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wetserod MAL Po CoLLELE LECTURES CLE EN FRANCAIS FACILE ARSENE LUPIN CONTRE HERLOCK SHOLMES ‘Maurice LEBLANC Adapt en francais facile pat Brigitte Faucard-Martinez CLE © CLE International/SEJER, 2006 - ISBN : 978-209-031816-6 MauRICe LenLaNc est né & Rouen ‘en 1864, I obtient son baccalauréat en 1882 puis il Studie le droit a Paris En 1905, il crée son personnage, Arséne Lupin, pour le magazine Je sais ‘out, Léditeur Pierre Lafitte lui a en effet demandé décrire un feuilleton’ populai- re pour ce journal. Ce dernier aura pour titre Larrestation a'Arséne Lupin. C'est un succes immé- iat, Le personage apparaitra ensuite dans une cin- quantaine de romans, parm lesquels on peut citer Arsene Lupin, gentleman-cambrioleur (1908), Arséne Lupin contre Herlock Sholmés (1908), L'Aiguille creuse (1909), Les Confidences d’Arséne Lupin (1914), La Demoiselle aux yeux verts 1927). Certaines de ces oeuvres ont été adaptées au ciné- rma et 2 la television. Maurice Leblanc meurt en 1941, & Perpignan. 1. Feulleton : roman pubié par chapltres. Le personnage d’Arséne Lupin, qui est apparu pour Ja premiere fois en 1905, est toujours aussi populaire cent ans plus tard, Mais qui est Arsene Lupin ? Cest un homme élégant, charmant et charmeur, courtols... en un mot, un vrai gentleman ; mais c'est aussi un voleur... un cambrioleur, Lexpression est done toute trouvée pour définir Arséne Lupin : gentieman-cambrioleur. Pourtant, Maurice Leblane, le confident du héros dans la plupart de ses livres Rous rend son personnage si sympathique qu'on Oublie vite le cambrioleur pour ne plus voir que le gentleman, & tel point qu’en se plongeant dans ses aventures, le lecteur en arrive & ne désirer qu'une chose : la victoire d’Arséne Lupin, Dans ce roman, Maurice Leblanc fait s'affronter Arsene Lupin au plus grand des détectives* : Herlock Sholmés. Un dur combat ! Qui en sera le vainqueur ? © 8 DECEMBRE DE LAN DERNIER, M. Gerbois, pro- l fesseur* de mathématiques au lycée de Versailles, trouve, chez un marchand* de meubles, un petit secrétaire’ qui lui plait tout de suite car il comporte plusieurs tiroirs, « Voila ce quil me faut pour Vanniversaire de ‘Suzanne », pense-til Il entre done dans la boutique et achdte le meuble. ‘Au moment od il donne son adresse pour le faire livrer, un jeune homme, qui est entré dans la boutique, voit Ie meuble et dit ~Combien ? = Test vendu, répond le marchand, ~ Ah... Amonsieur, peut-étre ? Sans répondre, monsieur Gerbois salue et sort. I ma pas fait dix pas dans la rue que le jeune homme le rattrape et, d'un ton trés aimable, lui dit ~ Excusez-moi, monsieur, mais je vais vous poser lune question indiscréte : cherchiez-vous exactement ce meuble ? ests ou expressions mala Tun eioqu™ danscoieo lexpliqués dans le Vocabulaire, page 58. ms * I. Seerétaire: meuble trois, destiné a ranger des papier, et sur lequel on peut également écie. ~ Non, je cherchais une balance doccasion pour faire des expériences de physique. ~ Alors, vous n'y tenez' pas beaucoup ? ~ Si, jy tiens beaucoup, ~ Tignore le prix que vous Vavez payé, continue le Jeune homme, mais je vous en offre le double. Non, Le triple ? Ga suffit, répond M. Gerbois, inrité. Ce meuble mappartient, il n'est plus a vendre. Le jeune homme le regarde fixement, d'un air que M, Gerbois n'est pas prét d‘oublier puis, sans un mot, il sloigne Une heure plus tard, le meuble est lité chez M, Gerbois, Suzanne est folle de joie. Elle remercie son pere et, & Taide de la bonne*, elle le nettoie’ et commence a y placer ses papiers et tous ses secrets. Le lendemain, Suzanne va chercher son pere au Iyeée. lls raversent le jardin qui est devant la maison. Bt ton secrétaire ? demande M. Gerbois, ~ Une merveille, papa. Tu veux le voir ? Us entrent dans la maison et Suzanne monte la pre- miére Vescalier qui conduit & sa chambre. En arrivant dans la piéce, elle pousse un ert effrayant Que se passe-t-il ? demande M. Gerbois. 1 Tenir& quelque chose ici avoir tes envie de possédee quclaue chase 2 Nettoyer:laver, rene propre -6- A son tour, il entre dans la chambre : le secrétaire n'y est plus. M. Gerbois fait aussitot une déclaration de vol au Commissariat. Une enquéte est faite mais elle ne donne aucun résultat, Deux mois passent. Le 1” février, & cing heures et demie, M. Gerbois, Qui vient de rentrer du travail, un journal & la main, S'assoit, met ses lunettes et commence a le lire. Un article attire imimédiatement son attention « Troisiéme tirage de la loterie' : le numéro 514- série 23 gagne un million...» Le journal tui glisse des doigts. Le numéro 514- série 23, c'est son numéro ! court dans son bureau pour y chercher la boite denveloppes ob ila mis le billet. La boite d'enveloppes est pas I, 1 va trouver sa fille dans sa chambre ~ Suzanne, sais-tu oi est ma bolte d’enveloppes ? ~ Mais bien sir, nous avons rangé ensemble = Oi? crie son pere, = Mais, dans le secrétaire. ~ Dans le secrétaire quia été volé ! Mon Dieu... ily avait la Te billet gagnant de la loterie... c'est un million de perdu, M. Gerbois est accable! 1. Loteri jeu de hasard, Pour y jouer, on achate des billets 2 Aceablétrés triste, deprmd ‘Au bout d'un moment, Suzanne lui dit Mais, pére, on te le paiera quand méme. ~ Sur quelles preuves ? La seule que je posséde, la, lettre de la personne qui me Ya offert, était aussi dans le paquet d'enveloppes. C'est épouvantable ! Puis il se met a frapper du pied et crie - Eh bien, non ! Le voleur n’aura pas aussi mon billet Etil envoie aussitét un télégramme a la banque qui doit remettre V'argent correspondant au billet pour dire quill est le seul & avoir le billet gagnant et que per- sonne ne doit toucher l'argent a sa place. Presque en méme temps, arrive & la banque cet autre télégramme Le numéro 514-série 28 est en ma possession. Arsene Lupin La banque fait des recherches et découvre que le numéro 514-série 23 a été délivré au commandant* dartillerie Bessy. Il se trouve que le commandant est mort d'une chute de cheval. On apprend par des amis avec qui il avait parlé quelque temps avant sa mort quila donné son billet & un autre ami = Cet ami, c'est moi, affirme M. Gerbois. ~ Prouver-le, dit le directeur de la banque*. Ima écrit une lettre qui accompagne le billet. = Montrez-la, ~ Mais elle se trouvait dans le secrétaire volé ! = Retrouver-a. Arsene Lupin la communique, lui. Dans !'Echo de France, une note annonce quill remet entre les mains de maitre Detinan, son avocat*, la lettre que le com- mandant Bessy lui a écrite, a lui personnellement. ‘Tous les joumalistes* se précipitent alors chez ‘maitre Detinan. Il confirme qu’Arséne Lupin est son lient, méme sil ne fa jamais vu, et il montre la lettre du commandant qui commence par Cher ami. Puis il affirme que ce cher ami ne peut étre qu'Arséne Lupin uisqu'il avait la lettre, Les teporters* se rendent alors chez M. Gerbois ui affirme que le cher ami, c'est Ii = Quill le prouve ! riposte Lupin dans le journal ~ Mais puisque c'est lui qui a volé le secrétaire | déclare M. Gerbois aux journalistes. Et ainsi de suite. Le dialogue entre les deux hommes dure ainsi douze jours, Un matin, M, Gerbois regoit d’Arséne Lupin une lettre qui porte sur renveloppe