Je ncris pas pour quelques-uns retirs sous la lampe
Ni pour les habitus dune cit lacustre Pour lcolier attentif son cur Non plus pour cet enfant paresseux qui sommeille Entre mes bras depuis cent ans Mais pour cet homme qui dpass par lorage Nentend pas la rumeur terrestre de son sang Ni lherbe le flatter doucement au visage Jcris pour divulguer ce qui vient des saisons La neige pure ainsi quune main fminine Et le pollen parpill sur les gazons Aussi lagneau qui fait le calme des montagnes Jcris pour dpasser la crue noire du temps Tandis que les oiseaux et les fleurs me prcdent cette auberge au bord du ciel o les passants Trouvent des couches toiles et des vaisselles Pleines de fruits et des soleils encourageants Mais reste au fond de moi le plus clair de ma vie Qui ne supporte pas le poids de la parole Ces mots damour qui ne seront jamais crits Et la lumire de mon cur toujours plus haute Aveuglante comme une poigne de sel gris.