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LA NECROPOLE DE L’ EPOQUE DES GRANDES MIGRATIONS A SINGIDUNUM VUJADIN IVANISEVIC MICHEL KAZANSKL INTRODUCTION En 1991, lors des travaux de construction d'un batiment d'habitation dans un bloc d'immeubles situé entre les rues Tadeuga Ko8éudka (n*s 28-30), Gospodar Jovanova (n’s 2-4) et Rige od Fere ont été mises au jour des tombes datant de la période des Grandes Migrations. A cause de cette découverte l'Institut pour la protection des monuments histori- ques de laville de Belgrade a demandé interruption des travaux et entrepris des fouilles de sauvetage." La premitre campagne de fouilles, qui s'est concentrée sur Vespace jouxtant la rue Gospodar Jovanova, a dégagé les restes de batiments et de fours antiques, 55 tombes, un niveau de 'époque médiévale et une partic d'un hammam ture. En 1992, les fouilles se sont étendues au secteur longeant la rue TadeuSa KoSéuSka et & une cour située a l'intérieur du groupe d'immeubles. Ces fouilles ont alors bénéficié du concours du Projet de Recherche scientifique pour la forteresse de Belgrade de l'Institut archéologique de Belgrade. Cette seconde campagne a mis au jour les vestiges d'une structure antique, 37 tombes, des niveaux médiévaux et des parties d'un grand batiment avec cave d’époque turque. Les fouilles de sauvetage se sont terminées durant 'hiver 1993 lors del'acheve- ment des travaux de construction d'un nouveau batiment d'habitation a I'angle des rue Tadeusa KoSéuska et Gospodar Jovanova. Cette derniére campagne a permis de dégager de restes de niveaux d'occupation et 14 tombes. LA FOUILLE: LA STRATIGRAPHIE. Lesite compris entreles rues Tadeua Koséuska, Gospodar Jovanova et Rige od Fere se trouve dans la partie supérieure du promontoire de Belgrade, sur le versant nord-est qui s'abaisse en direction du Danube (fig. 1). Ts‘agit& d'un secteur dela ville moderme dont l'occupation non interrompue re- monte, & en juger d'aprés les données archéologi- ques, & plusieurs siécles. Le site représente une forte accumulation de niveaux archéologiques. Ce phénomene résulte, comme l'ont montré les recherches, d'un relief originel qui différait fortement, de la configuration, actuelle du terrain. Ainsi, dans la partie haute du site, au sud, le niveau du terrain - protohumus ~ avoisinait autrefois la cote 92,20m, alors qu’au nord, dans sa partie basse, il se situait au-dessous de la cote 86,50 m. L'occupation urbaine de l'ensemble de espace avait été résolue, & ce qu'il semble, par Vaménagement de terrasses sur lesquelles s'élevai ent les constructions. Celles érigées dans la partie orientale du site n'ont pas été conservées car ce secteur a fait objet, aux époques récentes, de tra- vaux de terrassement, de sorte que ne subsistent ici que les parties inférieures de fosses, quelques tombes et des restes sporadiques de niveaux coccupation. Au milieu de l'espace fouillé, te terrain présentait a \'époque antique un brusque décrochement pour former dans la partie nord du site, le long de Ia tue Gospedar Jovanova, une terrasse plate oit ont été mis au jour les restes de batiments et de fours de I'époque antique. I convient de noter quele niveau antique n'est que partiellement conservé, Exceptées les couches de nivellement—remblais et fosses —constatées, ilne subsiste que peu de choses des batiments et des ni- veauxd'occupation. Cette situation peut 'expliquer par le nivellement du terrain depuis la période * Les travaux ont 6 drigés par Zoran Simié, 2 Le Projet était supervisé par Lljana Bjelajac et Vujadin Wanisevi, 101 VUJADIN IVANISEVIC, MICHEL KAZANSKI DANUBE Nécropole du Castrum Tombe de Zeleni Venae Tombes de Tadeuss Koscutka ot Strahinica Bana ee Nécropole des ‘Grandes Migrations Tombesde Knez Miaitova Fig. I: Les nécropoles du Se er 6e sieles& Singidunum. SLI: Nekropole 5. (6. veka u Singidunumu. ottomane et jusqu’a nos jours. Parmi les vestiges dePhorizon antique on note un niveau de remblais faite de déblais et une fosse contenant de nombreux fragments de fresques antiques. Ces derniers, outre des motifs géomeétriques, on reconnait des repré- sentations figuratives (Vujovié 1997, 169-179), Lexistence de couches de remblais ~ mortier et 102 fresques - atteste la présence a proximité d'un ‘batiment tuxueux dont la destruction remonte déja al'époque antique. Les seules traces de constructi- ons dans la partie sud du site sont constitués par Vangle d'un batiment et d'un caniveau, Dans ce méme secteur on remarque aussi une fosse qui, a en juger par son matériel céramique uniforme ~ LA NECROPOLE DE L’EPOQUE DES GRANDES MIGRATIONS A SINGIDUNUM céramique estampillée datée de la seconde moitié du Illes. - est un dépotoir de potier (Niko Djordjevié 2000, 50-51, type 1/86). Ce quartier du Singidunum romain, consacré: activité artisanale et vraisemblablement a l'habi- tation, quis’était développé a partir du Iles. au pied du camp de la légion IV Flavia, a été abandonné vers la fin du IVe s. A son emplacement s'est formée alors une nécropole urbaine, qui fonctionnait pendant deux sidcles, jusqu’a la fin du Vie ~ début duViles, Le versant danubien du promontoire de Bel- grade a de nouveau accueilli une agglomération au Moyen Age, comme lattestent les restes, il est vrai rares, d'un niveau d'occupation, des fragments sporadiques de céramique médiévale et de trouvailles de monnaies du roi de Hongrie Sigis mund (1386-1437) et du despote serbe Djuradj Brankovié (1427-1456). A partir de cette époque la vie s'est développée sans discontinuité sur le versant danubien, pouratteindre son plein épanou- issemental'époque turque, lorsque ce secteuravu Vérection de batiments dont les traces ont été découvertes lors des fouilles de sauvetage. Nous pensons ici, en premier lieu, aux restes d’un ham- mam qui a été localisé & l'angle des rues Tadeusa Ko8¢uska et Gospodar Jovanova et aux fondations de plusieurs autres batiments, Parmi ces dernierson remarque une construction avec cave conservé: 103 m x 2.6 m, ayant un escalier d'acc’s du coré nord, Ce batiment a été détruit dans un incendie comme 'atteste une épaisse couche d'incendie avec vestiges de vote et de murs effondrés. Ce niveau renfermait des restes de blé calciné. Les monnaies retrouvés datent la destruction de ce batiment de lépoque de la prise de Belgrade parles Autrichiens en 1688, Sur le mur sud de cette construction venaient buter les fondations de deux autres pices, dont lesol se trouvait au niveau du premier étage du batiment avec cave. Ces trois construc- tions étaient partiellement enfouies dans horizon de la nécropole et des couches antiques. Le niveau ottomane a livré une seule tombe isolée (n* 62) qui a été creusée dans un fossé du Bas Moyen Age, courant le long de la rue TadeuSa KoS¢uska 30. Le dernier horizon renferme des maisons de la fin du XIXe et du XXe s. érigées lelong des rues déja men- tionnées. Leurs fondations ont fortement endom- magé les niveaux plus anciens, et en particulier la nécropole dans le secteur bordant la tue Tadeusa Kodeuska (fig. 2) L'EMPLACEMENT DE LA NECROPOLE Lanécropoles'est développée au pied du camp fortifié de la légion IV