le mot confidentioh, dans laquelle ie gentleman déciare a M. Gerbois que, Pour en finir avec toute cette comédie, le seul moyen est de partager la somme du billet en deux : un demi- million pour Gerbois, un demi-million pour lui M. Gerbois, en colére, commet l'erreur de montrer la lettre aux journalistes et de leur dire ~ Rien, il maura rien ! Partager ce qui m’appartient ? Jamas. Jirai devant la justice s'il le faut pour récupérer ‘mon argent, Lupin prend tout cela pour une provocation et une sorte de déclaration de guerre. -10- Deux jours aprés, on apprend Yenlévement de Mile Gerbois. La police, aussitdt avertie, cherche de tous cétés sans résultat. Cependant, & Ville-d'Avray, un épicier* déclare quill a vendu de Ihuile & une automobile fer~ mée qui arrivait de Paris. Sur le siége avant, il y avait le mécanicien* et a Yarriére, une jeune ferume blonde tres blonde, précise Fhomme-, et une autre femme plus jeune. Le portrait de cette derniére correspond & celui de Suzanne Gerbois. Ce coup est trop dur pour Gerbois. I! sait que cest Lupin qui a enlevé sa file et il fait alors parattre une note dans Echo de France pour signaler qu'il accep- te de donner un demi-million & Arséne Lupin. Deux jours plus tard, M. Gerbois recoit le billet par Ja poste et peut toucher I'argent. ‘Mais il faut retrouver Suzanne et, pour cela, il faut. ‘qu’Arsene Lupin se décide & donner un rendez-vous & Gerbois pour réaliser Véchange : le demi-million ‘contre Suzanne. Pendant huit jours, c'est le silence. Enfin, Gerbois, regoit une lettre lui ordonnant de se rendre chez maitre Detinan le jeudi suivant. Le jeudi, & deux heures, il se met en route. Ila 'ar~ gent sur lui. Ce quill ignore, c'est quill est suivi par plusieurs hommes, des policiers*, commandés par Tinspecteur* principal Ganimard, Yennemi implacable de Lupin. Gerbois arrive enfin au 25 de la rue Clapeyron, ot, -1- se trouve le cabinet de Detinan I! monte au premier étage et sonne. Un monsieur hui ouvre Cest bien ief que vit maitre Detinan ? ~ Cest moiméme, Monsieur Gerbois, sans doute ? ~ Parfatement, ~e vous attendais, monsieur Entre e vous pri. Quand Mt, Gerbois entre dans le bureau de lavocat Ja pendule sonne trois heures. ‘ ayy Semeur ata eat Grii. vest ps ~Pas encore ~Hlraménera ma fille, nest-ce pas? ~Je Tespere, = Cependant... vous Yavee vu ? ~ Moi, mais non ! la simplementdemandé par lettre de vous recevoir tous les deux, de faire partir mes domestiques* et de rvadmetire personne. dans mon appartment entre votre aie ct son depart jerbois sort alors de sa poche le milion de wn oa de sa poche le milion 4 ~ Quil viene, mon Diew, quil vienne # Je donne- ‘ais tout cela pour retrouver Suzanne Laporte s'ouvre ~ La moitié suffi, monsieur Gerbels Un homme jeune, vty avee égance est sur le pas de la porte. M. Gerbois reconnait ausstot le jeune homme qui lia parlé dans ia rue, le jour od ila ache. & le secrétare pour Suzanne ~ Br Suzanne ? Oi est ma ile? sécre- ~12- Maitre Detinan murmure ~ Mais vous n'avez pas sonné... je n'ai pas entendu la porte Les sonnettes et les portes sont des choses qui doi vent fonctionner sans quon les entende jamais, dit Lupin, Et, Voyant le million dans les mains de Gerbois, il ajoute — Ah! parfait ! Te million est I... Ne perdons pas de temps. — Mais ma fille ! Suzanne ! Qu'en avez-vous fait ? demande le professeur, d'un ton angoissé. = Allons, calmez-vous, répond Lupin. Dans quelques minutes, elle sera dans vos bras. Partageons abord cet argent. Une fois la chose faite, mattre Detinan demande = Saimerais savoir pourquoi ce meuble vous a tant intéressé. = Raison historique, mon cher maitre, 1! porte une inscription : Dédié a Napoléon I. Moi, qui collectionne tant dobjets, je ne pouvais pas perdre cette merveille ~ Hélas, gémit' le professeur, si javais su, chez le marchand, je vous Vaurais aussitét donné et faurais évité tous ces ennuis et Yenleverent de Suzanne. ~ Mais, M. Gerbois, votre fille va trés bien, vous le verre, Elle s'est faite une nouvelle arn ~ La dame blonde de Fautomobile, dit 'avocat 1. Gémir: parler en faisant des sons plaints -13- ~ En effet, répond Lupin. Elle a fait avec elle un ‘merveilleux voyage en Belgique et en Hollande. On sonne alors & la porte. = Mais la voici, poursuit Lupin, elle va tout vous expliquer. Deux femmes entrent. Lune, Suzanne, se jette dans les bras de M. Gerbois, et lautre, une belle jeune femme blonde, sourit & Lupin, Suzanne est en pleine forme et semble trés heureuse de sa petite aventure, Lupin regarde le pére et la fille un instant et dit = Quel beau spectacle de vous voir ainsi... Ob ! la famille |. a famille ! Puis il se dirige vers la fenétre. = Ge bon Ganimard est-il toujours Ja ?.. Nl aurait aimé voir cette scéne... Mais non, il n’est plus 1a Personne... ni lui, ni les autres... Il faut done partir, chére amie, dit-il en s'adressant a la dame blonde. Ila prend par le bras, salue aimablement maitre Detinan et les Gerbois, sort et referme la porte. On Fentend dire dans le vestibule ~ Ganimard, & un de ces jours. Hy a alors un bruit de pas et de voix, Ganimard ‘ouvre la porte du bureau et erie = Od estil ? OU sontils ? ~ Mais... dans le vestibule... répond maitre Detinan, ~ ln a personne, hurle Ganimard. Les policiers ont beau chercher, fouiller la maison de haut en bas, is ne trouvent personne. Lupin et la dame blonde ont disparu, comme par magie. -14- (CHAPITRE f soln pt 27 Manes, au 134 de avenue Henti- / Martin, dans 'appartement qu'il a hérité de son frére, il y a six mois, le viewx général? baron’ d'Hautrec dort dans un confortable fauteuil tandis que sa demoiselle de compagniie* lui fait la lec ‘ture et que la sour’ Auguste lui prépare son lit A onze heures, cette derniére dit & la demoiselle de compagnie = Mademoiselle Antoinette, jai fini mon travail, je ~ Bien, ma sccur. = Noubliez pas que la cuisiniére* n'est pas la aujourd'hui et que vous étes seule avec le domestique, ~ Ne vous inquitez pas pour M. le baron, je couche ' la chambre voisine et je laisse ma porte ouverte, La religicuse ston va, Au bout d'un instant arrive Charles, le domestique, qui vient prendre les ordres, Le baron s'est réveillé ; c'est Iu qui répond. ~ Toujours les méme ordres, Charles : vérifier que la sonnerie électrique fonctionne bien dans votre da 1. Baron en France, personne noble. 