense La
forme de Fenretiena permis une
‘grande ibere dans le Watemont
e questions sériuses:ne ren
sacfer quant au fond, out en
sdonnant aux propos le ythme
‘vant du slog. Depuis presque
_quarente ans, rte Comte Spon-
vile n'a eu de cess ¢opprofondr
a pensée, ou pt del dormer
forme, comme ne germiation.
‘Cequifut bord une intuition de
jeunesse trouver avecetemps,
[aie les rencontes et es lectures
es expressions plus laborées du
pointe we de a théorie. Mas
essen eaten place ses
‘commencement, En reétracant avec
‘sic son parcours, personnel et
roessionel, André Comte Spon-
‘le nous racante sa ie, dco
laphiosoptie.
«Crest chose tndre que ave»
‘André Come Spore Etre.
tien ove Frangats Uwonnet.
Albin Miche, 584 poges, 24 €.
59@ Philosophie de vie
HMSO Le gout de vivre!
philosophie ne guérit pas mais elle peut rendre heureux. Ele m’a donné le gout de vivre » assure André
Comte-Sponville. Le philosophe prouve au travers d'une ceuvre dense et riche que « plaisir de comprendre >
}
i
et « désir de vivre » peuvent se transmettre. Sélection de nos huit livres prétérés,
@ Présentations M Le bonheur, désespérément
de la philosophie (4. 84, 2003)
(Poche, 2002) sc avvestce que
Pris
bonheur, dans la vent alte foe ci
Woody Alen dt peut
ide de la pensée des autres
y ommes sepa
‘grands philosophies
ont vou ent pa
depuis Ant
lair les grandes question
eal ou conta de
ne vive pour de bon, a
he de eu espéter vivre
thames étern Cesta que fen
et a morale contre les legos Epicure, des stoicens,
amour et met Inconnets- | Sino2a, ou, en Oren, de Boul
fectlasayesse., | de Bonheur qu’ proportion du de
serons capable de traverse. La
MW LEsprit de l'athéisme :
Introduction a une spiritualité
sans Dieu (Poche, 2008)
Peut.on se passer de el
gion ? Dieu existe-ti? Les
de questions décisivese
Diei «choc des civilisations »
‘André Comte Sponviley
se d'un grand plo
phiques dans leur | sophe mas aussi dun «honnéte homme», on des
esi, lurs comer te I et des hanes crisalises par certains
mye ons, nous | Pout lu la pital est trop fondamertale pout
Inve a comtinuer ensuite qu'on abardonne aux intégstes de tous bords.
eiplrdion par nous meine le méme que la lait est trop précieuse pour éire
nous proposant un guide onfsquée par ls atieigeu es plus rénétiques,
Ne des ceuvees et des Aussi est urgent de cetrower une spiritual a
utes essentiels de aphlor ICU, Sans dogmes, sans Egse, qui nous prému
tale, rise autant du fanatsme que du iiismeANDRE
COMTE-SPONVILLE
UAMOUR LA SOLITUDE
Ml Le Goiit de vivre et cent
autres propos (Poche, 2012)
Philosopher pour tous, sans préparation, sans
pécaution, et dans la langue commune: el at
le pan Aan, dans ses cBlabres ropos. Te est
cel d/ndré Comte Sponvite, dans les siens. La
philosophic, pour ll este contrae dune tour
rove; ele nexiste que dans le monde, que dons
1 Dictionnaire philosophique
(PUF, 2013)
Pour Andté
Comte-Sponvile:«
Philosophie a son
vocabulire propre
certains mots gui
‘oppartiennentqu'd
socite
etdautant
mieux qu'elle
ne cesse de
¥y confront.
crite dans le
jouraue, est
penser dans la
icorvient, et
pour elle. Ces
101 propos, le
plus souvent
inspires pa
Factual,
constituent la
plus wane
des nod
@ Lamour, la solitude
(Poche, 2004)
{Lamour la sexual, le désespoit,
la solitude, la sagesse.. Pour André
Comite Sponvile, a phiosophie n'a
stimérét que si ele reste au contac
de a we vécue, de experience
‘uotidienne, quale nous aide &
cater ot 8 pprfondi, Dans cos
entretions avec une romance
un podte et un jeune phitosophe,
aborde en toute bets les grands
themes qui charpentent son couwe,
snésitant pas 8 dévoler son
parcours personnel pour mantrer
‘comment une exstonce pout
‘uminée parla pensée des grands
‘auteurs. Etcest fnalement une in
le de sagesse et de citoyenneté
vation & part nous-mémes leur
fenconte, de acon ba fos ime
et Hore, qu nous est faite dans ce
petite, depuis logterips deve
run bestseller.
w Petit traité
des grandes vertus
(Poche, 2014)
Miewx vaut enselgner les vertus que
condamner les ves. La marale nest pas & pour nous culpabilser, mals pour
aide cacun 8 tre son propre mitre, son unique juge. Dans quel but? Pou
ddevenir plus humain, plus for, plus doux. Dela Poltesse d'Amour en passant
parle Courage etl Tkérance, André Comte-Sponvil, en s'appuyant su los
lus grands pilosophes, nous fait dScouvi dhl de ces vertus qui nous
‘manquent et nous élawent. A pravquer sans modération, Prix Lo Brayére
de FAcadémie fancars, adult en vingt quatre le Pett waite des
grandes vertu est un des plus grands succes philosophiques de ces der
ribres décennes.
tions 8 la pilosophie, meis aussi davantage: un
le, foutres,
nombreux, qu'elle
G ‘emprunte au ngage
ordinate, awquels
celle donne un sens
plus précis ou lus
‘rofend, Cela fat une parte de sa dificuté: Un
jargon ? Seulement pour coux qu ne le comnaissent
‘as ou qui sen serent mal. Vottare, quem
‘mon tre, a su montrer que ks clon, contre a foie
des hommes, ét ‘un ascours syn
‘ou abscons. Comment combate obscuronisme por
Vobscunté ? La peur parle terrors 60,
‘poe snobisme ? Mieux vautscresser& ous, pour
‘alder chacun& penser. La phiosophien'opparb
‘personne. Quelle demande des effons, du travai,
de lo réexon, est une évidence. Mais ele ne vou
‘que parle plaisir u’al offre: celui de penser mieux
pou vive mieux C’est quoi ces 1654 defintions
voudraient contbuer.»
1 Du tragique au matérialisme (PuF, 2015)
Ancié Comte-Sponville le kl vingt-sic tudes distoire de ka
philosophie, portant principalement surlestradions tragique et ma
‘érialiste, depuis Eccésiostejusqu'a Marcel Concho, on passant par
Montaigne, Pascal, La Rochefoucauld, Spinoza, La Mette, Jear-Ma-
rie Guyau, Nietzsche et
Alsi. La pélace propose
tune longue analyse de
la notion de trogique,
CCouteu y prend au sérieux
ce que laitrstue eta
vie nous apprennent : que
le tragique aa vit avec le
maneu, mais r6e| put
que possible (par dé
rence avec « suspense »)
et nécessare putt que
contingent par aitférence
avec le drama). Une
sagesse qu $2 sat insut
fisante et satiate (ne
sagesse tragique) vaut
mieux, de ce point de vue
(ue lasuftsance dune
sagesse prétendument saifate, Cela améne & prendre quelque
distance avec Epicure, Spinoza, Netasche et Marx. Et se trouver plus,
proche de Lueréce, de Montaigne cu du dernier Athusser.
Ei
(oes
a