Flavia, du coté nord-est, sur les ruines de la ville antique (fig. 1). Aen juger par un. certain nombre de tombes, son extension, débutant vers la fin du IVes. s'est poursuivie jusqu’a la fin du Vie-début du Viles. Auvue de notre connaissance actuelle de la topographie de l'agglomération romaine, elle se trouvait a la périphérie nord de la zone habitée, La formation de ce cimeti¢re coincide avec le resserrement du noyau urbain a la suite de la perte d'importance de la ville, d'une réduction de sa population, mais aussi d'un changement de Vimage démographique. Lanécropole, qui englobait tout espace fouillé, aliviédes tombes dont la grande majorité a été pillée déja al'époque antique tardive, comme l'attestent le dépiacement des couvercles en briques et 1'éparpillement des ossements des défunts ou des offrandes funéraires. De nombreuses tombes ont également été endommagées par les creusements ultérieurs, alors qu'une partie de la nécropole a été complétement détruite par les fondations des constructions ottomanes, puis des batiments de la fin du XIXe et du début du XXe s, Enfin, un certain nombre de sépultures a été détruit par le creuse- ment d'autres tombe: Onne peutpas avoir, au cause du grand nombre de tombes dévastées ou pillées, une image claire du développement chronologique et spatial de la nécropole. De méme, nous nous trouvons égale- ment dans l'impossibilité 'apporter des réponses completes aux questions concernant la structure ethnique et sociale des défunts inhumés. LA TYPOLOGIE DES TOMBES Surles 106 tombes dégagées sur l'espace fouillé, une seule (n° 62) appartient a la période turque comme''atteste avec certitude son creusement dans un fossé du Bas Moyen Age. Toutes les autres, a en juger par leur mobilier funéraire et la stratigraphic, se rangent dans une période allant de la fin du Ive ala fin du Vie - début du Vile s. Ilressort clairement des fouilles effectuées et de la disposition des fosses que le secteur nord du site, offtant une grande densité de tombes, constitue ensemble le mieux préservé. On y observe notam- ment un tres fortrecoupement des fosses quiatteste 103 egos emAPL AMA VUJADIN IVANISEVIC, MICHEL KAZANSKI (AY sepuice simple 2 FEE) Silzearominctin De 2 iam Sesisge O sépuitre détrit 104 Fig. 2:£e plan de la nécropole de Iépoque des Grandes Migrations @ Singidunum. Si. 2: Osnova nekropole seobe naroda u Singidunumu, LA NECROPOLE DE LEPOQUE DES GRANDES MIGRATIONS A SINGIDUNUM clairement ta continuité des inhumations dans cette nécropole. Le secteur central de la néesopole a 6¢¢ fortement endommagé par le creusement de caves et des fondations de la grande construction ottomane. La plus faible densité de tombes a été relevée dans le secteur sud ott on note deux petites zones 'inhtmation. Nous pensons qu'il ne s‘agit pas ict de deux groupes distinets mais plutot de zones out 'horizon de la nécropole a été mieux conservé. Les fouilles ont en effet montré que les couches de ce secteur ont été fortement endom- magées lors des nombreux creusements ultérieurs. Il convient, par ailleurs, de ne pas négliger ici un autre facteur, & savoir le trés haut niveau de la terre vierge. L'observation du plan de la nécropole monie clairement que sa partie ouest a totalement disparu, ce qui est une conséquence du creuse- ment des fondations et des caves des maisons dela fin du XIXe et du début du Xe s,, le long de la rue Tadeusa Ko&éuska (fig, 2) humeés ont été déposés, dans la grande majorité, la téte a 'ouest avec déviation au nord ou au sud (fig, 3). Les inhumations disposées a téte a l'est sont minoritaires. Il s'agit des tombes (a's 63, 96, 103 et 105) regroupées dans la partie sud de la nécropole, alors qu'une seule tombe présentant une telle orientation (n° 84) a &é découverte au centre du site, Un troisiéme groupe est constitué par des tombes avec défunts disposés téte au sud, qui sont pour Ia plupart concentrées dans la partie nord-ouest de la nécropole (n’s 11, 23,27, 46, 48, 70 et 76) et, dans une moindre mesure dans la partie sud (n°s 56, 58 et 97). Le regroupe- ‘ment dans la partie sud, plus précisément dans la partie sud-est de la nécropole, des tombes qui s‘écartent de Vorientation dominante, la téte a Vouest, semble correspondre a un horizon d'inhu- mations plus ancien. Ladiversité relevée dans! orfentation des défunts s‘accompagne d'une diversité des formes de tom- bes, On note la prédominance de deux groupes principaux—inhumations en terte libre (48 tombes, soit 52%) et dans des coffres en briques (85 cas, soit 38%) (fig.2). Les autres types de tombes avec parois magonneées, fosses renforcées par des murs en pierre séche, ainsi que celles avec blocs de pierre, sont nettement plus rares (fig, 4). La stombe n° 55», qui a été reconnue uniquement grace & son riche mobilier funéraire, (pl. V.55. 1-7) constitue un grou- pea part; aucune présence de restes de squelette, ni de construction funéraire, n'a &é constatée. Fig. 3: Orientations des tombes. SL 3: Orijentacija grobova, Ladatation précise de différents types detombes est difficile au cause de I'absence ou la rareté duu mobilier funéraire dans la plupart de cas. Il est toutefois possible de tirer quelques conclusions Ainsi les tombes en pleine terre prédominent dans la partie sud du site qui constitue, comme nous Vavons signalé, un horizon plus ancien dela nécro- pole. Flles forment aussi un groupe dominant dans la partie centrale de la nécropole. Le type principal représente une fosse ordinaire creusée en pleine terre (type 1 ~ tombes n’s 9, 13, 15-20, 24-25, 27, 33-34, 44, 52-54, 56-58, 60-63, 67, 73-77, 79-80, 82, 84-85, 88, 90, 92, 96-97, 99-100 et 102-105). La fosse, adaptée a la taille du défunt, était quelque peu plus longue et plus large que le cadavre ce qui permettait une déposition du corps en posi- ‘on allongée. La profondeur originelle des tombes n'est que rarement déterminée du fait du mauvais état de conservation, On n'a pu que constater, dans quelques rares cas, que les sépultures étaient de forme rectangutaite allongée, avec des angles arrondies. Seule la fosse de la tombe n° 79 a con- servée sa hauteur initiale d’environ de 0,80 m et ce grace au fait qu'elle a été creusée dans la couche de protohumus argileux. Son bord supérieur a été dégagé a la cote 92,74 m, alors que son fond se trouve & la cote 91,92 m. Dans les autres parties de lanécropole les fosses n'ont pas pu étre clairement définies car etes ont été creusées dans les couches antiques. La découverte d'un grand nombre de clous dans les tombes pourrait par ailleurs suggérer utilisation de cercueils en bois. La présence d'un tel cercueil ou couvercle semble méme confitmée danslecas dea tomben’ 9 dont a fossea livré quatre agrafes en fer disposées en ligne dans sa partie 105 VUJADIN IVANISEVIC, MICHEL KAZANSKI Fig. 4: La typologie des sépultures: types 1 48. Sl. 4: Tipologija grobova:tipovi 1 do 8. 