2. Sceur tre danné aux rlgieuses, -15- chambre et, au premier appel, descendre et courir chez le médecin*. Ailons, mademoiselle Antoinette, oi en étions-nous de notre lecture ? Vous ne voulez pas vous coucher, M. le baron ? ~ Mais non, mais non, je me couche tras tard. Vingt minutes apres, le vieil homme dort a nouveau et Antoinette sort sur la pointe des pieds Quant & Charles, il ferme toutes les portes et les volets* et va se coucher. Une heure passe quand, soudain, il saute de son lt Ja sonnerie vient de se mettre en marche. LU shabille rapidement, descend et frappe la porte du baron. Aucune réponse. Il entre. It n'y a pas de lumire = Mademoiselle, appelle-til. Vous étes la, le baron est malade ? Silence, I allume et ~ Quoi... Ce n'est pas possible ! s'écrie-ti Le spectacle qui s‘offre a ses yeux est épouvantable, Des chaises sont renversées, des objets sont tombés et, au milieu de ce désastre, le baron git’, mort. Lin fin poi shard’, couvert de sang, est & cOté de hut ~ Mon Dieu, fait Charles, on T'a tué, on a tué M. le baron. I pense aussitat a la demoiselle de compagnie. On a I Sortr sur la pointe des pled en marchant sans faire de brut 2 Volet: panneau en bots ou en métl ul protege une Fendton, 8 Gésir: Bue couche sans mouvement 44 Poignard: arme blanche lame courte ct large. -~16- da la tuer, elle aussi. Il court dans sa chambre. Personne. La piéce est vide, le lit n’a méme pas été deéfait. Il doit se rendre au plus vite au poste de police. IL court dehors et y va sur le champ'. Mais Ia, il doit attendre une heure afin de pouvoir raconter les détails du crime au commissaire* Le commissaire, accompagné de quelques hommes, va chez le baron. Tl monte dans la chambre et dit au domestique qui se trouve derriére lui = Vous m’aviez bien dit que la chambre était dans un grand désordre ? Charles regarde bouche bée* autour de lui : les ‘meubles ont repris leur place habituelle, il ny a plus rien par terre. ~ Le cadavre, ditil, M. le baron. — En effet, oi! est la victime ? demande le commis- sare. I Sapproche du lit. Sous un grand drap quill soule- ve, repose le général baron d'Hautrec. = Quelqu'un est vertu pendant mon absence, dit Charles qui ne comprend rien & rien. ~ Comment ? demande le commissaire, Vous aviez tout fermé, n'est-ce pas ? ~ Oui, mais tout est en ordre maintenant. 1. Sure champ + ussite 2 Bouche bée' la bouche ouverte, sans pouvoir paler. -18- Voyons, oi est la demoiselle de compagnie dont vous mlavez parlé ? = Elle a disparu, Elle a di sortir avant que je ferme toutes les portes. = Nous allons la retrouver, dit le commissaire. Et Varme du erime ? Disparue aussi, dit Charles. C'est un petit couteau au’Antoinette Bréhat, la demoiselle de compagnie, uti- lise pour ouvrir le courrier du baron, Le commissaire retourne au poste de police et char- ge Ganimard de Tenquéte. On fait chercher la demoiselle de compagnie. Impossible de la retrouver. On apprend qu'elle a été engagée douze jours plus tot par la soeur Auguste car elle avait d'excellentes références. Tout laisse penser que crest elle assassin. Mais comment a-t-elle fait pour revenir dans la maison aprés le crime si tout était fermé? ~ Cette fagon dentrer et de sortir mystérieuse- ment de la maison me rappelle Vhistoire du billet de loterie de M. Gerbois, dit un jour Ganimard au com- missaire, A mon avis, Lupin est sarement mélé & cette affaire = Lupin ! toujours Lupin. Vous le voyez partout ! fait le commissaire ~ Hest oii il est, répond Ganimard, vexé. = Il faut quill ait des raisons pour étre quelque part, observe le commissaire. Or, ici, rien n’a été vole. = Bien, dit Ganimard, et le diamant ? -19- = Quel diamant? Le diamant bleu ! Le célebre diamant bleu qui fai- sait partie de la couronne royale de France et qui appartenait au baron, ~ Etila été volé, ce diamant ? ~ Non, répond Ganimard. Et cela est étrange... Ce crime aussi... C'est pourquoi je suspecte Lupin, car quand je ne comprends pas, je sis que c'est toujours Les héritiers du baron organisent, quelques jours plus tard, une vente aux enchéres' des meubles et objets du défunt’, a la salle Drouot. Au milieu des meubles et objets sans valeur artis tique on peut voir, gardée par deux agents*, la bague au diamant bleu, Aprés une vente difficile, ce sont le comte et la comtesse de Crozon qui obtiennent le bijou, ‘Quelques jours plus tard, la comtesse, qui vit dans tun chateau prés d’Amiens, regoit une lettre qui Iin- quiéte un peu et qui dit ceci Le diamant bleu porte matheur: Souvenes-vous du baron d’Hautrec. Lété suivant, lors d'un diner donné par la comtes- sse dans son chateau, le diamant est vol, Voici les fait. 1 Vee ax enchires: vent o es oles propo sont vende Ia personne au props elas dares ‘2 Défunt : personne morte. foes -29- Le soir du 10 aodt, les invités du comte et de la com- tesse sont réunis dans le beau salon du chateau. On joue de la musique. La comtesse se met au piano et, posés sur un petit meuble, prés de linstrument, se trouvent ses bijoux, parm lesquels la bague du baron d'Hautrec. ‘Au bout d'une heure, le comte se retire, ainsi que ses deux cousins, les d’Andelle, et Mme de Réal, une amie de la comtesse de Crozon. Cette demiare reste seule avec M, Bleichen, consul¥ autrichien, et sa ferme. Us bavardent puis la comtesse éteint une grande lampe située sur la table du salon, Au méme moment, M. Bleichen éteint les deux lampes du piano. Ilya un instant dobscurité, un peu de confusion, puis le consul allume une bougie et tous trois partent se cou cher. Mais, a peine dans sa chambre, Ia comtesse demande & sa ferme de chambre* d'aller chercher ses bijoux. Celle-ci les dépose sur la cheminée. Le lende- main, Mme de Crozon constate quill manque une bague : la bague au diamant bleu. Le comte prévient le commissaire d'Amiens, On soupgonne aussitét le consul d'Autriche. Le commis- saire le fait discrétement surveiller jour et nuit pen- dant deux semaines. Le jour oit le consul annonce son depart, Ie commissaire fait fouiller ses bagages. Dans ‘un petit sac, on trouve la bague ! On arréte le consul. Celui-ci déclare qu'il ne com- prend pas comment la bague est arrivée 1a. Laffaire est si délicate qu‘on fait venir un inspecteur de Paris. Ganimard est envoyé a Amiens le lendemain. ~21- Pendant quatre jours, Vinspecteur fait son enqué- te. Puls l repart & Paris, Une semaine plus tard, il envoie une lettre & M, et ‘Mme Crozon dans laquelle il leur demande de se rendre le lendemain, a cing heures, au Th¢ japonais, qui se trouve rue Boissy-D’Angias. Quand, le lendemain, le comte et Ia comtesse se présentent dans le salon de thé, Ganimard est accom- pagné d'un autre homme. = Monsieur Gerbois, professeur au lycée de Versailles, & qui Arséne Lupin, vous vous en souvenez sans doute, a volé un demi-million. ~Enchanté, répond le comte. Nous vous écoutons monsieur Ganimard. ~ Voila. Je voulais vous dire que le consul d'Autriche nest pour rien dans le vol de la bague. Le diamant trouvé dans son sac est en effet un faux. Le lendemain du vol, 'un de vos invités a envoyé un petit paquet & Paris & un certain M, Beloux. Le soir méme 0 ce monsieur a regu le paquet, qui contenait en fait Ja bague, il a déménagé. — Il agit d'un de mes cousins, peut-étre ? deman- de timidement le comte. — Non, il s'agit de Mme de Réal Vous accusez mon amie, Mme de Réal ? dit la comtesse, stupéfaite, ~ Une simple question, madame la comtesse, répond Ganimard. Est-ce que Mme de Réal assistait & la vente du diamant bleu ? =22- = Oui... en effet ~ Est-ce qu'elle vous a poussée & acheter la bague ? ~ Oui... Cependant mon amie est incapable. Pardon, pardon, madame la comtesse. Je sais que votre amie, comme vous l'appelez, n'est pas une amie intime. Vous la connaissez seulement depuis cet hiver et fimagine que tout ce qu'elle vous a raconté sur elle est faux et je vais vous le prouver. Mme de Réal est en. fait courtiére en diamants* ; c'est la Dame blonde, la complice d’Arséne Lupin, il n'y a plus aucun doute. Elle va venir dans un moment. Je suis allé a voir et je lui ai offert, sous un faux nom, mes services comme ntermédiaire auprés de personnes qui désirent ache- ter des pierres de valeur. Nous avons rendez-vous ici. Des policiers surveillent de tout cété, Ele ne peut s‘échapper. Ah ! quelle victoire sur Arséne Lupin ! Ganimard se lave et se penche par la fenétre. La voll’, s* Presque aussitot apparait sur le seuil une femme grande, mince, aux cheveux dor, Ganimard se précipite vers elle et s'écrie —Enfin, je vous tiens ! ~ Que voulez-vous... dit la ferme, effrayée ~ Monsieur Gerbois, demande Ganimard, recon- naissez-vous la personne qui a enlevé votre fille ? Non. Ganimard a comme un choe. rie-til = Non ? Ce n’est pas possible ? Voyons, réfléchis. 