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CHAPITRE PREMIER LES NOMS DE DIEU On compte généralement, avec saint Jérdme, dix noms de Dieu dans la langue hébraique, et ces dix noms donnent les idées les plus belles, les plus élevées. C’est d’abord le mot 5x el, trés-usité surtout en poésie, ot on le trouve seul, tandis qu’en prose il est toujours joint 4 un autre mot ou a un des noms de Dieu que nous allons étudier. C'est de ce mot que vient le verbe MX adorer Dieu, invoquer Dieu ; c’est aussi de la méme racine ou source primitive que dérive le nom de Dieu 75x Allah. On n’est pas d’accord sur l’origine de ce nom. Il est fort vraisem- blable que c’est 14 un mot tout-a-fait primitif, indiquant le pronom démonstratif de la troisiéme persorne et signifiant Lui. Rien de plus grand que cetle maniére de désigner Celui que toute créature doit connallre et adorer comme son Pére. Nous trouvons trés-souvent le nom de Dieu El ou 5x dans les noms propres ou il entre comme élément principal. C’est d’aprés ce systtme que sont formés les noms suivants et autres analogues : Azael, force de Dieu ; Abiel, mon pére c'est Dieu ; Ariel, ma lumiére c'est Dieu; Bethel, maison de Dieu ; Asael, ouvrage de Dieu ; Bathuel, fille de Dieu ; Gabriel, vigueur de Dieu ; homme et Dieu ; Gamaliel, récompense de Dieu ; Daniel, jugement de Dieu; Elimelech, mon roi c'est Dieu ; Eliezer, mon secours c’est Dieu ; Eliacim, mon Dieu est ressuscité ; Elias ou helias, feu de Dieu; Eliu ou heliu, ‘mon Dieu c'est Lui ; Israel, homme voyant Dieu ; Michael, qui est semblable a Dieu? Misael, miséricorde de Dieu ; Phanuel, rédemption de Dieu ; Raguel, pdturage de Diew; Raphael, guérison de Dieu ; Rachel, brebis de Dieu; Samuel, qui écoute Dieu ; Etc., etc. Nous avons ensuile le mot Mx, incomparablement moins usité que son pluriel cndx Elohim, prononcé par Origéne Edwey, par saint Jéréme Eloim, et continuellement écrit sous cette forme mands, abrégé évident de I’autre, dont le 1 se retrouve du reste dans le point dont est affecté le 7. Ce mot vient trés-probablement de la racine aujourd'hui inusitée x ou Sx, qui signifie rouler, enroulement, et qui a par suite désigné le béher, le cerf, l’antmal aux cornes puis- santes et contournées, et en méme temps Ia force, dont ees cornes sont l’instrument. C’est donc l’idée de force quise cache dans ce mot réellement hiéroglyphique, et le pluriel Eloim désigne ainsi Celui qui est fort comme beaucoup, plus que beaucoup, c’est un pluriel de Ma- jesté ; 4 moins qu’on n’aime mieux voir dans ce pluriel employé pour désigner le nom de Dieu, un indice et comme une affirmation implicite de la Trinité de Personnes en Dieu, ce qui est la pensée-de bien des Péres de l'Eglise. Toujours est-il que ce nom pluriel est accompagné d'un verbe au singulicr, lorsqu’il s’agit de désigner le vrai Dieu. Cet usage grammatical favorise singuliérement l’interprétation dont nous venons de parler. Cette idée de cornes pour désigner la puissance, la force en Dieu, a été familiére 4 beaucoup de peuples anciens. Nous la retrouvons sans cesse dans les peintures et les sculptures de I’Egypte, aussi bien que dans les symboles analogues de Babylone et de Ninive. La corne désignait méme le commandement, la prééminence, et c’est en ce sens que nous trouvons l’emploi de cette figure, et dans les prophéties de Daniel, et dans I’Evangile méme, et dans I’Apocalypse. Il n’est pas étonnant que le mot qui exprime cette idée ait été particuligrement choisi pour désigner un desnoms de Dieu. L’idée de Bélier et la figure Bara de cet animal, embléme de la force et en méme temps de l’autorité sur le troupeau, se retrouvent aussi trés-ordinairement en Egypte, dés les époques les plus reculées, pour désigner, ou plutét pour pein- dre aux yeux, la notion de Celui qui est