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APOLOGIE DU DUEL
PARIS
SOCIT DES TRENTE
ALBERT MESSEIN, DITEUR
19, QUAI SAINT-MICHEL, 19
1914
LE PR AUX CLERCS
Ces dernires annes, les cinmatographes de Paris nous
ont montr des duels, une extraordinaire quantit de
duels. C'est l un spectacle trs recherch, car nous
aimons prouver les angoisses charmantes de l'amiti :
or, il faudrait avoir vraiment bien peu de relations pour
ne point connatre quelqu'un de ces messieurs, parmi
ceux qui se sont battus depuis une quinzaine. Quiconque
tient eux, si peu que ce soit, se rend au cinma pour les
voir en dcoudre.
L'on s'attendrit, l'on s'meut. Ce grand fou ! gronde
tout bas une dame en extase, qui est la soeur ou la
marraine du belligrant. Une jeune fille tremble,
merveille : sans doute la fiance du duelliste, elle
apprend le respect. Brave garon ! approuve l'oncle.
Une autre voix murmure : Trs bien, Monsieur a t
parfait... Mais Monsieur a tort de mettre une chemise
toute neuve pour aller se la faire trouer; il en a d'autres
pourtant. Et c'est le vieux serviteur conome, qui
soupire dans l'ombre.
Nanmoins, l'on n'entend pas que des loges, mais
galement des blmes. Il en est d'affectueux : Quand je
verrai ce gredin-l, s'crie un bourru bienfaisant, je lui
promettrai bien que s'il se bat encore... Le chtiment
reste imprcis, mais sera rigoureux !
De plus graves reproches sont fulmins, par exemple :
Des btes froces, ces bretteurs ! Ou bien de
mprisants : Des enfants ! D'indulgents : Si a les
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