23 ~ Gest tout réfléchi.. madame est blonde comme Ja Dame blonde, mince... mais elle ne lui resemble pas du tout. ~ Et madame n'est pas non plus Mme de Réal, affir- me le comte de Crozon, Ganimard ne peut croire ce qui lul arrive La femme demande alors & Ganimard : Vous étes bien rinspecteur Ganimard. ~ En effet... murmure Ganimard, ~ Alors voici, c'est pour vous. Cette lettre ma été donnée par un jeune homme qui savait sans doute que nous avions rendez-vous, Ganimard prend la lettre et tit Hl était une fois une Dame blonde, un Lupin et un Ganimard. Or, le méchant Ganimard voulait faire du mal é ta jolie Dame blonde et le bon Lupin ne le voulait pas. Alors le bon Lupin, pour que la Dame blonde entre en contact avec la comtesse de Crozon, lui a fait prendre le nom d’une commer- ante, qui est grande, mince comme la Dame blon- de et qui a de beaux cheveux dorés, comme elle. Et le bon Lupin se disait : « Si jamais le méchant Ganimard est sur la piste de ta Dame blonde, it trowvera Uhonnéte commergante®, » Ia été facile de vous tromper, cher Ganimard, et j'en suis tres content Merci de m’avoir fait rire et. & la prochaine ! Arséne Lupin ~ Mais il sit tout ! gémit Ganimard, qui n’a pas du ~24- tout envie de rire. Il sait des choses que je n'ai dites & personne, Pendant dix minutes, Ganimard lit et relt a lettre de Lupin pendant que le comte et a comtesse bavar dent avec M. Gerbois, Puis le comte dit & linspecteur ~ Cher monsieur, je vois que nous en sommes au méme point. = Pardon, je viens de prouver que c’est la Dame blonde qui a volé le diamant et que c'est Lupin qui la dirige. ~ En effet, mais ga ne sert a rien, le diamant est toujours perdu. ~ Je n'y peux rien ~ Certes, mais quelqu'un pourrait peut-étre.. ~ Que voulez-vous dire ? Lecomte hésite puis dit — Apres vous, ily a un seul homume capable de com- battre Lupin. Cet homme, c'est Herlock Sholmes. Est- ce que nous pouvons lui demander son aide ? ~ Oui, bien sir... répond Ganimard un peu troublé. ~ Peut-il compter sur votre collaboration ? deman. de madame la comteste. ~Naturellement, répond Ganimard d'un ton froid. Le soir méme, une lettre, sollicitant. son aide, est envoyée a Herlock Sholmes, =25- CHAPITRE m1 aneson 26 ~ Je frissonne! en Yentendant. Lhabitude du vol, la vie quill mene ont-elles conduit cet homme au crime ? Fexamine ses mains : elles sont vraiment inoffen- sives, des mains dartiste. Ganimard est un hallucine®, dis-e. Ii proteste = Mais non, mais non, Ganimard a de la finesse. parfois méme de Yesprit... mais ce n'est pas un grand adversaire. Ce n'est pas le cas de Yautre : Sholmés. Favoue que celui-ci est de taille’. C'est justement ce qui me passionne et c'est la raison pour laquelle je suis de si bonne humeur. Il est fort, trés fort. Mais jai un avantage sur lui, cest quill attaque et moi, je me défends. Mon réle est plus facile. D’autre part.. I s.arréte soudain, se met & tousser et il se cache le visage dans sa serviette, comme quelqu’un qui a avalé de travers, ~ Une miette de pain ? dis-je. Buvez un peu d'eau, Non, ce nest pas ca, dit-il. Partons, Nous n’avons pas terminé notre. ~ Ces deux messieurs qui viennent d'entrer... vous voyez le plus grand... eh bien, en sortant, marchez & ma gauche pour quill ne puisse pas me voir. ~ Mais qui est-ce done ? — Herlock Sholmés, 1 Prisonner tre agté par un léger remblement. 2 Hallaciné = une sorte de fou qui a des visions 53. Bare detail Gre fort, Ia hauteur dela station, -27- ~ Vous niaver rien a craindre.. il ne peut pas vous Teconnaitre, vous changez si souvent daspect... moi- ‘méme, parfois, ~ Lui me reconnaitra, dit Arséne Lupin. I ne ma vu ‘qu'une fois mais je sais quill me reconnaitra toujours ~Eh bien ! Sortons, dis-je ~ Non, dit Lupin, apres un moment d'hésitation, non, je vais aller le trouver. = Mais, ce serait une erreur, Arséne Lupin se léve et, se plantant devant Herlock Sholmes, i} dit = Quelle chance de vous trouver ici ! Permettez- ‘moi de vous présenter un de mes amis Pendant une ou deux secondes, !"Anglais parait déconcenté. Il fait un mouvement instinctif pour se jeter sur Arséne Lupin. ~ Vous auriez tort’ de faire cola, dit celui-ci ; et en plus, ¢@ ne servirait & rien, Langlais se reprend aussitot et, d'un ton froid, il présente Thomme qui !accompagne = Monsieur Wilson, mon ami et collaborateur. Monsieur Arséne Lupin La surprise de Wilson fait rire Sholmes, ~ Wilson, dit-il, vous ne cachez pas votre stupeétac- tion devant les évenements les plus naturels «tt monde. ~ Vous ne Varrétez pas ? murmure Wilson 1. Avo tort: ne pas avoir Falson, ~28- = Vous navez pas remarqué, Wilson, que dici, il peut facilement m’échapper. Mais, peu importe. Gargont | Le gargon arrive immédiaternent Des biéres et clu whisky, dit Sholmes. La paix est signée... pour le moment. Quelques instants plus tard, tous les quatre, assis & Ja méme table, nous bavardons tranquillement. ‘Tout de suite, Arsene Lupin interroge le grand. détective sur la durée de son séjaur en France. ~ Tout dépend de vous, monsieur Lupin. = Oh, si cela dépendait de moi, répond Lupin, je vous demanderais de reprendre le bateau ce soir. = Ce soir est un peu t6t, réplique Sholmés, mais Jespére que dans huit ou dix jours... I faut que je mYoccupe de retrouver le diamant... Je Tai promis & madame la comtesse ~ Et Vous pensez mlarréter le onziéme jour, peut- etre? ~ Le dixieme, derniére limite, Lupin réfiéchit et, hochant la téte’, il dit ~ Difficile... difficile. ~ Difficile, ou, mais possible, done certain... Pai parlé avec M. Ganimard et, avec ce quill ma dit et tout ce que jai lu dans les journaux sur vous, ai quelques Jdées personnelles sur laffaire. = Estilindiscret de vous demander lopinion géné- 1 Mocher la tte emwer latte de haut en bas -29- rale que vous avez. su vous former ? demande Lupin. Vraiment, c'est la chose la plus passionnante que de voir ces deux hommes en présence Mun de autre, les coudes sur la table, discutant tranquillement, conume sills avaient & résoudre un probleme grave. Herlock bourre lentement sa pipe’, Yallume et dit = Je pense que cette affaire est beaucoup moins compliquée qu'elle ne le semble, au départ. Je dis V' faire car, pour moi, n'y ena quiune. La mort du baron, dHautree, Phistoire de la bague et, ne Noublions pas, Je mystére du numéro 514-série 23 sont les diverses i étapes de ce que jappelle maintenant l'énigme* de la Bain Dame blonde. Pour résoudre ce probleme, il faut que je découvre ce qui unit ces trois épisodes. Dans le cas du billet de loterie, il me semble que lappartement de maitre Detinan joue un role primordial dans l'affaire. Vous lavez choisi, de toute évidence, dans un but