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Université Ibn Tofail Kenitra

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Faculté des sciences juridiques économiques et sociales

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Année universitaire 2016-2017 semestre 4

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Filière de Droit-Tronc commun

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Matière du Professeur M. HAMMOUMI

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ORGANISATION JUDICIARE DU
ROYAUME
Résumé

Réécrit par l'étudiant Nazih ELMEKKAOUI

Ce support n’est pas destiné à un usage commercial ou à but lucratif

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CHAPITRE I PRINCIPES FONDAMENTAUX DE
L’OJ
Notion de justice :

La justice a plusieurs sens selon le contexte.

• Au sens large : est une vertu, un sentiment d'équité, une notion empreinte de
subjectivité selon l'éthique personnelle de chacun.
• Au sens technique : est la fonction qui consiste à juger, à dire le droit à l'occasion
d'une contestation. C’est une prérogative souveraine qui appartient à l'Etat.
• Stricto sensu : désigne l'ensemble des institutions qui concourent à l'exercice de
la fonction de juger : juridictions, juges, auxiliaires et administrations de justice.
C’est un service public.

SECTION I EVOLUTION HISTORIQUE DE LA FONCTION


JUDICIAIRE
L’évolution de l’OJ se scinde en 3 phases :

A. PERIODE ANTERIEURE AU PROTECTORAT


Avant le protectorat, la justice était composée de la justice du Chrâa, exercée par Qadi,
et la justice laïque, rendue par Pachas dans les villes et Caïds dans les tribus, au nom du
Sultan.

1. Justice du Chrâa
Juge de droit commun, le Qadi rend la justice en appliquant le droit musulman issu du
Saint Coran.

Sa compétence au civil était universelle. Les parties pouvaient se défendre seules ou


assistées d'un mandataire. Elles pouvaient produire, pour leur défense, des Fétouas ou
consultations rédigées par un Mufti ou interprète de la loi.

L'affaire est instruite à l'audience et la sentence est ensuite rédigée et enregistrée.


Cependant, le juge ne s'occupe pas de l'exécution, les voies d'exécution sur les biens n'étant
pas connues en droit musulman coutumier.

2. Juridictions laïques
On y distingue :

a. Juridictions du Makhzen

A l'origine, Pachas et Caïds assuraient les fonctions administratives. Cependant, ils se


sont vus plus tard attribuer des fonctions judiciaires, exclusivement en matière pénale,
empiétant ainsi progressivement sur les domaines de compétence du Qadi. Son intervention
s'est limitée au final aux questions d'état des personnes, aux successions et aux affaires
immobilières régies exclusivement à l'époque par le droit musulman.

OJ : organisation judicaire
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Le plaideur pouvait demander à être jugé par le tribunal du Chrâa. Mais dans la pratique,
les justiciables préféraient les juridictions des Pachas et Caïds.

b. Justice coutumière amazighe

Les tribus amazighes avaient conservé leur organisation indépendante en matière de


règlement des conflits. Leurs litiges étaient résolus par voie arbitrale sur la base du droit
coutumier amazigh en dehors de l'autorité du makhzen.

3. Tribunaux rabbiniques
Traitent les affaires concernant les marocains juives. Même si la compétence de ces
tribunaux confessionnels devait être limitée, en principe aux affaires du statut personnel et
des successions, elle s'étendait dans la pratique à tout type de litige.

4. Privilèges de juridiction
Les Européens, qui ne se soumettaient ni à la justice du Chrâa ni aux juridictions
makhzen, bénéficiaient d'un privilège de juridiction régi par un régime de capitulation
fonctionnant comme suit :

➢ Lorsque le litige opposait deux personnes de même nationalité, l'affaire est du


ressort du consul du pays en question ;
➢ Lorsque le litige opposait deux personnes de nationalités différentes, chaque
consul applique à son concitoyen la législation de son pays. Dans la pratique, on
composait souvent une juridiction comprenant les consuls des différentes parties
et on appliquait une législation convenue entre lesdits consuls ;
➢ Lorsque le litige opposait un marocain musulman à un étranger, la juridiction
compétente est celle de la partie défenderesse, tout en privilégiant les étrangers :
✓ Si l'étranger était demandeur, il devait saisir la juridiction marocaine,
mais le juge marocain était assisté du consul étranger ;
✓ Si le marocain était demandeur, il devait s'adresser au consul étranger. Le
marocain était alors assisté d'un juge marocain.

B. PHASE DU PROTECTORAT
Le Maroc était divisé pendant le protectorat en trois zones auxquelles correspondaient
trois types d'organisations judiciaires différentes. Et dans chaque zone, les tribunaux
Makhzen coexistaient avec les juridictions française, espagnole ou internationale.

1. Zone sous protectorat français


On y retrouvait :

a. Tribunaux anciens

Il s'agit des juridictions qui existaient bien avant le protectorat, à savoir : tribunaux
Chrâa ou du Qadi, tribunaux des Pachas et Caïds et tribunaux rabbiniques. Ces différents
tribunaux, compétents en matières civile, pénale et commerciale quand il s'agit des litiges
opposant des marocains, étaient chapeautés par le haut tribunal chérifien.

