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net/publication/262270925
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Yasser Diab
Damascus University
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Yasser Diab
y.diab@damasuniv.edu.sy
Résumé-Ce papier présente les moyens de stockage d’énergie comme une solution de la
problématique de fluctuation de la puissance produite par les sources d’énergies renouvelables. Ces
moyens permettent de contrôler l’injection sur le réseau pour une pénétration de l’énergie
renouvelable dans la part de production d’électricité. Ce document fait tout d’abord une
présentation générale de l’unité de stockage, ses caractéristiques principales et des différentes
technologies existantes de stockage d’énergie. Une étude comparative développée à partir de la
littérature est réalisée. Ceci permet d`avoir les avantages et les inconvénients de ces nouveaux
systèmes de stockage et d'étudier leur utilité dans les systèmes d`énergie renouvelables.
1. Introduction
D`une manière générale, le flux d'énergie à partir d'une source primaire n'est pas constant,
mais dépend de la saison, l'heure du jour et les conditions météorologiques. La demande d'énergie
n'est pas constante, soit, cela dépend des mêmes circonstances mais surtout dans le sens inverse. Il
doit donc être un médiateur entre la source d'énergie et ses consommateurs.
Pour éviter ces problèmes, les sources renouvelables peuvent utiliser des moyens qui stockent
l`excédent d`énergie en cas de surtension, mais donnent cet énergie en cas de baisse en tension ou en
cas de perte totale de puissance. Au cours des dernières années, techniques plus puissantes comme
inductances supraconductrices (SMES), supercondensateurs, etc. apparaissent comme une alternative
pour les solutions conventionnelles. Récemment, Batteries à circulation (Redox Flow Batteries)
donne une autre alternative.
le contexte énergétique précédant les années 1980, les moyens de conversion permettant le «
stockage du courant alternatif » étaient excessivement coûteux, voire très peu fiables ou inexistants.
Tout cela a changé grâce à l’arrivée d’une électronique de puissance très performante, économique et
dont les puissances traitées sont maintenant très élevées. On peut donc maintenant affirmer que
l’électricité se stocke parfaitement, même s’il s’agit d’un stockage indirect. Mais ce stockage
possède un coût d’investissement et de fonctionnement qui doit être, bien sûr, économiquement et
environnementalement acceptable [1].
Dans le contexte actuel d’un accroissement de la production d’électricité à partir des énergies
renouvelables, accompagnée d’une décentralisation des moyens de production, les dispositifs de
stockage d’énergie trouvent un nouveau champ d’applications propice, à leur développement.
À titre d’exemple, la figure 1 montre le profil de la puissance d’un parc éolien en France
enregistré pendant trois semaines. Ce profil représente très grande fluctuation.
La puissance produite au fil du temps par les éoliennes est caractérisée par sa fluctuation due
à leur source primaire difficilement prévisible et très fluctuante. Ceci augmente les problèmes induits
par l’intégration en grand nombre d’éoliennes dans les réseaux et rend difficile leur participation aux
services systèmes (réglage de la tension et de la fréquence, fonctionnement en îlotage, etc.). Or, la
stabilité du réseau repose sur l’équilibre entre production et consommation. L’augmentation du taux
de pénétration des éoliennes sera donc conditionnée par leur participation à ces différents services, ce
qui sera favorisé par l’association à ces éoliennes des systèmes de stockage de l’énergie électrique
[2].
Figure 1: Profil de la puissance en valeur réduite enregistré dans un parc éolienne en France [3]
La question qui se pose ici, c’est où on stocke l’énergie dans le système électrique ? La
réponse est plus complexe. En effet, selon les cas, il semble préférable d’accumuler l’énergie au
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niveau du producteur fluctuant, c’est par exemple le cas, des générateurs éoliens (voir figure 2). Cela
leur permettrait, dans une logique de marché, de mieux valoriser leur production et, dans une logique
de stabilisation du réseau, de participer aux « services systèmes » (contrôles des puissances actives et
réactives) [4-6].
On observe au niveau du consommateur les plus grandes amplitudes de variation de la
puissance appelée, le rapport entre la puissance crête et la puissance moyenne dépasse souvent 10.
