Vous êtes sur la page 1sur 68

Trimestriel n° 282

AUTOMNE 2015 LE JOURNAL

CLIMAT : Le biologiste La relativité Reportage


Éric Karsenti générale, dans les coulisses
l’heure médaille d’or cent ans après du musée
de vérité 2015 du CNRS Einstein de l’Homme
ÉDITORIAL

LE JOURNAL

 L
Rédaction :
3, rue Michel-Ange – 75794 Paris Cedex 16
Téléphone :b
E-mail : journal-du-cnrs@cnrs-dir.fr
Le site Internet : https://lejournal.cnrs.fr
Anciens numéros :
a COP21, qui se tiendra à Paris dans quelques jours, est l’occasion
https://lejournal.cnrs.fr/numeros-papiers SRXUOHVVFLHQWLȴTXHVTXLFRQGXLVHQWGHVUHFKHUFKHVVXUOHFKDQJHPHQWFOLPD-
Gérer son abonnement au journal WLTXHHWVHVLPSDFWVVXUODELRVSKªUHGHIDLUHHQWHQGUHOHXUYRL['HSXLVGL[
(pour les agents du CNRS) :
https://lejournal.cnrs.fr/abojournal KXLWPRLVOH&156VHPRELOLVHHWPHWVXUOHGHYDQWGHODVFªQHVHVFKHUFKHXUV
TXLGDQVWRXVOHVFKDPSVGLVFLSOLQDLUHV«WXGLHQWODFRPSOH[LW«GHVHQMHX[
Directeur de la publication :
Alain Fuchs
VRFLDX[VDQLWDLUHV«FRQRPLTXHVHWHQYLURQQHPHQWDX[OL«H¢Oȇ«YROXWLRQ
Directrice de la rédaction : Q«FHVVDLUHGHVPRGHVGHYLHSRXUU«GXLUHOHV«PLVVLRQVGHJD]¢H΍HWGHVHUUH
Brigitte Perucca HWVȇDGDSWHUDX[FKDQJHPHQWV/HXUTXRWLGLHQɋ"2EVHUYHUHWFRPSUHQGUHFOLPDW
Directeur adjoint de la rédaction :
Fabrice Impériali HWHQYLURQQHPHQWOHV«O«PHQWVTXLOHVVWUXFWXUHQWHWOHXUVLQWHUDFWLRQVG«FULUH
Rédacteur en chef : HWPRG«OLVHUOHV«FRV\VWªPHV«WXGLHUOȇ«YROXWLRQGHVVRFL«W«VHWGHVDFWLYLW«V
Matthieu Ravaud
Chef de rubrique : KXPDLQHVHQLQWHUDFWLRQDYHFOHVFKDQJHPHQWVFOLPDWLTXHVHWJOREDX[
Charline Zeitoun 8QLVVDQWOHXUVFRQQDLVVDQFHVDXVHLQGX*URXSHGȇH[SHUWVLQWHUJRXYHU-
Rédacteurs :
Anne-Sophie Boutaud, Laure Cailloce,
QHPHQWDOVXUOȇ«YROXWLRQGXFOLPDW *LHF OHVFKHUFKHXUVRQWPLVHQ«YLGHQFH
Claire Debôves, Yaroslav Pigenet OHU¶OHGHVDFWLYLW«VKXPDLQHVGDQVOȇDXJPHQWDWLRQGHODWHPS«UDWXUHPR\HQQH
Assistante de la rédaction ¢ODVXUIDFHGHOD7HUUH/ȇDFFURLVVHPHQWGHV«PLVVLRQV
et fabrication :
Laurence Winter GHJD]¢H΍HWGHVHUUHDXQLPSDFWGLUHFWVXUOHU«-

“scientifiques
Ont participé à ce numéro : FKDX΍HPHQWGHOȇDWPRVSKªUH&HGHUQLHUDGHVFRQV«-
Lydia Ben Ytzhak, Julien Bourdet,
Jean-Philippe Braly, Simon Castéran,
COP21 : les TXHQFHVGLUHFWHPHQWREVHUYDEOHVGDQVFHUWDLQHV
Marie Chadefaux, Audrey Diguet, U«JLRQVDYHFODIRQWHGHVJODFHVDXQLYHDXGHVS¶OHV
Grégory Fléchet, Mathieu Grousson,
Sylvain Guilbaud, Denis Guthleben,
sont RXGHVJODFLHUVGHPRQWDJQHHWXQLPSDFWIRUWVXUOD
VWDELOLW«GHV«FRV\VWªPHVHWOHVFRQGLWLRQVGHYLHGHV
sur le devant
Louise Lis, Louise Mussat
SRSXODWLRQV3DUDLOOHXUVODPRQW«HSURJUHVVLYHGX
Secrétaire de rédaction :


QLYHDXGHODPHUHQJHQGUHGHVSK«QRPªQHVGȇ«URVLRQ
de la scène.
Isabelle Grandrieux
Conception graphique : OLWWRUDOHHWGHVPLJUDWLRQVGHSRSXODWLRQ'HVSK«QR-
Céline Hein
Iconographes :
PªQHVP«W«RURORJLTXHVH[WU¬PHVWHOVOHVF\FORQHV
Anne-Emmanuelle Héry, RXOHVIRUWHVSU«FLSLWDWLRQVGHYLHQQHQWSOXVLQWHQVHV
Marie Mabrouk HWIUDSSHQWGHQRXYHOOHVU«JLRQVGXPRQGH&HUWDLQHV
Impression :
Groupe Morault, Imprimerie de Compiègne HVSªFHVY«J«WDOHVRXDQLPDOHVS¤WLVVHQWGHVFKDQJHPHQWVFOLPDWLTXHVG«YH-
– 2, avenue Berthelot – Zac de Mercières ORSSHQWGHVU«VLVWDQFHVRXFRORQLVHQWSDUIRLVGHQRXYHDX[WHUULWRLUHV
– BP 60524 – 60205 Compiègne Cedex
Ζ661$Ζ3
/HVVFLHQWLȴTXHVGX&156QHUHVWHQWSDVLPSXLVVDQWVIDFH¢GHWHOV
Dépôt légal : à parution FRQVWDWVΖOVSURSRVHQWGHVWHFKQRORJLHVHWGHVLQQRYDWLRQVTXLIDYRULVHQW
OȇHɝFDFLW«HWODVREUL«W««QHUJ«WLTXHVXQHDUFKLWHFWXUHDGDSW«HHWXQXUED-
QLVPHSOXVGXUDEOHHWLOVLPDJLQHQWGHVV\VWªPHVSURGXFWLIVDOWHUQDWLIVΖOV
G«YHORSSHQWSDUDLOOHXUVGHVRXWLOVGHSU«YHQWLRQHWGHVGLVSRVLWLIVGȇDGDS-
Photos CNRS disponibles à : WDWLRQDX[«Y«QHPHQWVH[WU¬PHVHWUHVWDXUHQWOHVIRQFWLRQQDOLW«V«FROR-
phototheque@cnrs-bellevue.fr ; JLTXHVGHVPLOLHX[QDWXUHOV ȴOWUDWLRQVWRFNDJHGXFDUERQHȐ (QȴQLOVLQIRU-
http://phototheque.cnrs.fr
La reproduction intégrale ou partielle PHQWHWVHQVLELOLVHQWOHVSRSXODWLRQVHWOHVDFWHXUVGXWHUULWRLUHVXUOHXUV
des textes et des illustrations REVHUYDWLRQVHWOHVVROXWLRQVTXȇLOVSURSRVHQWSRXUIDLUHIDFHDX[FKDQJH-
doit faire obligatoirement l’objet d’une
demande auprès de la rédaction.
PHQWVFOLPDWLTXHV6HURQWLOVHQWHQGXVɋ"

Pascale Delecluse,
GLUHFWULFHGHOȇΖQVWLWXWQDWLRQDOGHV
VFLHQFHVGHOȇ8QLYHUV ΖQVX 

Stéphanie Thiébault,
k&156'‹/‹*$7Ζ2130$

(QFRXYHUWXUHb
GLUHFWULFHGHOȇΖQVWLWXW«FRORJLHHW
OHELRORJLVWH‹ULF.DUVHQWL HQYLURQQHPHQW ΖQHH
P«GDLOOHGȇRUGX&156
3+272)3/$6Ζ%(16&1563+2727+Š48(

$87201( N° 282
3
SOMMAIRE
© J. MOUETTE/CNRS PHOTOTHÈQUE

GRAND FORMAT 13
&OLPDWbOȇKHXUHGHY«ULW« . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
/DOXPLªUHH[SRV«H . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
/DUHODWLYLW«J«Q«UDOHFHQWDQVDSUªV. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

EN PERSONNE 5
Éric Karsenti, le biologiste et la mer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
© M. PARENT/MARIONPARENT.COM

-RKQ'XGOH\ODȴEUHOXPLQHXVH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Hélène Courtois Nicolas Castoldi, nommé délégué général
Et au milieu
9
à la valorisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Valérie Masson-Delmotte
coulent les galaxies… devient coprésidente au Giec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Serge Gruzinski, un historien au sommet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

40 EN ACTION
Un cryptage révolutionnaire
39
pour sécuriser le cloud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
/D0«GLWHUUDQ«HVFUXW«HSDUOHVVFLHQWLȴTXHV . . . . . . . . . . . . . . . 44
/ȇLQFUR\DEOHP«FDQLTXHGHVȵXLGHVKXPDLQV . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
© J.-C. DOMENECH/MNHN

8Q)UDQ©DLVVXUGL[VRX΍UHGHWURXEOHVGHOȇRGRUDW . . . . . . . . . . . 47
Dans les coulisses Comment ils ont vécu l’aventure de l’ERC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
'XO\F«HDXEXUHDXTXHGHYLHQQHQWQRVU«VHDX[ɋ" . . . . . . . . . . 50
du musée de l’Homme 8QORJLFLHOSRXUG«FU\SWHUODSROLWLTXH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
676)RUXPOHmb'DYRVGHODVFLHQFHb}. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Quatre cents gènes dévoilent leur fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
© DR. V. BRINKMANN/VISUALS UNLIMITED/CORBIS

LES IDÉES 55
/DFURLVVDQFHXQHD΍DLUHGȇ«QHUJLH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
Les promesses
60
3HXWRQWHVWHUOHVXQLYHUVSDUDOOªOHVɋ" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
mb$WWHQWLRQDX[VROLWXGHVLQWHUDFWLYHVb} . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
de l’immunologie

CARNET DE BORD LA CHRONIQUE DE DENIS GUTHLEBEN


Roberto Vargiolu nous raconte un souvenir de recherche . . . . 64 $VW«UL[¢ODFRQTX¬WHGHOȇHVSDFH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66

CNRS LE JOURNAL
4
EN PERSONNE

Où l’on croise un biologiste


médaillé d’or, une physicienne
exploratrice de la Voie lactée,
et un expert de la lumière.
ILLUSTRATION : DAN PAGE/RAPPART.COM

AUTOMNE 2015 N° 282


5
EN PERSONNE

Le 14 décembre, Éric Karsenti


se verra remettre la médaille
d’or 2015 du CNRS, plus haute
Éric Karsenti,
U«FRPSHQVHVFLHQWLȴTXH
française. Portrait de ce biologiste,
à l’initiative de l’expédition Tara
le biologiste et la mer
PAR LOUISE MUSSAT
Oceans, récompensé pour ses
travaux sur la division cellulaire.


bord du Beagle, Charles Darwin avait étudié ODXU«DWbGHODP«GDLOOHGȇRUGX&1568QHFDUULªUH
les espèces terrestres et marines et commen- SDVV«H¢FRPSUHQGUHOHVP«FDQLVPHVTXLU«JXOHQWOHF\FOH
cé à imaginer la théorie de l’évolution. À bord GHODGLYLVLRQFHOOXODLUH$XVHLQGHFHF\FOHODPLWRVHHVW¢
du voilier Tara, Éric Karsenti et ses équipes ODEDVHGXYLYDQWWRXWHVOHVFHOOXOHVGȇXQRUJDQLVPHGRLYHQW
ont mené une étude d’ampleur inédite sur le se diviser, intensément, durant la croissance, mais aussi
plancton. Entre 2009 et 2013, au cours d’un périple de à l’âge adulte pour le renouvellement des tissus.
ɋbNLORPªWUHVOȇH[S«GLWLRQ7DUD2FHDQVDFROOHFW«
ɋb«FKDQWLOORQV6HXOV¢ɋGȇHQWUHHX[RQW¢FH Une carrière démarrée sur les chapeaux de roue
MRXU«W«H[SORLW«VPDLVOHXUDQDO\VHERXOHYHUVHG«M¢Oȇ«WDW $SUªVXQHWKªVHGHGRFWRUDWPHQ«H¢OȇΖQVWLWXW3DVWHXUGDQV
de nos connaissances sur cette population d’organismes OHODERUDWRLUHGXGRFWHXU6WUDWLV$YUDPHDV HQSDUDOOªOHGH
dérivants (virus, bactéries, protozoaires…) qui contribue à laquelle il dispense des cours de voile en Bretagne pendant
ODV«TXHVWUDWLRQGHODPRLWL«GX&22 de la planète et qui est trois à quatre mois par an), Éric Karsenti est détaché à l’uni-
à la base de la chaîne alimentaire marine. « C’est la lecture, YHUVLW«GH&DOLIRUQLH¢6DQ
YHUVbGXYR\DJHH[WUDRUGLQDLUHGX%HDJOHTXLPȇD Francisco, dans l’équipe de

“C’est la lecture du
GRQQ«HQYLHGHPRQWHUXQHH[S«GLWLRQ¢WUDYHUVOHVPHUV 0DUF .LUVFKQHU GH 
du globe », raconte aujourd’hui le directeur de recherche ¢b« À l’époque, on ne
«P«ULWHDX&156TXLDOHORRN ERXFOHVHWEDUEHDUJHQWVXU
YLVDJHGRU« GHVRQSURȴOXQELRORJLVWHQDYLJDWHXUDFFUR¢ voyage extraordinaire connaissait pas grand-chose
sur les facteurs qui, telles
ODPHUGHSXLVVRQHQIDQFHSDVV«H¢&D\HX[VXU0HUGDQV
OD6RPPH3OXVLHXUVUHVSRQVDEOHVVFLHQWLȴTXHVVHUHODLH- du Beagle qui m’a GHVKRUORJHVUªJOHQWOHF\FOH
cellulaire (d’une division à
ront à bord de Tara pour superviser la collecte et l’étude
GHV«FKDQWLOORQV$JXHUULDX[FROªUHVGHODPHU‹ULF.DUVHQWL donné envie de monter l’autre) et déclenchent la
mitose, H[SOLTXHOHVFLHQWL-

une expédition.

prend en charge les traversées les plus sportives… ȴTXHNous savions que les
6LH[FLWDQWVRLWLOOȇ«SLVRGH7DUDQȇHVWTXȇXQH«FODWDQWH microtubules, ces petits
parenthèse dans la brillante carrière de ce chercheur, tubes protéiques qui for-
ment le squelette de la cel-
lule, ont la faculté de s’organiser juste avant la division cellu-
laire en une structure appelée fuseau mitotique. En tirant sur
les chromosomes, au préalable dupliqués, les microtubules
GXIXVHDXV«SDUHQWOHVGHX[MHX[GHFKURPRVRPHVKRPR-
ORJXHVHWOHVSRVLWLRQQHQWDX[GHX[S¶OHVGXIXVHDXSHUPHW-
WDQWDLQVLODIRUPDWLRQGHGHX[FHOOXOHVȴOOHV/DFRPPXQDXW«
pensait alors qu’une structure cellulaire particulière que l’on
UHWURXYHDX[S¶OHVGXIXVHDXOHFHQWULROHLQGXLVDLWOȇDVVHP-
blage des microtubules et la bipolarité du fuseau en mitose.
$YHF0DUF.LUVFKQHUQRXVDYRQVXWLOLV«OHVFHQWULROHVLVRO«V
© J. GIRARDOT/TARAEXPEDITIONS.ORG

HQWXEH¢HVVDLSDU7LP0LWFKLVRQHWDYRQVG«FRXYHUWTXH
même sans leur concours, ledit assemblage avait lieu. Nous
en avons déduit que ce dernier était provoqué non par les
FHQWULROHVPDLVSDUOHVFKURPRVRPHVHX[P¬PHV&ȇ«WDLW
XQHWHOOHVXUSULVHTXȇDXG«EXWSHUVRQQHQHQRXVDFUXVɋ}
Ce scepticisme a quand même duré un certain temps…
« Comme toujours en science, et c’est normal, il a fallu tra-
De 2009 à 2013, Éric Karsenti a sillonné les mers du globe à bord de Tara YDLOOHUGXUSRXUDFFXPXOHUOHV«YLGHQFHVH[S«ULPHQWDOHV
pour mesurer les effets du réchauffement climatique sur le plancton. FRQȴUPDQWFHWWHSUHPLªUHREVHUYDWLRQ}

CNRS LE JOURNAL
6
EN PERSONNE

© F. PLAS/IBENS/CNRS PHOTOTHÈQUE
Fort de cette première découverte alors qu’il n’est que post- $XFĕXUGHODFHOOXOHFȇHVWODP¬PHFKRVHDYDQWGȇ¬WUH
doctorant, Éric Karsenti s’envole pour Heidelberg, en SDUWDJ«HQGHX[ORWVOȇ$'1GHVFKURPRVRPHVGRLW¬WUH
Allemagne, au Département de biologie cellulaire de l’Euro- UHPERELQ«0DLVTXHOOHSURW«LQHWLHQWOHU¶OHGHFKHIGȇRU-
SHDQ0ROHFXODU%LRORJ\/DERUDWRU\ (0%/ 1RXVVRPPHV FKHVWUHGHFHIDVWLGLHX[UDQJHPHQWɋ"
HQbHWXQHDXWUHTXHVWLRQOHWDUDXGHTXHOHVWOHIDFWHXU
qui enclenche la condensation des chromosomes, étape Des recherches au cœur de la cellule
LQGLVSHQVDEOH¢ODPLWRVHɋ"&ȇHVWTXHHQGHKRUVGHFHWWH ‚Oȇ«SRTXH3DXO1XUVHYLHQWGHFRPSUHQGUHTXȇLOVȇDJLWHQ
phase fugace qu’est la division cellulaire, l’ADN ne se trouve IDLWGȇXQFRXSOHGHSURW«LQHVODNLQDVHFGF HQ]\PHDFWL-
pas sous la forme des chromosomes que l’on représente vant d’autres protéines en leur ajoutant du phosphate) et
VRXYHQWFRPPHGHVE¤WRQQHWVRXGHVb;/DSOXSDUWGX XQHF\FOLQHTXLDFWLYHFHWWHGHUQLªUH8QHIRLVDFWLY«HOD
temps, les brins d’ADN sont déroulés et forment une masse NLQDVHDFWLYH¢VRQWRXUGȇDXWUHVSURW«LQHVUHVSRQVDEOHV
DXVHLQGXQR\DX3RXUYRXVIDLUHXQHLG«HGXFDSKDUQD¾P de la condensation de l’ADN au sein des chromosomes et
LPDJLQH]GHVPLOOLHUVGHERELQHVGHȴOWRWDOHPHQWG«URXO«HV GHOȇDVVHPEODJHGXIXVHDX3RXUFHWWHG«FRXYHUWH3DXO
sur un immense tapis. Imaginez maintenant que vous vou- 1XUVHREWLHQGUDOHSUL[1REHOHQb« Au même mo-
OLH]SDUWDJHUWRXVFHVȴOVHQGHX[TXDQWLW«VVWULFWHPHQW PHQW0DUFHO'RU«HDYDLWFRPPHQF«¢SXULȴHUODNLQDVH
«JDOHVLOYRXVIDXGUDGȇDERUGHQURXOHUWRXWHVOHVERELQHV ¢ SDUWLU GȇĕXIV GH [«QRSH ¢ Oȇ(0%/ GDQV PRQ …

AUTOMNE 2015 N° 282


7
EN PERSONNE

“microscopique
Du chaos

… laboratoire, travail qu’il


termina avec un étudiant à émerge une structure 3HXDSUªVDXPLOLHXGHVDQQ«HVb‹ULF.DUVHQWLIDLW
évoluer le Département de biologie cellulaire (« un peu trop

ordonnée, quasi
0RQWSHOOLHU6HORQPRLLO XXe siècle »),GRQWLOSUHQGODGLUHFWLRQ¢ODVXLWHGH.DLb6LPRQV
aurait dû être associé à /XLTXLDYDLWLQLWLDOHPHQWOȇLQWHQWLRQGHQHUHVWHUTXHWURLV
FHSUL[1REHO} remarque DQVHQ$OOHPDJQH\SDVVHUDȴQDOHPHQWXQTXDUWGHVLªFOH
le biologiste. macroscopique, m0DIHPPHHVWUHSDUWLHHQ)UDQFHDXERXWGHGL[DQV/D


Avec lui, à Heidelberg, vie de famille à distance n’était pas facile, mais on
Éric Karsenti poursuit le tra- c’est fascinant ! DWHQXERQMȇDLIDLWEHDXFRXSGȇDOOHUVUHWRXUVHWHOOHD«W«
YDLOGH3DXO1XUVHHWSU«FLVH WUªVFRPSU«KHQVLYHɋ} C’est que le challenge à relever à
FRPPHQWODNLQDVHHQWUHHQ +HLGHOEHUJHVWHQWKRXVLDVPDQWOHFKHUFKHXU\HQFRXUDJH
DFWLRQ/HVGHX[FKHUFKHXUVG«PRQWUHQWTXȇHOOHUHVWHLQKL- la transdisciplinarité en le renommant Département de
E«HMXVTXȇ¢FHTXHODFRQFHQWUDWLRQGHF\FOLQHDWWHLJQHXQ ELRORJLHFHOOXODLUHHWGHELRSK\VLTXHm6LOȇRQYHXWYUDLPHQW
certain seuil, mais aussi qu’elle se désactive elle-même saisir un phénomène comme l’auto-organisation dans la
DSUªVGL[PLQXWHVm$YHFFHWWHNLQDVHTXLVȇDXWRLQKLEHMȇDL FHOOXOHLOQRXVIDXWWUDYDLOOHUDYHFGHVSK\VLFLHQVHWGHVVWD-
FRPPHQF«¢U«ȵ«FKLUDX[SK«QRPªQHVGȇDXWRRUJDQLVD- WLVWLFLHQVSRXUOHTXDQWLȴHURXHQFRUHDYHFGHVVS«FLDOLVWHV
tion en biologie, raconte le chercheur. En travaillant sur le GHOȇLPDJHULHSRXUPLHX[OȇREVHUYHUΖOHVWHVVHQWLHOGHFURL-
fuseau mitotique pendant la même période, j’ai compris VHUOHVFRPS«WHQFHVɋ} insiste Éric Karsenti.
DYHFPHV«WXGLDQWVTXȇXQSK«QRPªQHGHFHW\SHVHPHW-
WDLWHQSODFH¢XQPRPHQWGXF\FOHFHOOXODLUHGHVVRUWHV Des découvertes majeures sur le plancton
GHPRWHXUVOL«VDX[PLFURWXEXOHVDGRSWHQWXQFRPSRUWH- 6XUOȇRF«DQP¬PHFRQVLJQH¢ERUGGH7DUDOHVELRORJLVWHV
ment collectif et organisent ces petites briques en fuseau. croisaient des ingénieurs, des informaticiens, des océano-
Du chaos microscopique émerge une structure ordonnée, JUDSKHVGHVH[SHUWVHQLPD-
TXDVLPDFURVFRSLTXHFȇHVWIDVFLQDQWɋ} gerie quantitative. « C’est la
Son parcours en 5 dates IRUFHGHOȇH[S«GLWLRQ} sou-
ligne le biologiste. Ce qui a
1948 Naît à Paris le 10 septembre permis à ses acteurs de faire
des découvertes majeures sur
1976 Entre au CNRS
OHSODQFWRQJU¤FHDX[«FKDQ-
1996 Crée le Département tillons récoltés avec Tara, les
de biologie cellulaire et de
chercheurs sont déjà parve-
ELRSK\VLTXHGHOȇ(0%/
nus à caractériser l’ensemble
2009 Lance le projet Tara Oceans de la diversité des virus, des
2015 Reçoit la médaille d’or du CNRS bactéries et des petits euca-
U\RWHVGHVSUHPLªUHVVWDWLRQV
DQDO\V«HV3DUPLFHVGHUQLHUV
LOVRQWFRPSWDELOLV«ɋbJHQUHVGL΍«UHQWVDORUVTXH
VHXOVɋb«WDLHQWFRQQXV&RQWUDLUHPHQW¢FHTXHOȇRQ
pensait, leur population est beaucoup plus diverse que
FHOOHGHVEDFW«ULHV8QJURXSHGHOȇ(0%/D«JDOHPHQW
caractérisé 40 millions de gènes bactériens. Il s’agit du
UHFHQVHPHQWOHSOXVH[KDXVWLI«WDEOL¢FHMRXU
« Nous avons aussi découvert qu’un tourbillon énorme
GHNLORPªWUHVGHGLDPªWUHHWGHɋPªWUHVGH
SURIRQGHXUȂbOHVDQQHDX[Gȇ$JXOKDVbȂTXLWUDYHUVHOȇ$WODQ-
© D. SAUVEUR/TARAEXPEDITIONS.ORG

tique d’est en ouest en emprisonnant des organismes,


IRUPHDXȴOGXWHPSVXQQRXYHO«FRV\VWªPHTXL«YROXH
LQG«SHQGDPPHQWGHOȇHQYLURQQHPHQWH[W«ULHXU ajoute le
chercheur. Encore un phénomène d’auto-organisation où
de petites entités adoptent un comportement collectif et
forment ainsi une structure de plus grande échelle. » Et
encore un épisode au cours duquel le biologiste naviga-
Éric Karsenti recueille des échantillons d’eau prélevés avec la rosette CTD. WHXUDXQLVDSDVVLRQSRXUOHYLYDQW¢FHOOHGHOȇRF«DQbII
Celle-ci est entourée d’un châssis qui peut transporter jusqu’à 32 bouteilles.

CNRS LE JOURNAL

EN PERSONNE

Hélène Courtois
Et au milieu coulent les galaxies…
Astrophysique. En dressant les contours
GXVXSHUDPDVGHJDOD[LHVTXLDEULWH
notre Voie lactée, Hélène Courtois faisait
il y a un an une découverte majeure.
Elle vient d’être nommée membre senior
de l’Institut universitaire de France.
PAR GRÉGORY FLÉCHET

Le 4 septembre 2014, Laniakea faisait GH)UDQFHGHSXLVVDFU«DWLRQHQb «FODWV OȇLPDJH GȇDPDV VSK«ULTXH WUªV
la une de la prestigieuse revue Il y a vingt ans, elle soutenait une thèse GHQVHTXHVȇHQIDLVDLHQWOHVDVWURSK\VL-
Nature1. Ce nom d’origine hawaïenne sur le Grand Attracteur, une anomalie ciens : m1RXVDYRQVG«PRQWU«TXȇLOVȇDS-
signifiant « horizons célestes im- gravitationnelle localisée dans le supe- parente davantage au vallon central d’un
menses » désigne désormais le super- ramas Laniakea : m&HWWHVWUXFWXUHTXH FRQWLQHQWF«OHVWHYHUVOHTXHOVȇ«FRXOHQW
continent extragalactique dans lequel personne n’avait jamais pu observer FLQTULYLªUHVGHPDWLªUH}
nous vivons. « D’une largeur de 500 mil- avait été nommée ainsi car de nom -
OLRQVGȇDQQ«HVOXPLªUHFHVXSHUDPDVTXL breuses galaxies semblaient attirées Une passion communicative
rassemble plus d’un million de galaxies YHUVFHWWH]RQHGHOȇ8QLYHUVTXȇRQLPD- Ce saut conceptuel a un peu chamboulé
VȇDSSDUHQWH¢XQJLJDQWHVTXHU«VHDX ginait comme une énorme masse sphé - la vie de la chercheuse. « Je reçois désor-
K\GURJUDSKLTXH R» OHV SOXV JUDQGHV ULTXHHWREVFXUH} PDLV WHOOHPHQW GȇHPDLOV TXȇLO PȇHVW
galaxies attirent les plus petites sous impossible de répondre à tous », avoue-
OȇH΍HWGHODJUDYLWDWLRQXQSHXFRPPH ɋJDOD[LHVU«SHUWRUL«HV t-elle. Mais de séminaires en confé-
des bassins versants », résume Hélène ‚Oȇ«SRTXHODGRFWRUDQWHQHSDUYLHQWSDV rences, elle a, une année durant, racon-
Courtois. Astrophysicienne à l’Institut de à trouver de meilleure explication. Mais W«DYHFSDVVLRQOȇ«SRS«HVFLHQWLȴTXHTXL
SK\VLTXHQXFO«DLUHGH/\RQ2 , elle dirige la jeune astrophysicienne est du genre l’a conduit à la découverte de Laniakea.
Oȇ«TXLSH &RVPLF )ORZV ¢ OȇRULJLQH GH pugnace. m/DTX¬WHGHFRQQDLVVDQFHVD « Cela fait partie des missions des cher-
cette découverte retentissante. Cet été, toujours été une obsession pour moi. » FKHXUVGHGL΍XVHUOHXUVU«VXOWDWV} es-
elle démontrait aussi l’existence d’une Devenue enseignante-chercheuse en WLPHWHOOH(OOH\SDUYLHQWVLELHQTXȇHQ
mVXSHUDXWRURXWHFRVPLTXH}3 permet- FRVPRORJLH HOOH G«FLGH HQb  GH MXLQGHUQLHUHOOHUHPSRUWDLWOHSUL[b
tant aux petites galaxies d’être propul- UHQRXYHOHUFHWWHTXHVWLRQGHUHFKHUFKH GX)HVWLYDOGXȴOPGHFKHUFKHXU 4 pour
sées en orbite autour de galaxies plus (OOHPHWDORUVVXUSLHGXQH«TXLSHGȇXQH son court-métrage présentant le travail
massives comme la Voie lactée. Tandis dizaine d’astronomes. Répartis aux TXRWLGLHQGHOȇ«TXLSHSRXUREWHQLUVHV
TXHODVLPXODWLRQQXP«ULTXHGHODQDLV- TXDWUHFRLQVGHODSODQªWHGDQVOHVREVHU- résultats. Désormais, une bonne partie
sance de Laniakea réalisée par son vatoires les plus performants jamais de son temps est consacrée à enrichir
«TXLSHVHUDSXEOL«HGDQVTXHOTXHVMRXUV FRQVWUXLWVLOVWUDTXHQWVDQVUHO¤FKHOHV le catalogue de galaxies du projet
Ses années passées à cartographier galaxies. Six ans plus tard, ils ont réussi à &RVPLF)ORZVm3RXUG«PRQWUHUTXHOH
la voûte céleste pour en révéler ses PHVXUHUODYLWHVVHGHɋGȇHQWUHHOOHV concept des bassins versants de matière
frontières et son architecture lui valent Un patient travail de modélisation de ces VȇDSSOLTXH¢GȇDXWUHVVXSHUDPDVGHJD -
aujourd’hui la reconnaissance de ses données permettra ensuite à Hélène laxies, il nous faut pousser l’exploration
© M. PARENT/MARIONPARENT.COM

pairs : en avril dernier, elle est ainsi de- &RXUWRLVHW¢VRQ«TXLSHGȇ«WDEOLUXQH MXVTXȇ¢XQPLOOLDUGGȇDQQ«HVOXPLªUHGH


venue la sixième astrophysicienne FDUWHGHVȵX[GHVJDOD[LHVGDQVODU«JLRQ la Terre. »8QHTX¬WHYHUWLJLQHXVHORLQ
membre senior de l’Institut universitaire du Grand Attracteur. Et de faire voler en GȇH΍UD\HUOȇDVWURSK\VLFLHQQHII
1. « The Laniakea Supercluster of Galaxies », R. B. Tully et al., Nature, 4 septembre 2014, vol. 513 : 71-73. 2. Unité CNRS/UCBL. 3. « Planes of Satellite Galaxies
and the Cosmic Web », N. I. Libeskind et al., MNRAS, 1erVHSWHPEUHYRO  4. Organisé par le CNRS et l’université de Lorraine.

AUTOMNE 2015 N° 282


9
EN PERSONNE

John Dudley,
ODôEUHOXPLQHXVH
Photonique. Du scanner
du supermarché à l’écran
de nos smartphones, les
technologies photoniques
sont partout. Explications
avec John Dudley1,
physicien à l’initiative de
l’Année internationale 2015
de la lumière.
PROPOS RECUEILLIS PAR LAURE CAILLOCE

Pourquoi une Année


© L. GODARD-UNIV. DE FRANCHE-COMTÉ

LQWHUQDWLRQDOHGHODOXPLªUHɋ"
John Dudley : Parce que les années
internationales décrétées par les
Nations unies sont une formidable
chambre d’écho. Mon raisonnement,
TXDQGMȇDLHXFHWWHLG«HHQbD«W«
le suivant : on ne parle jamais assez
de science, or la lumière est multi-
disciplinaire et permet de parler de fondamentale que dans les objets de Quel est le principe de
GRPDLQHVGL΍«UHQWVGHODVFLHQFH notre vie quotidienne. L’écran plat FHWWHWK«UDSLHɋ"
Surtout, les exemples tirés de l’op- de nos smartphones et ordinateurs -ɋ' Le patient doit absorber au préa-
tique sont très visuels et peuvent utilise des diodes électrolumines- lable une molécule photosensibilisante.
facilement accrocher les non-spé- centes (LED) bleues développées Celle-ci pénètre dans toutes les cellules
cialistes, et même faire l’objet d’ins- GDQVOHVDQQ«HVSRXUUHPSODFHU du corps, y compris les cancéreuses,
tallations artistiques. Entre l’idée et les bons vieux tubes cathodiques. mais ces dernières l’éliminent moins
sa réalisation, il a fallu faire énormé- L’information que nous envoyons sur vite que les cellules saines et peuvent
ment de démarches dans de mul- le Net voyage sous forme de signal donc être détruites par laser sans
tiples commissions nationales et in- OXPLQHX[GDQVOHVU«VHDX[GHȴEUHV risque de dommages collatéraux.
WHUQDWLRQDOHVȐ&HQȇHVWTXȇHQb optiques. Autre technologie photo-
que l’assemblée générale des Nations nique, le laser, inventé dans les an- Vous êtes vous-même chercheur
unies a donné son accord à cette Q«HVbVHUHWURXYHDXVVLELHQ en photonique. Sur quoi
année de la lumière et que je suis dans les scanners utilisés aux caisses WUDYDLOOH]YRXVDXMRXUGȇKXLɋ"
devenu le président du comité inter- des supermarchés que dans les -ɋ' J’étudie la propagation de la
national qui s’en occupe. usines automobiles où il sert à décou- OXPLªUHGDQVOHVȴEUHVRSWLTXHV-HUH-
per avec précision les pièces métal- JDUGHQRWDPPHQWFRPPHQWDPSOLȴHU
Vous dites que la lumière est liques. En santé, on l’utilise pour cor- ODOXPLªUHGDQVXQHȴEUHRSWLTXHHQ
partout, pouvez-vous nous riger les problèmes de vue, mais aussi créant des « vagues » similaires aux
GRQQHUGHVH[HPSOHVɋ" dans le traitement du cancer, en com- vagues scélérates qui se créent sur
-ɋ' Les techniques photoniques se plément de la chimiothérapie : c’est l’océan. Les vagues scélérates sont ces
retrouvent aussi bien en recherche la thérapie photodynamique. vagues géantes qui se forment au

1. John Dudley est chercheur à l’institut Femto-ST et professeur à l’université de Franche-Comté. Il est président du comité international
de l’Année de la lumière et vice-président du comité français. 2. et 3. Unité CNRS/UCBL. 4. Unité CNRS/UCBL/ENS de Lyon.