pré- cis, pour le rendez-vous final. Pour Tappartement du baron et le chateau de la comtesse, jfarrive a la méme conclusion, Vous choisissez done un endroit précis et Crest alors que vous agissez. II me reste maintenant a découvrir pourquoi ces maisons en particulier. Quand je le saurai, je récupéreral le diamant. Facile, non ? Je pense done que, dans dix jours, mon travail sera fini et ps que je vous ferai arréter. =Non. 1. Bourrer une pipe: la repli de taba. 2. Bnigme :mystere -31- = Gest ce que nous verrons. Dix jours, M. Lupin, Nous sommes aujourd'hui dimanche. Mercredi pro- chain, tout sera fini! = Oh ! fait Lupin. Je vois que vous étes sérieux et que ce rest plus le moment de rire. Bien, nous ver- rons, Adieu, done. Lupin se léve, salue aimablement son adversaire et se dirige vers la sortie, moi derrire lui. = Quien dites-vous, mon cher ? me demande-t-il dans la rue. Voila un repas qui fera un chapitre inté- ressant dans Je livre que vous préparez sur moi. ‘Sholm@s se croit bien fort mais je le suis aussi. Bon, je me sauve', Au revoir, mon ami, nous nous retrouve- rons bientot. Ainsi se termine cette étrange soirée, 1 Se sauver: ic, partir tts vite ~32. CHAPITRE IW ES LE LENDEMAIN, en compagnie de son fidéle poursuit lidée quill a expliquée @ Arséne Lupin : trouver le lien entre les différents endroits ott maitre Detinan, au 25 rue Clapeyron et celle du baron d'Hautrec, au 134 de l'avenue Henri-Martin, ont été maisons qui sont a cété de ces deux demeures', égale- ~ Lucien Destange, répond Wilson. 1. Demeure : maison, Bien vu, mon ami! Je sais oi habite cet homme. Maintenant, il faut agir ! Nous ne nous verrons phis pendant quelques jours, Wilson. Mais, ne vous inqui ‘ez pas, je tiens enfin le bout du fil qui va me condluire 8 Farrestation de Lupin. = M. Destange ! Le domestique regarde d'un air dédaigneus' lindi- vidu & qui il vient douvrir la porte : c'est un homme aux cheveux gris, mal rasé et aux vétements un peu sales. Il répond d'un ton see ~M. Destange est ici ou n'y est pas, tout dépend de qui le demande, Vous avez une carte ? Lhomme na pas de carte mais ila une lettre din- troduction. Le domestique va la porter a M. Destange. Peu apres, il revient et accompagne l’étrange person- nage dans le bureau de M, Destange. = Vous étes monsieur Stickman ? demande 'ar- chitecte. ~ Oui, monsieur, ~ Mon secrétaire* m’annonce quil est matade et uil vous enwoie pour continuer le catalogue général des livres quil a commence sous ma direction, et plus spécialement le catalogue des livres allemands. Vous avez lhabitude de faire ce genre de travail ? 1. Dédsigneux: qui montze du mépris Bae inten Patni eet DORA a yay civtr SLOP LVAD cr ae yet! = Oui, monsieur, une longue habitude. ~ Parfait, répond M. Destange. Et, sans plus tarder, ils se mettent au travail, Herlock Sholmés est dans la place’ Pour pouvoir pénétrer dans la maison que Lucien Destange habite avec sa fille Clotilde, le célébre détec- tive a di faire de nombreuses recherches et préparer toutes sortes de stratagémes, ce qui lui a pris quaran- te-huit heures. Il sait ceci : M. Destange, de santé délicate et dési- reux de repos, s'est retiré des affaires et vit parmi les collections de livres quil a réunies sur larchitecture. Quant a sa fille, Clotilde, elle passe pour originale. ‘Toujours enfermée, comme son pére, mais dans une autre partie de la maison, elle ne sort jamais. Le detective travaille done avec M. Destange tout en attendant le moyen de fouiller dans les archives! de Varchitecte afin de trouver la preuve des passages secrets. Le matin du deuxiéme jour, il n’a encore rien pu faire. A deux heures, il apergoit pour la premiére fois, Clotilde Destange, qui vient chercher un livre dans la bibliothéque. C'est une femme d'une trentaine d'an- inées, brune, aux gestes lents et silencieux. Blle échan- 1 Bare dans a place: dre a Fendroit tratéghue _ 2, Archives: documents, dossiers anciens dont on n'a plus besoin ‘ans le présent mals qu'on garde = 36 ge quelques paroles avec M. Destange et se retire sans méme avoir regardé Sholmés. Japrés-midi se passe tranquillement. A cing heures, M. Destange annonce qu'il sort. Sholmés reste seul dans la bibliothéque. Le jour tombe. Il se dispose lui aussi a partir, quand un craquement' se fait entendre et, en méme temps, il a la sensation que quelqu'un est dans la piéce. De longues minutes pas- sent. Et soudain, il frissonne : une ombre sort de Vobs- curité, tout prés de lui. Il se cache derridre des rideaux. D'oi vient ce personnage ? Sholimés observe et le voit qui se dirige vers une grande armoire, Il Youvre et fouille. Que cherche-til ? Et voila que la porte s‘ouvre et que Mile Destange entre vivement, en disant a quelqu'un qui la suit = Alors, tu ne sors pas, pére ?.. Dans ce cas, alla- me... Une seconde... Ne bouge pas, Lhomme se cache derriére un battant* de armoi- re. Trés calmement, Mile Destange allume et laisse passer son pére. Ils s‘assoient l'un en face de autre, Elle ouvre un livre quelle a apporté et se met a lire. ~Ton secrétaire n'est done plus la? dit-elle au bout, un instant. = Non, tu vois. = Tuenes toujours content ? = Oui, tres, 1. Craquement: brut see. 2 Battant = parte d'une porte qu peut souvre ets fermer. a- Un moment passe. La jeune fille lit, Mais le battant de Yarmoire se ferme et Thomume se glisse le long du ‘mur, vers la porte, mouvement qui le fait passer der- rigre M. Destange, mais en face de Clotilde et de telle fagon que Sholmés peut le voir distinctement. C'est Arsene Lupin, LAnglais frissonne de joie. Ses caleuls étaient Justes : il a pénétré au coeur méme de la mystérieuse affaire et Lupin se trouve & Vendroit prévu. Clotilde ne bouge pas et regarde tranquillement Mhomme qui se dirige vers la porte. Mais, quand il tend le bras pour toucher la poignée, un objet tombe d'une lable, touché par son vétement. M. Destange sursau- tel. Arséne Lupin est maintenant devant lui, souriant. = Maxime Bermond, s'écrie M, Destange avec joie. Cher Maxime ! Quel bon vent vous améne ? ~ Le désir de vous voir, ainsi que Mlle Destange. = Vous étes done revenu de voyage ? ~ Oui, hier. Is s'installent tous les trois dans une petite pigce qui donne sur la bibliothéque et bavardent, Sholmés en a vu assez, Il décide de sortir sans un bruit. attend dans la rue que Lupin sorte de la mai- son pour le suivre discrétement. Peu aprés, Lupin apparait, Herlock Sholmes le sult et le voit entrer dans tune maison située au 40 de la rue Chalgrin. Sholmés se renseigne discrétement auprés de la 1. Sursanter: se dresser brusquement ~38- concierge® de limmeuble qui lui apprend que la mai- ‘son appartient & un monsieur noramé Harmingeat. Le lendemain, disposant d'un long moment de soli- tude chez M. Destange, il se met & fouiller dans Yar _moire o¥ Lupin a cherché et trouve les dossiers sur les maisons. Il apprend ainsi que le 40 et le 42 de la rue Chalgrin ont été construits par Lucien Destange. « Ces deux maisons corumuniquent entre elles par des passages secrets, comme les autres maisons et leurs voisines. » se dit Profitant d'une course quiil doit faire pour M. Destange, il informe Ganimard de ses découvertes et ordonne que deux agents surveillent discrétement la maison, De retour au bureau, il demande & M. Destange la permission de prendre son aprés-midi de libre Larchitecte accepte sans difficulté cing heures, il arrive devant la maison et deman- de aux deux agents sils ont vu des gens entrer et sor- tir, Ces demniers lui répondent qu’en effet un homme et une femme sont sortis de la maison, ‘A la nuit tombée, Sholmés renvole les deux agents et reste sur le trottoir, eu apres, il voit une dame, enveloppée d'un voile pais, arriver devant la maison. Elle entre. Il attend un ‘moment puis, & son tour, a Vaide d'un passe-partout', il ouvre la porte de la maison et entre. 