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L'apprenti fantme

Ilarie Voronca
Une lumire qui avance lentement comme l'eau
Dans un morceau de sucre. Une lumire
Qui me dcouvre peu peu. Ai-je une bouche
Comme les gens d'ici ? Des bras, des jambes ? Quel miroir
Me rendra soudain moi-mme ? Quelle baguette
Magique, me fera redevenir semblable
ceux qui m'ont ferm leur porte ? Et je tournais
Autour de leur maison comme un vent fou de dsespoir
Ah Est-il merveille plus grande que ces yeux
Qui relient la face l'univers qui l'entoure ?
Ils savent percer le lointain mais aussi comme une feuille
la pluie pntre ils savent retenir d'normes visions.
Et l'oreille qu'meut la voix de l'ami ou le grondement
Du tonnerre ? Et les mains qui ptrissent le pain ?
Et les pieds qui, soumis, silencieux comme deux chiens,
Conduisent l'homme sur les traces de la lumire ?
Hommes et femmes qui tes d'ici et qui savez
Reconnatre chaque pierre et qui vous appelez
Avec des noms pleins jusqu'au bord de souvenirs.
Puis-je apprendre vos jeux, puis-je vous dire,
Quelle joie est la vtre: le matin au rveil
Vos doigts qui retrouvent comme un clavier le monde
Le soleil du parler rayonne dans vos bouches
Chaque mot est aim par vos pres et vos enfants.
Presses du Hibou, 1938

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