CNRS LE JOURNAL

EN PERSONNE

1LFRODV&DVWROGL
QRPP©G©O©JX©J©Q©UDO
milieu d’une mer calme, en l’absence de
tempête, et sont capables de faire cha-  ODYDORULVDWLRQ
virer des bateaux si ceux-ci ont le mal-
heur de se trouver sur leur route… Sur
ODPHUFRPPHGDQVOHVȴEUHVRSWLTXHV
il existe un phénomène qui s’appelle
J XVTX×LFLGLUHFWHXUGHVDIIDLUHVMXULGLTXHV
1LFRODV&DVWROGLD©W©QRPP©G©O©JX©J©Q©UDO
 ODYDORULVDWLRQGX&156HWFRQVHLOOHUMXULGLTXH

© E. MOREL/DELEGATION PMA
l’instabilité non linéaire : une petite GXSU©VLGHQW$ODLQ)XFKV€FHWLWUHLOGHYLHQW
vague se forme de manière spontanée PHPEUHGXGLUHFWRLUHGHO×RUJDQLVPH&HWWH
HWVȇDXWRDPSOLȴH*U¤FH¢FHVWUDYDX[ IRQFWLRQQRXYHOOHFU©©HDôQGHUHQIRUFHUOH
en optique pure, et sans que nous SLORWDJHGHO×HQVHPEOHGHVDFWLYLW©VGX&156HQ
l’ayons programmé, nous en savons PDWL¨UHGHYDORULVDWLRQHWGHWUDQVIHUWUHFRXYUH
plus aujourd’hui sur la formation de ces WURLVPLVVLRQVSULQFLSDOHVO×DFF©O©UDWLRQHWOD
vagues scélérates, la longueur d’onde VLPSOLôFDWLRQGHVSURFHVVXVGHYDORULVDWLRQO×DIôUPDWLRQG×XQHUHODWLRQ
et la profondeur d’océan nécessaires SDUWHQDULDOHõXLGHHWVWUXFWXU©HGDQVFHGRPDLQHHWXQHPD®WULVH
pour qu’elles se forment. C’est la magie UHQIRUF©HGHVFR»WVôQDQFLHUVDVVRFL©V FHWWHPLVVLRQ0\ULDP)DGHO
de l’optique qui nous conduit sur des LQJ©QLHXUHGHUHFKHUFKHHVWQRPP©HDX[IRQFWLRQVGHGLUHFWULFHGHV
WHUUDLQVSDUIRLV«WRQQDQWVɋ$LQVLQRXV DIIDLUHVMXULGLTXHVHQUHPSODFHPHQWGH1LFRODV&DVWROGL
avons également créé un système op-
tique qui simule les processus des trous
noirs et piège la lumière. À quoi cela va- 7‹/( ;ɋ_ 7‹/( ;ɋ_ 7‹/( ;ɋ_ 7‹/( ;ɋ_ 7‹/( ;ɋ_ 7‹/( ;ɋ_ 7‹/( ;ɋ_ 7‹/( ;ɋ_ 7‹/( ;ɋ_ 7‹/( ;ɋ_
t-il servir, on ne le sait pas encore, mais
cela peut avoir un impact sur les études
en astrophysique et sur la compréhen- 3U©VLGHQWGXFRPLW©GHV /DELRORJLVWH0DUJDUHW
VLRQGHFHSK«QRPªQHbII WU¨VJUDQGHVLQIUDVWUXFWXUHVGH %XFNLQJKDP P©GDLOOHG×RU
UHFKHUFKH*DEULHO&KDUGLQ GX&156HQIDLWSDUWLH
D©W©QRPP©FKDUJ©GHPLVVLRQ GHVWURLVQRXYHDX[PHPEUHV
Le CNRS à la SRXUOHVSDWLDODXSU¨V GXFRQVHLOVFLHQWLôTXHGHO×(5&

Fête des lumières GXGLUHFWHXUJ©Q©UDOG©O©JX©


 ODVFLHQFHGX&156
&RPSRV©GHPHPEUHVFHOXLFLHVW
FKDUJ©GHG©ôQLUODVWUDW©JLHGHO×(5&
Du 5 au 8 décembre, les 324 bandes
luminescentes de Platonium vont
illuminer la cour de l’hôtel de ville
'HX[FKHUFKHXUVOL©VDX&156RQW©W©U©FRPSHQV©VSDU,QULDHQRFWREUH
de Lyon. Cette œuvre imaginée par
les artistes Éric Michel et Akari-Lisa 9©URQLTXH&RUWLHUGX/DERUDWRLUHORUUDLQGHUHFKHUFKH
Ishii est le résultat d’une technologie HQLQIRUPDWLTXHHWVHVDSSOLFDWLRQV /RULD DREWHQXOHSUL[,QULD$FDG©PLH
FRQVLVWDQW¢WLVVHUHQVHPEOHȴEUHV GHVVFLHQFHVGXMHXQHFKHUFKHXUWDQGLVTXH%HQR®W3HUWKDPH
RSWLTXHVHWȴEUHVV\QWK«WLTXHV GLUHFWHXUGXODERUDWRLUH-DFTXHV/RXLV/LRQVDUH§XOHJUDQGSUL[
Ces bandes créées par l’entreprise
,QULD$FDG©PLHGHVVFLHQFHV
lyonnaise Brochier Technologies,
spécialiste de la soie, sont aussi
étudiées par une équipe de l’Institut
de recherches sur la catalyse et
3DWULFN0RXQDXG D©W©QRPP© ,YDQ%DODQVDUG
l’environnement de Lyon2 pour
G©O©JX©U©JLRQDOGH3DULV9LOOHMXLI&HWWH Y©W©ULQDLUHDX&156FKDUJ©
dépolluer l’environnement. D’autres
éléments de l’œuvre évoquent les QRXYHOOHG©O©JDWLRQFU©©HHQMXLOOHW GHPLVVLRQDX%XUHDXGH
recherches de l’Institut Lumière HVWLVVXHGHODIXVLRQGHVG©O©JDWLRQV O×H[S©ULPHQWDWLRQDQLPDOH
Matière3 et de l’Observatoire de Lyon4. 3DULV$HWŽOHGH)UDQFH(VW GHO×,QVWLWXWGHVVFLHQFHV
Conçu dans le cadre de l’Année
ELRORJLTXHVGX&156D©W©
internationale de la lumière, Platonium
©OXSU©VLGHQWGX*URXSH
a été produit par le CNRS, avec le
soutien de l’université de Lyon et de 'LGLHU+RXVVLQSU©VLGHQW LQWHUSURIHVVLRQQHOGH
l’université Claude-Bernard Lyon-I. G×,)3‰QHUJLHVQRXYHOOHVD©W©G©VLJQ© U©õH[LRQHWGHFRPPXQLFDWLRQ
FRPPHQRXYHDXSU©VLGHQW VXUODUHFKHUFKH *LUFRU 
GHO×$OOLDQFHQDWLRQDOHGHFRRUGLQDWLRQ ,OVXFF¨GH )UDQ§RLV
www.lumiere2015.fr
www.cnrs.fr/platonium GHODUHFKHUFKHSRXUOשQHUJLH $QFUH  /DFKDSHOOH

$87201( N° 282

EN PERSONNE

Nomination

9DO©ULH0DVVRQ'HOPRWWH
En bref
GHYLHQWFRSU©VLGHQWHDX*LHF LES PRIX BETTENCOURT SCHUELLER
Début octobre, la réunion plénière du Giec a élu les membres DÉVOILÉS
GXFRPLW«H[«FXWLIGHVRQQRXYHDXEXUHDXGRQWODSU«VLGHQFH La Fondation Bettencourt Schueller a

© D. ALLARD/REA
HVWFRQȴ«HDXFKHUFKHXUFRU«HQ+RHVXQJ/HH/DFOLPDWRORJXH dévoilé le palmarès 2015 de ses prix qui
IUDQ©DLVH9DO«ULH0DVVRQ'HOPRWWHDFFªGHDXSRVWHGH récompensent la recherche biomédicale.
coprésidente du groupe 1 du Giec. Elle aura la responsabilité, 6XUODXU«DWVRQWH΍HFWX«OHXUV
aux côtés de son homologue chinois, Panmao Zhai, de coordonner travaux au sein de laboratoires liés
OHVWUDYDX[GHSOXVLHXUVFHQWDLQHVGHVFLHQWLȴTXHVVXUODV\QWKªVH au CNRS. Parmi eux, Thomas Lecuit,
des observations, l’analyse des causes et des mécanismes des
directeur de recherche au CNRS, se voit
FKDQJHPHQWVFOLPDWLTXHVHWOHVSURMHFWLRQVGȇ«YROXWLRQIXWXUH
attribuer le prix Liliane Bettencourt pour
GXFOLPDW9DO«ULH0DVVRQ'HOPRWWHHVWFKHUFKHXVHDX/DERUDWRLUH
des sciences du climat et de l’environnement (LSCE)1. les sciences du vivant. La cérémonie se
WLHQGUDOHVHWI«YULHU
www.fondationbs.org

6HUJH*UX]LQVNL LE BELGE ADRIEN DELIÈGE


GRAND GAGNANT DE MT180
XQKLVWRULHQDXVRPPHW La Sorbonne a accueilli le 1er octobre la
JUDQGHȴQDOHLQWHUQDWLRQDOHGXFRQFRXUV
Fin août, Serge Gruzinski est devenu le premier lauréat mb0DWKªVHHQVHFRQGHVb}GRQW
du Prix international de l’histoire, lors du 22e Congrès le CNRS est partenaire. Adrien Deliège,
© J. FOLEY/OPALE/LEEMAGE

international des sciences historiques qui se tenait à Jinan, doctorant en mathématiques à


en Chine. Directeur de recherche émérite au CNRS et
l’université de Liège, a reçu le 1er prix
GLUHFWHXUGȇ«WXGHV¢Oȇ(+(66PHPEUHGXODERUDWRLUH0RQGHV
GXMXU\$OH[DQGUH$UWDXGGRFWRUDQW
américains2 qu’il a longtemps dirigé, Serge Gruzinski est un
spécialiste de l’Amérique latine au XVIe, XVIIe et XVIIIe siècle. HQSK\VLTXHHWJDJQDQWGHODȴQDOH
3LRQQLHUGDQVODU«ȵH[LRQVXUOȇKLVWRLUHJOREDOHLOD IUDQ©DLVHDUH©XOHeSUL[GXMXU\
notamment travaillé sur les notions de « métissage » et de « circulations » des ainsi que le prix du
FXOWXUHV¢WUDYHUVOHVIURQWLªUHV$XWHXUGHQRPEUHX[OLYUHVGRQW/ȇ+LVWRLUH public. Abdelkader
SRXUTXRLIDLUHɋ" paru en 2015 chez Fayard, il a également été commissaire Meni Mahzoum,
de l’exposition « Planète métisse » qui s’est tenue au musée du quai Branly étudiant en biologie
HQb/HQRYHPEUH6HUJH*UX]LQVNLVȇHVWYXUHPHWWUHDXVLªJH à l’université Sidi
GX&156ODPRQWUHTXLDFFRPSDJQHFHSUL[&Ζ6+-DHJHU/H&RXOWUH

© D. PELL/CPU-CNRS
Mohamed Ben
Abdellah de Fès,
a décroché, lui,
le 3eSUL[GXMXU\
Des femmes de science à l’honneur
BRUNO DAVID DEVIENT
La Fondation PRÉSIDENT DU MNHN
L’Oréal a remis
Directeur de recherche au CNRS, Bruno
une bourse à
bMHXQHVIHPPHV David a été nommé le 1er septembre
VFLHQWLȴTXHV président du Muséum national
DȴQGHVRXWHQLU Gȇ+LVWRLUHQDWXUHOOH 01+1 GRQWLO
leurs travaux de SU«VLGDLWG«M¢OHFRQVHLOVFLHQWLȴTXH
recherche. Cette depuis six ans. Spécialiste de biologie
© S. CARDINAL/FONDATION L’ORÉAL

année, 17 d’entre marine, il prend la direction


elles travaillent de l’établissement à un moment
ou poursuivent
charnière de son histoire, l’ensemble
leur thèse dans
de ses sites étant
des unités CNRS
à nouveau ouvert
ou associées.
DXSXEOLFbOH]RRGH
9LQFHQQHVGHSXLV
2014 et le musée
© S. PICAS/MNHN

GHOȇ+RPPHGHSXLV
1. Unité CNRS/CEA/UVSQ. 2. Unité CNRS/EHESS/Univ. Paris Ouest Nanterre La Défense/ octobre 2015 (lire
Univ. Paris-I Panthéon Sorbonne.
aussi p. 40).

CNRS LE JOURNAL

GRAND FORMAT

Les enjeux de la COP21, le retour


d’El Niño, la lumière dans tous ses
états et les prédictions d’Einstein
à l’épreuve des expériences.
ILLUSTRATION : DAN PAGE/RAPPART.COM

AUTOMNE 2015 N° 282


13
GRAND FORMAT

Climat :
l’heure de vérité
La 21eb&RQI«UHQFHGHOȇ218SRXUOXWWHUFRQWUHOHFKDQJHPHQW
FOLPDWLTXH &23 G«EXWH¢3DULVOHQRYHPEUH2EMHFWLIb
DERXWLU¢XQDFFRUGXQLYHUVHOHWFRQWUDLJQDQWSHUPHWWDQWGHOXWWHU
FRQWUHOHU«FKDX΍HPHQWFOLPDWLTXHHWDFF«O«UHUODWUDQVLWLRQYHUV
GHVVRFL«W«VVREUHVHQFDUERQH&156/HMRXUQDOIDLWOHSRLQW
VXUOHVHQMHX[GHFHW«Y«QHPHQWVDQVSU«F«GHQW
UNE ENQUÊTE RÉALISÉE PAR MATHIEU GROUSSON, LAURE CAILLOCE ET GRÉGORY FLÉCHET

CNRS LE JOURNAL
14
CLIMAT

'
b XQRYHPEUHDXG«FHPEUHSUR-
FKDLQVOHPRQGHDUHQGH]YRXVDYHFOȇDYHQLUGHOD7HUUH¢
3DULV/D)UDQFHDFFXHLOOHODeb&RQI«UHQFHGHOȇ218SRXU
OXWWHUFRQWUHOHFKDQJHPHQWFOLPDWLTXHRX&23$YHFXQ
REMHFWLILQ«GLWFRQFOXUHOHSUHPLHUDFFRUGXQLYHUVHOHW
FRQWUDLJQDQWDSSOLFDEOH¢SDUWLUGHDX[bSD\V
PHPEUHVGHOD&RQYHQWLRQFDGUHGHV1DWLRQVXQLHVVXUOHV
FKDQJHPHQWVFOLPDWLTXHV &&18&& m1RWUHUHVSRQVDELOLW«
HVWKLVWRULTXHFDUQRXVVRPPHVODSUHPLªUHJ«Q«UDWLRQ¢
SUHQGUHFRQVFLHQFHGXSUREOªPHHWODGHUQLªUH¢SRXYRLU
DJLU}DU«VXP«/DXUHQW)DELXVPLQLVWUHGHV$΍DLUHV«WUDQ-
JªUHVHWGX'«YHORSSHPHQWLQWHUQDWLRQDOHWSU«VLGHQWGH
ODFRQI«UHQFHVXUOHVLWHΖQWHUQHWGHOȇ«Y«QHPHQW'HIDLW
OȇXUJHQFHHVWVLPSOHPHQWWRWDOH
'HSXLVOHG«EXWGHOȇªUHLQGXVWULHOOHODWHPS«UDWXUH
PR\HQQHGHOD7HUUHDDXJPHQW«GHSUªVGHɋr&(WVLULHQ
QȇHVWIDLWOHFOLPDWGHQRWUHSODQªWHSRXUUDLWWRWDOHPHQW
G«UDSHUGȇLFL¢ODȴQGXVLªFOHDYHFGHVFRQV«TXHQFHVHQYL-
© J. M. ANDRE/REA

URQQHPHQWDOHV«FRQRPLTXHVHWVRFLDOHVGUDPDWLTXHV
'DQVFHFRQWH[WHOȇREMHFWLIGHODb&23HVWGRXEOHOLPLWHU
© J.-M. ANDRÉ/RÉA

OHU«FKDX΍HPHQW¢r&HWPHWWUHOȇKXPDQLW«VXUOH…

$87201( N° 282

GRAND FORMAT

10 %
de la surface
… FKHPLQGHOȇDGDSWDWLRQ¢XQFOLPDW
TXLTXRLTXȇLOHQVRLWQHVHUDSOXVFHOXL
/DFDXVHGHFHWWH«O«YDWLRQJOREDOHGHODWHPS«UDWXUHGH
QRWUHSODQªWHɋ"mΖOHVWG«VRUPDLVH[WU¬PHPHQWSUREDEOH
TXHQRXVDYRQVFRQQX3RXU\SDUYH- TXHOHVDFWLYLW«VKXPDLQHVVRLHQWODFDXVHSULQFLSDOH
continentale QLUODFRPPXQDXW«VFLHQWLȴTXHHVWVXU
WRXVOHVIURQWV&ȇHVWHOOHTXLDWLU«OD
GXU«FKDX΍HPHQWFOLPDWLTXH}LQGLTXH6\OYLH-RXVVDXPH
GX/DERUDWRLUHGHVVFLHQFHVGXFOLPDWHWGHOȇHQYLURQQHPHQW

terrestre sont VRQQHWWHGȇDODUPH(OOHHVWG«VRUPDLV


DX[DYDQWSRVWHVGHVVROXWLRQV
/6&( 1&RPEXVWLRQGHJD]HWGHS«WUROHG«IRUHVWDWLRQ
DJULFXOWXUHLQWHQVLYHGHSXLVOHG«EXWGHOȇªUHLQGXVWULHOOHOHV

désormais &HUWHVOHFOLPDWGHOD7HUUHVXELW
GHVPRGLȴFDWLRQVS«ULRGLTXHV$LQVL
DFWLYLW«VKXPDLQHVUHMHWWHQWGDQVOȇDWPRVSKªUHGHVTXDQWL-
W«VGHSOXVHQSOXVLPSRUWDQWHVGHJD]¢H΍HWGHVHUUH

© T. BLACKWOOD/AFP PHOTO
touchés par des OHVYDULDWLRQVU«JXOLªUHVGHVSDUD-
PªWUHVRUELWDX[GHOD7HUUHVXUVRQ
SULQFLSDOHPHQWGXGLR[\GHGHFDUERQHHWGXP«WKDQH

températures D[HHWDXWRXUGX6ROHLOSHUPHWWHQWGH
UHQGUHFRPSWHGHVF\FOHVJODFLDLUHVHW
La concentration de CO2 au plus haut
2UODVXUIDFHGHOD7HUUHFKDX΍«HSDUOȇHQVROHLOOHPHQW

extrêmes. LQWHUJODFLDLUHV‚FHFLSUªVTXHVLFHV
«YROXWLRQVQDWXUHOOHVVHSURGXLVHQW
UH©X«PHWXQUD\RQQHPHQWLQIUDURXJHDEVRUE«HQSDUWLH
SDUFHVJD]&HVGHUQLHUVU««PHWWHQW¢OHXUWRXUXQUD\RQ-
VXUGHV«FKHOOHVGHWHPSVFRPSULVHV QHPHQWLQIUDURXJHYHUVODVXUIDFHHWTXLODU«FKDX΍H&ȇHVW
HQWUHɋHWɋbDQVOHU«FKDXI- OȇH΍HWGHVHUUH3U«FLV«PHQWODFRQFHQWUDWLRQGH&22«WDLW
IHPHQWDXTXHOQRXVDVVLVWRQVDXMRXUGȇKXLVHSURGXLW¢XQH GHbSDUWLHVSDUPLOOLRQ¢ODȴQGXXIXeVLªFOH(OOHHVW
YLWHVVHIXOJXUDQWH3U«FLV«PHQWODWHPS«UDWXUHPR\HQQH G«VRUPDLVGHbSDUWLHVSDUPLOOLRQVRLWODSOXVIRUWH
GH QRWUH SODQªWH D DXJPHQW« GH r& HQWUH FRQFHQWUDWLRQGHSXLVɋbDQVWHOTXHOȇRQWQRWDP-
HW(WODPDMRULW«GHFHWWHKDXVVHVȇREVHUYHGHSXLV PHQW PRQWU« OHV FKHUFKHXUV GX &156 HQ DQDO\VDQW
$LQVLbD«W«OȇDQQ«HODSOXVFKDXGHGHSXLV HQbOHVJD]SL«J«VGDQVODJODFHDQWDUFWLTXHH[WUDLWH
(WLOHVWSRVVLEOHTXHbEDWWHXQQRXYHDXUHFRUG(WOHV GDQVOHFDGUHGXIRUDJHJODFLDLUH(SLFD
GL[DQQ«HVOHVSOXVFKDXGHVHQUHJLVWU«HVGHSXLVbDQV (WOHVFRQV«TXHQFHVGXU«FKDX΍HPHQWVHIRQWG«M¢
PLV¢SDUWOȇRQW«W«DSUªV VHQWLU)RQWHGHVJODFLHUVFRQWLQHQWDX[HWGHVFDORWWHV
2QSRXUUDWRXMRXUVREMHFWHUTXHr&QHUHSU«- SRODLUHVIRQWHGHODEDQTXLVHDUFWLTXHHQ«W« ɋGHSXLV
VHQWHSDVJUDQGFKRVH0DLVTXȇRQQHVȇ\WURPSHSDV  GLODWDWLRQWKHUPLTXHGHVRF«DQVOHU\WKPHGȇ«O«-
&RPPHOHSU«FLVH3DVFDOH'HOHFOXVHGLUHFWULFHGHOȇΖQVWL- YDWLRQGXQLYHDXGHODPHUHVWG«VRUPDLVGHbPLOOL-
WXWQDWLRQDOGHVVFLHQFHVGHOȇ8QLYHUVGX&156 mVHXOV PªWUHVSDUDQFRQWUHGH¢bPLOOLPªWUHVGXUDQWOHVGHU-
TXHOTXHV GHJU«V V«SDUHQW XQH ªUH JODFLDLUH GȇXQH QLHUVPLOO«QDLUHV/HV«SLVRGHVFDQLFXODLUHVVRQWSOXV
ªUHLQWHUJODFLDLUH$LQVLQRXVVRPPHVELHQHQWUDLQGȇDVVLV- IU«TXHQWVOHVWHPS«UDWXUHVH[WU¬PHVTXLQHWRXFKDLHQW
WHU¢XQERXOHYHUVHPHQWFOLPDWLTXHPDMHXUHWVDQV TXHɋGHODVXUIDFHFRQWLQHQWDOHWHUUHVWUHFRQFHUQHQW
SU«F«GHQWSDUVDYLWHVVH} G«VRUPDLVSUªVGHɋ(QȴQOHVRF«DQVVȇDFLGLȴHQW¢XQ

1. Unité CNRS/CEA/UVSQ-IPSL. 2. Unité Droits international, comparé et européen (CNRS/Aix-Marseille Univ./Univ. de Toulon/Univ. de Pau et des Pays de l’Adour).
© J. BOILLY/WIKIMEDIA COMMONS

ale
glob
turenuelle
La mobilisation péra
Tem enne an
moy

autour du climat 13,6 °C


1824
De nombreux événements
ȂbVFLHQWLȴTXHVFOLPDWLTXHVHW Joseph Fourier postule que
1850
FXOWXUHOVbȂRQWFRQGXLWDXȴO la Terre serait beaucoup plus Le niveau estimé de CO2 dans
du temps, à une mobilisation froide si elle était uniquement l’atmosphère est de 290 parties
internationale sur le FKDX΍«HSDUOH6ROHLObGHV par million (ppm), d’après
changement climatique. particules dans notre atmosphère GHVPHVXUHVH΍HFWX«HVGDQV
doivent renvoyer de l’énergie la glace au XXe siècle.
à la surface de la Terre.
290 ppm
CNRS /(-2851$/
16
CLIMAT

$WROOGH)XQDIXWLGDQVOH3DFLȴTXH6HV
KDELWDQWVFUDLJQHQWTXHOHU«FKDX΍HPHQW
FOLPDWLTXHUHQGHOȇDUFKLSHOLQKDELWDEOH

L’analyse des carottes de glace (projet


Epica) fournit aux chercheurs de précieux
renseignements sur le climat du passé.

© L. AUGUSTIN/CNRS PHOTOTHÈQUE
U\WKPHVDQV«TXLYDOHQWGHSXLVPLOOLRQVGȇDQQ«HVGX $ȴQGHUHPHWWUHOȇKXPDQLW«VXUXQHWUDMHFWRLUHFOLPDWLTXH
IDLWGHODGLVVROXWLRQGX&22H[F«GHQWDLUHGDQVOHVHDX[ YHUWXHXVHOHVbSDUWLHVGHOD&&18&&RQWDGRSW«XQH
GHVXUIDFHGHVRF«DQV$YHFGHVFRQV«TXHQFHVPDO G«PDUFKHRULJLQDOHDYDQWODFRQI«UHQFHFKDTXHSD\VGRLW
FRQQXHVPDLVLQTXL«WDQWHVVXUOHV¬WUHVYLYDQWV UHQGUHSXEOLTXHXQHFRQWULEXWLRQ¢OȇH΍RUWJOREDOG«FLG«H
¢Oȇ«FKHOOHQDWLRQDOHXQHΖ1'&SRXUΖQWHQGHG1DWLRQDOO\
L’inévitable hausse des températures 'HWHUPLQHG&RQWULEXWLRQVGRQWXQHV\QWKªVHGHYDLW¬WUH
2UVLOHV«PLVVLRQVFRQWLQXDLHQWDXU\WKPHDFWXHORQSHXW SU«VHQW«HOHHUQRYHPEUH‚ODGDWHGXVHSWHPEUH
VȇDWWHQGUH¢XQH«O«YDWLRQGHODWHPS«UDWXUHFRPSULVHHQWUH SD\VUHSU«VHQWDQWɋGHV«PLVVLRQVGHJD]¢H΍HWGH
HWr&DYHFXQHYDOHXUPR\HQQHGHr&SDUUDSSRUW VHUUHHQDYDLHQWUHQGXOHXUFRSLH‚WLWUHGȇH[HPSOH
¢ODS«ULRGH(WHQWUHHWr&SRXUOHVDXWUHV OHV‹WDWVGHOȇ8QLRQHXURS«HQQHVHȴ[HQWXQREMHFWLIGH
VF«QDULRV'HVFKL΍UHVLVVXVGHVSU«GLFWLRQVGHbPRGªOHV U«GXFWLRQGHɋGHVHV«PLVVLRQVHQSDUUDSSRUW
QXP«ULTXHVJOREDX[GXV\VWªPH7HUUHGRQWGHX[DX[TXHOV DXQLYHDXGH(WVHSODFHQWGDQVXQHORJLTXHGȇDW-
FRQWULEXHOH&156FHOXLGHOȇΖQVWLWXW3LHUUH6LPRQ/DSODFH WHLQGUHHQWUHȂbHWȂbɋGȇLFL¢m‚SDUWLUGHO¢RQ
HWFHOXLGX&HQWUHQDWLRQDOGHUHFKHUFKHVP«W«RURORJLTXHV SHXWVȇDWWHQGUHDXPLHX[¢XQWUDLW««QRQ©DQWGHVSULQ-
&HQWUHHXURS«HQGHUHFKHUFKHHWGHIRUPDWLRQDYDQF«HHQ FLSHVIRQGDPHQWDX[HWXQREMHFWLIJOREDOSOXVXQVHFRQG
FDOFXOVFLHQWLȴTXH3DUDLOOHXUVWRXMRXUVVHORQODV\QWKªVH YROHWUHSUHQDQWOHVFRQWULEXWLRQVGHVSDUWLHVDQDO\VH
GHVFRQQDLVVDQFHVRS«U«HSDUOH*URXSHGȇH[SHUWVLQWHU- 6DQGULQH0DOMHDQ'XERLVGX&HQWUHGȇ«WXGHVHWGHUHFKHU
JRXYHUQHPHQWDOVXUOȇ«YROXWLRQGXFOLPDW *LHF GDQVOHFDV FKHVLQWHUQDWLRQDOHVHWFRPPXQDXWDLUHV2 /ȇLG«DOVHUDLWXQ
OHPRLQVIDYRUDEOHRQSHXWVȇDWWHQGUH¢XQH«O«YDWLRQGH DFFRUGȵH[LEOHHWLQFLWDWLISHUPHWWDQWXQHU«YLVLRQ¢OD
SUHVTXHbPªWUHGXQLYHDXGHODPHU¢OȇKRUL]RQGXVLªFOH KDXVVHGHVFRQWULEXWLRQVDXȴOGXWHPSV} …
© PUBLIC DOMAIN MARK 1.0/

© J. SMAGORINSKY/COURTESY AIP EMILIO


WIKIMEDIA COMMONS

Le « grand smog » de Londres,


dû principalement à la pollution
au charbon, aurait été
SEGRE/VISUAL ARCHIVES

responsable de la mort
GHɋSHUVRQQHV

1896
Svante Arrhenius calcule
1952
1956
© CENTRAL PRESS/HULTON ARCHIVE/

que la diminution du CO2


atmosphérique pourrait
entraîner une baisse des
Norman Phillips (deuxième
WHPS«UDWXUHVGHɋr&ΖOD«W«
à gauche) développe l’un des
le premier à émettre l’idée
premiers modèles climatiques.
GETTY IMAGES

que l’activité humaine pouvait


D΍HFWHUOHVWHPS«UDWXUHV

$87201( N° 282

GRAND FORMAT

… 6XUOHIRQGSRXUTXRLr&ɋ"m&ȇHVWXQQ«FHVVDLUH«WHQ- HWODFDSDFLW«GHVWHUUHVHWGHVRF«DQV¢U«DEVRUEHUXQH
GDUGSROLWLTXH}DGPHW+HUY«/Hb7UHXWGLUHFWHXUGHOȇΖQV- IUDFWLRQGXFDUERQH«PLVGLVRQVTXHFHWREMHFWLITXLUH-
WLWXW3LHUUH6LPRQ/DSODFH0DLVSDVVHXOHPHQWm&ȇHVW YLHQW«JDOHPHQW¢EDLVVHUQRV«PLVVLRQVGH¢ɋSDUDQ
DXVVLOȇKRUL]RQDXGHO¢GXTXHOOD7HUUHGHYLHQWU«HOOHPHQW WRXWDXORQJGXVLªFOHGRQQHXQHSUREDELOLW«VXS«ULHXUH¢
XQHSODQªWHGL΍«UHQWHDYHFGHVGDQJHUVGLɝFLOHV¢FHUQHU} ɋGHUHVWHUVRXVOHVr&}(WFHDORUVP¬PHTXHmVL
&DUSOXVODWHPS«UDWXUHPR\HQQHDXJPHQWHSOXVOHVSUR- OȇKXPDQLW««PHWWDLWGH¢PLOOLDUGVGHWRQQHVGHFDUERQH
FHVVXVSK\VLTXHVHQMHXGDQVODPDFKLQHFOLPDWLTXH SDUDQHQQRXVHQVRPPHVG«VRUPDLV¢PLOOLDUGV
ULVTXHQWGHG«SDVVHUGHVVHXLOVDXGHO¢GHVTXHOVOHV\V- GHWRQQHV}DMRXWH+HUY«/Hb7UHXW
WªPHVȇHPEDOOHDUU¬WGHODYHQWLODWLRQSURIRQGHRF«DQLTXH (QSULQFLSHFHWREMHFWLITXLFRQVWLWXHOHYROHWmbDWW«QXD-
IRQWHWRWDOHGHODEDQTXLVHDUFWLTXHHQ«W«LPSRVVLELOLW« WLRQb}GXIXWXUDFFRUGGH3DULVHVWWHQDEOH&RPPHOȇDPRQWU«
SRXUOȇRF«DQGȇDEVRUEHUSOXVGHFDUERQHVRXVOȇH΍HWGH OHGHUQLHUUDSSRUWGX*LHFVXUOȇHQVHPEOHGHVWUDMHFWRLUHV
Oȇ«O«YDWLRQGHVDWHPS«UDWXUHȐDYHFGHVFRQV«TXHQFHV «FRQRPLTXHV«WXGL«HVRQSDUYLHQW¢XQHVWDELOLVDWLRQGX
LQFRQWU¶ODEOHVHWLUU«YHUVLEOHVSRXUOHVPLOLHX[ FOLPDWGDQVɋGHVFDV&HSHQGDQWFHODHVWSRVVLEOH¢OD
VHXOHFRQGLWLRQGȇXQHDFWLRQIRUWHHWLPP«GLDWHHWSDUIRLV
Une marge de manœuvre très étroite DYHFXQG«SDVVHPHQWWHPSRUDLUHGHVr&(W¢XQFR½W
m&KDFXQGHFHVVHXLOVQȇHVWSDVQ«FHVVDLUHPHQWIUDQFKL PDFUR«FRQRPLTXHGHɋGH3Ζ%VXUOHVLªFOHFRUUHVSRQ-
DXGHO¢GHr&Gȇ«O«YDWLRQGHODWHPS«UDWXUHPR\HQQH GDQW¢XQHDQQ«HGHUHWDUGGHFURLVVDQFH
SU«FLVH3DVFDOH'HOHFOXVH0DLVDXGHO¢RQSODFHOHFOLPDW 0DLVFRPPHOHIDLWUHPDUTXHU)UDQFN/HFRFTGLUHFWHXU
VXUXQHWUDMHFWRLUHLUU«YHUVLEOH}-HDQ/RXLV'XIUHVQHGX GX&HQWUHLQWHUQDWLRQDOGHUHFKHUFKHVXUOȇHQYLURQQHPHQW
/DERUDWRLUHGHP«W«RURORJLHG\QDPLTXH3 FRPSOªWHm3OXV HWOHG«YHORSSHPHQW 4 mFHVSURMHFWLRQVUHSRVHQWVXUGHV
OHU«FKDX΍HPHQWHVWLPSRUWDQWSOXVRQVȇ«ORLJQHGXFOLPDW K\SRWKªVHVIRUWHVGȇXQHSDUWODSRVVLELOLW«GHSL«JHUOH
FRQQXHWPRLQVRQDFRQȴDQFHGDQVQRWUHFDSDFLW«¢SU«- &22¢JUDQGH«FKHOOHDXPLOLHXGXVLªFOHGȇDXWUHSDUWXQH
YRLUHWGRQF¢DQWLFLSHUFHVERXOHYHUVHPHQWV}'ȇXQPRW UHIRUHVWDWLRQPDVVLYH}2UVLODSUHPLªUHWHFKQLTXHTXL
RQHQWUHGDQVOȇLQFRQQX3DVSOXVGHr&HVWGXUHVWHXQ IDLWOȇREMHWGHUHFKHUFKHVQRWDPPHQWDX&156VXUOHVPDW«-
REMHFWLIDPELWLHX[DXUHJDUGGHVU«DOLW«V8QVHXOFKL΍UH ULDX[SHUPHWWDQWGHVWRFNHUGXFDUERQHHVWHQFRUHEDOEX-
SRXUOȇDWWHLQGUHOHV«PLVVLRQVGHGLR[\GHGHFDUERQHGȇRUL- WLDQWHODVHFRQGHSRVHODTXHVWLRQJ«Q«UDOHHQFRUHSHX
JLQHKXPDLQHQHGRLYHQWSDVG«SDVVHUɋPLOOLDUGVGH «WXGL«HHWLQFHUWDLQHGHOȇXVDJHGHVVROV5 
WRQQHVTXDQGɋPLOOLDUGVGHWRQQHVRQWG«M¢«W«UHO¤-
FK«HVGHSXLVOHG«EXWGHOȇªUHLQGXVWULHOOHm/DPDUJHGH 8QHQYLURQQHPHQWPRGLȴ«HQSURIRQGHXU
PDQĕXYUHHVW«WURLWHLQVLVWH6\OYLH-RXVVDXPH3RXUWHQLU &ȇHVWGXUHVWHXQREMHFWLITXLSORQJHPDOJU«WRXWOȇKXPDQLW«
OHVr&LOIDXGUDU«GXLUHGȇLFL¢OȇHQVHPEOHGHQRV GDQVXQPRQGHWUDQVIRUP«&RPPHOHG«WDLOOHOHGHUQLHU
«PLVVLRQVGH¢ɋSDUUDSSRUW¢(WDWWHLQGUHOD UDSSRUWGX*LHFGHV]RQHVSRODLUHVDX[U«FLIVFRUDOOLHQV
QHXWUDOLW«FDUERQHGȇLFL¢ODȴQGXVLªFOH}3KLOLSSH&LDLVGX HQSDVVDQWSDUOHVIRU¬WVRXOHVHVSDFHVF¶WLHUVOȇHQVHPEOH
/6&(SU«FLVHm(QWHQDQWFRPSWHGHVLQFHUWLWXGHVGHV GHVPLOLHX[VRQWG«M¢HWVHURQWGHSOXVHQSOXVWRXFK«VSDU
PRGªOHVVXUODVHQVLELOLW«GXFOLPDWDX[JD]¢H΍HWGHVHUUH OHVH΍HWVGXU«FKDX΍HPHQWJOREDO(WFHVXUWRXVOHV …

3.8QLWH&156(16‹FROHSRO\WHFKQLTXH830&4. Unité CNRS/École des ponts ParisTech/Agro ParisTech/EHESS/Cirad. 5. http://presse.inra.fr/


5HVVRXUFHV&RPPXQLTXHVGHSUHVVH/DQFHPHQWGXQ*Ζ6&$6

Des sécheresses en Afrique,


en Europe et en Inde
engendrent d’importantes
famines et des craintes liées
au changement climatique.
13,9  °C 1987
1972
1959 Signature du Protocole de
Montréal pour limiter
Charles David Keeling mesure la l’émission des substances qui
hausse de la concentration de appauvrissent la couche
CO2 dans l’atmosphère terrestre d’ozone avant qu’elles soient
© J. ISAAC/UN PHOTO

(courbe de Keeling). totalement interdites.

315,97 ppm 349,16 ppm


CNRS /(-2851$/

CLIMAT

Jean Jouzel, climatologue 6

« Les gouvernements
sont au pied du mur »
est une date butoir. C’est cette échéance dernière période glaciaire et la période
TXHOHVJRXYHUQHPHQWVRQWFKRLVLH FKDXGHTXHQRXVFRQQDLVVRQV
pour prendre des engagements pour GHSXLVɋDQVɋ/LPLWHUODKDXVVH
OȇDSUªV/HSURWRFROHGH.\RWRTXL à 2 °C maximum par rapport à l’ère
VȇHQJDJHDLW¢U«GXLUHGHɋOHV«PLVVLRQV préindustrielle devrait nous permettre
© C. LEBEDINSKY/CNRS PHOTOTHÈQUE

de CO2 par rapport à 1990, couvrait la de nous adapter pour l’essentiel. Certes,
période 2008-2012. Copenhague devait les récifs coralliens seront mis à mal, les
prendre le relais sur la période 2013-2020 pertes de biodiversité seront inévitables
et s’est soldé par un demi-échec : et le niveau de la mer montera de
si les gouvernements n’ont pas pris bFHQWLPªWUHVGȇLFL¢ODȴQGXVLªFOHȐ
GȇHQJDJHPHQWVFKL΍U«VHQWHUPHV PDLVGLVRQVTXHFȇHVWHQFRUHJ«UDEOH
d’émissions de CO2LOVRQWDɝUP«OHXU Au-delà, tout deviendrait extrêmement
YRORQW«GHOLPLWHU¢r&OHU«FKDX΍HPHQW SUREO«PDWLTXHȂbRQSDUOHGHPLOOLRQV
Vous avez été, avec votre confrère à long terme de la planète. Maintenant, GHU«IXJL«VFOLPDWLTXHVGHODU«S«WLWLRQ
+HUY«/Hb7UHXWQRWDPPHQW¢ ils sont au pied du mur et doivent d’événements extrêmes de type cyclones
l’origine d’un grand colloque sur le SUHQGUHOHVG«FLVLRQVIRUWHVTXL RXFDQLFXOHVȐPDLVDXVVLGHGLɝFXOW«V
FOLPDWRUJDQLV«HQMXLOOHW¢3DULV7. permettront de respecter cet objectif. accrues sur le plan des ressources en
'HTXRLVȇDJLVVDLWLOH[DFWHPHQWɋ" eau. Rester au-dessous de cette limite
C’était une manière pour nous, Pourquoi ce seuil de 2 °C est-il VLJQLȴHTXȇLOQRXVUHVWHPLOOLDUGV
OHVVFLHQWLȴTXHVGȇDSSRUWHUQRWUH VLLPSRUWDQWɋ" de tonnes de CO2¢«PHWWUHMXVTXȇ¢OD
contribution à la COP21. Il était important Il est désormais trop tard pour empêcher VWDELOLVDWLRQGHQRWUHFOLPDWȂbVRLWPRLQV
TXHODFRPPXQDXW«VFLHQWLȴTXH OHU«FKDX΍HPHQW0DLVRQSHXWHVVD\HU GHbDQQ«HVGȇ«PLVVLRQVDXU\WKPH
internationale se mobilise et redise à la de limiter les dégâts. Pour le moment, la DFWXHOɋ3RXU\DUULYHULOHVWLQGLVSHQVDEOH
fois le rôle clé de la recherche et l’urgence KDXVVHHVWWHOOHTXȇRQOȇDYDLWSU«GLWHLO\D GȇDJLUGªVDXMRXUGȇKXLLQȵ«FKLUODKDXVVH
TXȇLO\D¢SUHQGUHGHVG«FLVLRQV/D YLQJWDQVɋHWVLULHQQȇHVWIDLWSRXUU«GXLUH des émissions de CO2GH¢ɋ
&23HVWHQH΍HWOHOLHXGHVQ«JRFLDWLRQV QRV«PLVVLRQVGHJD]¢H΍HWGHVHUUH d’ici à 2020, puis diviser nos émissions
entre les gouvernements du monde. C’est la température de la Terre augmentera par deux au moins entre 2020 et 2050
XQHU«XQLRQHQWUHSROLWLTXHV¢ODTXHOOH GHb¢r&GȇLFL¢ODȴQGXVLªFOH2QSDUOH HWYLVHUOH]«UR«PLVVLRQ¢KRUL]RQbȐ
OHVVFLHQWLȴTXHVQHVRQWSDVFRQYL«V là d’un changement radical de climat, Cela demande un changement complet
ȂVLFHQȇHVWHQWDQWTXHFRQVHLOVGDQV DYHFGHVFRQV«TXHQFHVG«VDVWUHXVHV de mode de développement pour tendre
OHVFRXOLVVHV$YHFFHFROORTXHTXL sur les écosystèmes et les sociétés vers des sociétés sobres en carbone
DU«XQLSOXVGHɋbVFLHQWLȴTXHVGH KXPDLQHVȐ5DSSHORQVTXHr&FȇHVW mais aussi en énergie.bII
WRXVOHVSD\VHWSURSRV«bVHVVLRQV l’écart moyen de température entre la 3523265(&8(Ζ//Ζ63$5/ ɋ& 
d’interventions, nous souhaitions faire
le point sur les connaissances actuelles
sur le climat, mais aussi discuter des
solutions concrètes et des innovations
TXLSHUPHWWURQWGHVȇDGDSWHUDX
U«FKDX΍HPHQWFOLPDWLTXHHWGȇHQ
limiter les impacts.