le Fort par dessus tous, lo Maltre et le Chef des hommes et des Pasteurs des hommes (expression trés-ancienne elle-méme) ou des peuples. L’hiéroglyphe s’exprime done comme le mot écrit; le langage est le méme pour T'oreille ou pour les yeux, preuve que l’idée était d’abord la méme chez les nations primitives, avant que l’idolatrie fit venue altérer ces pures notions de Ja vérité, Un quatrigme Nom de Dieu est le mot pe Elion, le Trés-Elevé, le Trés-Haut. Ce mot vient évidemment de la racine SY ou *y, qui signifie le sommet, ce qui est au-dessus, en haut. Les auteurs inspirés des Livres-Saints nous ont souvent donné I'idée la plus sublime de cette élévation de Dieu au-dessus de la terre et méme des cieux. Rien n’est grand, par exemple, comme la traduction littérale de quel- ques versets du Laudate pueri Dominum, Ps. cxu, d’aprés Phé- breu : Quti est semblable 4 Jehova notre Dieu? Qui sige au lieu le plus élevé, Qui se baisse pour regarder dans le ciel et sur la terre.... etc. Et ailleurs, au Ps. txvur, selon ’hébreu, d’aprés le sens du Targum ou Paraphrase Chaldaique : Chantez 4 Dieu, célébrez son nom; Frayez la route & celui qui chevauche dans les déserts des Cieux Au-dessus des neuf cieux. Son nom est Iah... etc. Royaumes de la terre, chantez Dieu, Jouez des instruments pour mon Seigneur, Pour Celui qui chevauche sur le Ciel des Cieux de I’Orient. Ete. Le cinquiéme des noms de Dieu est Jah 7"; on le trouve souvent dans Jes hymnes et les formules laudatives, et nous l’employens continuelle- —10— ment, aujourd'hui encore, dans notre liturgie : Allelu-Ja, louez Dieu, louez Ia. Ce mot est ’abrégé du mot suivant, le Nom par excellence. imu, quatre voyelles, dont une répétée deux fois, composent le Nom de Dieu par excellence, le grand Nom, le quadrilittére ineffable, comme disent les anciens. Il est ineffable par plusieurs raisons, d’abord 4 cause des mystéres qu’il renferme et dont nous avons suffisamment parlé dans la premiére partie de cet ouvrage, ovis parce qu’avjourd’hui et depuis trés-longtemps déja on ignore complétement quelle doit en étre la pro- nonciation. La transcription Jéhovah est certainement fautive et ne re- présente que les voyelles d’un autre mot que l’on substituait 4 ce grand et terrible mot. « Il est probable, dit avec raison un auteur que nous aimons souvent a citer (4), il est probable qu’au temps de Moise et méme plus tard, on pronongait ce nom sacré ; mais Je profond respect que les dépositaires de la Loi s’efforcaient d’imprimer aux Israélites pour ce nom ineffable porta peu a peu le peuple 4 ne le prononcer ja- mais, dans la crainte de le profaner. On lui substituait dans la lecture le mot 127% Adonai, composé de quatre lettres comme m7. Le grand Prétre seul le proférait; encore ne le faisait-il qu’une fois l’an, le jour de l’expiation, lorsqu’entré dans le Saint des Saints il bénissait solen- nellement le peuple au bruit des acclamations et des fanfares. Sa pro- nonciation était méme un mystére connu de trés-peu de personnes dans la famille du grand Prétre ; c’est ce qui fait qu’elle est perdue depuis la ruine du second temple. » Parmi les anciens les uns ont prononcé ce nom Isvo, Iaw, les autres Jaov et méme Iafe. Au rapport de saint Augustin, Varron disait que Iovis était le Dieu des Juifs. On I’a encore prononcé Iahoh, Iavo, Iaou, Iaod, et Iaoth. Parmi les modernes on a trouvé les prononciations suivantes : Javo, Iavé, Iehva, Iéhévah, Iova, Iivé, Iéhévé, Ieou, Jao, Aya. Les Orien- taux semblent avoir affectionné la forme trés-rationnelle Jehou, d’ou les Latins ont pu trés-bien prendre leur Jou et Jov ou Jovi, d’ou Jou- piter, pour Jou-pater. Les Chinois eux-mémes ont connu ce nom qu’ils épellent ainsi : J-hi-wei. (1) M. Bertrand, aujourd’hui chanoine de Versailles, Dictionnaire des