Vous êtes sur la page 1sur 44

" Les établissements publics de recherche et les ONG

Au service de l'élaboration des politiques publiques"

Par Yves LE BARS.


Ingénieur général du génie rural des eaux et des forêts (h)

Avec l'appui de Robert TIBAYRENC,


Inspecteur général de la santé publique vétérinaire

1
Introduction
Les relations entre les établissements de recherche et la société sont en constante évolution. Depuis
quelques années de nouveaux acteurs interviennent dans le jeu social, au niveau international, national
ou local : les organisations "non gouvernementales" et "sans but lucratif", les ONG. L'articulation
entre cet important groupe d'acteurs et les organismes de recherche est une .des questions clé de
l’élaboration des politiques publiques.

Raisonner les relations entre les établissements de recherche et les ONG est une tache qui a été , peu
engagée dans la sphère publique de notre pays, encore marquée par la certitude que
« l’administration », est seule garante de l’intérêt général.

Ce texte tire parti d’une double expérience de son auteur : de dirigeant d’organisme public de
recherche pendant près de vingt1, et de président d’une ONG de solidarité internationale, le GRET2, et
vice président délégué d’une association française, l’AFPCN3, ces deux associations en lien étroit avec
la recherche.

Il n’aurait pas été écrit sans la demande des établissements publics de recherche affectés à la "la
gestion des milieux et des ressources", thèmes en forte relation avec l'action publique au Nord et au
Sud. Ils accompagnent l'élaboration des politiques publiques, et leur mise en œuvre. En ce sens ils sont
aux avant-postes des relations entre la recherche et la société. Ce sont l'INRA 4, le CEMAGREF5,
l'IRD6, le CIRAD7, l'IFREMER8, et le BRGM9. Ces six organismes forment ensemble le programme
187 du budget de l’Etat.

Il a bénéficié de l’appui de Conseil général de l’agriculture, de l’alimentation et des affaires rurales


(CGAAER) : il a accepté qu’Yves Le Bars, qui y était alors affecté, y consacre une partie de son
temps, et lui a associé Robert TIBAYRENC, Inspecteur général de la santé publique vétérinaire.
Qu’ils en soient remerciés. Un groupe de pilotage composé de un ou deux correspondants par
organisme a apporté son concours tout au long de l’élaboration de ce texte.

Pour cette étude, les chargés de mission ont rencontré une dizaine d'ONG, et 5 directions
d'administration centrale du MEDAD et du MAP, ainsi que deux agences de l'Etat. Quelques contacts
ont été pris à l'occasion de réunions internationales dans la période avec des homologues en Europe,
en particulier le réseau PEER10

La question posée a conduit à limiter les organisations de la société civile prises en compte. Ont été
privilégiées celles de caractère non gouvernemental, et sans but lucratif direct ou indirect.
Cela conduit à laisser de côté plusieurs types d'associations : les associations de service mutualisé
mises en place par les établissements de recherche eux-mêmes ; les associations de type "société
savantes", quand elles n'ont pas d'ambition de diffuser dans le public un "plaidoyer" ; ou les
associations de défense d'une profession.
Par contre les ONG prises en compte peuvent avoir une dimension régionale, locale aussi bien
qu'internationale.
1
Directeur général du CEMAGREF 1986-1997, directeur général du BRGM 1997-1999, président de l’ANDRA
1999-2004
2
Groupe de recherche et d’échanges technologiques
3
Association française pour la prévention des catastrophes naturelles
4
Institut National de la Recherche Agronomique
5
Institut français de recherche pour l'Ingénierie de l'agriculture et de l'environnement
6
Institut de Recherche pour le Développement (ex-ORSTOM)
7
Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
8
Institut Français de la REcherche pour l'exploitation de la MER
9
Bureau de Recherches Géologiques et Minières
10
Partnership for Environmental European Research, régroupant 7 centres de recherche d'Europe, dont le
Cemagref est membre

2
Table des matières
Page
Introduction 2
Table des matières 3
Résumé 4
Chap. 1 Méthode de travail et limites 10
1-1. La démarche retenue : une étude, avec un groupe de pilotage, et des entretiens. 10
1-2. Les organisations prises en compte : non gouvernementales, sans but lucratif. 10
1-3. Ce ne peut être qu'une étape de la réflexion 11
Première partie : Pourquoi vouloir clarifier les relations entre EPNR et ONG?
Chap. 2 Des changements dans la société appellent à de nouvelles relations 12
2-1. Les mécanismes de la décision évoluent : "on ne peut plus décider comme avant"
2-2. La dynamique propre à la recherche est source de bouleversements qui prennent une 12
dimension sociale et politique 14
2-3. Les EPNR du programme 187 portent des enjeux à fort retentissement dans la société,
2-4 EPNR et ONG ont besoin les uns des autres 14
2-4-1. La recherche peut gagner en influence à travers des ONG et elle peut bénéficier 15
de leurs capacités intégratrices
2-4-2. Les ONG ont aussi besoin de la recherche.
2-5. Mais il y a des limites à ces relations, de légitimités et de pratiques différentes 17
Deuxième partie : le point de vue des acteurs
Chap. 3 Le point de vue des ONG et des représentants des pouvoirs publics 19
3-1/ Du point de vue des ONG rencontrées 19
3-2/ Vu de représentants des pouvoirs publics 23
3-2-1 Les administrations centrales de l'Etat
3-2-2 Vu d'agences de l'Etat
3-2-3 Vu de l'Union Européenne
3-2-4 Au niveau mondial
Chap. 4 Diagnostic par les EPNR eux-mêmes 27
4-1/ Chacun des EPNR a un profil différent 27
4-2 / Le sujet des relations entre EPN et ONG a déjà été traité dans le passé. 28
Dans les dimensions mondiales de l'environnement et du développement
Sur les dimensions nationales et locales
4-3/ Des partenariats plus ou moins structurés avec certaines ONG, à l'initiative des EPNR 30
ONG comme tour de guet sur des questions de société
ONG "experts dans des comités
ONG gestionnaire de projet
4-4/ Les EPN voient aussi ce qu'ils peuvent offrir aux ONG. 32
4-5/ Compléments issus de partenaires européens de la recherche publique 32
Chap. 5 Quel diagnostic faire à partir des avis des administrations, des ONG et des EPNR 34
eux-mêmes : quelles sont les forces et faiblesses des EPNR, et les opportunités qui sont à
prendre en compte pour les relations futures entre EPNR et ONG? 34
35
5-1. Des forces, et des résultats déjà significatifs pour les EPNR
5-2. Des pesanteurs, et des faiblesses qui ont pu faire manquer des occasions de collaboration
5-3 Des évolutions chez les partenaires qui sont autant d'opportunités
5-4. Des réalités à prendre en compte
Troisième partie : Vision, Stratégie et Plan d'action
Chap. 6 Quelle vision, quelles postures pour les relations possibles entre Etablissements publics de 37
Recherche et ONG? Le rôle des pouvoirs publics, comme pilote de l'élaboration et de la mise en œuvre
des politiques publiques.
Chap. 7 Des pistes d'amélioration : 11 propositions aux EPNR pour de nouvelles relations avec les 38
ONG
A/ Se connaître, se reconnaître 38
B/ Agir ensemble 39
C/ Prendre en compte la dimension économique des ONG 39
D/ Construire une culture de dialogue dans les EPN 40
Chap. 8 En conclusion, un plan d'action pour les 3 années qui viennent 41
Des pistes d'amélioration : vers de nouvelles relations²

3
Résumé
L'étude part de l'intuition que, pour la crédibilité des décisions pour le développement, au Nord
comme au Sud, la construction des politiques publiques doit s'appuyer à la fois sur la recherche et sur
un dialogue avec la société, donc sur des relations entre les structures de recherche et les ONG.

Des changements dans la société appellent les EPNR à de nouvelles relations

Deux conceptions des politiques publiques s'affrontent : celle, très centralisée, issue des nécessités de
l'immédiat après-guerre, et celle qui a émergé à l'occasion de crises liées aux nouveaux risques sur la
santé et l'environnement. Dans cette dernière, "l’expert" et le "décideur" ont dû introduire "les autres"
(collectivités, ONG…) dans le système de décision. Il ne s'agit plus de "retombées de la recherche sur
la société" mais de se situer dans des processus, impliquant les principaux acteurs : "On ne peut plus
décider comme avant".

La dynamique propre à la recherche est aussi source de bouleversements : des innovations issues de la
recherche peuvent prendre une dimension sociale et appeler des décisions publiques.

Le programme 187 et les Etablissements publics nationaux de recherche (EPNR) associés portent des
enjeux à fort retentissement dans la société : son ambition est, selon la loi de finances pour la
recherche, de « constituer un pôle de référence de recherche scientifique et technologique et
d’expertise de niveau mondial, pour la gestion durable des milieux et la mise en valeur des ressources
naturelles et des produits qui en sont issus, répondant aux besoins des sociétés du Nord et du Sud. »
Les dimensions sociétales des missions et des thèmes du travail de recherche et de développement des
EPNR du P187 se voient dans les débats et controverses dans lesquelles ces EPN ont été engagés dans
les années passées : génétique animale, OGM végétaux, risques naturels, régulation mondiale des
marchés agricoles…

EPNR et ONG ont besoin les uns des autres pour se consolider dans leurs rôles respectifs et distincts.
Des questions sont posées par la société civile et les ONG, pour que la recherche se mobilise, et
fournisse des résultats crédibles.
La recherche peut tirer parti de la capacité d'influence des ONG et a besoin de leurs capacités
intégratrices.
Mais il y a des limites à ces relations : les sources de la légitimité ne sont pas les mêmes, et les ONG
ne remplacent pas les autorités publiques, les pratiques sont spécifiques.

Les ONG et les représentants des pouvoirs publics ont des attentes convergentes

Le point de vue des ONG rencontrées


Toutes les ONG rencontrées ont des relations fréquentes avec la recherche. Vis-à-vis des EPNR, nous
avons entendu des demandes de différentes natures :
 demande de bénévoles issus de la recherche pour prendre part aux activités (Bretagne vivante,
AFPCN…),
 demande d'expertises produites par des laboratoires spécialisés, en appui aux actions et
campagnes réalisées (FNE),
 demande d'associer des laboratoires de recherche à des projets d'ONG.
Une ONG comme la Fondation Sciences citoyennes veut impliquer la société civile dans la recherche
publique, et orienter les capacités de recherche et d'expertise vers des mouvements de citoyens.
Au niveau international la demande porte en particulier sur deux types d'action :
 la mise en place, la conduite et l'évaluation de projets de terrain, y compris pour qu'ils
changent d'échelle, et puissent devenir des politiques nationales (GRET et AVSF).
 la préparation des négociations internationales.

4
Un constat cependant : il apparaît plus facile, semble-t-il, de travailler avec un laboratoire d'une
université ou d'une grande école, qu'avec un EPNR. Des critiques sont formulées sur les sites Internet
des EPNR.
Il convient d'avoir toujours présent à l'esprit l'exiguïté du monde des ONG et leur fragilité économique
en France.

Les représentants des pouvoirs publics sont impliqués à plusieurs niveaux : préparation des
politiques publiques, conduite des programmes de recherche, action internationale

A celui de la préparation des politiques publiques et des programmes quatre règles ont été formulées à
plusieurs reprises:
- pilotage effectif du processus de travail par une administration;
- mobilisation de tous les acteurs (ONG en particulier) le plus en amont possible soit dans
des études préalables, soit par la participation à des comités de pilotage;
- association des ONG concernées dans les évaluations des différentes étapes;
- et processus réellement ouvert, c'est-à-dire sans que la conclusion en soit écrite à l'avance.
Autant que possible la participation à ces processus des ONG les plus impliquées est maintenant
rémunérée par des conventions spécifiques (avec le MAP comme avec le MEDAD).

Au niveau de la conduite des programmes de recherche/action les règles sont voisines, en y ajoutant :
- une présentation régulière des résultats acquis;
- et, en complément de la rédaction d'articles scientifiques, la production d'expertises pour à
la gestion des ressources et des milieux.

Au niveau de l'action internationale les administrations publiques sont demandeurs d'une implication
de la recherche et des ONG.

Les agences de l'Etat ont un mandat précis qui leur donne a priori plus de liberté dans leurs relations
avec les ONG. Ainsi les ONG ont une possibilité de saisine auprès de l'AFSSA ou de l'AFSSET sur
une question formulée par elles. L'ANR peut financer des programmes partenariaux, incluant des
acteurs privés, dont des ONG (cf. par exemple sur la biodiversité avec WWF France). Et certaines
siègent au CA de ces agences

Les programmes de recherche de l'UE permettent des partenariats avec les ONG : il faut en explorer le
potentiel.

Où en sont les EPNR concernés ?

Tout en faisant partie du même programme, le P187, chacun des EPNR a un profil différent.
L'Ifremer est le résultat de la fusion de deux organismes de recherche de culture et de statuts
différents. Il a dû faire la synthèse entre un institut d'appui à l’exploitation par la pêche et la
conchyliculture, l'ISTPM, et le CNEXO, plus tourné vers les dimensions environnementales et
l’évaluation des ressources des océans, entre nécessité de la production et de la protection des milieux,
une des préoccupations des ONG.
Historiquement l'INRA a développé des relations fortes avec la « profession agricole ». A partir du
moment où son champ d’activité s’est élargi à l’environnement et à l’alimentation, il a dû faire évoluer
son partenariat vers des acteurs d’un type nouveau. Actuellement, l’INRA souhaite aller plus loin et
institutionnaliser l’ensemble de son partenariat d’orientation, y compris avec les ONG
La relation du Cemagref avec la société passe beaucoup par l'administration, avec une attention
particulière portée aux services déconcentrés de l'Etat et aux collectivités territoriales. EPST ayant le
plus faible taux de financement structurel, son modèle économique l’a conduit à se tourner
prioritairement vers les partenaires solvables, catégorie à laquelle n'appartiennent généralement pas les
ONG. Toutefois cette question des ONG est à l'ordre du jour de sa réflexion stratégique.

5
Le CIRAD et l'IRD ont un mandat vis-à-vis des pays en développement, et ont une responsabilité
spécifique d'aider les sociétés du Sud à s'organiser. Ces deux EPNR ont des relations depuis longtemps
en conformité avec leur mandat avec des opérateurs français du développement (AVSF, GRET…) ou
avec des OSI11 et des ONG locales. EPIC à fort taux de ressources propres, le CIRAD se reconnaît une
responsabilité de faire émerger des ONG locales, mais en même temps il peut se trouver en
concurrence avec elles, sur des projets précis sur appel d'offre.
Le BRGM, comme le Cemagref et l’Ifremer, mêlent recherche et expertise au service de politiques
publiques. Ses interlocuteurs sont davantage les services de l’Etat et les collectivités territoriales que
les ONG. Pourtant de nombreuses relations personnelles existent avec elles.

La réflexion sur les relations entre ONG et EPNR a été amorcée depuis plusieurs années, à
l'international (par exemple pour la préparation de la conférence de Rio de Janeiro en 1992) ou au
niveau français, et des actions communes ont été lancées. Certaines sont présentées dans le rapport. .
Pourtant ces avancées se sont encore peu traduites en stratégies affirmées, et sont loin d'atteindre le
niveau des concertations que les EPN ont établies avec les professions (en particulier les professions
touchant à l'agriculture). Parmi les causes, n'y a-t-il pas : la culture des organismes de recherche eux
même, et l'idée que se font les scientifiques de la position des pouvoirs publics vis-à-vis des ONG ; la
faiblesse des ONG elles-mêmes ou de leur manque relatif d’intérêt pour la recherche ?

De nombreux partenariats ont été concrétisés dans les dernières années, plus ou moins structurés avec
certaines ONG, à l'initiative des EPNR, ou à celle des ONG elles-mêmes. Ces partenariats peuvent être
classés en 3 types :
 ONG comme « tour de guet » sur des questions de société, leur donnant par surcroit une
certaine capacité d'influence sur les recherches conduites ;
 ONG "experts dans des comités" où ils retrouvent les scientifiques ;
 Enfin ONG gestionnaire de projet, avec laquelle un EPNR partage les fondements, les
données produites et les évaluations…
Indépendamment de leur organisme, de nombreux chercheurs ont établi à titre individuel des liens
avec des ONG. Il n'a pas été possible de les inventorier, et ce n'est d'ailleurs pas toujours souhaité,
pour garder l'esprit de volontariat…

Au total, malgré des obstacles évidents (publimétrie, culture de dialogue encore faible, défense
institutionnelle, faible disponibilité des ONG), il y a des avancées significatives, et les directions
d'administration centrales participent à ce jeu à trois (pouvoirs publics, EPNR, ONG) : les ingrédients
sont rassemblés pour aller plus avant.