106 LA NECROPOLE DE LEPOQUE DES GRANDES MIGRATIONS A SINGIDUNUM supérieure, du coté nord. Aucun clou n'a été trouvé dans cette tombe, mais il convient de noter qu'elle a été pillée comme I'attestent la dispersion et le déplacement des ossements &'intérieur de la fosse méme. Un second type de tombes est constitué par de simples fosses pavées de briques, ayant une couverture de briques ou/et de tuiles (type 2 - tombes n°s 46, 59, 65, 70 et 83). Ce type est en fait intermédiaire entre les deux gtoupes principaux de constructions funéraires, d'une part, le type 1 et, @autre part, les types 3 et 4. Les tombes avec fosse doublée intérieurement d'un coffre en briques forment le troisiéme type (type 3 - tombes n°s 38, 43 et 91). Les parois et le couvercle de ces coffres étaient formés par de larges briques, respectivement dressées sur le coté ou posées a plat. Le type le plus répandu est constitué par des tombes semblables aux précédentes, contenant des coffres en briques, mais dont le couvercle est & deux pentes (type 4 ~ tombes n°s 1-2, 4, 6, 8, 12, 28-30, 32,36, 39, 41-42, 87 et 101). Elles apparaissent sous deux variantes, la premiére présentant une con- struction simple et la seconde, quelque peu plus évoluée, avec couvercle prenant appui sur un lit de briques décalées disposées sur le pourtour des arois. Les briques formant le couvercle & deux pentes s‘imbriquaient aussi les unes dans les autres, au sommet du «toity, grace & une légere entaille biaisé pratiquée sur la moitié de leur tranche supérieure. Enfin, la partie du coffre pres dela téte du défunt, était renforcée par trois rangs de briques disposées surle cOté. On pourrait rapprocher du type préeédent une tombe dont la construction, sans coffre en briques se limitait a un toita deux pentes (type5-tomben® 21). I s‘agit 1a de Ia seule tombe de ce type, tres endommagée, dont ne subsistait que la pariie inférieure, Une tombe aux patois partiellement réalisées en fragments de briques et de tuiles appartient a un (ype a part (type 6 - tombe n° 31). Son cofire avait des patois latérales magonnées alors que seuls ses cotés supérieur et inférieur étaient formés par des briques posées sut le cOté, Nous ne savons pas de quelle fagon cette tombe était recouverte car son couvercle a été détruit lors de son pillage. Un septi¢me type apparait sous|a forme de fos- ses doublées d'une construction simple de pierres et de briques sans liant (type 7 -tombes n’s 14, 37, 72, 78, 81, 89 et 93). Ce type semble découler du premier type (fosses simples creusées en pleine terre). lest difficile de dire si ces parois de pierre et de brique stche avait également pour but de ren- forcer la fosse, car ces tombes sont tres endomma- gées et les parols conservées n'excedent pas deux ou trois rangs de pierres et de briques. ‘Au demier type appastient une construction unique en bloc de pierre de grande raille dontla dis- position imite un sarcophage (type 8 - tomber® 10). Lesol de cette tombe était formé de briques entiere ou brisées, posés horizontalement. Son couvercle a 6t6 retrouvé sous forme de fragments du fait du recoupement de sa partie supérieure par la tombe n°9, Cette tombe a été pillée de fond en combleet les parties du squelette ont été retrouvées regroupées dans les angles ouest et est. LAREPARTITION DU MOBILIER FUNERAIRE Le grand nombre de tombes pillées ne permet pas une analyse précise de la disposition des offran- des funéraires dans l'ensemble de la nécropole, ce qui rend plus difficile l'interprétation de la struc- ture sociale des défunts et de leur appartenance cethnique. Rares sont les tombes ayant conservé un inventaite intact et, méme dans ce cas, il s'agit de tombes qui ont, elles aussi, 6 pillées, de sorte que les offrandes sont dispersées ou regroupées dans une partie de la fosse. Le meilleur exemple en est constitué par la tombe n° 6 ot la totalité du. mobilier funéraire a été réuni a c6té de la jambe droite du défunt (fig. 5). Nous rencontrons souvent un pillage partiel du squelette, en particulier les parties supérieures comme 'attestent I'extraction des os du thorax dans les tombes n’s 2, 6, 8, 79 et dlautres (fig. 5 et 6). Dans certains cas les objets et Possements ont été dispersés, voire méme partiel- Iement brisés, Ainsi, la tombe n° 63 n’a livré que quelques fragments d'une grande fibule en argent du type Smolin (pl. VI 63.1), qui, par sa qualité, atteste la richesse des défunts enterrés dans la nécropole de Singidunum. Sur plus de 100 tombes mises au jour seul quel- ques unes (ns 1-2, 6, 8, 55, 63, 79, 82, 84 et partiel- Tement 38, 41, 88 et 105) offrent une image complete du répertoire d'offrandes funéraires et du cadre chronologique de la partie fouillée de la nécropole (Gig. 5 et 6). On peut leur associer certaines 107 VUJADIN IVANISEVIC, MICHEL KAZANSKI 1-2, Paie de Gbules anes dies Boucle plague restangulae 1 Bague 5:Palgneen os us de Constance t 26 onstance 2, Bracelet 1. Fbule-brochecreuaie Scoller 2 Boucle erie 4 Peigneenos iTige Fig. 5: Larepariion du mobilierfunéraire dans les tomes: 1, 2.68 $8 e¢ 4 (Echelle: 120. SI. 5: Raspored priloga u grobovirna: 1, 2, 6, 8, 38 i41 (Razmera: 1/20). 108 LA NECROPOLE DE L'EPOQUE DES GRANDES MiGRATIONS A SINGIDUNUM. x Xt L.Applique-palmetteet 6. Pele enambre 1. Fibula pied ataché touton en argent 10. Coutens 2 Boucle dortle 2.Fibule: roche 11 Fusatole 5. Deuxmallons 3 Bracelet, 3-£.Quatrependentisperos T2:Pendentiterecs 4. Color ‘Neste decolier ‘teste decoier osangler 5. Restede cole 5 Fusaioie Bclow 1 Miroir ciculire 1. Peigne on os 1. Pibule en arbalace 244 Patrede bles en arbalbte 2 contenu 2 Fiboleaneéoensrbatte Caller 5:Boucle ovate 5 Boucle ovale 5 Coutens i Pasatte 4 Pere 6 Deucclous 5:Perle 5 Plague crculaire Fig. 6: La répartition due mobilier funéraire dans les tombes : 63, 79, 82, 4, 88 et 105 (échelle: 1/20). SI. 6: Raspored priloga 1 grobovima: 63, 79, 82, 84, 88 105 (Razmera: 1/20). 109 VUJADIN IVANISEVI . MICHEL KAZANSKI trouvailles isolées provenant de la couche d’occu- pation, comme par exemple une fibule du type Bratei ou une boucle du type Pécs qui proviennent assurément de tombes pillées (pl. IX, surface de la nécropole). Ces trouvailles nous apportent des données complémentaires sur la calture matérielle et le cadre chronologique de ta nécropole. LE MOBILIER DE LA NECROPOLE Parmi les objets découverts dans les tombes de ia nécropole de Singidunum, une partie seulement s'avere significative du point de vue de la chronolo- gle de ces sépultures ainsi que pour leur attribution ethnique. Certaines catégories, comme les clous, couteaux, éléments métalliques de cercueils, bra- celets en fer, etc., sont largement diffusés dans le monde méditerranéen et en Europe barbare du début du Moyen Age et ne peuvent, de ce fait, servit d'indices. D'autre part, certains éléments métalli- ques, comme par ex. une plaque de plaque-boucle articulée provenant de Ia tombe n° 32 ou encore une applique trouvée dans la tombe n*99, peuvent appartenir a différents types d'objets et ne sont donc pas identifiables. LES FIBULES Fibules cruciformes de type Keller 3-4. Une fibule cruciforme romaine a été mise au jour dans la tombe n° 78 (pl. VI.78.1). De telles fibu- les, attribuées aux fonctionnaires romains, sont largement diffusées dans tout I'Empire, y compris Ie Danube moyen. Elles sont notamment attestées ASingidunum (Bjelajac, Ivani8evié 