Ceci conduit à un surdimensionnement coûteux de tout le système de distribution. Mais l’avantage le
plus appréciable d’un stockage distribué au niveau des consommateurs réside sans doute dans la
fonction de secours en cas de coupure du réseau.
En situation normale de bon fonctionnement du réseau, un tel stockage distribué pourrait
alors être mis à profit pour l’ensemble des acteurs à condition de pouvoir être contrôlé de façon
centralisée. Ces consommateurs, équipés de moyens de stockage, pourraient également être équipés
de systèmes de production locaux (toits photovoltaïques, petits aérogénérateurs…) qui permettraient
réellement d’exploiter les ressources renouvelables, naturellement réparties, et autoriseraient, dans
les situations exceptionnelles de longues coupures, un fonctionnement avec une relative autonomie
liée aux capacités de production et de stockage installées [5]. La figure 2 ci-dessous montre le
système électrique envisagé à l’avenir. Ce système exploit les différentes ressources renouvelables,
distribuées naturellement, avec les moyens de stockage appropriés.
Figure 2: Mutation des réseaux vers une production plus décentralisée exploitant d’avantage les
ressources renouvelables et les moyens de stockage
L’unité de stockage d'énergie est définie par son énergie, la capacité, le rendement de charge
(et de décharge), la puissance de charge, et la puissance de décharge. L’intégration de moyens de
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stockage aux systèmes électriques nécessite l’étude de ses caractéristiques. Dans cette partie, on
essaie de partir de structure générale de l’unité de stockage.
L’unité de stockage dans le système électrique comprend trois parties (voir figure 3) [7],[8]:
- centre de stockage,
- Système de transformation de puissance,
- Système de contrôle et de surveillance des équipements pendant la charge-décharge
Figure 3: Structure générale d’unité de stockage d’énergie, a, b, et c sont des nœuds dans le réseau
électrique
Avant d’énumérer les diverses solutions de stockage, nous proposons une analyse critique de
leurs caractéristiques fondamentales [5],[2]:
- Wstoc : la capacité énergétique en Wh (wattheures), c’est un critère fortement
dimensionnant. L’énergie exploitable dépend néanmoins du rendement de charge ou décharge, elle
varie donc avec le temps de transfert.
- Pmax : la puissance maximale de charge ou de décharge (souvent différentes). En réalité, ce
qui caractérise le plus une technologie de stockage c’est le rapport de la capacité énergétique (utile)
sur la puissance maximale.
- τ : la constante de temps, τ = Wstoc/ Pmax, c’est le temps de décharge à puissance maximale
en tenant compte de la profondeur de décharge et des conditions de fonctionnement du système,
puissance constante ou non. Elle caractérise l’adéquation du système avec certaines applications.
- η : le rendement rapport de l’énergie restituée sur l’énergie emmagasinée. Sa définition est
souvent simpliste car elle n’est fournie que pour un seul point de fonctionnement. Or, de façon
caricaturale, il y a des « pertes à vide » ou d’autodécharge et des « pertes en charge ».
- Ncycl : la cyclabilité : exprimée en nombre maximal de cycles: le nombre maximal de cycles
de charge/décharge. La cyclabilité caractérise la durée de vie du dispositif de stockage
- a : l’autonomie du système de stockage, a= Wut/Pd, Wut est l’énergie restituée (en tenant
en compte les différentes), Pd est la puissance maximale de décharge, a = (en heures ou minutes ou
parfois en secondes) : L’autonomie d’un système de stockage représente la durée maximum durant
laquelle le dispositif pourrait restituer, continuellement, de l’énergie emmagasinée. L’autonomie
diffère selon le type de stockage et la nature d’application. Dans la catégorie des petits systèmes
(quelques kWh) en site isolé et faisant appel aux énergies renouvelables intermittentes, le critère
essentiel est l’autonomie.
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On suppose que le coût d’investissement du stockage peut toujours s’exprimer comme suit :
= + 1
dont les coefficients CE (en money/kWh) et Cp (en money/kW).