A partir du diagnostic, quelles sont les forces, faiblesses des EPNR, et les opportunités qui sont à
prendre en compte pour définir les relations entre EPNR et ONG ?

Les EPNR du programme 187 ont de nombreux atouts pour leurs relations avec les partenaires de la
société civile. Ils sont en charge d'un secteur clé du développement durable, la gestion des milieux et
des ressources, avec la contribution à celle des risques sanitaires et environnementaux. Ils ont déjà des
contacts, et de bons exemples de coopération des ONG, dans le respect des différences.
Chaque EPNR du programme contribue, certes de façons très différentes, à la dynamique mondiale de
la recherche pour un développement durable au Nord et au Sud. Dans leurs démarches de recherche
finalisée, ils ont d'ores et déjà introduit dans leur pratique de recherche les capacités d'innovation des
autres acteurs. Ils apportent leur expertise dans des débats.

Mais il y a des pesanteurs, et des faiblesses qui ont pu faire manquer des occasions de collaboration
(poids de la publimétrie dans les critères d'évaluation, faiblesse de la culture de dialogue, pas de
mécanismes financiers incitatifs…).

11
Organisation de solidarité internationale

6
L'instauration d'une "Société de la connaissance" voulue par la stratégie de Lisbonne pousse à inclure
dans les démarches de recherche les partenaires de la société civile. Les directions d'administration
centrale française, si elles n'ont pas toutes le même passé, sont soucieuses de cette relation, pour elles
mêmes et pour les EPN. L'Europe, la France, les régions françaises, et le système des Nations Unies
ont des dispositifs et des groupes de travail associant les ONG et les scientifiques.

Des réalités sont à prendre en compte :


Les demandes des ONG envers la recherche sont diverses (même si c'est souvent avec un reste de
méfiance vis-à-vis de pratiques de recherche déconnectées de leurs dimensions sociales).
Les principales ONG partenaires des EPNR du P187 sont assez peu nombreuses : ce sont celles qui
travaillent (à des degrés d’intensité divers) avec le MEDAD, le MAP, le MAE et le MRES.
Mais certaines ONG trouvent en dehors des EPNR du P187 leurs besoins d'expertise, et estiment que
leur collaboration avec des laboratoires universitaires, où les enseignants chercheurs travaillent
souvent plus sur une base individuelle, est plus souple.

Réciproquement l'association des ONG aux projets ou programmes des EPNR est souhaitable. La
recherche peut tirer parti de la capacité d'influence des ONG et a besoin de leurs capacités
intégratrices. Certaines ONG disposent de données que la recherche peut valoriser dans ses travaux.
ONG et EPNR ont besoin les uns des autres pour se consolider dans leurs rôles respectifs et distincts.
Il faut cependant que les EPNR comprennent mieux les modèles économiques et la fragilité des ONG
françaises

Pour que les offres et les demandes de chacun puissent se rencontrer, il y a un besoin d'outils de
médiation. Avec certaines d'entre les ONG un partenariat organisé devrait être construit.

Les limites de ce partenariat sont celles de l'exigence scientifique, et de l'exigence démocratique, dans
la pratique du débat par les ONG, en leur sein comme avec l'extérieur, par le respect du rôle des
pouvoirs publics légitimés par l'élection, et par la place des autres partenaires, économiques,
professionnels ou syndicaux (cf. p. 17). Les sources de la légitimité ne sont pas les mêmes, et les ONG
ne remplacent pas les autorités publiques, les pratiques de chaque groupe d'acteurs sont spécifiques.

Chapitre 6
Des pistes d'amélioration peuvent être ouvertes pour une meilleure complémentarité au service
de la gestion des milieux naturels et des ressources.

Plusieurs propositions peuvent être formulées, pour de nouvelles relations des EPNR avec les ONG
Elles peuvent être regroupées selon quatre objectifs.

A/ Développer une meilleure connaissance mutuelle, et une culture de dialogue


Pourquoi ne pas doter chaque établissement d’un correspondant des ONG, et initier un travail inter
organisme entre ces correspondants. Cela permettrait d’acquérir une meilleure connaissance des ONG,
et des réseaux d'ONG, à travers un partage des informations.

Mettre en place, là où ce n'est pas déjà fait, une formation au débat, à la controverse en réunion
publique, et aux façons de se comporter en situation de polémique.

Définir des règles (à intégrer dans la charte de l'expertise lorsqu'elle existe) d'engagement de la
référence à l'appartenance à l'EPN dans l'engagement au sein d'une ONG. Prendre en compte la
participation des chercheurs qui consacrent une partie de leur temps avec les ONG et les OSI
(Organisations de solidarité internationale).

B/ Partager les compétences

7
Malgré les contraintes particulières de la gestion des itinéraires professionnels des chercheurs en
France, il peut être intéressant d'organiser des mobilités de personnels entre EPNR et ONG.

Il devrait être possible d’apporter une meilleure réponse aux attentes des ONG en améliorant avec
elles chaque site internet, et en veillant à ce qu'offres et demandes puissent se rencontrer.
Des participations croisées aux CA, conseils scientifiques ou comité d’éthique, seraient bénéfiques….

P5

P 6. Envisager de donner la possibilité pour une ONG de demander une expertise gratuite sur un sujet
précis.

Les propositions 5 et 6 peuvent être réservées à des ONG avec lesquelles un "mémorandum de
reconnaissance" a été signé.

C/ Ouvrir des espaces de concertation pour l’orientation et le pilotage des recherches.


Prendre en compte la dimension économique des ONG

P 7. Rémunérer les ONG pour leur participation aux activités intéressant un EPNR.

P 8. Expérimenter et faire connaître les formes existantes de financement européen et régional (et
Banque mondiale) qui permettent d'associer EPNR et ONG.

D/ Favoriser les partenariats de projet.


. S'associer pour produire des connaissances nouvelles sur trois types de relations :
• Type 1 : l'EPN participe à l'activité d'une ONG pour mobiliser sa fonction de "tour de guet
sociétal", …
• Type 2 : sur ses programmes de recherche, l'EPN s'efforce d'impliquer des ONG aux trois
stades : définition et évaluation ex ante (assessment), participation au pilotage (monitoring), et
enfin évaluation ex post (evaluation).
• Type 3 : sur des projets portés par une ONG, sur des terrains ou sur des politiques de son
intervention, l'EPN construit un partenariat. Cela permet le partage des données sur
l'environnement ou sur des facteurs sociaux particuliers. Cela peut être le support à la
réalisation de "recherche-action"…
Ces actions communes peuvent se prolonger par la diffusion de connaissances, par la production de
pages web communes, par valorisation des résultats des projets communs etc…

En conclusion des pistes d'amélioration sont possibles, vers de nouvelles relations.

Il s'agit de réussir à inscrire la relation ONG/Recherche dans les processus de négociation, qu'il
s'agisse de négociations à l'échelle mondiale (commerce agricole, changement climatique…), à
l'échelle européenne et nationale (environnement et développement durable…), ou plus locale (gestion
des risques…).
Il est important pour cela de rendre plus vivante la rencontre d’une offre et d’une demande de
collaboration ; les uns et les autres pouvant aussi bien offrir que demander.
Dans toutes les actions envisagées il faut savoir être extrêmement économe du temps des partenaires.
Si les conclusions de l'étude sont retenues, il faudrait la prolonger, dans un processus de travail en
plusieurs étapes.
La première pourrait porter sur :
 la mise en place de correspondants-référents dans chaque EPN, et leur mise en réseau
permanent;
 la commande d'une évaluation du site internet des EPNR par une ou des ONG;

8
 la négociation de la possibilité d'expertises gratuites assurées par un EPNR, à la demande de
certaines ONG;
 la poursuite du travail engagé par cette étude au niveau du programme 187, avec :
o une discussion de ces conclusions avec le DGRI (Direction générale de la recherche et
de l’innovation, MRES), directeur de ce programme, et avec les services de la
recherche des ministères concernés ;
o la définition des grands thèmes inévitables dans le dialogue avec les ONG ;
o le repérage des ONG incontournables ;
o les modalités de la rémunération des ONG engagées dans des travaux intéressant un
EPNR.
 le lancement d'un mémoire d'étudiant ou même d'une thèse sur le sujet…

C'est un plan d'action pour les 3 années qui viennent, par étapes, qui devrait être défini par chaque
EPNR, et pour le programme 187.

9
Première partie : Pourquoi vouloir clarifier les relations entre EPNR et
ONG?
La recherche a une responsabilité sociale. Au delà de la production de connaissances, elle est partie
prenante de l'évolution de la société : la recherche est motrice par les innovations qu'elle induit; elle
participe à l'élaboration des décisions publiques. Ce sont les évolutions du cadre dans lequel s'exerce
la responsabilité sociale de la recherche qu'il faut analyser : les ONG en sont un des acteurs, les
relations entre les EPNR et les ONG en sont une des traductions.

Chapitre1
Des changements dans la société appellent à de nouvelles relations

Les relations entre le secteur public et les ONG ont été traditionnellement faibles en France. Elles
ont même été conflictuelles, comme on l'a vu dans le cas des OGM, de l'énergie nucléaire, de la
gestion des risques naturels, plus largement dans la gestion de l'environnement ou de grandes
questions de santé avec le SIDA par exemple.
Sur les politiques internationales, alimentaires, de protection de l'environnement, et plus largement de
développement durable les ONG ont une présence forte dans les débats12, et une réelle capacité
d'influence, souvent plus forte que celle des organismes de recherche eux-mêmes. En France la
Présidence de la république associe des ONG à la préparation de certaines négociations
internationales. Certaines ONG sont aussi des opérateurs de développement, avec des actions
significatives sur le terrain, en relation avec d’autres ONG locales ou internationales : ce sont les
« OSI », organisations de solidarité internationale.

La pratique des pouvoirs publics français a été dans le passé plutôt réservée à l'égard des ONG, soit
parce que leur représentativité était contestée, soit que leurs positions de base étaient considérées
comme inacceptables. De nombreuses anecdotes pourraient être citées en illustration. Certaines
structures publiques ne possédaient encore récemment pas de liste d'ONG ou d'associations pour la
diffusion de documents d'information ou de consultation.

Notre société évolue, de nouveaux acteurs y interviennent, de nouvelles tensions s'aiguisent, ce qui
conduit les EPNR à être sollicités d'une manière nouvelle : les relations avec les ONG y prennent une
place nouvelle.

2-1. Les mécanismes de la décision évoluent : "on ne peut plus décider comme avant"13.

Deux modes d'action et de conception des politiques publiques s’affrontent.


On peut caractériser le premier mode d'action publique à travers ce qui a été mis en place dans
l'immédiat après-guerre, au temps de la pénurie (de ressources et de cadres) et de la reconstruction :
la constitution d'une grande structure fait en soi politique publique, et il y a délégation aux experts que
l'on y recrute (un corps technique, le CEA, l'INRA, le CNRS, un peu plus tard le CNEXO …). Il s'agit
de rattraper l'Amérique : les objectifs sont relativement simples à formuler. Il y a un but et un chemin,
désigné par les experts, que retient le décideur…
Du point de vue de la recherche cela conduit la France à avoir l’un des dispositifs de recherche les
plus centralisés du monde : peu de ministres de la recherche des grands pays du monde peuvent réunir
tous les dirigeants dans une salle pour un petit déjeuner…

Un autre mode a émergé, dans notre société de relative abondance de ressources et de cadres, à
l'occasion de crises autour de nouveaux risques sur la santé et l'environnement. L’expert et le décideur
12

Cf. "La diplomatie non gouvernementale, les ONG peuvent-elles changer le Monde?" de Henri Roullié d'Orfeuil, Editions Charles Léopold
Mayer, fév 2006
13
Cf. le rapport "Le positionnement des organismes de recherche agronomique, éléments de réflexion, scénarios d'organisation,
propositions", élaboré par Yves Le Bars et André Villalonga, IGGREF, mars 2006, rapport CGGREF n°2394

10
ont dû introduire "les autres" dans le système de décision. C’est un jeu à trois, pouvoirs publics, expert
et acteurs de la société civile. Le concept de "décideur" disparaît au profit du "fabricant de décision",
pilote d'un processus pour inventer un futur collectif original.

Pourquoi ce changement du processus de décision?


En premier lieu, les crises portant sur la santé et l’environnement ont conduit à reconnaître la
légitimité de nouveaux acteurs autonomes et capables d'initiatives. Tous les leviers de l’action ne sont
pas dans la main des pouvoirs publics. Les politiques de décentralisation ont accru l'autonomie des
collectivités territoriales, les privatisations d'entreprises et l'internationalisation de leurs champs
d'action ont réduit la capacité des pouvoirs publics de peser sur leurs choix.

En deuxième lieu, la nature des enjeux collectifs a changé, la société est plus complexe : il ne s’agit
plus de répondre à un besoin bien identifié, il faut inventer une réponse acceptable par chacun. Il ne
s'agit plus de "rattraper l'Amérique", mais d'inventer un futur qui nous soit propre.

En troisième lieu les acteurs changent. Ainsi dans les pays en développement l’Etat a changé de
nature, des processus de décentralisation sont en marche mais les sociétés civiles restent faibles : les
ONG et les OSI jouent un grand rôle dans leur renforcement.

Une médiocre prise en compte de ces changements est allée de pair avec une dégradation de la
crédibilité des structures publiques.
La méfiance se constate du côté du public à l'égard des responsables, quand il s'agit de la gestion des
risques : en 200614 notons par exemple que le pourcentage des personnes interrogées qui pensent
"qu'on leur dit la vérité sur" n'est que de 27% sur les risques des produits alimentaires, 12% sur les
OGM, et 11% sur les risques des déchets radioactifs. Il y a un décalage -qu'on ne doit pas négliger,
tant ses conséquences sont couteuses- entre la compétence (au sens de détention de la connaissance) et
la crédibilité (au sens de disant la vérité sur).
Sur le cas spécifique de la perception des risques du nucléaire, les chiffres d'un sondage de l'IRSN sont
les suivants :

catégorie compétence crédibilité

Associations de
40 % 55 %
consommateurs

CNRS 85% 48%

CEA ou EDF 80 % 35 %

Hommes politiques 12 % 6%

D’autres paroles que celles des experts et chercheurs sont elles aussi en perte de vitesse, mais ce n'est
pas une consolation…

Ce sont des processus d'élaboration des politiques publiques qu’il s’agit de monter et de conduire.
Processus dont on ne connaît pas a priori l'aboutissement, puisqu'ils dépendent souvent d'un travail
d'approfondissement, avec l'apport de résultats de la recherche, et d'une interaction entre acteurs
autonomes. L’administration et ses établissements publics changent de rôle, leur rapport au politique
change aussi : il s’agit de piloter des processus, d’apporter la garantie de la mobilisation de tous, dont
celle du potentiel de recherche, mais sans préjuger des résultats.

14
Enquêtes Baromètre faites régulièrement en France par l'Institut de la radioprotection et de la sûreté nucléaire
(IRSN)

11
On a vu dans le passé récent, notamment dans le domaine de l'environnement et du développement
durable, des débats dans lesquels ONG et EPNR sont associés (préparation de la Charte de
l'environnement, de la Stratégie nationale de développement durable…), et qui ont conduit à des
décisions. Le "Grenelle de l'environnement" offre une nouvelle opportunité.

Quoiqu'il en soit, la recherche est attendue dans les nouveaux processus de gouvernance, dans un jeu
multi-acteurs.
On passe d'une logique mécaniste de "retombées de la recherche sur la société" à une "co-
construction" de programmes, appropriés dès l'origine par les principaux acteurs.
Cela conduit à privilégier des modes de travail en relation plus étroite avec les parties prenantes,
souvent dès la conception des programmes de recherche, et à accepter toutes les dimensions, mais
aussi les limites du rôle des chercheurs, qui laissent les synthèses et les choix aux pouvoirs publics.
EPNR et ONG doivent se retrouver acteurs dans les processus de préparation des décisions publiques,
c'est au sein d'une interaction à au moins trois types d'acteurs que se situent les relations entre ONG et
EPN/R : les responsables (ou pilotes) des politiques publiques en sont acteurs clé, leurs orientations
déterminent les relations des deux autres types d'acteurs.
Ces réflexions nous ont poussé à interroger des directions de l'administration centrale des deux
ministères en relation fréquente avec les organismes du programme 187, le MEDAD et le MAP, pour
l'élaboration et la conduite de leurs politiques publiques. En complément il est apparu utile d'ajouter
l'avis d'agences intervenant dans la recherche : l'ANR, mais aussi l'AFSSA.