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L'administration exerçait son autorité sur ces tribunaux via les Pachas et Caïds qui
représentaient le pouvoir central.

Des tribunaux coutumiers avaient été créés en 1930 par le protectorat avec pour
vocation de traiter les litiges sur la base de la coutume en zones amazighes (dahir berbère).
Cependant, ces juridictions étaient contestées par le mouvement national.

b. Tribunaux français (ou modernes)

Se composaient des tribunaux de paix, de première instance et d'une CA sise à Rabat. Ils
connaissaient des matières civiles, pénales, commerciales et administratives. Les pourvois
en cassation étaient portés devant la CC de Paris.

Ces tribunaux étaient saisis par tous les plaideurs, quelle que soit leur nationalité,
lorsqu'il s'agit d'appliquer le droit moderne (droit des affaires, droit de la propriété
intellectuelle et industrielle). Ils appliquaient ainsi les textes du protectorat, dont une partie
est publiée en 1913, notamment le DOC, les codes de procédure civile et pénale, le Dahir
formant code de commerce.

2. Zone sous occupation espagnole


A côté des tribunaux préexistant, les espagnoles avaient mis en place des tribunaux dits
« Khalifiens » qui comprenaient, à l'instar de la zone du sud, les tribunaux de paix, les TPI
et une CA à Tétouan. Ces juridictions organisées sur le modèle espagnol appliquaient des
lois inspirées du droit espagnol (procédures civile et pénale, code des obligations et contrats,
code de commerce). Ces textes datent pour la plupart de 1914.

Ces juridictions qui connaissaient de toutes les matières, avaient une compétence
rationae nationalitis en ce sens qu'ils traitaient les litiges dont les parties sont des Espagnoles,
des marocains protégés de l'Espagne et les étrangers qui ne bénéficiaient pas du privilège
capitulaire.

3. Zone internationale de Tanger


Était soumise au régime international fixé par la convention de Tanger du 18 décembre
1923 qui avait été signée entre la France, l'Espagne et le Royaume-Uni.

La justice était rendue par une juridiction appelée « tribunal mixte » de Tanger où
siégeaient des juges Français, Espagnoles et Anglais, chargés de traiter les litiges impliquant
les ressortissants des puissances étrangères. Cette juridiction appliquait des textes spéciaux
tels que le code sur la condition civile des étrangers dans la zone.

Cette juridiction a été réformée en 1953 en lui substituant une juridiction qui comprenait
un tribunal de paix, un tribunal criminel et une CA. 12 magistrats y siégeaient : 2 français,
2 espagnoles, un britannique, un marocain, un belge, un italien, un néerlandais, un suédois,
un américain et un portugais. Ces juges sont nommés par Dahir du Sultan, sur proposition
de leurs gouvernements respectifs.

C. PHASE DE L'INDEPENDANCE
Elle se scinde en deux périodes :

CC : cour de cassation
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CA : cour de d’appel
➢ La première s'étale du recouvrement de l'indépendance à la loi du 26 janvier 1965,
➢ La deuxième couvre la période postérieure à ladite loi.

1. De l'indépendance à la loi d'unification et d'arabisation


Le recouvrement de l'indépendance a eu pour conséquence l'abolition du protectorat et
la domination espagnole ainsi que la fin du régime international, sans pour autant éliminer
la diversité des juridictions. Pour gérer cette situation complexe, le législateur a instauré
dans un premier temps la régionalisation des tribunaux.

Ainsi, les tribunaux Makhzen sont érigés en tribunaux de droit commun, composés des
tribunaux régionaux et des tribunaux du Sadad. L'ordre administratif (représenté par
l'autorité exercée par les Caïds et Pachas) est séparé de l'ordre judiciaire. De même, les
tribunaux coutumiers sont supprimés. Enfin, le haut tribunal chérifien est remplacé en 1957
par la Cour suprême. Les tribunaux de type français sont devenus des tribunaux modernes.

A Tanger, l'ex-juridiction internationale a fusionné avec le tribunal de droit commun en


1957. De même, une CA y est créée. Dans la zone Nord, la compétence des tribunaux
khalifiens fut transférée aux juridictions de droit commun en 1958. Le ressort territorial de
la CA de Tanger a été étendu pour couvrir tous les tribunaux régionaux et les 12 tribunaux
du Sadad du Nord. L'ancienne CA de Tétouan a été supprimée.

Malgré l'importance de cet effort de réaménagement du système judiciaire, les


juridictions de droit commun coexistent avec celles dites modernes jusqu’à l'avènement de
la réforme de 1965 d'unification et d'arabisation de la justice.

La loi du 26 janvier 1965 fut la première loi d'envergure votée par le Parlement. Son
article premier dispose que « sont unifiés, en vertu de la présente loi, sur l'ensemble du territoire
du Royaume, toutes les juridictions marocaines, à l'exception du tribunal militaire et de la haute
cour de justice (…) ».

Le système judiciaire ainsi unifié comprend désormais :

➢ Tribunaux du Sadad,
➢ Tribunaux régionaux,
➢ CA,
➢ Et cour suprême.