1. Passe parton: cé qui peut ouvir plusieurs seruresdiférentes 39 - A travers Fombre qui emplit la maison, il voit que la ‘majorité des piéces sont vides. Joir, il apergoit la lueur d'une lampe. II s'approche sur is au bout d'un cou: Ja pointe des pieds et voit, par la vitre qui sépare le salon d'une piece contigué, la dame qui vient d'entrer enlever son voile et Savancer vers la cheminée. La, celle appuie sur un bouton et la moitié du panneau qui s'étend & droite de la cheminée s'ouvre. La dame entre dans ce passage et disparalt, emportant la lampe. Le systéme est simple. Sholmes Temploie presque aussitot Il marche dans Vobscurité et arrive devant une ouverture fermée par une tapisserie, On lumiére a travers. Il regarde. oit de la La Dame blonde e: Elle éteint sa lampe et allume 'électricité. Pour la premiére fois, $ holmes peut voir son visage en pleine Jumiére. Il a un sursaut. La Dame blonde n'est autre que Clotilde Destange. Clotilde Destange, Tassassin du baron dHautree et lay térieuse amie d’Arséne Lupin ! La Dame blonde, enfin leuse du diamant bleu ! Clotilde Destange, la mys. Sholés examine la piece. Elle est. élégamment meublée et décorée. Clotilde s'est assise sur un cana pé et demeure immobile la téte entre ses mains. Ft, au bout dun instant, il sapercoit qu'elle pleure, Mais une porte s‘ouvre clerriére elle. Arsene Lupin entre. Ils se regardent longtemps, sans dire une parale, =40- puis il se met & genoux prés d'elle, appuie Ia téte sur sa poitrine et lentoure de ses bras. Il y a beaucoup de tendresse dans son geste, = Jaurais tant voulu vous rendre heureuse ! mur- mure-til ~ Je suis heureuse, = Non, puisque vous pleurez. Elle lui montre ses mains blanches et fines et dit. = Tant que ces mains seront mes mains, je serai triste, Maxime, ~ Mais pourquoi ? ~ Elles ont tué. = Taisez-vous ! Ne pensez pas a cela... le passé est le passé, le passé ne compte pas. Et il embrasse ses longues mains. = TI faut m’aimer, Maxime, il le faut parce qu’aucu- ne femme ne vous aimera comme moi. nait ~ Al! Clotilde, pourquoi vous ai-je mélée & ma vie aventureuse ? Jaurais dit rester le Maxime Bermond {que vous avez aimé, iy a cing ans, et ne pas vous faire connaitre lautre homme que je suis. Elle dit trés bas = = Jaime aussi cet autre homme. ~ Moi aussi, je vous aime, Clotilde. Mais nous devons, tre prudents, Je suis sans nouvelles de Sholmés et cela miinguitte. Il rest plus avec Wilson, Nous ne devons ‘pas nous voir Clotilde. Ne sortez plus de chez vous. Je ‘Vai pas peur pour moi mais j'ai peur pour vous. =42- ~ ILest impossible que cet Anglais arrive jusqu’a moi = Tout est possible avec lu Ils s'embrassent longuement puis se séparent. ‘Sholmés sort vite de la maison. Le lendemain, il se rend & son travail chez M. Destange. M. Destange se trouve déja dans la bibliothéque quand il arrive. Ils travaillent. un moment et Sholmés cherche un prétexte pour voir Clotilde quand la jeune fille entre, dit bonjour & son pére et déclare qu'elle va dans le petit salon pour écrire du courrier. Sholimés attend puis, prenant un livre de la biblio cheque, il dit a M. Destange = Voici un livre que Mlle Destange m’a demandé de lui apporter si je le trouvais, Ise rend dans le petit salon et dit ~ Je suis M. Stickman, le nouveau secrétaire de votre pere et je désire vous parler, ~ Veuillez vous asseoir, monsieur, jai presque fini Elle ajoute quelques mots a la lettre qu'elle est en train d'écrire, la signe, ferme lenveloppe et a laisse ‘sur la table. Ensuite, elle téléphone a sa couturiére* pour lui demander de finir au plus vite son manteau car elle va venir le chercher trés bientot. Puis, se tour- nant vers Sholmés, elle dit = Je suis & vous, monsieur, mais cette conversation ne peut pas avoir lieu devant mon pére ? = Non, mademoiselle, il est préférable que votre pére n’entende rien, -43- Ils se levent tous les deux. = Parlez, monsieur, dit Clotilde Bien. Voici. Ily a cing ans, monsieur votre pére a rencontré M. Maxime Bermond, qui s'est présenté & Jui comme architecte. Comme votre pére a une santé delicate, il lui a confié la réalisation de travaux chez certains clients Herlock s‘arréte. Il voit que Clotilde a un peu pali Je ne sais pas de quoi vous parlez, monsieur, et je crois que tout cola ne mintéresse pas du tout, = Si, mademoiselle, cela vous intéresse beaucoup car, vous le savez aussi bien que moi, M. Bermond lest autre qu’Arséne Lupin. Elle éclate de rire. — Pas possible ! Arséne Lupin ! = En effet, mademoiselle. Et cet homme a une amie, une amie qui l'aide a réaliser ses projets. = Monsieur, le coupe Clotilde, je vous prie de sortir. = Je vais sortir, mademoiselle, mais pas seul : avec ‘vous. Vous me suivrez, sans un mot. Herlock sort sa montre = Test dix heures et demie. Dans cing minutes nous partons. Sinon ? = Sinon, je vais trouver M. Destange et je lui racon- te la vérité, Je lut parle d’Arséne Lupin et de sa com- plice, la Dame blonde. Je lui fais visiter toutes les mai- sons et découvrir les passages secrets. Et, au 134 ave- nue Henti-Martin, je lui montrerai comment. 45 - ~ Taisez-vous, taisez-vous, dit la jeune fille. = Je vous accuse d'avoir tué le baron d'Hautree. —Taisez-vous, monsieur, je vous en supplie. Je n'ai ‘pas assassiné le baron = Je mai pas dit que vous l'aviez assassiné, made- moiselle. Le baron avait des crises de folie, je le sais par la sceur Auguste qui, seule, pouvait le calmer. En absence de cette personne, il a dii se jeter sur vous et, clest au cours de la lutte, pour défendre votre vie, que vous Tver frappé et tué. Done, je vous le répete, ‘vous n’avez pas assassiné le baron. Cependant, ce sont bien vos mains qui ont frappé. Blle met sa longue main fine et blanche sur son Iront et reste ainsi un moment imunobile. Puis elle dit Et cest tout cela que vous avez intention de dire amon pere ? = Oui, et je lui dirai que jai pour témoins Mlle Gerbois, qui reconnaitra la Dame blonde, la sceur ‘Auguste, qui reconnaitra Antoinette Bréhat et la com- tesse de Crozon qui reconnaitra Mme de Réal. = Vous étes Herlock Sholmes, n’est-ce pas ? Out. = Que voulez-vous de moi ? =Ce que je veux ? Je dois arriver & vainere Arsene Lupin et récupérer le diamant bleu. Je le ferai. Si je vous prends comme otage', ma Lache sera encore plus 1, Ouage personne retenve prisonniére t qi ne sera libérée que Torsaue la personne qui Ta emprisonnée obtiendra ce avelle deraae. facile. Je vais vous faire garder par un ami, Une fois Vaffaire finie, vous serez libre. ~ Crest tout? ~ Crest tout. Je ne fais pas partie de la police de votre pays... Je n'ai done aucun droit... de Justicier', Herlock Sholmés a