- Le coût annuel d’une installation de stockage quand le coût de fonctionnement comprends
(maintenance, énergie perdue lors des cycles δE, vieillissement) peut être donné par la relation
suivante [7],[8]:
= . + . . 2
où,
R est la partie constante du coût annuel,
Ny est le nombre de cycles de charge/décharge durant un ans,
Cu est le coût spécifique d’énergie utilisée pour charger l’unité de stockage.
Dans ces dernières années, un grand nombre de systèmes de stockage d'énergie pour l'énergie
électrique ont été développés. Les systèmes les plus fréquemment utilisées sont montrés à la figure 4.
Ils peuvent être divisés en stockage indirect en utilisant un milieu intermédiaire et de stockage direct
comme le stockage dans le champ magnétique ou électrique [9].
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Techniques de stockage à moyenne et faible échelles dont les usages peuvent également
servir le réseau, mais aussi la production décentralisée pour de nombreuses applications. Ces
techniques comprennent le stockage : sous forme mécanique (volants d’inertie), sous forme
électrochimique (accumulateurs et supercondensateurs), sous forme magnétique, ou sous
forme d’air comprimé ou d’hydrogène (piles à combustible).
Techniques de stockage à grande échelle dont les usages peuvent être utilisés par un
gestionnaire de réseau. Ces techniques comprennent le stockage : sous forme d’énergie
gravitaire (systèmes hydrauliques), sous forme d’énergie thermique, sous forme d’énergie de
pression (air comprimé), sous forme chimique (batteries chimiques).
Le principe de base des supercondensateurs repose sur les propriétés capacitives de l’interface
entre un conducteur électronique solide et un conducteur ionique. Le stockage d’énergie s’effectue
par distribution des ions d'électrolyte au voisinage de la surface de chaque électrode, sous l’influence
électrostatique de la tension appliquée [10].
Compte tenu de ces réserves, les supercapacités devraient pouvoir rendre des services pour la
lutte contre les creux de tension et les perturbations brèves dans un environnement à basse tension.
Étant donné leur robustesse, liée à l’absence de réaction chimique aux interfaces, on peut penser les
utiliser en substitution aux batteries électrochimiques lorsque les contraintes d’encombrement et de
densité d’énergie ne sont pas cruciales (voir figure 5). Par exemple, sous réserve d’un coût faible, des
versions de supercapacités à puissance modérée et énergie volumique élevée (10 Wh/kg) pourraient
peut-être à l’avenir constituer un stockage de qualité pour les installations photovoltaïques. Le temps
de charge/décharge est court et entre 30-60 s. Un supercondensateur de surface de 1 m3 peut avoir
une impulsion de 5.1 MW et de poids de 100 à 500 kg. Le prix est d'environ 200-600 €/kW et 50-150
€ /Wh (voir tableau 1), mais dans 5-10 ans un niveau de prix de 10-15 €/Wh est envisagé et une base
le prix pourrait à long terme diminuer d'un facteur de 10 -100 en année 2020 [11].
Bus
DC
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Figure 6 : Principaux éléments d’un dispositif de stockage d’énergie magnétique par bobine
supraconductrice [12],[3]
Les atouts de cette technologie résident dans son excellente cyclabilité, sa durée de vie
importante (20 à 30 ans), de très bons rendements (95%) et des densités de puissance élevées (bien
supérieures à 1 kW/L). De la confrontation des performances de cette filière et des applications du
stockage d'énergie en réseau, il ressort que la technologie est particulièrement adaptée aux cas
réclamant une cyclabilité et une durée de vie élevées, tout particulièrement pour des appels de
puissance de type impulsionnel supérieurs à 1 MVA. Sont donc concernées la stabilité des grands
réseaux et l'amélioration de la qualité de la tension. De plus, la faisabilité de tels dispositifs était loin
d'être assurée, du fait de la taille des anneaux supraconducteurs, pouvant atteindre des diamètres de
plus de un kilomètre!
Enfin, des unités de plus petite taille, stockant quelques mégajoules, délivrant des puissances
impulsionnelles de l'ordre de 1 MVA, sont commercialisées de façon encore restreinte. Elles sont
dédiées à l'amélioration de la qualité de la tension, créneau le plus porteur pour cette technologie.