2-2. la dynamique propre à la recherche est source de bouleversements qui prennent une dimension
sociale et politique

La dynamique propre de la recherche est source de bouleversements dans la société, en apportant de


nouveaux savoirs et de nouvelles technologies, sources de nouvelles conditions économiques, sociales
et environnementales. De ce fait la recherche est partie prenante de la dynamique sociale, un moteur
de processus de transformation de la société. Quand les chercheurs définissent un domaine comme
celui des OGM, que les entreprises s'en saisissent, et que les consommateurs ou les citoyens s'en
inquiètent, la dimension publique de la recherche ne peut être évitée. Quand ce sont des ONG qui sont
motrices du débat public les relations avec elles deviennent inévitables.
A côté des questions de société "orphelines" d'un appui de la recherche (celles où la mobilisation de la
recherche reste faible au regard des enjeux sociaux), il y a donc des questions qui sont générées dans
la société par l'avancée de la recherche et de la technologie. En langage bruxellois, on pourrait dire
qu'à côté de recherches "socio push", il y a des recherches "techno push". Pour les deux une
implication organisée de la recherche dans les politiques publiques est nécessaire, en relation avec la
société civile.

Cette exigence de la présence de la recherche dans le débat public et dans la préparation des décisions
ne doit pas être confondue avec le "marketing de mon laboratoire" ou de mon thème de recherche, si
fréquent dans l'expression des scientifiques. L'abus de marketing peut être dangereux pour la
crédibilité des scientifiques vis-à-vis de la société civile.

Ajoutons que dans le processus de préparation des décisions entre les autorités publiques et les
partenaires intéressés, la question de la crédibilité des expertises délivrées par les organismes de
recherche est soulevée.
Les mutations de la place de la recherche dans la société obligent à traiter convenablement cette
question de la crédibilité.
D'une part, il faut admettre que les expertises scientifiques et techniques sont sollicitées et rendues
dans des domaines où les connaissances sont rarement stabilisées, où il y a controverse, et par
conséquent la position des experts ne peut se limiter à l'énoncé de savoirs ou de résultats acquis.
L'expertise n'échappe pas, pour elle-même, au débat.
D'autre part les liens entre des EPNR et des entreprises n'ont plus la même signification. Quand dans
les années 1970, 70 à 90% des recherches d'un secteur étaient faites au sein du secteur public, elles

12
couvraient tous les sujets, et les résultats étaient naturellement propriété publique, et leur crédibilité
n'était pas en cause. Il n'en est plus de même aujourd'hui : si les EPNR sont perçus comme travaillant
pour le compte à la fois des entreprises (alors que le secteur privé fait davantage de recherche par lui-
même) et pour l'évaluation des technologies qu'elles introduisent, cela pose la question de la crédibilité
vis-à-vis des autres partenaires.
Enfin dans de nombreux secteurs du P187 en particulier, la recherche publique est devenue marginale
dans le total de la recherche faite sur de nombreux sujets. Les priorités de la recherche publique ont à
se décliner très différemment (cf. le cas des OGM par exemple, ou celui de l'alimentation, ou du
service urbain de l'eau…).

2-3. Les EPNR du programme 187 portent des enjeux à fort retentissement dans la société,

Les EPNR du programme 187 demandeurs de l'étude sont responsables d'apporter les moyens de la
recherche sur plusieurs enjeux de notre société. Leur apport alimente les décisions pour un
développement durable : il s'agit de préparer des arbitrages entre exploitation des ressources et
équilibre des milieux, entre économie et environnement, entre promotion d'innovations et mesure de
leurs impacts, entre les intérêts des pays à des stades différents de leur développement… Des mots clé
sont associés au P187, à travers les objectifs qui lui sont assignés, et les actions qu'il conduit :
solidarité internationale, alimentation, espaces ruraux, environnement, santé publique.

L'ambition du programme 187 définie pour les documents de la loi de finances est de « Constituer un
pôle de référence de recherche scientifique et technologique et d’expertise de niveau mondial, pour la
gestion durable des milieux et la mise en valeur des ressources naturelles et des produits qui en sont
issus, répondant aux besoins des sociétés du Nord et du Sud. »

Les enjeux stratégiques couvrent des actions de recherche, de diffusion et de valorisation, enfin de
gestion de grands équipements, et sont définis en 9 actions (cf. en annexe 5 une description du
programme 187)15

En même temps qu'il produit des connaissances scientifiques au meilleur niveau international, et
assure le transfert et la valorisation des résultats de la recherche à destination des entreprises, le
programme 187 doit répondre à plusieurs objectifs, dont nous retiendrons :
 mobiliser les connaissances en appui aux politiques publiques,
 aider au développement du Sud par le partenariat scientifique et technologique.

Parmi les enjeux qu'il faut prendre en compte, par les EPN du P 187, il y a ceux de la stratégie
gouvernementale de développement durable (cf. J. Dedieu, Haut Fonctionnaire Développement
Durable du MAP). On en retiendra en particulier l'accent mis sur l'adaptation des modes de
gouvernance, en améliorant les processus de participation des parties intéressées grâce à des instances
ministérielles de concertation, de la transparence, comme de l'animation de lieux de rencontre dans le
milieu rural. Cette stratégie note qu'il faut se préparer la révision de la PAC (en 2013) en prenant en
compte les intérêts des Pays les moins avancés…

Les dimensions sociétales des missions et des thèmes du travail de recherche et de développement des
EPN du P187 se voient dans les controverses dans lesquelles ces EPN ont été engagés dans les années
passées. Notons par exemple :
- toutes les actions de génétique : OGM, mais aussi génétique animale,, qui ne sont
pas exemptes d'aspects éthiques;
- la gestion des risques naturels ou induits par l'activité humaine : les prescriptions de
la collectivité font débat alors que les prises de risques individuelles le font moins…

15
Pour une description plus complète voir le budget de l'Etat, sur le alize.finances.gouv.fr/budget/plf2007/bleu…

13
- la question de la capacité du marché mondial à réguler le cours des produits
agricoles en particulier dans les pays en développement et celle des subventions à
l’agriculture ;

Sont particulièrement fréquentes dans tous les domaines d'action des EPN du P187 les contradictions
entre gestion durable des ressources et des milieux et exploitation par les entrepreneurs d'aujourd'hui,
que cela soit des eaux, des sols, du littoral, ou des océans.
Le cas des pesticides et des apports en nutriments vers les eaux continentales rendues impropres à la
consommation, ou modifiant l'équilibre des eaux marines, est aussi d'actualité. Le gouvernement est
pris entre les agriculteurs, les associations et la capacité de l'Union européenne à initier un cadre
règlementaire : la position des experts est délicate.

2-4 EPNR et ONG ont besoin les uns des autres


Ces deux groupes d'acteurs du fonctionnement social que sont les EPNR et les ONG ont aussi besoin
les uns des autres pour se consolider dans leurs rôles respectifs et distincts.

2-4-1. La recherche peut gagner en influence à travers des ONG et elle peut bénéficier de leurs
capacités intégratrices.

Les ONG ont gagné une place plus grande sur la scène publique. Le "Grenelle de l'Environnement"
lancé par le gouvernement en juillet 2007 en témoigne. En ce qui concerne les ONG de
développement il en est de même.
"Au cours des dernières années, les ONG de développement ont acquis une légitimité accrue. Elle
tient, selon moi, à trois éléments : la proximité naturelle qu’elles entretiennent avec les bénéficiaires
directs de l’aide ; la professionnalisation de leurs interventions ; leur capacité, enfin, à s’adresser
directement et efficacement aux médias et à l’opinion". Jean Marie Bockel, Secrétaire d’Etat à la
Coopération et à la Francophonie, Journées de la Coopération internationale et du développement (17
juillet 2007).

La recherche peut accroitre son impact en se rapprochant des ONG et consolider sa crédibilité.
Les ONG ont une capacité d'influence dont il faut tenir compte : elles sont une forme d'expression
qui prend de plus en plus de place dans la vie collective, particulièrement sur tout ce qui touche au
développement durable, sur la santé sur les risques… les ONG sont présentes, actives et influentes.
Les partenaires des EPN de recherche, gouvernements, institutions européennes et internationales,
entreprises ou collectivités territoriales les prennent en compte, comme de nombreux exemples le
montrent : les instances internationales et les chefs de gouvernement craignent la mobilisation des
ONG et les associent à la préparation des réunions internationales. C'est tout particulièrement le cas de
la gestion des milieux et des ressources naturelles, sur tout ce qui touche au développement durable,
aux changements climatiques, à la santé, et aux risques naturels et anthropiques.
Dans leur capacité à influencer, les ONG se professionnalisent et deviennent de véritables partenaires
de dialogues, et pouvant conduire à l’émergence de nouveaux thèmes de recherche.
Une ONG nous a dit récemment avoir insisté pour que la recherche soit présente autour de la table de
négociations avec le gouvernement, dans le "Grenelle de l'environnement" …

A travers de vraies relations avec les ONG, en complément de celles avec les autres acteurs, les EPNR
contribuent à leur légitimité de posture, à distance des intérêts mieux ancrés. Cette légitimité de
posture vient compléter leur légitimité de compétence, qui vient de la démarche de recherche et de son
évaluation par les pairs.

La recherche a besoin des ONG pour leurs capacités intégratrices.

Les questions de société ne sont pas construites selon la division du travail de la recherche, c'est une
évidence : les divisions disciplinaires ne correspondent pas (et de moins en moins) aux enjeux de la
société d'aujourd'hui, (respect de l'environnement et, encore plus, développement durable).

14
Même lorsqu'ils sont construits autour de thèmes de recherche finalisés, les EPNR doivent délimiter
leurs sujets, par souci d'efficacité, et pour répondre aux contraintes de l'évaluation par les pairs d'une
communauté scientifique prédéfinie. La recherche découpe les questions en tranches, et un travail de
synthèse doit suivre. C'est donc par construction que le travail interdisciplinaire est difficile dans le
monde de la recherche : il faut souvent une force externe pour mettre ensemble les différentes
contributions de la recherche, disciplinaires ou finalisées.

Pour les EPNR les ONG peuvent être un stimulant à la synthèse sur des enjeux de société, jouer un
rôle de médiation, et apporter des lieux de décloisonnement des savoirs. C'est un peu ce qu'attend le
Cemagref de l'AFPCN sur les risques naturels, ou le CIRAD et l'IRD du GRET ou d'autres ONG sur le
développement en coopération. C'est ce souci qui avait d'ailleurs conduit à la création du GRET il y a
30 ans.
Notons que c'est aussi la fonction de certaines agences de l'Etat d'assurer cette synthèse opérationnelle,
en particulier quand la sécurité est en cause (Andra/CEA; AFSSA/INRA…)

Les EPNR peuvent tirer parti des projets, des terrains d'action, des études et même des campagnes
d'opinion menées par les ONG, qui peuvent donner accès à des terrains pertinents pour l'intégration
des différentes recherches. De façon plus concrète, certaines ONG gèrent des espaces naturels ou
aménagés depuis de nombreuses années, et disposent de données que la recherche peut valoriser dans
ses travaux.

2-4-2. Les ONG ont aussi besoin de la recherche.

Solidarité, défense de groupes ou de territoires, respect de l'environnement, éducation populaire,


contribution au développement durable et au renforcement de la société civile… sont parmi les
engagements les plus nombreux des ONG et des OSI.
Elles ont objectivement besoin de la recherche pour fonder leurs positions, et leur plaidoyer, et pour
appuyer leurs projets plus ancrés dans le terrain, en France ou à l'étranger. Pourtant il n'est pas si sûr
qu'elles puissent le faire de manière significative, et contracter avec les EPN : les formes d'interaction
sont encore en grande partie à inventer.

2-5. Mais il y a des limites à ces relations, de légitimités et de pratiques différentes

Si les réflexions ci-dessus, de caractère général, conduisent à reconsidérer les relations entre les EPNR
(tout particulièrement ceux du P 187) et les ONG, il est aussi nécessaire d'en voir les limites. Ces
limites sont nous semble-t-il être de deux ordres : de l'ordre de la légitimité, de l'ordre des pratiques du
débat.

Dans son ouvrage "La contre démocratie, la politique à l'âge de la défiance", (p 114, Seuil 2006) P.
Rosanvallon note : "une association ou une organisation quelconque de la société civile bénéficient ès
fonctions d'une "légitimité d'expérience" par les contributions pratiques qu'elles peuvent apporter
dans leur domaine d'intervention. On pourrait aussi parler à leur propos d'une "légitimité-utilité";
leur action est reconnue sur ce mode. Mais il y a loin d'une légitimité de cette sorte, d'ordre moral ou
fonctionnel, à une légitimité proprement politique. Ce sont en effet dans ce second cas des qualités
différentes qui sont concernées, et au premier chef une qualité de généralité".

EPNR et ONG sont ici dans le même groupe de source de légitimité, celui de l'expérience utile : les
EPNR fondent la leur sur leur fréquentation de la science et sur leur contribution à l'innovation comme
source de progrès, les ONG sur leurs adhérents, sur leur engagement dans la générosité et la défense
des droits…

Le travail que peuvent faire des EPNR avec des ONG ne peut donc en rien réduire la nécessité de leur
relation étroite en appui des autorités publiques démocratiquement légitimes. Cette relation avec les
ONG ne doit pas être exclusive dans les relations avec la société.

15
Mais ce n'est pas tout. Il y a une autre limite que les EPNR doivent considérer, celle des pratiques du
débat. Une ONG est aussi "non garantie", au sens que c'est son utilité qui la légitime, pas ses
intentions. Justement parce qu'elle n'a pas besoin de garantie, une ONG peut être en avance dans le
mouvement des idées, mais peut aussi se révéler être un cran en arrière…

Ce sont donc ses mécanismes de régulation, sa démocratie interne, sa culture du débat, et en corollaire,
sa culture de l'innovation et de l'introduction des résultats de la recherche dans son plaidoyer, qui sont
à prendre en compte pour établir des liens entre une ONG et un EPNR.
Ce n'est pas aux acteurs publics de refuser l'échange des arguments avec des ONG. Mais les EPNR
doivent acquérir cette forme de compréhension des ONG avec lesquelles ils sont conduits à être en
relation.

En conclusion de cette partie, nous retiendrons, sans surprise, que les organismes de recherche ont
besoin de cultiver des relations avec les organisations non gouvernementales.
Avec les différents ministères les EPNR ont signé des conventions de recherche, d'expertise et d'appui
technique, en appui aux politiques publiques. Pour l'exercice de leur mission, les EPN de recherche
ont multiplié les contacts avec les entreprises, pour leur apporter des prestations de service, transférer
savoir-faire et résultats, percevoir des besoins d'innovation et de recherche, et jusqu'à bâtir des
partenariats de recherche. Avec les collectivités territoriales il en a été de même.
Cela ne suffit pourtant pas : la construction de la confiance dans les décisions publiques exige d'autres
pratiques, en partie à inventer, appuyées sur cette autre forme de l'expression de la société que sont les
ONG.

16
Deuxième partie : le point de vue des acteurs
Après un tour d'horizon des motifs généraux qui conduisent à se poser la question des relations entre
les EPN de recherche et les ONG, il faut avancer dans le diagnostic de la situation actuelle. On le fera
en interrogeant trois groupes d'acteurs : les ONG d'abord, les pouvoirs publics (administrations et
agences de l'Etat) ensuite, et les EPN eux-mêmes enfin.
Un complément a été apporté par quelques échanges au niveau européen à travers le réseau PEER16.

Ces appréciations d'origines diverses pourront aider à dégager, avec l'appui des réflexions de la
première partie, les forces et faiblesses des EPNR et les opportunités qui sont à prendre en compte
pour définir les relations entre EPNR et ONG.

Chapitre 3
Le point de vue des ONG, et celui de représentants des pouvoirs publics

3-1/ Du point de vue des ONG rencontrées

Les ONG ne sont en général structurées ni selon les divisions de la science, ni selon celles des
pouvoirs publics, ni selon les grands secteurs économiques : elles sont d'abord construites selon une
vue des droits, des générations futures, des enjeux du développement…

Cependant les ONG françaises sont, par rapport à leurs homologues de plusieurs pays européens,
plutôt de petite taille, et dispersées, même s'il existe des coordinations d’ONG et d’OSI œuvrant avec
le Sud (Coordination Sud, CARI pour les pays arides, Réseau Action Climat,…) avec lesquelles des
partenariats commencent à se nouer, ou encore dans le domaine du développement durable (l'Alliance
pour la Planète, plate-forme de 79 ONG).