Les affaires rabbiniques sont en premier ressort de la compétence des tribunaux du


Sadad et en second ressort des tribunaux régionaux. Ainsi, les tribunaux modernes, du
Chrâa et rabbiniques ont été définitivement intégrés dans les tribunaux de droit commun
(Sadad et régionaux).

Les tribunaux du Sadad ont remplacé les tribunaux de paix (JP). Ils connaissaient des
statuts personnels (musulmans et israélites) et des affaires civiles. Les tribunaux régionaux,
qui ont absorbé les anciens TPI, constituent les véritables tribunaux de droit commun.

Cette OJ a été complétée par décret royal en 1967 qui a instauré les tribunaux sociaux
pour se substituer aux tribunaux du travail qui furent institués par Dahir en 1957.

En plus de l'unification, la loi du 26 janvier 1965 a institué la marocanisation et


l'arabisation de la justice :

JP : juridiction de proximité 5
TPI : tribunal de première instance
 Article 4 : « nul ne peut exercer les fonctions de magistrat auprès des juridictions
marocaines s’il n'est de nationalité marocaine ».
 Article 5 : « seule la langue arabe est admise devant les tribunaux marocains, tant
pour les débats et les plaidoiries que pour la rédaction des jugements ».

2. Réforme de juillet 1974 et Réformes postérieures


a. Réforme de juillet 1974

Ses principaux apports sont :

➢ Publication de nouveaux textes relatifs à l’OJ, à la procédure civile, ainsi que des
dispositions transitoires en matière de procédure pénale.
➢ Substitution des juridictions communales et d'arrondissement aux tribunaux du
Sadad ;
➢ Retour de l'ancienne appellation « TPI » qui remplace désormais la
dénomination « tribunaux régionaux » et leur nombre a été augmenté de 16 à 54 ;
➢ Généralisation du principe du juge unique au niveau des TPI.

b. Réformes postérieures sont :

➢ Création en 1993 des TA institués par la loi 41.90 ;


➢ Création en 2008 des CA administratives qui ont remplacé la chambre
administrative de la Cour suprême ;
➢ Institution en 1998 par la loi 53.95 des juridictions de commerce ;
➢ Suppression de la Cour spéciale de justice, qui était spécialisée dans les affaires de
corruption, détournement et dilapidation des fonds publics et transfert de ses
attributions aux sections financières instituées au sein de 4 CA ;
➢ Remplacement en 2012 des juridictions communales et d'arrondissements par les
JP. Celles-ci ont la particularité d'être confiées à des juges de carrière au lieu des
juges non professionnels qui siégeaient dans les juridictions communales et
d'arrondissement ;
➢ Création en 2012 des chambres d'appel au sein des TPI pour statuer en appel sur
les jugements des TPI dont le montant ne dépasse pas 20.000 Dirhams ;

Un projet de loi régissant l’OJ est en cours d'examen au Parlement. Ce projet constitue
une véritable refonte de la loi en vigueur. Il apporte des aménagements substantiels,
notamment :

✓ Suppression des chambres d'appel créées au sein des TPI ;


✓ Création de sections spécialisées en matière administrative et de commerce au
sein des TPI, ayant les mêmes compétences que celles reconnues aux TA et des
tribunaux de commerce, pour davantage de proximité ;
✓ Unification du parquet au niveau des juridictions de premier degré, sous la
supervision du TPI ;
✓ Extension du périmètre des affaires soumises au juge unique en matière de la
famille ;

Le projet rationalise également l'exercice des recours pour exception d'incompétence


matérielle et précise un certain nombre de droits des justiciables ainsi que les règles
d'organisation et de fonctionnement interne des tribunaux.
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TA : tribunal administratif
SECTION II JUSTICE ET SES RAPPORTS AVEC LES
AUTRES POUVOIRS
De nos jours, il est question de sauvegarder un certain équilibre et assurer une
collaboration fructueuse entre les différents pouvoirs que de respecter une séparation
absolue des pouvoirs devenue quasiment impossible.

C'est sans doute cet esprit qui anime la Constitution 2011. Article 1 : « le Régime
Constitutionnel du Royaume est fondé sur la séparation, l'équilibre et la collaboration des
pouvoirs… ». Son article 107 affirme que le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir
législatif et du pouvoir exécutif et que le Roi est le garant de l'indépendance du pouvoir
judiciaire.

L’indépendance de la justice figure à la tête des principes régissant tout système


judiciaire normal. Cette indépendance s'exprime à travers certaines dispositions
constitutionnelles, notamment :

➢ Présidence du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire par le Roi, la présidence


déléguée étant confiée au Premier président de la CC ;
➢ Garantie de l'inamovibilité des magistrats du siège ;
➢ Proscription de toute intervention dans les affaires soumises à la justice, le juge
ne pouvant recevoir d'injonction ou d'instruction ni être soumis à une quelconque
pression. Le juge peut saisir le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire chaque fois
qu'il estime que son indépendance est menacée. La loi sanctionne toute personne
qui tente d'influencer le juge de manière illicite. Les magistrats du parquet sont
tenus à l'application du droit et doivent se conformer aux instructions écrites
émanant de leur autorité hiérarchique.