Elles mettent aujourd’hui en œuvre des supraconducteurs à basse température critique. Elles sont
disponibles dans des semi-remorques ou des shelters, transportables sur différents sites au gré des
besoins.
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Deux électrodes, l'une positive et l'autre négative, sont séparées par un électrolyte. On dit
qu'elles forment un couple électrochimique, parce qu'aux deux interfaces interviennent des réactions
électrochimiques d’oxydoréduction.
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Le coût élevé de cette technologie risque d'être un obstacle à son développement. De plus, ses
principaux concurrents, à savoir les batteries et les condensateurs, sont actuellement en pleine
évolution. Le domaine d'utilisation du volant d'inertie risque donc d'être de plus en plus restreint
(hors domaine spatial). Le stockage inertiel reste encore bien adapté lorsque des impulsions de
puissance sont demandées pendant de courtes durées, de 1 seconde à 3 minutes.
Pour l'application des piles à combustible en tant qu’une partie d’un système de stockage
pour les énergies renouvelables, deux solutions coexistent. La première solution est l'utilisation d'une
pile à combustible qui peut à la fois fonctionner comme un électrolyseur et une pile à combustible.
La deuxième solution pour le stockage de l'électricité à travers les médiateurs d'hydrogène, et le plus
mature, est l'association d'une unité de production de combustible, par exemple sous la forme d'un
électrolyseur, avec un dispositif de stockage de gaz et, enfin, une pile à combustible qui convertit le
gaz stocké en énergie électrique [11].
Des systèmes ont été proposés qui conjuguent une éolienne alimentant des habitations en
électricité, fabricant de l'hydrogène par électrolyse quand la production est supérieure à la demande
et alimentant le village en électricité générée par une pile dans le cas inverse [2] (voir figure 9).
Cependant, les systèmes (ou à PAC réversible), outre un coût d’investissement encore prohibitif, leur
rendement global est très faible (moins de 50%) et leur durée de vie insuffisante dans le contexte des
applications couplées au réseau électrique [5].
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Les batteries à circulation (redox flow batteries) permettent de contourner la limitation des
accumulateurs électrochimiques classiques dans lesquels les réactions électrochimiques créent des
composés solides qui sont stockés directement sur les électrodes où ils se sont formés. La masse qu’il
est possible d’accumuler localement est forcément limitée, ce qui fixe un maximum à la capacité.
Dans les batteries dites à circulation d’électrolyte, les composés chimiques responsables du stockage
de l’énergie sont liquides et restent en solution dans l’électrolyte. Trois technologies sont en
développement avec des électrolytes à base de ZnBr (Zinc-brome), NaBr (Sodium-brome) et VBr
(Vanadium brome (figure 10)). L’électrolyte est pompé vers des réservoirs externes dont le volume
représente l’énergie stockée. Des systèmes de capacité élevée (qq 100 kWh à qq 10 MWh) sont en
expérimentation sur sites [12] .
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C’est le procédé le plus simple : on chauffe un corps (sodium, sel, eau sous pression, etc.) qui ne
subit pas de changement d’état pendant la phase d’accumulation ; la chaleur est ensuite récupérée
pour produire de la vapeur d’eau qui entraîne un groupe turboalternateur.
L’utilisation de l’eau comme fluide de stockage est la seule envisagée pour les stockages de
grande capacité énergétique, mais la production d’électricité implique des températures élevées,
supérieures à 200 C, de sorte qu’il est impossible de stocker cette eau dans des nappes captives car le
terrain subirait des modifications irréversibles. Il faut donc utiliser des cavités étanches de grand
volume, creusées dans la roche. Pendant les heures creuses, l’eau chaude à stocker peut provenir
d’une centrale thermique, par exemple par condensation d’une partie de la vapeur à haute pression
sortant de la chaudière (voir figure 11) ou extraite, à un niveau de pression et de température
inférieur, de la turbine. La production supplémentaire d’électricité pendant les heures de pointe peut
se faire en assurant, par le déstockage, le réchauffage de l’eau d’alimentation et en réduisant
simultanément les soutirages de la turbine. La surpuissance alors obtenue est de 5 % grâce à une
augmentation du débit de vapeur traversant la turbine.