ΖOQȇ\DSDVGHFROORTXHVFLHQWLȴTXH
avant toutes les COP. Pourquoi
HQDYRLURUJDQLV«XQFHWWHDQQ«Hɋ"
&ȇHVWORLQGȇ¬WUHV\VW«PDWLTXHHQH΍HW
Le dernier a été organisé en 2009,
avant la Convention de Copenhague…
En organiser un cette année nous
© J. RAA/NURPHOTO/AFP

SDUDLVVDLWLQGLVSHQVDEOHSDUFHTXHb D’ici à 2050, près de 250 millions


de personnes pourraient devenir
GHVU«IXJL«VFOLPDWLTXHVGRQW¢
6. Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement. 30 millions pour le seul Bangladesh.
7. &ROORTXHm1RWUHDYHQLUFRPPXQVRXVOHFKDQJHPHQWFOLPDWLTXH}

AUTOMNE 2015 N° 282


19
GRAND FORMAT

… FRQWLQHQWV3DUWLFXOLªUHPHQWOȇ$UFWLTXHGXIDLWGȇXQ GLVFLSOLQHVG«VRUPDLVDXFKHYHWGXFOLPDWm(OOHDSHUPLVGH
U«FKDX΍HPHQWSOXVIRUWDX[KDXWHVODWLWXGHVOȇ$IULTXHTXL GLUHDYHFFODUW«DX[G«FLGHXUVOȇDPSOHXUGHVG«ȴVPDLV«JD-
IDLWIDFH¢GHVG«ȴVPXOWLSOHVOHVSHWLWHV°OHVGRQWODOLJQH OHPHQWODPRELOLVDWLRQGHWRXWHODFRPPXQDXW«VFLHQWLȴTXH
GHF¶WHHWOHVUHVVRXUFHVHQHDXGRXFHVRQWIUDJLOHVHWOHV SRXUWURXYHUGHVVROXWLRQVSRXUDWW«QXHUOHU«FKDX΍HPHQW
JUDQGVGHOWDVDVLDWLTXHVSDUWLFXOLªUHPHQWVHQVLEOHVDX[ HWVȇDGDSWHU¢VHVFRQV«TXHQFHV}SU«FLVH6«EDVWLHQ7UH\HU
ULVTXHVDFFUXVGȇLQRQGDWLRQV$YHFGHVFRQV«TXHQFHVVXU $YDQWWRXWHFKRVHLOFRQYLHQWGȇDERUGGHSDUYHQLU¢SHQ-
OHVVHFWHXUVFO«VGHOȇ«FRQRPLH DFFªV¢OȇHDXDSSURYLVLRQ- VHUODVLWXDWLRQGDQVODTXHOOHVHWURXYHG«VRUPDLVSORQJ«H
QHPHQWV«QHUJ«WLTXHVUHQGHPHQWVDJULFROHVPRXYHPHQWV OȇKXPDQLW«m1RXVVRPPHV¢XQWRXUQDQWPDMHXUOȇKXPDLQ
GHSRSXODWLRQVȐ ODVDQW«ODV«FXULW«HWODSDXYUHW« IDLWG«VRUPDLVU«VROXPHQWSDUWLHGHODFKD°QHFDXVDOHTXL
PRGLȴHODQDWXUHHWOHG«UªJOHPHQWFOLPDWLTXHOHSODFHIDFH
L’humanité face à un tournant majeur ¢XQHQMHXWHOOHPHQWYDVWHHWJ«Q«UDOTXȇHQSUHPLªUHLQV-
/DGLYHUVLW«GHFHVHQMHX[Q«FHVVLWHODPRELOLVDWLRQGHWRXWHV WDQFHRQLPDJLQHQȇDYRLUGHVVXVDXFXQHSULVHH[SOLTXH
OHVGLVFLSOLQHVVFLHQWLȴTXHVTXLVRQWG«VRUPDLVPRELOLV«HV 6DQGUD/DXJLHUSKLORVRSKHHWGLUHFWULFHDGMRLQWHVFLHQWLȴTXH
SRXU\U«SRQGUHm&ȇHVWHVVHQWLHODȴQ GHOȇΖQVWLWXWGHVVFLHQFHVKXPDLQHVHWVRFLDOHV Ζ16+6 3DU
GȇRS«UHUODWUDQVLWLRQGȇXQHVFLHQFHTXL DLOOHXUVLOHVWFODLUG«VRUPDLVTXHOHSURJUªVQHSRXUUDSOXV

“comme
On feint de faire
si toute
H[SRVHOHVSUREOªPHV¢XQHVFLHQFH
GHV VROXWLRQV} DQDO\VH 6«EDVWLHQ
7UH\HUGHOȇΖQVWLWXWGXG«YHORSSHPHQW
GXUDEOH HW GHV UHODWLRQV LQWHUQD
FRQVLVWHU¢WURXYHUGHVVROXWLRQVFRPSOªWHVPDLV¢HVVD\HU
GHYLYUHȊDYHFȋOHPRLQVPDO'HFHSRLQWGHYXHODSKLORVR-
SKLHDLGH¢UDPHQHUFHWWHVLWXDWLRQ¢GHVVLWXDWLRQVTXHOȇRQ
SHXWSHQVHUHWGRQF«YHQWXHOOHPHQWWUDLWHU}

l’humanité faisait WLRQDOHV/HVXFFªVGHODFRQI«UHQFH


m1RWUHDYHQLUFRPPXQVRXVOHFKDQ- Des modèles de prédiction à améliorer

face à un avenir JHPHQWFOLPDWLTXH}HQHVWODPHLOOHXUH


SUHXYH OLUHS &HWWHFRQI«UHQFHLQ-
/ȇXQHGHVFRQGLWLRQVHVWDXVVLGHSXLVHUGDQVOHVVFLHQFHV
KXPDLQHVGHTXRLSHQVHUODFRPSOH[LW«GHFHWWHQRXYHOOH

commun.

WHUQDWLRQDOHD«W«LQLWL«HSDUODFRPPX- GRQQHJOREDOHm2QIHLQWGHIDLUHFRPPHVLWRXWHOȇKXPDQLW«
QDXW«VFLHQWLȴTXHIUDQ©DLVHDXSUH- IDLVDLWIDFH¢XQDYHQLUFRPPXQ(QU«DOLW«LOUHFRXYUHGHV
PLHUUDQJGHODTXHOOHOH&156HWVHV LQW«U¬WVWUªVGLYHUJHQWVHQSDUWLFXOLHUGXIDLWGHVLQ«JDOLW«V
SDUWHQDLUHVHWVȇHVWWHQXH¢Oȇ8QHVFR HQYLURQQHPHQWDOHV«FRQRPLTXHVHWVRFLDOHVIRUWHVHQWUH
GXDXMXLOOHWGHUQLHUHQIRUPHGHSU«DPEXOHVFLHQWLȴTXH OHVSD\V/HVVFLHQFHVKXPDLQHVHWVRFLDOHVVRQWDLQVLO¢SRXU
¢ODFRQI«UHQFHGH3DULVΖQDXJXU«HSDU6«JROªQH5R\DO DQDO\VHUFHWWHFRPSOH[LW«HWGRQQHUXQSHXGHU«DOLVPHIDFH
PLQLVWUHGHOȇ‹FRORJLHGX'«YHORSSHPHQWGXUDEOHHWGH DX[JUDQGHVG«FODUDWLRQV&DULOHVWSOXVIDFLOHGHSHQVHUXQH
Oȇ‹QHUJLHHWFKDUJ«HGHFRQVWUXLUHODSRVLWLRQGHOȇ(XURSHHW ȴQGXPRQGHRXODFDWDVWURSKHJOREDOHGDQVbDQVRX
GȇDQLPHUODVRFL«W«FLYLOHORUVGHODb&23HOOHDUDVVHPEO« ɋbDQVTXHGHVHSU«RFFXSHUGHGLɝFXOW«VLPP«GLDWHV
ɋbFKHUFKHXUVHWPLVHQDYDQWOȇ«WHQGXHGXVSHFWUHGHV GDQVWRXWHOHXUGLYHUVLW«}DMRXWHODVFLHQWLȴTXH
© UN PHOTO/JOE B. SILLS III

© F. LEATHER/UN PHOTO

1992
© IPCC

Signature, lors du Sommet de la


Terre de Rio, du premier protocole
1997
1988 de réduction des émissions
dans le cadre la Convention-
Extension de la CCNUCC, le
3URWRFROHGH.\RWRȴ[HDX[
L’Organisation météorologique cadre des Nations unies sur pays industrialisés des objectifs
mondiale (OMM) et le les changements climatiques de réduction des émissions de
Programme des Nations unies (CCNUCC). Les conférences JD]¢H΍HWGHVHUUHΖOHVWUHMHW«
pour l’environnement (PNUE) annuelles des parties (COP) par plusieurs pays, y compris
créent le Groupe d’experts sont également programmées. les États-Unis.
intergouvernemental sur
l’évolution du climat (Giec). 356,38 ppm 363,71 ppm
CNRS /(-2851$/

CLIMAT

Le CNRS s’engage
L’atténuation du changement climatique et l’adaptation
¢VHVH΍HWVVRQWOȇD΍DLUHGHWRXV5DLVRQSRXUODTXHOOH
‚OȇDXWUHERXWGXVSHFWUHGLVFLSOLQDLUHLOHVWSDUDLOOHXUV OH&156PXOWLSOLHOHVDFWLRQVVXUWRXWOHWHUULWRLUHDXSUªV
SULPRUGLDOTXHOHVFOLPDWRORJXHVDɝQHQWOHXUVSU«YLVLRQV du plus large public. L’organisme sera notamment présent
GXDXG«FHPEUHDX*UDQG3DODLV¢3DULVR»XQH
DȴQQRWDPPHQWGHSRXYRLUDQDO\VHUDXȴOGXWHPSVOHV
grande exposition est organisée en marge des négociations
SURSRVLWLRQVGHVSD\VHWJDUDQWLUOHXUFRPSDWLELOLW«DYHF
de la COP21. « Il s’agit d’un événement multiacteur sur
OHVWUDMHFWRLUHVVRXKDLWDEOHVGȇDWW«QXDWLRQRXTXLUHQGHQW les solutions face au changement climatique rassemblant
SRVVLEOHOȇDGDSWDWLRQ3RXUFHIDLUHSOXVLHXUVIURQWVFHOXL des entreprises, des ONG, des collectivités locales et des
GHVGRQQ«HVTXLVRQWHQFRUHHQTXDQWLW«VWURSUHVWUHLQWHV chercheurs »,G«WDLOOH$JDWKH(X]HQG«O«JX«HVFLHQWLȴTXH
QRWDPPHQWHQ$UFWLTXHHWGDQVOHVU«JLRQVWURSLFDOHV3DU ¢OȇΖQVWLWXW«FRORJLHHWHQYLURQQHPHQW ΖQHH HWFRRUGLQDWULFH
DLOOHXUVmGHJURVH΍RUWVVRQWHQFRUH¢IRXUQLUSRXUPHWWUH &23&156'DQVOHP¬PHHVSULW&156‹GLWLRQVVȇDSSU¬WH
HQIRUPHHWUHQGUHFRPSDWLEOHOȇHQVHPEOHGHVGRQQ«HV ¢SXEOLHUXQRXYUDJHFRQVDFU«DX[VROXWLRQVDXFKDQJHPHQW
climatique. m5DVVHPEODQWOHV
PRQGLDOHV}DMRXWH3KLOLSSH&LDLV
contributions d’une cinquantaine de
‹JDOHPHQWUDɝQHUWRXMRXUVSOXVODPRG«OLVDWLRQGHV VFLHQWLȴTXHVHWGȇDXWUHVDFWHXUVLOYLVH
SURFHVVXVFRPPHFHOOHGHODG\QDPLTXHGHODFDORWWHmΖO ¢IRXUQLUOHV«O«PHQWVSRXUFRPSUHQGUH
\DYLQJWDQVRQHVWLPDLWTXȇLOIDXGUDLWɋbDQVSRXU les enjeux liés au changement climatique
TXHOHVFDORWWHVIRQGHQWHWTXHFHODD΍HFWHOHFOLPDW2UOHV HW¢SURSRVHUGHVVROXWLRQV«FRQRPLTXHV
REVHUYDWLRQVVDWHOOLWDLUHVHWVXUOHWHUUDLQRQWU«Y«O«XQH environnementales, sociales, techniques
GLVORFDWLRQELHQSOXVLPSRUWDQWHGȇR»XQLPSRUWDQWHQMHX et juridiques », explique Agathe Euzen.
« À travers diverses manifestations
GHFRPSU«KHQVLRQHWGHUHSU«VHQWDWLRQGHVSK«QRPªQHV
sur l’ensemble du territoire, ce sont plus
SRXUXQHPHLOOHXUHLPSO«PHQWDWLRQGDQVOHVPRGªOHV
GHɋbFKHUFKHXUVTXLVHPRELOLVHQW
QXP«ULTXHV}H[SOLTXH3DVFDOH'HOHFOXVHΖGHPDYHFOH SRXUDLGHU¢IDLUH«PHUJHUXQHU«ȵH[LRQ
F\FOHGXFDUERQHm$FWXHOOHPHQWODPRLWL«GHV«PLVVLRQV VXUOHVHQMHX[FOLPDWLTXHV¢Oȇ«FKHOOHGHOD
HVWDEVRUE«HSDUOHVVROVODY«J«WDWLRQHWOHVRF«DQV société tout entière », DMRXWH6W«SKDQLH
2URQVDLWTXHFHFKL΍UHHVWDPHQ«¢«YROXHUGDQVOHPDX- 7KL«EDXOWGLUHFWULFHGHOȇΖQHH
YDLVVHQVGXIDLWGHOȇ«O«YDWLRQGHVWHPS«UDWXUHVVDQVTXH
OȇRQSXLVVHGLUHDYHFFHUWLWXGHGDQVTXHOOHVSURSRUWLRQV}
(QȴQOȇDP«OLRUDWLRQHWODYDOLGDWLRQGHVPRGªOHVQXP«-
ULTXHVGHSU«GLFWLRQGXFOLPDWVRQWDXPHQXGHVFOLPDWR- 'HIDLWOȇDQDO\VHGDQVOHG«WDLOGHVLPSDFWVGXFKDQJHPHQW
ORJXHV$ȴQTXȇDYHFGHVSU«YLVLRQVSOXVȴDEOHVDLQVLTXȇHQ FOLPDWLTXHHVWXQHSULRULW«DEVROXHSRXUHQJDJHUOȇKXPDQLW«
DP«OLRUDQWOHXUU«VROXWLRQVSDWLDOHFHVPRGªOHVSXLVVHQW VXUOHFKHPLQGȇXQHDGDSWDWLRQGXUDEOH8QH[HPSOHDYHF
GȇXQHSDUWSURGXLUHGHVLQIRUPDWLRQVSU«FLVHVSD\VSDU OȇLPSDFWGHODPRQW«HGHVRF«DQVVXUOHVSHWLWV‹WDWVLQVX-
SD\VGȇDXWUHSDUWUHQVHLJQHUSU«FLV«PHQWVXUOȇ«YROXWLRQ ODLUHVTXLIRQWȴJXUHGHSUHPLªUHVYLFWLPHVGXU«FKDX΍H-
GDQVOHWHPSVGHOȇRFFXUUHQFHGHSK«QRPªQHVORFDX[ PHQWHWFH¢WUªVFRXUWWHUPH2UODV\QWKªVHGHVREVHUYD-
H[WU¬PHVWHOVOHVF\FORQHV WLRQVVXUGHVFHQWDLQHVGȇ°ORWVFRUDOOLHQVLQGLTXHTXHVXU …

Le Protocole de Kyoto prend


H΍HWPDLVLOHVWEORTX«SDU
© CENTROPOLIS ENTERTAINMENT/

La vague de chaleur mortelle les pays non signataires et


T.C.D/VISUAL PRESS AGENCY

qui s’abat sur l’Europe des lobbies industriels.


sensibilise l’opinion publique
DXSUREOªPHGXU«FKDX΍HPHQW
climatique. 2005
2003
2004
© S. KULIKOV/INTERPRESS/AFP PHOTO

Sortie du Jour d’après, premier


blockbuster qui a pour toile de
fond le changement climatique.
© P. VERDY/AFP

/HȴOPHVWXQVXFFªVSODQ«WDLUH

$87201( N° 282
21
GRAND FORMAT

Ces chercheurs de l’Écotron européen de


Montpellier mesurent, dans un environnement
contrôlé, les échanges de gaz entre le sol et
l’atmosphère pour évaluer les impacts futurs
GXFKDQJHPHQWFOLPDWLTXH

Les centrales à charbon, comme celles


de Niederaussem, en Allemagne, dégagent
des émissions extrêmement polluantes.
© H. RAGUET/CNRS PHOTOTHÈQUE

… OHV¢bGHUQLªUHVDQQ«HVOHVWURLVTXDUWVGHFHV°OHV 3RXUFHIDLUHODmER°WH¢RXWLOV}GHVVFLHQWLȴTXHVGRLW¬WUH
RQWFRQVHUY«OHXUVXSHUȴFLHYRLUHVHVRQWDJUDQGLVm‚FH PXOWLIRQFWLRQ 2XWLOV «FRQRPLTXHV HW ILQDQFLHUV SDU
VWDGHGHOȇKLVWRLUHOHSULQFLSDOIDFWHXUGȇ«YROXWLRQHVWHQ H[HPSOH3RXUOȇKHXUHOȇDFFRUGGH3DULVGRLWG«WHUPLQHUOH
U«DOLW«ODFDSDFLW«GHVU«FLIVFRUDOOLHQV¢DOLPHQWHUFHV°OHV ȴQDQFHPHQWGHOȇDGDSWDWLRQDXFKDQJHPHQWFOLPDWLTXH
HQV«GLPHQWVHWSDVODKDXVVHGXQLYHDXGHODPHU}H[- (QbOHVSD\VG«YHORSS«VRQWSULVOȇHQJDJHPHQWGH
SOLTXH9LUJLQLH'XYDWGX/DERUDWRLUH/LWWRUDOHQYLURQQH- PRELOLVHUGȇLFL¢PLOOLDUGVSDUDQVXUIRQGVSXEOLFV
PHQWHWVRFL«W«V 8 1RQSDVTXHFHU«VXOWDWLQFLWH¢OȇLQDF- HWSULY«VSRXUSHUPHWWUHDX[SD\VHQG«YHORSSHPHQWGH
WLRQ%LHQDXFRQWUDLUH0DLVLOLQGLTXHTXHOȇDGDSWDWLRQ OXWWHUFRQWUHOHG«UªJOHPHQWFOLPDWLTXHHWGHVȇHQJDJHUGDQV
GXUDEOH¢ODKDXVVHGXQLYHDXGHODPHUVXUTXHOTXHOLWWRUDO XQG«YHORSSHPHQWGXUDEOH0DLVFRPPHOHSU«FLVH)UDQFN
TXHFHVRLWQHSHXWHQDXFXQFDVSDVVHUSDUODFRQVWUXFWLRQ /HFRFTmLOIDXGUDELHQSOXVHWFHGDQVXQFRQWH[WHEXGJ«-
GȇRXYUDJHVGHSURWHFWLRQWHOOHVGHVGLJXHVTXLMXVWHPHQW WDLUHFRQWUDLQW}'ȇR»OHVU«ȵH[LRQVGHV«FRQRPLVWHVSRXU
HPS¬FKHQWOȇDSSRUWGHV«GLPHQWVȐ3OXVJ«Q«UDOHPHQWmLO SURSRVHUGHVP«FDQLVPHVȴQDQFLHUVLQQRYDQWVDȴQGHIDYR-
SODLGHSRXUGHVWUDMHFWRLUHVGȇDGDSWDWLRQUREXVWHVHW ULVHUOHVLQYHVWLVVHPHQWVGDQVGHVSURMHWVEDVFDUERQH
ȵH[LEOHVTXLGHYURQWQ«FHVVDLUHPHQWVȇ«FKHORQQHUGDQVOH /ȇ«FRQRPLVWHPHWDXVVLHQDYDQWOHFRQFHSWQRYDWHXUGH
WHPSVDXJU«GHOȇ«YROXWLRQGHVLPSDFWV}DMRXWHODJ«R- FRE«Q«ȴFH8QH[HPSOHm/DSROOXWLRQDWPRVSK«ULTXH
JUDSKHm/DVFLHQFHHVWU«VROXPHQWHQWU«HGDQVOȇªUHGH HQJHQGU«HSDUODFRPEXVWLRQGHS«WUROHHWGHJD]HQJHQGUH
OȇDQDO\VHȴQH}FRPSOªWH6«EDVWLHQ7UH\HU XQFR½WLPSRUWDQWSRXUODVDQW«HWODSURGXFWLYLW«DJULFROH
8. Unité CNRS/Univ. La Rochelle. 9.$GRSW«OHbPDUVbOH3URWRFROHGH0RQWU«DOLPSRVHODVXSSUHVVLRQGHOȇXWLOLVDWLRQGHV&)& FKORURȵXRURFDUERQHV HWDXWUHV
VXEVWDQFHVDSSDXYULVVDQWODFRXFKHGȇR]RQH‚FHMRXULOD«W«VLJQ«SDUbSD\VFHTXLHQIDLWOHSUHPLHUSURWRFROHHQYLURQQHPHQWDO¢DWWHLQGUHODUDWLȴFDWLRQXQLYHUVHOOH

Le prix Nobel de la paix est Une tempête d’une extrême


décerné au Giec et à Al Gore violence, Xynthia, s’abat sur
mSRXUOHXUVH΍RUWVGHFROOHFWHHW l’Europe de l’Ouest.
GHGL΍XVLRQGHVFRQQDLVVDQFHV
© M. GARTEN/UN PHOTO

sur les changements climatiques


provoqués par l’homme et pour
avoir posé les fondements pour
les mesures nécessaires à la
© B. GUAY/AFP

OXWWHFRQWUHFHVFKDQJHPHQWVb}

2009
2007 Échec des négociations au 2010
© C. JACKSON/GETTY IMAGES/AFP

Sommet de Copenhague qui


visaient l’adoption d’accords
contraignants pour la réduction 389,85 ppm
des émissions de CO2 .

387,37 ppm
CNRS /(-2851$/
22
CLIMAT

QRWDPPHQWHQ&KLQHHWHQΖQGH/HGHUQLHUUDSSRUWGX*LHF QRXYHOOHVHQPDWLªUHGHQ«JRFLDWLRQV
“ Les chances
de parvenir à
LQGLTXHTXHODU«GXFWLRQGHV«PLVVLRQVGHJD]¢H΍HWGH
VHUUHUDSSRUWHUDLWXQFRE«Q«ȴFHGHOȇRUGUHGHɋGX3Ζ%}
PXOWLODW«UDOHVHWGHJRXYHUQDQFHLQ-
WHUQDWLRQDOH 6DQGULQH 0DOMHDQ l’objectif de 2 °C
3DUFRQV«TXHQWODU«GXFWLRQGHV«PLVVLRQVGHJD]¢H΍HW
GHVHUUHVHUDLW¢ODIRLVE«Q«ȴTXHSRXUOHFOLPDWPDLV«JD-
'XERLVPHWDLQVLHQDYDQWOȇHQVHPEOH
GHVRXWLOVMXULGLTXHVG«VRUPDLV¢GHV- sont minces,
OHPHQWSRXUOȇ«FRQRPLHGHFHSD\V WLQDWLRQGHVG«FLGHXUVSRXUDYDQFHU
m$XGHO¢GȇXQDFFRUGXQLYHUVHORQ mais elles ne sont
pas nulles.

&RPPHQWIDLUHFKDQJHUOHVFRPSRUWHPHQWVɋ" SHXWLPDJLQHUGHVFRRS«UDWLRQVUHQ-
$XWUHIURQWGHFRQQDLVVDQFHLQGLVSHQVDEOHGXFKDQ IRUF«HVGDQVOHFDGUHGHFOXEVGH
JHPHQWOHVSROLWLTXHVSXEOLTXHVGRQWG«SHQGHQWODSOD SD\VRXELHQGHVDFFRUGVVHFWRULHOV}
QLȴFDWLRQHWODPLVHHQĕXYUHGHVJUDQGHVLQIUDVWUXFWXUHV &HWWHVS«FLDOLVWHGXGURLWLQWHUQDWLRQDO
PDLVDXVVLSRXUXQHSDUWOHVFRPSRUWHPHQWVGHWRXW HWHXURS«HQGHOȇHQYLURQQHPHQWSRLQWHDXVVLOHVPDQTXHV
© R. UNKEL/REA

XQFKDFXQ$LQVL$QWRLQH%R]LRGLUHFWHXUGHOȇΖQVWLWXW GHODJRXYHUQDQFHPRQGLDOHm%LRGLYHUVLW««FRQRPLH
GHVSROLWLTXHVSXEOLTXHVSODLGHSRXUXQFKDQJHPHQW TXHVWLRQVVRFLDOHVODJRXYHUQDQFHPRQGLDOHHVWWUªVIUDJ-
GHSHUVSHFWLYHTXDQWDXU¶OHGHODȴVFDOLW«m'DQVODSHUV- PHQW«HΖOHVWSDUH[HPSOHGRPPDJHDEOHTXHOHSURWRFROH
SHFWLYH GHV «YROXWLRQV Q«FHVVDLUHV SRXU IDLUH IDFH GH0RQWU«DO 9VXUOȇR]RQHVRLWG«FRQQHFW«GHVDFFRUGVVXU
DX[FKDQJHPHQWVFOLPDWLTXHVXQHSDUWLHGHODȴVFDOLW« OHFOLPDWRXTXHFHX[FLVRLHQWVDQVOLHQDYHFOȇ2UJDQLVDWLRQ
GHYUDQRQSOXV¬WUHFRQVLG«U«HFRPPHXQHVRXUFHGH PRQGLDOHGXFRPPHUFHTXLDODPDLQPLVHVXUODTXHVWLRQ
UHYHQXVPDLVFRPPHXQOHYLHUSHUPHWWDQWXQU««TXLOL- GHODSURSUL«W«LQWHOOHFWXHOOHGHVWHFKQRORJLHVSURSUHV
EUDJHHQWUHȆȇJDJQDQWVȇȇHWȆȇSHUGDQWVȇȇ}&RQGLWLRQVHORQOXL 'HSOXVHQSOXVGHWUDYDX[DFDG«PLTXHVVHSHQFKHQWVXU
GȇXQH«YROXWLRQGHVFRPSRUWHPHQWV FHVYHUURXVHWODID©RQGHOHVG«SDVVHU}
&DULQȴQHFHVRQWELHQOHVFRPSRUWHPHQWVGHWRXVTXL $ORUVTXHGHQRPEUHX[REVHUYDWHXUVSRLQWHQWOȇLQVXI-
GHYURQWFKDQJHUm&HODQHSHXWSDVVHU«VXPHU¢GHVJHVWHV ȴVDQFHGHVΖ1'&GHQRPEUHX[SD\VODSODQªWHVHUDWHOOH
YHUWVP¬PHLPSRUWDQWVFRPPHIHUPHUOHURELQHWSHQGDQW YUDLPHQWDXUHQGH]YRXV¢3DULVHQG«FHPEUHɋ"3RXU
TXHOȇRQVHODYHOHVGHQWV}SU«FLVH+HUY«/Hb7UHXWm&ȇHVW 3KLOLSSH&LDLVmQRXVDYRQV«WXGL«OHVSURSRVLWLRQVG«M¢
XQHYUDLHTXHVWLRQSRXUOHVVRFLRORJXHVH[SOLTXH6«EDVWLHQ GLVSRQLEOHV(QOȇ«WDWOHVFKDQFHVGHSDUYHQLU¢OȇREMHFWLI
7UH\HU4XȇHVWFHTXLGDQVXQHVRFL«W«SHUPHWGȇLQGXLUHXQ GHr&VRQWPLQFHVPDLVHOOHVQHVRQWSDVQXOOHV}+HUY«
FKDQJHPHQWGHVFRPSRUWHPHQWVWHOFHOXLREVHUY«ORUVTXH /Hb7UHXWDMRXWHm'DQVGHQRPEUHX[SD\VFHVSURSRVL-
ODFLJDUHWWHD«W«LQWHUGLWHGDQVOHVOLHX[SXEOLFVɋ"}6DQGUD WLRQVRQWVXVFLW«GHVG«EDWVLPSRUWDQWV'XUHVWHFHQȇHVW
/DXJLHUDMRXWHm&ȇHVWDXVVLXQHTXHVWLRQSRXUOHVKLVWRULHQV SDVQHXWUHSRXUXQSD\VGHVȇHQJDJHUVXUTXLQ]HDQV
PLV¢FRQWULEXWLRQSRXUG«WHUPLQHUGHVSRLQWVGHEDVFXOH LOIDXWYDORULVHUOȇH΍RUW(WDXGHO¢GHVDPELWLRQVTXȇDɝ-
«TXLYDOHQWV¢FHOXLGHYDQWOHTXHOQRXVQRXVWURXYRQV} FKHUDOHIXWXUDFFRUGOHMXJHU¢VDFDSDFLW«¢FU«HUXQH
‚OȇDXWUHERXWGHODFKD°QHODFRPPXQDXW«VFLHQWLȴTXH G\QDPLTXH}8QHFKRVHHVWV½UHOHVVFLHQWLȴTXHVVHURQW
HVW «JDOHPHQW DFWLYH SRXU RXYULU GHV SHUVSHFWLYHV DXUHQGH]YRXVɋbII 0ɋ*
© J. ALLEN/SUOMI NPP VIIRS/
NASA EARTH OBSERVATORY

14,6 °C
2013
2012 La température moyenne
2015
L’ouragan Sandy déferle sur PRQGLDOHHVWGHɋr& L’objectif de la COP21 est de
la côte est des États-Unis. Cet C’est la plus élevée depuis conclure un accord qui limite
ouragan est le deuxième plus des milliers d’années. la hausse des températures
coûteux de l’histoire du pays. ¢r&SDUUDSSRUW¢ODS«ULRGH
396,48 ppm préindustrielle.
393,82 ppm
$87201( N° 282

GRAND FORMAT
Anomalie de
la température
de la mer et
de la couverture
nuageuse durant
Oȇ«SLVRGH(O1L³R
$SUªVFLQTDQVGȇDEVHQFHOHSK«QRPªQH
1997-1998.
(Ob1L³RHVWU«DSSDUXGDQVOȇRF«DQ3DFLȴTXH
WURSLFDO&HQRXYHO«SLVRGHGHYUDLWD΍HFWHU
de nombreuses régions du globe, au moins
MXVTXȇDXSULQWHPSVb

L’enfant terrible
du climat est de retour
3b 
HUWXUEDWLRQGHODPRXVVRQGDQVOH6XG(VWDVLD- GHSXLVOȇHVWRQWWHQGDQFH¢FRQȴQHUFHWLPSRUWDQWYROXPH
WLTXHLQRQGDWLRQVHQ$P«ULTXHFHQWUDOHV«FKH- GȇHDXFKDXGHDXYRLVLQDJHGHOȇDUFKLSHOLQGRQ«VLHQ0DLV
UHVVHHQΖQGRQ«VLHHWHQ$XVWUDOLHKLYHUVSOXV ORUVGȇXQHDQQ«H(Ob1L³ROHU«JLPHGHVDOL]«VIDLEOLWGUDVWL-
KXPLGHVRXSOXVIURLGVTXȇ¢OȇDFFRXWXP«GDQV TXHPHQWDOODQWP¬PHMXVTXȇ¢VȇLQYHUVHUFRPPHFȇHVWOH
GȇDXWUHVU«JLRQVȐ7HOHVWOHFRUWªJHGHERXOHYHU- FDVFHWWHDQQ«H}VRXOLJQH‹ULF*XLO\DUGL
VHPHQWVFOLPDWLTXHVTXLGHYUDLWD΍HFWHUODSOD- 5«VXOWDWOHVFRXSVGHYHQWU«S«W«VYHQDQWGHOȇRXHVW
QªWHGDQVOHVSURFKDLQVPRLV&DUFHODQHIDLWG«VRUPDLVSOXV SURYRTXHQWOȇ«FRXOHPHQWSURJUHVVLIGHFHJLJDQWHVTXH
OȇRPEUHGȇXQGRXWHXQ«SLVRGH(Ob1L³RGHIRUWHLQWHQVLW« U«VHUYRLUGȇHDXFKDXGHYHUVOȇHVWGX3DFLȴTXH6RQDUULY«H
HVWHQFRXUV/HVFOLPDWRORJXHVDXVWUD- OHORQJGHVF¶WHVS«UXYLHQQHVSHXDSUªV1R­OFR±QFLGH
OLHQVHWDP«ULFDLQVRQWDQQRQF«OH DORUVDYHFOHSDUR[\VPHGHODSHUWXUEDWLRQFOLPDWLTXH/H

“ElLors d’une année UHWRXUGXSK«QRPªQHGªVOHSULQ- VXUQRPGȇ(Ob1L³RȂOȇHQIDQWHQHVSDJQROȂDWWULEX«SDUOHV


WHPSVGHUQLHUDSUªVDYRLUFRQVWDW« S¬FKHXUVGHODU«JLRQIDLWDLQVLU«I«UHQFH¢ODQDLVVDQFH

Niño, le régime TXHODWHPS«UDWXUHGHODVXUIDFHGHOD


PHUVȇ«WDLW«OHY«HGHɋr&DXGHVVXVGH
GH -«VXV &H SK«QRPªQH GH UHWRXU WRXV OHV WURLV ¢
VHSWbDQVHVWSRXUWDQWORLQGȇ¬WUHXQFDGHDXE«QLGHV

des alizés faiblit ODQRUPDOHGDQVOȇRXHVWHWOHFHQWUHGX


3DFLILTXH WURSLFDO 7RXWHIRLV FHWWH
GLHX[m&HWWHDFFXPXODWLRQVRXGDLQHGȇHDXFKDXGHSUªV
GHVF¶WHVGX3«URXLQWHUURPSWODUHPRQW«HGȇHDX[IURLGHV

drastiquement, VHXOHLQGLFDWLRQQHVXɝWSDV¢SU«VD-
JHUGHOȇDUULY«HGȇXQ(Ob1L³RGHJUDQGH
HWULFKHVHQQXWULPHQWVSHUPHWWDQWOHG«YHORSSHPHQWGH
QRPEUHXVHVHVSªFHV}SU«FLVH%RULV'HZLWWHRF«DQR-

allant même DPSOHXU FRPPH OH UDSSHOOH ‹ULF


*XLO\DUGLGX/DERUDWRLUHGȇRF«DQR
JUDSKHDX/DERUDWRLUHGȇ«WXGHVHQJ«RSK\VLTXHHWRF«D-
QRJUDSKLHVSDWLDOHV11¢7RXORXVH

jusqu’à s’inverser.