A. RAPPORT ENTRE POUVOIRS LEGISLATIF ET JUDICIAIRE


En théorie, la règle est que le législateur édicte la norme qui est une règle générale et
abstraite, alors que le juge est chargé d'appliquer la règle de droit aux litiges qui se
présentent à lui afin de dégager la solution appropriée.

Dans la pratique, la situation mériterait d'être nuancée.

1. Interdiction faite au juge de s'immiscer dans la fonction législative : portée


et limites
En principe, les tribunaux ne peuvent prendre directement part à l'exercice du pouvoir
législatif ni empêcher ou suspendre l'exécution des lois à peine de forfaiture, même lorsqu'un
texte leur parait inopportun, néfaste ou mal fait. Les juges peuvent, en leur qualité de
citoyen, œuvrer pour en obtenir la modification, mais ils ne peuvent en tant que juges en
écarter l'application.

Ceci étant, se pose les cas d'illégalité des textes, des arrêts de règlement et de
l'interprétation des textes.

a. Contrôle de la légalité des textes

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Le principe de soumission du juge à la loi peut soulever quelques difficultés lorsque le
texte que le juge est appelé à appliquer est entaché d'illégalité. A ce titre, on distingue 2 cas :

Cas des textes législatifs

Lorsqu'une loi est contraire à la norme supérieure, elle est dite « inconstitutionnelle ».
Le juge doit s'y soumettre pour autant et seule la cour constitutionnelle est habilitée à
déclarer une loi ou une disposition à caractère législatif comme étant non conforme à la
Constitution.

A ce titre, deux cas de figure se présentent :

• Contrôle à priori de la Constitutionnalité de la loi avant sa promulgation. La Cour


peut être saisie par le Roi, Chef du Gouvernement, Présidents des deux chambres
ou par le cinquième des membres de la chambre des représentants ou par
quarante membres de la chambre des conseillers.
Les lois organiques sont systématiquement soumises avant leur promulgation,
à la Cour Constitutionnelle.
Dès qu'une loi est promulguée (et publiée), le juge se doit de l'appliquer, sauf
lorsqu'elle fait l'objet d'un recours pour exception d'inconstitutionnalité.
• Contrôle à postériori : pour la première fois, la Constitution 2011 a prévu la
possibilité, pour une partie au litige, de soulever l'exception d'inconstitutionnalité
au cours du procès, lorsqu'il est soutenu par cette partie que la loi dont dépend
l'issue du litige porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution.
Une disposition déclarée inconstitutionnelle suite à un tel recours est abrogée à
compter de la date fixée par la Cour Constitutionnelle.

Cas des textes réglementaires

La situation est différente lorsqu'un texte à caractère réglementaire parait contraire à la


loi. Dans ce cas, la loi a prévenu un recours particulier appelé « recours en annulation pour
excès de pouvoir ».

Ce recours est porté devant les juridictions administratives. Ainsi, s'agissant d'un acte
réglementaire du Chef du Gouvernement, l'examen de sa régularité est du ressort de la
Chambre Administrative de la CC. Pour les autres actes réglementaires, l'examen des recours
pour excès de pouvoir y afférent revient au TA territorialement compétent.

Si l'illégalité d'un décret est soulevée devant une juridiction de l'ordre judiciaire, le
tribunal sursoit à statuer et diffère cette exception devant la chambre administrative de la
CC pour statuer, avant que le tribunal initialement saisi poursuive l'examen de l'affaire.

b. Prohibition des arrêts de règlement

Les arrêts de règlement sont des décisions de justice par lesquelles le juge pose, à
l'occasion de l'examen d'une affaire qui lui a été soumise, une règle générale qu'il compte
appliquer à l'avenir. C'est-à-dire qu'il édicte une sorte de règlement qui dépasse le cas et
espère qu'il est appelé à trancher et revêt une portée générale.

La pratique des arrêts de règlement n'est pas admise en droit marocain. Il est défendu
aux juges de se prononcer par voie de disposition générale et réglementaire sur les causes qui

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leur sont soumises. En d'autres termes, le juge ne peut fixer des règles en dehors des causes
qui lui sont soumises, ni imposer pour l'avenir la règle retenue au fondement de sa décision
ou encore poser une règle inutile à la résolution du cas. La raison de cette prohibition est
qu'en procédant de la sorte, le juge déborderait le cas d'espèce et s'érige en législateur en
édictant une règle générale, ce qui est contraire au principe de séparation des pouvoirs.

Il en découle que le juge n'est jamais lié par « le précédent judiciaire ». Le fait que le juge
ait statué dans un sens lors de l'examen d'un litige ne l'empêche pas d'adopter une solution
différente à l'occasion de l'examen d'une cause similaire. Pis encore, le juge qui par
imprudence dit qu'il statue dans un sens donné parce qu'il a déjà statué dans le même sens
dans des décisions précédentes méconnaitrait le principe d'interdiction des arrêts de
règlement et verra sa décision irrémédiablement annulée. En définitive, cette règle ne
s'oppose pas à la force des précédents mais oblige le juge à en vérifier la pertinence au regard
des circonstances de l'espèce.