Au cours du temps imparti à l'étude il n'a été possible, pour les membres du groupe de pilotage, que de
rencontrer un nombre réduit d'ONG : WWF France, Fondation Nicolas HULOT (FNH), France Nature
Environnement (FNE), Bretagne vivante, GRET, AVSF, AFPCN, Sciences citoyennes (ONG de
réflexion sur la science). Une date commune n'a pu être trouvée avec 4D, qui a changé de président
dans la période de l'étude. UFC-Que Choisir, contactée, n'a pas réagi.

Dans les processus d'élaboration des politiques publiques, au Nord comme au Sud (depuis leur genèse,
jusqu'à leur mise en œuvre et les évaluations successives), les ONG revendiquent de jouer un rôle
réel.

Toutes les ONG rencontrées ont des relations fréquentes avec la recherche. Les dirigeants salariés
permanents ont été formé par la recherche (WWF, FNH), les ONG rencontrent les scientifiques
membres des comités que les ministères, la commission de l'UE ou diverses organisations
internationales réunissent, des chercheurs sont associés aux projets pour leur conduite et leur
évaluation (GRET, AVSF)…

Que leur domaine d'action soit prioritairement national ou mondial, plusieurs ONG ont exprimé les
demandes suivantes vis-à-vis des EPNR :
 demande de bénévoles issus de la recherche pour prendre part aux activités (Bretagne vivante,
AFPCN…),
 demande d'expertises produites par des laboratoires spécialisés, en appui aux actions et
campagnes réalisées (FNE, Coordination Sud),
 demande d'associer les laboratoires de recherche aux projets des ONG.

Une ONG (FNH) nous a dit avoir demandé la présence de la recherche dans les négociations
environnementales avec le gouvernement ("Grenelle de l'Environnement").
16
PEER : Partnership for Environmental European Reaserch, dont le Cemagref est membre

17
Un constat cependant : il apparaît plus facile, semble-t-il, de travailler avec un laboratoire d'une
université ou d'une grande école, qu'avec un EPNR. Les raisons de ce jugement mériteraient d'être
approfondies. S'agit-il d'une lenteur dans la prise de décision dans les EPNR, de la difficulté à
introduire une demande nouvelle, en raison :
• de l'absence d'une "porte d'entrée" facile d'accès ?
• d'un planning très contraint par les exigences de la production scientifique selon les
modalités habituelles,
• ou de la prééminence d'orientations de programmation qui créent de la rigidité dans la
prise en compte d'impulsions venant de l'extérieur..?
Des critiques sont aussi formulées à propos des sites Internet des EPNR. Ce point mériterait
approfondissement.

Les ONG rencontrées ont accueilli très favorablement les objectifs de la mission et souhaitent être
tenues au courant des suites qui seront données.

Il est possible d'illustrer les demandes des ONG vis-à-vis de la recherche par quelques exemples pris
aux niveaux national et international..
Au niveau national d'abord, une bonne représentation des demandes peut être concrétisée par le cas de
l'AFPCN.
Encadré : l'AFPCN

L'AFPCN produit des colloques, des ouvrages, des médiations, et du plaidoyer en faveur de la
prévention des catastrophes naturelles.
C'est une plateforme, en ce qu'elle crée des liens entre les différents acteurs, y compris l'Etat, les
collectivités territoriales, les associations locales, les chercheurs et experts et le milieu économique.
Sans être une société savante, elle a une dimension scientifique (et avec un conseil scientifique). Sa
démarche est très finalisée, et veut intégrer toutes les sciences, depuis les sciences de la terre
jusqu'aux SHS au service de la prévention des catastrophes naturelles.

L'AFPCN a besoin des Etablissements de recherche comme :


 ressource d'experts pour les colloques et évènements divers;
 contributeurs dans des groupes préparant des positions sur des sujets difficiles (Think tank)
 contribuant à la crédibilité des postions prises.

Les établissements de recherche ont besoin de l'AFPCN comme :


 outils de veille de repérage de sujets sensibles;
 capacité à traiter des sujets transversaux, forçant à l'interdisciplinarité;
 permettant un accès plus libre à la réflexion sur les politiques publiques avec les
administrations et autres pourvois publics, en plateforme de la diversité des acteurs...
 moyen de diffuser les résultats et orientations de la recherche.

Et bien sûr les établissements de recherche sont souhaités, comme membres actifs, avec leurs
cotisations… Mais les ressources principales viennent des administrations de l'Etat : elles ne sont pas
attendues des EPNR, sauf pour des évènements spécifiques, appuyés sur un des laboratoires d'un
EPNR.

Les attentes de la Fondation Nicolas Hulot sont semblables, et appuyées par une notoriété.

Le WWF- France exprime son intérêt à travailler avec des chercheurs et des institutions de recherche
et cite un certain nombre de collaborations anciennes. Les collègues du WWF proposent que soient
instaurés des liens fréquents de dialogue et de connaissance mutuelle.

18
Au niveau international

Un responsable d'une grande coordination dit : "Il faut éviter de sortir de son identité et ne pas perdre
de vue que les ONG sont des organisations militantes. Le but n'est pas de faire faire de la recherche
aux ONG ou du militantisme aux EPN. Les ONG ont plus de libertés pour conduire les conflits. Elles
sont très fortes dans tout ce qui est négociations, dans l'humanitaire, le droit de la guerre, les
médicaments, les accords agricoles dans le cadre de l'OMC, la biodiversité, le climat. Tout cela ne
serait pas passé sans une conscience planétaire, née des observations effectuées par les ONG.
Les ONG éprouvent le besoin de déconstruire le modèle économique de la Banque Mondiale, qui
repose sur l'hypothèse du plein emploi généralisé dans le monde. Ce mainstream puissant, a été
combattu par des marginaux de l'INRA, des chercheurs retraités, etc. Déconstruire des statistiques fait
également partie du processus".

Les demandes vis-à-vis de la recherche au niveau international portent sur deux types d'action :
 la mise en place, la conduite et l'évaluation de projets de terrain, y compris pour qu'ils
changent d'échelle, et puissent devenir des politiques nationales. Le GRET, AVSF et les ONG
du groupe Initiatives sont en faveur de ce type d'action.
 pour la préparation des négociations internationales, la recherche française est considérée
comme ayant du mal à se mobiliser (elle n'est probablement pas assez sollicitée aussi), et les
ONG (par exemple à travers Coordination Sud) le regrettent.
Cependant des démarches communes existent, qu'il faut faire connaître.
Encadré : Un projet travail sur l'eau en Equateur "projet vertueux" en association entre AVSF et un
agent de l'IRD.
Un exemple de projet de terrain qui s'inscrit dans la durée et produit de nouvelles références : celui
d'AVSF en Equateur, portant sur la gestion des périmètres irrigués de montagne.
A partir de 1993 le CICDA17 a travaillé en Equateur en aval de travaux de recherche mené par
l’ORSTOM (depuis : IRD) portant sur l’analyse des fonctionnements des principaux bassins versants
des systèmes irrigués du pays (partenariat avec l’INERHI). Thierry RUF, agroéconomiste de
l'ORSTOM s'est rapproché du CICDA, déjà sur place. La collaboration, dans un premier temps
informelle, devint institutionnelle, avec plusieurs réunions destinées à assimiler et mettre à profit le
travail mené par l'ORSTOM. Un conseil scientifique fut créé, avec identification d'un programme sur
4 ans dans les cantons d’Urcuqui et de San Blas (province d’Imbabura). Ce rapprochement CICDA-
ORSTOM servit de base scientifique et opérationnelle pour développer des actions et créer des
références sur la gestion des systèmes irrigués paysans par les associations locales des usagers de
l'eau. Il s'agissait d'améliorer la gestion des "tours d'eau", mode de partage de la ressource en eau issu
des canaux d'irrigation mis en place au XVI ème siècle. L'ORSTOM a modélisé un système de gestion,
dont la mise en œuvre fut confiée au CICDA, dans le cadre d'un "Projet d'amélioration des systèmes
irrigués". Les produits de ce partenariat ont servi à former de nombreux agents de développement et
de responsables paysans des associations d’usager ; cette coopération a mobilisé le CNEARC18
(thésards) et le CAMAREN (consortium équatorien constitué autour du ministère du développement
durable, associant institutions publiques et privées de recherche et de formation, pour mener ds
travaux de recherche et de formation sur la gestion des ressources naturelles et l’agriculture familiale)
Des moyens financiers internationaux (UE, MAE) ont été mis en œuvre.
Des institutions privées, comme le CFCF19 ont également participé.

En conclusion on trouve dans cette action les ingrédients suivants :

17
Centre International de Coopération pour le Développement Agricole, fusionné depuis avec VSF.
18
Centre National d'Etudes Agronomiques en Régions Chaudes, Montpellier.
19
Comité Français Contre la Faim, créé en 1983, devenu CFSI (Comité Français pour la Solidarité Internationale) en 1994

19
 un fort investissement humain, pour échafauder ces participations croisées recherche-ONG,
 un apport important de la recherche, nécessaire aux ONG,
 une grande motivation des chercheurs à travailler de concert avec les ONG,
 une volonté de faire travailler ensemble secteur public et associations.

Encadré : ONG et EPNR préparent les négociations internationales. Il porte sur la régulation des
marchés agricoles.

Des représentants d'ONG et d'EPNR (le CERI20, le CIRAD, le GEMDEV21, le GRET, Coordination
SUD et la Plate-forme pour le Commerce équitable) souhaitaient en effet analyser les positions prises
par les négociateurs ou les principaux acteurs concernés par la négociation à l’OMC dans le cadre du
cycle de Doha, dit "cycle du développement".

Un réseau (IRED22) a été créé, étendu à quelques spécialistes des ministères concernés. Il a pu
organiser trois séminaires en 2005 avant la Conférence de Hongkong (décembre 2005). A partir de
cet éclairage scientifique, les ONG françaises ont pu préparer un document de positions sur les
principales questions en discussion dans le processus diplomatique et dans le débat public
international. Leurs positions ont été largement partagées par des réseaux internationaux d’ONG ou
d’organisations de producteurs agricoles.

Ce réseau a pu enfin organiser au Sénat en janvier 2007 un nouveau séminaire sur les expériences et
instruments d’une régulation des marchés agricoles.
Les ONG s’engagent aujourd'hui, par un échange de lettre du 1er juin 2007 à collaborer entre elles et à
appuyer les chercheurs ou les équipes concernés par le thème de la régulation des marchés agricoles,
dans le cadre national, régional ou international. Trois thèmes principaux :
 l'étude des acteurs engagés dans les négociations commerciales internationales et de leurs
stratégies;
 l'étude des marchés agricoles et de leur régulation;
 les études des négociations agricoles internationales.
Chacun en attend un renforcement de la production scientifique sur ces sujets.

Toujours dans le domaine international du développement, il convient d'avoir toujours présent à


l'esprit l'exiguïté du monde des ONG en France (2000 salariés, 3000 volontaires, 100 000 bénévoles).
La commission agriculture/alimentation de Coordination-Sud comprend une vingtaine d'associations,
dont quatre ou cinq leaders, avec très peu de personnes. Les présidents sont toujours des bénévoles. La
professionnalisation a beaucoup avancé, le niveau des diplômes est bon dans les ONG.
A côté des nombreuses associations françaises, on a les mastodontes américains. L'aide publique US
est canalisée à 60 p.100 par les ONG (CARE23, WorldVision24, Oxfam25).

Les ONG engagées dans "recherche et société"


La préparation de la LOPR26 et les mouvements de chercheurs qui l'ont accompagnée ("Sauvons la
recherche", "Ouvrons la recherche") a fait apparaître une nouvelle catégorie d'ONG comme partenaire
de la recherche : des associations comme la "Fondation Sciences citoyennes". A la marge du champ
20
Centre d'Eudes et de Recherches Internationales, Sciences Po Paris.
21
GIS pour l'Etude de la Mondialisation et du DEVeloppement.
22
Innovations et REseaux pour le Développement.
23
CARE France : budget annuel de 15 millions d’euros, 20 collaborateurs au siège, 20 français expatriés sur le terrain
24
Organisation humanitaire chrétienne dédiée aux enfants et à leurs familles en éradiquant pauvreté et injustice.
25
Confédération de 13 organisations, avec 3000 partenaires répartis dans plus de 100 pays
26
loi d’orientation et de programmation sur la recherche

20
des EPNR du programme 187, VivAgora s'est affirmée dans les débats publics, en particulier sur les
Nanotechnologies. Il faut aussi les prendre en compte.

La Fondation Sciences Citoyennes (FSC) est une association créée en 2003, financée essentiellement
par la Fondation pour le progrès de l'Homme, le Conseil régional Ile de France, et l'Union
européenne. La FSC veut impliquer la société civile dans la recherche publique, elle souhaite être une
interface entre mouvements sociaux et milieux intellectuels. C'est elle qui a mis en place en 2005 les
« Partenariats institutions - citoyens pour la recherche et l'innovation (PICRI) », un dispositif de la
Région Ile de France pour financer des recherches sur des thèmes définis par une ONG.

Notons enfin que des ONG d'un autre profil interviennent aussi dans le processus de recherche : ce
sont celles de la protection animale, qui contrôlent ou ambitionnent de contrôler les protocoles de
recherche sur les animaux vivants ou sur la condition des animaux d'élevage.

3-2/ Vu de représentants des pouvoirs publics

Il ne s'agit pas de faire une étude exhaustive des "jeux à trois" de l'élaboration de toutes les politiques
publiques : cela mériterait un long travail, qui commencerait par un effort de formulation des
politiques publiques que chaque ministère pilote, ou qu'ils ont en commun.

L'étude se contentera de collecter quelques exemples significatifs à partir d'entretiens avec des
directeurs d'administration centrale et des dirigeants d'Agence de l'Etat, pour dégager quelques
orientations, repérer les difficultés et asseoir des propositions.
Il n'a pas été possible de rencontrer les administrations centrales du MAE27, mais un contact a été pris
avec l'ambassadeur chargé d'une étude pour le compte du MAE sur un sujet voisin "(cf. la lettre du SG
MAE à Bérengère Quincy), la participation des acteurs de la société à la préparation des politiques de
ce ministère.

3-2-1/ Les administrations centrales de l'Etat

Les cinq directeurs d'administration de l'Etat sollicités ont tous accepté sans réticence la rencontre, et
l'avaient préparée de manière approfondie. Certains on même considéré que ce sujet n'était pas assez
abordé. Ont ainsi pu être discutées les formes de relations de ces directeurs avec les ONG, quelques
fois leurs relations avec la recherche, et enfin les recommandations qu'ils formulent pour les relations
entre EPNR et ONG. Le lancement de la négociation pour un "Grenelle de l'Environnement" a pu
jouer un rôle dans cette mobilisation.

Il est important pour les EPNR de noter les ONG qui sont le plus souvent en relation avec ces
directions. Les directeurs détaillent leurs relations avec les ONG selon les grands axes des politiques
publiques dont ils ont la charge. Sans surprise les plus souvent citées sont : la fédération France Nature
Environnement (FNE), WWF France, la Ligue de protection des oiseaux (LPO), Greenpeace France.
S'ajoute pour les question de santé et de consommation UFC que Choisir et la CSCV.
C'est surtout du côté du MEDAD que l'on rencontre les autres participants à la préparation du
« Grenelle de l’Environnement » : les Amis de la Terre France, la Fondation Nicolas Hulot pour la
Nature et l’Homme, le Réseau Action climat (RAC) France, la Ligue ROC (et Ecologie sans frontière
depuis peu). S'ajoutent Robin des Bois quand il s'agit de déchets ou de sols pollués, et l'AFPCN sur les
risques majeurs.

Tous les 2 mois pour la DGAl28, tous les 3 mois pour le SG du MEDAD des rencontres sont par
exemple organisées avec les ONG les plus proches du domaine de chaque ministère, pour faire le
point. Les ONG sont dans les comités de pilotage, et sont parfois chargée de produire, contre
rémunération, une étude sur un sujet qu'elles ont particulièrement travaillé.

27
Ministère des Affaires Etrangères
28
Direction générale de l’Alimentation

21
EPN et ONG se retrouvent dans les comités mis en place par les administrations : c'est déjà une mise
en relation par l'Etat.