1993, fig. 2.7, 8). Bien que plus fréquentes dans les tombes masculi- nes, on les trouve également dans des tombes féminines. Notre fibule appartient au type Keller 3-4, variante B, datée des années 360-410 (Prottel 1988, 357-364), Fibules en tole métallique de type Smolin Latombe n’ 63 de Singidunum a livré une appli- que-palmette en forme de croissant et un bouton métallique provenant tous deux d'une fibule en tole méiallique (le plus souvent en argent), tres probablement de type Smolin (pl. VI.63.1). Cette 110 palmette trouve ses plus proches analogies dans les fibules de Szabatbattyan, Levice-Alsoréték, tombe n? 5, et Kolut (Ivanisevié 1999, 103). On note, il est vrai, que des appliques et boutons similaires apparaissent déja sur des fibules d'époque hunni- que (période D2, c’est-d-dire 380/400-440/450: Tejral 1997), qui ont servi de prototypes a celles de Smolin. A titre d'exemple, nous citerons deux petites fibules provenant d'une tombe princiére de Yhorizon Untersiebenbrunn, découverte & Hochfel- den, en Alsace (récemment Kazanski 1997, fig, 7.1, 2; Or des princes barbares 2000, n° 13.3) ou encore les fibules pontiques de Phanagoreia, tombe n° 50 et de Kertch, tombe n° 165.1904 (Tejral 1987, fig, 19.6, 7). Ces ornements restent toutefois typiques des grandes fibules danubiennes de type Smolin, quiservent d'indice chronologique pour la période D2/D3 (430/440-470/480: Tejral 1988, 273-286; 1997, 342-348). L'aire de diffusion de ce type de fibules couvre principalement le bassin des Carpa- tes, alors qu’elles sont plus rarement attestées en Occident, en Gaule et en Espagne, ainsi que dans la région pontique (Kazanski, Périn 1997, fig. 8). Leur arrivée, tant en Occident que sur le Pont, est probablement liée a des groupes de migrants danubiens, tels que les Ostrogoths du roi Vidimer en Espagne (Périn 1993) ou les Angiskires au Nord de la mer Noire (Kazanski 1996) Dans la région du Danube moyenIes fibules en tole d'argent, de type Smolin, ainsi que les types apparentées de Kosino (avec appliques triangulaires) ou de Bakodpuszta (avecappliques semi-circulaires) disparaissent vers le dernier tiers du Ves. pour laisser la place & de grandes fibules digitées portant un décor en taille biseautée (Tejral 1988 et 1997). Nous avonsainsi toutes les raisons d attribuer les éléments de la fibule de Smatin provenant de la tombe 63 au deuxidme tiers du Ve s. Ajoutons qu’étant un élé- ment du costume «princiem» prestigieux, ces fibu- les ont été imitées par la population «ordinaire» de souche germanique orientale installée dans les régions éloignées du Danube (Kazanski, Périn 1997, fig. 9), notamment en Espagne (Bierbrauer 1997) et au nord de la mer Noire (Dmitriev 1982; Kazanski 2001; Mastykova 2001) durant le dernier tiers du Ve et le début duVies. Fibules de type Bratei Une fibule a téte triangulaire, ornée de trois protubérances et a pied allongé, probablement LA NECROPOLE DE LEPOQUE DES GRANDES MIGRATIONS A SINGIDUNUM ssangique (pl. IX. surface de la nécropole.1), peut étre rangée dans le type germanique oriental de Bratei (Ivanievié 1998, 105), caractéristique du Danube moyen et notamment, connu a Singidu- hum (Bjelajac, Ivanisevié 1993, 130, fig. 2.11). Ce type est toutefois également attesté dans la région pontique et en Ukraine (Bierbrauer 1989, 141-149; Kazanski 1996, fig. 2.14), ainsi que dans les Balkans (Haralambieva 1991, 35, 36). Selon V. Bierbrauer, ces fibules appartiennent aux «classes populaires» des Germains orientaux et datent de la premiere moitié du Ves. (Bierbrauer 1989, 143-146, 154-156) existence de ces fibules au milieu du Ve s. est con firmée par la découverte de Buschberg (Autriche), oit trois fibules de type Bratei ont été mises au jour dans le «trésor» d'un artisan aux ¢6té d'une fibule- cigale a facettes, de fibules de types Miltenberg et Prague ou encore d'une applique provenant d'une grande fibule & tle métallique de type Smolin ou Kosino (Szameit 1997, pl. 5; Tejral 1997, 349). Fibules digitées de type Kormadin-Jakovo Une petite fibule ansée, a trois doigts surla téte semi-circulaire, omés du décor radial en relief, avec deux protubérances circulaires sur le pied trian- gulaire, ornés de pierres (pl. 12.1) et une extrémité zoomorphe stylisée du pied provient dela tombe 2, Elle appartient & une petite série de fibules, jusqu’a présent attestée uniquement dans la zone gépide. Une premiere pice de ce type provient dela tombe n°4 de la nécropole de Kormadin-Jakovo (Dimitri- jevié 1964, pl. 60.8), qui a notamment livré une monnaie d’Anastase (491-518). Deux autres ont été respectivement mises au jour dans la tombe n° 62 de Viminacium-Burdelj (Zotovié 1980, pl. 15.2) et Vinkovei (Mrkobrad 1980, pl. 35.10), enfin, une quatritme a été découverte & Magyartes (Csallany 1961, pl. 106.7). Cette série n'est pas homogene les fibules de Vinkovci, Viminacium-Burdelj et Magyartes n'ont pas de protubérances circulaires, cette dernidre se distinguant également par sa téte omée d'un décor différent. Quatre de ces cing fibules (Singidunum, Kor- madin-Jakovo, Viminacium-Burdelj, Magyartes) proviennent d'ensembles funéraires clos dont la plupart peut étre attribuée aux Gépides de la deuxieme moitié du Ve ~ début du Vie s. (périodes D3 et D3/EI, 450-480/490 et 470-500/510). Le mobilier associé, boucles d'oreilles @ pendentif polyédrique avec décor cloisonné (Singidunum, Magyartes), grandes boucles en fer, peignes bilaté- raux en os (Kormadin-Jakovo), pendentifs mét ques en forme de hache, dits marteaux de Thor, miroirs métalliques (Magyartes), est en effet typique des tombes gépides «ordinaires ~ de cette époque. La monnaie d’Anastase provenant de la tombe de Kormadin-Jakovo suggere la fin du Ve ou le début du Ves. comme datation la plus probable pour ce type des fibules, Fibules digitées dérivées de type Cifer-Pac Une petite fibule ansée digitée avec téte semi- circulaire omée de trois doigts sur décor en relief en forme d’arcs concentriques a été mise au jour dansla tombe n° 8 de Singidunum (fig. 7; pl 11.8.1) Son pied losangique, rehaussé d'un décor en relief de losanges concenitiques, porte trois protubérances circulaires, garnies de pierres ou de vertes. Lesseules analogies trouvées pour cette fibule proviennent de Slovaquie du Sud-Ouest, & Cifer-Pac (Cheben, Ruttkai 1997, fig. 2.1), etde Moravie du Sud, a Kyjov (Tejral 1982, 103, fig. 37.2). Ces deux fibules a trois doigts offrent sur leur téte et leur pied un décor comparable a celui de I'exemplaire de Singidunum. En revanche, elles sont dépourvues de protubé- rances circulaires, alors que leur pied présente une extrémité ornée d'une téte zoomorphe sivlisée. On ignore le contexte de la découverte de la fibule de Kyjov, celle de Cifer-Pac provenant d'un habitat ayant livté de la céramique de’ époque des Grandes Migrations. D'aprés les éléments du décor, Vexemplaire de Cifer-Pac fait partie des fibules digitées du milieu-deuxitme moitié du Ve s. (Cheben, Ruttkai 1997, 91-92; Tejral 1997, 349), Fig. 7: Fibule digitée dévinée du type Cifer-Pac (Echelle: 112) SL7: Fibula tipa Cifer-Pac (Razmera: I) i VUJADIN IVANISEVIC, MICHEL KAZANSKI