intention de confier la jeune fille pendant quelques jours a Ganimard sans lui dire quielle est. = Bien, mademoiselle, une voiture nous attend, Veuillez aller trouver votre pére pour lui dire que vous serez absente quelques jours. Nous partons, ~ Crest inutile, je serai revenue ce soir, dt-elle. Suivie de Sholmes, elle va & la bibliothéque et dit = Pere, je Venlbve M. Stickman. Nous allons & la, Bibliotheque nationale. Puis elle sort de la maison avec Sholmés. Dans la rue, une voiture les attend, conduite par un chauffeur* qui porte une casquette et dont le col de la veste est remonté jusqu’aux joues. Sholmés ouvre la portitre arriére, fait monter Clotilde et s‘assoit & c6té delle La voiture démarre. Herlock se frotte les mains. Il est heureux car il vient de gagner une belle bataille. Soudain, il s'apergoit que le chauffeur ne prend pas. Ja direction quil lui avait signalée quand il avait élabo- ré son plan. 1, Justice personne qui poit les gens coupables. -41- ~ Dites done, chauffeur, vous vous trompez de. homme ne répond pas. ~ Vous étes sourd, mon ami. Clotilde éclate alors de rire Le chauffeur se retourne alors un instant puis dit, = Eh bien, monsieur Sholmés, que dites-vous de cette petite promenade ? Crest Arséne Lupin. Sholmés, furieux, saisit la poignée de la voiture, prét a s'élancer dehors. Clotilde lui dit = Attention, monsieur, une voiture nous suit avec Sholmés se calme et ne dit plus rien. Il se deman- de comment Lupin est appara et se rappelle 'appel véléphonique de Clotilde & sa couturiére. Quand le secrétaire de son pére est venu la voir, elle a senti le danger et a appelé Lupin a qui elle a donné des consignes codées' Lupin continue & rouler jusqu’a la sortie de la ville, La, dans un endroit désert, les deux voitures s'arré- tent. Un des hommes descend de autre voiture et vient se mettre au volant & la place de Lupin. Clotilde descend a son tour et monte dans Yautre voiture. Lupin repart avec Sholmés et le nouveau chauf- feur. 1. Codées ates en code Cangage secret). 48 On continue a rouler et on s'arréte enfin au bord de la Seine. La, un homme vétu en marin* s‘approche de la voi- ture, suivis de deux matelots*. ~ Parfait, capitaine* !s'écrie Lupin, Tout est prét ? ~ Tout est prét. Lupin descend de la voiture et fait sortir Sholmés. Les deux matelots le saisissent. = Combien de temps vous faut-il, capitaine, pour aller & Southampton ? — Neuf heures, sans nous presser. = Vous en mettrez onze. Il ne faut pas que vous arriviez & Southampton avant le départ du paquebot’ ui se rend au Havre. Monsieur ne peut pas revenir en France. ~ Compris, dit le capitaine. Je vous salue, maitre, dit Lupin a Sholmés. A T'an- née prochaine, peut-étre. demain, répond ce dernier. Lupin remonte dans la voiture et part vers Paris Sholmés est ernmené par les marins. Hap LUPIN SE TROUVE Att 42 de la rue Chalgrin, dans l la pice que nous avons déja vue. Mais cette demiére est pratiquement vide. Il a fini de déménager. Il observe, d'un ceil admiratif, les fls qu'il avait reliés & des sonnettes et qui lui ont permis de savoir s'l y avait un inconnu présent dans la maison, Une merveille ! ~ Dans dix minutes, je pars définitivement, se dit- i. Quel bonheur ! Sholmés est en Angleterre et je retrouve enfin Mlle Destange. Une sonnerie Varréte net. Que se passe-til ? Quel danger y a-til? Ganimard ? Non, impossible ! i court vers le passage qui le mene au 40. Mais, au milieu du chemin, il se retrouve face & face avec. Herlock Sholmes ! = Vous étes pris, monsieur Lupin. Cette maison et la maison voisine sont cermnées'. Ganimard est la, avec ses hommes. Vous ne pouvez pas vous échapper. Langlais est ravi Lupin lui demande : ~ Sil en est ainsi, pourquoi étes-vous venu seul ? 1. Paquebot: grand batean qui transporte des passagers. ~50- 1. Cerner: entourer (i, par la police). -51- = Parce que je veux vous parler, = Me parler ! Fort bien, écoute, = Je suis venu en France dans le but de récupérer le diamant bleu, pas pour vous arréter. Bt ce diamant bleu, il me le faut ! Je V'ai promis & la comtesse de Crozon. Comment 'aurez-vous puisquil n'est pas en ma possession ? = Je Taurai parce que vous Vavez. Monsieur Lupin, il est trois heures moins dix. Sije n'ai pas le dia- ‘mant dans dix minutes, fappelle Ganimard et vous sore arrété. = Comment avez-vous fait pour revenir en France ? ~ Sai pris le bateau, = Mais...j'avais dit au capitaine d'arriver aprés son depart... Im'a done trahi ! = Non, jai simplement changé eure de sa montre et j'ai pu arriver & temps pour prendre le paquebot pour le Havre. = Bravo ! Vous étes vraiment trés fort! En effet ! Mais revenons-en & notre affaire : Te dia mant et votre liberté. Les deux hommes se regardent attentiverent. ‘Trois heures sonnent, Sholmés prend un pistolet et tire en Fair pour appeler Ganimard, Lupin veut se jeter sur Sholmés. Trop tard, Ganimard apparait ~ Rendez-vous, Lupin, dit-il. Lupin se laisse arréter. Bt voila quill sursaute. Au plafond, soudain, on entend une sonnerie. C'est celle du téléphone. Lupin fait un geste pour le prendre. Mais Ganimard décroche avant lui. Sholmés, avec autorité, le lui prend, le pous- se, met un mouchoir sur Pappareil pour changer sa voix et dit = All6... AIO! Un silence puis = Oui, c'est moi, Maxime, Un autre silence auquel Sholmés répond = Mais oui, tout est terminé et falls partir vous retrouver, comme il était prévu... 00 ?... Oui, I... Non, ny a aucun danger, il est en Angleterre. Bien, je vous retrouve bientot. U raccroche, ~ Monsieur Ganimard, dit-il, je vous demanderai trois de vos hommes. ~ Cest pour la Dame blonde ? Vous savez ot elle est? = Oui Ganimard appelle trois hommes et Sholmés se pré- pare & partir avec eux. = Monsieur Sholmés, s'écrie Lupin. LAnglais s'arréte, Monsieur Lupin ? Je désire parler avec vous. Herlock parle diserétement a Ganimard. Ce dernier sort avec ses hommes en disant = Cing minutes, pas une de plus, Sholmés demande & Lupin —53- ~ Vous voulez me rendre le diamant ? — Oui, si vous la laissez tranquille. Pour elle, e ferai tout, Prenez ma canne, li, au coin de la cheminée, Faites tourner la téte. Crest ce que fait Sholmés. Il enleve le bout de la canne et trouve... le diamant bleu, T1Texamine puis dit = Mile Destange est libre, monsieur Lupin. Merci et au revoir. Car on se reverra, n’est-ce pas, monsicur Sholmés ? — Je n'en doute pas. Ganimard revient & cet instant. Sholmés lui déclare alors quill doit partir sur le champ en Angleterre, = Mais... la Dame blonde ? demande Ganimard, = Trouvez-la, fait Sholmés et il part aussitot. = Bon voyage, maitre, crie Lupin et mes amitiés & M. Wilson. - Bien, dit Ganimard a Lupin qui est tenu par deux agents. En route. Lupin ne bouge pas. Ses gardiens, qui Yont laché, le poussent mais en vain. Eh bien, dit Ganimard, vous refusez de marcher ? Ganimard fait un signe aux deux agents, Ceux-ci enlevent Lupin sous les bras mais ils le lachent aussi- 16t en poussant un eri de douleur : de ses deux mains, Lupin leur enfonce deux longues aiguilles dans 1a chair. Lun des agents, faché, lui donne un coup de poing au visage. Ne lui faites pas de mal, hurle Ganimard. Sortons. Et surtout, doucement. = Vous ta'aver laissé frapper... ce n'est pas sympa- thique de votre part, Ganimard, dit Lupin en se frot- tant le visage. — Crest votre faute, répond Ganimard, désolé, Mais, vous ne soufrez pas trop ? ~ Ga va aller, répond Lupin. Mais laissez-moi souf- fer un peu. Is arrivent & V'escalier. Lupin est devant, suivi de Ganimard qui a éearté ses deux hommes. Lupin, en un éclair’, monte Vescalier qui méne & autre étage. Ganimard et ses hommes, surpris, restent un petit moment sans réaction, Puis ils courent derrigre lui Plus personne Ils ne voient qu'une série de portes qui donnent sur le long couloir oi ils se trouvent. Iis ouvrent les portes les unes aprés les autres. Rien. Enfin, lune donne sur un escalier de service. Ils le des ‘cendent et arrivent dans une cour. Lupin a disparu ! Ganimard est effondré® Quarante minutes plus tard, deux messieurs arri- vent & la gare du Nord et courent sur le quai, suivi d'un homme qui porte leurs bagages. = Vite, Wilson ! Nous ne pouvons pas rater ce train. Ils montent dans le wagon. 