JUDSKLHHWGXFOLPDWH[S«ULPHQWDWLRQV
HWDSSURFKHVQXP«ULTXHV10 ¢3DULVb Des conséquences planétaires
m'HSXLVOHG«EXWGHVDQQ«HVOD (QEORTXDQWOHVDSSRUWVGHQXWULPHQWVWHOVTXHOHSODQF-
FRUU«ODWLRQHQWUHOȇDFFXPXODWLRQGȇHDX WRQ(Ob1L³RYDHQTXHOTXHVRUWHmVW«ULOLVHU}XQ«FRV\V-
FKDXGHGDQVOH3DFLȴTXHHWOHUHWRXUGȇ(Ob1L³RHVWQHWWHPHQW WªPHPDULQGȇRUGLQDLUHWUªVSRLVVRQQHX[/HVF¶WHVS«UX-
PRLQV«YLGHQWHODFLUFXODWLRQDWPRVSK«ULTXHMRXDQWHQIDLW YLHQQHVVRQWHQH΍HWODSULQFLSDOH]RQHGHS¬FKH¢
XQU¶OHSU«SRQG«UDQWGDQVOHG«FOHQFKHPHQWSXLVOȇ«YROX- OȇDQFKRLVGHODSODQªWHHWOHVGL]DLQHVGHPLOOLHUVGHSHU-
WLRQGHV«Y«QHPHQWVOHVSOXVU«FHQWV} VRQQHVYLYDQWGHFHWWHDFWLYLW«VHUHWURXYHQWEUXVTXH-
PHQW DX FK¶PDJH WHFKQLTXH SRXU SOXVLHXUV PRLV
4XDQGOHVDOL]«VVȇHVVRXɞHQW /ȇDXJPHQWDWLRQGHODWHPS«UDWXUHGHOȇRF«DQIUDJLOLVHSDU
3RXUFRPSUHQGUHOHU¶OHFO«GHOȇDWPRVSKªUHGDQVODJH- DLOOHXUVOHVPDVVLIVFRUDOOLHQVGHV°OHV*DO£SDJRVHQDFFHQ-
QªVHGȇ(Ob1L³RLOIDXWWRXWGȇDERUGDYRLU¢OȇHVSULWTXHOD WXDQWOHXUEODQFKLPHQW/HVDQQ«HVR»OȇDQRPDOLHFOLPD-
WHPS«UDWXUHGHODVXUIDFHGHOȇRF«DQ3DFLȴTXHWURSLFDO WLTXHHVWSDUWLFXOLªUHPHQWPDUTX«HRQREVHUYH«JDOH-
QȇHVWSDVXQLIRUPHPDLVVȇ«OªYHJUDGXHOOHPHQWHQGLUHFWLRQ PHQWXQHUHFUXGHVFHQFHGHVF\FORQHVGHIRUWHSXLVVDQFH
GHOȇRXHVW$ORUVTXHOHVbSUHPLHUVPªWUHVGHODFRORQQH GDQVOHFHQWUHHWOȇHVWGX3DFLȴTXH/DWHPS«UDWXUH«OHY«H
GȇHDXQHG«SDVVHQWSDVr&SUªVGHVF¶WHVS«UXYLHQQHV GHODVXUIDFHGHOȇRF«DQHWODVWDELOLW«GHVYHQWVTXLDFFRP-
FHOOHFLDYRLVLQHr&DXODUJHGHOȇΖQGRQ«VLHFȇHVWFHTXH SDJQHQWOHSK«QRPªQHFOLPDWLTXHIRXUQLVVHQWHQH΍HW
OHVFOLPDWRORJXHVDSSHOOHQWODZDUPSRRORXSLVFLQHGȇHDX OHVGHX[LQJU«GLHQWVLQGLVSHQVDEOHVDXUHQIRUFHPHQWGH
FKDXGHGX3DFLȴTXHm(QWHPSVQRUPDOOHVDOL]«VVRXɞDQW FHVG«SUHVVLRQVWURSLFDOHV
10. Unité CNRS/UPMC/IRD/MNHN. 11. Unité CNRS/IRD/Cnes/UPS. 12.mΖQFUHDVLQJ)UHTXHQF\RI([WUHPH(Ob1L³R(YHQWV
'XHWR*UHHQKRXVH:DUPLQJ}:HQMX&DLet al., Nature Climate Change, 2014, vol. 4 : 111–116.

CNRS /(-2851$/

CLIMAT

L’Atlantique a aussi son El Niño


&RQWUDLUHPHQW¢VRQFRXVLQGX3DFLȴTXHFHSK«QRPªQHTXLU«DSSDUD°W
tous les trois-quatre ans au niveau du golfe de Guinée est rarement
'DQVOD]RQHLQWHUWURSLFDOHGLUHFWHPHQWLQȵXHQF«HSDU sous le feu des projecteurs. Un manque de notoriété qui doit beaucoup
(Ob1L³RVRQSRWHQWLHOG«O«WªUHQHVHOLPLWHSDVDXPLOLHX ¢ODSK\VLRQRPLHGHOȇRF«DQ$WODQWLTXH$YHF¢SHLQHɋNLORPªWUHVGH
ODUJHDXQLYHDXGHOȇ«TXDWHXUFRQWUHɋNLORPªWUHVSRXUOH3DFLȴTXH
PDULQFRPPHOȇH[SOLTXH%RULV'HZLWWHbm(QDSSRUWDQWXQ
Oȇ$WODQWLTXHHPPDJDVLQHQHWWHPHQWPRLQVGHFKDOHXU¢VDVXUIDFH(Q
DLUSOXVFKDXGHWFKDUJ«HQKXPLGLW«OHORQJGHODF¶WHHVW
UDLVRQGHVRQ«WURLWHVVHFHEDVVLQRF«DQLTXHHVWHQRXWUHLQȵXHQF«SDU
GX3DFLȴTXHLOHQJHQGUHGHVSOXLHVGLOXYLHQQHV¢OȇRULJLQH OHVȵXFWXDWLRQVGHWHPS«UDWXUHGHVFRQWLQHQWVTXLOHERUGHQW/RUVTXȇXQH
© R.HOUSER/WASHINGTON UNIVERSITY

GȇLQRQGDWLRQVHWGHJOLVVHPHQWVGHWHUUDLQGDQVOHQRUG DQRPDOLHFOLPDWLTXHGHW\SH(Ob1L³RVȇ\LQVWDOOHVRQSRXYRLUGHQXLVDQFH
GX&KLOLDX3«URXHWHQ‹TXDWHXU}'XUDQWOȇDXWRPQHHW s’en trouve de fait atténué. m$ORUVTXȇ(Ob1L³RFRQVWLWXHXQHSHUWXUEDWLRQ
DXFRXUVGHOȇKLYHUOHVSU«FLSLWDWLRQVVRQW«JDOHPHQWVX- PDMHXUHGXF\FOHVDLVRQQLHUGDQVOH3DFLȴTXHSHXPDUTX«GDQVFHWWH
S«ULHXUHV¢ODQRUPDOHVXUXQHJUDQGHSDUWLHGHV‹WDWV région du globe, les anomalies de température résultant de son alter ego
8QLV(Q&DOLIRUQLHR»ODV«FKHUHVVHV«YLWGHSXLVTXDWUH $WODQWLTXHGHPHXUHQWUHODWLYHPHQWIDLEOHVSDUUDSSRUW¢FHOOHVGXF\FOH
des saisons », résume Boris Dewitte.
DQVRQFRPSWHEHDXFRXSVXUOȇDUULY«HGXSK«QRPªQH
SRXUU«DSSURYLVLRQQHUGHVQDSSHVSKU«DWLTXHVDXSOXV
EDV m(QVȇDEDWWDQWEUXVTXHPHQWVXUXQVROVRXYHQW
ODLVV«¢QXSDUOHVLQFHQGLHVFHVSOXLHVYRQWDYDQWWRXW HQ$IULTXHGHOȇ2XHVWGRLYHQW¬WUHSHU©XHVFRPPHXQH
UXLVVHOHUYHUVOHVFRXUVGȇHDX[DFFHQWXDQWDLQVLOHULVTXH DXJPHQWDWLRQGXULVTXHTXLQHVHY«ULȴHSDVWRXMRXUV}
GȇLQRQGDWLRQ}WHPSªUH‹ULF*XLO\DUGL LOOXVWUH‹ULF*XLO\DUGL$XFRXUVGHOȇ«Y«QHPHQWFDWDVWUR-
SKLTXHGHOHVQLYHDX[GHSU«FLSLWDWLRQVGHOD
Un épisode potentiellement redoutable PRXVVRQLQGLHQQHVRQWHQH΍HWUHVW«VSURFKHVGHODQRU-
‚OȇDXWUHERXWGX3DFLȴTXHOHUHIURLGLVVHPHQWGHVHDX[¢OD PDOHDORUVTXȇLOVDYDLHQWGLPLQX«GHɋORUVGHOȇ«SLVRGH
VXUIDFHGHOȇRF«DQHPS¬FKHODIRUPDWLRQGHQXDJHVGȇDOWL- PRLQVPDUTX«GH
WXGHFKDUJ«VGHSOXLH/HQRUGHVWGHOȇ$XVWUDOLHHWOHV°OHV 8QHFHUWLWXGHWRXWGHP¬PHVRXVOȇH΍HWGȇXQU«-
Gȇ$VLHGX6XG(VWKDELWXHOOHPHQWFRQIURQW«V¢GHIRUWHV FKDX΍HPHQWFOLPDWLTXHQRQFRQWU¶O«OHV(O1L³RH[WU¬PHV
SU«FLSLWDWLRQVVXELVVHQWDXFRQWUDLUHXQHV«FKHUHVVHPDU- VHURQWSOXVIU«TXHQWV&HODDU«FHPPHQW«W«FRQȴUP«12
TX«H(QORUVGXSOXVLQWHQVH(Ob1L³RGXVLªFOH SDUXQH«TXLSHLQWHUQDWLRQDOHGRQWIDLVDLWSDUWLH‹ULF
GHUQLHUOȇΖQGRQ«VLHDDLQVLSHUGXɋKHFWDUHVGH *XLO\DUGLb m$ORUVTXHFHW\SHGȇ«Y«QHPHQWVXUYLHQWDF-
UL]LªUHV/ȇ°OHGH6XPDWUDIXWSRXUVDSDUWUDYDJ«HSDU WXHOOHPHQWWRXVOHVTXLQ]HDQVQRVU«VXOWDWVRQWSXPRQ-
GHJLJDQWHVTXHVLQFHQGLHVTXLG«WUXLVLUHQWPLOOLRQVGȇKHF- WUHUVDQVDPELJX±W«TXHFHWWHIU«TXHQFHGRXEOHUDLW¢
WDUHVGHIRU¬W‚Oȇ«FKHOOHGXJOREHRQHVWLPHTXHFHW«SL- FRPSWHUGHVLULHQQȇHVWIDLWGȇLFLO¢SRXUHQUD\HUOHV
VRGHDXUDFDXV«ODPRUWGHɋbSHUVRQQHVHWSURYRTX« «PLVVLRQVGHJD]¢H΍HWGHVHUUH}8QHUDLVRQGHSOXV
PLOOLDUGVGHGROODUVGHG«J¤WVGDQVbSD\VGL΍«UHQWV VȇLOHQIDOODLWXQHGHWRXWPHWWUHHQĕXYUHSRXUOXWWHU
&HVF«QDULRFDWDVWURSKHYDWLOVHUHSURGXLUHFHWWH FRQWUHOHFKDQJHPHQWFOLPDWLTXHbII G. F.
DQQ«Hɋ"6HORQOHVGHUQLHUVEXOOHWLQVGȇLQIRUPDWLRQGL΍XV«V
SDUOD1DWLRQDO2FHDQLFDQG$WPRVSKHULF$GPLQLVWUDWLRQ
(O1L³RHQJHQGUH
12$$ OȇDJHQFHDP«ULFDLQHFKDUJ«HGHOȇ«WXGHGHOȇRF«DQ des pluies
HWGHOȇDWPRVSKªUHLO\DG«VRUPDLVɋGHFKDQFHTXHOH diluviennes
SK«QRPªQHDFWXHOVHSURORQJHMXVTXȇDXSULQWHPSV à l’origine
/DSOXSDUWGHVPRGªOHVQXP«ULTXHVVXUOHVTXHOVVHEDVHQW d’inondations
OHVFKHUFKHXUVSRXUSU«GLUHVRQ«YROXWLRQSU«YRLHQWTXDQW et de glissements
¢HX[TXHOHVHDX[GHVXUIDFHGX3DFLȴTXH(VWVXELURQW de terrain, tel
FHOXLTXLDHXOLHX
GȇLFL¢ODȴQGHOȇDQQ«HXQU«FKDX΍HPHQWPR\HQGHr&
© A. MARINKOVIC/AFP PHOTO

le 7 septembre
GXP¬PHRUGUHTXHFHOXLPHVXU«HQ 2009, à Santiago,
0DOJU«FHWWHDSSDUHQWHVLPLOLWXGHOHVVFLHQWLȴTXHV DX&KLOLHWTXLD
SU«IªUHQWUHVWHUSUXGHQWVVXUOHVLPSDFWVSRWHQWLHOVGH causé la mort de
Oȇ«SLVRGHHQFRXUW m&HUWDLQHVSHUWXUEDWLRQVFRPPH trois personnes.
OȇD΍DLEOLVVHPHQWGHODPRXVVRQGDQVOHVXGGHOȇΖQGHRX

3285(16$92Ζ53/86

/HVLWHRɝFLHOGHOD&23 1RWUHEORJmb(QURXWHYHUVOD&23ɋb} /DIUHVTXHm2F«DQ&OLPDW} /HVLWHGXFROORTXH


www.cop21.gouv.fr HWQRWUHGRVVLHUm/HVH[SHUWVGXFOLPDW} réalisée par Tara, le CNRS et la RATP, m1RWUHDYHQLUFRPPXQVRXV
KWWSVOHMRXUQDOFQUVIU visible à Paris dans les couloirs OHFKDQJHPHQWFOLPDWLTXH}
Le site du CNRS pour la COP21 du métro Montparnasse www.commonfuture-paris2015.org
www.cnrs.fr/fr/COP21 /HVLWHm/HFOLPDWHQTXHVWLRQV}FU««SDUOȇΖ36/ MXVTXȇHQMDQYLHU
www.climat-en-questions.fr www.cnrs.fr

AUTOMNE 2015 N° 282


25
GRAND FORMAT

La lumière exposée
Physique. La lumière ne sert pas qu’à
voir les choses, elle permet aussi de
les toucher, les traverser, les analyser,
les guider, les sculpter, les exciter et
même parfois les refroidir. La preuve
SDUOȇLPDJHHQFHWWHȴQbGȇDQQ«H
SURFODP«H$QQ«HLQWHUQDWLRQDOHGHOD
OXPLªUHSDUOȇ218DȴQGHVHQVLELOLVHU
les citoyens à l’importance, dans leur
vie quotidienne, de la lumière et des
WHFKQRORJLHVTXL\VRQWDVVRFL«HV
Ces images sont extraites d’une
H[SRVLWLRQYLVLEOHVXUOHFDPSXV
GH-XVVLHXMXVTXȇ¢ODȴQGHOȇDQQ«H
PAR $8'5(<'Ζ*8(7

CNRS /(-2851$/

PORTFOLIO

2. Couronne 3. $XURUHERU«DOH 3
solaire pendant REVHUY«H
Oȇ«FOLSVHGHb en Norvège.
Constituant La couleur

k'&+248(7($9Ζ*121(60$5$Ζ6%25'($8;Ζ0$*Ζ1*&(17(5(7-028(77(&1563+2727+Š48(
une partie de verte provient
l’atmosphère de l’excitation
du Soleil, elle des atomes
Vȇ«WHQGVXUGHV d’oxygène de
millions de la haute
kilomètres. atmosphère.

1. $UFKLWHFWXUH
de neurones de
VRXULVU«Y«O«H
/HVLWHGHOȇ$QQ«HLQWHUQDWLRQDOHGHODOXPLªUH
grâce à une
ZZZOLJKWRUJ
SURW«LQH
ȵXRUHVFHQWH 9LVLRQQHUOȇLQW«JUDOLW«GXGLDSRUDPD
GHP«GXVH sur lejournal.cnrs.fr

$87201( N° 282

GRAND FORMAT

4
k)95Ζ*1$8'(3(55Ζ1Ζ168/$2*%5$-$8)3/$6&1563+2727+Š48(

4. )LEUHRSWLTXH 5. Ce composant 6. ‚OȇLQW«ULHXU


PLFURVWUXFWXU«H d’optique permet de cet appareil,
en cours de GHUHFRPELQHU XQȴODPHQWGH
IDEULFDWLRQ(OOH les faisceaux WXQJVWªQHFKDX΍«
HVWFRPSRV«H issus de quatre ¢ɋr&SHUPHW
de plusieurs W«OHVFRSHVSRXU Oȇ«YDSRUDWLRQ
centaines des mesures d’une couche d’or
de capillaires GȇLQWHUI«URP«WULH qui servira pour
permettant astronomique des mesures sur
de transporter en très haute GHVPDW«ULDX[
la lumière. U«VROXWLRQ supraconducteurs.

CNRS /(-2851$/

PORTFOLIO

7. 'HX[REMHWV
en verre sont
SODF«VGHYDQW
un polariscope
pour contrôler
les tensions
apparues durant
ODFXLVVRQΖFL
OHFXEHGHJDXFKH
D«W«UHFXLWSDV
celui de droite.

6 7

$87201( N° 282

GRAND FORMAT

8. $QDO\VHGȇREMHWV
QDQRP«WULTXHVSDU
spectroscopie de
8 photoluminescence.
9 10

9. )OXRUHVFHQFH 10. /DVHUDO«DWRLUH 11. Cette


d’un chromophore RSWRȵXLGLTXH H[S«ULHQFHGLWH
organique, SODF«VRXVXQ de fontaine laser,
un groupement microscope. Ce PHWHQ«YLGHQFH
k(3(55Ζ1+5$*8(7&)5‹6Ζ//21%5$-$8&1563+2727+Š48(

d’atomes laser servira de le guidage de


SU«VHQWV source de lumière la lumière dans
dans certains ou de capteur un jet d’eau
organismes dans un dispositif et permet de
vivants et qui PLQLDWXULV« comprendre le
VHUYHQW¢G«WHFWHU d’analyse fonctionnement
la lumière ou chimique ou GHVȴEUHV
¢OȇDEVRUEHU ELRORJLTXH optiques.

CNRS /(-2851$/

PORTFOLIO

11

$87201( N° 282

GRAND FORMAT

b7 rois articles d’Albert Einstein avaient, dès 1905,


révolutionné la physique : le premier postulant
l’existence de particules de lumière, qui conduira à la
fondation de la mécanique quantique et à l’élaboration
des lasers, le deuxième démontrant l’existence
des atomes et des molécules grâce à l’étude du
PRXYHPHQWEURZQLHQHWHQȴQOHGHUQLHUH[SRVDQWOD
théorie de la relativité restreinte et sa célèbre formule
E = mc² établissant l’équivalence entre masse et
énergie. Dix ans plus tard, en refondant la théorie
classique de la gravitation pour lui substituer sa
théorie de la relativité générale, Einstein s’installait
G«ȴQLWLYHPHQWGDQVOH3DQWK«RQGHVJ«QLHVXQLYHUVHOV
‚Oȇ«SRTXHOȇ«GLȴFHQHZWRQLHQVXɝVDLWSRXUWDQW
pour prédire et expliquer la dynamique de n’importe
quel corps connu, qu’il soit sur terre ou dans l’espace :
aucune observation ou expérience ne le mettait
jusque-là en défaut, hormis quelques anomalies
mineures constatées dans l’orbite de la planète
Mercure. En parvenant à expliquer la trajectoire réelle
de Mercure et en prédisant la déviation de la lumière
¢SUR[LPLW«GX6ROHLOȂbXQHSU«GLFWLRQY«ULȴ«H
GªVSDU(GGLQJWRQDXFRXUVGȇXQH«FOLSVHWRWDOHbȂ
la relativité générale a ainsi rapidement montré qu’elle
n’était pas seulement élégante, mais également
robuste. Toutefois, nonobstant les innombrables
FRQȴUPDWLRQVH[S«ULPHQWDOHVYHQXHVGHSXLVYDOLGHU
la théorie avec une précision de plus en plus grande et
dans des conditions de plus en plus extrêmes, les
chercheurs continuent de mettre à l’épreuve trois de
ses prédictions les plus fortes : l’existence des ondes
gravitationnelles, la validité du principe d’équivalence
HWOȇLQȵXHQFHGHVFRUSVPDVVLIVVXUODGLODWDWLRQGX
temps. Cent ans après la première présentation par
Einstein de la relativité générale devant l’Académie
prussienne des sciences à Berlin, CNRS Le Journal fait
OHSRLQWVXUOHVGHUQLªUHVYDOLGDWLRQVGHODWK«RULHbΖΖɋY. P.

La relativité générale
© ILLUSTRATION : AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE VITOR BRAZ

cent ans après UNE ENQUÊTE RÉALISÉE PAR YAROSLAV PIGENET,


SIMON CASTÉRAN, SYLVAIN GUILBAUD ET JEAN-PHILIPPE BRALY

CNRS LE JOURNAL
32
LA RELATIVITÉ

Les trous noirs


tordent-ils le temps ?
Cent ans après la formulation de la théorie de la relativité générale
par Einstein, les chercheurs se demandent toujours dans quelle

D
b
mesure la proximité de corps massifs comme les planètes, étoiles
et trous noirs ralentit le temps.

ix ans après avoir, avec données de l’instrument révélèrent est important de repousser le plus
la théorie de la relativité restreinte, que, pour ce dernier, le temps passait loin possible la précision des mesures.
bouleversé les conceptions établies SOXV YLWH Ȃb GH OȇRUGUH GH b PLFUR &ȇHVWGDQVFHEXWTXȇHQI«YULHU
sur l’immuabilité du temps, Albert secondes par jour au plus haut de sa l’horloge atomique Pharao sera instal-
Einstein récidivait avec sa théorie de WUDMHFWRLUHbȂTXHSRXUXQHKRUORJHUHV- O«H¢ERUGGHOD6WDWLRQVSDWLDOHLQWHU-
la relativité générale. Alors qu’en 1905 W«HDXVRO&HWH΍HWD«JDOHPHQWG½¬WUH QDWLRQDOH Ζ66 ¢NLORPªWUHVGȇDOWL-
il avait démontré qu’une horloge em- SULVHQFRPSWHSRXUOHVV\VWªPHVGH tude. Élément central de l’expérience
barquée dans un véhicule en mouve- ORFDOLVDWLRQJ«RJUDSKLTXHGHW\SHb*36 $&(6 SRXU$WRPLF&ORFN(QVHPEOH
ment « retardera » par rapport à celle qui se basent sur la comparaison des LQ6SDFH HOOHSHUPHWWUDGHY«ULȴHUOH
UHVW«HLPPRELOHHQbLOSU«GLVDLW données temporelles fournies par les décalage gravitationnel avec une in-
que, tout comme la vitesse, le champ horloges atomiques embarquées par certitude cinquante fois plus faible
gravitationnel généré par un corps XQHFRQVWHOODWLRQGHVDWHOOLWHV/Hb*36 TXHFHOOHGH*UDYLW\3UREHb$« Ce sera
PDVVLIUDOHQWLVVDLWOHVKRUORJHVɋHW constitue ainsi non seulement une vali- la première fois qu’une horloge aussi
cela d’autant plus que l’horloge était dation, mais aussi, à ce jour, une des précise sera mise en orbite », se féli-
proche du corps en question. seules applications « grand public » de cite Peter Wolf, responsable de l’ana-
Plus d’une quarantaine d’années la théorie de la relativité générale. O\VHGHVGRQQ«HVGȇ$&(6DXODERUD-
avant l’envoi des premiers satellites, WRLUH6\UWH 6\VWªPHVGHU«I«UHQFH
cette prédiction, appelée « effet Pharao, une horloge ultraprécise temps-espace) 1, qui a participé à la
Einstein », était aussi audacieuse que 7RXWHIRLV SRXU OHV SK\VLFLHQV OD conception de Pharao.
GLɝFLOHPHQWY«ULȴDEOH(WFHGȇDXWDQW moindre déviation par rapport aux /HVHFUHWGȇXQHWHOOHH[DFWLWXGHɋ"
SOXVTXHFHWH΍HWVHPEODLWUHODWLYHPHQW prédictions d’Einstein pouvant ouvrir Comme toutes les horloges atomiques,
négligeable dans les champs gravita- ODYRLHYHUVXQHQRXYHOOHSK\VLTXHLO Pharao mesure le temps en fonction …
tionnels générés par les corps célestes
(planètes, étoiles, etc.) observés par les
Vue d’artiste
astronomes de l’époque : bien que
de l’horloge
les trous noirs aient été prédits par les atomique
équations de la relativité générale, Pharao, qui sera
leur existence ne sera démontrée que installée à bord
GDQVOHVDQQ«HVb de la Station
Une première validation empirique spatiale
du phénomène de dilatation tempo- internationale
en 2017. Elle
UHOOHIXWDSSRUW«HHQbORUVGȇXQH
permettra
expérience réalisée au sol par les de tester avec
chercheurs de l’université d’Harvard une précision
5REHUWb93RXQGHW*OHQb$5HEND inégalée les
1RXYHOOHFRQȴUPDWLRQHQbORUVTXH fondements
ODVRQGH*UDYLW\3UREHb$HPSRUWDQW¢ de la théorie
© D. DUCROS/ESA

son bord une horloge atomique ultra- de la relativité


générale.
SU«FLVHIXWHQYR\«HGDQVOȇHVSDFH¢
XQHDOWLWXGHGHɋNLORPªWUHV/HV

1. Unité CNRS/Observatoire de Paris/UPMC.

$87201( N° 282
33
GRAND FORMAT

“ Avec Pharao, ce sera la


première fois qu’une horloge
atomique aussi précise /ȇRFFDVLRQSRXU*X\3HUULQHWVRQ
«TXLSHGX/DERUDWRLUHGȇ«WXGHVVSD-
Autrement dit, la manière dont le trou
noir déforme l’espace autour de lui, et

sera mise en orbite.



tiales et d’instrumentation en astro- donc le temps, puisque dans la théorie
SK\VLTXH /«VLD 2GHFRQȴUPHUODSU«- de la relativité générale d’Einstein, es-
sence d’un trou noir et de mesurer ses SDFHHWWHPSVIRUPHQWXQP¬PHHQ-
H΍HWVHQFKDPSIRUWFȇHVW¢GLUH¢ semble, le continuum espace-temps.
… de l’excitation des atomes, dont proximité quasi immédiate de l’objet.
l’oscillation équivaut au tic-tac de la trot- 9XHGHOD7HUUHODWDLOOHDSSDUHQWHGH 9HUVXQHQRXYHOOHWK«RULHɋ"
WHXVHGȇXQHPRQWUH0DLVLFLFHVGHU- 6DJLWWDULXVb$ GDQVOHFLHOHVW«TXLYD- Pour étudier le ralentissement temporel
niers « sont refroidis par laser à une lente à celle de deux pièces d’un euro G½¢6DJLWWDULXVb$ OHVFKHUFKHXUVVH
WHPS«UDWXUHSURFKHGXPLFURNHOYLQ SRV«HVVXUOD/XQH « Du coup, ex- penchent aussi sur une autre de ses
soit quasiment le zéro absolu », ex- plique le chercheur, pour l’observer, il manifestations : le décalage vers le
plique Peter Wolf. Ce faisant, « leur Qȇ\DSDVbVROXWLRQVRQDEHVRLQ rouge (redshift) JUDYLWDWLRQQHO /HV
mouvement diminue et, lorsqu’ils ne d’un instrument de très grande taille. » RQGHVOXPLQHXVHVVRQWHQH΍HW«WLU«HV
bougent pas, on peut mieux les obser- $ORUV FRPPHQW IDLUHɋ" &ȇHVW LFL ȂbOHXUIU«TXHQFHGLPLQXHbȂORUVTXȇHOOHV
ver, ce qui nous donne une mesure du qu’entre en scène l’interféromètre sont soumises au champ gravitationnel
temps plus précise ». Ajoutez à cela un *UDYLW\TXLHQFRPELQDQWODOXPLªUH d’un corps massif. « Ce qui se traduit par
V\VWªPHGHFRPSDUDLVRQSDUUDGLR collectée par quatre télescopes du un décalage vers le rouge découlant
entre l’horloge Pharao en orbite et ses 9HU\/DUJH7HOHVFRSH 9/7 VLWX«VGDQV d’une apparente dilatation du temps,
jumelles situées au sol, et notre horloge le désert d’Atacama, au Chili, permettra FRPPHRQOȇDREVHUY«DYHFOHUD\RQQH-
« à jet froid d’atomes » sera capable de dès novembre prochain de disposer PHQW«PLVSDUGHVQR\DX[GHIHUGDQV
TXDQWLȴHUODGLODWDWLRQWHPSRUHOOHDYHF de l’équivalent d’un super-télescope de un disque de matière attiré par un trou
une marge d’erreur d’une seconde tous PªWUHVGHGLDPªWUH&RQ©XHWG«- noir »,UDSSHOOH‹ULF*RXUJRXOKRQGX
OHVPLOOLRQVGȇDQQ«HVɋ YHORSS«DYHFODSDUWLFLSDWLRQGX/«VLD /DERUDWRLUHXQLYHUVHWWK«RULHV /XWK 3.
cet instrument donnera ainsi une m6LODWK«RULHGHODUHODWLYLW«J«Q«-
8QWHVWXOWLPHHQmbFKDPSIRUWb} vision plus précise des étoiles qui gra- rale fonctionne très bien pour décrire
m/DWK«RULHGȇ(LQVWHLQHVWH[WU¬PH- YLWHQWDXWRXUGH6DJLWWDULXVb$  l’horizon du trou noir, elle rencontre
ment performante dans un champ 2XWUHOHPRXYHPHQWGHFHOOHVFL ses limites dans la description de la
gravitationnel faible, par exemple *UDYLW\PHVXUHUDDXVVLFHOXLGHSRLQWV singularité centrale, située au-delà de
quand on l’étudie au voisinage de la chauds potentiels. Ces blocs de ma- cet horizon, note cependant ce spécia-
7HUUH}H[SOLTXHOȇDVWURSK\VLFLHQ*X\ WLªUH«FKDX΍«VSDUOHVIRUFHVGHPDU«H liste du comportement de la matière
Perrin, « mais il manque un test : en exercées par le trou noir, émettent des en champ gravitationnel fort, médaillé
FKDPSH[WU¬PHPHQWIRUWFRPPH ȵDVKVOXPLQHX[SUªVGHVRQKRUL]RQ GȇDUJHQWGX&156HQbNous au-
celui que l’on trouve près d’un trou m0¬PHVLODU«VROXWLRQQHSHUPHWWUD rons donc besoin d’englober la relati-
noir. »2UMXVWHDXFHQWUHGHQRWUH SDV¢*UDYLW\GHIDLUHXQHFDUWRJUDSKLH vité générale dans une théorie plus
JDOD[LH¢ɋbDQQ«HVOXPLªUHRQ de ces points chauds,H[SOLTXH*X\ ȴQHFRPPHODWK«RULHGHVFRUGHVRX
VDLWTXHU«VLGH6DJLWWDULXVb$ XQWURX Perrin, en mesurant leur trajectoire, celle de la gravitation quantique à
QRLUVXSHUPDVVLIGHSOXVGHPLOOLRQV QRXVSRXUURQVDQDO\VHUODP«WULTXHGH boucles, ce que nous testerons dans
© NASA/CXC/MPE/G. PONTI ET AL ; ILLUSTRATION : NASA/CXC/M. WEISS

GHPDVVHVVRODLUHVɋ l’espace-temps dans cette zone. » les années qui viennent. »bII <ɋ3(76ɋ&

Vue d’artiste et cliché


SGR A* du télescope Chandra
ÉMISSION DE RAYONS X
montrant l’emplacement
SGR A* du trou noir géant
Sagittarius A*.
L’émission de
UD\RQVb;HVWGXH¢
Oȇ«FKDX΍HPHQWGHOD
matière qui accélère
en « tombant » dans
le trou noir.
ILLUSTRATION

2. Unité CNRS/Observatoire de Paris/UPMC/Univ. Paris Diderot. 3. Unité CNRS/Observatoire de Paris/Univ. Paris Diderot.

CNRS /(-2851$/

LA RELATIVITÉ

Ondes gravitationnelles
La théorie de la relativité générale prédit
l’existence de déformations du tissu de l’espace-
en vue ? 
temps : des ondes gravitationnelles que les
VFLHQWLȴTXHVHVSªUHQWELHQW¶WSRXYRLUREVHUYHU

/D FKDVVH DX[ RQGHV JUDYLWDWLRQ-


nelles est ouverte », lance Catherine
1DU\0DQGHOȇ2EVHUYDWRLUHGHOD
Côte d’Azur. En septembre dernier, le
SURMHW$GYDQFHG/LJRLPSODQW«DX[
‹WDWV8QLVDH΍HFWX«VHVSUHPLªUHV
PHVXUHV6RQKRPRORJXHHXURS«HQ
$GYDQFHG9LUJROHUHMRLQGUDGDQV
cette tâche au printemps prochain.

© C. HENZE/NASA/GODDARD SPACE FLIGHT CENTER


2EMHFWLIH΍HFWXHUODSUHPLªUHG«WHF-
tion directe d’ondes gravitationnelles,
des déformations de la structure de
l’espace-temps dues à des corps
massifs et qui se propagent dans
l’Univers à la manière des ondes à la
surface d’un étang. Simulation d’ondes gravitationnelles
générées par la collision de deux
Des ondes prédites par Einstein trous noirs.
Ce phénomène a été prédit par Albert
Einstein peu après qu’il a formulé la Pratiquement inobservables, ces phé- SK\VLTXHGHVSDUWLFXOHV5 /DIDXVVH
théorie de la relativité générale. Celle- nomènes sont longtemps restés spé- DOHUWHGHOȇH[S«ULHQFH%Ζ&(3ɋHVWO¢
ci stipule que les objets courbent culatifs et ont fait l’objet de contro- SRXUOHUDSSHOHU(QbOHVVFLHQWL-
l’espace-temps selon leur masse. Un verses. En fait, seuls les processus les ȴTXHVGHFHWWHH[S«ULHQFHU«DOLV«HDX
corps massif en rotation entraîne une plus violents de l’Univers sont suscep- S¶OH6XGDQQRQFHQWOȇREVHUYDWLRQGHV
propagation de cette courbure tout tibles de générer des ondes gravita- ondes gravitationnelles primordiales.
comme le jet d’un caillou dans un tionnelles observables : des explosions &HSHQGDQWFHVPHVXUHVH΍HFWX«HV¢
étang provoque la formation d’une GHVXSHUQRY¨GHVV\VWªPHVELQDLUHV SDUWLUGXUD\RQQHPHQWIRVVLOH«WDLHQW
onde qui s’étend peu à peu. « Dans un où deux astres compacts et massifs en fait largement brouillées par le bruit
étang, l’amplitude et la fréquence de Ȃb«WRLOHV¢QHXWURQVWURXVQRLUVHWFbȂ causé par les poussières galactiques.
l’onde créée dépend de la taille du cail- tournent très rapidement l’un autour
lou,H[SOLTXH3LHUUH%LQ«WUX\GXODER- GHOȇDXWUHOȇXQȴQLVVDQWSDUVȇH΍RQGUHU Une détection indirecte dès 1970
ratoire Astroparticule et cosmologie4 , VXUVRQFRPSDJQRQ(QȴQRQSHQVH Néanmoins, les chercheurs restent
à Paris. 'HP¬PHOHVFDUDFW«ULVWLTXHV que des ondes gravitationnelles pri- quasi certains de l’existence des
des ondes gravitationnelles dépendent mordiales auraient été émises pendant ondes gravitationnelles. En effet,
en partie de la masse des objets qui la phase d’expansion rapide de l’Uni- GDQVOHVDQQ«HVb5XVVHOO+XOVH
les provoquent. » 7K«RULTXHPHQW YHUVOȇLQȵDWLRQTXLVHVHUDLWG«URXO«H HW-RVHSK7D\ORURQW«WXGL«XQV\V-
QRXVP¬PHORUVTXHQRXVQRXVPHW- juste après le Big Bang. tème binaire d’étoiles à neutrons
tons en mouvement, devrions générer m/DG«WHFWLRQGHVRQGHVJUDYLWD- dont l’une d’entre elles est un pulsar,
des ondes gravitationnelles, mais WLRQQHOOHVHVWXQG«ȴGLɝFLOHSRXUOHV c’est-à-dire qu’elle émet à intervalle
d’une amplitude si ridicule qu’il est illu- VFLHQWLȴTXHV}SU«FLVH%HQR°W0RXUV régulier un faisceau d’ondes radio. Ils
soire de la mesurer. GX/DERUDWRLUHGȇ$QQHF\OH9LHX[GH constatent que la fréquence de …

$87201( N° 282
35
GRAND FORMAT

Vue aérienne de l’une des


branches de l’interféromètre
de l’expérience Virgo.

GH9LUJRHW/LJR/ȇLQVWUXPHQWHXUR-
péen, construit près de Pise en Italie
pourra ainsi « écouter » un volume
d’Univers mille fois plus grand, ce qui
augmentera le nombre d’ondes gra-

© EGO-VIRGO/IN2P3/CNRS PHOTOTHÈQUE
YLWDWLRQQHOOHVREVHUYDEOHV/DFRR-
pération avec les deux instruments
du projet américain permettra de
localiser précisément une source
dans l’espace.

8QHIHQ¬WUHLQ«GLWHVXUOȇ8QLYHUV
/HVGHX[PRWLYDWLRQVSULQFLSDOHVGH
… URWDWLRQGHFHV\VWªPHGRXEOHDXJ- cette traque aux ondes gravitation-
mente, signe d’une perte d’énergie. nelles résident d’abord dans la possi-
m/HXUVREVHUYDWLRQVFR±QFLGHQWSDU- bilité de tester la théorie de la relativité
faitement avec les calculs théoriques générale en « champ fort », c’est-à-dire
U«DOLV«V¢SDUWLUGHOȇK\SRWKªVHGȇXQH DYHFGHVREMHWVGHPDVVHH[WU¬PHFH
SHUWHGȇ«QHUJLHSDUUD\RQQHPHQWJUD- TXLHVWGLɝFLOH¢U«DOLVHUDFWXHOOHPHQW
vitationnel,FRPPHQWH3LHUUH%LQ«WUX\ Ensuite, il s’agit d’ouvrir une nouvelle
6XɝVDPPHQWSRXUTXHFHODFRQVWLWXH IHQ¬WUH¢OȇREVHUYDWLRQGXFLHOFHOOHGH
une preuve. » Cette découverte a valu l’astronomie gravitationnelle.
OHSUL[1REHOGHSK\VLTXH¢+XOVHHW Cependant, toutes les ondes gra-
¢7D\ORUHQb vitationnelles, par exemple celles en
SURYHQDQFHGHVV\VWªPHVGHWURXV
Des instruments surpuissants noirs supermassifs, ne seront pas
C’est à cette époque que la concep- REVHUYDEOHVSDU9LUJRHW/LJR/HXU
WLRQGHVG«WHFWHXUV9LUJRHW/LJRD signal, de fréquence inférieure au
démarré pour observer plus directe- +HUW]VHUDQR\«GDQVOHEUXLWVLV-
ment les déformations de l’espace- eLISA sera le premier observatoire mique. Pour pallier cet obstacle, un
temps causées par les ondes gravita- capable d’observer les ondes émises SURMHWVSDWLDOHVW«WXGL«H/Ζ6$7URLV
tionnelles. À l’échelle d’un mètre, par les trous noirs supermassifs. satellites formeront un interféro-
© ESA

cette déformation se traduit par une mètre, identique sur le principe aux
variation de distance d’un millième instruments terrestres, mais les

“ La difficulté est que


de milliardième de milliardième de « bras » pourront alors atteindre des
PªWUHɋ9LUJRHW/LJRVRQWGHJLJDQ- PLOOLRQVGHNLORPªWUHVDȴQGȇDP«OLRUHU
WHVTXHVLQWHUI«URPªWUHVFRQ©XVSRXU
mesurer ces écarts minuscules. le signal est tellement faible la sensibilité de la détection. m/HSOXV
dur est de s’assurer que les variations

que tout peut le polluer.