Dans les systèmes judiciaires britannique et américain, la règle du précédent est admise
et la jurisprudence a une forte autorité.

c. Interprétation de la loi

Le juge est habilité à interpréter la loi lorsqu'elle est obscure ou que l'on hésite sur son
application au cas d'espèce.

Le pouvoir d'interprétation, qui est le terrain de prédilection du juge, permet à celui-ci


de combler les lacunes de la loi, voire même de l'adapter aux besoins du moment, compte
tenu de l'évolution de la société.

L'évolution des méthodes d'interprétation a renforcé la marge de manœuvre du juge en


la matière. Cependant, l'interprétation a des limites. En effet, le juge peut certes interpréter
les textes, mais il ne peut pas pour autant les dénaturer ou les ignorer.

2. Intervention du législateur dans la fonction du juge


Le pouvoir reconnu au parlement de recueillir, via des commissions d'enquête, des
informations sur des faits déterminés ou sur la gestion des services, entreprises et
établissements publics, et soumettre leurs conclusions à la chambre concernée, est soumis à
la condition que ces faits n'aient pas donné lieu à des poursuites judiciaires. En effet, il ne
peut être créé de commission d'enquête lorsque les faits ont donné lieu à des poursuites
judiciaires et aussi longtemps que ces poursuites sont en cours. Bien plus, si une commission
a déjà été créée, sa mission prend fin dès l'ouverture d'une information judiciaire relative
aux faits ayant motivé sa création.

On relève certaines limites exceptionnelles à la portée de ce principe de séparation des


pouvoirs. C'est le cas de :

a. Loi à effet rétroactif

Dans la mesure où une loi rétroactive a pour conséquence de faire naitre des droits qui
n'existaient pas à l'origine, elle risque dans certains cas de constituer une immixtion
intempestive du législateur dans le jugement de certaines affaires, dans la mesure où elles

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auraient été jugées autrement si la loi n'était pas intervenue, notamment lorsque ladite loi
crée des droits nouveaux qui remettent en cause ce qui est déjà jugé.

b. Loi interprétative

A pour vocation d'interpréter une loi antérieure en vue d'en préciser le sens et/ou la
portée. Elle produit, par sa nature même, un effet rétroactif dans la mesure où elle s'intègre
à la loi interprétée et prend effet à la date de celle-ci.

Ainsi, le législateur peut recourir à une telle loi, lorsqu'il constate que l'interprétation
d'une loi, adoptée par les tribunaux, est très différente de celle qui a été voulue par lui, pour
mieux préciser son intention.

Cependant, si cette pratique est légitime en temps normal, elle peut susciter des
interrogations dans le cas où il est fait recours à une loi interprétative au milieu d'un procès
pour obliger le juge à statuer dans un sens donné.

c. Loi de validation

Est une loi tendant à rendre valable un acte qui ne l'était pas initialement. Cette méthode
peut être utilisée dans des hypothèses où un acte illégal accompli par l'administration est
différé à une juridiction pour en obtenir l'annulation.

Le législateur intervient ainsi pour valider rétroactivement l'acte contesté qui deviendra
ainsi conforme à la loi. Cette pratique a pour effet direct, soit de supprimer tout objet à la
demande dont le juge a été saisi, si la loi intervient en cours d'instance, ou de dispenser
l'administration d'exécuter le jugement, lorsque la loi intervient après le jugement ayant
déclaré l'acte nul.

Les lois de validation ont pour objet d'éviter des situations inextricables. Cependant, il
y a un risque que ce genre de loi donne lieu à des abus dans la mesure où l'administration,
par le vote d'une loi de circonstance, obtient du législateur ce que le juge lui a refusé.

B. RAPPORT ENTRE POUVOIRS EXECUTIF ET JUDICIAIRE


Le principe de séparation des pouvoir impose deux règles principales :

➢ Le juge ne peut s'immiscer dans les affaires de l'exécutif : c'est la règle de la


séparation des fonctions administratives et judiciaires ;
➢ L’Administration ne peut pas intervenir dans la fonction judiciaire.

Dans la pratique, cette séparation est loin d'être absolue.

1. Interdiction au juge de s'immiscer dans les affaires de l'administration


Les juges ne peuvent en aucun cas, à peine de forfaiture, troubler l’action de
l'administration. Cette règle, jadis traduite par l'article 8 du Dahir sur l’OJ interdisant aux
juridictions civiles d'ordonner accessoirement ou principalement « toutes mesures dont l'effet
serait d'entraver l'action des administrations publiques », était censée traduire en pratique le
principe de séparation des pouvoirs.

Conséquences de cette règle :

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 Deux problèmes :

a. Problème du contrôle juridictionnel des actes de l'Administration

La règle énoncée par l'article 8 a commencé à perdre de son aura, d'abord avec
l'institution du recours pour excès de pouvoir en 1957, et surtout depuis l'institution des
tribunaux administratif en 1993.