Fig. 6: Fibulesdigitées du type Reggio-tmuilia (Echelle: 11) Sl 8: Fibule ta Kedio- Emilia (Razmera: 11). Pour ce qui est de I'attribution ethno-culturelle de ce type de fibules, il est trés difficile de dire quel peuple germanique occupait la Moravie du Sud et la Slovaquie du Sud-Ouest durant la deuxitme moitié du Ve s., les Sudves et les Hérules sont parmi «les prétendants» les plus souvent envisagés. Fibules digitées de type Reggio-Emilia Deux fibules de ce type proviennent de la tombe 1 (pl. .1.1, 2), ott elles étaient notamment accompagnées d'une plaque-boucle ostrogothique (oir infra), Ces fibules, & téte semi-circulaire et pied losangique, présentent un décor végétal et relief et des bords ornés de petits triangles ciselés, typiques des fibules danubiennes et italiques, mais totalement absents sur les pices fabriquées en 112 Europe orientale. Ces fibules font partie du type ia attesté en Italie, plus rarement jespersleben, en Thuringie) (Bierbrauer 3). Le type de Reggio-Fmilia fait partie du groupe I des fibules ostrogothiques d'ltalie, selon V. Bierbrauer, qu'il date de la deuxigme moitié-fin du Ve - premier tiers du Vie s. (Bierbrauer 1975, 108-109, 113). Selon M. Menke, ces fibules sont plutot liées aux Germains d' Odeacre (Skires, Héru- les, Turingiens, ete.) qui contrélent I'Italie durant fe dernier tiers du Ve s. (Menke 1986, 242-245). Les exemplairesle plus proches de ceux de Singidunum proviennent du trésor de ReggioEmilia (Bierbrauer 1975, pl. 32.1,2) qui renfermait notamment des monnaies de 450-491 et une fibule cruciforme proche de celle dela tombe de Childéric (Bierbrauer 1975, pl. 32.6). I est tres possible que ce trésor ait 6té enterré durant la guerre entre Odoacre et LA NECROPOLE DE LEPOQUE DES GRANDES MIGRATIONS A SINGIDUNUM Théodoric et contienne des objets typiques de Vépoque d’Odoacre (Menke 1986, 245). Dans la tombe2 de la nécropole thuringienne de Gispersle- ben une paire de fibules de type Reggio-Emilia était accompagnée d'une fibule polylobée thuringienne de type Béhme E (Schmidt 1970, pl. 48.2.a, b; Bohme 1988, 57). Selon H.W. Bohme, ce type peut etre daté de la deuxitme motié du Ve jusqu’aux années voisines de I'an 500 (Bohme 1988, 60) Ainsi, d'aptes le trésor de Reggio-Emilia et la tombe 2 de Gispersleben, les fibules de type Reggio-Emilia peuvent ére datées des années 480-500, et appartiennent probablement aux Germains d'Odoacre. Fibules digitées de type Aréar-Histria Une fibule digitée & décor végétal provient de latomben®55 de Singidunum (pl. V.55.1). Elle peut facilement étre rattachée au type Aréar-Histria (etre 1965). Ce type est attesté surtout dans la partie orientale des Balkans. On peut en distinguer deux variantes. La premiere, & laquelle appartient notre fibule, posséde un pied losangique élargi dans sa partie médiane (fibules d'Arcar et d’Oescus) (Haralambieva 1990, fig. 4). La seconde, datée d'un pied plus long et élargi dans sa partie supérieure, pres de I'anse, englobe les fibules de Rovine, d'Haskovo, d'Histria et d’Oescus (Kovaceva, Har lambieva 1992, pl. 2.1).2 Apparemment il s‘agit 1a de la production de deux ateliers distinets. Pratiquement toutes ces découvertes se situent au Sud du Danube, c’est-&-dire sur l'ancien terri- toire de 'Empire romain. Cependant, le type méme de la fibule digitée est incontestablement germanique. On peut donc conclure que les fibules de type Aréar-Histria appartiennent a un groupe de fédérés germaniques installés sure territoire de l'Empire. D’aprés A. Haralambieva ces fibules balkaniques sont apparentées aux fibules ostro- gothiques de type Aquilée et appartiennent aux Goths de Mésie de la fin du Ve s. (Haralambieva 1990, 83). Si attribution de ces fibules aux Goths. est largement permise, leur datation demande, & notre avis, une argumentation plus développée. En effet, les sources écrites font clairement état de la présence des Goths et d'autres Germains, suscep- tibles d'avoir porté des fibules digitées, dans la région est-balkanique tant au Ve que durant tout le Vies. Fig. 9: Fbule digitée du type Aréar-Histria (Echelle: 1/1). Sl. 9: Fibula tipa Aréar-Histria (Razmera: 11D). Le contexte archéologique, et notamment absence dans la plupart des cas de mobilier associé, ne permet malheureusement pas de dater plus précisément ces fibules. Toutefois, la tombe n° 55 de Singidunum renfermait également deux boucles d’oreilles & pendentif polyédrique ajouré, qui, comme nous le verrons, sont typiques du Ve s. Cela confirme la datation proposée par A. Hara- lambieva. Cependant, quelques doutes subsistent, en particulier pour la variante d’Histria, a long pied Glargi dans la partie supérieure. La riche fibule provenant d'une tombe a incinération d'Histria a 5 D’autres fibules,ctées par T, Kovadeva et A. Haralambieva (21992) comme parallels Kertch, Gava, Domolospuszta,Sirmi ‘um, appartiennent a d'autres types, 113 VUJADIN: IVANISEVIC, MICHEL KAZANSKI en effet été mise au jour dans un secteur de la ville, qui a été habité jusqu'en 600. Or, il est peu probable qu'une tombe ait pu étre aménagée dans tun cadre urbain. Selon les archéologues roumains, les tombes de ce secteur sont postérieures & 600, date de 'abandon du quartier (Petre 1965). A notre avis, il s'agit donc la d'un cas de réemploi d'un objet datant d'une époque antérieure. Concernant son appartenance, lattribution a des Slaves de la tombe d'Histria ne fait guére de doute puisque aprés 400 ce peuple est le seul 2 pratiquer les incinérations dans la région balkanique. Toutefois, les fibules en question sont totalement étrangéres aux Slaves qui portent alors de petites fibules digitées, tres a la mode au Vile s. dans l'espace danubien et balkanique. On ne peut donc que supposer qu'il s'agit dans ce cas d'une fibule récupérée et réutilisée par des Slaves. Fibules-broches circulaires Une fibule-broche citculaire a été mise au jour dans la tombe n° 38 de Singidunum (pl. 1V.38.1). Cette pitce porte un décor estampillé, représentant un cerf, entouré d'une inscription rétrograde CERV(VS). Nous ne connaissons aucune véritable analogie, offrant un décor identique, pour cette fibu- le. Son origine méditerranéenne reste cependant indéniable. Elle appartient en effet a un groupe de broches rattaché a la tradition vestimentaire romaine et byzantine (Martin 1994, 569-574; Martin 1995, 629-652). Selon nousles fibules-broches dela tombe n° 65 de Knin en Dalmatie (Vinski 1991, pl. 11.8; Germanen 1987, 436, X.9) et de la nécropole de Patti en Sicile constituent ses analogies fes plus proches (Voza 1976-1977, pl. 115.1; Martin 1995, fig. 27.4), La partie centrale de la Méditerranée nous parait ainsi avoir été la zone de diffusion de ces fibules. Fig. 10: Fibule-broche circulaire (Echetie: 1/1). SL 10: Kruna plocasta fibaia (Razmera: 111). ue Ges deux découvertes ont été datées du Vie s. (Knin) ou du Ve-Vies, (Patti). La tombe de Knin n'a livré aucun autre objet datable et celle de Patti contenait une boucle d'oreille «en corbeille», dontla plupart des exemplaire trouvés en Occident appar- tient au Vile s. (par ex. Roth, Theune 1988, pl.7.64), mais dont les formes Jes plus