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Figure 11: Stockage d’électricité sous forme de chaleur sensible dans une centrale électrique
Si l’on n’envisage plus l’eau comme fluide de stockage, il faut citer les expériences réalisées
pour la conversion thermodynamique de l’énergie solaire où des stockages thermiques de courte
durée (quelques heures) ont été réalisés avec du sodium, des sels fondus (Draw Salt, Hitec) ou de
l’huile associée à du sable et des blocs de granit, comme à la centrale de Solar One en Californie
(10 MW).
Alors que, dans les procédés à chaleur sensible, c’est l’écart de température qui détermine la
capacité de stockage, le stockage thermique par chaleur latente de fusion met en œuvre le
changement d’état liquide-solide d’un matériau à température constante.
Le principe est le suivant : pendant l’accumulation, on fait passer un corps de l’état solide à
l’état liquide et, pendant la restitution, on le ramène à l’état solide. Les transferts de chaleur entre
l’accumulateur thermique et le milieu extérieur s’effectuent par l’intermédiaire d’un fluide
caloporteur.
L’énergie est stockée à un niveau thermique donné, et cela d’une façon d’autant plus
concentrée que la température est élevée ; l’enthalpie de fusion croît avec la température de fusion
des corps utilisés.
De nombreuses expériences ont été conduites aux États-Unis et en France depuis 1960 sur la
soude (NaOH) et sur la potasse (KOH), à haute température (300 C environ).
Le stockage d’air comprimé (CAES compressed air energy storage) représente une
technologie déjà relativement mature avec plusieurs réalisations de grande puissance [2].
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On sait qu’une turbine à gaz classique utilise près des deux tiers de la puissance disponible
sur l’arbre pour la compression de l’air de combustion. Il apparaît donc possible, en séparant les
processus dans le temps, de comprimer l’air lors du stockage puis de produire, pendant les heures de
déstockage, une puissance trois fois plus importante pour la même consommation de combustible.
Il est important, pour des raisons économiques, que les fuites d’air dans le stockage soient
faibles. Par conséquent, la centrale doit être située au-dessus d’un sous-sol constitué de roches de très
bonne qualité ou de dépôts de sel adéquats. Le stockage en nappes aquifères, technique utilisée pour
le gaz naturel, est également envisagé [12].
En effet, l’air comprimé doit être stocké à forte pression (40 à 70 bars) et à une température
proche de l’ambiante, cela afin de réduire son volume massique et diminuer ainsi le volume du
réservoir de stockage. Cependant, les volumes stockés restent très importants. Par exemple [13], pour
une unité de 250 MW ayant une autonomie de 6 à 8 heures, il faut environ 500000 m3. Pour cette
raison, il n’est ni pratique, ni économique d’utiliser des réservoirs sous pression en surface; il faut
envisager donc un stockage d’air comprimé souterrain, pouvant bénéficier de pressions géostatiques
(poids des terrains au-dessus des cavernes) qui facilitent le confinement de la masse d’air stockée
(voir figure 12).
Figure 12: Stockage d’air comprimé souterrain à partir des sources renouvelables
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Ce type de barrages collecte les eaux d’un bassin versant et accumule ainsi de l’énergie qui
ne sera transformée en électricité qu’en fonction des besoins instantanés du réseau. C’est ainsi que
certaines barrages fonctionnent essentiellement aux heures de pointe. On voit ainsi qu’une source
renouvelable joue un rôle considérable dans la gestion du réseau.
Si l’on veut stocker de l’énergie électrique, il faut utiliser des stations de transfert d’énergie
par pompage (STEP) qui permettent de pomper et turbiner cycliquement la même eau entre un bassin
supérieur et un bassin inférieur (voir figure 13).