1. Bun ela: ts rapidement. 2. Bffondré = abatta moraleent. ~56 Herlock Sholmés tend un billet a "homme des bagages. Bien, mon ami. Votet pour vous, dit-i Merci, monsieur Sholmes, Langlais Ieve les yeux et, pour la premire fois, regarde homme : Arséne Lupin. ~ Vous... Vous ! s’écrie-til Vous m‘avez laissé arréter, dit Lupin, mais Arsene Lupin a plus d'un tour dans son sac’. Enfin ! Je vous pardonne, Le train sifMe, il va partir. Lupin saute sur le quai ~ Adieu, dit-il, je vous écriral. Vous aussi, n’est-ce pas ?... Une carte postale de temps en temps... Comme adresse : Lupin, Paris... Cest suffisant... Adieu... A bientdt. 1, Avoir plus d'un tour dans son sae: étre main -57- VOCABULAIRE ‘Métiers d’hier et d’aujourd’bui Agent : policier. Architecte : personne dont le métier est de concevoir la création d'une maison, d’en dessiner les plans et den diriger la réalisation ‘Avocat : personne dont le métier est d'aider les gens & comprendre la loi et & se défendre devant un tribunal Bonne : personne qui fait le ménage chez son employeur et qui vit chez lui (actuellement, on dit employée de maison), Capitaine : officier qui commande un navire. Chauffeur : personne qui conduit un véhicule. Commandant : dans larmée, officier qui a un com- mandement militaire. Commercant : personne qui fait du commerce. Commissaire : dans la police, personne dont. le métier est de faire respecter lordre et la sécurité et qui dit ge des inspecteurs et des agents. Concierge : personne qui garde un immeuble, une Consul : personne chargée de défendre les intéréts de ses compatriotes a I'étranger. Courtier (fére) en diamants : personne dont le métier est de servir dintermédiaire entre deux personnes pour la vente et l'acquisition de diamants. Couturiére : ferume dont le métier est de coudre, de faire des vétements. Cuisiniére : personne dont le métier est de faire la cui sine, Demoiselle de compagnie : jeune femme chargée de tenir compagnie a une autre personne. Détective : personne qui fait des enquétes policiéres pour un client, Directeur de banque : personne qui dirige une banque. Domestique : personne qui s'occupe du ménage, de la cuisine ou de servir a table chez son employeur. Epicier : personne qui s'occupe d'une épicerie (bou- tique d’alimentation), Femme de chambre : domestique chargée du service intérieur une maison, d'un hotel. Garcon: serveur dans un café. Général: offcier qui a le grade le plus élevé dans Var- mée. Inspecteur : dans la police, personne chargée de faire respecter l'rdre et la sécurité et qui est placée sous les ordres d'un commissaire. 59 Journaliste : personne dont le métier est d'informer les gens (dans les journaux, la radio, & la télévision). Marchand : personne dont le métier est de vendre des produits. Marin : personne dont le métier est de naviguer. Matelot : homme d'équipage sur un bateau. ‘Mécanicien : personne qui entretient et répare les moteurs. ‘Médecin : personne qui soigne les malades. Policier : personne qui travaille dans la police. Professeur : personne qui enseigne une matiére (mathématiques, histoire, anglais...) Reporter : journaliste qui fait des reportages, c'est-a- dire qui écrit des articles aprés avoir fait des recherches. Seerétaire : personne dont le métier est de s‘occuper du courrier, de prendre des rendez-vous, ete. pour son patron. (QUESTIONS POUR COMPRENDRE, Chapitre I 1. Quiest-ce que M. Gerbois offre comme cadeau d'an- niversaire & sa fille ? 2. Que se passe-t-il dans la boutique ? 8. Que fait Suzanne quand son cadeau est livré chez elle? 4. Le lendemain, qu’est-ce que Suzanne découvre en entrant dans sa chambre ? 5. Llaprés-midi du 1” février, pourquoi M. Gerbois estil fou de colére aprés avoir lu le journal ? 6. Un beau jour, Suzanne disparatt. Que lui arrive-t- a? 7. Comment se termine histoire du billet de loterie ? Chapitre IT 1. Dans la nuit du 27 mars, quel horrible événement a lieu au 134 de Pavenue Henri-Martin ? 2. Que font les héritiers du baron d'Hautrec des meubles et des objets du défunt ? 8 Le soir du 10 aodt, Ie comte et la comtesse de ~61- Crozon organisent un diner dans leur chateau. Il se produit un incident. Que se passe-til ? 4. Qui est accusé du vol ? 5. Lors de la rencontre entre les Crozon et Ganimard, qu'est-ce que ce dernier apprend au comte et ala comtesse ? 6. Est-ce que Ganimard arréte la Dame blonde ? 7. Le comte et la comtesse demandent & Ganimard Yat de d'une autre personne pour combattre Lupin. De qui sagitil? Chapitre II 1. Qui dine avec Arséne Lupin ? 2. Pourquoi Arséne Lupin est-il si content ? i de partir rapi- 8. Pourquoi Arsene Lupin décide- dement pendant le diner ? 4, Daprés Sholmés, de combien de temps a-til besoin pour résoudre Vaffaire ? 5. Quand Sholmés parle de Ténigme de la Dame blonde, & quoi se réfere-til ? 6. Quand Lupin sort du restaurant, quelle est sa conclusion sur Yentrevue avec Sholmés ? Chapitre IV 1. Quiest-ce que Sholmés a découvert en faisant des allées et venues dans Paris et au chateau des Crozon ? 2. Qui est M. Stickman ? 3. Que se passe-til laprés-midi du 2 jour od Sholmés travaille chez M. Destange ? 4. Quiest-ce que Sholmés découvre dans la maison située au 40 de la rue Chalgrin ? 5. Pourquoi Clotilde est-elle triste ? 6. Qui est le chauffeur de la voiture qui emméne Clotilde et Herlock Sholmés ? 7, Ala fin de ce chapitre, qu’arrive-t-il & Sholmes ? Chapitre V 1. Qui Lupin rencontre-til dans le passage qui méne du 42 au 40 de la rue Chalgrin ? 2, Comment Sholmés est-il revenu en France ? 3, Sholmés veutril arréter Lupin ? Que veut-l réelle- ment ? 4. Pourquoi Lupin accepte-til de rendre le diamant bleu? 5. Lupin estil enfin arrété par Ganimard ? 6. Qui Sholmés trouve-til sur le quai de la gare ? 63 Edition : BFM Iustrations ; Valérie Gibert et Philippe Sedletaki Crédits photographiques : 1" de couy : Arséne Lupin fl de Jean-Paul Salome, 2004, avec Romain Duris. Pk © CHRISTOPHE L - p. 3: Ph © HarlingueROGER-VIOLLET Ne de projet; 1020514 — Dp eg a 2008, Ingen en Pancreas 2014 pr Fhgrserie Maury SAS. aM 12) TPraimpresson “ BLAS0300% EN FRANCAIS FACILE Yo mene rrancats FACHE m i i Arséne Lupin contre Herlock Sholmes Arséne Lupin contre Herlock Sholmés [MAURICE LEBLANC MAURICE LEBLANC

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