anciennes sont déja attestées dans ia deuxiéme moitié du Ve s., notam- ment dans le trésor de Desana, déja mentionné Gierbrauer 1975, pl. 8.3), ou celui de Ratiaria, en Bulgarie (Dzordzeti 1988, fig. 8, & propos de la date voir. Manitre-Lévéque 1997, 81, 82). D'autre part, tune croix-pendentif provenant de la tombe de Patti (Voza 1976-1977, pl. 115.1) trouve des analogies dans ce méme trésor de Desana (Bierbrauer 1975, pl. 8.4). Ainsi, la deuxigme moitié du Ve s. nous parait étre actuellement la datation la plus probable pour ces fibutes-broches, Fibules-broches aviformes Une fibule-broche en forme d'un oiseau aux ailes déployées a été découverte dans la tombe n° 63 (pl. V1.63.2). Des fibules de ce type sont attestées 4 Satlovsko-Kale, dans le contexte du Vies. (Uenze 1992, pI. 1.7), ainsi qu’a Graéanica, en Serbie, dans une tombe féminine germanique avecune monnaie de Justinien ler (Vierck 1981, fig. 2.5). Une fibule aviforme similaire, mais sans ailes déployées, a été mise au jour dans la nécropote du deuxitme tiers du Ves. de Novy-Saidorf en Moravie du Sud (Tejral 1985, fig, 40.2). Une autre, semblable a celle de Novy-Saldorf, provient de la nécropole II de Singi- dunum (Bjelajac, Ivanisevié 1993, fig. 10.7). Elles représentent peut-etre le prototype de notre fibule ou un type paralléle. «Petites» fibules ex arbalete Une série de petites fibules ansées en arbalete, e plus souvent fabriquées en fer, provient des tom- bes n’s 75, 99 et 105 de Singidunum (pl. VI. 75.1, 2; VINL99.2; 1X.105.2). Elles possedent une anse développée et un pied court avec porte-ardition de longueur égale a celle du pied. Ce type est assez répandu dans la région balkanique et sur le Danube moyen. Certaines de ces fibules, par ex. celles de Drslavice et de Csongrad, sont datées de la période D1 (Tejral 1988, 227, 231, fig. 2.1, 4.1,4). D’autre part, celle de Malajdok a été trouvée au coté d'une fibule de la tradition de Cerjahov LA NECROPOLE DE LEPOQUE DES GRANDES MIGRATIONS A SINGIDUNUM. (Parducz, Korek 1946-1948, pl. 68.2, 3), une autre, provenant de la tombe Tiszadob 18, était accom- pagnée d'une fibule de la phase finale de Cernjahov et de boucles d'oreilles & pendentif polyédrique (lstvanovits 1993, fig. 8.2, 4, 11). Un tel mobilier est typique de la fin de la période D1 et du début de la période D2 (cf. la tombe n° 22 de la nécropole de Zamorskoe en Crimée : en dernier lieu Kazanskij, Mastykova 1998, fig. 10.2-14 ; ou encore la tombe n? 3 de 1990 a Tanais: Bezuglov 2001, fig. 1.9,10, 2.18). La fibule de la tombe n° 52 de Bratei a été découverte avec une fibule a pied attaché, typique de lépoque romaine tardive ou du début de Mépoque des Grandes Migrations (Harhoiu 1998, pl. 88.52.5, 6). Enfin, deux fibules de la tombe de Mikov étaient accompagnées d'une beucle inturon romain, datée de la premidre moitié du Ve s. (Pieta 1999, fig. 1.1-3). Les petites fibules en arbaléte perdurent toutefois durant la période 1D2/D3 (430/440-470/480), comme le révelent les découvertes provenant de nécropoles de la population «ordinairey, s'étant formées durant le deuxigme tiers du Ve s.: Novy Saldorf (Tejral 1985, fig. 40.1; Tejral 1988, 283, 286), Viminacium, tombe n°3 (Zotovié 1980, pl. 1.1), Rakoveani, tombe n° 48, (Miletié 1970, pl. 5.48). «Grandes» fibules en arbaléte ‘Trois fibules en fer de grande taille, a anse Glargie, ont été trouvées dans les tombes n’s 84 et 105 (pl. Vil.84.1, 2; IX.105.1). La fibule découverte dans la tombe n° 84 présente un porte-ardillon monolithe, sur les deux autres exemplaires les porte-ardillons, ainsi que les porte-ressorts n'ont pas été conservées, ce qui rend trés difficile leur attribution culturelle et leur datation. Les fibules en fer de grande taille sont connues dans la région du Danube moyen a partir de I'époque hunnique. Citons, & titre d’exemple, les fibules & pied attaché de la tombe n® 40 de Tapé-Malajdok (Parducz, Korek 1946-1948, 58, 16) et de la tombe n° 34 de Tiszadob, dans ce demier cas associé a un umbo de type Dobrodzien de la période D1 (Istvanovits 1993, fig. 14.8, 15.1). Ces fibules a pied attaché sont également attestées dans des tombes de I'époque post-hunnique, notamment Matvanska Mitrovica, dans une tombe renfermant une plaque-boucle losangique de la période D3 (450-480/490) ou 1D3/E1 (470-500/510) (Ercegovié-Pavlovié 1980, pl. 18.1, 4) oua Rakovani, tomben®7 (Mileti¢ 1970, pl 2.7). Des fibules de ce type, a pied monolithe, ont été découvertes dans des forteresses byzantines, notamment a latras, ott elles ont été datées du IVe — début du Ve s. (Gomolka-Fuchs 1995, 95, pl. 2.3, 4). Plusieurs types de fibules & pied attaché sont attestées au Ve-Vle s. dans la partie orientale dela région balkanique et sur le Bas-Danube (Haralam- bieva, Atanasov 1991), mais leur comparaison avec les pidces de Singidunum, en raison du mauvais 6iat de conservation de ces derniéres, reste tres hasardeuse. Fibules en arbaléte de type Desana Une fibule en arbalate a long pied et courte anse, appartenant au type Desana, provient de la tombe nf 16 de Singidunum (pl. I11.16.1). Les fibules de type Desana sont attestées en Italie du Nord, dans le trésor déja mentionné, et a Rimini, On note aussi une fibule semblable trouvée dans la tombe n° 280 dela nécropole Altenerding en Baviere et une autre provenant de la tombe n® 1696 de la nécropole de Boedersholm en Holstein (Schulze-Dorrlamm 1986, 657-659), Ce type de fibule est donc d'origine italienne. Il est daté de1'époque du royaume ostro- gothique en Italie, c'est-a-dire de la fin méme du Ve et du début du Vie s, (Schulze-Dérrlamm 1986, 657-659). Cette datation ne nous parait pas exacte. En effet, comme nous l'avons vu, le trésor de Desana appartiendrait plutot au milieu germanique de Yépoque d'Odoacre (supra. La fibule d’Alterner- ding rappelle, comme I'a souligné a juste titre M. Schulze-Dérrlamm, une paire de fibules de type Estagel provenant de la nécropole normande de Saint-Martin-de-Fontenay (Schulze-Dérrlamm 1986, fig, 105). Or, ces derniéres ont été trouvées avec une plaque-boucle wisigothique pouvant étre datée, selon les spécialistes, aussi bien de la demnitre décennie du Ves. que du premier tiers du Vie s. (Ripoll Lopez 1991; Bierbrauer 1997, 170) et qui recoupe ainsi, partiellement, la daration du trésor de Desana. Enfin, la fibule de type Desana provenantde la tombe n° 1696 de Bordesholm a été découverte avec un récipient trouvant des analogies dans la tombe n® 15 de Deersheim, tombe quialivré, entre autre, une monnaie montée en pendentif, datée de 475-477 (Schneider 1983, 269), donc, & nouveau, del"époque d'Odoacre. En se fondant sur la découverte de cette monnaie, M. Schulze- Dérrlamm a datée cette tombe des années voisines 5 VUJADIN IVANISEVIC, MICHEL KAZANSKI del'an 500, mais sa logique nous échappe. La tombe nf 15 de Deersheim a d’ailleurs été datée par H.