Leur principe généralement est bien connu : Lors des périodes où la demande d'électricité est
très élevée (heures de pointe, le plus souvent pendant la journée), l'eau s'écoule du bassin supérieur
afin de produire de l'électricité. Lorsque la demande est peu élevée (heures creuses, le plus souvent
pendant la nuit), l'installation d’accumulation par pompage utilise de l'électricité afin de faire
remonter l'eau du bassin inférieur vers le bassin supérieur pour le remplir à nouveau, puis on turbine
pour produire de l’électricité d’une valeur plus élevée aux heures de pointe.
Les retenues d’eau, haute et basse, peuvent être soit naturelles, soit artificielles. Pour le
matériel électromécanique, il peut y avoir deux conceptions différentes. Les groupes ternaires (dont
la ligne d’arbre comporte trois éléments : la turbine, l’alternateur-moteur et la pompe) et les groupes
avec pompes-turbines qui sont des machines réversibles capables d’assurer les deux fonctions de
pompage et turbinage. Les groupes ternaires sont plus chers et présentent l’inconvénient d’avoir une
ligne d’arbre très longue; par contre, ils ont des matériels adaptés à leur fonction, ce qui permet
d’espérer de bons rendements. Les groupes réversibles sont intermédiaires entre les pompes et les
turbines [13].
Ce principe est utilisé pour les grandes énergies (quelques 10 GW.h, et 100 MW), il "suffit"
de construire un réservoir à une hauteur h par rapport au système de pompage/"turbinage" :
W=m.g.h. Son coût est très faible (voir tableau 2) [12].
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En rêvant, la révolution viendra plus tard de la pile à combustible. Elle permettra peut être, non
pas demain, mais après demain d'obtenir pour l'énergie électrique, des capacités de stockage voisines
de celles des hydrocarbures associées aux moteurs thermiques, cent fois plus élevées que celles des
accumulateurs actuels et encore trente fois plus élevées que celle des nouveaux accumulateurs qui
seront opérationnels, à grande échelle, dans quelques années [14].
Air
Inductif Volant Hydrogène PAC
Technologie Supercondensateur Batteries comprimé
Supraconducteur Inertie réversible
en bouteille
Forme air
magnétique électrostatique électrochimique mécanique carburant
d’énergie comprimé
Densité 300 à 600 Wh/kg
8 Wh/kg
d’énergie 1 à 5 Wh/kg 5 à10 Wh/kg 20 à 120 Wh/kg 1 à 5 Wh/kg (200 à 350 bars)
(200 bars)
Wh/kg hors PAC
Capacité
qq Wh a qq qq kWh à qq qq kWh à
réalisable ou qq kWh qq kWh NA
MWh 10 kWh qq 10 kWh
réalisée
1 h à qq
qq 10 mn (NiCd) 1 h à qq jours
Constante de jours (peu
qq s à 1 mn qq s à qq mn à qq 10 heures qq mn à 1 h (peu
temps d’fauto-
(Pb) d’autodecharge)
decharge)
10000 - 100- 10000 - 1000 -
Cyclabilité 10000 -100000 -
1000000 2000 100000 10000
0,3 à 0,5
Rendement 0,8 à > 0,9 selon 0,7 à 0,8 selon 0,8 à > 0,9
> 0,9 selon 0,3 à 0,5
électrique régime techno et régime selon régime
régime
150 à 2000
50 000 à 150 000 Pb-acide : 50 à
Coût énergie (massif) .
500 à 72000 (dimensionnement en 200 Lithium : ? 15
₤/kWh 25000
puissance) 700 a 1000
(composite)
Coût
puissance 200-300 200-300 250-1500 300-350 400-600 6000
₤/kW
Connaissance Difficile Aisee Aisee Aisee
Aisee (courant) Aisee (tension)
de l’état de Parametres (vitesse) (pression) (remplissage H2)
Tableau 1: Bilan simplifié des caractéristiques des moyens de stockage plutôt exploitables à petite échelle [5],[15]
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Batteries à Thermique à
Technologie Hydraulique Air comprimé Batteries classiques
circulation turbine
Batterie au plomb :
1 kWh/m3 pour une 12 kWh par m3 de 33 kWh/t
Densité d’énergie 33 kWh/ m3 200 kWh/ m3
chute de 360 m caverne à 100 bars Batterie Li-ion :
100 kWh/t
1000-100000
Capacité réalisable 1000-100000 MWh 100-10000 MWh 1-40 MWh 10-100 MWh
MWh
Puissance réalisable 100-1000 MW 100- 1000 MW 1 MW- 10 MW 1- 10 MW 10-100 MW
Rendement électrique 65%-80% 50% 70%-90% 70%-90% 0.8<> 0.9
Installations 100 000 MWh 600 MWh 40 MWh 120 MWh
?