Des directeurs d'administration centrale ont noté que les grandes fédérations comme FNE
revendiquent une place plus forte, et qu'elles ne veulent pas être instrumentalisées au service de
décisions déjà prises…

Dans la connaissance de l'environnement les ONG, associations locales ou nationales, ont souvent
conservé une grande capacité à collecter des données : leur apport est essentiel pour les décisions sur
la biodiversité et pour les travaux de recherche qui les fondent. Le Muséum national d'histoire naturel
a souvent eu un rôle de charnière entre observateurs bénévoles de terrain et chercheurs. Il doit
continuer en prenant la responsabilité du système d'information sur "nature et paysage".

Quatre règles de la gouvernance pour la préparation des politiques publiques et des programmes ont
été plusieurs fois formulées ainsi (ce qui rejoint les constats faits au §2-1 de cette étude) :
- mobiliser tous les acteurs le plus en amont possible (soit dans des études préalables, soit
par la participation à des comités de pilotage) : c'est ce qui les installe réellement comme
partie prenante, sans pour autant amoindrir leur capacité de vigilance dans la suite;
- faire en sorte qu'une administration puisse réellement piloter le processus de travail;
- associer les ONG dans les évaluations des différentes étapes;
- et que le processus soit réellement ouvert, c'est-à-dire que la conclusion n'en soit pas écrite
à l'avance.
Autant que possible cette participation des ONG est maintenant rémunérée. Cela se fait habituellement
par une convention générale de quelques dizaines de millier d'Euros pour une ONG importante. Ont
été citées les conventions du MAP avec la FNE ou du MEDAD avec l'AFPCN.

Certaines directions encouragent les EPNR à expérimenter les liens avec d'autres partenaires, en
profitant de leur moindre contrainte à l'égard des décisions quotidiennes ou du maintien de l'ordre.

Il est recommandé que le pilotage des programmes de recherche/action réponde aux mêmes règles,
en y ajoutant :
- une présentation régulière des résultats acquis (comme cela se fait par exemple tous les 6
mois pour le Plan interministériel de réduction des risques liés aux pesticides, PIRRP,
lancé en 2006);
- à côté de la rédaction d'articles scientifiques, la production d'une expertise au service de la
gestion des ressources et des milieux.

Cette gouvernance nouvelle de la préparation des actions publiques met en évidence des lacunes dans
la production d'outils d'analyse et de prévision. Ainsi ont été cités : la modélisation des écosystèmes
perturbés par l'introduction de nouvelles molécules ou de nouveaux organismes vivants, les analyses
coût/bénéfices des risques de toutes natures, les questions de transports des animaux…
Accroitre au sein des ONG la connaissance des thèmes travaillés et des résultats acquis par la
recherche : c'est une nécessité que les directeurs rencontrés reconnaissent. "Mieux associer le commun
des mortels au progrès", c'est une question de crédibilité, c'est aussi une règle de prudence, dans le
contexte de la "judiciarisation" de l'action publique, et des mises en examen ultérieures…

Le champ de l'action internationale est aussi un domaine où les administrations publiques sont
demandeuses d'une implication de la recherche et des ONG. Des contacts avec le MAE à travers la
mission confiée à Bérengère Quincy et de ce qu'en ont dit les autres directeurs, se dégagent quelques
pistes.
Si la France veut agir dans les négociations internationales, il faut qu'au plan national le MAE
construise des relations avec les "acteurs non-gouvernementaux", dont ceux des ONG et des
communautés scientifiques. L'exemple de Coordination Sud est cité, qui peut ouvrir de nouveaux
canaux dans les négociations internationales.

22
Mais il est souligné que ce n'est pas pour autant qu'il y a et si l'Etat est davantage un fédérateur, un
pilote, plutôt qu'un administrateur, s'il y a une reconnaissance de la qualité de partenaires à l'ensemble
des acteurs. L'Etat organise les différentes séquences (dialogue, concertation, puis mise en œuvre de
partenariats opérationnels…), et reste maître de la décision finale.

Le renforcement de la culture du dialogue dans les ministères et en particulier au MAE, est un objectif
sous forme de conseil stratégique, l'insertion des acteurs dans les délégations françaises, le
rétablissement des commissions mixtes29 ont joué un rôle jugé utile, qu'il faudrait retrouver avec la
présence d'interlocuteurs d'origines diverses …
Dans la dimension internationale les noms d'ONG cités sont parmi ceux évoqués pour les politiques
nationales, mais il faut y ajouter les ONG humanitaires, et dans le domaine de l'aménagement et du
développement qui intéresse le P187, des réseaux, en particulier Coordination Sud et les ONG
mondialisées, comme OXFAM...

La quasi disparition des crédits propres de recherche au MAE est une faiblesse (avec l'évolution du
budget de la DGCID30) : il risque de ne plus y avoir de moyens disponibles pour des actions de
recherche et capitalisation directement pilotées par ce ministère. Un entretien avec des responsables de
l'AFD31, une agence soucieuse de ses relations avec les ONG, aurait été très utile pour compléter ce
jugement.

3-2-2/ Vu d'agences de l'Etat, comme l'AFSSA ou l'ANR32

Il a paru utile d'entendre des organismes publics, agences en charge d'une politique bien délimitée, par
mandat de l'Etat. Les agences n'ont pas les mêmes contraintes que les administrations centrales dans
leurs relations avec les ONG. Leur légitimité plus récente, et leur posture d'indépendance les y conduit
probablement. Les EPN de recherche ont tout intérêt à tirer parti de cette légitimité dans le
développement de leurs relations avec les ONG.

Ainsi les ONG ont la possibilité de demander à l'AFSSA ou à l'AFSSET une expertise mobilisant les
comités scientifiques de ces agences sur une question formulée par elles.
Une réunion annuelle a lieu avec les ONG de leur secteur, pour faire le point des activités. Des ONG
(Que Choisir par exemple pour l'AFSSA) sont membres des instances.

Mais il ne faut toutefois pas mélanger les genres.


Les ONG sont souvent des donneurs d'alerte, des "cristalliseurs", des forces de mobilisation capables
de déplacer des lignes de force et de permettre une meilleure prise en compte par les responsables
politiques de points clé.
Les EPNR doivent être sources de données, d'expertises et de connaissances y compris à destination
des ONG, pour fonder leur jugement sur ce qui est important.
Pour cela les EPNR auraient à faire une plus grande place aux démarches de terrain, aux recherches-
action en relation avec les ONG.

L'ANR est le seul interlocuteur du côté des donneurs d'ordre de recherche que nous ayons rencontré,
ce qui est une limite de ce travail. L'ANR ne se définit pas comme faisant une politique de la
recherche, mais comme un accélérateur de la mobilisation de la recherche française sur des enjeux
clés, scientifiques, économiques environnementaux ou sociaux. Cette agence ne se substitue donc ni
au MRES, ni aux ministères techniques en charge de conduire les politiques spécifiques de leurs

29
Rencontres bilatérales officielles qui réunissent régulièrement les responsables politiques et hauts fonctionnaires français et
leurs homologues dans le pays concerné, pour définir, de façon concertée, les grandes orientations des programmes bilatéraux
de coopération signés entre les deux Etats

30
Direction Générale de la Coopération Internationale et du Développement.
31
Agence Française de Développement
32
Agence nationale de la recherche

23
domaines. Elle n'a donc pas à privilégier un groupe d'interlocuteurs ou un autre. Mais l'ANR peut
financer des programmes partenariaux, incluant des acteurs privés, dont des ONG. Ainsi en est-il par
exemple sur la biodiversité avec WWF France.

3-2-3. Vu de l'Union Européenne (UE)

La pratique des relations de la commission de l'UE avec les ONG est probablement plus forte qu'en
France, du fait de la tradition de groupes de pression organisés à Bruxelles.
Les DG réputées "les meilleures élèves" sont probablement la DG Environnement, et la DG
Commerce (impulsée par l'ancien commissaire, Pascal Lamy). La DG recherche a engagé tout un
programme sur les relations sciences et société, et elle encourage les liens entre recherche et ONG.
Ainsi l'Unité "gouvernance science et société", (N Dewandre) a obtenu d'étendre le montage de
partenariat d'appui à la recherche des PME (SME) aux ONG (Civil Society Organisation, ou CSO en
bruxellois). Les ONG peuvent monter un partenariat, en définissant le thème de la recherche, et en le
mettant en œuvre avec un ou des "provider", ou contributeurs. C'est l'ONG qui reçoit les fonds, puis
passe contrat. La fondation Nicolas Hulot avait commencé un dossier, mais ne l'a pas concrétisé, par
manque de temps, WWF de même.
Les "Guidelines" pour la consultation de la société civile de la commission peuvent être lus avec
intérêt dans notre pays.

3-2-4. Au niveau mondial se jouent aussi des relations tripartites assez nombreuses. Un exemple : la
Commission du développement durable de l'ONU, qui regroupe tous les deux ans des ONG venant de
l'ensemble du monde. Les débats ne sont pas toujours faciles, mais s'amorcent ici des positions des
Etats. C'est l'ONG 4D (Débats et documents pour le développement durable) qui assure actuellement
la coordination des ONG françaises. Les EPNR sont très peu présent, ou même au courant de ces
terrains de négociation.

Un autre exemple est celui du projet FACTs, un projet de revue qui diffuserait des évaluations des
projets innovants des ONG, avec édition papier et mise à disposition sur internet. Les chercheurs
seraient sollicités pour contribuer à la rédaction des articles… Philippe Kourilsky33, promoteur du
projet avec l'appui de la Fondation Veolia-environnement, déplore, la déperdition de compétences au
niveau des ONG, et souhaite à travers ce projet favoriser les meilleures pratiques.

33
Professeur au Collège de France et Membre de l'Académie des Sciences, de l'Acacademiae Europae, de l'Institut Veolia-Environnement.

24
Chapitre 4
Diagnostic par les EPNR eux-mêmes

Après le regard d'ONG et de représentants des pouvoirs publics, voici le résultat de l'analyse interne
amorcée par les EPNR du programme 187.

Chaque établissement s'est efforcé dans le temps bref de cette étude de faire un premier diagnostic de
ses relations avec les ONG, qui a été présenté et discuté en groupe de pilotage. Ces diagnostics n'ont
cependant pas pu être fondés sur un inventaire touchant tous les départements ou directions
scientifiques ou les unités des établissements. Ils ne sont pas reproduits dans ce document. On voudrait
seulement en retenir quelques traits utiles pour la suite.

4-1/ Chacun des EPNR a un profil différent, qui retentit sur la nature et l'état de ses relations avec les
ONG.

- Ifremer : résultat de la fusion de deux organismes de recherche34 en 1984 , l'Ifremer a du


faire la synthèse entre un institut d'appui à l’exploitation par la pêche et la conchyliculture,
l'ISTPM, et le CNEXO, plus tourné vers les dimensions environnementales et l’évaluation des
ressources des océans. Les contacts avec des ONG de poids comme Greenpeace ou WWF sont
relativement anciens…

- INRA : Historiquement l'INRA a développé des relations fortes avec la « profession


agricole » (syndicats d’agriculteurs, associations de producteurs, coopératives, associations de
techniciens agricoles, groupes de développement…). Ce tissu de relations n'était pas construit pour
prendre en compte des thèmes comme l'agriculture biologique et les impacts sur l'environnement.
A partir du moment où son champ d’activité s’est élargi à l’environnement et à l’alimentation,
l'INRA a dû faire évoluer son partenariat vers des acteurs d’un type nouveau, notamment des
ONG. Grâce à quelques précurseurs, des relations se sont peu à peu établies, allant jusqu’à des
participations d’ONG à des comités de pilotage de certains programmes ou à des collaborations
directes à des projets de recherche.
Actuellement, l’INRA souhaite aller plus loin et institutionnaliser l’ensemble de son partenariat
d’orientation, y compris avec les ONG et devrait, pour cela, se doter d’une Mission du partenariat
d’orientation.

- Cemagref : transformé en EPST en 1985, cet institut résulte de la fusion de 2 centres


techniques relevant du ministère chargé de l'agriculture. Il existe aujourd'hui peu de relations
institutionnelles avec les ONG, du fait de ses origines, de ses thématiques et de son taux important
de financement sur ressources propres qui l'on conduit à développer des relations privilégiées avec
les organisations agricoles, les entreprises et la puissance publique.
Par ailleurs, la relation avec la société passe le plus souvent par l' "administration", avec une
attention particulière portée aux services déconcentrés de l'Etat et aux collectivités territoriales,
directement confrontés aux réalités socio économiques dans la mise en œuvre des politiques
publiques.
Toutefois cette question de l'implication dans le débat public et des relations avec les ONG est à
l'ordre du jour de sa réflexion stratégique.

- Le CIRAD et l'IRD : sont du côté des pays en développement, et ont des relations
naturelles avec des opérateurs ONG du développement français (AVSF, GRET…) ou avec des
OSI et des ONG locales. Le CIRAD se reconnaît une responsabilité de faire émerger des ONG
locales, mais en même temps il peut se trouver en concurrence avec elles, sur des projets précis sur
appel d'offre.

34
décret n) 84-428, regroupant le Centre national pour l’exploitation des océans et l’Institut scientifique et technique des pêches maritimes.

25
4-2/ Le sujet des relations entre EPN et ONG a déjà été traité dans le passé, à l'initiative des EPNR.

Le souci des relations avec les ONG n'est pas nouveau, plusieurs textes en ont traité, tout
particulièrement dans les dimensions mondiales de l'environnement et du développement. Mais ces
réflexions se sont peu traduites en stratégies affirmées.

Dans le passé, c'est la préparation de la conférence de Rio de Janeiro en 1992 qui a probablement été
l'occasion des premières réflexions.
Dans le cadre du "club des dirigeants d'organismes de recherche impliqués dans l'environnement", une
rencontre ONG Chercheurs avait été organisée le 13 novembre 1991, avec 3 ateliers : biodiversité,
fertilité des sols et les eaux continentales, pollution et gestion des déchets. Ce sont des sujets toujours
d'actualité, mais auxquels il faudrait ajouter aujourd'hui les questions du changement climatique et des
objectifs du Millénaire du développement.
Les propositions suivantes avaient été faites :
 améliorer la connaissance mutuelle entre chercheurs et ONG : annuaire des ONG, guide
pratique des compétences des chercheurs, un lieu de centralisation des demandes…
 faciliter l'information, la formation et la communication : ouvrages conjoints, favoriser les
débats entre partenaires sur des enjeux de l'environnement et du développement, appuyer
les actions des ONG par des étudiants et des chercheurs…
 ouvrir la réflexion sur les institutions, la recherche et le développement, pour mieux
associer "la demande sociale à la pratique et à la définition de la recherche".
Cette analyse n'a malheureusement pas été mise à jour au moment de la préparation de la conférence
de Johannesburg, 10 ans après. On reprendra partie de ces propositions dans le chapitre sept.

La création du GRET, ONG de solidarité internationale de professionnels, dont les membres sont pour
90% ses salariés actuels, répondait au départ (1975-1985), au besoin d'un lien entre la recherche et les
coopérants en poste dans les PVD. L'outil central était un fichier encyclopédique des "technologies
appropriées". Le GRET exerce aujourd'hui une mission de recherche, avec un financement partiel du
MRES, pour une capitalisation à partir des projets, en produisant des connaissances et en diffusant des
références.

Plus récemment des réflexions ont abouti à :


 une note d'information et de suggestions sur "Collaboration CIRAD/ONG", par Henri
Rouillé d'Orfeuil, d'octobre 2004, en préparation des évènements mondiaux de l'année
2005 concernant l'agriculture;
 l'avis du Haut Comité de la coopération internationale (HCCI) du 25 octobre 2005, qui
concluait par des recommandations concernant la recherche, les pouvoirs publics, et les
ONG, soulignant ainsi le jeu à trois qui doit s'établir dans l'élaboration des politiques
publiques…
 le rapport du groupe de travail IRD/ONG du Comité des anciens de l'IRD, lui aussi
d'octobre 2005;
 le Forum ONG/Scientifiques de septembre 2006 à Montpellier autour des thèmes de la
lutte contre la désertification.
Deux initiatives qui mettent en lien les ONG et les EPNR peuvent être citées.
Le GTD (Groupe de travail sur la désertification) a été créé en 2001 en tant que groupe de travail du
CRID (centre de recherche et d’information pour le développement, collectif d’ONG). Son but est de
conseiller les pouvoirs publics dans les négociations internationales liées à la Convention sur la lutte
contre la désertification. Il associe les pouvoirs publics, des ONG et le Comité Scientifique français de
la désertification, CSFD, regroupant les scientifiques, dont des scientifiques de l'IRD et du CIRAD.

