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Texte

La violence fait toujours rage à travers le monde, en Afrique souvent


plus qu’ailleurs. L’Afghanistan et l’Irak, depuis une décennie et,
récemment, les pays arabes en révolte contre la dictature, partagent ce
triste privilège avec notre continent. La bonne nouvelle, c’est que les
armes ses sont tues dans les Balkans et ne tonnent plus autant dans
certaines parties de l’Amérique du Sud et de l’Asie.

Certaines régions de la planète ne sont connues du public que


lorsqu’elles deviennent des zones de conflits armées : la Tchétchénie, la
Somalie, le Darfour, la Casamance… pendant un temps, le Libéria, la
Sierra Léone et la Côte d’Ivoire ont fait l’objet de l’attention des médias
internationaux pour cause de guerres civiles.

Le monde espéré après la fin de la guerre froide tarde à se manifester. A


la place, la persistance d’une forme de violence marquée par le triomphe
de l’intérêt qui, de crise en crise, installe l’insécurité et fait entrevoir le
chaos. L’Europe traverse des jours d’incertitudes parce que sa monnaie
commune, l’Euro, ne s’est pas encore relevée de la crise financière de
2000. Si la concertation est de rigueur pour l’Euro et des questions de
cette nature, la force demeure un moyen déployé sans pudeur pour
arracher au plus faibles leurs richesses. L’Irak et la Libye ont plus été
victimes de leurs dirigeants respectifs, certes, mais surtout de leur
pétrole, convoité par des pays dont les économies en ont un besoin vital.
La raréfaction et, à termes, la disparition de cette source d’énergie de la
surface de la terre, est devenue l’explication de la politique des Etats
développés.

Tout cela est camouflé derrière l’épaisse fumée des théories sous le choc
des civilisations alors qu’il ne s’agit que du retour à la vielle colonisation.
L’idéologie de domination des pays pauvres et de confiscation de leurs
richesses par un capitalisme mondialisé est plus que jamais à l’œuvre.
Dire les choses de cette manière peut sembler rétrograde, surtout lorsque
cela vient du continent africain, victime emblématique de la domination
coloniale. D’ailleurs toute tentative de mise au jour des puissants
paradigmes du vieil impérialisme sous les habits neufs de la
mondialisation est détectée, combattue et, souvent neutralisée par un
dispositif conceptuel et médiatique qui diffuse les seules vérités
compatibles avec le maintien du statu quo.

Dans le même temps, ces gouvernements, si prestes à intervenir


militairement, économiquement et culturellement dans des espaces de
souverainetés nationales des pays pauvres, dressent des barrières pour
protéger leurs territoires par une politique d’interdiction d’accès dont ils
laissent la vulgarisation aux partis xénophobes d’extrême droite qui sont
moralement en marge du système alors qu’ils assument une fonction
essentielle. Le traitement de la question de l’émigration est l’une des
grandes hontes de l’humanité de notre époque.

Le constat de la détérioration des termes de l’échange par feu d’Amadou


Mahtar Mbow, alors Directeur Général de l’UNESCO, à la recherche des
conditions d’instauration d’un Nouvel ordre mondial de l’information et
de la communication (NOMIC) n’avaient suscité qu’un amusement
condescendant dans le premier cas, une colère dans le second.

Mais, aujourd’hui, l’objectif poursuivi par les Etats pauvres n’est pas
d’ordre seulement épistémologique, une tentative de déconstruction
scientifique du mécanisme de domination. La démarche s’oriente vers
une sorte de new deal mondial avec, au bout du processus, l’instauration
d’une gouvernance mondiale équitable. L’ordre actuel du mondial est
fondé sur l’iniquité et cela produit nécessairement de la violence, que
celle-ci soit employée pour la libération des peuples opprimés ou comme
moyen d’existence par des groupes à l’intérieur des sociétés dominées.

Cette inégalité se reproduit à l’intérieur des Etats dominés. Les disparités


sociales, la faiblesse des institutions, l’absence de transparence dans les
processus électoraux, le non-respect des droits de l’homme et les
déficiences de la justice sont les moyens communs d’injustice qui
génèrent aussi de la violence. La culture de la paix commence par la
maîtrise de ces questions au niveau national et continental. Une fois la
bonne gouvernance instaurée à l’intérieur des pays, les chances seront
grandes de réduire considérablement l’injustice et la violence au plan
national et international.
Mame Less CAMARA ; Afrique Démocratie, n° 10 de décembre 2011.

Questions (20 points)


1) Après avoir identifié les idées prises de position (IPP), les idées
arguments (IA) et les idées exemples, dégager le thème du texte.
2) Trouver la problématique à ce texte.
3) Donner un titre au texte et justifiez- le
Vocabulaire (02 points)
Expliquez, dans leur contexte, les expressions suivantes :
- Le triomphe de l’intérêt,
- partis xénophobes d’extrême droite
- Espaces de souveraineté nationales
Discussion (10 points)
Selon l’auteur : « l’ordre actuel du mondial est fondé sur l’iniquité »
Justifier cette assertion et proposer ce qui peut être une solution à ce
problème.

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