/HSULQFLSHFRQVLVWH¢V«SDUHUXQ de distance que l’on mesurera seront
faisceau laser en deux parties dans dues à la gravitation et à aucune autre
deux directions perpendiculaires, les force, électrostatique par exemple »,
« bras » de l’interféromètre. Chaque G«WDLOOH3LHUUH%LQ«WUX\
moitié de faisceau parcourt un trajet signal est tellement faible que tout /DVROXWLRQWURXY«HSDUOHVVFLHQ-
GHNLORPªWUHV RXGDQVOHFDVGH peut le polluer »,DɝUPH&DWKHULQH WLȴTXHVVHUDWHVW«HSURFKDLQHPHQW
/LJR DYDQWGȇ¬WUHU«ȵ«FKLHSDUXQ 1DU\1DQ(QSDUWLFXOLHUOHEUXLWVLV- avec le satellite /Ζ6$3DWKȴQGHU6LOH
miroir. Au retour, les faisceaux sont PLTXHG½DX[YLEUDWLRQVG«FOHQFK«HV succès est au rendez-vous, la voie sera
UHFRPELQ«VHWIRUPHQWXQHȴJXUH SDUOHVWUHPEOHPHQWVGH7HUUHPDLV RXYHUWHSRXUH/Ζ6$TXLQHVHUDSDV
d’interférences dont le motif dépend aussi les phénomènes météo et les lancée avant 2030. En patientant, les
de la longueur relative des bras. Ainsi, activités humaines. chercheurs sont optimistes et pensent
une onde gravitationnelle qui pertur- Après une première génération TXH9LUJRHW/LJRG«WHFWHURQWOHXUV
EHUDLWFHWWHGLVWDQFHSRXUUDLW¬WUH d’instruments, la sensibilité a été premières ondes gravitationnelles
détectée. m/DGLɝFXOW«HVWTXHOH boostée dans les versions « advanced » GDQVOHVDQQ«HVTXLYLHQQHQWbII S. G.

4. Unité CNRS/Univ. Paris Diderot/CEA/Observatoire de Paris. 5. Unité CNRS/Univ. Savoie Mont Blanc.

CNRS /(-2851$/

LA RELATIVITÉ

Le principe d’équivalence
à l’épreuve

‹b
Pilier de la théorie de la relativité générale, le principe d’équivalence
postule que tous les corps tombent de la même façon. Jusqu’ici,
aucune expérimentation n’est parvenue à le mettre en défaut.
Mais les physiciens n’ont pas dit leur dernier mot…
W«bVXUOD/XQH/ȇDVWUR
QDXWHDP«ULFDLQ'DYLG6FRWWO¤FKHHQ
P¬PHWHPSVXQHSOXPHHWXQPDU- « Du principe d’équivalence décou-
teau : ils atteignent le sol lunaire en lera la théorie de la relativité générale
P¬PHWHPSV8QKRPPDJH¢ODP\- selon laquelle la gravitation n’est plus
WKLTXHH[S«ULHQFHGH*DOLO«HȐTXLQȇD une force qui s’exerce depuis un objet
SUREDEOHPHQWMDPDLVHXOLHXɋ5HWRXU vers un autre, mais une déformation
au XVIIe siècle, en Italie. Du haut de la GHODVWUXFWXUHP¬PHGHOȇHVSDFH
tour de Pise, le savant italien aurait WHPSVɋ}FRPSOªWH7KLEDXOW'DPRXU
O¤FK«HQP¬PHWHPSVXQHERXOHGH SK\VLFLHQ WK«RULFLHQ PHPEUH GH
plomb et une boule de bois : toutes l’Académie des sciences et profes-
GHX[DXUDLHQWWRXFK«OHVRODXP¬PH seur à l’Institut des hautes études
PRPHQW*DOLO«HHQDXUDLWG«GXLWTXH VFLHQWLȴTXHV
dans le vide, tous les corps tombent
DYHFODP¬PHDFF«O«UDWLRQTXHOOH Un principe largement validé
que soit leur masse ou leur compo- $X ȴO GHV VLªFOHV QRPEUH GȇH[S«-
sition. Un résultat pour le moins ULHQFHVRQWY«ULȴ«FHSULQFLSHGȇ«TXL-
FRQWUHLQWXLWLIȐ YDOHQFH*DOLO«HOȇDXUDLWHQIDLWGȇDERUG
© J. E. MCCONNELL/LOOK AND LEARN/BRIDGEMAN IMAGES

Cette universalité de la chute libre déduit en chronométrant des boules


postule en fait l’équivalence entre FKXWDQWOHORQJGHSODQVLQFOLQ«VȐ
GHX[ W\SHV GH PDVVHV OD PDVVH 0DLVGªVb1HZWRQOHY«ULȴHHQ
grave, qui détermine la sensibilité REVHUYDQWTXHGHVSHQGXOHVGHP¬PH
d’un corps à l’attraction de la gravité, longueur dotés de boules en maté-
et la masse inerte, qui détermine le ULDX[GL΍«UHQWVVHEDODQFHQWELHQDX
degré de résistance d’un corps à une P¬PHU\WKPHDYHFXQHSU«FLVLRQGH
PRGLȴFDWLRQ GH VRQ PRXYHPHQW Illustration de James Edwin McConnell (1903-1995) WURLVFKL΍UHVDSUªVODYLUJXOH(Qb
Ainsi, le rapport entre ces deux ȴJXUDQWODG«PRQVWUDWLRQGXSULQFLSHGȇ«TXLYDOHQFH à l’aide de pendules plus sophistiqués
PDVVHVVHUDLWWRXMRXUVOHP¬PH9RLO¢ par Galilée depuis le haut de la tour de Pise en 1591. SHQGXOHVGHWRUVLRQ OHSK\VLFLHQ
pourquoi tous les corps soumis à un KRQJURLV/RU£QG(¸WY¸VOHFRQȴUPH
P¬PHFKDPSJUDYLWDWLRQQHOFKXWHQW champ de gravitation. Pour l’illustrer, FHWWHIRLV¢KXLWFKL΍UHVDSUªVODYLU-
¢ODP¬PHYLWHVVHGDQVOHYLGH Einstein utilisera l’image d’une grande gule. m(QbHQUDɝQDQWOHSULQFLSH
ER°WHRXGȇXQHFKDPEUHVDQVIHQ¬WUH GXSHQGXOHGHWRUVLRQDYHFGXE«U\O-
Des implications gigantesques placée dans l’espace, en dehors de tout OLXPHWGXWLWDQHOHJURXSHGHSK\VL-
Développée par Isaac Newton dans le champ de gravitation, et subissant une FLHQVDP«ULFDLQV(¸W:DVKHVWSDU-
cadre de sa théorie de la gravitation accélération égale à celle de la pesan- YHQX¢XQHSU«FLVLRQGHWUHL]HFKL΍UHV
HQbFHWWHREVHUYDWLRQVHUDHQ- WHXU6RQRFFXSDQWVHUHWURXYHDORUV DSUªVODYLUJXOHOHUHFRUGDFWXHOɋ in-
suite érigée en principe par Albert collé au plancher de la chambre. En GLTXH*LOOHV0«WULVDVWURQRPHDX
(LQVWHLQ(QbLOHQIDLWP¬PHOH l’absence de repère visuel extérieur, il ODERUDWRLUH*«RD]XU 6 .
fondement de sa théorie de la relativité est alors incapable de dire s’il se trouve Alors à quoi bon poursuivre les
J«Q«UDOHTXLYDU«YROXWLRQQHUODSK\- GDQVOHFKDPSGHJUDYLW«GHOD7HUUH Y«ULȴFDWLRQVɋ"3DUFHTXHVLODWK«RULH
VLTXH/HVLPSOLFDWLRQVGHFHSULQFLSH ou s’il est soumis à une accélération. Et de la relativité générale est parfaite
d’équivalence sont en effet gigan- s’il laisse tomber des objets, il les verra pour décrire l’interaction gravitation-
WHVTXHV7RXWGȇDERUGLODFFU«GLWHOȇLG«H VXLYUHH[DFWHPHQWODP¬PHWUDMHFWRLUH nelle, elle ne l’est pas pour les trois
qu’une accélération peut mimer un TXHVȇLO«WDLWGDQVVDFKDPEUHVXU7HUUH autres interactions régissant la …

$87201( N° 282

GRAND FORMAT

Einstein à la plage. La 6HSWEUªYHVOH©RQV Einstein et la relativité générale. Une


relativité dans un transat, de physique, KLVWRLUHVLQJXOLªUHȴOPU«DOLV«SDU4XHQWLQ
Marc Lachièze-Rey, Dunod, &DUOR5RYHOOL2GLOH-DFRE /D]]DURWWRHWSURGXLWHQSDUWHQDULDWDYHF
DYULObSȜ VHSWbbSɋȜ OȇΖQVWLWXW+HQUL3RLQFDU« Ζ+3 PLQ

'L΍XVLRQOHQRYHPEUH¢ɋKɋ
De Pythagore à Einstein, Théories de la relativité,
VXU50&'«FRXYHUWH'9'PLV¢
&HOD LPSOLTXH HQ H΍HW OȇH[LVWHQFH
tout est nombre. Nathalie Deruelle
GLVSRVLWLRQJUDWXLWHPHQWSDUOȇΖ+3 d’autres champs que celui de la gra-
La relativité générale, HW-HDQ3KLOLSSH8]DQ
bVLªFOHVGȇKLVWRLUH %HOLQFROOmb‹FKHOOHVb} /HȴOPVHUDGL΍XV«HQFRQWLQXGDQVOHFDGUH
vitation, capables de faire varier les
Nathalie Deruelle, Belin, DYULObbSɋȜ de OȇH[SRVLWLRQTXLVHG«URXOHGXQRYHPEUH FRQVWDQWHVGHODSK\VLTXHGDQVOH
FROOmb%LEOLRWKªTXH DXI«YULHUGDQVODELEOLRWKªTXHGHOȇΖ+3 temps et l’espace, constantes qu’on
VFLHQWLȴTXH}VHSW ¢3DULVGXOXQGLDXYHQGUHGLGHɋKHXUHV
ne sait absolument pas expliquer
bSȜ ¢ɋKHXUHV(QWU«HOLEUH
aujourd’hui. »
0DLVP¬PHVL0LFURVFRSHFRQȴU-
mait une nouvelle fois le principe
Gȇ«TXLYDOHQFHOHVSK\VLFLHQVQȇRQWSDV
GLWOHXUGHUQLHUPRW(QH΍HWGȇDXWUHV
accéléromètre électrostatique. « Ainsi, projets spatiaux encore plus ambi-

“leNotre objectif est de vérifier VLGHVDFF«O«UDWLRQVGL΍«UHQWHVVȇDY«- tieux sont dans les cartons. En attente
raient nécessaires, c’est que le prin- d’une décision de l’Agence spatiale

principe d’équivalence cipe d’équivalence serait violé », in-


GLTXH*LOOHV0«WULV'ȇXQSRLGVWRWDO
HXURS«HQQHSRXUbODPLVVLRQ
6WHTXHVW 8SURSRVHGHY«ULȴHUOHSULQ-

avec une précision de DYRLVLQDQWOHVNLORJUDPPHVOH


microsatellite sera équipé de micro-
cipe d’équivalence carrément au
niveau atomique, en mettant en chute

15 chiffres après la virgule.



propulseurs à gaz froid capables de libre dans l’espace des atomes de
FRPSHQVHUOHVSOXVLQȴPHVSHUWXU QDWXUHGL΍«UHQWH$X[‹WDWV8QLVXQ
bations de trajectoire qui risque- projet de mission spatiale nommé
raient de fausser les résultats. m6L 6WHS9 était aussi envisagé, visant, grâce
… SK\VLTXHGHVSDUWLFXOHVJRXYHU- 0LFURVFRSHREVHUYHXQHYLRODWLRQGX ¢WURLVSDLUHVGHPDW«ULDX[GL΍«UHQWV¢
nées par la mécanique quantique et principe d’équivalence, cela renforce- WHPS«UDWXUHFU\RJ«QLTXHXQHSU«FL-
unifiées dans le fameux « modèle rait la théorie des cordes selon la- VLRQGHbFKL΍UHVDSUªVODYLUJXOHɋ'H
VWDQGDUG}2UOHVWK«RULHVDFWXHOOH- quelle l’Univers possède des dimen- TXRLPHWWUHXQSRLQWȴQDO¢FHWWHIRU-
ment développées pour tenter d’uni- sions d’espace supplémentaires, PLGDEOH«SRS«HVFLHQWLȴTXHHQJDJ«H
ȴHUFHVTXDWUHLQWHUDFWLRQVȂbWHOOHOD VȇHQWKRXVLDVPH7KLEDXOW'DPRXU LO\DSOXVGHbDQVbII -3ɋ%
WK«RULHGHVFRUGHVbȂSU«YRLHQWWRXWHV
la violation du principe d’équivalence $SSOLFDWLRQGXSULQFLSHGȇ«TXLYDOHQFHb
à un moment donné. les vols paraboliques simulent
l’apesanteur quelques secondes.
Des projets très ambitieux
9RLO¢SRXUTXRLGHQRXYHDX[SURMHWV
sont en cours. Et cette fois directe-
ment dans l’espace, grâce à des satel-
lites en chute libre permanente loin
des perturbations terrestres. Parmi
HX[OHPLFURVDWHOOLWH0LFURVFRSH 7 du
&QHVTXLVHUDPLVHQRUELWH¢NLOR-
PªWUHVHQDYULO« Notre objectif
HVWGHY«ULȴHUOHSULQFLSHGȇ«TXLYD-
OHQFHVXUGHX[PDW«ULDX[GL΍«UHQWV
ȂbGXWLWDQHHWGXSODWLQHbȂDYHFXQH
SU«FLVLRQGHbFKL΍UHVDSUªVODYLU-
JXOHɋODQFH*LOOHV0«WULVFRLQYHVWLJD-
teur principal de la mission.
Dans la pratique, l’expérience
va en fait contraindre les deux
© NOVESPACE

masses à suivre exactement la


P¬PHWUDMHFWRLUHJU¤FH¢XQGRXEOH
6. 8QLW«&1562EVHUYDWRLUHGHOD&¶WHGȇ$]XU8QVD830&Ζ5'7. Microsatellite à traînée compensée pour l’observation du principe
d’équivalence. 8. Space-Time Explorer and Quantum Equivalence Principle Space Test. 9. Satellite Test of the Equivalence Principle.

CNRS /(-2851$/

EN ACTION

Après avoir visité le musée de l’Homme,


étudié le Bassin méditerranéen et participé
à un forum au Japon, on décrypte le
langage politique et le rôle de nos gènes.
ILLUSTRATION : DAN PAGE/RAPPART.COM

AUTOMNE 2015 N° 282


39
EN ACTION

Dans les coulisses


du musée de l’Homme

9
b
XHVXUODWRXU(L΍HOɋPªWUHVFDUU«VRULHQW«V
VXGȐ/ȇDGUHVVHSDULVLHQQHGH1«DQGHUWDOHWGH&UR
Événement. Le musée de l’Homme a 0DJQRQIHUDLWWRXUQHUODW¬WHGHSOXVGȇXQDJHQWLPPR
ELOLHU$SUªVVL[DQQ«HVGHWUDYDX[HWXQLQYHVWLVVHPHQWGH
rouvert ses portes le 17 octobre après
PLOOLRQVGȇHXURVOHPXV«HGHOȇ+RPPHDHQȴQU«LQW«JU«
six ans de travaux. Unique en son OȇDLOHRXHVWGXSDODLVGH&KDLOORWHWRXYHUWVHVSRUWHVDXSXEOLF
genre, ce musée-laboratoire héberge OHRFWREUH6LODORFDOLVDWLRQGHFHWWHLQVWLWXWLRQVRXVWXWHOOH
150 chercheurs qui viendront GX0XV«XPQDWLRQDOGȇ+LVWRLUHQDWXUHOOH 01+1 QȇDSDV
FKDQJ«OHSURSRVOXLD«W«ODUJHPHQWUHYLVLW«m&HPXV«H
régulièrement à la rencontre du public.
FU««HQbSDUOȇHWKQRORJXH3DXO5LYHWQȇDYDLWTXDVLPHQW
PAR LAURE CAILLOCE SDV«YROX«UDSSHOOH‹YHO\QH+H\HUODFRPPLVVDLUHVFLHQWL
Le célèbre
ȴTXHTXLDVXLYLWRXWHODU«QRYDWLRQ1. 2UOHVVFLHQFHVGH crâne de
Oȇ+RPPHRQWFRQQXGHYUDLVERXOHYHUVHPHQWVDYHFODJ«Q« Cro-Magnon
WLTXHHWOHVQRXYHOOHVP«WKRGHVGHGDWDWLRQQRWDPPHQW} dit « le vieillard »
/HWUDQVIHUWHQbGHVFROOHFWLRQVGȇHWKQRORJLHH[SRV«HV est l’une des
DXPXV«HGHOȇ+RPPHYHUVOHPXV«HGXTXDL%UDQO\QȇDIDLW pièces phares
TXHFRQȴUPHUODQ«FHVVLW«GȇXQSURIRQGUHOLIWLQJ du musée.

Un musée entièrement repensé


&ȇHVWGRQFXQPXV«HWRWDOHPHQWQHXITXLVHGRQQHDX
MRXUGȇKXL¢YRLU'«FOLQ«HHQWURLVYROHWVm4XLVRPPHV
QRXVɋ"}m'ȇR»YHQRQVQRXVɋ"}m2»DOORQVQRXVɋ"}OȇH[SR
VLWLRQSHUPDQHQWHSURSRVHGȇH[SORUHUOȇ+RPPH¢WUDYHUV

1. Évelyne Heyer est spécialiste d’anthropologie génétique et professeur au Muséum national d’Histoire naturelle au sein du département Hommes,
natures, sociétés. 2. Unité CNRS/MNHN. 3. Unités Écoanthropologie et ethnobiologie (CNRS/MNHN) et Patrimoines locaux (CNRS/IRD).

CNRS LE JOURNAL

EN ACTION

“ Le cliché d’une évolution


linéaire menant des
WRXWHVVHVIDFHWWHVELRORJLTXHPDLV
DXVVLFXOWXUHOOHHWVRFLDOH4XȇHVWFHTXL grands singes à l’Homme
moderne a vécu.

IDLWOȇ+RPPHTXȇHVWFHTXLOHGL΍«UHQ
FLHRXDXFRQWUDLUHOHUDSSURFKHGHV
DXWUHVHVSªFHVFRPPHQWVHGRQQH¢
YRLUODGLYHUVLW«GXJHQUH+RPRGDQV
OHWHPSVFRPPHGDQVOȇHVSDFHɋ"m6ȇLO SKRWRJUDPP«WULTXHOHXUSHUPHWWUDGȇDUFKLYHUOHVIRVVLOHV
DERUGH«YLGHPPHQWODTXHVWLRQGHQRV GHOHVFRPSDUHUSOXVIDFLOHPHQWHWVXUWRXWGHOHVPDQLSXOHU
RULJLQHVOHPXV«HGHOȇ+RPPHQȇHVW VDQVULVTXH/HSODWHDXmSDO«RJ«QRPLTXHHWJ«Q«WLTXH
SDVXQPXV«HGHOD3U«KLVWRLUHLQVLVWH PRO«FXODLUHKXPDLQH}«TXLS«GȇXQDPSOLȴFDWHXUGȇ$'1
‹YHO\QH+H\HU/HSURSRVHVWEHDXFRXS R΍UHODSRVVLELOLW«GȇDQDO\VHUDXVVLELHQOȇ$'1DQFLHQSU«OHY«
SOXVODUJHHWFRQVDFUHDLQVLXQHODUJH VXUOHVIRVVLOHVTXHOHV«FKDQWLOORQVUDSSRUW«VGXWHUUDLQSDU
SODFHDXUDSSRUWGHOȇ+RPPHPRGHUQH OHVDQWKURSRORJXHVHWOHVHWKQRORJXHV/HSODWHDXmGDWD
¢VRQHQYLURQQHPHQWHW¢OȇLPSDFWGH WLRQHWFDUDFW«ULVDWLRQGHVPDW«ULDX[} IDXQHHWȵRUHIRV
ODJOREDOLVDWLRQVXUOHVVRFL«W«V} VLOHVRXWLOVHQSLHUUHȐ FRPSUHQGQRWDPPHQWXQHVDOOHGH
&HWWHDSSURFKHU«VROXPHQWLQWHU GDWDWLRQ¢OȇXUDQLXPWKRULXPSHUPHWWDQWGHUHPRQWHUOH
GLVFLSOLQDLUHQȇHVWSDVXQHFRTXHWWHULH WHPSVMXVTXȇ¢ɋbDQVHWXQHVDOOHEOLQG«HGHVWLQ«H¢
GHPXV«RJUDSKHmb(OOHUHȵªWHDYDQW «WXGLHUOȇHQUHJLVWUHPHQWGXFKDPSPDJQ«WLTXHWHUUHVWUH
WRXWOȇDFWLYLW«GHVbFKHUFKHXUVSU« ȴ[«GDQVOHVREMHWVHWOHVV«GLPHQWVDUFK«RORJLTXHVȐ(QȴQ
KLVWRULHQVDQWKURSRORJXHVHWKQROR OHSODWHDXmDXGLRYLVXHO}DPELWLRQQHGȇH[SORLWHUOHVPLOOLHUV
k3+2726b-&'20(1(&+01+1

JXHVRXHQFRUHJ«Q«WLFLHQVTXLWUD GȇHQUHJLVWUHPHQWVHWGHȴOPVUDSSRUW«VGXWHUUDLQSDUOHV
YDLOOHQWGDQVOHVFRXOLVVHVGHFHPXV«H FKHUFKHXUVRXLVVXVGHVFROOHFWLRQVGXPXV«H
HW TXL RQW GLUHFWHPHQW FRQWULEX«
¢ E¤WLU OH SURSRV VFLHQWLILTXH GHV Un parcours, trois questions
HVSDFHVRXYHUWVDX[YLVLWHXUVH[SOLTXH 3RXUOȇKHXUHWRXVGXSDO«RDQWKURSRORJXH TXL«WXGLHOHV
%UXQR'DYLGOHQRXYHDXSU«VLGHQWGX IRVVLOHVKXPDLQV ¢OȇHWKQR«FRORJXH TXLH[SORUHOHVUHODWLRQV
01+1 OLUHSb  1RXVYRXORQV«WDEOLU GHVVRFL«W«VKXPDLQHV¢OHXUHQYLURQQHPHQW HQSDVVDQW
Cette rampe
XQOLHQWUªVIRUWHQWUHOHVPLVVLRQVGHGL΍XVLRQHWGH SDUOHSDO«RFOLPDWRORJXHRXOHJ«RORJXH TXLVȇLQW«UHVVHQW
de bustes en cire
témoigne UHFKHUFKHGHFHW«WDEOLVVHPHQWb}&DUOHPXV«HGHOȇ+RPPH DX[PLOLHX[GDQVOHVTXHOVOȇ+RPPH«YROXH VRQWWHQGXVYHUV
à la fois de l’unité QȇHVWSDVXQPXV«HFRPPHOHVDXWUHVȴGªOHDXFRQFHSWGH XQHP¬PHSHUVSHFWLYHYRLUFRPPHQWOHVYLVLWHXUVYRQW
et de la diversité PXV«HODERUDWRLUHYRXOXSDU3DXO5LYHWLODFFXHLOOHGDQVVHV U«DJLUDX[HVSDFHVTXȇLOVRQWFRQ©XVSRXUHX[HQFROODERUD
du genre humain. ORFDX[OH&HQWUHGHUHFKHUFKHVXUOȇ«YROXWLRQGHOȇ+RPPHHW WLRQDYHFOȇ«TXLSHPXV«RJUDSKLTXHGXPXV«H
GHVVRFL«W«VRUJDQLV«HQGHX[G«SDUWHPHQWVȂb+LVWRLUH 9RORQWDLUHPHQWVLWX«HHQG«EXWGHSDUFRXUVODSUHPLªUH
QDWXUHOOHGHOȇ+RPPHSU«KLVWRULTXH2HW+RPPHVQDWXUHV LQWHUURJDWLRQm4XLVRPPHVQRXVɋ"}LQWHUSHOOHGLUHFWHPHQW
VRFL«W«V3 WRXVGHX[OL«VDX&156bȂDX[TXHOVRQW«W«UDWWD OHYLVLWHXUm&ȇHVWWRXWGHP¬PHOHVHXOPXV«HGRQWQRXV
FK«VXQWRXWQRXYHDXFHQWUHGHJ«Q«WLTXHKXPDLQHDLQVL VRPPHVDXVVLOȇREMHWɋ}UHPDUTXH‹YHO\QH+H\HU&LUHVDQD
TXHOȇ«TXLSHGHSULPDWRORJLHMXVTXHO¢K«EHUJ«HDX0XV«XP WRPLTXHVFU¤QHVREMHWVWLU«VGHVWUªVULFKHVFROOHFWLRQV …
QDWLRQDOGȇ+LVWRLUHQDWXUHOOHm)DLUHHQWUHUODSULPDWRORJLH
Particularité
du musée : les
DXPXV«HGHOȇ+RPPHHQYRLHXQPHVVDJHIRUWVXUOHIDLWTXH
chercheurs qui Oȇ+RPPHHVWGDQVOHYLYDQWVLJQDOH‹YHO\QH+H\HU$XWUHIRLV
travaillent sur RQIDLVDLWXQHGLVWLQFWLRQIRUWHHQWUHSULPDWHVQRQKXPDLQV
place et que le HWSULPDWHVKXPDLQVPDLVDXMRXUGȇKXLRQVHUHQGFRPSWH
public pourra TXHODIURQWLªUHHQWUHOHVGHX[HVWGHSOXVHQSOXVȵRXH}
rencontrer 'DQVOHXUVORFDX[ȵDPEDQWQHXIVR»LOVRQWHPP«QDJ«
dans un espace
GªVG«FHPEUHOHVFKHUFKHXUVSURȴWHQWGȇXQHELEOLR
dédié, le Balcon
WKªTXH GH UHFKHUFKH GȇXQ DFFªV DX[ FROOHFWLRQV
des sciences.
ȂbɋbREMHWVGHOD3U«KLVWRLUHɋbVS«FLPHQVHW
UHSU«VHQWDWLRQVGXFRUSVKXPDLQW«PRLJQDQWGHODGLYHUVLW«
© P. TOURNEBŒUF/MNHN

GHV+RPPHVPRGHUQHVɋbREMHWVLOOXVWUDQWOȇDSSURSULD
WLRQGHODQDWXUHSDUOHVVRFL«W«VKXPDLQHVbȂPDLVDXVVLHW
VXUWRXWGHTXDWUHSODWHDX[WHFKQLTXHVGHUQLHUFUL8QSOD
WHDXmLPDJHULHHWPRG«OLVDWLRQ''}GRW« HQWUHDXWUHV 
GȇXQ VFDQQHU VXUIDFLTXH ' HW GȇXQ «TXLSHPHQW

AUTOMNE 2015 N° 282



EN ACTION

Cette yourte
ôJXUH ODIRLV
l’habitat mongol
et sa version
pour touristes
occidentaux.

HQbm1RXVDYRQVIDLWOHFKRL[GHUHSODFHUFHVIRVVLOHV
GDQVOHXUHQYLURQQHPHQWHQWRXU«VGȇRXWLOVIDEULTX«V¢
Oȇ«SRTXH}UDFRQWH0DULH0HUOLQ3RXUODWRXWHSUHPLªUH

k3+2726b-&'20(1(&+01+1
IRLVOHVRULJLQDX[GHVFU¤QHV«SRQ\PHVGH1«DQGHUWDOHW
GH&UR0DJQRQVRQWSU«VHQW«VDXSXEOLFGDQVOȇmDEULGHV
DQF¬WUHV}7U«VRUGXSDO«ROLWKLTXHVXS«ULHXUOȇRULJLQDO
GHOD9«QXVGH/HVSXJXHFHWWHF«OªEUHVWDWXHWWHI«PLQLQH
HQLYRLUHGHPDPPRXWKHVW«JDOHPHQWH[SRV«HDX[F¶W«V
GHOD9«QXVLPSXGLTXHRXGHVmE¤WRQVSHUF«V}
m2»DOORQVQRXVɋ"}GHUQLªUHSDUWLHGXPXV«HLQWHUURJH
… GXPXV«HSHUPHWWHQWGȇHQYLVDJHUOȇ+RPPHGDQVFHTXL OHGHYHQLUGHOȇKXPDLQHWGHVDSODQªWH4XHOOHHPSUHLQWH
OHG«ȴQLWODSHQV«HODYLHHQVRFL«W«OHODQJDJHRXHQFRUH ODLVVRQVQRXVVXUOȇHQYLURQQHPHQWDYHFODVXUS¬FKHODG«IR
OHFRUSVȐm/HFRUSVKXPDLQQȇHVWMDPDLVQXFRPPHQWH UHVWDWLRQOHU«FKDX΍HPHQWFOLPDWLTXHȐɋ"/DTXHVWLRQGHOD
0DULH0HUOLQFKHIGHSURMHWDXVHLQGHOȇ«TXLSHPXV«RJUD JOREDOLVDWLRQ\HVW«JDOHPHQWDERUG«HVRXVOȇDQJOHGHOȇHWK Buste de la
mathémati-
SKLTXHGXPXV«H7DWRXDJHVSDUXUHVRXG«IRUPDWLRQVYR QRORJLHȂbRXFRPPHQWSDUWRXWVXUOHJOREHOHVSRSXODWLRQV
cienne Sophie
ORQWDLUHVVHUYHQW¢OHPDJQLȴHUHQIRQFWLRQGHV«SRTXHVHW VHU«DSSURSULHQWOHVREMHWVGHODPRQGLDOLVDWLRQ([HPSOH Germain
GHVFXOWXUHV}$LQVLFHPRXODJHGXFU¤QH YRORQWDLUHPHQW  DYHFFHWHQVHPEOHGHSODWVHQYDQQHULHWUDGLWLRQQHOOHVDKUD dont le crâne
DOORQJ«GHODPDWK«PDWLFLHQQH6RSKLH*HUPDLQSRLQWHVXU RXLHIDLWV¢SDUWLUGHȐSODVWLTXHUHF\FO«RXFHWWHY«ULWDEOH a été déformé
XQHWUDGLWLRQTXLDSHUGXU«HQ)UDQFHMXVTXȇDXG«EXWGX \RXUWHPRQJROHV«SDU«HHQGHX[XQLYHUVGLVWLQFWVGȇXQ
VWLQFWV GȇXQ volontairement.
XIXeVLªFOH/HODQJDJHDXWUHSDUWLFXODULW«GHOȇ+RPPHHVWOXL F¶W«OȇKDELWDWWUDGLWLRQQHOPRQJROGHOȇDXWUHOHQRX
HQRX
HQYLVDJ«GHID©RQU«VROXPHQWOXGLTXHXQHJLJDQWHVTXH YHOK«EHUJHPHQW¢ODPRGHSRXU2FFLGHQWDX[ X[
ODQJXHHQU«VLQHGDQVODTXHOOHOHYLVLWHXUHVWLQYLW«¢S«Q«WUHU HQTX¬WHGȇDXWKHQWLFLW«
SHUPHWGHG«FRXYULUOHVWHFKQLTXHVGHFKDQWGHGL]DLQHVGH 9«ULWDEOHLQQRYDWLRQGXPXV«HGHOȇ+RPPH H
SRSXODWLRQV¢WUDYHUVOHPRQGHWDQGLVTXȇXQLPPHQVHSOD YHUVLRQbOH%DOFRQGHVVFLHQFHVIDLWOHOLHQQ
QLVSKªUHLQWHUDFWLISHUPHWGȇ«FRXWHUXQHWUHQWDLQHGȇLGLRPHV HQWUHOHVHVSDFHVPXV«RJUDSKLTXHVHWOHV V
SDUO«VVXUODSODQªWHSDUPLOHVbɋDXMRXUGȇKXLUHFHQV«V FKHUFKHXUVTXLWUDYDLOOHQWHQFRXOLVVHV&HW HW
'HX[LªPHYROHWGHOȇH[SRVLWLRQSHUPDQHQWHm'ȇR»YH HVSDFHTXLSURSRVHDXSXEOLFGHG«FRXYULUOHV HV
QRQVQRXVɋ"}UHWUDFHOȇKLVWRLUHGHQRVRULJLQHV¢ODOXPLªUH GHUQLªUHVDFWXDOLW«VGHVVFLHQFHVGHOȇ+RPPH PH
GHVGHUQLªUHVG«FRXYHUWHVVFLHQWLȴTXHVm/HFOLFK«GȇXQH HWOHVP«WKRGHVGHWUDYDLOGHVVFLHQWLȴTXHV XHV
«YROXWLRQOLQ«DLUHPHQDQWGHVJUDQGVVLQJHV¢Oȇ+RPPH DFFXHLOOHUDWRXWHVOHVVHPDLQHVXQFKHUFKHXUSRXU
SRXU
PRGHUQHDY«FXUDSSHOOH‹YHO\QH+H\HU1RXVPRQWURQV U«SRQGUHDX[LQWHUURJDWLRQVGHVYLVLWHXUV2QHVW
QHVW
DXFRQWUDLUHTXHFHWWH«YROXWLRQHVWEXLVVRQQDQWHHWDYX XQPXV«HODERUDWRLUHRXRQQHOȇHVWSDVɋbII
FRH[LVWHUSOXVLHXUVHVSªFHVGȇ+RPPHVHQP¬PHWHPSV}
3RXULOOXVWUHUFHIRLVRQQHPHQWGȇHVSªFHVGHVIRVVLOHV
GHQRVJUDQGVDQF¬WUHVVRQWSU«VHQW«VFRPPHFHOXLGH
7RXPD±OHSUHPLHUSU«WHQGDQW¢ODOLJQ«HKXPDLQHRXGH
/XF\MHXQHDXVWUDORSLWKªTXHG«FRXYHUWHSDU<YHV&RSSHQV

EN BREF

LE STATUT DU CNRS ÉVOLUE L’ÉTAT DE LA SCIENCE TESTER LES ÉNERGIES MARINES


Le 18 septembre, un décret sur l’organisation et le Le rapport de conjoncture 2014 Le 25 août a été inauguré SEM-REV, premier
fonctionnement du CNRS est paru au -RXUQDORɝFLHO GX&RPLW«QDWLRQDOGHODUHFKHUFKH site au monde d’essai en mer pour les
Celui-ci conforte l’organisme dans ses missions VFLHQWLȴTXHYLHQWGȇ¬WUHSXEOL« énergies marines renouvelables, raccordé
QDWLRQDOHVHQULFKLWVDPLVVLRQHQPDWLªUHGȇLQIRUPDWLRQ par CNRS Éditions. Rédigée par au réseau électrique. Situé au large du
VFLHQWLȴTXHHWWHFKQLTXHHWDɝUPHVRQU¶OH bPHPEUHVGXFRPLW«FHWWH Croisic et piloté par Centrale Nantes et le
d’expertise et d’évaluation. Une nouvelle compétence DQDO\VHGHODFRQMRQFWXUHVFLHQWLȴTXH CNRS, il doit permettre de mettre au point
HVWDXVVLFRQȴ«H¢OȇRUJDQLVPHHQPDWLªUHGȇDFKDW est pour la première fois accessible et tester des démonstrateurs et prototypes
Pour en savoir plus, lire l’entretien avec Nicolas Castoldi à tous sur un site dédié : WHOVTXHGHV«ROLHQQHVR΍VKRUHRXGHV
réalisé par CNRS Hebdo : http://bit.ly/1RoFJND http://rapports-du-comite-national.cnrs.fr G«PRQVWUDWHXUVKRXORPRWHXUV

CNRS LE JOURNAL
42
EN ACTION

Un cryptage révolutionnaire
pour sécuriser le cloud PAR -8/Ζ(1%285'(7

2
b PQLSU«VHQWVXUΖQWHUQHWOHFKLI
IUHPHQWGHGRQQ«HVSHUPHWGH
WUDQVPHWWUHGHVLQIRUPDWLRQVGHID©RQ
CLOUD
Service où
les données
FU\SWRJUDSKLHSHUPHWWDLHQWGȇH΍HFWXHU
VRLWGHVDGGLWLRQVVRLWGHVPXOWLSOLFD
WLRQVVXUOHVGRQQ«HVFKL΍U«HVPDLV
VFK«PDVGHFRGDJHTXLSHUPHWWHQW
GȇDP«OLRUHUOȇHɝFDFLW«GHODFU\SWRJUD
SKLHKRPRPRUSKH8QVHXOH[HPSOH
informatiques
V«FXULV«H0DLVORUVTXȇLOVȇDJLWGȇDQD MDPDLVOHVGHX[RS«UDWLRQV¢ODIRLV} DXOLHXGHFKL΍UHUXQVHXOELW¢ODIRLV
manipulées
O\VHU OHV GRQQ«HV VWRFN«HV VXU OH sont stockées SU«FLVH'DYLG3RLQWFKHYDO&ȇHVWFHWWH RQUHJURXSHSOXVLHXUVELWVDȴQGHOHV
FORXGOHVP«WKRGHVGHFU\SWRJUDSKLH sur le réseau. SURXHVVHTXȇDU«DOLV«H&UDLJ*HQWU\ PDQLSXOHUVLPXOWDQ«PHQWFHTXLSHU
FRQYHQWLRQQHOOHVQHVRQWSOXVDGDS PHWGHU«GXLUHODTXDQWLW«GȇLQIRUPD
W«HV&HUWHVYRXVSRXYH]FKL΍UHUOHV WLRQ¢WUDLWHU*U¤FH¢FHSURF«G«HW
GRQQ«HVDYDQWGHOHVHQYR\HUVXUOH ELHQGȇDXWUHVGHPXOWLSOHVDSSOLFD
VHUYHXU0DLVYRXVQHSRXYH]ULHQHQ WLRQVSRXUUDLHQWELHQW¶WYRLUOHMRXU
IDLUH UHWRXFKHUOHVSKRWRVIDLUHGHV $XGHO¢GHODSURWHFWLRQGHVGRQQ«HV
FDOFXOVȐ VDQVOHVG«FU\SWHUFHTXLOHV RQSHXWLPDJLQHUR΍ULUSOXVGȇDQRQ\
UHQGYLVLEOHVSDUGHVWLHUVQRQDXWRUL PDWDX[LQWHUQDXWHV2QSRXUUDLWDLQVL
V«V K«EHUJHXUSLUDWHLQIRUPDWLTXHȐ  IDLUHXQHUHFKHUFKHVXU*RRJOHHWUH
8QHQRXYHOOHIRUPHGHFU\SWDJH FHYRLUOHVU«SRQVHVVDQVTXHOHPR
SURPHWG«VRUPDLVGHUHP«GLHU¢FH WHXUGHUHFKHUFKHQHVDFKHTXHO«WDLW

