ANPP ~ 5" CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LES
RAVAGEURS EN AGRICULTURE
MONTPELLIER, 7-8-9 DECEMBRE 1999
‘L'ANALYSE DU RISQUE PHYTOSANITAIRE EN FRANCE : DE LA THEORIE
ALA PRATIQUE.
P. REYNAUD
LNPV Ministée de ’ Agriculture - Unité d’entomologie - UFR d’Ecologie animale
et de Zoologie agricole , 2 place Viala - 34060 Montpellier cedex 01.
RESUME :
Lrexpérience frangaise en matitre d’analyse du risque est présentée ici dans le
domaine de l'entomologie. Deux coléoptéres exotiques sont choisis pour illustrer la
méthodologie employée. Le premier, Diabrotica virgifera LeConte (Coleoptera :
Chrysomelidae), est originaire des USA. Il bénéficie d’une abondante littérature. Le
second, Anoplophora glabripennis (Motschulsky) (Coleoptera : Cerambycidae),
natif d’ Asie, est beaucoup moins commu. Dans les deux cas, les outils nécessaires &
une approche structurée de ’analyse de risque sont présentés, L’évolution des listes.
de quarantaine repose ainsi sur un dossier issu de données claires, écrites et
vérifiables.
Mots-clés: Quarantaine, PRA, évaluation écoclimatique, CLIMEX, ravageur
exotique
SUMMARY : THE PEST RISK ANALYSIS IN FRANCE : FROM THE THEORY
TO THE PRACTICE
‘The French experience about pest risk analysis is presented here in the field of
entomology. Two exotic coleoptera are selected to illustrate the used methodology.
The first, Diabrotica virgifera LeConte (Coleoptera: Chrysomelidae), is originating
from the USA. It benefits from an abundant literature. The second, Anoplophora
glabripennis (Motschulsky) (Coleoptera: Cerambycidae), native of Asia, is much
less known. In the two cases, tools necessary to a structured approach of the risk
analysis are presented. Therefore, evolution of the quarantine lists rest on a
document resulting from clear, written and verifiable data.
Key words : Quarantine, PRA, ecoclimatic assessment, CLIMEX, exotic pestI-INTRODUCTION
L’étude dun risque repose sur un triplet risque = (S;, Pi, Xi) ou S; correspond a
identification d’une situation & risque, P; est la probabilité de réalisation de cette
situation et X;, I’évaluation des conséquences liées & cette situation. Cette approche
structurée de l'analyse de risque dans le domaine de la quarantaine est relativement
récente en France. Elle a été mise en application pour la premiere fois sur des
thémes entomologiques et nématologiques en suivant le canevas fournit par 'OEPP
(Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes).
Depuis, de nombreuses analyses ont été menée A terme par les différentes unités d
Laboratoire National de la Protection des Végétaux (LNPV). On se propose
de présenter l’expérience frangaise dans le domaine de ’'entomologie.
If- PRELUDES A UNE EVALUATION DE RISQUE,
L’ancienneté des échanges commerciaux de végétaux et produits végétaux pourrait
conduire & penser que toutes les espéces potentiellement muisibles occupent déja leur
biotope potentiel et que la limite de leur distribution actuelle est surtout lige 4 la
disponibilité de la plante héte et au climat. En fait, nous savons que les aptitudes
adaptatives des arthropodes sont immenses. Une adaptation incessante des insectes
4 leur milieu et la mise en place de nouvelles filigres commerciales combinées 4 un
nombre colossal d'espéces potentiellement nuisibles provoque continuellement
Témergence de nouveaux ravageurs ou Ladaptation de parasites connus a de
nouvelles cultures.
Liunité d’entomologie réalise done en permanence une veille scientifique sur des
nouveaux signalements d'insectes et acariens nuisibles 4 Vagriculture travers le
monde. Cette surveillance est complétée par la centralisation dans son laboratoire de
identification des arthropodes interceptés & importation sur le sol francais.
L’objectif est la détection précoce d’un éventuel risque d’introduction puis
établissement sur le sol frangais avec une nuisibilité économique a la clé.
Ce risque est actuellement évalué puis géré par une Analyse de Risque
Phytosanitaire (également appelée PRA pour Pest Risk Analysis). Dans l'étude qui
suit, nous présentons l’expérience “francaise concernant [’évaluation du risque
engendré par deux coléoptéres, Diabrotica virgifera LeConte (Coleoptera :
Chrysomelidae) et Anoplophora glabripennis (Motschulsky) (Coleoptera :
Cerambycidae). Le premier présente exemple d’un insecte ravageur du mais bien
connu au travers de trés nombreuses publications. Le second montre la difficulté de
Pétude d'un ravageur asiatique de ligneux ornementaux, moins étudié et avec des
informations difficiles d’accés.
Les analyses de risque pratiquées en France suivent les recommandations de
POEPP. Cette organisation a mis au point une norme détaillée et rigoureuse,récapitulant tous les éléments & étudier. Nous traitons ici de initiation et de
Pévaluation du risque.
La gestion du risque est prise en compte par le Ministére de Agriculture (Sous
Direction de la Protection des Végétaux) aprés examen du dossier d’évaluation de
risque.
IM - PREMIERS ELEMENTS D’UNE ANALYSE DE RISQUE
Dans les 2 cas, Vinitiation des études de risque fait suite a la mise en évidence
une extension géographique soudaine au sein de pays 4 climat voisin - en premiére
analyse - du notre et sur des plantes connues de notre territoire.
Diabrotica virgifera (figure 1a), communément appelée chrysoméle des racines du
‘mais, est connue d’ Amérique du Nord depuis 1868, mais notée nuisible seulement &
partir des années 50. Inconnue d’Europe, elle est signalée pour la premiére fois en
culture en 1992 a proximité de I'aéroport international de Belgrade (BACA, 1994).
Une étude du risque pour la France est entreprise en 1997 (REYNAUD, 1998).
Figure 1 : Adultes de Diabrotica virgifera LeConte (1a) et Anoplophora glabripennis
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Adults of Diabrotica virgifera LeConte (1a) and Anoplophora glabripennis
(Motschulsky) (1b)
“14 ss
figure la figure 1b
Anoplophora glabripennis (figure 1b), autrement appelé capricorne asiatique, est
originaire d’Asie. C’est son signalement aux USA par une publication dans une
revue d’entomologie relayée officiellement par le Ministére de I’Agriculture
américain (Animal and Plant Health Inspection Service) qui déclenche la procédure
évaluation du risque. Une premiére étude, portant sur l'Union Européenne, est
effectuée par le CSL (Central Science Laboratory) en 1997. Une investigation
complémentaire adaptée A la France est entreprise en 1998 par le LNPV.
Dans les deux cas, existence d’un risque « intuitif» ne fait aucun doute. Mais il
doit étre confirmé par une évaluation scientifique avant toute prise de décision.
La PRA se donne une zone géographique de référence, qui peut varier d’une région
frangaise 4 'Union Européenne dans son ensemble. Dans la suite de article, on