-W. Bohme de I'époque de Childéric (Bdbme 1994, 82, fig. 8.1). Les fibules de type Desana appartiendraient done plutét au dernier tiers-fin du Ve s. Fibules a pied attaché et ansc en lamelle Une fibule a pied attaché, élargi vers extrémité, et anse en lamelle, plus large que le pied, a été découverte dans la tombe n° 82 (pl. VII.82.1). Cette fibule porte une volute sur le ressort et un décor sgravé. Il s'agit d'une forme byzantine, étud S. Uenze (1992, 146-154). Ces fibules appar a un grand groupe, bien attesté dans la région balkanique du Ve au Vile s. Les exemplaires les plus anciens remontenta la période D2, comme en témoigne la fibule provenant de la tombe 34, déja mentionnée, de Tiszadob (Istvanovits 1993, fig 148), et trouvent probablement leurs prototypes dans la civilisation de Cernjahov récente. Les types les plus proches de notre exemplaire de la tombe n° 82 (Uenze 1992, fig. 5.1, 2, 5, 6) apparaissent dans la pattie orientale des Balkans au milieu ~ deuxi#me moitié du Vie s., comme le prouvent les découvertes de Golemanovo-Kale (Uenze 1992, 150, 151, fig. 6, pl.3.5). De telles fibules se maintiennent probablement apres la chute du limes du Bas-Da- ube, durant le début du Vile s, (Gorjunov, Kazan- skij 1983, 202), mais cette supposition demande & étre confirmée, Outre dans la région balkanique ces fibules sont attestées en Crimée, notamment dans la célébre nécropole de Suuk-Su, sur la cote sud (Gorjunov, Kazanskij 1978, 29), ainsi que dans la nécropole de Djurso, sur la c6te caucasienne de lamer Noire (Dmitriev 1982, fig. 3.19-21). Les data- tions proposées pour la nécropole de Suuk-Su, ainsi que pour la phase finale de celle de Djurso, font toutefois actuellement l'objet de discussions. LES GARNITURES DE CEINTURE, Boucles ovales a ardillon plat Une boucle ovale & partic postérieure de Vaneau rétrécie et ardillon plat profilé, dépassant Apeine I'anneau, a été trouvée dans la tombe n* 58 (pl. IV.59,1). Du point de vue de sa morpholo} cette piece est proche des boucles romaines tardives du Ife ~IVe s. (voir par ex.: Ambroz 1971, 116 fig. 2.2-4; Sommer 1964, pl. 2.1, 2,5, 24.5, 27.7, ete ‘Madyda-Legutko 1986, pl. 8.9; Tejral 1992, fig. 1.5). Boucles ovalesa ardillon quidépasse’anneau Une boucle ovale de petite taille, a partie pos- térieure rétrécie de anneau etardillon légerement recourbé vers Je bas et dépassant l'anneau, a été découverte dans la tombe n° 87 (pl. VII.87.1). Les boucles avec ardillon dépassant 'anneau apparais- sent durant le deuxiéme tiers du IVe s. (par ex ‘Ambroz, 1971, fig. 2.7, 8; Tejral 1992, fig. 4.1, 5.3, 4 etc.) mais peuvent exister plus tard. De ce fait, leur datation exacte est difficile a établir. Appliques peltiformes de ceinture Une applique de ce type, issue de la tradition romaine des ceinturons masculins, provient de la tombe n° 99 (pl. VITI.99.1). Sa forme aplatie suggere une datation assez tardive, dans les limites du Ves. Des appliques peltiformes plates ont en effet été mises att jour dans le contexte mérovingien du Ves. de lanécropole de Nouvion-en-Pontieu en Picardie (Martin 1993, 396, fig. 8). D'autres appliques plates semblables font partie d'un ceinturon masculin du Ves. provenant d'Argeliers en Languedoc (Feugere 1988) «Grandes» boucles ovales en fer De telles boucles sont attestées dans les tombes ns 4, 9, 18, 36, 88 et 105 (pl. 1.4.1; 119.1; 1118.25 1V.36.2; VIIL88.3; 1X.105.3). Elles sont largement répandues en Europe & partir de I'époque romaine tardive (par ex. Madyda-Legutko 1986, pl. 19.13-15), et on en connait de nombreux exemplaires prove- nant denécropoles du Ve-Vies, deta partie occiden- tale de la région balkanique (Viminacium, Dravije, Rifnik, Rakovéani, Knin, etc), Leur existence jusqu’a la deuxitme moitié du Vie s. est notamment attestée par la découverte d'une fibule byzantine & pied attaché et anse en lamelle dans la tombe D21 dela nécropole danubienne de Piatra-Frecatel (voir supra) (Fiedler 1992, fig. 64.6.7) Plaques-boucles italo-ostrogothiques du groupe B Une plaque-boucle & plaque tectangulaire et anneau ovale, apparentée au groupe B des plaques- LA NECROPOLE DE LEPOQUE DES GRANDES MIGRATIONS A SINGIDUNUM Fig. 11: Plaque-boucle talo-ostrogothique du groupe B (Echelle: 1/1) Sl. 11: Plo¢asta predica italsko-ostrogotskog tipa grupa B (Razmera: 1/1). boucles germaniques d'ltalie (Bierbrauer 1975, 142-149), a été mise au jour dans la tombe 1 (pl. 1.1.3). Selon nous, elle trouve ses analogies les plus proches dans les exemplaires trouvés & Aquilée- -Monastero (Bierbrauer 1975, pl. 1.3), Barete (Bi brauer 1975, pl. 50.2) et Belluno (Bierbrauer 1975, pl.61.3). On doit également mentionner es plaques: boucles apparentées de Desana, de Piancarani, de Rosara, de «Romagna», «d'Italier, d'Unesié, et de Rifnik (Bierbrauer 1975, pl. 9.1, 29.1, 36.1, 49.1, 4, 51.3,62.1,3,66.1,3).Ilconvient d'yajouterla plaque: boucle provenant de la tombe 173 de Knin (Vinski 1991, pl. 21.1). La diffusion des plaques-boucles de ce type, principalement en Italie et en Dalmatie, témoigne de leur appartenance aux Ostrogoths (Bierbrauer 1975, 145-149). La plaque-boucle de Desana pourrait appartenir, tout comme le trésor de ce méme site, & l'époque d'Odoacre (supra). A Aquilée-Monastero et «Romagna» les plaques- boucles en question étaient accompagnées de fibules ostrogothiques du groupe I, c'est-a-dire datées du deuxitme tiers du Vies. (Bierbrauer 1975, 113, 151). On peut ainsi estimé, comme en a déja conclu V. Bierbrauer, que les plaques-boucles du groupe B étaient surtout répandues & partir de 500 (Bierbrauer 1975, 152). U7 VUJADIN IVANISEVIC, MICHEL KAZANSKL Boucles ovales en alliage cuivreux De telles boucles, typiques du début du Moyen Age (par ex. Périn 1998, fig. 8 et 9), ont été mises au jour dans les tombes n°s 6, 36, 41 et 69 (pl. 1.6.1; 1V,36.1; V.41.1; V.69.1). Elles présentent un anneau massif (tombes n°s 36, 41 et 69) ou aplati, avec partie postérieure rétrécie, et un ardillon massif, de section semi-circulaire (tombes n’s 6, 41 et 69). Les ardillons des boucles provenant des tombes n’s 6 et 36 ont une base scutiforme, caractéristique du Vies. (en dernier lieu Martin 2000, 184-193), Ce iype est bien attesté dans la région du Danube moyen et dans la partie occidentale des Balkans (Kormadin-Jakovo, Viminacium, Rifnik, Knin, etc.) Ces boucles se trouvent souvent dans des tombes mascalines avec des scramasaxes (Martin 2000). La boucle de la tombe n° 6 porte un décor en relief sur Y'anneau. On en connait des paralléles notamment dans la tombe 33 de Rakovéani, ainsi que dans les tombes 93 et 107 de Knin (Miletié 1970, pl. 4.33; Vinski 1991, pl. 15.6, 16.16). Les rivets circulaires, accompagnant cette boucle, ont des paralléles dans la tombe 107 de Knin (Vinski 1991, pl. 16.5-7). Ce type de boucle est également connu dans Ie con- texte germanique du Ve s. dans les Carpates (par ex. Cerkun 1994, fig. 9.13,14). Petites boucles rectangul Une boucle rectangulaire plate de petite taille, a partie postérieure réirécie, a été mise au jour dans la tombe n° 41 (pl. [7.41.2). Dans la région du Danube moyen ce type estattesté dans des tombes g6pides, par ex. & Kiszombor, tombes n° 24 et 146, (Csallany 1961, pl. 114.12, 155.4), etc. Ces boucles sont bien connues en Occident mérovingien ott elles apparaissent & la phase ABD2 (475-530) de la chronologie de la Gaule du Nord et perdurent durantle Vie s. (Périn 1998, fig. 9) Plaques-boucles