© KTSDESIGN/FOTOLIA
SUREOªPHODFU\SWRJUDSKLHKRPR OȇREMHWGHODUHTX¬WHɋ
PRUSKHm&ȇHVWXQSHXOȇ«TXLYDOHQWGH 8QH DXWUH LG«H FRQVLVWHUDLW ¢
ODFKDPEUHQRLUHGXSKRWRJUDSKHH[ FRQVWUXLUHXQHEDUULªUHGHFRQȴGHQWLD
SOLTXH'DYLG3RLQWFKHYDOUHVSRQVDEOH OLW«HQWUHOHVSXEOLFLWDLUHVHWOHVFRQVRP
GH Oȇ«TXLSH GH FU\SWRJUDSKLH GX PDWHXUV8QVHUYLFHIRQG«VXUODFU\S
'«SDUWHPHQWGȇLQIRUPDWLTXHGHOȇ‹FROH %LHQW¶WGHVDSSOLFDWLRQVɋ" WRJUDSKLHKRPRPRUSKHSHUPHWWUDLWGH
QRUPDOHVXS«ULHXUH1¢3DULV/HFORXG /HVDOJRULWKPHVGHFU\SWRJUDSKLHKR FLEOHUOHVLQGLYLGXVWRXWHQVȇDVVXUDQW
WUDYDLOOH¢OȇDYHXJOHVXUOHVGRQQ«HVTXH PRPRUSKHUHVWHQWFHSHQGDQWWUªV TXHOHVSXEOLFLWDLUHVQHFRQQDLVVHQW
YRXVDYH]FKL΍U«HVDYDQWGHYRXVUH GLɝFLOHV¢PHWWUHHQĕXYUH/DUDLVRQɋ" ULHQGHFHVSHUVRQQHV0¬PHFKRVH
WRXUQHUOHU«VXOWDWȴQDOGRQWYRXVVHXO /RUV GX FKLIIUHPHQW GHV GRQQ«HV SRXUQRVGRQQ«HVP«GLFDOHV2QSRXU
SRVV«GH]ODFO«GHG«FKL΍UHPHQW} FHOOHVFLVXELVVHQWXQH«QRUPHLQȵD UDLWGHPDQGHUXQH[DPHQGHFHVLQIRU
WLRQXQVHXOELWGXPHVVDJH¢FRGHUVH PDWLRQV VDQV ULHQ G«YRLOHU GH OHXU
Calculer sans avoir à décrypter WUDQVIRUPHHQSOXVLHXUVPLOOLRQVGH FRQWHQX/HU¬YHGȇXQIXWXUR»QRWUHYLH
ΖO\DSHXGHWHPSVFHWRXUGHSDVVH ELWV5«VXOWDWO¢R»SOXVLHXUVPLOOLRQV SULY«HVHUDLWWRWDOHPHQWSU«VHUY«HVH
SDVVH «WDLW MXJ« LPSRVVLEOH 0DLV GȇRS«UDWLRQV«O«PHQWDLUHVSHXYHQW UDSSURFKHXQSHXSOXVbII
HQb  Oȇ$P«ULFDLQ &UDLJ *HQWU\ ¬WUHH΍HFWX«HVSDUVHFRQGHVXUOHV
LQYHQWHODSUHPLªUHP«WKRGHGHFU\S GRQQ«HVEUXWHVRQQHSHXWU«DOLVHU
WRJUDSKLH GLWH WRWDOHPHQW KRPR TXHTXHOTXHVRS«UDWLRQVSDUVHFRQGH
PRUSKHm-XVTXȇLFLOHVP«WKRGHVGH VXUOHVGRQQ«HVFKL΍U«HV
0DLVOHVVFLHQWLȴTXHVPHWWHQWU« Lire l’intégralité de l’article
1. Unité CNRS/ENS/Inria. JXOLªUHPHQW DX SRLQW GH QRXYHDX[ sur lejournal.cnrs.fr

AUTOMNE 2015 N° 282



EN ACTION

La Méditerranée
scrutée par Des aérosols
OHVVFLHQWLôTXHV très présents
Les aérosols, ces microparticules
La Méditerranée est un milieu solides ou liquides en suspension
fragile qui subit de plein fouet les dans l’air, se retrouvent en grandes
pollutions atmosphériques, les quantités dans l’atmosphère médi-
rejets d’origine anthropique ou WHUUDQ«HQQHΖOVRQWSRXUH΍HWGȇDP-
SOLȴHUOHVSK«QRPªQHVFOLPDWLTXHV
HQFRUHOHVH΍HWVGXFKDQJHPHQW
extrêmes de la région, renforçant
FOLPDWLTXH'HSXLVbHOOHIDLW l’intensité des canicules et dimi-
l’objet d’un vaste programme nuant les précipitations.
d’étude pluridisciplinaire,
Mistrals. Coordonné par
le CNRS, il réunit un millier de
FKHUFKHXUVGHSD\VGL΍«UHQWV
Un grand colloque s’est tenu
¢0DUVHLOOHGXDXRFWREUH
DȴQGHIDLUHXQSRLQW¢
mi-parcours sur ces recherches
SU«YXHVMXVTXȇHQb
&156/HbMRXUQDO vous en livre
les premiers résultats.
PAR LAURE CAILLOCE

Des pollutions
www.mistrals-home.org

qui viennent de loin


Située à la croisée de plusieurs routes météorologiques, la
0«GLWHUUDQ«HS¤WLWGHOȇLQȵXHQFHGHVVRXUFHVGHSROOXWLRQTXL
la bordent : Europe au nord et Sahara au sud. Mais les chercheurs
RQWG«FRXYHUWTXȇHOOHHVWDXVVLVRXVOȇLQȵXHQFHGHVRXUFHVELHQ
plus lointaines : l’Amérique du Nord à l’ouest et l’Asie à l’est. Dans
ce dernier cas, c’est la mousson asiatique qui ouvre une
Y«ULWDEOHSDVVHUHOOHP«W«RURORJLTXHDX[SROOXDQWVȂbJD]
¢H΍HWGHVHUUHSROOXDQWVJD]HX[HWD«URVROVbȂHQWUH
l’Inde et la Méditerranée orientale.
Instruments pour
la caractérisation de la
pollution et de ses impacts,
© G. ROBERTS

station d’Ersa, en Corse.

CNRS LE JOURNAL
44
EN ACTION

Des écosystèmes
côtiers perturbés Un réchauffement
perceptible
© X. DURRIEU DE MADRON/MERMEX
La Méditerranée est une mer semi-fermée
particulièrement sensible aux activités Les projections climatiques régionales
KXPDLQHV XUEDQLVDWLRQWRXULVPHWUDȴF réalisées montrent que les événements
maritime…). L’observation systématique intenses de type crues ou canicules aug-
de 22 paramètres physico-chimiques et de mentent en fréquence et en intensité avec
SOXVGHɋHVSªFHVELRORJLTXHVDSHUPLV OHU«FKDX΍HPHQWFOLPDWLTXHȂGHOȇRUGUHGH
de construire un indice de perturbation des TXHOTXHVɋSRXUFHQWVSDUGHJU«GHU«FKDXI-
Système de
écosystèmes dans tout le Bassin méditerranéen. IHPHQW(OOHVFRQȴUPHQWOȇDSSDULWLRQGH
prélèvement
d’eau de mer,
5«VXOWDWOHV]RQHVR»OHV«FRV\VWªPHVPDULQVVRQW périodes sèches plus longues et de vagues
appelé rosette. les plus exposés sont les côtes catalanes, le golfe du de chaleur plus intenses.
Lion, la mer Adriatique, la mer Égée, les côtes égyp-
tiennes, le golfe de Gabès et la côte algéro-tunisienne.
/HV]RQHVGHKDXWHPHUVRQWPRLQVWRXFK«HV

Les climats
du passé décryptés
/HVFDURWWDJHVH΍HFWX«VGDQVOHVG«S¶WVV«GLPHQ-
taires indiquent que la température des eaux de
surface en Méditerranée a régulièrement diminué
au cours des derniers siècles et que ce refroidisse-
ment s’est interrompu au début de l’ère indus-
trielle. Depuis, les températures montrent une
forte augmentation, au-delà des valeurs de l’opti-
PXPP«GL«YDO ɋɋDSU-& $XWUHSK«QR-
PªQHLQW«UHVVDQWGHSXLVSOXVGHɋDQVFKDTXH
fois qu’un épisode de sécheresse extrême s’est
produit, des bouleversements politiques majeurs

Des crues et pluies intenses ont eu lieu. Or les sécheresses actuelles sont plus
intenses que tous ces épisodes passés…

qui s’expliquent Reconstitution


de crues
des derniers
En observant les fortes précipitations et les crues rapides millénaires à
en Méditerranée nord-orientale, mais aussi la réponse de la partir de l’étude
mer au mistral et à la tramontane, les chercheurs ont mis de dépôts
en évidence le rôle clé des massifs montagneux de l’arc médi- sédimentaires.
terranéen (Alpes, Massif central…) et des îles dans la formation
des pluies intenses. Ces travaux pourraient permettre d’amé-
k&1(675$Ζ7(0(179Ζ72
© L. DEZILEAU/PALEOMEX

liorer les modèles de prévision du temps et du climat, voire de


mieux anticiper les épisodes cévenols comme ceux qui ont
frappé récemment le Sud de la France.

AUTOMNE 2015 N° 282


45
EN ACTION

L’incroyable mécanique
GHVõXLGHVKXPDLQV
Santé. Pour prédire l’évolution des maladies vasculaires,
guider le geste du chirurgien ou détecter le paludisme,
les médecins se tournent aujourd’hui vers les physiciens
VS«FLDOLVWHVGHOȇ«FRXOHPHQWGHVȵXLGHV
PAR JULIEN BOURDET

3b
our mieux comprendre le fonctionnement du corps /HVFKHUFKHXUV morphologie de leurs vaisseaux reconstituée par IRM, on
humain, il faut être capable de représenter les organes modélisent la simule l’écoulement sanguin dans ce réseau. Et on peut
TXLOHFRPSRVHQWPDLVDXVVLOHVȵXLGHVTXLOHSDU- manière dont les DORUVG«ȴQLUOHV]RQHV¢VXUYHLOOHUHQSULRULW«
õXLGHVVשFRXOHQW
courent. C’est pourquoi les physiciens prêtent aujourd’hui La modélisation peut aussi guider les chirurgiens.
dans le réseau
PDLQIRUWHDX[P«GHFLQV*U¤FH¢ODP«FDQLTXHGHVȵXLGHV « Aujourd’hui, dans le cas de l’athérosclérose, on décide
sanguin et les
LOVPRG«OLVHQWODPDQLªUHGRQWOHVȵXLGHVELRORJLTXHV voies aériennes. d’opérer un patient selon des critères moyens de taux
s’écoulent dans le réseau sanguin et les voies aériennes. d’obstruction des artères, précise Gwennou Coupier. Or, en
Avec, à la clé, la possibilité d’améliorer les diagnostics médi- mesurant précisément la contrainte mécanique qui s’exerce
caux et d’adapter les traitements. Réseau des sur la paroi de l’artère touchée, on dispose d’un critère plus
capillaires de ȴQSRXUSUHQGUHODERQQHG«FLVLRQ} Les modèles servent
Dépister les risques d’athérosclérose l’œil. Les globules DXVVL¢RULHQWHUOHFKLUXUJLHQGDQVOHFKRL[GHVGL΍«UHQWHV
rouges doivent
Considérer les poumons et le système vasculaire comme techniques possibles.
se déformer pour
GHVREMHWVU«JLVSDUODP«FDQLTXHGHVȵXLGHVYRLO¢XQHLG«H circuler dans ces
Bien d’autres pathologies peuvent être traitées par
loin d’être évidente il y a encore quinze ans. Mais aujourd’hui, vaisseaux parfois cette approche biomécanique : les sténoses, ces rétrécis-
GHSOXVHQSOXVGHP«GHFLQVFRPSUHQQHQWOHVE«Q«ȴFHV deux fois plus sements inhabituels de vaisseaux, ou encore les ané-
qu’ils peuvent tirer de cette approche. Un exemple révéla- petits qu’eux. vrismes, ces dilatations anormales de la paroi d’une artère.
teur : l’athérosclérose. Cette Objectif des physiciens dans ce dernier cas : évaluer la ré-
maladie vasculaire se carac- partition des pressions et la résistance des parois pour si-
térise par le dépôt d’une tuer le point faible et tenter de prédire où et quand l’ané-
plaque composée essentiel- vrisme va céder. Une fois le diagnostic posé, les calculs
lement de graisses sous la SHUPHWWHQWO¢HQFRUHGHSODQLȴHUOHJHVWHFKLUXUJLFDO
paroi interne d’une artère. Dans leur quête d’une description complète des écou-
Grâce aux simulations lements biologiques, les physiciens ne se focalisent pas
© DOCSTOCK/KAGE/BSIP

numériques et aux ma- seulement sur les plus gros vaisseaux. Ils étudient aussi le
quettes du réseau sanguin déplacement du sang dans des capillaires de quelques
réalisées par les physiciens, micromètres de diamètre seulement. m‚FHWWH«FKHOOHOH
on sait maintenant que ȵXLGHQHVȇ«FRXOHSOXVGHPDQLªUHKRPRJªQH précise Anne-
le développement de ce Virginie Salsac, du laboratoire Biomécanique et bioingénie-
trouble est lié en grande partie aux contraintes méca- rie2 , à Compiègne. Cela est dû au fait que le sang est com-
niques qui s’exercent sur les parois des artères. « En aval posé de cellules, et notamment de globules rouges, en
GȇXQHELIXUFDWLRQGXU«VHDXVDQJXLQOHȵX[UDOHQWLWex- VXVSHQVLRQ3RXUVHIUD\HUXQFKHPLQGDQVOHVFDSLOODLUHV
plique Gwennou Coupier, du Laboratoire interdisciplinaire qui à certains endroits sont deux fois plus petits qu’eux, ces
de physique1, à Saint-Martin-d’Hères. Résultat : certaines derniers doivent se déformer. De leurs déformations dé-
cellules, les globules blancs en particulier, qui ne sont pas pendront les propriétés de l’écoulement sanguin. »
emportées par le courant à cet endroit, pénètrent dans la
paroi de l’artère, favorisant ainsi la croissance d’une plaque, Diagnostiquer le paludisme
à l’origine de la maladie. » Forts de ce constat, les médecins /HVVFLHQWLȴTXHVVRXKDLWHQWWLUHUSDUWLGHFHWWHREVHUYDWLRQ
peuvent désormais élaborer un diagnostic précoce de pour diagnostiquer certaines maladies tel le paludisme. « Le
FHWWHD΍HFWLRQSRXUGHVVXMHWV¢ULVTXH‚SDUWLUGHOD moustique responsable de cette maladie injecte un parasite
TXLPRGLȴHOHVSURSUL«W«VP«FDQLTXHVGHVJOREXOHVURXJHV
8QLW«&1568-)8QLW«&15687&8QLW«&1568&%/&HQWUDOH/\RQ&3(/\RQΖ16$/\RQ explique Magalie Faivre, de l’Institut des nanotechnologies

CNRS LE JOURNAL
46
EN ACTION

8Q)UDQ§DLVVXUGL[VRXIIUH
de troubles de l’odorat PAR LAURE CAILLOCE

L HFKLIIUHYLHQWGHWRPEHUGHV)UDQ§DLV
souffriraient de troubles olfactifs. C’est le résultat
de la plus vaste étude sur l’olfaction jamais menée dans
l’Hexagone et à laquelle CNRS Le journal s’est associé1.

k6&Ζ(1&(3Ζ&785(&203$1<%6Ζ3
l8QWLHUVVRXIIUHG×XQG©ôFLWV©Y¨UHTX×RQDSSHOOH
DQRVPLHHWGHX[WLHUVG×XQG©ôFLWSOXVO©JHUO×K\SRVPLH{
UDFRQWH0RXVWDID%HQVDôGX&HQWUHGHUHFKHUFKHHQ
neurosciences de Lyon2&HFKLIIUHLQ©GLWQHVXUSUHQGSDV
WRWDOHPHQWOHVFLHQWLôTXHl-XVTX× SU©VHQWOHV©WXGHV
menées aux États-Unis et en Allemagne sur des
©FKDQWLOORQVSOXVUHVWUHLQWVGRQQDLHQWSRXUO×XQHHW
de Lyon3 . Ces derniers, qui étaient mous et déformables, SRXUO×DXWUH2QHVWGRQFGDQVXQPR\HQWHUPH{
deviennent rigides. Résultat : ils se bloquent dans les capil- Autre résultat de cette étude menée auprès de
laires, avec des conséquences parfois graves. » KRPPHVHWIHPPHV¢J©VGH DQV O×LQVWDU
D’où l’idée de la chercheuse et de son équipe de déve- GHODYXHRXGHO×DXGLWLRQO×RGRUDWOXLDXVVLVXELWO×RXWUDJH
lopper un dispositif qui utilise la déformabilité des globules des ans. « La prévalence des troubles olfactifs augmente à
rouges pour détecter la présence du paludisme. « Notre SDUWLUGHDQVSRXUDWWHLQGUHGHODSRSXODWLRQDSU¨V
GLVSRVLWLIPLFURȵXLGLTXHHVWFRQVWLWX«GȇXQFDQDOGHWDLOOH DQV{LQGLTXHOHFKHUFKHXU/HVKRPPHVHWOHVIHPPHV
micrométrique qui se rétrécit à intervalle régulier, explique- QHVRQWFHSHQGDQWSDVORJ©V PªPHHQVHLJQHVHXOHV
t-elle. On y injecte du sang et on mesure le déplacement de GHVIHPPHVGHSOXVGHDQVVHUDLHQWDIIHFW©HV
chaque globule rouge d’un bout à l’autre du canal : capables FRQWUHGHVKRPPHV/HSRXUTXRLUHVWHHQFRUH
GHVHG«IRUPHUIDFLOHPHQWOHVJOREXOHVVDLQVYRQWYLWHɋOHV à déterminer… D’autres résultats devraient émerger
globules infectés, eux, vont beaucoup plus lentement. » GHFHWWH©WXGHULFKHGHSOXVGHSDUDP¨WUHV
Aujourd’hui, l’équipe teste son outil avec du sang dont ¢JHVH[HSRLGVF\FOHPHQVWUXHORXJURVVHVVHSRXU
XQHSDUWLHGHVJOREXOHVURXJHVD«W«PRGLȴ«HSRXULPLWHU OHVIHPPHVPDLVDXVVLSURIHVVLRQOLHXG×KDELWDWLRQ
les cellules infectées par le parasite. L’année prochaine, les ou encore addiction au tabac. l2QVRXS§RQQHO×RGRUDW
essais commenceront sur des échantillons de sang patho- G×DYRLUXQHLQõXHQFHGLUHFWHVXUQRWUHID§RQGHQRXV
logique. Et d’ici à cinq ans, les chercheurs espèrent tester DOLPHQWHULQGLTXH0RXVWDID%HQVDôLes récepteurs
le dispositif, qui à terme fera la taille d’une carte à puce, dans olfactifs situés dans le nez sont également sollicités
les pays touchés par le paludisme. par la voie rétro-nasale – par le palais pour le dire
Une fois opérationnelle, la technique présentera de simplement ! – et participent pleinement au plaisir
QRPEUHX[DWRXWV3UHPLHUDYDQWDJHRQVHUDTXDVLPHQW GHODG©JXVWDWLRQ{/HVFKHUFKHXUVQRWHQWG×RUHV
certain de la présence du parasite. Ce qui n’est pas le cas et déjà un recours plus fréquent aux condiments
avec la technique biochimique qui vise à détecter une FKH]OHVSHUVRQQHVVRXIIUDQWGHG©ôFLWROIDFWLI
protéine libérée par le parasite. « On n’est pas à l’abri de « Comme si elles essayaient de compenser Comme le
faux positifs avec cette méthode, car la protéine peut la perte de goût des aliments en provoquant JR»WO×ROIDFWLRQ
persister dans le sang même quand les parasites ont été de nouvelles sensations.{ Les résultats participe
pleinement
éliminés par des médicaments », souligne Magalie Faivre. de cette étude sur l’olfaction sont disponibles
au plaisir de
Autre avantage : en mettant en évidence deux types de sur www.olfaction.cnrs.fr. II
la dégustation.
globules rouges, on pourra mesurer la proportion
de cellules infectées. Un paramètre important pour choi-
sir le traitement à administrer. Encore une découverte
TXLSURXYHTXHODP«FDQLTXHGHVȵXLGHVQȇDSDVȴQLGH
IDLUHSURJUHVVHUODP«GHFLQHbII
k..$60$86.Ζ&25%Ζ6

Lire l’intégralité de l’article


sur lejournal.cnrs.fr

 CNRS Le journal s’est associé à cette étude en distribuant plusieurs dizaines de milliers de tests via
VRQ«GLWLRQSDSLHUGHOȇDXWRPQH8QLW«&156ΖQVHUP8&%/8QLY-HDQ0RQQHW6DLQW‹WLHQQH

AUTOMNE 2015 N° 282


47
EN ACTION

© Y. TENNEVIN/WIKIMÉDIA COMMONS/CC BY-SA 3.0


© E. LAAGE-COGNE
Damien Laage Raphaël Granier de Cassagnac
© DR

Élisabeth Herniou

© DR
Fanny Meunier

Comment ils ont vécu


l’aventure de l’ERC
Europe. Grâce à cette bourse d’excellence,
les jeunes chercheurs expérimentent la gestion
de projets d’envergure.
PAR CLAIRE DEBÔVES

Rien n’est parfait, mais rien ne vaut l’on fait peu en temps normal, j’ai dé- reconnaissante à tous ceux qui y ont
Oȇ(5&ɋ} Le mot de Damien Laage, lau- couvert une recherche moins étri- contribué », indique Élisabeth Herniou,
U«DW 6WDUWLQJ *UDQWb  GH quée », explique-t-elle. Une recherche 6WDUWLQJ*UDQWbSRXUVRQSUR-
l’European Research Council (ERC) plus ouverte donc et qui rend possible MHWmb*HQRYLUDGDSWDWLRQGHVJ«QRPHV
résume bien l’état d’esprit des cher- l’erreur, comme le raconte Damien YLUDX[¢OȇLPPXQLW«GHVLQVHFWHVb}
cheurs face à ce programme euro- Laage, porteur d’un projet sur la cata- Avec des équipes de quatre à sept
péen parmi les plus prisés. Et pour lyse enzymatique dans les solvants personnes, chaque bourse ERC crée
cause, puisqu’il permet de réaliser un organiques (EOS) : « Nous sommes GHOȇHPSORLVFLHQWLȴTXHȐTXLSDUIRLV
rêve : travailler sur le sujet de son partis avec le modèle standard de la G«ERXFKHVXUGHVSRVWHVȴ[HVQR-
choix pendant cinq ans grâce à une littérature, qui s’est révélé largement tamment dans l’équipe de Fanny
bourse qui dépasse souvent le million faux au bout de deux ans. Mais ce ré- Meunier. Toujours est-il qu’étant attri-
d’euros. Qu’est-ce que cela change sultat est aussi une avancée scienti- buée d’abord à un individu, l’ERC a des
GDQVODYLHGȇXQFKHUFKHXUɋ" ȴTXHHWQRXVDYRQVUHERQGLHWG«YH- répercussions importantes sur le por-
Pour Fanny Meunier, Starting loppé un nouveau modèle. » teur du projet. « Cette bourse nous
*UDQWb« décrocher l’ERC est confère une reconnaissance incontes-
extraordinairement stimulant, cela Une opportunité unique tée, une lisibilité sur notre théma-
donne envie de réussir ». D’un point de /ȇ(5&R΍UHDXVVLDX[FKHUFKHXUVXQ tique ainsi qu’une dimension interna-
YXHVFLHQWLȴTXHWRXWGȇDERUG$YHFVRQ contexte de travail idéal avec la possibi- tionale », constate Damien Laage.
projet SpiN, consacré à la compréhen- lité, rare, de constituer leur propre Concrètement, l’ERC s’apparente à un
sion de « la parole bruitée », un sujet équipe. « Les ingénieurs et techniciens accélérateur de carrière : recrutement
nouveau situé au carrefour de la lin- (IT) parmi les plus motivés de mon labo- à un poste stable et passage dans le
guistique, de la psycho-acoustique et ratoire se sont passionnés pour mon corps des directeurs de recherche en
de la médecine, elle a pu se frotter pour projet, ce qui a créé une belle synergie sont les signes les plus fréquents.
de vrai à l’interdisciplinarité. « En sui- avec les jeunes chercheurs recrutés
vant des pistes parallèles et en explo- sur le contrat. Mon ERC a été un véri- La rançon du succès
rant de nouvelles approches, ce que table travail collectif et je suis très Cependant, l’ERC ne se résume pas à
un conte de fées, les chercheurs en
1. Financement supplémentaire accordé aux lauréats ERC pour asseoir le potentiel innovant des idées résultant
G«FRXYUHQWDXVVLOHVH΍HWVFROODW«UDX[
de leurs projets de recherche exploratoire. négatifs. Tout d’abord, au moment où

CNRS LE JOURNAL

EN ACTION

Une cellule pour accompagner les lauréats


« Certains chercheurs considèrent que HXURS«HQV&RPSRV«HGHUHVSRQVDEOHV
le CNRS leur impose des contraintes de la Direction Europe de la recherche
administratives trop rigoureuses dans et coopération internationale (Derci)
il se voit distingué, l’heureux lauréat le cadre des projets européens. En fait, et de la Mission pilotage et relations avec
peut paradoxalement se retrouver loin d’être plus royaliste que le roi, les délégations régionales et les instituts
le CNRS cherche en permanence à alléger (MPR), cette cellule facilitera encore les
isolé. « Dans notre système, on n’est
FHVFRQWUDLQWHVȴ[«HVSDUOHVLQVWDQFHV relations entre délégations régionales
pas habitué à ce qu’un jeune ait autant HXURS«HQQHVΖOH[LVWHG«M¢GHQRPEUHX[ et porteurs de projet ERC. »
de moyens tout d’un coup », note dispositifs aidant comme la cellule Europe,
Damien Laage. Ensuite, cet apport les correspondants en institut, les services PHILIPPE ROUSSIGNOL,
ȴQDQFLHUQȇHVWSDVVDQVFRQV«TXHQFH partenariats et valorisation en région point de contact national ERC
sur le laboratoire tout entier. « Même si ainsi que les ingénieurs projets européens.
cela n’a pas été mon cas, je pense Pour aller plus loin, nous venons de créer
qu’une ERC peut déstabiliser un labo- une cellule ERC pilotée par Patrick Netter,
ancien directeur de l’Institut des sciences
ratoire. Le regard que l’on porte sur &RQWDFWHUODFHOOXOH(5&b
ELRORJLTXHVFKDUJ«GHPLVVLRQDXSUªV
vous change immédiatement et il faut GXSU«VLGHQWVXUOHVSURMHWVGȇH[FHOOHQFH cellule-erc@cnrs-dir.fr
garder la tête froide », ajoute Raphaël
Granier de Cassagnac, lauréat Starting
*UDQWb  SRXU VRQ SURMHW
d’étude du plasma de quarks et de
gluons dans le cadre de l’expérience
CMS du LHC. Pour Fanny Meunier l’ex-
S«ULHQFHDSDUIRLV«W«GLɝFLOH « En
ODTXHVWLRQGHVUHWRPE«HVGȇXQH
bourse ERC sur les laboratoires était
nouvelle : moyens, postes, pres-
tige, etc., autant de sujets qui peuvent
créer des convoitises, voire du rejet. »
Autre impact possible, l’ERC en poche,
mRQQȇHVWSOXVSULRULWDLUHSRXUOHVȴ-
nancements alors que des budgets

© 2010 CERN, FOR THE BENEFIT OF THE CMS COLLABORATION


complémentaires sont parfois néces-
saires », signale Damien Laage.

Le syndrome de Cendrillon
4XLGGHOȇDSUªV(5&ɋ" « Aux douze
coups de minuit, il ne reste plus que
la citrouille, sourit Damien Laage, qui
incite ses collègues à ne pas se repo-
ser sur leurs lauriers. Il faut absolu-
ment continuer à déposer des pro-
jets. » Par exemple, Élisabeth Herniou
a sollicité les services du CNRS (ser- DSSUHQWLVVDJHȐȴQDOHPHQWWUªVXWLOH accompagnée dans ces nouvelles Une des
premières
YLFHSDUWHQDULDWHWYDORULVDWLRQHWȴOLD pour la suite de notre parcours, assure activités », raconte Fanny Meunier. De
collisions
le de valorisation Fist SA) pour candi- Élisabeth Herniou. Nous passons un même, les chercheurs soulignent
plomb-plomb
dater à une ERC Proof of concept1. FDSDXQLYHDXVFLHQWLȴTXHHQP¬PH tous l’importance du NLFNR΍PHHWLQJ observée par
« J’ai monté un projet de brevet grâce temps que nous apprenons à recruter réunion de lancement du projet ERC le détecteur
à l’aide du CNRS. C’est une démarche et à gérer une équipe, à assumer les TXLSHUPHWDX[VFLHQWLȴTXHVHWDX[ CMS dans le
WRWDOHPHQWGL΍«UHQWHDYHFGHVDV- DVSHFWVȴQDQFLHUVHWDGPLQLVWUDWLIV administratifs partenaires du projet cadre du projet
SHFWVGHEXVLQHVVHWGHPDUNHWLQJȐ qui sont loin d’être négligeables. » de faire connaissance. « Avoir de de Raphaël
C’était la suite inattendue, mais logi- bonnes relations avec nos interlocu- Granier de
Cassagnac.
TXHGHPHVU«VXOWDWVɋ} Une aide administrative concrète teurs administratifs est essentiel. On
Malgré tout, de l’aveu unanime des À cet égard, l’administration du CNRS trouve toujours des solutions, assure
chercheurs, suivre un projet ERC pen- apporte une aide concrète. « Les ges- Raphaël Granier de Cassagnac. Par
dant cinq ans est extrêmement for- tionnaires en laboratoire, à la déléga- exemple, j’ai pu enseigner six mois
mateur. m/HVGLɝFXOW«VUHQFRQWU«HV tion, les services partenariat et valo- aux États-Unis tout en continuant
et surmontées font partie d’un risation ont été à l’écoute et m’ont à gérer le projet. »bII

AUTOMNE 2015 N° 282



EN ACTION

 KWWSSDQHOFDHQK\SRWKHVHVRUJ

Lire l’intégralité de l’article


sur OHMRXUQDOFQUVIU

Du lycée au bureau,
que deviennent nos réseaux ? PAR /$85(&$Ζ//2&(

WHFKQRORJLTXHDYHFXQEDFSURHQOLJQHGHPLUHɋXQWLHUVVH
trouvait en stage d’insertion professionnelle.
Sociologie. Vingt ans durant, des chercheurs ont suivi 3UHPLHUFRQVWDWODWDLOOHHWODQDWXUHGXU«VHDXYDULHQW
XQJURXSHGHO\F«HQVGH&DHQDȴQGHG«ȴQLUFRPPHQW considérablement d’un individu à l’autre. « Le plus petit ré-
seau compte 6 personnes, famille comprise, et le plus grand,
OȇHQWU«HGDQVODYLHDGXOWHDYDLWXQLPSDFWVXUOHU«VHDX ɋ}Vȇ«WRQQHHQFRUH&ODLUH%LGDUW&HUWDLQVU«VHDX[VRQW
UHODWLRQQHOHWU«FLSURTXHPHQW8QDQQLYHUVDLUHF«O«EU« GLWVGHQVHVOHVUHODWLRQVGȇXQHP¬PHSHUVRQQHVHIU«TXHQ
FHVMRXUVFLDYHFFHVMHXQHVGHYHQXVTXDGUDV WHQWHQWUHHOOHV'ȇDXWUHVVRQWSOXVGLVSHUV«VRQIU«TXHQWH
ses amis un par un. « Un réseau dense
donne une forte inscription sociale,
commente la sociologue, mais il peut
se révéler limitant. Un réseau segmen-
té fournit l’opportunité de recueillir des
DYLVGL΍«UHQFL«VGHVLQIRUPDWLRQVLQ«-
dites et d’être plus innovant dans ses
FKRL[GHYLH}

'HX[IDFWHXUVFO«V
Comme le pressentait la sociologue,
k&%Ζ'$57/(67$Ζ;0$56(Ζ//(81Ζ9&156

l’âge est un facteur clé dans l’évolu-


WLRQGHVU«VHDX[‚ODVRUWLHGXO\F«H
les jeunes perdent une grande partie
de leurs connaissances. Moins nom-
breuses, les relations gagnent en
qualité, les jeunes adultes privilégiant
les liens avec les « vrais » amis et
la famille. L’installation en couple
PDUTXHXQHDXWUH«WDSHbRQSDUWDJH
Le réseau des
relations d’Agnès,
LFLVLPSOLô©HVW
4
b uand elle a démarré son projet, en 1995, la sociologue
Claire Bidart1 était loin d’imaginer qu’elle continuerait
ses relations avec son partenaire et le réseau s’enrichit
de ses amis et de sa famille. L’arrivée d’un enfant réactive,
de publier des articles sur le « Panel de Caen » vingt ans HOOHOHVOLHQVIDPLOLDX[HWKRPRJ«Q«LVHOHVU«VHDX[DYHF
le plus grand après. Ce groupe de lycéens a été étudié sur le long terme l’irruption d’autres couples de jeunes parents. La catégo-
de l’étude, avec
DȴQGHG«WHUPLQHUOHV«YROXWLRQVGHVU«VHDX[GȇDPLVHW rie sociale est l’autre déterminant clé. Les jeunes adultes
132 personnes.
Pour une relations de chacun au moment du passage à l’âge dont les parents sont de catégorie socioprofessionnelle
question de DGXOWHȐ(WFHQȇHVWSDVȴQLbXQHQRXYHOOHYDJXHGȇHQ- VXS«ULHXUHRQWHQPR\HQQHGHVU«VHDX[SOXVJUDQGVHW
lisibilité, Agnès TX¬WHVYLVHPDLQWHQDQW¢«YDOXHUOȇLQȵXHQFHGH)DFHERRN plus dissociés. m'DQVFHVPLOLHX[RQDWRXMRXUVYXOHV
Q×\ôJXUHSDV sur le réseau relationnel 2 . parents ramener du monde à la maison, note Claire
Bidart. Surtout, plus on a de loisirs, plus on a de chances
3OXVGHɋUHODWLRQVU«SHUWRUL«HV GHQRXHUGHVUHODWLRQVGLYHUVLȴ«HV}
Le réseau relationnel, c’est l’ensemble des liens que l’on (QȴQOH3DQHOGH&DHQPRQWUHOHU¶OHHVVHQWLHOGHVOLHQV
tisse avec sa famille, ses amis, camarades de classe, collè- dits faibles. « Pour certaines décisions importantes, comme
gues, copains du foot… Pour le voir évoluer dans le temps, faire un enfant, certaines personnes préféreront demander
la chercheuse et son équipe ont réalisé tous les trois ans XQFRQVHLO¢GHVFROOªJXHVSDUH[HPSOHTXLDXURQWXQUHJDUG
une « photographie » du réseau de chacun des panélistes. plus détaché », note la sociologue. Ces liens faibles, peuvent
$XWRWDObU«VHDX[RQW«W«GHVVLQ«VHWSOXVGHɋbUHOD également illustrer d’autres « ailleurs » possibles, que ce soit
WLRQVRQW«W«G«FULWHVSDUOHVFKHUFKHXUV$ȴQGHGLVSRVHU sur le plan personnel ou professionnel. Attention cepen-
GȇXQ «FKDQWLOORQ GLYHUVLȴ« OD VRFLRORJXH D FKRLVL VHV GDQWVLOHVOLHQVIDLEOHVDSSRUWHQWGHOȇLQIRUPDWLRQQRXYHOOH
« témoins » dans trois univers distincts. Un tiers s’apprêtait ce sont les liens forts qui conditionnent la réussite d’un
¢ SDVVHU VRQ EDF J«Q«UDOɋ XQ WLHUV «WDLW HQ ILOLªUH SURMHWHQDSSRUWDQWXQVRXWLHQPDW«ULHOHWD΍HFWLIbII
/DERUDWRLUHGȇ«FRQRPLHHWGHVRFLRORJLHGXWUDYDLO &156$L[0DUVHLOOH8QLY /ȇ«WXGHVXU)DFHERRNHVWPHQ«HHQ
FROODERUDWLRQDYHFOH/LVVWGH7RXORXVHGDQVOHFDGUHGX/DEH[606/HVSUHPLHUVU«VXOWDWVVHURQWSXEOL«VFRXUDQW

CNRS LE JOURNAL

EN ACTION

Un logiciel
pour décrypter la politique
PROPOS RECUEILLIS PAR /
 <'Ζ$%(1<7=+$.