Religions, au mot Dieu. -tu—- Quant au sens propre de ce grand mot, c’est vraiment I’idée la plus complate de I’Etre souverain. Par sa lettre finale il représente le passé, par le 1 médial il désigne le présent, par son » initial il marque le futur. Il désigne donc, selon l’explication méme que semble en donner saint Jean dans l’apocalypse (1, 4), Celui qui a éé, qui est, qui sera; 6 dv, 7a 6 iy, nat 6 dpyouevos. L’Eglise d’Orient, aujourd’hui encore, emploie, dans le nimbe divin, les deux premiers mots de ce texte 6 év, pour désigner le grand nom de Dieu en rapport avec 7. La vraie traduction de ce mot est done: I'Eternel. Si dans les Septante et la Vulgate nous le trouvons ordinairement traduit par : le Seigneur, c’est que ces deux versions ont suivi en cela l’usage des Juifs de ne point prononcer ce nom et de lui substituer le mot "21x. Il y a quelque chose de trés-respec- table dans cet usage des Juifs, puisque dans ses deux traductions les plus autorisées I’Eglise elle méme semble s'y étre conformée. Résumons maintenant ce que nous avons dit de ce nom sacré, consi- déré 4 un point de vue encore plus élevé. Les quatre lettres qui composent le grand nom, le principal nom de Dieu, disent la plupart des commentateurs et des Péres de I’Eglise, renferment sous leur écorce matérielle un sens spirituel bien plus relevé. Le mystére de la Sainte Trinité s’y trouve caché; le mystére de l’Incarnation du Verbe y est aussi contenu. En effet, la premiére de ces lettres (la lettre 1), signifiant Principe, désigne d’une maniére heureuse Celui qui est le Principe sans principe, Dieu le Pere, ou la premiére personne de la Sainte Trinité. La seconde de ces lettres (la lettre E), signifiant la Vie, désigne Celui par qui toutes choses ont été faites, Celui qui est la Vie par essence: In ipso Vita erat, et Vita erat lux hominum....... Dieu le fils, la seconde personne de l’adorable Trinité. La troisiéme lettre, OU, V, signifie Union, liaison. Elle marque aussi le souffle, le vent, et encore le germe, l'enfant, le produit de l’Amour et de Punion. A tous ces titres elle sert admirablement ¥ désigner le Saint-Esprit, Vunion, le souffle, l'amour substantiel du Pére et du Fils, Ja troisigme personne de la sainte et indivisible Trinité. Reste une quatriéme lettre, qui n’est que la reproduction de la se- conde. Cette lettre, toujours d’aprés les mémes Docteurs, car nous ne sommes ici que leur écho, signifiait que la seconde personne de la art es Sainte-Trinité, le Verbe, Dieu le Fils, devait prendre et a pris une seconde nature, la nature humaine, et qu’il a joint la vie humaine a sa vie divine; en un mot, elle désigne le mystére de I'Incarnation, et par suite de la Rédemption, en sorte que toute la Religion chrétienne se trouve résumée dans cet admirable symbole, pour lequel les Juifs .professaient un si grand respect. Les Anciens aimaient voir dans la famille, dans "homme complet ou humanité, la vive image de Dieu lui-méme dans sa Trinité de Personnes et son unilé de Nature. — De méme que le Fils est engendré du Pére, la Femme sort du corps du premier Homme; de méme que le Saint-Esprit procéde du Pére et du Fils, enfant humain vient & la fois d’Eve et d’Adam. Ainsi trouvait-on Vimage de la Trinité céleste dans la Trinité de la terre, et les signes caractéristiques de celle-ci servaient, fautes d'images plus parfaites, & Teprésenter celle-la. — Clément d’Alexandrie, au chapitre dixitme du troisiéme livre de ses Stromates, est trés-explicite 4 ce sujet. C’est aussi dans le méme sens, et en méme temps comme figure de l’'union de Jésus-Christ et de I'Eglise, suite de la méme idée, que saint Paul a déclaré qu’il y avait un grand mystére dans le mariage, que c’était un grand Sacrement. Saint Grégoire de Nazianze a développé cette pensée d’une maniére