existantes 1000 MW 290 MW 10 MW 15 MW
200 (Pb)-
Coût €/kWh(1) 70-150 50-80 100-300 50
2000 (Li)
300 (Pb)-
€/kW(1) 600-1500 400-1200 1000-2000 350-1000
3000 (Li)
En
Plusieurs Plusieurs expériences
Très bonne Plusieurs Développement
Maturité expériences avec des technologies A l’état de projet
expériences prototypes en
au monde matures
fonctionnement
Tableau 2 : Bilan simplifié des caractéristiques des moyens de stockage plutôt exploitable à grande échelle
[5],[15]
Dans la catégorie des applications stationnaires de faible puissance, le point essentiel est une
autodécharge la plus petite possible. En se basant sur les seuls critères techniques, le lithium-ion est
alors le meilleur candidat. Dans la catégorie des petits systèmes (quelques kWh) en site isolé et
faisant appel aux énergies renouvelables intermittentes, le critère essentiel est l’autonomie; la batterie
plomb reste le meilleur compromis entre performances et coût. Le lithium-ion est plus performant
mais d’un coût encore trop élevé.
Pour des besoins plus importants (quelques centaines de kWh), le plomb reste devant le
lithium et les solutions alternatives sont soit moins performantes, soit d’un coût trop élevé : air
comprimé (trop d’autodécharge), piles à combustible (coût très élevé et mauvais rendement
énergétique), batteries redox (coût de maintenance).
Pour le lissage de pointes faisant appel à un stockage d’énergie élevé (plusieurs MWh), l’air
comprimé et les batteries redox sont les plus appropriés avec un avantage important pour le premier
en termes de coût. Mais ces technologies restent encore à démontrer sur le terrain. Pour la qualité de
puissance, les critères essentiels sont la capacité de restitution de l’énergie et le cyclage. Les volants
d’inertie et les supercondensateurs sont les plus adaptés ainsi que les batteries lithium-ion.
Parmi les prises en compte, les batteries au plomb satisfont aux critères techniques de toutes
les catégories mais sont pénalisées par leur durée de vie limitée et leur manque de fiabilité. Les
batteries à base de nickel et les piles métal-air ne sont jamais en tête de classement suivant les
critères retenus (performances plus faibles, coût légèrement supérieur). Les piles à
combustible/hydrogène sont pénalisées par leur manque de maturité. Enfin, certaines technologies
sont aptes à apporter des solutions pour le stockage des énergies intermittentes : le stockage
hydraulique, le stockage thermique pour des applications à grande échelle, les inductances
supraconductrices (SMES) pour de faibles échelles.
Pour répondre aux besoins futurs d’une production de plus en plus délocalisée, le stockage va
demander à court et moyen terme des améliorations technologiques. Les batteries lithium-ion ont
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d’excellentes performances mais le coût est actuellement prohibitif pour une application de systèmes
isolés dans les pays en développement. Le recyclage et l’élimination en fin de vie de ces batteries
nécessitent des actions de recherche et développement (R&D). Les batteries plomb restent le
meilleur compromis coût/performances mais demeurent le point faible du système isolé ; des
performances accrues en terme de durée de vie doivent être développées pour répondre plus
efficacement aux besoins. Pour les applications connectées au réseau, les besoins à moyen terme
comprimé, supercondensateurs, volant d’inertie) sont plus ou moins matures et peuvent être
optimisées en terme de coût, de fiabilité et de rendement.