Ainsi, l'administration qui échappait à tout contrôle juridictionnel s'est vue se soumettre
à celui-ci, notamment via le mécanisme du recours en annulation pour excès de pouvoir.
Avant la reconnaissance légale de ce mécanisme, l'administré insatisfait d'un acte
administratif ne pouvait que former un recours gracieux devant l'autorité ayant pris l'acte
ou s'adresser à sa hiérarchie moyennant un recours hiérarchique. L'autre solution consistait
à s'adresser au juge civil pour demander des dommages-intérêt.

b. Problème de l'interdiction classique faite au juge de délivrer une injonction à une


autorité administrative

On considère pendant longtemps qu'il n'entre pas dans le pouvoir du juge, y compris
celui des juridictions administratives, d'adresser une injonction à une autorité
administrative. Ainsi, le juge ne peut prescrire à une administration de modifier une
réglementation illégale ou même de l'inviter à revoir sa décision.

Cette règle subsiste toujours, mais elle est contournée par la jurisprudence qui trouve le
moyen d'enjoindre à l'administration une conduite à tenir. Parmi les moyens et solutions
utilisés :

➢ Suggestion de la solution dans la motivation de la décision judiciaire en utilisant


le conditionnel (le juge utilise l'expression « l'Administration aurait dû procéder de
la sorte… ») ;
➢ Déclarer la nullité de l'acte avec toutes les conséquences de droit, assortie d'une
astreinte en cas de non-exécution.

En plus de ces dérogations au principe, l'utilisation de la force publique pour l'exécution


forcée des décisions judiciaires représente une autre illustration des rapports complexes
qu'entretiennent la justice et l'Administration. Si le juge peut ordonner à l'Administration
la mobilisation de la force publique aux fins de l'exécution des décisions judiciaires, la
réaction de l'Administration, parfois lente voire même négative, est en mesure de constituer
une entorse à la performance de la justice et au principe de « la force de la chose jugée ».

2. Indépendance de la justice à l'égard de l'exécutif


Veut que ni le gouvernement, et à plus forte raison, les autorités administratives qui lui
sont subordonnées, ne puissent donner un ordre ou exercer une quelconque pression sur un
juge. La Constitution n'a pas manqué de confirmer cette règle en évoquant l'indépendance
de la justice.

Bien que les constitutions antérieures évoquassent cette indépendance, la réalité


institutionnelle ne permettait pas de garantir ce principe, en raison notamment des
prérogatives assez larges que conserve l'exécutif en matière de gestion de la carrière des

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magistrats. À ce titre, le Président délégué du Conseil supérieur de la magistrature est le
Ministre de la justice.

Avec l'installation en avril 2017 du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, le poste de


Président délégué est confié par la nouvelle Constitution au Premier Président de la CC.
L'absence du représentant de l'exécutif parmi les membres dudit Conseil est un facteur à
même de rendre plus effective cette indépendance des juges.

Enfin, le texte portant statut particulier des magistrats a été revu aussi bien sur la forme
que sur le fond. Sur la forme, ce statut est désormais érigé en loi organique par la
Constitution. Sur le fond, le nouveau statut offre plus de garanties en termes de gestion de
carrière, ce qui consolide l'indépendance des juges vis-vis de l'exécutif.

SECTION III JUSTICE EN TANT QUE SERVICE PUBLIC


La justice est un grand service public de l'Etat, d'abord de par sa place comme l'un des
trois pouvoirs sur lesquels repose l'Etat, mais aussi en raison des moyens humains et
matériels qu'il mobilise. Il hérite donc des principes classiques du service public, auxquels
s'ajoutent d’autres propres au service public de la justice.

A. SERVICE PUBLIC DE LA JUSTICE


Comme tout service public, sa responsabilité peut être mise en cause en cas de
défaillance.

1. Justice : un grand service public


La justice a toujours été considérée comme un attribut essentiel de la souveraineté.
Historiquement, « toute justice émane du Roi ». De nos jours, et aux termes de l'article 124
de la Constitution, les jugements sont rendus et exécutés « au nom du Roi et conformément à
la Constitution ». Donc, la justice est un monopole de l'Etat. Cela implique que « nul ne peut
se faire justice pour soi-même ».

Ceci est d'autant plus important que le pouvoir de rendre la justice ne se réduit pas à
« dire le droit », mais implique aussi un pouvoir de commandement appelé l’imperium en
vertu duquel le juge ordonne que tout soit mis en œuvre pour que son jugement soit exécuté,
y compris le concours de la force public. Et comme l'Etat est le seul détenteur de la force
publique, un tel pouvoir de commandement ne peut être exercé que par une personne
investie par l'Etat lui- même du pouvoir de juger.

Cependant, le principe de la justice comme monopole de l'Etat n'est pas absolu, il admet
une dérogation qui prend de plus en plus d'ampleur, à savoir l'arbitrage qui est un mode
alternatif de règlement des différends.