26
Le projet DURAS35 apporte son financement à des projets transnationaux, dont certains sont pilotés
par des ONG comme " Farmer Support Group" (FSG), ou l'ONG " Cadre Local de Concertation des
Organisations de Producteurs".

Sur les dimensions nationales et locales


Par rapport aux enjeux mondiaux de l'environnement et du développement, les dimensions nationales,
régionales ou locales des relations entre ONG et EPNR ont été moins travaillées. Pourtant des conflits
fondateurs d'une politique française de l'environnement, comme le cas du Parc de la Vanoise, le cas de
la qualité des eaux de Bretagne, ou les OGM ont tenu le devant de la scène.

On peut cependant citer quelques exemples, qui ont associé les EPNR et les ONG, selon des
démarches originales, et qui manifestent une réelle volonté de mouvement.

En 1991, le colloque "Eau et agriculture" organisé par le Cemagref à la demande du ministre de


l'Agriculture de l'époque (Henri Nallet)a été une tentative intéressante : il s'agissait d'amorcer une
réflexion après plusieurs années de sècheresse en France. Ces années avaient mis en évidence une
mauvaise adaptation des spéculations agricoles, vulnérables à la sècheresse, en même temps que
l'irrigation tirait beaucoup des ressources en eau, surtout dans le Sud Ouest. Ce colloque avait été
préparé par de nombreux contacts avec les représentants de la profession agricole, et les représentants
d'ONG (la SEPANSO36 en particulier). Cet évènement, organisé au salon de l'Agriculture, avec
plusieurs ministres, avait été ensuite utilisé pour la préparation d'une loi sur l'eau37 en 1992. Il avait
aidé le Cemagref à affirmer sa place sur la recherche pour la gestion de l'eau.

On peut aussi citer un exercice en cours au moment de l'étude : en amont de la "concertation avant
programmation sur l'environnement" (CAP-Environnement) de l'INRA 24 novembre 2006 (cf. le
tableau récapitulatif en annexe). Les chercheurs INRA y réfléchissent avec des partenaires (pouvoirs
publics, conseils territoriaux, journalistes, associations), dans des ateliers. Les associations sont entrées
dans le jeu, malgré quelques critiques sur la méthodologie. Les chercheurs réagissent favorablement.
Les associations demandent à être associées d'un bout à l'autre de la "chaîne de décision" (définition
du sujet de recherche, objet de la recherche, étapes de la recherche, évaluation). Le document final est
en cours de rédaction et un séminaire de restitution à l’ensemble des participants est programmé pour
la fin de l’année 2007.

Autre exemple qui manifeste un esprit d'ouverture mutuelle, la formation IFREMER/ INERIS 38.
L’Ifremer et l’INERIS ont une cellule commune "Analyse du risque chimique environnemental en
milieu marin"(ARC). La mission de cette cellule comporte un volet de formation; une session a eu lieu
à l'Ifremer à Nantes les 8 et 9 mars 2007, à laquelle ont été invités, outre les acteurs habituels
(administrations, bureaux d’étude, services techniques des services déconcentrés de l’Etat) deux
ONG : Greenpeace et Robin des Bois. Tous y compris les ONG ont manifesté la plus grande
satisfaction, et une réelle avancée dans la "décrispation".

Ainsi la réflexion sur les relations entre ONG et EPNR a été amorcée depuis plusieurs années, à
l'international ou au niveau français, et des actions communes ont été lancées.
Pourtant ces avancées se sont encore peu traduites en stratégies affirmées, et ne sont pas au même
niveau que les concertations que les EPN ont établies avec les professions (en particulier les
professions agricoles). Il faudra en analyser les causes, si l'on veut faire plus… N'y a-t-il pas parmi ces
causes :
 l'idée que se font les scientifiques de la position des pouvoirs publics vis-à-vis des
ONG,
35
Développement Durable dans les systèmes de Recherche Agricole du Sud, projet du MAE.
36
Société pour l’Etude, la Protection et l’Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest (= fédération d’associations : Aquitaine, Béarn,
Dordogne, Gironde, Landes, Lot et Garonne, Pays Basque)
37
Loi n°92-3 du 3 janvier 1992
38
Institut National de l’Environnement et des Risques

27
la culture des organismes de recherche eux-mêmes,

 la faiblesse des ONG elles-mêmes ou de leur peu d’intérêt pour la recherche telle
qu'elle se pratique?
Nous n'avons pas fait de relecture des contrats quadriennaux d'objectifs des EPNR du P187, mais ils
peuvent être l'occasion de formuler une ligne à suivre dans leurs relations avec les ONG au sein de
leur responsabilité sociale.

La CNDP 39 avait organisé un rencontre nationale le 23 juin 2004 sur "les associations et le débat
public". La question de l'expertise a été abordée, mais surtout pour souhaiter la possibilité de lancer
des contre-expertises, mais la relation avec la recherche n'a pas été davantage évoquée.

4-3/ Des partenariats plus ou moins structurés avec certaines ONG, à l'initiative des EPNR

Les situations où les EPN sont aujourd'hui demandeurs de relations avec les ONG peuvent être placées
en trois catégories.

 ONG comme "tour de guet" sur des questions de société,ouvrant à un réseau de divers
partenaires sur un enjeu clé.
L'INRA parle de partenariat d'orientation, de veille stratégique en utilisant, entre autre, le canal des
ONG, que ce soit en suivant de près leurs activités (Comité 2140, 4D41), ou en les associant à la
définition de projets de recherche (cf. supra, CAP-Environnement).

Le Cemagref répond à ce besoin avec des ONG qui ont une vocation complémentaire pour l'action
publique. Certaines ont davantage un caractère professionnel affirmé, tel est le cas de l'AFEID 42 ou de
l'ASTEE43. D'autres sont davantage des "plateformes sociétales" dans la mesure où différents acteurs,
porteurs d'enjeux sociétaux, s'y retrouvent, comme dans le cas d'"Echanges méditerranéens", ou
surtout de l'AFPCN44,...

Le CIRAD ou l'IFREMER souhaitent trouver des ONG en relais pour peser au niveau international (ex
: biodiversité), pour leur poids politique. Ainsi en ce qui concerne l’Ifremer des contacts sont pris avec
l’UICN pour une collaboration possible dans le domaine de la biodiversité et du développement
durable, sous forme par exemple d’apport d’expertise ou d’appui scientifique

Ces ONG "tours de guet", ou "plateformes sociétales" ont pour fonction première de promouvoir la
prise en compte d'enjeux sociétaux. Les EPNR y trouvent un intérêt de lieu d'échange, de mise en
visibilité, d'observation, d'écoute et de confrontation à la demande sociale, d'accès à des réseaux de
partenaires existants ou potentiels, de relais pour la diffusion de certains travaux, et enfin de levier
pour faire valoir des positions institutionnelles.

Encadré : la préparation des décisions en halieutique


Histoire du Filet maillant dérivant (FMD)
Les captures accidentelles de cétacés ont attiré l’attention des ONG dont Greenpeace International
dans l’océan Pacifique, qui a porté l’alerte sur la scène internationale via les Nations Unies. En 1984,
l’Ifremer a pris l’initiative d’introduire la pêche du thon blanc au FMD dans le golfe de Gascogne.
Nettement plus productive que les techniques traditionnelles quasi disparues, la pêche au FMD
réactive l’exploitation française du thon blanc. Des contacts informels sont pris avec les ONG (1989,
1990) et des propositions sont faites par l’Ifremer à Greenpeace France (GPF) et Robin des bois

39
CNDP : Commission nationale du débat public
40
Comité français pour l'environnement et le développement durable
41
Dossiers et Débats pour un Développement Durable.
42
Association Française pour l’Eau, l’Irrigation et le Drainage
43
Association Scientifique et Technique pour l’Eau et l’Environnement (ex-AGHTM)
44
Association Française pour la Prévention des Catastrophes Naturelles

28
(RdB) d’embarquer à bord des navires de pêche avec le statut d’observateur scientifique. Seul RdB
accepte et le fait en 1991 et en 1992, sans statut d’observateur mandaté par l’Ifremer, mais en
accomplissant les observations demandées. C’est une collaboration de fait. Par la suite, RdB est
devenu un défenseur conditionnel de la technique du FMD, Greenpeace s’est maintenu en opposant
total. Le FMD est définitivement interdit en Europe depuis 2002

La pêche du thon rouge et l’embouche du thon rouge en Méditerranée


L’Ifremer fait partie du comité scientifique de l’ICCAT 45, dont le diagnostic sur l’état du stock a été
largement diffusé et au-delà des instances scientifiques et politiques, puisque relayé dans les médias.
En affrontant les pêcheurs, Greenpeace comme WWF se sont associés au diagnostic, reconnaissant
implicitement la position de l’Ifremer sur la pêche de cette espèce.

 ONG "experts dans des comités"


Le domaine maritime fournit de bons exemples de ce type de relations. Les ONG sont désormais
présentes et actives dans de nombreuses conventions internationales. Elles pèsent dans les débats,
comme observateurs ou comme lobbyistes ; Il arrive aussi qu’elles soient présentes dans les groupes
de travail scientifiques, comme par exemple les Groupes de travail de la Convention pour la
biodiversité (UNCBD) et de la convention sur la lutte contre la désertification (UNCCD). Au Conseil
international pour l’exploration de la mer (CIEM ou ICES), le WWF et Bird Life sont membres
associés et sont à ce titre invités comme observateurs aux comités d’avis du Conseil, et doivent en
respecter les règles. L’entrée d’une ONG au CIEM se fait sur candidature avec dossier scientifique,
évalué par des pairs. Greenpeace, qui avait candidaté comme WWF et Bird Life, n’a pas été acceptée
en raison de l’insuffisance technique du dossier présenté. Des ONG (encore WWF) sont membres des
RACs (Regional Advisory Councils ou comités consultatifs régionaux créés pour les Professionnels de
la pêche et associant les parties prenantes du secteur) créés en 2004 par l’UE pour conseiller la
Commission dans la conduite de la politique commune de la pêche. Il faut également citer la
Commission baleinière internationale (CBI) où les ONG détiennent de fait le pouvoir.

Ce type de relation existe aussi pour des projets en France où des ONG sont présentes dans des
comités d'orientation ou d'évaluation. Par exemple : Eaux et rivières de Bretagne au sein du
programme Porcheries vertes.

A noter qu'en France (contrairement à ce qui se passe dans les pays nordiques par exemple), cela se
fait ici sans rémunération spécifique pour le temps passé par les représentants des ONG.

 ONG gestionnaire d'un projet


En France l'INRA cite des collaborations fortes avec des ONG opérateurs, soit dans le domaine de
l'environnement (LPO46, Espaces naturels de France), soit pour la sélection participative avec le
Réseau Semences paysannes.
Mais ce sont surtout le CIRAD et l'IRD qui ont expérimenté ce type de relation, comme le montre le
cas du programme NUTRIDEV, une politique d'amélioration de la nutrition infantile, sur des concepts
apportés par l'IRD, avec mise en œuvre par le GRET, et une évaluation conjointe…

Encadré : le cas de Nutrimad, un exemple de projet de recherche-action

Le programme Nutrimad (Madagascar) est une des trois déclinaisons du programme Nutridev, lancé
par l'IRD (Serge Trèche) et le GRET (Chantal Monvois) en 1994, implanté d'abord au Vietnam
(programme Fasevie), à Madagascar, et au Burkina Faso depuis peu. L'idée est d'associer l’éducation
nutritionnelle avec la mise à disposition d'aliments de compléments adaptés aux besoins et aux
ressources du pays.
L'action de l'ONG consiste à installer et faire fonctionner une filière de distribution de compléments

45
International Commission for the Conservation of Atlantic Tuna, dont le siège est à Madrid.
46
Ligue pour la Protection des Oiseaux.

29
alimentaires. Celle de l'IRD est de mettre au point les éléments nutritionnels, d'assurer la mise au
point des modes d'évaluation des actions, ainsi que de contribuer à l'évaluation du programme.

Nutrimad est un excellent exemple d'un programme de recherche développement en ce qui concerne
l'aliment. C'est aussi un programme de recherche action dans les dispositifs sociaux : dans ce domaine
les dispositifs ne sont pas encore stabilisés, très dépendants de la politique nationale de nutrition.

4-4/ Les EPN voient aussi ce qu'ils peuvent offrir aux ONG.
Ainsi en est-il de l'utilisation des données des EPN. L'IRD note par exemple dans pratiquement tous
les pays dans lesquels il est présent le fait que les ONG de développement (ONG locales et antennes
locales des ONG internationales) viennent constamment chercher de la documentation et des conseils
auprès des chercheurs et des représentants de l’IRD au niveau local.

Des demandes explicites de prestation de service ou d'expertise sont aussi formulées par ces ONG
locales, mais elles sont rarement satisfaites car elles sont peu compatibles avec le travail de recherche
de l'IRD : elles sont trop ponctuelles et trop immédiates par rapport au travail à long terme que font les
chercheurs (exemple cité par l'IRD).

Aucune autre forme de demande de prestation de service ou d'expertise n'a été citée au cours de
l'étude. Alors que les ONG ont la possibilité de saisir (gratuitement) l'AFSSA et l'AFSSET pour une
expertise, elles ne le font pas de manière formelle en direction des EPNR : cette question mérite d'être
travaillée davantage.

Indépendamment du relatif immobilisme institutionnel, de nombreux chercheurs ont établi à titre


individuel des liens avec des ONG. Il n'a pas été possible de les inventorier… Et un tel inventaire n'est
probablement pas souhaitable, pour laisser à chacun sa liberté de citoyen. Mais par contre des règles
d'engagement de la référence à l'appartenance à l'EPN méritent d'être écrites.

4-5/ Compléments issus de partenaires européens de la recherche publique.

Il n'a pas été possible de faire une analyse comparative au niveau européen des coopérations entre
EPNR et ONG. Les quelques contacts pris à l'occasion de réunions internationales avec des
homologues du Cemagref dans le réseau PEER montrent une tradition bien établie de contacts, surtout
en Europe du Nord. En Finlande, l'homologue du directeur général du Cemagref est membre du
bureau de WWF-Finlande.
Le cas de l'interaction des partenaires et des scientifiques dans l'élaboration de politiques de protection
des forêts en Finlande mérite d'être présenté : il témoigne à la fois des pratiques de l'élaboration des
politiques publiques, en impliquant les acteurs, sous l'autorité des directions de ministères, et des liens
entre recherche et ONG dans ce cadre.

Encadré :
La protection des forêts de Finlande pour la biodiversité est inégalement répartie : les forêts du Sud
du pays font très peu l'objet de mesures de protection.

Une première approche participative a été mise en place pour définir des actions de 2002 à 2007 à
travers un programme spécifique, le programme METSO. Piloté par un comité de 25 membres
représentant les secteurs économiques clé et les partenaires (ministères, ONG, municipalités…), et
cinq experts issus des organisations de recherche, ce programme a privilégié des actions de recherche,
ce qui a d'ailleurs conduit les ONG à s'en retirer : elles souhaitaient des mesures plus rapides.

En 2007 l'attribution de moyens pour la protection des la biodiversité est à nouveau à l'agenda, et un

30
nouveau processus participatif est lancé, selon les caractéristiques suivantes :
1/ La responsabilité de la conduite du processus a été confiée au ministère de
l'Environnement.
2/ Le ministère a créé un groupe de travail spécifique, avec les administrations, les
partenaires économiques et les ONG, présidé par le secrétaire général du ministère de
l'Environnement.
3/ En appui de ce groupe "politiquement équilibré", le ministère a désigné un autre
groupe, pour l'évaluation préalable des objectifs et celle des résultats, formé d'experts des
organismes de recherche et des autorités administratives (ministère de l'agriculture et de
la forêt, ministère de l'environnement). Il est présidé par un senior de l'Institut de
l'environnement finnois. Ce deuxième groupe est censé travailler en relation avec le
précédent, en particulier pour la synthèse des bases scientifiques utiles aux discussions du
groupe. Il pourra aussi faire toutes suggestions souhaitables, mais sans se faire l'avocat
d'aucune solution particulière…
Ce processus doit s'achever en novembre 2007. Le travail est jugé délicat, en raison des intérêts en
jeu…

Mikael Hildén, SYKE


May 2007

31
Chapitre 5
Quel diagnostic faire à partir des avis des administrations, des ONG et des EPNR eux-mêmes :
quelles sont les forces et faiblesses des EPNR, et les opportunités qui sont à prendre en compte
pour les relations futures entre EPNR et ONG?