rigides & décor ajouré du style «héraldiquey Une petite plaque-boucle rigide a décor ajouré, du style dit héraldique (Ambroz 1971, 97}, typique du deuxigme tiers du Vie ~ deuxiéme tiers du Vie s., a 6t6 mise au jour sur 'aire de la nécropole (pl IX. surface de la nécropole.2), Elle est apparentée aux plaques-boucles pannoniennes de type Pécs, diffusées dans la région du Danube moyen-tive us droite (Ibler 1992, 135-138, surtout fig. 1-1,2). Ses analogies les plus proches proviennent de la nécropole de Pécs-Kéztemeté et sont datées de la période allant du Vie s. tardif &la premiere moitié du Vile s. (Ibler 1992, 137). Pour leurs paralleles avars une fourchette chronologique allant de la fin du Vie au troisigme quart du Vile s. nous parait plus vraisemblable, car des plaques-boucles de forme comparable, mais sans décor ajouré, ont été mises au jour dans les tombes Szegvar-Sapoldal (Garam 1992, pl. 15.17, 18, 16.5) et d'Ozora~Totipusta (Garam 1992, pl, 62.3), contenant respectivement des monnaies de Maurice Tibére (582-602) et de Constance IV (668-685). LES BRACE! Ss Bracelets en fil métallique Une paire de bracelets en fil métallique a éé mise au jourdans la tombe 20 (pl. I11.20.1, 2). Detels bracelets sont largement diffusés en Europe, aussi bien al’époque romaine que durant le Moyen Age. Dansla région balkanique, ces bracelets sontattes- tés au Vie s,, entre autres, 4 Golemanovo-Kale (Uenze 1992, pl. 7.11, 12) et dans la tombe de Gra- éanica (Vierck 1981, fig. 2.14). Bracelets & extrémités élargies et décorées Un bracelet a extrémités élargies, portant un décor de lignes transversales, a 6té mis au jour dans latomben’ 8 (pl. 1.8.2). Ce type est caractéristique du début du Moyen Age, et est largement répandu en Europe. Toujours & Singidunum, un bracelet semblable a été découvert dans la nécropole UL, tombe n° 14, avec une plaque-boucle typique du Ve s, (Bjelajac, Ivani8evié 1993, fig. 10.1-3). Dans le reste des Balkans on en connait des exemplaires & Vranja, dans une tombe du deuxidme tiers du Ves. (Fejral 1988, fig. 36.5, 7), & Knin, dans la tombe n° 37 (Vinski 1991, pl. 9.6), et & Kranj, tombe n° 104. 1907 oi ils étaient accompagnés de fibules en S de Ja deuxitme moitié du Vie s. (Vinski 1968, pl. 4.9) Ces bracelets sont attestés en Italie, dans une tombe de Torriano ayant également livré deux fibules de type Udine-Planis (Bierbrauer 1975, pl 42.4) et dans la tombe n° 2 de Trento-piazza Vitteria (Cavada 1994, fig. 111.132.b), toutes deux datées vers 500, Dans le Danube moyen les bracelets de ce LA NECROPOLE DE LEPOQUE DES GRANDES MIGRATIONS A SINGIDUNUM type sont fréquents dans les tombes de Germains orientaux datées du Ve-Vie s. Citons les exemplaires trouvés & Smolin, tombe n° 32 (D2/D3, 430/440- 470/480) (Tejral 1988, fig, 43.2; Ordes princes barba- res 2000, 22,1), LaaThaya, tombe n° 3, appartenant al'horizon Smolin (Tejral 1988, fig. 31.8, Germanen 1987, pl. 52.VIL, 37.0), Mad (Lejral 1988, fig. 32.6), appartenant également |'horizon Smolin, Lovosice, tombe n° 4.1933, sans doute de la méme époque (Blazek, Kotyra 1991-1993, fig. 3.5), Mezdkévesd- —Mocsolyas, avec une fibule de type Kosino dela fin de 'horizon Smolin (Utak a Multba 1997, XVII), Domoloszpuszta (Bierbrauer 1975, pl. 84.2, 3) tombe de la période D3 (450~480/490), et Miszla (Szendrey 1928, pl. 8.7, 8), appartenant également ala période D3, Keszthely-Fenekpuszta, tombe n° 5 (Erdeli 1982, fig. 3.4), Nitra (Pieta 1993, fig. 6), Atzegersdorf (Werner 1956, pl. 6.3), Bratei (Barzu 1991, fig. 3.8). Ainsi, la datation la plus probable pour les bracelets enregistrés dans la région balkanique- danubien va du deuxiéme tiers du Ve au début du Vie s, La trouvaille de Kranj (supra prouve cepen- dant quills ont pu rester en usage au-dela de cette période, durant la plus grande partie du Vie s. En Crimée, I'existence de bracelets du méme type est également attestée jusqu’au Vie s. (par ex. Suuk-su, tombe 77, Repnikov 1906, 23, pl. 11.16). Bracelets en fil métallique Aextrémités aplaties Un bracelet de ce typea été trouvé surla surface de'a nécropole (pl. IX. surface de la nécropole 3) Ces bracelets sont largement attestés en Europe mais dans la région danubienne, ils sont surtout typiques del'époque romaine tardive. Ils sont ainsi attestés dans plusieurs tombes n°s 2, 7, 10, 11, 13, 14, 17, 51 et 61 de la nécropole pannonienne de Csakvar, appartenant ila fin dulVe—début du Ves. (Salamon, Barkoczi 1971, pl. 19.17, 21.1-5). Unautre bracelet a extrémités aplaties triangu- laires, imitant des tétes de serpents, a été mis au jour dans la tombe n° 82 (pl. VI1.82.3), dans un con- texte du Vies, tardif (infra). Ce type est toutefois plus ancien et est attesté dans la région balkano-danu- bienne depuis I'époque des Grandes Migrations. Une preuve en est fournie parles trouvailles de Da- koto, tumulus 1, avec une plaque-boucle du début du Ve s. (Conéev, Miléev 1970, fig. 3) ou encore de Guilavari, avec une fibule de type Kosino du milieu ~deuxitme moitié du Ve s. (Wemer 1959, pl. 3a) LES BAGUES Deux bagues ont été découvertes dans la nécropole de Singidunum, Celle dela tomben’ 1 se présente sous la forme d'une lamelle, avec partie antérieure légerement élargie. Elle porte une inscription entourée d'une croix de chaque c6té : +BO+ (pl. 1.1.4). Les bagues de ce type sont bien connues dans le contexte germanique oriental de la deuxime moitié du Ves. On peut citer le trésor, deja mentionné, de Desana (Bierbrauer 1975, pl. 12.7), la célebre tombe n° 1 d'Apahida, de la périede D3 (Harhoiu 1998, pl. 58.1613; Or de princes barbares 2000, 30,3 et 30,6), la tombe’ 7 de Sabadbattyan (Salamon, Barkoczi 1978, pl. 32.2) ou encore la sépulture de Cipau en Transylvanie, avec une monneie en or de 408-450 (Harhoiu 1998, pl. 91.1.2). Il convient, cependant, de noter que les limites chronologiques de ces bagues sont beaucoup plus larges. Une autre bague, & chaion circulaire, a été mise au jour dans la tombe n’ 74 (p\. VI.74.1). Ce type est trés largement diffusé partout en Europe et appar- tient & un intervalle chronologique ites large. Nous noterons ici les trouvailles du Vie s. entegistrées & Golemanovo-Kale (Uenze 1992, pl. 6.12, 13), ainsi qu'a Knin, tombes 39 et 173, dans cette dernigre avec une plaque-boucle ostrogothique de la premiere moitié du Vie s, (Vinski 1991, pl. 8.3, 21.3) et celle de KaSi¢ (Belosevié 1968, pl. 3.2) LES BOUCLES D’OREILLES Boucles d’oreilles en fil métallique Une boucle d'oreille, tres simple, a été mise au jour dans la tombe n° 14 (pl. IlI.14.1) Bien entendu, ce type n’a pas d'attribution culturelle ou chrono- logique précise. Signalons néanmoins deux décou- vertes dans le contexte germanique orientale du Danube du Ve s. & Rifnik, tombe n° 6 (Bolta 1967, pl. 1.6.3, 4), et Szabatbattyan, tombe n°5 (Salamon, Barkoczi, 1978, pl. 32.5) Petites boucles d’oreilles a pendentif polyédrique Une boucle d'oreille de petite taille avec pen- dentif polyédrique sur son extrémité provient dela tomben°38 (pl. 1V.38.2). Cesboucles¢oreilles appa- taissent durant la période D1 (360/370-400/410) 119

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