Pour notre première simulation (simplifiée voir figure 14), on suppose qu`une ligne de
distribution qui alimente des régions rurales . La longueur de la ligne est de 100 km et un parc de 3 ×
3MW (valeur max) est connecté a la ligne (le nœud 16, 35 km). La charge représente des maisons
locales d`une puissance totale 4.5 MW . Le système de stockage proposé est composé de
supercondensateurs d`une puissance de 5 MW. Une modélisation simple a été prise pour représenter
ce système espérée de celle de STATECOME.
On a , d`abord, simulé le système sans le moyen de stockage avec une grande fluctuation de
la puissance d`une turbine (voir figure 15). On constate très grande variation de la tension aux bornes
des charges (voir figure 15).
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1 conférence Franco-Syrienne sur les énergies renouvelables, 2010, 24-26 Oct. Damas, (Syrie)
Avec l`utilisation du système de stockage (voir figure 16), on observe que la variation de
tension a diminué de 4% a mois de 4%.
Figure 16: Profile de tension aux bornes de charge lors de l`utilisation du système de stockage
Puisqu'aucun système de stockage ne possède les deux qualités de pouvoir stocker beaucoup
d'énergie et de pouvoir la délivrer rapidement (puissance), on a intérêt, dans certains cas, à combiner
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1 conférence Franco-Syrienne sur les énergies renouvelables, 2010, 24-26 Oct. Damas, (Syrie)
deux dispositifs ayant des qualités complémentaires, par exemple, une batterie électrochimique et
une supercapacité. [14].
7. Conclusion
En se basant sur les caractéristiques intéressantes de ces moyens, l’énergie électrique peut
être stockée en général en n’importe quelle quantité et surtout celles produite par les ressources
renouvelables.
Certes le stockage a un coût, mais il apporte un service. Nous avons vu que dans de
nombreux cas, un stockage est déjà mis en œuvre, signe qu’il est justifié économiquement. En
poursuivant un effort de recherche dans ce domaine, nul doute que le champ d’application s’étendra
[15].
Le stockage d’énergie représente un enjeu majeur pour permettre une réelle pénétration des
immenses ressources renouvelables naturellement dispersées [16]. Pour accroître la sûreté du
système, les solutions sont nombreuses mais tellement différentes dans leurs spécifications qu’elles
sont difficiles à comparer. C’est la raison pour laquelle on a essayé de dégager, de façon critique, un
ensemble de caractéristiques techniques et économiques qui permettraient d’améliorer les
estimations de performances et coût qui conditionnent l’acceptabilité du stockage.
8. Références
[1] A. RUDDELL, “Storage and Fuel Cells,” Doc. EPSRC SuperGen Workshop : Future
Technologies for a Sustainable Electricity System, Univ. of Cambridge, Nov. 2003.
[4] P.D. Lund et J.V. Paatero, “Energy storage options for improving wind power quality,”
ESPOO, FINLAND: 2006.
[5] B. MULTON et H. BEN AHMED, “Le stockage stationnaire d’énergie électrique : pourquoi et
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1 conférence Franco-Syrienne sur les énergies renouvelables, 2010, 24-26 Oct. Damas, (Syrie)
[6] J. V. Paatero et P.D. Lund, “Effect of energy storage on variations in wind power,” Wind
Energy , 8(4)., 2005, p. 424-441.
[7] A. TER-GAZARiAN, Energy Storage for Power Systems, University of London, UK: 1996.
[9] SELS,U, T. VAN, et C. DRAG T, “New Energy Storage Devices for an Improved Load
Managing on Distribution Level,” Porto Power Tech Conference, Sep. 2001.
[14] B. MULTON et J.M. PETER, “Le stockage de l’énergie électrique, moyens et applications,”
Synthèse de la Journée d’Études SEE Clubs, au CNAM Paris., Fév. 1996.
[15] B. MULTON et J. RUER, “Stocker l’Electricité : oui, C’est Indispensable et c’est Possible.
Pourquoi, où, Comment ?,” Publication ECRIN, Contribution au Débat National sur l’Energie.
Reconnaissance :
Cet article est inspiré des travaux des recherches de B. Multon, A. Marquet et d’autres.
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