2. Responsabilité du service public de la justice


Les dysfonctionnements de la justice peuvent entraîner de graves préjudices pour les
plaideurs qu'il convient de réparer. On peut distinguer 3 régimes spéciaux de responsabilité :

✓ Erreur judiciaire : cas d’un accusé condamné par erreur à une peine de prison ;
✓ Faute personnelle du juge : lorsqu'un juge aurait perdu des pièces importantes ;

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✓ Détention provisoire anormale.

La Constitution reconnait pour la première fois l'erreur judiciaire. Article 122 : « les
dommages causés par une erreur judiciaire ouvrent droit à réparation à la charge de l'Etat ».

B PRINCIPES GENERAUX DU SERVICE PUBLIC DE LA JUSTICE


L'organisation et fonctionnement de la justice obéissent à des principes qui ne découlent
pas forcément du caractère de service public.

1. Principe de l'égalité devant la justice


Signifie que toute personne a une égale vocation à être jugée par les mêmes juridictions
et selon les mêmes règles de procédure sans discrimination aucune. Tout justiciable est en
droit de soumettre librement sa prétention à la juridiction compétente pour en connaitre et
que celle-ci doit, à peine de déni de justice, statuer sur la demande dont elle est saisie.

Ce principe s'applique aussi bien aux nationaux qu'aux étrangers, sous réserve des
dispositions du droit international en matière de la compétence judiciaire.

Si ce principe semble évident de nos jours, tel n'était pas le cas autrefois où les privilèges
de juridiction sont légion. Aujourd'hui, bien que le privilège de juridiction ne soit pas disparu
entièrement, il est mieux encadré pour ne pas porter significativement atteinte au principe
de l'égalité.

Si tous les citoyens sont théoriquement égaux devant la justice, ils n'y ont pas tous accès
effectivement et avec la même facilité et ce pour plusieurs raisons et obstacles :

Raisons économiques :

➢ Tout le monde ne peut supporter les frais de justice ;


➢ L’assistance judiciaire accordée est une défense de second degré ;
➢ On ne peut pas récupérer tous les frais lorsqu'on gagne le procès, surtout les
honoraires d'avocat ;

Raisons géographiques :

➢ La distance à parcourir pour ester devant un tribunal peut s'avérer dissuasive ;


➢ Les JP n’ont que partiellement résolu ce problème ;
➢ Les juridictions spécialisées demeurent loin des justiciables et leur nombre est très
réduit.

Autres raisons :

➢ Elargissement de l'éventail des affaires pour lesquelles les justiciables ne peuvent


plaider que par l'entremise d'avocat ;
➢ Lenteur de la justice et complexité des procédures judiciaires.

2. Principe de la permanence ou la continuité


La justice est rendue sans interruption, sans intervalle entre des sessions périodiques
éventuelles. Dans d'autres pays (Grande Bretagne, Canada) les juridictions siègent à

13
certaines périodes de l'année, par sessions. Au Maroc, elles siègent en permanence toute
l'année.

Cependant, cette règle admet deux dérogations, à savoir les jours fériés et les vacances
judiciaires. Toutefois, des aménagements sont prévus pour assurer la continuité, en cas
d'urgence dans la mesure où il est possible de saisir le juge des référés, même le dimanche,
au besoin à son domicile. Les juges d'instruction assurent une permanence les dimanches et
les jours fériés.

Malgré les vacances judiciaires et le fait que les tribunaux connaissent un ralentissement
de l'activité pendant le mois d'août, les audiences sont quand-même tenues pour juger les
affaires urgentes.

Le projet de la nouvelle loi sur l’OJ confirme :

➢ Ce principe ;
➢ Que l'année judiciaire commence le 1er janvier et s'achève le 31 décembre ;
➢ Et que les tribunaux tiennent leurs audiences sans interruption et s'organisent de
manière à éviter toute suspension ou report d'audience.

3. Principe du double degré de juridiction


Signifie que les plaideurs ont le droit de soumettre leur procès pour un second examen à
une juridiction de second degrés (la CA quand l'affaire est jugée en premier ressort par le
TPI). Ce principe a pour objet de garantir les droits de la défense en permettant un nouvel
examen par une juridiction supérieure, d'autant plus que celle-ci est censée comprendre des
magistrats plus expérimentés et qualifiés et que la juridiction du second degré tire profit du
travail effectué par les juges du premier ressort pour se concentrer sur le nœud du problème.
L’appel est une voie de recours ordinaire.

Toutefois, ce principe admet des exceptions, notamment dans les cas suivants :

✓ Certaines affaires sont jugées en premier et dernier ressort (sans appel) : l'appel
n’est pas possible contre les jugements des tribunaux communaux et
d'arrondissements et contre les jugements rendus par les TPI dans les affaires
dont la valeur ne dépasse pas 5000 Dirhams ;
✓ Un tiers peut intervenir directement (pour la première fois) en appel ;
✓ Il est possible de formuler des demandes nouvelles en appel.

4. Principe de la gratuité
Signifie que les plaideurs ne paient pas leurs juges. Ils sont payés par l'Etat. Ce principe
n'est pas inhérent à la notion de service public. Il existe en effet des services publics dont le
coût est pris en charge entièrement ou partiellement par les usagers (service postal). Dans le
cas de la justice, c'est toute la communauté qui contribue fiscalement, à la prise en charge
des frais de la justice.