9RXVDYH]UH©XXQ*RRJOH$ZDUG presse. Je travaille sur la notion d’événe- UHVWHUHODWLYHPHQWFRQWU¶O«2QSRXUUDLW


SRXUYRWUHORJLFLHOm(YHQWWKUHDG ment. Ainsi, si l’utilisateur veut la liste des imaginer que ce type d’outil participe à l’uni-
H[WUDFWLRQIRUYLHZSRLQWDQDO\VLV} événements importants sur le Printemps formisation de la pensée, mais on constate
FDSDEOHGHUHSU«VHQWHUOHVRSLQLRQV arabe, le système va chercher les articles déjà que le IDFWFKHFNLQJ empêche les poli-
GHVFRXUDQWVSROLWLTXHVHWGH GHMRXUQDX[G«ȴQLUFHTXLHVWOHSOXVLP- WLTXHVGHWUDQVPHWWUHGHVFKL΍UHVHUURQ«V
OHXUVPHPEUHV(QTXRLFRQVLVWH portant et fournir une chronologie (projet Le but de cette application est d’aider les
OHWUDLWHPHQWDXWRPDWLTXHGHV ANR Chronolines). journalistes et les citoyens à comprendre
ODQJXHV 7$/ ɋ" comment et pourquoi les politiques ne
Xavier Tannier : Il s’agit d’une discipline 4XHOW\SHGȇLQIRUPDWLRQV disent pas ce qu’ils pensent, mais répètent
GHOȇLQWHOOLJHQFHDUWLȴFLHOOHTXLDSRXUEXW WUDLWH]YRXVɋ" ce qui est formaté selon chaque parti.
GȇDQDO\VHUOHODQJDJHKXPDLQ'HVH[HPSOHV ;ɋ71RXVFROOHFWRQVXQPD[LPXPGHGRQ- Typiquement, ce projet permettra de re-
d’applications sont la traduction automa- nées pour étudier ces phénomènes parmi marquer comment, sur une question euro-
tique, la correction orthographique, le ré- des articles de presse, des déclarations de péenne, des partis que tout oppose en
VXP«DXWRPDWLTXHOȇH[WUDFWLRQGȇLQIRUPD- personnalités politiques, des sites Web et apparence adoptent la même ligne.
WLRQODIRXLOOHGHWH[WH0RQODERUDWRLUHOH des comptes Twitter. Le but étant de collec-
Limsi1, travaille sur presque tous ces do- ter sur un événement ou un sujet les décla- 4XHOHVWOȇ«WDWGȇDYDQFHPHQWGX
maines, ainsi que sur le traitement du lan- rations et de les répartir sur l’échiquier poli- SURMHWHWVHUDWLOFRPPHUFLDOLV«ɋ"
gage parlé. Je m’attache, pour ma part, à tique. Nous allons nous concentrer sur les ;ɋ7 Le projet récompensé en tant que tel
OȇDQDO\VHGHJUDQGHVTXDQWLW«VGHWH[WHV éléments de langage ou sur les réactions QȇH[LVWHSDVHQFRUH1RXVHQVRPPHV¢OD
SRXUHQH[WUDLUHGHVLQIRUPDWLRQVSHUWL- des partis qui sont assez diserts sur les évé- phase de collecte de fonds, qui commence
nentes pour une situation donnée. L’outil QHPHQWVVHQVLEOHVHWUHS«UHUDLQVLFHX[TXL SOXW¶WELHQSXLVTXHOȇ$JHQFHQDWLRQDOHGH
que nous avons créé permet d’organiser Vȇ«FDUWHQWGXGLVFRXUVLPSRV«¢GHVȴQVGH ODUHFKHUFKHYLHQWGȇDFFHSWHUGHȴQDQFHU
GHVWH[WHVGHID©RQ¢PLHX[G«FU\SWHUOHV stratégie politique. Souvent, on a un cou- FHSURJUDPPH SURMHW$15&RQWHQW&KHFN 
opinions et les rapports de force dans UDQWSULQFLSDODɝFK«SDUXQSDUWLHWGHX[ /H*RRJOH$ZDUGTXLR΍UHXQVRXWLHQȴQDQ-
le monde politique. ou trois personnalités qui vont tenir un lan- cier sur un an pour un travail en cours, est
JDJHFRPSOªWHPHQWGL΍«UHQWDXVHLQGHFH symboliquement très important pour nous,
&RPPHQWHVWQ«HOȇLG«HGHFHSURMHWɋ" même parti. Sur le sujet de la laïcité, on peut mais moins que l’ANR en termes de retom-
;ɋ7 Il s’agit d’une collaboration avec Ioana le mesurer, et c’est encore plus visible sur E«HVȴQDQFLªUHV-HSHQVHTXHOȇDSSOLFDWLRQ
Manolescu, de l’Inria, et l’équipe des des sujets tels que le mariage pour tous. sera gratuite, elle n’a pas vocation à être
Décodeurs du journal /Hb0RQGH dirigée commercialisée dans l’immédiat, car il s’agit
par Samuel Laurent, qui se consacre au 9RWUHPDW«ULHOGHG«SDUWHVWWRXWHIRLV GȇXQWUDYDLOGHUHFKHUFKHbII
IDFWFKHFNLQJ Cette pratique très répandue WUªVIRUPDW«Ȑ
GDQVOHVMRXUQDX[FRQVLVWHSDUH[HPSOH¢ ;ɋ7(QH΍HWQRXVSUHQRQVHQFRPSWH
Y«ULȴHUODY«UDFLW«GHVG«FODUDWLRQVGȇXQ VHXOHPHQWOHVWZHHWVOL«VDX[FRPSWHVGHV
k*:$7(56*(77<Ζ0$*(6

homme politique. Le TAL est particulière- personnalités politiques. Le vocabulaire y Lire l’intégralité de l’interview
ment adapté à l’analyse des articles de est un tout petit peu plus débridé, mais cela sur OHMRXUQDOFQUVIU

/DERUDWRLUHGȇLQIRUPDWLTXHSRXUODP«FDQLTXHHWOHVVFLHQFHVGHOȇLQJ«QLHXUGX&156

AUTOMNE 2015 N° 282


51
EN ACTION

STS Forum,
le « Davos de la science »
International. Chaque mois d’octobre, le Japon réunit des personnalités
de la recherche, de la politique et de l’industrie venues du monde entier.
Retour sur cet événement peu médiatisé mais très prisé.
PAR LOUISE LIS

5
b
endez-vous le 2 octobre 2016. Les participants au
forum Science and Technology in Society (STS) ont pris
date pour la prochaine session de ces rencontres qui
se déroulent depuis douze ans à Kyoto, au Japon, chaque
premier dimanche d’octobre sous la présidence vigilante de
son fondateur, Koji Omi. À 83 ans, l’ancien ministre des
Finances en 2006-2007 du précédent gouvernement Abe
SHXWVHȵDWWHUGȇDYRLUU«XVVLVRQSDULDWWLUHUSOXVLHXUVFHQ-
WDLQHVGHSHUVRQQDOLW«VLQȵXHQWHVGXPRQGHHQWLHULVVXHV
GHODUHFKHUFKHGHODSROLWLTXHHWGHVD΍DLUHVSRXUXQ
« Davos de la science » dans l’ancienne capitale impériale.
Rien dans ce rendez-vous annuel n’est laissé au hasard.

Un rendez-vous inclassable
Peu connu, peu médiatisé, le STS Forum n’en reçoit pas
moins chaque année un panel impressionnant de prési-
dents d’université et d’organismes de recherche parmi
lesquels le MIT, le CNRS, Leibniz-Gemeinschaft, l’Institute
for Basic Science (IBS), Karolinska Institutet, Riken, l’Aca-
démie des sciences russe et son homologue de Singapour,
pour deux jours de débats et de rencontres avec un aréo-
page de ministres et grands noms de l’industrie. Coca-Cola
y côtoie E.ON et Lockheed, ainsi que quelques-uns des
ȵHXURQVGHOȇLQGXVWULHMDSRQDLVH4XHOTXHVXQVPDLV
SDVWRXV&DUFȇHVWXQHGHVUªJOHVLQVWDXU«HSDU.RML2PL
SDVSOXVGHɋGH-DSRQDLV8QTXRWDTXLQȇDSDV«W«
sans provoquer des grincements de dents, rappelle
Cérémonie
malicieusement Hiroshi Matsumoto, président du Riken et d’ouverture
coprésident avec le président du CNRS, Alain Fuchs1,du du STS Forum.
Global Summit of Research Institute Leaders, rencontre
associée au forum depuis quatre ans.
0DLVXQm'DYRVGHODVFLHQFH}SRXUTXRLIDLUHɋ"« Pour
GLVSRVHUGȇXQFDGUHGHWUDYDLOR»OHVVFLHQWLȴTXHVOHVSROL-
tiques et les industriels parlent à égalité », répond Koji Omi
pour qui mOHSURJUªVVFLHQWLȴTXHHVW¢ODIRLVXQHERQQHHW
une mauvaise chose. Tout dépend du problème posé ».
Chercheurs
Cette vision mâtinée de pensée orientale, qui rappelle participant à un
FRQVWDPPHQWTXHOHVTXHVWLRQVVFLHQWLȴTXHVGRLYHQW¬WUH
© STS FORUM

groupe de travail
DERUG«HVSDUOHXUVGHX[IDFHVȂbVRPEUHHWOXPLQHXVHbȂHVW sur la thématique
ODPDUTXHGHIDEULTXHRULJLQHOOHGX676b)RUXPDVVXUH de l’océan.

1. Alain Fuchs est également membre du conseil du STS Forum qui réunit 81 personnalités issues de 28 pays. Ce conseil se réunit trois
fois par an, dont une à Washington en janvier avec la NAAS, une au printemps en Europe et une en octobre au Japon.

CNRS LE JOURNAL
52
EN ACTION

<X6HUL]DZDODGLUHFWULFHGHVD΍DLUHVLQWHUQDWLRQDOHVGX
IRUXP/HFRXUWSURSRVTXLRXYUHOHSURJUDPPHGHb
VLJQ«.RML2PLQHVȇLQWLWXOHWLOSDVm/LJKWVDQGVKDGRZV}ɋ"

2EMHFWLIbSDUWDJHUOHVH[S«ULHQFHV
Nul ne peut s’inscrire au forum, on y est invité. Les parti-
FLSDQWVQȇ\H[SULPHQWSDVXQHSRVLWLRQRɝFLHOOHGHOHXU
organisme ou entreprise, mais leurs vues personnelles et
leurs opinions. Les gouvernements et autres policy ma-
kers forment la troisième partie de ce triptyque. La dis-

© CNRS
crétion du STS Forum n’a rien de volontaire. C’est le sort
de ces grands rendez-vous internationaux qui échappent Le président du CNRS, Alain Fuchs, le Premier ministre
aux logiques éditoriales, remarque Yu Serizawa. Après japonais, Shinzo Abe, et le fondateur du forum, Koji Omi.
avoir travaillé de longues années pour le World Economic
Forum de Davos, celle-ci a été appe- perspectives »,U«VXPHWLO/H676)RUXPOXLR΍UHOȇRFFD-
lée par Koji Omi pour réaliser le STS sion de se recentrer sur l’Asie.
)RUXP0¬PHVȇLOHVWWUDGLWLRQQHOOH- 7URSDVLDWLTXHOH676)RUXPɋ"9RLO¢ « huit ou neuf
ment ouvert par des chefs de gouver- ans » que Matthias Kleiner, président de la Leibniz-
nement – comme cette année avec le *HPHLQVFKDIWHVWȴGªOH¢FHUHQGH]YRXVTXLR΍UHVHORQ
Premier ministre japonais, Shinzo lui « un réseau établi ». Mais, s’il est vrai que les Asiatiques
Abe, le vice-Premier ministre de sont nombreux au forum, Matthias Kleiner juge, lui, que
la Fédération de Russie, Arkady mbOHV‹WDWV8QLV\MRXHQWXQU¶OHLPSRUWDQW}Or il estime
Dvorkovich, le Premier ministre du Sri qu’il doitmbUHVWHUDWWUDFWLISRXUOHV(XURS«HQV}Le pré-
Lanka, Ranil Wickremesinghe, ainsi sident de la Leibniz-Gemeinschaft aimerait aussi y voir
que le Premier ministre français, GDYDQWDJHGHMHXQHVVFLHQWLȴTXHV
0DQXHO9DOOVbȂOHIRUXPQȇDULHQGȇXQ Rien d’inattendu dans les débats, qui sont ceux de leur
rendez-vous politique. Basé au Japon, WHPSVOHIXWXU«QHUJ«WLTXHVRXVWRXVVHVDVSHFWVODP«GH-
il brasse un public international. cine régénérative, l’océan, les villes intelligentes, la popula-
6FLHQWLȴTXHGDQVVRQDSSURFKHLOHVW tion, les ressources, l’Internet des objets, etc. La robotique,
sans doute trop généraliste pour atti- chère aux Japonais, comme toutes les déclinaisons possibles
rer les journalistes spécialisés. Avec autour de l’innovation abondent dans le programme. Et c’est
une cinquantaine de débats et près précisément ce qui intéresse le directeur général de Gemalto
d’un millier de participants, le STS OHDGHUHQV«FXULW«LQIRUPDWLTXH 2OLYLHU3LRXɋTXLIU«TXHQWH
Forum est inclassable. Ce qui n’enlève les rencontres depuis une dizaine d’années. Il assure y avoir
rien à son succès. introduit la thématique de la sécurité digitale il y a déjà cinq
Chacun y participe avec ses préoc- ou six ans, quand elle faisait encore peu parler d’elle.
FXSDWLRQVHQW¬WH2Q\JXHWWHOȇLQQR-
vation, les nouvelles tendances en Une grande liberté de parole
P¬PHWHPSVTXȇRQSURȴWHSRXU\ /RLQGȇ¬WUHȴJ«OH676)RUXPVȇHVW«WR΍«DXȴOGHVDQVSRXU
© STS FORUM

IDLUHHQPDUJHGXIRUXPRɝFLHOVRQ mériter encore plus son titre de « Davos de la science ».


propre marché (notamment les poli- (QbOH*OREDO6XPPLWD«W«FU««ΖOU«XQLWG«VRUPDLVXQH
tiques). Comme cette ministre sud- vingtaine de participants le temps d’une journée de travail
DIULFDLQHTXLSURȴWHGHOȇRFFDVLRQSRXUSDVVHUFRPPDQGH WUªVLQIRUPHOOH6XMHWGHOȇDQQ«HOHVUHODWLRQVHQWUHRUJD-
de formations. Ou assurer la promotion d’une réalisation nismes de recherche et universités. « L’échange d’expé-
GȇHQYHUJXUHFRPPH-RKQb5'HODQH\GHOȇXQLYHUVLW«GH riences a montré qu’il s’agissait d’une préoccupation parta-
Washington, venu présenter Neptune, un gigantesque gée avec une grande diversité de dispositifs de collaborations.
observatoire souterrain. Mais l’essentiel relève du networ- /DVROXWLRQIUDQ©DLVHGHODPL[LW« 805 LQW«UHVVHEHDXFRXS
kingHWGXSDUWDJHGȇH[S«ULHQFHV‚ODW¬WHGȇXQHLQVWLWXWLRQ de monde », relève Alain Fuchs. La liberté de parole est frap-
récente, créée pour donner de l’assise et du poids à la re- SDQWHOȇXQFULWLTXHVRQV\VWªPH« trop bureaucratique »
cherche de base, Doochul Kim, président de l’IBS de Corée, tandis qu’un autre estime que « la qualité baisse parmi les
« est venu apprendre » et « partager de l’expérience entre chercheurs sous contrat car ceux-ci sont trop courts ». Les
présidents », expériences qui « peuvent devenir des colla- GLUHFWHXUVGHODWHFKQRORJLH &KLHI7HFKQRORJ\2ɝFHUV GLV-
borations ». Néoparticipant, le président du Commonwealth SRVHQWHX[DXVVLGȇXQWHPSVGHUHQFRQWUHVS«FLȴTXHWDQGLV
6FLHQWLȴFDQGΖQGXVWULDO5HVHDUFK2UJDQLVDWLRQ &6Ζ52  qu’un « atelier » est également organisé entre chaque grand
l’Australien Larry Marshall, partage les motivations de son UHQGH]YRXVGDQVGL΍«UHQWHVU«JLRQVGXPRQGHDȴQGHIDLUH
collègue coréen. « Nous sommes loin du monde et nous vivre le forum. Après la Chine et la Thaïlande, la prochaine
avons absolument besoin de cette diversité de «WDSHVHUD%UX[HOOHV/HUHFHQWUDJHHXURS«HQHVW¢OȇĕXYUHbII

AUTOMNE 2015 N° 282


53
EN ACTION

Quatre cents gènes /LUHOȇLQW«JUDOLW«GHOȇDUWLFOH


sur lejournal.cnrs.fr

dévoilent leur fonction


Biologie. 'HVFKHUFKHXUVH΍HFWXHQWDFWXHOOHPHQW UDSSRUW¢XQHSRSXODWLRQGHFRQWU¶OH$LQVL
bOLJQ«HVGHVRXULVPXWDQWHVRQW«W«FU««HV
OȇDQDO\VHV\VW«PDWLTXHGHVJªQHVGHODVRXULVGRQW
FKDFXQH«WDQWSULY«HGȇXQVHXOJªQH8QHEDWWHULH
QRXVSDUWDJHRQVɋGXJ«QRPHDȴQGȇLGHQWLȴHU GHYLQJWH[DPHQVVWDQGDUGLV«VD«W«SDUDOOªOH-
OHU¶OHGHFKDFXQGȇHQWUHHX[ΖOVYLHQQHQWGH PHQWPLVHDXSRLQWDȴQGHG«FHOHUOHVG«ȴFLHQFHV
SXEOLHUOHXUVSUHPLHUVU«VXOWDWV SURYRTX«HVSDUOȇDEVHQFHGHFKDFXQGHVJªQHV
étudiés. m&HVH[DPHQVIRQFWLRQQHOVSHXLQYDVLIV
PAR /$85(&$Ζ//2&( SHUPHWWHQWGHWHVWHUDXVVLELHQODPRUSKRORJLH
OHP«WDEROLVPHOHV\VWªPHFDUGLRYDVFXODLUHTXH

S i l’on a depuis longtemps identifié les


ɋbJªQHVSRUW«VSDUOȇ$'1GHODVRXULV
OHVFKHUFKHXUVVRQWORLQGHFRQQD°WUHOHU¶OHGH
OHVWURXEOHVGXFRPSRUWHPHQWRXOHVIRQFWLRQV
VHQVRULHOOHVFRPPHOȇDXGLWLRQ}«QXPªUH<DQQ
+«UDXOW/HVWUDYDX[GXFRQVRUWLXP(XPRGLFRQW
chacun. m‚SHLQHXQWLHUVGHVJªQHVHVWDVVRFL« DERXWL¢XQHPRLVVRQGHG«FRXYHUWHVm6XUOHV
¢XQHIRQFWLRQ}UHFRQQD°W<DQQ+«UDXOWGLUHF- bJªQHVDQDO\V«VTXLQȇ«WDLHQWUHOL«V¢DXFXQH
WHXUGHOȇΖQVWLWXWFOLQLTXHGHODVRXULV1¢6WUDV IRQFWLRQbRQWSX¬WUHDVVRFL«V¢GHQRXYHOOHV
ERXUJXQFHQWUHGHUHFKHUFKHVS«FLDOLV«GDQV PDODGLHVFKH]OȇKRPPH} se félicite le biologiste.
OHGLDJQRVWLFFOLQLTXHHWODFU«DWLRQGHOLJQ«HV
PXWDQWHVGHVRXULV/HVTXDWUHFHQWUHVGHUHFKHU Des gènes multicartes
FKHHXURS«HQVGXSURJUDPPH(XPRGLFGRQWIDLW *U¤FH¢FHWUDYDLORQHQVDLW«JDOHPHQWSOXVVXU
SDUWLHOD&OLQLTXHGHODVRXULVRQWGRQFG«FLG«GH OHIRQFWLRQQHPHQWGHQRVJªQHVm2QVDYDLWTXH
SDVVHUDXFULEOHOHJ«QRPHGXURQJHXU/DSUH- OHVJªQHVSRXYDLHQW¬WUHLPSOLTX«VGDQVSOX-
PLªUH«WXGHSXEOL«HHQOLJQHOHbMXLOOHWGDQV VLHXUVIRQFWLRQV2QDLFLODFRQȴUPDWLRQ¢JUDQGH
Pour déceler
1DWXUH*HQHWLFV 2 VȇHVWDWWDTX«H¢bJªQHVLQ- «FKHOOHTXHFHWWHIDFXOW«DSSHO«HSO«LRWURSLH
OHVG©ôFLHQFHV
provoquées FRQQXVRXPDOFRQQXVGHVFKHUFKHXUVU«Y«ODQW QȇHVWSDVOȇH[FHSWLRQPDLVELHQODUªJOHGDQV
par l’absence ODIRQFWLRQGHSOXVGHɋGȇHQWUHHX[ OH J«QRPH} VȇHQWKRXVLDVPH <DQQ +«UDXOW
d’un gène, $XWUHU«Y«ODWLRQFRQWUDLUHPHQW¢FHTXHOȇRQ
les souris ont Une batterie de tests FUR\DLWOȇK«W«UR]\JRWLHɋQHSURWªJHSDVGȇ«YHQ- HÉTÉROZYGOTIE
été soumises 3RXUFRQQD°WUHODIRQFWLRQGȇXQJªQHODP«WKRGH WXHOOHVG«ȴFLHQFHV3RXUOHG«FRXYULUOHVFKHU- Chaque gène existe
à une batterie en double chez
ODSOXVHɝFDFHFRQVLVWH¢VXSSULPHUFHOXLFLFKH] FKHXUVRQWG«VDFWLY«VRLWXQHFRSLHGXJªQH
d’examens dont les mammifères.
XQJURXSHGȇLQGLYLGXVHW¢REVHUYHUOHVFRQV«- «WXGL«VRLWOHVGHX[FRSLHVFKH]bOLJQ«HVGH Quand les deux
des tests
de perception.
TXHQFHVGHFHPDQTXHVXUOȇRUJDQLVPHSDU VRXULVPXWDQWHV5«VXOWDWOHWDX[GHG«IDXW copies sont
REVHUY«HVWOHP¬PHTXȇLOVXEVLVWHXQHFRSLH GL΍«UHQWHV
l’individu est
GXJªQHRXSDV GLWK«W«UR]\JRWH
(QFRXUDJ«VSDUFHVU«VXOWDWVOHVVFLHQWLȴTXHV pour ce gène.
VHVRQWODQF«VGDQVOȇDQDO\VHGHɋbJªQHVVXS-
SO«PHQWDLUHV&HSURMHWLQWHUQDWLRQDOG«PDUU«HQ
GDQVOHFDGUHGHOȇΖ03& ΖQWHUQDWLRQDO0RXVH
3KHQRW\SLQJ&RQVRUWLXP GHYUDLWOLYUHUVHVU«VXO-
WDWVGȇLFL¢GHX[DQVm1RXVSHQVRQVG«FU\SWHU
OȇHQVHPEOHGHVJªQHVGȇLFLXQHGL]DLQHGȇDQQ«HV
LQGLTXH<DQQ+«UDXOWTXLSU«FLVHTXHWRXWHVOHV
GRQQ«HVSURGXLWHVVRQWOLEUHVGHGURLWVHWPLVHV
¢GLVSRVLWLRQGHODFRPPXQDXW«VFLHQWLȴTXH
k3/$7521Ζ16(50

1RXVHVS«URQVTXHOHVFKHUFKHXUVGXPRQGH
HQWLHUYRQWVHVDLVLUGHFHWWHEDVHGHGRQQ«HVHW
SRXVVHUSOXVORLQOHVDQDO\VHVSRXUOHVJªQHVTXL
OHVFRQFHUQHQWGLUHFWHPHQW}bII

/ȇΖQVWLWXWFOLQLTXHGHODVRXULVIDLWSDUWLHGHOȇΖQVWLWXWGHJ«Q«WLTXHHWGHELRORJLHPRO«FXODLUHHWFHOOXODLUH &156ΖQVHUP8QLYGH6WUDVERXUJ m$QDO\VLV


RI0DPPDOLDQ*HQH)XQFWLRQ7KURXJK%URDG%DVHG3KHQRW\SLF6FUHHQV$FURVVD&RQVRUWLXPRI0RXVH&OLQLFV}0+UDEÝGH$QJHOLVHWDO

CNRS LE JOURNAL

LES IDÉES

Comprendre le lien entre énergie et


croissance, tester les univers parallèles,
parier sur l’immunologie et se méfier
des solitudes interactives.
ILLUSTRATION : DAN PAGE/RAPPART.COM

AUTOMNE 2015 N° 282


55
LES IDÉES

La croissance,
une affaire d’énergie

N’est-il pas un peu abusif de parler d’économie


RXGHFURLVVDQFHGDQVFHFRQWH[WHɋ"
Selon l’économiste Gaël Giraud1, la *ɋ*3DVIRUF«PHQWȐ(QWRXWFDVFHVGHX[WHUPHVGHYLHQ
QHQWO«JLWLPHV¢SDUWLUGHODGHX[LªPHJUDQGH«WDSHDX
croissance dépend avant tout de notre tournant du XIIeVLªFOH&HWWH«SRTXHYRLWODPLVHHQSODFH
GȇXQSURWRFDSLWDOLVPHQDLVVDQFHGHYLOOHVDXWRQRPHV
aptitude à consommer de l’énergie.
«PHUJHQFHGHVPDUFKDQGV«ODERUDWLRQGHVSUHPLHUVU«-
Il nous explique pourquoi. VHDX[EDQFDLUHV2UTXHOFKDQJHPHQWV«SDUHUDGLFDOHPHQW
FHWWHS«ULRGHGHODI«RGDOLW«DQW«ULHXUHɋ"/DPXOWLSOLFDWLRQ
PROPOS RECUEILLIS PAR LYDIA BEN YTZHAK
des moulins sur le territoire européen. De nouveau, il s’est
DJLGHGRPSWHUXQHIRUPHGȇ«QHUJLHTXLMXVTXȇDORUVQȇ«WDLW
H[SORLW«HTXHGHPDQLªUHPDUJLQDOH7URLVLªPH«WDSHOHV
révolutions industrielles qui s’étalent du milieu du XVIIIeVLªFOH
¢ODȴQGXXIXe8QHIRLVHQFRUHOȇHVVHQWLHOFRQVLVWHHQOD
G«FRXYHUWHGHPDQLªUHVLQ«GLWHVGȇH[SORLWHUOHV«QHUJLHV
IRVVLOHV&HVWURLVMDORQVKLVWRULTXHVPDMHXUVPRQWUHQWTXH
Pouvez-vous nous expliquer sur quoi se fonde le OȇXVDJHGHOȇ«QHUJLHVȇDFFRPSDJQHQ«FHVVDLUHPHQWGHWHFK-
lien fort que vous établissez entre consommation QRORJLHVQRXYHOOHVGHIRUPHVQHXYHVGHFDSLWDOSURGXFWLI
Gȇ«QHUJLHHWFURLVVDQFHɋ" HWGHQRXYHDX[P«WLHUV/ȇ«QHUJLHQHSURGXLWGRQFSDVGH
Gaël Giraud :$YDQWGHFRQVLG«UHUODFURLVVDQFHGXb3Ζ%LO ODSURVS«ULW«SDUPDJLHODWHFKQLTXHOHFDSLWDOHWOHWUDYDLO
HVWLPSRUWDQWGHSUHQGUHXQSHXGHUHFXOɋΖO\DHQYLURQ OXLVRQWFRPSO«PHQWDLUHV&ȇHVWFHWWHFRPSO«PHQWDULW«TXL
ɋDQVOHVSRSXODWLRQVGX&URLVVDQWIHUWLOHVHV«GHQWD- GȇDSUªVPHVWUDYDX[HVWDXFĕXUGHODFURLVVDQFH«FRQR-
ULVHQW¢ODIDYHXUGHOȇLQYHQWLRQGHOȇDJULFXOWXUH&HWWH«WDSH PLTXHTXHQRXVDYRQVFRQQXHGHSXLVGHX[VLªFOHV
PDMHXUHDGHX[H΍HWVHOOHSHUPHWGȇH[WUDLUHGHODELRVSKªUH
© J. CHATIN/EXPANSION-REA

une quantité importante d’éléments nécessaires à la vie Comment mesurez-vous la dépendance du PIB
KXPDLQHHWHOOHDXWRULVHOȇDXJPHQWDWLRQGHVQDLVVDQFHV YLV¢YLVGHOȇ«QHUJLHɋ"
D’où une explosion de la population. Or qu’est-ce que l’agri- *ɋ*3RXU«YDOXHUFHWWHG«SHQGDQFHOHV«FRQRPLVWHV
FXOWXUHVLQRQOȇDSSULYRLVHPHQWGHODSKRWRV\QWKªVH¢GHV SDUOHQWGȇ«ODVWLFLW«GX3Ζ%SDUUDSSRUW¢Oȇ«QHUJLHODSOXSDUW
ȴQVIDYRUDEOHV¢ODUHSURGXFWLRQGHOȇKXPDQLW«ɋ" OȇHVWLPHQW¢ɋ3RXUWDQWOȇDQDO\VHGHV«ULHVWHPSRUHOOHV

1. Chef économiste à l’Agence française de développement et directeur de la chaire « Énergie et prospérité ». 2. Gaël Giraud a préfacé l’édition
française de L’Imposture économique de Steve Keen (Éditions de l’Atelier, octobre 2014). 3. Unité CNRS/UJF/Univ. Savoie Mont Blanc/IRD/Ifsttar.

CNRS LE JOURNAL
56
LES IDÉES

5DIôQHULHGH
pétrole à Houston Lire l’intégralité de l’interview
au Texas. sur lejournal.cnrs.fr

FRQVRPPDWLRQGȇ«QHUJLHIRVVLOH3UHPLªUHPHQWOHG«UªJOH-
PHQW FOLPDWLTXH TXȇLQGXLW Oȇ«PLVVLRQ GH FDUERQH
'HX[LªPHPHQWODUDU«IDFWLRQGXȵX[Gȇ«QHUJLHIRVVLOHTXH
QRXVSRXYRQVH[WUDLUHGXVRXVVRO(QH΍HWLOQHIDLWDXFXQ
GRXWHTXȇLOUHVWHHQFRUH«QRUP«PHQWGHFDUERQHVRXV
WHUUH6LQRXVG«VWRFNRQVWRXWOHFKDUERQGLVSRQLEOHQRXV
DFKªYHURQVGHPHWWUHOHFOLPDWVHQVGHVVXVGHVVRXV3DU
DLOOHXUVOHȵX[GHFHTXHQRXVSRXYRQVH[WUDLUHGXVRXVVRO
HQXQHMRXUQ«HDYHFOHVWHFKQLTXHVFRQYHQWLRQQHOOHVSOD-
IRQQHGHSXLVDXWRXUGHPLOOLRQVGHEDULOVMRXU
© C. WASHBURN/GLASSHOUSE/PHOTONONSTOP
comme l’a admis l’Agence internationale de l’énergie.

L’exploitation de ressources comme les gaz


HWKXLOHVGHVFKLVWHQHFKDQJHWHOOHSDVODGRQQHɋ"
*ɋ*/DTXHVWLRQGHVDYRLUVLOHVWHFKQLTXHVGHIUDFWXUD-
WLRQK\GUDXOLTXHSHUPHWWURQWGHFUHYHUFHSODIRQGUHVWH
ouverte. Quoi qu’il en soit, sans énergie, nous n’aurons
DXFXQPR\HQGȇDVVXUHUODSURVS«ULW«GHQRWUH«FRQRPLH
Du coup, il convient, je crois, d’engager ce grand projet
FRQVLVWDQW¢WUDQVLWHUGȇXQH«FRQRPLHFDUERQ«HK«ULW«HGH
la révolution industrielle,
longues de consommation d’énergie primaire sur une tren- vers une économie décar-

“ L’énergie ne produit
WDLQHGHSD\VPRQWUHTXȇHOOHHVWSURFKHGHɋ%LHQ ERQ«H/HFRPLW«GHVH[-
V½UFHFRQVWDWGRLWWHQLUFRPSWHGXIDLWTXHEHDXFRXS SHUWVSRXUOHG«EDWQDWLRQDO
GȇDXWUHVYDULDEOHVDJLVVHQWHQP¬PHWHPSVTXHODFRQVRP-
PDWLRQGȇ«QHUJLH3DUDLOOHXUVFHUDWLRYDULHVHORQOHVSD\VHW
sur la transition, présidé par
Alain Grandjean, et dont j’ai pas de la prospérité par
OHV«SRTXHV0DLVXQHFKRVHHVWV½UHQRV«FRQRPLHVVRQW
EHDXFRXSSOXVG«SHQGDQWHVGHOȇ«QHUJLHTXHOHV«FRQR-
IDLW SDUWLH D GHVVLQ« GHV
IHXLOOHV GH URXWH SRXU OD magie : la technique, le
PLVWHVmRUWKRGR[HV}QHYHXOHQWELHQOȇDGPHWWUH WUDQVLWLRQHQ)UDQFH/HUDS-
SRUW&DQȴQ*UDQGMHDQTXL capital et le travail lui
sont complémentaires.

Comment les économistes peuvent-ils négliger a été remis au président de
OHU¶OHGHOȇ«QHUJLHɋ" OD 5«SXEOLTXH GUHVVH XQ
*ɋ*3DVWRXVOHV«FRQRPLVWHVVXUWRXWFHX[LVVXVGX panorama des outils dont
FRXUDQWGRPLQDQWQ«RFODVVLTXHɋ3RXUOHVSK\VLFLHQVLOQH QRXVGLVSRVRQVSRXUȴQDQ-
IDLWDXFXQGRXWHTXHULHQQȇDGYLHQWVXUFHWWH7HUUHVDQV FHUOHV«QRUPHVH΍RUWVGȇLQYHVWLVVHPHQWQ«FHVVDLUHV¢OD
OȇLQWHUYHQWLRQGHOȇ«QHUJLH3RXUWDQWFHWWHWULYLDOLW«QȇHVWSDV U«GXFWLRQGHV«PLVVLRQVGHJD]¢H΍HWGHVHUUHDX1RUGHW
DGPLVHSDUWRXVOHV«FRQRPLVWHVQ«RFODVVLTXHV/DSOXSDUW ¢OȇDGDSWDWLRQGHV«FRQRPLHVGX6XG¢XQU«FKDX΍HPHQW
FRQWLQXHQWGȇXWLOLVHUGHSHWLWVUDLVRQQHPHQWVIRUWGLVFX- climatique déjà entamé depuis vingt ans.
WDEOHVSRXUMXVWLȴHUOHXUG«VLQW«U¬W¢Oȇ«JDUGGHOȇ«QHUJLH
&HVmSHWLWVUDLVRQQHPHQWV}VRQWMXVWHPHQWFHX[TXH6WHYH Quelles sont vos recommandations en ce qui
Keen déconstruit dans son ouvrage/ȇΖPSRVWXUH«FRQR- FRQFHUQHODWUDQVLWLRQ«QHUJ«WLTXHɋ"
mique 2 /HVPDWLªUHVSUHPLªUHVQRQ«QHUJ«WLTXHVVRQW *ɋ*-HFURLVTXHODTXHVWLRQGHVDYRLUTXHOmPL[}«QHU-
«JDOHPHQWXQ«QRUPHVXMHWFHTXHFRQȴUPHOHWUDYDLOGH gétique nous voulons adopter engage des options de so-
UHFKHUFKHTXHMȇDLHQWUHSULVDYHF2OLYLHU9LGDOGHOȇΖQVWLWXW FL«W«TXLUHTXLªUHQWXQHGLVFXVVLRQG«PRFUDWLTXHHWGHV
GHVVFLHQFHVGHOD7HUUH3 ¢*UHQREOH FKRL[SROLWLTXHV(QVXLWHOHSOXVXUJHQWGXF¶W«GHV«FRQR-
mistes, est d’incorporer sérieusement les questions clima-
Comment votre analyse peut-elle avoir un impact WLTXHV«QHUJ«WLTXHVHW«FRORJLTXHVGDQVQRVPRGªOHV/D
VXUOHVFKRL[GHSROLWLTXH«FRQRPLTXHɋ" PLQLVWUHGHOȇ‹FRORJLH6«JROªQH5R\DODGHPDQG«DXPL-
*ɋ*9RXVFRPSUHQH]DLV«PHQWTXHVLODSURVS«ULW««FR- QLVWUHGHV)LQDQFHV0LFKHO6DSLQTXHOHVPRGªOHV«FRQR-
QRPLTXHGȇXQSD\VG«SHQGGHVRQDSWLWXGH¢FRQVRPPHU PLTXHVXWLOLV«V¢%HUF\SUHQQHQWV«ULHXVHPHQWHQFRPSWH
de l’énergie, alors il devient vital d’engager une transition FHVHQMHX[G«FLVLIV(QȴQDYHF-HDQ3LHUUH3RQVVDUGQRXV
«QHUJ«WLTXHΖO\DHQH΍HWGHX[UDLVRQVSRXUOHVTXHOOHV DYRQVODQF«XQHFKDLUHm‹QHUJLHHWSURVS«ULW«}TXLDYRFD-
QRWUH SD\V QH SHXW SOXV LPSXQ«PHQW DXJPHQWHU VD WLRQ¢«WXGLHUOHVUHODWLRQVHQWUH«QHUJLHHW«FRQRPLHbII

AUTOMNE 2015 N° 282



LES IDÉES

À lire

MONDE ANIMAUX
Écrit à plusieurs mains, cet ouvrage est &HEHDXOLYUHTXLIDLWVXLWHDXȴOPGH
une invitation au dialogue entre les quatre -DFTXHV3HUULQHW-DFTXHV&OX]DXGVRUWL
GLVFLSOLQHVȂbDSSDUHPPHQW«WUDQJªUHV HQbHVWFRQVDFU«¢OȇKLVWRLUHRXEOL«H
OHVXQHVDX[DXWUHVbȂGHVHVDXWHXUV des animaux sauvages sur les terres
OȇDVWURSK\VLTXHOȇXUEDQLVPHODELRORJLHHWOD HXURS«HQQHV5«DOLV«DYHFOȇH[SHUWLVHGH
URERWLTXH/HXUSRLQWGHFRQYHUJHQFHɋ"/D QRPEUHXVHVSHUVRQQDOLW«VVFLHQWLȴTXHV
FRPSU«KHQVLRQGHV\VWªPHVFRPSOH[HVSOXV LOFRQVWLWXHXQHPDJQLȴTXHPLVHHQLPDJHV
SURFKHVTXȇLOQȇ\SDUD°W GHODU«VLVWDQFHGHODYLHDQLPDOHGHSXLV
$VWUHVYLOOHVURERWV la dernière ère glaciaire.
et organismes vivants GÉNOMIQUE
RE«LVVHQWHQSDUWLH *U¤FHDX[QRXYHOOHVWHFKQRORJLHV
à des lois similaires GHV«TXHQ©DJHHWGȇDQDO\VHGHOȇ$'1
et partageraient par ¢WUªVKDXWG«ELWLOHVWPDLQWHQDQW
exemple une logique SRVVLEOHGHG«FRGHUHWGȇLQYHQWRULHUOH
darwinienne commune, vivant dans tous les environnements.
DLQVLTXȇXQHmbFRPSOH[LW« Cet ouvrage collectif issu de la
HQPRVD±TXHb}8QH FRPPXQDXW«VFLHQWLȴTXHIUDQ©DLVH
U«ȵH[LRQULFKHIRUPXO«H SU«VHQWHOHVG«YHORSSHPHQWV
GHPDQLªUHDFFHVVLEOH OHVSOXVU«FHQWVGHODJ«QRPLTXH
environnementale.
Mondes mosaïques.
Astres, villes, vivant et robots, Empreinte du vivant. L’ADN de l’environnement,
-HDQ$XGRX]H*HRUJHV&KDSRXWKLHU'HQLV/DPLQJHW 'RPLQLTXH-RO\'HQLV)DXUHHW6\OYLH6DODPLWRX Les Saisons,GȇDSUªVOHȴOPGH-DFTXHV3HUULQ
3LHUUH<YHV2XGH\HU&156‹GLWLRQVFROOm/H%DQTXHW GLU /H&KHUFKH0LGL&156FROOmb%HDX[OLYUHVb} HW-DFTXHV&OX]DXGWH[WHVGH6W«SKDQH'XUDQG
VFLHQWLȴTXH}RFWREUHbSɋȜ QRYHPEUHbSɋȜ $FWHV6XGRFWREUHbbSɋȜ