pleine d’éloquence et de charmes dans son discours trente-uniéme, § x1 (tome 1°, pag. 562 et 563 de I’édition des Bénédictins). Ce pas- sage est trop long pour étre inséré ici, nons y renvoyons nos lecteurs. Toutefois, qu’ils nous permettent de leur rappeler les belles paroles dont s’est servi, il y a peu d’années, un célébre espagnol, Donoso Cortés; elles reproduisent exactement V'idée de saint Grégoire de Nazianze. « Dans son essence (de Dieu) existent d’une maniére irénarrable et incompréhensible les lois de toute la création et les exemplaires de toules choses. Tout a été fait 4 son image : aussi la création est une et diverse.... L’homme a été fait de Dieu et 4 l'image de Dieu, et non seulement son image, mais encore a sa ressemblance. Eve procéde d’Adam ; Abel est engendré par Adam et par Eve; Abel, Eve et Adam ‘sont une méme chose, ils sont l’homme, ils sont la nature humaine. Adam est l'homme pére ; Eve est l'homme femme ; Abel est ’homme fils. Eve est homme comme Adam, mais elle n’est pas pére; elle est —13— homme comme Abel, mais elle n’est pas fils. Adam est homme comme Abel sans @tre fils, et comme Eve sans étre femme ; Abel est homme comme Eve sans ¢tre femme, et comme Adam sans étre pére. Entre la famille divine et la famille humaine, il y a la méme proportion .qu’en- tre la briéveté d’une minute et l’immensité des temps. » C’est V'idée de saint Grégoire : Atay... rAaspa Ocov, Bde... tuna tov mlasparos, En0... awporepw yewnua....; Suoousta tavra. Evidemment il fal- lait bien que les Juifs considérassent ce nom de Dieu comme cachant toutun monde de mystéres, pour qu’ils le traitassent comme ils le fai- saient. Nous ne finirions pas si nous voulions dire tout ce que nous ap- prennent A ce sujet leurs docteurs de tous les temps. « Ce nom, disent-ils entre autres choses, sert de lien & toutes les splendeurs. II en est la colonne et l’appui. Toutes les lettres qui le composent sont pleines de mystéres. Le Iod, ou I'l, est une de ces choses que !'ceil n’a jamais vues: elle est cachée a tous les mortels. On ne peut en comprendre ni l’essence, ni Ja nature. Il n’est pas méme permis d’y méditer. Quand on demande ce que c’est, on répond non, comme sic’était le néant, parce qu'elle n’est pas plus compréhensible que le néant. Il est permis 4 l'homme de rouler ses pensées d’un bout des cieux 4 l'autre; mais il ne peut pas aborder celte lumiére inacces- sible, cette existence primitive que la lettre od renferme.... Les Mat- tres appellent cette lettre la pensée, I’idée...., etc., etc. » (Voir Dupin, Hist. des Juifs, tom. vi, pag. 354). Nous avons dit plus haut que les Chinois épelaient le mot M¥ par T-hi-wei ou plutét I-hi-ouei ; voici le texte méme oa Lao-Tsée nous explique le sens de ce grand nom de Dieu, ce texte nousa été donné par le savant P. Amiot. « Le premier a engendré le second ; deux ont produit le troisiéme ; les trois ont fait toutes choses. « Celui qui est comme visible et ne peut étre vu, se nomme J; celui qu’on peut entendre et qui ne parle pas aux oreilles, Hi ; celui qui est comme sensible et qu’on ne peut toucher, se nomme Ouei. En vain vous interrogez vos sens sur tous trois, la raison seule peut vous en parler, et elle vous dira qu’ils ne font qu’un. Au-dessus, il n’y a point de lumiére ; au-dessous, il n’y a point de ténébres. Il est éternel. Il n’y a point de nom qu’on puisse lui donner. Il ne ressemble a rien de —14— tout ce qui existe. C’est une image sans figure, une figure sans ma- tigre. Sa lumiére est environnée de ténébres. Si vous regardez en haut, vous ne lui voyez point de commencement ; si vous le suivez, vous ne lui trouyez point de fin. De ce qu’il était le Tao de tous les temps, eoncluez ce qu’il est, savoir qu’il est éternel : c’est un commmence- ment de sagesse. » (1) Nous