5-1. Des forces, et des résultats déjà significatifs pour les EPNR.
Un secteur clé du développement durable :
Les organismes publics de recherche "pour la gestion des ressources et milieux naturels"
(regroupés au sein du programme 187 de la MIRES) sont en charge du progrès des connaissances dans
des secteurs clés, et savent que leurs relations avec les différents acteurs de la société font partie de
leur mission.

Déjà des contacts, et de bons exemples de coopération dans le respect des différences
Les EPNR du programme apportent leur expertise dans des débats sur des sujets controversés Ils ont
d'ores et déjà introduit dans leur pratique de recherche les capacités d'innovation des autres acteurs,
par exemple dans des processus de co-constuction de programmes de recherche, ou dans des
complémentarités organisées sur des projets de développement avec des ONG.

5-2. Des pesanteurs, et des faiblesses qui ont pu faire manquer des occasions de collaboration
L'étude a permis de repérer des obstacles nombreux à des relations plus souples avec les ONG.
Parmi les obstacles notons :
• la publimétrie particulièrement "tyrannique" en France (surtout pour les jeunes chercheurs),
dans la mesure où elle est le seul critère de la reconnaissance du travail fait, et ignore les
différentes autres formes de valorisation et de contribution au relations entre science et
société;
• les tendances au repli dans la défense institutionnelle sur les sujets controversés, et une encore
faible culture de dialogue. Cf. la formule entendue d'un chercheur : "sur mon sujet, ceux qui
ne sont pas d'accord avec moi sont soit des incompétents, soit des malhonnêtes";
• l'absence de mécanismes financiers et d'évaluation adaptés;
• les ONG sont peu disponibles et leur intérêt peut être intermittent;
Ces obstacles n'ont pas interdit des avancées significatives, dans différents types de travail en
commun, en complémentarité, que l'on a pu décrire dans les chapitres précédents. Mais il y a
probablement eu des occasions de collaboration manquées, pour un meilleur fonctionnement de la
recherche publique.

5-3. Des évolutions chez les partenaires qui sont autant d'opportunités
La recherche européenne s'est vu donner comme objectif de contribuer à l'instauration d'une "Société
de la connaissance" voulue par la stratégie de Lisbonne. Tous les secteurs de la société sont appelés à
intégrer les démarches de la recherche comme un des fondements de l'innovation. Les ONG sont dans
cette ambition un partenaire important.

La dimension mondiale des questions n'est plus affectée à deux organismes seulement (IRD et
CIRAD). La création d'une fonction d'agence supportée par l'IRD, la constitution d'un groupement
entre INRA et CIRAD devraient ouvrir les autres EPNR à l'action internationale : les ONG de
solidarité internationale sont des interlocuteurs pour les autres EPNR aussi.

L'étude a aussi montré que les directions d'administration centrale française, si elles n'ont pas toutes le
même passé, sont soucieuses de cette relation, pour elles mêmes et pour les EPN. L'Europe, les
régions françaises, et le système des Nations Unies ont des dispositifs associant les ONG et les
scientifiques à l'élaboration des stratégies d'action. La présence de la recherche dans les négociations
environnementales lancées par le gouvernement ("Grenelle de l'Environnement") a été souhaitée par
des ONG. Il en est de même pour la préparation des grandes négociations internationales. C'est une
façon d'ouvrir la recherche.

32
Les principales ONG partenaires des EPNR du P187 sont assez peu nombreuses. Ce sont celles qui
travaillent plus ou moins avec le MEDAD, le MAP, le MAE et le MRES.

Les demandes des ONG envers la recherche sont nombreuses et diverses (même si c'est souvent avec
un reste de méfiance vis-à-vis de pratiques de recherche déconnectées de leurs dimensions sociales) :
 demande de bénévoles issus de la recherche pour prendre part aux activités (Bretagne vivante,
AFPCN…),
 demande d'expertises produites par des laboratoires spécialisés, en appui aux actions et
campagnes réalisées (FNE, Coordination Sud),
 demande d'associer les laboratoires de recherche aux projets des ONG, et de promouvoir
l'apport des ONG à l'élaboration des connaissances, dans une interaction forte (médiation,
terrain apporté par l'ONG…), et aux trois stades des projets :
- définition et évaluation ex ante (assessment),
- participation au pilotage (monitoring),
- évaluation ex post (evaluation),
- et enfin, si les financeurs des projets l'ont prévu, contribution à une "capitalisation
des connaissances".
Réciproquement les EPNR peuvent tirer un grand parti, dans la réalisation de leurs travaux de
recherche, de partenariat avec les ONG. La recherche peut tirer parti de la capacité d'influence des
ONG pour accroitre l'impact de ses projets et programmes. Elle a besoin de leurs capacités
intégratrices dans des opérations de recherche-action. Certaines ONG gèrent des espaces, naturels ou
aménagés, depuis de nombreuses années, et disposent de données que la recherche peut valoriser dans
ses travaux. A la légitimité de compétence des EPNR, qui vient de la démarche de recherche et de son
évaluation par les pairs, doit être ajoutée une légitimité de posture, à distance des intérêts particuliers :
de vraies relations avec les ONG peuvent y contribuer.

5-4. Des réalités à prendre en compte

Il y a une très grande diversité des ONG et des fonctions qu'elles remplissent. On peut retenir quatre
catégories pour cette étude au bénéfice des EPN du programme 187 :
- ONG plateforme sociétale, avec des bénévoles et quelques financements institutionnels
(administrations, entreprises, collectivités territoriales…) Ex : AFPCN
- ONG de plaidoyer, modèle économique sur cotisations et dons. Ex : FNE47, WWF48
- ONG de projets sur financements publics (GRET) ou privés (CCFD), mobilisant la
recherche
- dans les PVD, ONG comme structure de remplacement des organisations professionnelles
(syndicats, coopératives, ou même collectivités territoriales) non encore instituées
La participation (ou non) des ONG à des réseaux thématiques nationaux ou internationaux est à
prendre en compte.
Notons que certaines ONG trouvent en dehors des EPNR du P187 leurs besoins d'expertise, et que leur
collaboration avec des laboratoires universitaires est jugée plus souple : il y a aussi concurrence dans
ce domaine.

Il y a un besoin de médiation, pour que l'offre et les demandes de chacun puissent se rencontrer
On est encore loin d'une culture de dialogue bien inscrite dans tous les organismes. Et le contact dans
la mise en commun des préoccupations peut se rompre rapidement, si l'attention n'est pas suffisante, et
si elle ne repose, comme souvent que sur un ou deux chercheurs. L'existence d'outils de médiation a
prouvé son intérêt. Ainsi en est-il pour le GREMA 49, qui associe le CIRAD, Coordination-Sud,

47
France Nature Environnement
48
WWF initialement World Wildlife Fund (littéralement, Fonds mondial pour la vie sauvage), rebaptisé ensuite
World Wide Fund for Nature (littéralement, Fonds mondial pour la Nature),
49
Groupe de recherche et d’échange sur la régulation des marchés agricoles

33
Sciences Po… Le GRET a pu aussi jouer ce rôle. Au niveau national l'existence d'associations
plateforme, comme l'AFPCN, rend les contacts et les confrontations plus aisées.
De plus en plus de comités nationaux sur des sujets variés incluent, en sus des représentants des
secteurs économiques, des ONG et des scientifiques : cela pourrait être le point de départ de nouvelles
collaborations. Des groupes de travail des Nations unies ou de l'Union européennes ont pu jouer ce
rôle de médiation, ainsi que des groupes au niveau des régions françaises (cf. le cas des pesticides,
avec le rôle tenu par les Groupements régionaux d'études des pollutions par les produits
phytosanitaires, les GREPP).

Pour des partenariats fructueux et durables, il est indispensable que les EPN comprennent mieux les
modèles économiques et la fragilité des ONG françaises.

Enfin il y a des limites à ces relations : les sources de la légitimité ne sont pas les mêmes, et les ONG
ne remplacent pas les autorités publiques, les pratiques de chacun de ces groupes d'acteurs sont
spécifiques. Les EPNR doivent acquérir une forme de compréhension des ONG avec lesquelles ils
sont conduits à être en relation.

34
Troisième partie : Vision, propositions et plan d'action

Chapitre 6
Quelle vision des relations possibles entre Recherche et ONG? Pour un apprivoisement mutuel

Les EPNR du programme 187 "recherches dans le domaine de la gestion des milieux et des
ressources" partagent :
 une démarche de recherche finalisée en cohérence entre trois types de production : de
connaissances, de valeur socio-économique, et d’expertise en appui aux politiques
publiques
 des domaines d’application : les ressources, les milieux naturels; l’alimentation, et la
sécurité alimentaires; les systèmes de production et de transformation; la relation des
sociétés à leur environnement et la gestion des territoires…
 des finalités : le développement durable du Nord et du Sud; la contribution à la gestion
des risques sanitaires et environnementaux.

De nombreuses structures d’intermédiation existent aujourd’hui aussi bien au Nord qu’au Sud
(associations ou ONG) qui peuvent relier action publique, expertise et recherche, et société. Elles font
entendre leur voix jusque dans les plus hautes instances nationales et internationales.

La vision qu'ont les EPNR du programme de leur rôle dans la recherche pour la société d'aujourd'hui
devrait les conduire à partager aussi une vision de leurs relations avec les acteurs de cette société, que
sont les ONG.
Le contexte dans lequel ils se situent est celui :
 où l'élaboration des politiques publiques est un processus mobilisant les acteurs
concernés, piloté par les autorités légitimes;
 le potentiel institué de recherche (les EPNR, mais aussi les universités, les agences…)
et les ONG ont chacun un rôle spécifique à jouer;
 d'une contribution de chacun des EPNR du programme à la dynamique mondiale de la
recherche pour le développement au Nord comme au Sud.

Pourquoi des relations plus étroites avec les ONG?


Dans la logique de la stratégie de Lisbonne pour une Société de la connaissance, ils sont soucieux de
créer ainsi une confiance dans les acteurs des politiques publiques, et une meilleure crédibilité dans les
décisions prises, fondées sur la recherche, et confrontées aux connaissances profanes. Ils se placent
dans un jeu triangulaire entre pouvoirs publics, société civile et recherche.

Dans cette vision les ONG sont un groupe de partenaires stratégiques, acteurs de la société qui ont une
place accrue dans le jeu collectif. Les ONG demandent l'implication de la recherche dans l'élaboration
de solutions, et peuvent contribuer au processus de production de connaissances.

Avec qui?
Les principales ONG partenaires des EPNR du P187 ne sont pas très nombreuses. Ce sont celles qui
travaillent plus ou moins avec le MEDAD, le MAP, le MAE et le MESR.
Dans des situations spécifiques régionales ou locales, d'autres partenaires ONG sont à associer.
Avec certaines de ces ONG un partenariat organisé devrait être construit.

Les limites de ce partenariat sont celles de l'exigence scientifique, et de l'exigence démocratique, dans
la pratique du débat par les ONG, en leur sein comme avec l'extérieur, par le respect du rôle des
pouvoirs publics légitimés par l'élection, et par la place des autres partenaires, économiques,
professionnels ou syndicaux (cf. p. 17).

35
Ce n'est pas aux acteurs publics de refuser l'échange des arguments avec des ONG. Mais les EPNR
doivent acquérir cette forme de compréhension des ONG avec lesquelles ils sont conduits à être en
relation.

Comment?
On a vu les différents types de collaboration dans les chapitres précédents.
Ce partenariat avec les ONG peut être :
- au sein des processus d'élaboration des politiques publiques, donc sous le pilotage des
administrations de l'Etat, de collectivités territoriales ou de l'Europe;
- ou dans un partenariat de recherche, plus exploratoire.

Chapitre 7
Des pistes d'amélioration : 11 propositions aux EPNR pour de nouvelles relations avec les ONG

La vision et les analyses précédentes conduisent à faire des propositions, qui sont adressées aux
responsables des organismes du programme 187 qui ont demandé l'étude.

Les propositions sont réparties en quatre groupes : se connaître se reconnaître; agir ensemble; prendre
en compte la dimension économique des ONG, enfin cultiver une culture du dialogue.

A- Se connaître, se reconnaître.
Si l'on retient la vision proposée pour les relations entre EPN de recherche (EPNR) et les ONG, il est
important que ces deux groupes d'acteurs se connaissent, et reconnaissent leurs rôles, leurs capacités
et limites respectives. Nous suggérons dans ce but les mesures suivantes :

P 1. Nommer un correspondant des ONG dans chaque établissement, ou partie d'établissement avec
pour mission de :
 1-1. établir et mettre à jour la liste et les caractéristiques des ONG de son domaine d'action :
enjeux sociaux portés, adhérents, gouvernance, modèle économique, réseaux dont elle fait
partie
 1-2. sur sollicitation des ONG, mettre le demandeur en relation avec les équipes ou les
chercheurs aptes à répondre,
 1-3. reprendre et approfondir l'inventaire amorcé dans cette étude selon une grille commune
(en s'appuyant sur la description du § 4-1).
Chaque organisme trouvera la meilleure place possible de ce ou ces correspondant(s) dans son
organigramme.

P 2. Mutualiser la connaissance des ONG, et des réseaux d'ONG, à travers un partage des
informations au sein du programme 187 dans la suite de cette étude, entre les correspondants ONG des
EPN. Instaurer un réseau des correspondants ONG.

P 3. Apporter une meilleure réponse aux attentes des ONG sur les projets ou les résultats de recherche,
par les mesures suivantes :
 3-1. Faire réaliser une évaluation du ou des sites internet de chaque EPNR par une ou un
groupe d'ONG, contre rémunération. Les critères de cette évaluation seraient de deux types : la
structure et les mots clé; la capacité à remonter depuis les synthèses ou affirmations générales
vers les documents de base (assurer la traçabilité des informations qui y sont et donner la
capacité de remonter des affirmations de synthèse à la documentation scientifique qui les a
fondées).

36
 3-2. Préciser et afficher la mission, le rôle et les principaux messages portés par chaque EPN
de recherche, ainsi que par le programme 187 dans son ensemble en particulier sur deux
dimensions essentielles :
o les politiques publiques auxquelles il contribue,
o les thèmes de recherche auxquels il apporte une "infrastructure de recherche"
originale dans la communauté scientifique

P 4. Veiller à ce qu'offres et demandes puissent se rencontrer. Réunir de manière régulière les ONG
partenaires pour faire le point des sujets communs : informations, diffusion des connaissances, actions
communes… Cela peut éventuellement se traduire par l'institutionnalisation d'un comité des
partenaires, soit pour tout un EPNR, soit pour un axe de son activité. Une participation de chercheurs
dans les conseils scientifiques des ONG quand ils existent, et de responsables d'ONG dans des
instances statutaires des EPNR est aussi souhaitable.

B- Agir ensemble
L'étude a permis de repérer et de proposer un classement des activités que les EPN de recherche
peuvent avoir avec des ONG. Les relations entre les EPNR et les ONG se situent à plusieurs niveaux.
Aux deux extrêmes, il y a d'un côté des relations qui engagent un scientifique individuellement, et de
l'autre celles qui sont construites ou validées par un EPNR (ou un de ses sous-ensemble, département
ou direction scientifique). Sans négliger les premières, bien utiles pour donner de la fluidité et ouvrir
des pistes nouvelles, nous recommandons aux EPNR de bâtir une ligne qui engage leur établissement
dans son entier.
Les propositions qui en découlent peuvent être formulées ainsi :

P 5. S'associer pour produire des connaissances nouvelles sur trois types de relations :
• Type 1 : l'EPNR participe à l'activité d'une ONG pour mobiliser sa fonction de "tour de guet
sociétal", participe à leurs débats, y fait connaître les activités de l'EPNR… On peut aussi
imaginer des séminaires EPNR/ONG qui valorisent l’expertise de chercheurs ayant travaillé
sur des sujets, ou sur des modèles qui permettent de déconstruire de fausses évidences, et
d’établir des positions alternatives.
• Type 2 : sur des programmes de recherche, l'EPNR s'efforce d'impliquer des ONG aux trois
stades : définition et évaluation ex ante (assessment), participation au pilotage (monitoring), et
enfin évaluation ex post (evaluation). Ce type d'action commune est souhaité par nombre
d'ONG pour bénéficier de la présence de chercheurs associés à leurs projets.
• Type 3 : EPNR et certaines ONG construisent des partenariats sur des projets précis. Au cours
de l'étude plusieurs cas ont été repérés : un EPNR s'associe avec une ONG qui détient des
données sur l'environnement ou sur des facteurs sociaux particuliers; une ONG gère un projet
qui permet de conduire une recherche-action en partenariat… Il s'agit là de la production de
connaissances en commun, valorisées par des publications scientifiques et par des utilisations
pratiques des résultats de recherche. Cela suppose un engagement de long terme, avec des
financements adaptés.