Climat

Petite sélection parmi les nombreux /HȴOPKRPPDJHGH/XF-DFTXHWDXWUDYDLO


GXJODFLRORJXH&ODXGH/RULXVDG«VRUPDLV
ouvrages parus à l’occasion de la COP21 VRQEHDXOLYUH3KRWRVGHVVLQVHWU«FLW¢OD
SUHPLªUHSHUVRQQHUHWUDFHQWODIRUPLGDEOH
DYHQWXUHGHFHVFLHQWLȴTXHTXLDG«FRXYHUW
TXHOHVJODFHVGHOȇ$QWDUFWLTXHFRQWHQDLHQW
Comme son titre l’indique, cet ouvrage nous fait parcourir
OHVWUDFHVGHVFOLPDWVGXSDVV«'HODȴQ
OHVbPLOOLDUGVGȇDQQ«HVGȇKLVWRLUHFOLPDWLTXHGHQRWUH
GHVDQQ«HV¢QRVMRXUVRQG«FRXYUH
planète. Un voyage qui nous invite à prendre du recul
comment la science se fait sur le continent
et nous permet de mieux comprendre comment
EODQFOHFRQWLQHQWGHWRXVOHVH[WU¬PHV
OȇHQVROHLOOHPHQWODFRPSRVLWLRQGHOȇDWPRVSKªUHHWOHV
R»OHVWHPS«UDWXUHVSHXYHQWGHVFHQGUH
SK«QRPªQHVJ«RORJLTXHVRQWLQWHUDJLHQWUHHX[HW
MXVTXȇ¢Ȃbɋr&Ȑ
conduit aux extraordinaires variations qu’a connues, et
que connaîtra encore, le climat de la Terre. Un excellent /D*ODFHHWOH&LHO
DQWLGRWHDXVVLFRQWUHFHUWDLQHVVLPSOLȴFDWLRQVDEXVLYHV /XF-DFTXHW
HQWHQGXHVVXUOHFKDQJHPHQWFOLPDWLTXH &ODXGH/RULXV
Voyage à travers les climats de la Terre, Gilles Ramstein, -«U¶PH&KDSSHOOD] ]
2GLOH-DFREFROOmb6FLHQFHVb}MXLQbSȜ et Gilles Ramstein,,
‹GLWLRQV3DXOVHQ
RFWREUH
SȜ
6XUOHV«SDXOHVGXFOLPDWRORJXH+HUY«/H7UHXW
FHOLYUHDGRSWHXQHG«PDUFKHVFLHQWLȴTXHSRXUIDLUH
G«FRXYULUDX[SOXVMHXQHVOHIRQFWLRQQHPHQWGHOD
PDFKLQH7HUUHHWGHVRQFOLPDW3RXUTXRLYDULHWLOɋ"
&RPPHQWOȇRF«DQOȇDWPRVSKªUHOHVFRQWLQHQWVOHV
QXDJHVHWELHQHQWHQGXOȇKRPPHDJLVVHQWLOVVXU
OXLɋ"$SSRUWDQWFHUWHVGHVU«SRQVHVPDLVSRLQWDQW
aussi les questions auxquelles on ne peut pas
HQFRUHU«SRQGUH
6XUTXHOOHSODQªWHEOHXHDLMHDWWHUULɋ"&OLPDWPHU
Terre, atmosphère, ce qu’on ne sait pas encore…,
$QQD$OWHUDYHF+HUY«/H7UHXWLOO/XFLH0DLOORW‹GLWLRQV/H3RPPLHUFROO
m6XUOHV«SDXOHVGHVVDYDQWV}RFWREUHSȜ

CNRS LE JOURNAL
58
LES IDÉES

Peut-on tester
les univers parallèles ? Lire l’intégralité du billet
© DR

sur OHMRXUQDOFQUVIU
Aurélien Barrau
Astrophysicien au Laboratoire de physique subatomique et de cosmologie

Plus d’un siècle après sa découverte, la QȇLQWHUDJLVVDQWSOXVHQWUHHX[ɋ/HV«Y«QH- On peut comprendre l’idée centrale à par-
mécanique quantique – qui décrit le ments de ce type étant innombrables, les tir d’une analogie. Supposons qu’un sac
comportement des entités physiques à mondes parallèles pulluleraient. La propo- contienne un million de boules noires et
l’échelle des particules élémentaires – sition semble déraisonnable, pourtant, un une seule boule blanche. Selon la vision
n’est toujours pas clairement comprise, « sondage » chez les physiciens théoriciens de Copenhague, ces boules sont les
même si ses prédictions ont jusqu’ici montre qu’ils sont de plus en plus nom- mêmes. Mais, selon la vision d’Everett,
WRXMRXUV«W«Y«ULȴ«HVSDUODPHVXUH breux à la considérer comme correcte. Et quelque chose « favorise » la boule
Aussi devons-nous nous contenter d’ad- pour cause : cette vision se révèle à la fois blanche : par exemple, elle se trouverait
mettre ses trois leçons les plus impor- plus sobre et plus cohérente que la vision toujours sur le dessus de la pile et serait
tantes. D’abord renoncer au déterminisme usuelle, dite de Copenhague, qui doit in- un milliard de fois plus grosse que les
GHODSK\VLTXHFODVVLTXHDXSURȴWGȇXQH venter des contorsions mathématiques boules noires. Les deux interprétations
YLVLRQSUREDELOLVWHɋHQVXLWHFRQVLG«UHUTXH pour éviter le chat « mort-vivant ». Le test prédisent bien le même nombre de
beaucoup de grandeurs apparemment ultime serait évidemment l’expérience. boules de chaque couleur, mais elles dif-
continues (telle l’altitude d’un piéton sur fèrent sur la prédiction concernant la
une colline) sont en réalité discrètes (telle 8QHK\SRWKªVHLQYUDLVHPEODEOHɋ" ERXOHTXHQRXVDOORQVWLUHUDXVRUWɋ&HOOH
l’altitude de ce même piéton dans un im- L’interprétation d’Everett a longtemps été de Copenhague prédit qu’un tirage en
PHXEOH¢«WDJHV ɋHQȴQDGPHWWUHTXHFHU- FRQVLG«U«HFRPPHLQY«ULȴDEOH'DQVXQ DYHXJOHFRQGXLUD¢VDLVLUXQHERXOHQRLUHɋ
taines particules sont comme douées récent article , je montre, sur les pas du celle d’Everett, une boule blanche.
d’ubiquité (elles peuvent se trouver dans physicien Don Page, qu’il n’est pas impos-
plusieurs lieux ou états à la fois). sible de mettre cette interprétation à Trop tôt pour pouvoir trancher
l’épreuve des observations. L’idée consiste Les deux interprétations sont donc ici dis-
L’étrange mort du chat quantique à trouver une situation où les deux inter- tinguables. Suivant la boule qui est tirée au
De cette ubiquité découle la fameuse expé- prétations vont conduire à des prédictions sort, c’est l’une ou l’autre qui sera favori-
rience du chat de Schrödinger. Supposons GL΍«UHQWHV-HFRQVWUXLVGDQVFHWUDYDLOXQ sée. Naturellement, la boule tirée est ici
qu’on enferme dans une boîte opaque un test qui utilise l’évolution de l’Univers juste une métaphore de l’univers dans lequel
chat et un noyau radioactif dont la désinté- après le Big Bang, quand il était encore nous nous trouvons. Dans les faits, il est
gration aléatoire déclenche un mécanisme décrit par la physique quantique. encore trop tôt pour pouvoir bâtir une telle
PHWWDQWȴQ¢ODYLHGXFKDW7DQWTXȇDXFXQ H[S«ULHQFH0DLVGDQVOHFDGUHGHOȇLQȵD-
observateur ne va voir ce qui se passe dans tion cosmologique, des éléments tendent
Tous les premiers vendredis du mois,
la boîte, la mécanique quantique considère UHWURXYH]VXUOHMRXUQDOFQUVIU à favoriser la vision d’Everett.
que le noyau est dans une superposition les Inédits du CNRS, des analyses Néanmoins, il convient d’être prudent
d’états, c’est-à-dire à la fois désintégré et VFLHQWLȴTXHVRULJLQDOHVSXEOL«HV quant aux tests possibles de l’existence
en partenariat avec /LE«UDWLRQ
non encore désintégré. Par conséquent, le GȇXQLYHUVSDUDOOªOHV-HFURLVWRXWHIRLVTXȇLO
chat est à la fois mort et vivant… Beaucoup est important de se poser ces questions.
d’encre a coulé autour de ce paradoxe, et 6DFKDQWTXHGL΍«UHQWHV«YROXWLRQVTXDQ- 3HXW¬WUHFHVXQLYHUVQȇH[LVWHQWLOVSDVɋ"
la question est loin d’être résolue. tiques possibles de l’Univers mènent à des Mais il serait regrettable de les balayer
Dans les années 1950, un physicien de QRPEUHVGL΍«UHQWVGȇREVHUYDWHXUVLOGH- d’un revers de la main. D’abord parce qu’ils
Princeton, Hugh Everett, en propose une vient possible, à partir de l’étude de notre sont prédits par certaines de nos théories
interprétation incroyable : à chaque inter- monde, de trancher entre les deux visions. (en ce sens, ils ne sont pas une hypothèse
action d’un système quantique avec un 7HFKQLTXHPHQWOHFĕXUGHOȇDUJXPHQW mais une conséquence) et qu’il serait inco-
système classique se produirait une bifur- vient de ce que les univers improbables hérent d’user de ces théories en négligeant
cation en plusieurs univers parallèles. existent réellement chez Everett (en petit ce qu’elles génèrent. Ensuite parce que ces
Autrement dit, il existerait un monde où nombre) alors qu’ils ne sont (en général) WK«RULHVSHXYHQW¬WUHVFLHQWLȴTXHPHQW
le chat est mort et un autre où il est vi- que des possibilités sans réalité matérielle testées, comme nous venons de le mon-
vant, ces deux mondes étant réels mais dans la vision de Copenhague. WUHU(QȴQSDUFHTXHFHODSHXWDYRLUGHV
1.8QLW«&1568-)*UHQREOHΖ132.m7HVWLQJWKH(YHUHWWΖQWHUSUHWDWLRQRI4XDQWXP0HFKDQLFVZLWK&RVPRORJ\}
H΍HWVFRQFUHWVVXUOHVSU«GLFWLRQVSK\-
Aurélien Barrau, (OHFWURQLF-RXUQDORI7KHRUHWLFDO3K\VLFV, publié le 25 juillet 2015. VLTXHVGDQVQRWUHXQLYHUVbII

AUTOMNE 2015 N° 282


59
LES IDÉES

Médecine. Philippe
Kourilsky1 évoque
les succès, les échecs
et les espoirs
de l’immunologie,
discipline dont il est
l’un des spécialistes
mondiaux.
PROPOS RECUEILLIS PAR LOUISE MUSSAT Les promesses
de l’immunologie
L’immunologie existe au moins depuis le XIXe siècle. hasard, de nouvelles mutations se produisent au sein de
Pourtant, dans votre livre Le Jeu du hasard et de cette tumeur, cela facilite son échappement. Si le cancer
© P. IMBERT/COLLEGE DE FRANCE

la complexité, vous parlez de la « nouvelle science UHVWHVLGLɝFLOH¢VRLJQHUFȇHVWSDUFHTXȇLO\DTXDVLPHQW


de l’immunologie ».3RXUTXRLɋ" autant de cancers que de types cellulaires. Pour chacun,
Philippe Kourilsky : J’y souligne que la biologie n’est pas LOIDXWGRQFDSSRUWHUXQHU«SRQVHVS«FLȴTXH
que la science de la vie. C’est aussi la science de la survie.
Pour moi, il faut élargir l’immunologie à l’ensemble des La chimiothérapie et les rayons ne sont pas
défenses naturelles de l’homme. Il ne s’agit plus seule- WUªVVS«FLȴTXHVȐ
ment d’étudier celles qui combattent les agents patho- P. K. : C’est pour cela que l’on développe d’autres tech-
gènes (virus, bactéries, champignons…), mais également niques. Ainsi, l’immunothérapie vise à stimuler les défenses
Le Jeu du hasard celles qui s’attaquent aux « ennemis de l’intérieur », à immunitaires du patient. Cela consiste à lui administrer des
et de la complexité.
La nouvelle science
savoir aux innombrables erreurs commises par nos DQWLFRUSVVS«FLȴTXHVGLULJ«VFRQWUHWHOOHRXWHOOHFDW«JRULH
de l’immunologie, cellules au sein de l’organisme. de tumeur. On peut aussi prélever, dans les tumeurs can-
Philippe Kourilsky, F«UHXVHVGHVO\PSKRF\WHVb7SRUWHXUVGXU«FHSWHXUDG«-
2GLOH-DFREVHSWb
La plupart du temps, cette surveillance quat et capables d’éliminer les cellules cancéreuses. On
SȜ
fonctionne plutôt bien… fait ensuite proliférer ces cellules tueuses par milliards
P. K. :(QH΍HWQRWUHRUJDQLVPHHVWXQHPDFKLQHSDUWLFX- LQbYLWURGDQVGHVHQYLURQQHPHQWVK\SHUVW«ULOHV&HWWH
lièrement robuste et performante. Il est très probable que technique est parfois couronnée de succès, mais elle est
nous développions régulièrement des mini-cancers et compliquée et très coûteuse. Une nouvelle approche est
toutes sortes d’infections bénignes. Nous ne nous en ren- en train d’émerger, qui permet de faire proliférer les
dons pas compte parce que notre système immunitaire bonnes cellules tueuses au sein même du corps humain.
parvient à s’en débarrasser. Ainsi, on n’observe la tumeur
cancéreuse que lorsque le système a échoué. On compte désormais plusieurs cas de rémission
totale de cancers grâce à l’immunothérapie…
Pourquoi le système échoue-t-il de temps en temps P. K. : Attention, ne donnons pas de faux espoirs. On par-
IDFH¢FHVmHQQHPLVGHOȇLQW«ULHXU}ɋ" vient à guérir les souris du cancer avec ce type d’approche
P. K. : Parce qu’il peut être débordé, ou contourné, et qu’il depuis quinze à vingt ans. Mais il est très compliqué de
peut lui-même commettre des erreurs. Il faut en général remporter le même succès chez l’homme. Certes, des
une bonne demi-douzaine de mutations pour qu’une équipes (notamment celle de Carl June, à l’université de
cellule échappe à tout contrôle et se multiplie de façon Pennsylvanie) ont récemment obtenu une proportion
anarchique. Une mini-tumeur se développe alors. impressionnante de rémissions complètes, mais nous n’en
L’organisme peut parvenir à s’en débarrasser. Mais si, par sommes qu’à la phase expérimentale. Cette précaution

1.3URIHVVHXU«P«ULWHDX&ROOªJHGH)UDQFHHWDQFLHQGLUHFWHXUGHOȇΖQVWLWXW3DVWHXU3KLOLSSH.RXULOVN\DH΍HFWX«ODPDMHXUHSDUWLHGHVDFDUULªUHDX&156
où il a été directeur de recherche de classe exceptionnelle. 2. Entre 1988 et 1994. 3. Antigènes des leucocytes humains.

CNRS LE JOURNAL
60
LES IDÉES

Ces globules
blancs (ici en
rouge) entourent
les bactéries À lire
qui provoquent Lire l’intégralité de l’interview
la tuberculose. sur lejournal.cnrs.fr SEXE
Compilation de trois entretiens de chercheurs
sur le sexe, ce livre regorge de statistiques et
GHU«ȵH[LRQV«WRQQDQWHVOn apprendra, grâce
prise, je dois avouer que cela fait des années que je n’ai pas
au biologiste Pierre-Henri Gouyon, que sur
vu de résultats aussi prometteurs…
le plan évolutif le mâle peut être considéré
comme une espèce de parasite de la femelle.
Les avancées pour contrer certains « ennemis de ‚TXRLVHUWOHVH[Hɋ"
Avec la sexologue Mireille Bonierbale, on
Mireille Bonierbale,
l’extérieur » sont moins spectaculaires. Pourquoi notera que la véritable forme de l’appareil Michel Bozon et
ne parvient-on toujours pas à élaborer un vaccin clitoridien n’a été décrite qu’en 1988. Tandis Pierre-Henri Gouyon,
FRQWUHOH9Ζ+ɋ" que, selon l’anthropologue Michel Bozon, Belin, coll. « L’atelier des
P. K. : Les vaccins mis au point jusqu’à maintenant étaient surprendre l’acte sexuel des parents était sans LG«HV}QRYHPEUH
© DR. V. BRINKMANN/VISUALS UNLIMITED/CORBIS

doute une expérience banale au Moyen Âge… SȜ


peut-être les plus faciles. Désormais, on s’attaque aux plus
coriaces. Ceux contre les virus ou les parasites qui ont la
faculté de muter très rapidement, comme ceux respon-
VDEOHVGHODPDODULDGHODJULSSHHWGXVLGD/HYLUXVb9Ζ+ SOCIÉTÉ
cumule deux casse-tête : non seulement il est en constante Comment en est-on arrivé à une logique de repli généralisée en
mutation, mais en plus il s’attaque au système immuni- )UDQFHɋ"Deux historiens et un sociologue, spécialistes de l’histoire
coloniale et des immigrations, se penchent sur la fragmentation
taire. La perspective de vacciner massivement les popu-
de la société, sur les tensions intercommunautaires, sur le ressac
lations est donc très lointaine. C’est pour cette raison
H΍UD\DQWGHOȇDQWLV«PLWLVPHGXUHMHWGHOȇLVODPHWGHODKDLQHGH
qu’une autre partie de la communauté préfère se consa- soi. De leur analyse, ils tirent un constat amer qui prend la forme
crer à la confection d’un vaccin non pas préventif, mais d’un appel très clair : il est grand temps de réagir.
thérapeutique, qui complète ou remplace le traitement
Le Grand Repli, Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Ahmed Boubeker,
par les médicaments antirétroviraux. /D'«FRXYHUWHFROOm&DKLHUVOLEUHV}VHSWHPEUHSȜ

Pouvez-vous me dire ce qui vous surprend le plus


GDQVOHV\VWªPHLPPXQLWDLUHɋ"
P. K. : Beaucoup de mécanismes et de phénomènes liés
à l’immunité et aux défenses naturelles me sidèrent. Par
H[HPSOHODIDFXOW«TXȇRQWQRVO\PSKRF\WHVb%FHX[TXLRQW
pour fonction de produire des anticorps, à combiner aléatoi-
rement des morceaux de gènes pour dépasser la limite des
ɋbJªQHVTXHFRPSWHQRWUHJ«QRPHDȴQGHSURGXLUH
GHVFHQWDLQHVGHPLOOLRQVGȇDQWLFRUSVGL΍«UHQWV/ȇRUJDQLVPH
parvient ainsi à se doter d’une « couverture » anti-infectieuse
quasi complète, puisqu’il est capable de répondre à l’im-
mense variété des antigènes, qui évoluent sans cesse.

“ Si le cancer reste si difficile


à soigner, c’est aussi parce
qu’il ne s’agit pas d’une seule
et même maladie.

Une question plus personnelle pour terminer :
SRXUTXRLDYH]YRXVFKRLVLOȇLPPXQRORJLHɋ"
P. K. : Je dois vous dire la vérité : c’est grâce à mon frère
François. Au moment où j’ai commencé la recherche, en
génie génétique, il était immunologiste, avant de devenir
directeur général du CNRS2 . Il m’a conseillé d’isoler par clo-
QDJHHWGȇ«WXGLHUOHVJªQHVGXV\VWªPH+/$ 3 . Et c’est ainsi
TXHGHȴOHQDLJXLOOHMHVXLVGHYHQXLPPXQRORJLVWHȐbII

AUTOMNE 2015 N° 282


61
LES IDÉES

« Attention aux
solitudes
interactives » PROPOS RECUEILLIS PAR LAURE CAILLOCE
k56&+Ζ11(5

Vous venez de publier un livre, Communication. Et si les nouvelles mais le plus souvent on se retrouve en
La Communication, les Hommes technologies, au lieu de nous train de négocier avec l’autre qui n’est
et la Politique, qui retrace pas forcément d’accord avec nous…
rapprocher, nous éloignaient les uns
votre carrière de chercheur
en communication… GHVDXWUHVɋ"&ȇHVWODPLVHHQJDUGH /HVQRXYHDX[RXWLOVȂbΖQWHUQHW
Dominique Wolton : C’est un livre- GXVS«FLDOLVWHGHODFRPPXQLFDWLRQ U«VHDX[VRFLDX[bȂQHIDFLOLWHQWLOV
manifeste qui couvre quarante an- 'RPLQLTXH:ROWRQ1TXHQRXVDYRQV SDVODFRPPXQLFDWLRQɋ"
nées de recherche. J’y ai réuni une 'ɋ:2XLHWQRQ/HVLQIRUPDWLRQV
LQWHUYLHZ«¢OȇRFFDVLRQGHODVRUWLH
soixantaine d’articles publiés sur dix vont plus vite, pas forcément l’inter-
WK«PDWLTXHVGL΍«UHQWHVODIDPLOOHHW de son dernier livre. compréhension. Plus les messages
le couple, les syndicats et l’organi- vont vite, plus notre monde est petit,
sation du travail, les médias, l’Europe, transparent, interactif… et plus l’in-
la mondialisation… Et, bien sûr, la La donne a-t-elle beaucoup FRPPXQLFDWLRQDXJPHQWH/HSDUD-
FRPPXQLFDWLRQTXLHVWOHȴOURXJHGH FKDQJ«HQTXDUDQWHbDQVɋ" doxe de nos sociétés mondialisées
toutes mes recherches, et le véritable 'ɋ:&RQVLG«UDEOHPHQWɋ/DG«PR- K\SHUFRQQHFW«HVR»WRXWOHPRQGH
enjeu de chacun de ces domaines. cratie s’est invitée dans toutes les YRLWWRXWFȇHVWTXHOȇLQGL΍«UHQFH¢
Que ce soit à l’intérieur du couple, sphères de la société. Et qui dit démo- l’autre et la haine n’ont pas diminué.
dans les entreprises ou dans le cratie dit une multitude d’acteurs habi- ΖOVXɝWGHYRLUOȇDFWXDOLW«Ȑ3RXUPRLOH
champ de la politique, de l’espace lités à s’exprimer, avec un risque fort SOXVJUDQGG«ȴGXXXIe siècle n’est pas
public ou de la communication poli- d’augmenter encore les problèmes de l’écologie, mais plutôt la capacité à
tique, ce qui m’intéresse depuis tou- compréhension. Hier, communiquer organiser la cohabitation culturelle
MRXUV FH VRQW OHV GLɝFXOW«V GH OD c’était informer, aujourd’hui communi- entre des peuples que tout sépare et
communication, ce que j’appelle l’in- quer c’est négocier et cohabiter avec éviter que les outils de communication
communication. Pourquoi tout le l’autre, ce qui est beaucoup plus com- ne deviennent un accélérateur de
monde veut communiquer et pour- SOLTX«ɋ'DQVODIDPLOOHSDUH[HPSOH l’incompréhension et de la guerre. À
quoi personne n’y arrive. tout le monde aujourd’hui s’exprime et quoi bon avoir 7 milliards d’internautes
UHYHQGLTXH'DQVOHPRQGHGXWUDYDLO VLFHVRQWPLOOLDUGVGȇLQWRO«UDQWVɋ"
le patron a perdu de son pouvoir hégé-

“ Avec Internet et les réseaux, PRQLTXHHWWRXWVHQ«JRFLH'DQVOH Pourtant, ces outils semblent


monde politique lui-même, hier seuls IDLUHOȇXQDQLPLW«DXMRXUGȇKXLȐ

nous sommes dans des les ténors s’exprimaient, l’information


était relayée par la presse et descen-
'ɋ: C’est compliqué la communica-
WLRQɋ'ȇR»ODWHQWDWLRQGHOȇLGHQWLȴHUDX[

interactions permanentes, GDLWMXVTXȇ¢OȇRSLQLRQSXEOLTXHɋDX-


jourd’hui, une multitude d’acteurs
performances techniques, car celles-ci
VRQWWRXMRXUVHɝFDFHV/HSUREOªPH

mais si tout le monde prend la parole et l’opinion publique


elle-même s’exprime en continu au
aujourd’hui est le manque d’esprit cri-
tique vis-à-vis des technologies de

s’exprime, qui écoute ?



travers des sondages, des médias et l’information. On est dans une sorte de
GHVU«VHDX['ȇR»OHWURLVLªPHVHQVGX fascination qui fait perdre de vue que
mot communication que je privilégie, à l’outil est en réalité ce qu’il y a de plus
F¶W«GXSDUWDJHHWGHODWUDQVPLVVLRQ VLPSOH/HSOXVFRPSOLTX«FȇHVWODFRP-
celui de la négociation. On rêve de par- munication, c’est-à-dire la relation.
tager avec ceux qui nous ressemblent, Avec Internet et les réseaux, nous

1.'LUHFWHXUGHUHFKHUFKH«P«ULWH¢OȇΖQVWLWXWGHVVFLHQFHVGHODFRPPXQLFDWLRQGX&156 &1568QLY3DULV6RUERQQH830& 

CNRS LE JOURNAL
62
LES IDÉES

k+(52Ζ0$*(6Ζ1&&25%Ζ6
sommes dans des interactions perma- OHQWH'HX[LªPHUªJOHDGPHWWUHTXHOD repenser le concept de communication
nentes, mais si tout le monde s’ex- communication technique ne rempla- et le légitimer. C’est un concept poli-
SULPHTXL«FRXWHɋ"$WWHQWLRQDX[VROL- cera jamais la communication humaine, tique, au même titre que celui de la
WXGHVLQWHUDFWLYHVɋ-HYLHQVGȇDLOOHXUVGH GȇR»OȇLPSRUWDQFHGHPXOWLSOLHUOHVUHQ- G«PRFUDWLHHWTXLDOHP¬PHREMHFWLI
diriger un numéro double de la revue contres, séminaires, voyages…, à me- organiser la cohabitation entre des
Hermès VXUFHVXMHWȂbm/HXXe siècle VXUHTXHQRXVLQWHQVLȴRQVQRWUHXWLOL- La Communication,
points de vue contradictoires dans un
VDLVLSDUODFRPPXQLFDWLRQ}bȂTXLWHQWH sation d’Internet et des réseaux les Hommes PRQGHWUDQVSDUHQWHWLQWHUDFWLI/D
d’évaluer les ruptures introduites par sociaux. Troisième règle, communiquer et la Politique, question de l’altérité est la grande
Dominique Wolton,
ces révolutions de l’information et de à l’échelle du monde nécessite de res- question du XXIe siècle. Pour s’en saisir,
CNRS Éditions, coll.
la communication. pecter la diversité culturelle et linguis- mb%LEOLVb}VHSWb il faut sortir de la technique, quelles
tique des peuples. Plus il est facile SɋȜ que soient ses performances, et com-
Quelles solutions préconisez- d’échanger, plus il faut préserver les prendre que la communication est
Le XXe siècle saisi par
vous pour remédier identités culturelles. Sinon les peuples GȇDERUGXQHTXHVWLRQSROLWLTXHbII
la communication,
à cette incommunication et les individus sont perdus, agressifs. Hermès,bQrɋ
J«Q«UDOLV«Hɋ" Oui à l’anglais pour son côté pratique, mb/HVU«YROXWLRQV
'ɋ: Tout d’abord, commencer par mais à condition de respecter les lan- GHOȇH[SUHVVLRQb}
YROɋbSɋQrɋb
DFFHSWHUFHG«FDODJHLQGLVSHQVDEOHOD gues de la diversité culturelle, comme
mb5XSWXUHVHWȴOLDWLRQVb}
communication technique est très ra- le dit très bien la convention de YROɋbS
pide, la communication humaine, très Oȇ8QHVFRVLJQ«HHQb(QȴQLOIDXW bȜOHYROXPH

AUTOMNE 2015 N° 282


63
CARNET DE BORD

Roberto Vargiolu, Laboratoire de tribologie et dynamique des systèmes 1

“Je me souviens…
PROPOS RECUEILLIS PAR CHARLINE ZEITOUN

… de la prise d’empreinte sur le bras d’Ounnout,


une momie copte très bien conservée et recouverte
de feuilles d’or, exposée au musée des Beaux-Arts
de Dunkerque. Dévêtue, sans doute par les
archéologues qui l’ont trouvée au début du XXe siècle,
elle a perdu toute trace des textiles qu’elle portait
sauf… dans le relief de sa peau. Pour le reconstituer,
j’ai réalisé une empreinte avec du silicone dans le
cadre d’une étude menée par le Louvre entre 2010
et 2012. Le silicone permet d’obtenir des détails
d’une dizaine de nanomètres 2 . Ils correspondent
à une “signature” des vêtements portés en fonction
de l’empreinte laissée. Hélas, il semble que la
PRPLôFDWLRQDLWIDLWGLVSDUD®WUHOHVVLOORQVFXWDQ©V
qui auraient aussi pu nous renseigner sur l’âge
d’Ounnout au moment de sa mort. Ma discipline,
la tribologie, science de l’usure et des frottements,
sert beaucoup à l’étude du vieillissement
de la peau. Mais je crois que son utilisation sur
des restes humains a été une première.”

3+272b&)5‹6Ζ//21&1563+2727+Š48(
0%$'81.(548(/7'6

 8QLW«&156&HQWUDOH/\RQ(QLVH(173(ΖQVWLWXW&DUQRWΖQJ«QLHULH#

/\RQ8QLYGH/\RQ Un nanomètre est égal à 10 –9PªWUH

‚OLUHHQOLJQHbODEDQGHGHVVLQ«HGHYXOJDULVDWLRQ
GH5REHUWR9DUJLROXSDUXHHQQRYHPEUH
6RSKLHHWOHVP\VW«ULHXVHVPRPLHVGRU«HV
http://bit.ly/1Mt3ShM

CNRS LE JOURNAL
64
CARNET DE BORD

AUTOMNE 2015 N° 282


65
LA CHRONIQUE

de Denis Guthleben,
historien au
a CNRS

Astérix
à la conquête de l’espace
1
b RXVVRPPHVHQbDSUªV-&7RXWOH
PRQGHHVWSDUWDJ«HQGHX[EORFV7RXWɋ"
1RQɋ&DUXQSD\VSHXSO«GȇLUU«GXFWLEOHVJDXO
OHVSUHPLªUHVIXV«HVLQVSLU«HVGHVUHGRXWDEOHV
9bDOOHPDQGVɋOȇDFKDUQHPHQWGHTXHOTXHV«OHF
WURQVOLEUHVVFLHQWLȴTXHVHWPLOLWDLUHVGDQVOHV
OLVWHVU«VLVWHHQFRUHHWWRXMRXUVHQWUHOHVHP DQQ«HVbDYHFHQWUHDXWUHVOHODQFHPHQW
SLUHVDP«ULFDLQHWVRYL«WLTXH$VWXFLHX[HWLQYHQ HQbGH9«URQLTXH1QRWUHSUHPLHUHQJLQ
WLIVYRORQWLHUVRUJXHLOOHX[LOVDPELWLRQQHQWGH VWUDWRVSK«ULTXHɋHWVXUWRXWODJUDQGHPRELOLVD
FRQTX«ULUOȇHVSDFHULHQGHPRLQVɋ(W$VW«UL[ WLRQTXLVXUYLHQW¢SDUWLUGHbDYHFODQDLV
VȇDSSU¬WH¢OHXUHQRXYULUOHVSRUWHVȐ VDQFHTXDWUHDQVSOXVWDUGGX&QHVTXLGHYLHQW
YLWHOȇXQGHVJUDQGVSDUWHQDLUHVGX&156
Bip et boum… /H&156MXVWHPHQWHVWLQWHUYHQXGDQVFHWWH
&HW$VW«UL[O¢QȇHVWSDVXQSHWLWWHLJQHX[DFFRP KLVWRLUHGªVOD/LE«UDWLRQ(W¢SDUWLUGHODȴQGHV
SDJQ«GȇXQFRSDLQȐO«JªUHPHQWHQYHORSS« DQQ«HVbVRQVHUYLFHGȇD«URQRPLHDHQSDU
m$}GHVRQQRPRɝFLHOHVWXQVDWHOOLWHGH WLFXOLHU«W«OȇXQGHVSULQFLSDX[DFWHXUVGXVSDWLDO
NLORJUDPPHVIRUP«GHTXDWUH«O«PHQWVXQH IUDQ©DLVVRXVOHVGLUHFWLRQVVXFFHVVLYHVGȇ$OIUHG
EDOLVH«PHWWDQWGHVRQGHVUDGLR«OHFWULTXHVXQ .DVWOHUGH3LHUUH$XJHUSXLVGH-DFTXHV%ODPRQW
U«SRQGHXUUDGDUXQ«PHWWHXUGHW«O«PHVXUH &ȇHVWOȇRFFDVLRQGHOHUDSSHOHUXQHIRLVHQFRUH
HWXQV\VWªPHWKHUPRP«WULTXH8Q GHSXLVVDQDLVVDQFHQRWUH«WDEOLVVH
HQJLQELHQUXGLPHQWDLUHHQVRPPH PHQWDWRXMRXUV«W«GDQVOHVERQV
PDLVXQV\PEROHIRUWHQSDUYHQDQW¢
OHSURSXOVHUYHUVOHȴUPDPHQWOHVLUU« Il y a tout juste FRXSV VFLHQWLȴTXHV ɋ

GXFWLEOHVHVSªUHQWVHKLVVHUDXQLYHDX
GHVVXSHUJUDQGVOȇ8566HWOHV‹WDWV 50 ans, la France +RXUUDSRXUOD*DXOHɋ
0DLVUHYHQRQV¢bHW¢$VW«UL[6RQ
8QLVTXLGDQVFHWRUGUHFKURQRORJLTXH
Ȃb  DYHF 6SRXWQLN  DYHF mettait son ODQFHPHQWHVWSU«YXOHQRYHPEUH
¢ɋKɋGHSXLVODEDVHGȇ+DPPDJXLU
([SORUHUbȂRQWG«M¢SRV«OHXUVJURV
VRXOLHUVGDQVOȇHVSDFH premier satellite GDQVODU«JLRQGH%«FKDUHQ$OJ«ULH
‚b +b Ȃb b KHXUHV OHV U«VHUYRLUV GH
(QSDUYHQDQW¢OHSURSXOVHUɋ"&ȇHVW
ELHQOHSUREOªPHɋ&DUXQVDWHOOLWHQȇHVW en orbite. OD IXV«H 'LDPDQW VRQW UHPSOLV
‚b+bȂbbKHXUHVOȇRɝ FLHUGȇHVVDLSURFªGH
SDVXQPHQKLUTXHOȇRQH[S«GLHDSUªV DX[XOWLPHVY«ULȴFDWLRQV‚b+bȂbbKHXUH
XQHUDVDGHGHSRWLRQPDJLTXHLOIDXW OH FRPSWH ¢ UHERXUV FRPPHQFH
XQODQFHXUSXLVVDQWHWVRSKLVWLTX«‚GLUHYUDLFHW ‚b+bȂbɋVHFRQGHVOȇRS«UDWHXUGXFHQWUHGȇHVVDL
«O«PHQWHVWP¬PHOHSOXVLPSRUWDQWHQbOD DQQRQFHOHmWRSG«FROODJH}/ȇRS«UDWLRQHVWXQ
PLVVLRQGȇ$VW«UL[FRQVLVWHVXUWRXW¢YDOLGHUOD VXFFªVHW¢+bɋPLQɋODFDSVXOHWHFKQR
IXV«H'LDPDQWTXLGRLWOȇHPEDUTXHU2QDUULYH ORJLTXHb$VHG«WDFKHGXGHUQLHU«WDJHGHOD
DORUV¢XQDXWUHUHJLVWUHGHJDXORLVHULHVLO\DOD IXV«H¢OȇDOWLWXGHSU«YXH
SURXHVVHWHFKQRORJLTXHELHQV½UɋHWSXLVODȴHUW« 6DXITXHOHVDWHOOLWHGHPHXUHVLOHQFLHX[
QDWLRQDOHDYHFODTXHOOHOHFKHIGHVLUU«GXFWLEOHV $XWDQWOHGLUHFU½PHQW¢FHPRPHQWO¢WRXWHV
QHEDGLQHSDVɋPDLVDYDQWWRXWLO\DOHPHVVDJH OHVIHVVHVVRQWVHUU«HVDXSRVWHGHFRPPDQGH
XUELHWRUEL¬WUHHQPHVXUHGȇHQYR\HUTXHOTXH PHQWGXFKDPSGHWLU$XERXWGHTXHOTXHVPL
FKRVHTXLIDLWXQSHWLWmELSELS}GDQVOHV«WRLOHV QXWHVFȇHVWOHVRXODJHPHQWOHU«VHDXGHSRXU
FHODVLJQLȴHTXHOȇRQSHXWDXVVLODQFHUTXHOTXH VXLWHHWGHORFDOLVDWLRQGX&HQWUHLQWHUDUP«HV
FKRVHTXLIHUDLWXQJURVmERXP}VXU7HUUH3DVOD GȇHVVDLVGȇHQJLQVVS«FLDX[FRQȴUPHOHSDVVDJH
© ILLUS. S. MANEL POUR CNRS LE JOURNAL

SHLQHGHIDLUHXQGHVVLQȐ GXVDWHOOLWHDXP«ULGLHQGHODVWDWLRQ6DQVG«FR
FKHUXQHVHXOHED΍HOHVLUU«GXFWLEOHVYLHQQHQW
Le CNRS dans les étoiles GHUHPSRUWHUXQHEHOOHYLFWRLUH&ȇ«WDLWLO\DWRXW
$YDQWGȇHQDUULYHUO¢XQORQJFKHPLQD«W«SDU MXVWHbDQVHWOD*DXOHGHYHQDLWODWURLVLªPH
FRXUX'DQVVRQU«FHQWRXYUDJH/ȇ$YHQWXUHVSD SXLVVDQFHVSDWLDOHbII
WLDOHIUDQ©DLVH 1RXYHDX0RQGH QRWUH
FRQIUªUH3KLOLSSH9DUQRWHDX[OȇDIDLWUHYLYUHDYHF
EULROHVEDOEXWLHPHQWVGHOȇDSUªVJXHUUHDYHF

CNRS LE JOURNAL

Nous sommes au regret de vous annoncer l’annulation de Platonium.

La Ville de Lyon et la préfecture considérant, pour des raisons de sécurité, que la Fête des Lumières
ne pourra se dérouler comme prévu, l’événement organisé par le CNRS et ses partenaires
dans la cour de l’hôtel de ville est annulé.

La Ville de Lyon envisage néanmoins de garder le même programme pour 2016.

Vous aimerez peut-être aussi