avons déja mentionné deux fois un autre nom de Dieu, celui-la méme qui sert de lecture habituelle au grand nom et qui du reste est souvent employé lui-méme. C’est le mot, ou plutét ce sont les deux mots *37%, mon Seigneur, Adonai composé du mot }1t8 Maitre, Sei- gneur, et du pronom affixe de la premiére personne. C’est de 1a pro- bablement que vient I’Adonis des Syriens et des Grecs. Le mot "tw Shaddai, le Tout-Puissant, exprime encore un des noms de Dieu. Il vient d’une racine qui ne se trouve plus que dans l’Arabe. Toutefois saint Jérdme le traduit par Celui qui se suffit @ lui-méme. Le mot nwax, Armées célestes, légions, joint & cmbx ou a MD se rencontre aussi trés-souvent comme nom de Dieu. Le Seigneur nous apparatt alors comme Roi des Cieux et Maltre Supréme des armées cé- lestes. Cette appellation spéciale est restée dans la liturgie 4 l'un des mo- ments les plus solennels de la célébration des saints Mystéres : Sanc- tus, Sanctus, Sanctus Dominus Deus Sabaoth ; il est saint, il est saint, il est saint le Seigneur, le Dieu des célestes hiérarchies ! Enfin le 10¢ des Noms de Dieu est le Nom que lui-méme se donna quand il envoya Moise vers le roi d’Egyple : synyx Ehyé, je suis ou je (1) Histoire générale de la Chine ow Annales de cet empire, traduites du texte chinois par le P. de Moyriac de Mailla, missionnaire 4 Pe-King. vol. xiue ou de supplément, par l’'abbé Grosier, page 552. On peut voir en- core ce qu’on dit & ce sujet MM. Sionnet, dans les Annales de Philosophie chrétienne, 1837 et 1839; Fr. de Rougemont, le Peuple primitif, tome 1", page 173; Pauthier, Chine moderne, ue partie. — 15 — serai, qui est : WAN TWN TAN, sum qui sum. Il y a beancoup de rap- port entre ce nom et celui de sym’, c’est la méme racine, avec moins de significations mystérieuses. En chaldéen le Nom de Dieu s’exprime d’abord par 7x Elah, ou emphatiquement xnbx Elaha, identique a la racine hébraique, puis par 0 ou NID, Mar ou Maré, qni veut dire Mattre, Seigneur. fl a du rap- port avec la racine 1x, parler, celui qui a le droit de parler, de com- mander, de dicter des lois, et que les Arabes appellent de la Emir. On dit encore Maran 172, Seigneur ou plutdt Notre-Seigneur ; on trouve ce mot dans saint Paul: Maran-Atha, le Seigneur vient. En syriaque nous trouvons les mémes mots : 7x et nnd, Alo et Aloho ; 812 et xD, Moré et Moryo. Les Arabes se vantent de posséder dans leur langue 99 noms de Dieu sans compter le mot Allah, identique au mot hébreu 7x, avec Varticle Sw et élision de la 4" lettre. Ce sont, & proprement parler, des attri- buts ou qualifications, et les autres langues pourraient en montrer aussi un grand nombre d’analogues. En voici Ja liste : 4 Elahon, ou Elah, ou Hah. 2 El-Rahman, le Clément. 3 El-Rahim, le Miséricordieux. 4 EL-Mélik, le Roi. 5 ElCoddous, le Saint. 6 El-Sélam, la Paix. 7 El-Moumen, le Fidéle. 8 ElMohaimen, le Tuteur. 9 El-Aziz, Excellent, 40 El-Djebbar, le Puissant. 44 El-Motakabber, Auguste. 42 ElKhalec, le Créateur. 43 ELBari, le Fondateur. 44 El-Mogawwer, le Formateur. 43 El-Ghaffar, V'Indulgent. 46 El-Cahhar, le Victorieux. 47 El-Wahhab, le Donateur. 48 El-Razzac, le Conservateur. 49 El-Fattah, le Vainqueur. 20 El-Alim, le Savant. 24 El-Cabedh, le contenant tout. 22 El-Baset, Immense. 23 El-Hafedh, l'abaissant (les super- bes) 24 EJ-Rafé, PExaltant (les humbles). 25 ElMoezz, le Glorifiant. 26 El-Mazell, 'Humiliant. 27 El-Sami, 'Ecoutant, 28 ELBacir, le Voyant, 29 El-Hakem, le Juge. —146— 30 El-Adl, le Juste. 34 El-Latif, ’Aimable. 32 ELKhabir, I'Habile. 33 El-Halim, le Doux. 34 El-Azim, le Trés-haut. 35 El-Ghafour, le Propice. 36 El-Schekour, le Reconnaissant. 37 EL-Ali, VElevé. 38 El-Kebir, le Grand. 39 El-Hafiz, le Gardien. 4v El-Moquit, le Nourrissant. M1 El-Hasib, le Computateur. 42 El-Djelil, le Glorieux. 