L'opération "Consultation Avant Programmation" sur l'environnement de l'INRA, rentre dans le type
2, mais au stade ex ante seulement pour l'instant. La même méthode ne pourrait-elle pas être adoptée
pour d'autres sujets, comme par exemple à propos de la préparation de la négociation de la PAC, et des
questions que la recherche devrait traiter?
Ces actions communes peuvent se prolonger par la diffusion de connaissances, par la production de
pages web communes, par valorisation des résultats des projets communs etc.…

P 6. Faire en sorte qu'une ONG dont les actions sont en rapport avec un secteur d'activité d'un EPNR
ait la possibilité de demander une expertise gratuite sur un sujet précis. Cette mesure est en vigueur
dans les Agences AFSSA et AFSSET (droit de saisine). Elle peut s'inscrire dans une convention de
reconnaissance mutuelle (MOU) entre un EPNR et une ONG.

37
C- Prendre en compte la dimension économique des ONG
Les contraintes économiques ont plusieurs fois été soulignées : il faut les prendre en compte si l'on
souhaite un partenariat renforcé avec les ONG.
Avec la professionnalisation des ONG, leurs personnel permanent s'est accru, et leurs charges aussi,
que les cotisations des membres individuels ne couvrent pas. Elles ont souvent accumulé des données
et expériences qu'il est utile de mobiliser pour la recherche. Leurs productions dans -et pour- la société
méritent une rémunération.

P 7. Rémunérer les ONG pour leur participation aux activités de type 2 et 3. Pour les actions de type 1
le financement peut aussi passer par des cotisations institutionnelles, si l'adhésion apparaît possible.
Une réflexion commune des EPNR du programme serait utile sur ce sujet.

P 8. Expérimenter et faire connaître les formes existantes de financement européen et régional (et
Banque mondiale) qui permettent d'associer EPNR et ONG. On peut citer les programmes PICRI de la
région Ile de France, ou la ligne 6-4-2-3-2 de la DG recherche de l'Union européenne, Direction de
l'environnement. La ligne de l'UE permet à une entité (PME ou ONG) sur une question
environnementale ou de développement durable d'obtenir un financement pour traiter d'un sujet défini
par l'ONG.

D- Cultiver dans les EPNR les capacités de dialogue


La culture de dialogue avec les différents acteurs de la société, comme d'autres activités nécessaires au
renforcement des liens entre recherche et société (participation à la culture scientifique et technique,
relations avec les médias, valorisation dans les négociations internationales de l'expertise acquise…)
est encore insuffisante. Si l'on reconnaît aux ONG un rôle de médiateur dans certains domaines
touchant à l'environnement, à la santé et plus largement au développement durable, il est indispensable
que se développe une culture de dialogue entre elles et les EPN de recherche.

Les propositions suivantes portent sur la fréquentation des ONG par les scientifiques, sur la formation,
les mobilités, et sur la reconnaissance de la valorisation vis-à-vis des ONG dans les évaluations de
l'activité des chercheurs.

P 9. Des salariés des EPNR participent de manière individuelle, volontaire et libre à des activités
d'ONG, ce n'est pas de la responsabilité de leur employeur.
Quand il y a engagement en tant que chercheur, pour rendre cet engagement clair, il est recommandé à
chaque EPNR de :
 9-1. définir des règles (à intégrer par exemple dans la charte de l'expertise lorsqu'elle existe)
d'engagement de la référence à l'appartenance à l'EPN dans les prises de positions publiques.
 9-2. si le temps passé avec des ONG est réellement contractualisé entre l’ONG et l’EPN
prendre en compte dans les critères d'évaluation la participation des chercheurs qui consacrent
une partie de leur temps avec les ONG et les OSI de leur activité, en conformité avec les
objectifs définis par la loi pour la recherche.

P 10. Mettre en place, là où ce n'est pas déjà fait, une formation au débat et à la controverse : comme
pour les relations avec la presse, une formation à la controverse en réunion publique et aux façons de
se comporter en situation de polémique peut-être nécessaire et utile. Ce type de formation est différent
du media-training (usuel maintenant dans beaucoup d'organismes) : le scientifique doit à la fois
maitriser son sujet propre, mais il doit aussi en avoir clarifié pour lui-même les fondements, et le
contexte, qui sont souvent les points les plus discutés (c'est le pourquoi, plutôt que le comment qui, le
plus souvent, pose problème dans la société).
Il peut être utile aussi de faire intervenir des universitaires sur les sujets de controverse : l'ouverture, la
pluralité de l'expertise sont essentielles, elle n'est pas enfermée dans une corporation.

38
P 11. Au-delà, et malgré les contraintes particulières de la gestion des itinéraires professionnels des
chercheurs en France, il peut être intéressant d'organiser des mobilités de personnels entre EPNR et
ONG, soit sous formes de mise à disposition lorsque la règlementation l'autorise (cela peut être une
mission à temps partiel, soit sous forme de détachement (où le scientifique est rémunéré par l'ONG),
soit sous forme d'année sabbatique, soit encore par l'accueil temporaire de personnels d'ONG dans un
EPNR...

Chapitre8
En conclusion, des pistes d'amélioration sont possibles, vers de nouvelles relations : une
première étape

Cette étude a été une première étape pour apporter quelques fondements et des propositions pour des
relations plus matures entre EPNR et ONG. Ceux qui y ont participé ont bien vu l'intérêt d'un travail
collectif et de diagnostic comparé entre EPNR du programme 187. Elle a cependant beaucoup de
limites : le temps imparti a été relativement court, et les contacts peu nombreux.

Dans le choix des actions prioritaires il faut tenir compte de plusieurs aspects soulignés au cours de
nos rencontres :
 Il faut être extrêmement économe du temps de chacun des acteurs impliqués dans les
partenariats. Les ONG en particulier sont dans une période où elles sont très sollicitées pour
toutes sortes de comités de pilotage, et cela se concentre sur un petit nombre de personnes…
 L’essentiel est l’inscription de la relation ONG/Recherche dans les processus de négociation,
qui se déroulent au niveau mondial (par exemple celle qui se déroule sur le commerce
agricole, OMC, accords de Cotonou) ou pour les négociations environnementales et
développement durable aux niveaux national ou européen.
 Ce qui est important c’est de maintenir vivante la rencontre d’une offre et d’une demande de
collaboration ; les uns et les autres pouvant aussi bien offrir que demander : ces besoins ne
sont pas très difficiles à identifier, et il n'est pas très difficile de trouver les bons partenaires;
les montages sophistiqués ne sont la plus part du temps pas utiles.

Si les conclusions de l'étude sont retenues, il faudrait la prolonger, dans un processus de travail en
plusieurs étapes.
La première étape pourrait porter sur :
 la mise en place de correspondants-référents dans chaque EPNR, et leur mise en réseau
permanent;
 l'évaluation de son site internet par une ou des ONG;
 la négociation de la possibilité d'une expertise gratuite assurée par un EPNR, à la demande
d'une ONG;
 la poursuite du travail engagé par cette étude au niveau du programme 187, avec :
o une discussion de ces conclusions avec le DGRI (Direction générale de la recherche et
de l’innovation, MRES), directeur de ce programme, et avec les services de la
recherche des ministères concernés,
o la définition des grands thèmes inévitables dans le dialogue avec les ONG,
o le repérage des ONG incontournables,
o les modalités de la rémunération des ONG engagées dans des travaux intéressant un
EPNR
 le lancement d'un mémoire d'étudiant ou même d'une thèse sur le sujet…

En deuxième étape, on peut imaginer par exemple :


 constitution d'un collège des partenaires…

39
 l'introduction des collaborations avec les ONG dans le travail engagé sur les chartes
d'expertise (comme destinataires des expertises, et comme évaluateurs des chartes…);
 définition d'une attitude commune sur la nature des relations économiques et contractuelles
dans les avis demandés aux ONG, après négociation avec des ONG.

40
ANNEXE
ANNEXE 1
Liste des contacts dans le cadre de la mission

Les ONG :
WWF France
Fondation Nicolas Hulot
Sciences citoyennes
Eaux et rivières de Bretagne
AVSF
GRET
France Nature Environnement
AFPCN
Nota : des rendez-vous n'ont pas réussi à être pris avec 4D et "Que Choisir"

Les directions d'administration centrale

Ministère de l'Ecologie, du développement et de l'aménagement durables : Direction de l'Eau;


Direction de la prévention des pollutions et des risques; Direction de la nature et des
paysages.

Ministère de l'Agriculture et de la pêche : Direction générale de l'alimentation; Direction


générale de la forêt et des affaires rurales

Les Agences :
AFSSA
ANR

41
ANNEXE 2
Les OGN considérées comme entrant dans le cadre de l'étude

Certaines de ces ONG ont de nombreux adhérents (personnes physiques ou morales), elles collectent
des fonds directement, et sont capables de mobiliser la société civile. Certaines ont des équipes de
permanents importantes, et certaines (marquées avec*) réalisent ou appuient des projets de terrain,
essentiellement dans les secteurs du développement ou de l'humanitaire.

ONG mondialisées Associations dont l'action a Associations à ONG des


une dimension nationale dimension de Pays en dev
régions
françaises
Développement CARE* (très Coordination Sud, ENDA
marqué US, où 60% CCFD*, ADG (Aide au
de l'aide passe par Dvpt Gembloux),
des ONG), GRET, IRAM, AVSF
OXFAM* (leader
mondial), Catholic
relief service
Urgence et Médecins du
humanitaire monde*, Action
contre la faim*,
Croix Rouge
internationale*
Droits de Amnisty
l'homme International,
FIDH,
Environnement Greenpeace, Amis 4D, FNE*, LPO*, Réseau Eaux et
et DD de la Terre, WWF*, Action Climat-France, EDA rivières de
Pesticide Action (Environnement Bretagne,
Network, Bird Life, développement alternatif), Afrique verte,
Marine Stewardship Comité 21, Chantier nature, Bretagne
Council, Conseil GERES (Groupe énergies vivante, Halte
mondial de l'Eau, renouvelables aux marées
UICN, Earth Island environnement), Vraiment vertes
Institute durable, FARRE,
MDRGF50,
Consommateurs UFC-Que Choisir, CSCV,
AMAPs*
Risques naturels AFPCN Confédération
et CNIID (Centre national des riverains
technologiques d'information indépendante du Rhône et de
sur les déchets) ses affluents

Le CEDRE, centre de doc et d'analyse, et l'ASTEE (ex AGHTM) ne semblent pas être à retenir pour
l'étude : leur lien avec les organismes de recherche est plutôt de l'ordre soit d'un centre technique, une
société savante, ou de recherche…

ONG ayant une réflexion sur les pratiques de la recherche


Peuvent être citées : Association Sciences Citoyennes, Vivagora

50
Mouvement pour les droits et le respect des générations futures, François Veillerette

42
ANNEXE 3
Description du programme 187
Note du 15 juin 2007
Elaborée par les dirigeants des organismes du Programme
"Recherches dans le domaine de la gestion des milieux et des ressources"

Les six organismes de recherche du programme 187 (Brgm, Cemagref, Cirad, Ifremer, Inra, Ird)
constituent un ensemble original de structuration de la recherche française susceptible d'éclairer les
choix des pouvoirs publics, et de contribuer à renfoncer la visibilité européenne et mondiale de ce
domaine.

Ils partagent une démarche de recherche, des domaines d'application et poursuivent une double
finalité, celle de l'appui au développement au Nord comme au Sud, et la gestion des risques sanitaires
et environnementaux. Ils ont déjà mis en commun plusieurs de leurs actions, et souhaitent continuer
dans ce sens.

1. Caractéristiques et spécificités des recherches sur la thématique Milieux et ressources

Les organismes du Programme 187 partagent dans le domaine de la gestion des milieux et des
ressources naturelles au Nord et au Sud,
(i) une démarche de recherche finalisée en cohérence entre trois dimensions :
- la production de connaissances, de technologies, et de savoir-faire,
- la diffusion et la valorisation des résultats obtenus,
- l’expertise en appui aux politiques publiques.
(ii) des domaines d’application :
- les ressources, les milieux naturels, leurs aléas et leur biodiversité : il s’agit d’améliorer la
connaissance, l’exploitation et la préservation des ressources géologiques, hydrologiques et
des systèmes vivants terrestres et aquatiques, ainsi que l'évaluation et la maitrise des risques
- les systèmes de production et de transformation qui leur sont associés,
- l’alimentation, les produits et la sécurité alimentaires,
- les grandes endémies et maladies émergentes,
- la relation des sociétés à leur environnement et la gestion des territoires.
(iii) des finalités :
- contribuer au développement durable dans les pays du Nord et du Sud
- éclairer la gestion des risques.

Le spectre disciplinaire des six organismes du Programme 187 représente objectivement un atout pour
une approche multidisciplinaire des questions. Il permet de répondre aux besoins de connaissances et
d’expertise, en fournissant dans ce dernier cas des outils d’aides à la décision pour la conception et la
mise en œuvre des politiques publiques.

Les six organismes participent, aux niveaux local et international, au débat ouvert sur la façon dont
les sociétés peuvent exprimer leurs demandes et intégrer leurs priorités dans les démarches de la
recherche. Cela favorise la construction conjointe de programmes de recherche finalisée avec les
acteurs concernés (entreprises, collectivités publiques, ONG).

2. Les acquis

Les actions communes qu'ont développées les organismes de ce programme, fournissent une bonne
illustration de ses potentialités. Ces actions portent sur la conception de programmes collaboratifs de
recherche, la mise en place d'observatoire et d'expertises, l'action internationale et les publications.

43
L'action dans l'Outre-mer français fait l'objet d'une coordination permanente au sein du B2C3I, qui a
permis notamment :

- la création d'un groupement d'intérêt scientifique l'étude de la gestion durable des écosystèmes
forestiers tropicaux humides guyanais ;
- le projet de pôle Mer de l’Ile de la Réunion concernant les pêches, l’aquaculture et
l'environnement littoral;
- la mise en place de l’ERA-NET Net-Biome (6ème PCRDT) au service de la gestion durable de
la biodiversité de l’outre-mer européen. Ce programme met l’accent sur la biodiversité marine
et terrestre dans des environnements plus exposé;
- la constitution du pôle de recherche agro-environnementale de la Martinique.

Des programmes de recherche ont été développés, notamment sur la biodiversité et les ressources
génétique, sur l'agriculture la forêt, l'aquaculture et le développement durable.

Des initiatives structurantes telles que :


- les observatoires : ces dispositifs permettent d’obtenir sur de longues durées des données
fiables et régulières pour comprendre et modéliser le fonctionnement et la dynamique des
systèmes sur le long terme (ex. les Observatoires de recherche en environnement;
l'Observatoire sur les pêches ; l’Observatoire des Sols);
- les expertises communes de l’Inra et du Cemagref sur l’impact des pesticides sur les milieux
et l’environnement, ou bien celle du Cirad et de l’Inra sur l’effet à long terme du Chlordécone,
utilisé aux Antilles pour le traitement des bananiers;
- les publications par la mise en place d'une structure d'édition commune, QUAE;
- l’action internationale à travers un accord avec les centres de recherche agronomique
internationaux;
- le partage de la flotte océanographique, la constitution d'un fonds de ressources génétiques, le
centre de recherche et de veille dans l'Océan Indien.

3. Les perspectives

Les organismes membres du programme approfondiront leurs coopérations dans l'immédiat par :
- une initiative euro méditerranéenne avec la création d’un ERA-NET dans leur domaine;
- le développement des liens universités-organismes, à la lumière du projet de loi en cours
d'élaboration, avec en particulier le renforcement de l'accueil des étudiants aux niveaux master
et doctorat, et une réflexion sur leur implication dans les diplômes professionnels;
- la contribution à la programmation de la recherche :
o (i) propositions à l’Agence nationale de la recherche dans le champ "Ecosystèmes et
développement durable"
o (ii) utilisation de l’Agence inter-établissements de Recherche pour le Développement
(AIRD);
o (iii) participation aux appels d’offres internationaux sur le changement climatique, et
les productions agricoles de haute valeur ajoutée;
- les offres d’expertise aux niveaux national et international,

L'élaboration de la future génération des contrats d'objectifs et la montée en puissance des nouveaux
instruments de coopération scientifique issus de la loi d'orientation sur la recherche constitueront pour
les organismes du Programme la cadre national de l'élargissement et de l'approfondissement de leur
ambition partagée.

44

Vous aimerez peut-être aussi