43 El-Kerim, le Généreux. 44 El-Raquib, l’Observateur. 45 El-Modjib, PExaugant. 46 El-Wasé, le Vaste. 47 ElHakim, le Sage. 48 El-Wédoud, l’Aimant. 49 El-Medjid, le Glorifié. 50 El-Baeth, le Producteur. 5A El-Schehid, le Témoin. 52 El-Hace, la Vérité. 53 El-Wakil, i’Administrateur. 54 El-Cawi, le Fort. 55 El-Metin, le Stable. 56 El-Wéli, le Patron. 57 El-Hamid, le Loué. 58 El-Mohci, le Numérateur. 59 El-Mobdi, le Procréateur. 60 El-Moid, le Ressuscitant. 61 El-Mohyi, le Vivifiant. 62 El-Momit, le Donnant la mort. 63 El-Hayy, le Vivant. 64 El-Calyoum, le Perpétuel. 65 El-Wadjed, "Inventeur. 66 El-Madjed, le Glorificateur. 67 El-Wahed, 'Unique. 68 El-Cemed, I’Eternel 69 El-Cader, le Prédesti 70 El-Caser, le Puissant. 1A El-Caddem, le Préexistant. 72 El-Wakkher, le Existant aprés (tous les temps.) 73 El-Awal, le Premier. 14 El-Akher, le Dernier. ‘75 El-Zaher, le Manifeste. 76 El-Baten, le Caché. 77 El-Wali, le Président. ‘78 El-Motaala, le Trés-élevé. 79 El-Barr, le Pur. 80 El-Thawwab, le Rémunérateur. 81 El-Montaquem, le Vengeur. 82 El-Afou, le Pardon. 83 El-Rawwaf, l’Indulgent. 84 Malek-el-Moulk, Souverain du monde. 85 Zoul-djelal wal-ikram, Possesseur de lagloire et de la magnii- cence, 86 El-Casat, I’Equitable. 87 El-Djamé, I'Assemblant (les hom- mes au jour du jugement. 88 El-Ghani, le Riche. 89 El-Moghni, l'Enrichissant. 90 El-Mané, le Défenseur. 91 El-Dharr, le Contraignant. 92 El-Nafé, le Salutaire. 93 El-Nour, la Lumiére. 94 El-Hadi, le Directeur. 95 El-Bedi, l’Admirable. 96 El-Baqui, le Permanent. 97 El-Wareth, I'Héritier. 98 El-Raschid, le Guide. 99 El-Cabour, le Patient. int. eet Le nom El-Rabb le Seigneur est employé seulement en composi- tion : ex. Rabb-i, mon Seigneur, etc. Ils se servent aussi fréquemment du pronom Hou—Lui. Quant a rEgypte, elle se servit surtout, dans l’origine, des mots suivants ; Amoun, le glorieux ; Phtha, Vesprit créateur et ordonna- teur ; Kneph, le bon ; Knoufis, le bon Esprit ; Th-méi, la Vérité ; T-pé, le Ciel. Le nom de Dieu, pris en général, se disait Noule ou Nouti et aussi Nouler. Elle avait au reste beaucoup d’autres qualificatifs, qui ne peuvent guéres trouver leur explication que dans un travail spécial. On comprendra que nous n’avons voulu donner dans ce premier chapitre que les noms de Dieu proprement dits. Les mots qui servent, en différents endroits des Livres-Saints, 4 désigner Dieu de plusieurs autres maniéres, se trouveront naturellement a l’endroit indiqué par Vidée méme qu’exprime particuligrement chacun de ces mots. Con- tentons-nous de mentionner ici quelques-unes de ces appellations : Seigneur des Seigneurs, Roi des Rois, Dominateur, Pére du siécle ou des siécles, Ancien des jours, yor pny, etc. Le mot wip Saint, répété trois fois, sert souvent 4 désigner Celui qui est saint par excel- lence et source de sainteté. Le mot Vy le Vigilant, Celui qui veille, svest aussi dit de Dieu, mais plus ordinairement des Anges. A Vidée méme de Dieu se rattachent deux mots qui ne peuvent se dire que de Lui : le mot crééer et le mot bénir dans le sens le plus absolu. Le mot créer (quelque chose de rien) se dit en hébreu x3 bara. C'est ainsi que toutes les versions anciennes de la Bible rendent ce mot, dont nous expliquerons en leur temps les sens et les dérivés. Ces ver- sions le distinguent parfaitement du mot 1x» qui veut dire donner la forme a un étre déja créé, et du mot rwy qui signifie fagonner, faire, ordonner chacune de ses parties. Cette explication, conforme du reste 4 toute la tradition, est d’un rabbin (R. Kimchi), commentant le pas- sage d’Isafe (43-7), ou ces trois verbes se rencontrent. a 2 ~ 18 — Le mot bénir se dit en hébreu 4,3 barach. Nous verrons plus loin les autres sens et les dérivés de ce mot.

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