Cependant, la justice n'est pas à proprement parler gratuite. En effet, le plaideur qui
saisit le tribunal doit avancer une partie contributive aux frais appelée taxe judiciaire à
laquelle s'ajoutent les frais de représentation (honoraires d'avocat) et les frais éventuels des
autres auxiliaires tels les frais d'experts et des huissiers.

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Un système d'assistance judiciaire est mis en œuvre pour éviter que les personnes sans
ressources ne soient empêchées de faire valoir leurs prétentions devant la justice. Article 1
du décret royal de 1966 sur l'assistance judiciaire : « l'assistance judiciaire peut être accordée
devant toutes les juridictions du Royaume, en tout état de cause :

✓ Aux étrangers ;
✓ Aux personnes ;
✓ Aux établissements publics ou d'utilité publique ;
✓ Aux associations privées poursuivant une œuvre d'assistance et dotées de la
personnalité civile, de nationalité marocaine ».

L'assistance judiciaire est applicable à tout litige, aux constitutions de parties civiles
devant les juridictions d'instruction et de jugement et, en dehors de tout litige, aux actes de
juridiction gracieuse et aux actes conservatoires. Cependant, la décision accordant
l'assistance judiciaire n'a d'effet qu'en ce qui concerne les actes et opérations accomplis
postérieurement à la date à laquelle elle a été prononcée, à moins qu'une décision provisoire
n'ait été accordée auparavant.

L’assistance judiciaire ne permet pas d'accéder à une défense de qualité. Ce service, non
rémunéré par l'Etat, est assuré gratuitement par les barreaux qui, souvent le confient aux
avocats en début de carrière. Les associations du barreau et le gouvernement arrivent en
2016 à un terrain d'entente sur une solution qui permet à l'Etat de rémunérer les avocats
qui assurent cette assistance, et ce via leurs barreaux respectifs.

5. Principe du caractère contradictoire de la procédure


Exige que le justiciable doit avoir été mis en mesure de se défendre et d'être entendu par
le juge. Il suppose le respect d'un délai irréductible pour permettre aux parties de
comparaitre. Ce principe est renforcé par celui de la publicité des audiences.

Les personnes jugées par défaut disposent d'une voie de recours : l'opposition.

CHAPITRE II JURIDICTIONS : ORGANISATION


ET COMPETENCE
L’OJ est régie par le Dahir portant loi 1-74-338 de 1974. Ce texte a subi une dizaine
d'amendements dont le dernier est apporté par la loi 58.11 de 2011.

Le système juridictionnel repose sur le principe de l'unité de juridiction, dans la mesure


où il est chapeauté par la CC. Il comprend des juridictions de droit commun et d'autres
spécialisées.

Certains auteurs le qualifient de semi-dualiste puisque l'ordre juridictionnel


administratif n'est pas parachevé par le Conseil d'Etat à l'instar des systèmes dualistes où il
existe deux ordres juridictionnels (judiciaire et administratif) avec un tribunal des conflits
qui traite des conflits de compétence entre ces ordres.

L’OJ comprend :

✓ 71 TPI ;

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✓ 7 TA ;
✓ 8 tribunaux de commerce ;
✓ 21 CA ;
✓ 2 CA administratives (à Rabat et Marrakech) ;
✓ 3 CA de commerce (à Casablanca, Fès et Marrakech) ;
✓ Une CC (Cour suprême auparavant).

Le siège, ressort et effectifs de ces juridictions sont fixés par décret.

Le Dahir régissant l’OJ n'intègre ni Cour constitutionnelle ni tribunal militaire ni


juridictions financières.

SECTION I JURIDICTIONS DE DROIT COMMUN


A. LES TPI
1. Organisation
Chaque TPI comprend :

✓ Président ;
✓ Juges dont certains peuvent assurer des fonctions de vice-président et des juges
suppléants ;
✓ Ministère public composé d'un procureur du Roi et d'un ou plusieurs substituts ;
✓ Greffe ;
✓ Secrétariat du parquet.

Ces tribunaux peuvent être divisés suivant la nature des affaires qu'ils connaissent en :

➢ Sections des affaires de la famille ;


➢ Sections des JP ;
➢ Et en chambres : civile, commerciale, immobilière, sociale et pénale.

Chacune des chambres peut comprendre un ou plusieurs magistrats. Toutefois, toute


chambre peut valablement instruire et juger, quelle qu'en soit la nature, les affaires soumises
au tribunal.

Le Ministre de la justice peut détacher, dans des localités situées dans le ressort des TPI,
un ou plusieurs magistrats pour exercer à titre permanent et ce, pour une meilleure
administration de la justice. Ces magistrats sont appelés juges résidents.

Les centres de juges résidents sont des juridictions qui font partie intégrante des TPI.
(183 centres).

Les TPI peuvent être qualifiés, selon le type d'affaires dont ils connaissent, en :

➢ « TPI civils » ;
Divisés en :
✓ Sections de justice de proximité ;
✓ Chambres civiles ;
✓ Chambres commerciales ;

16
✓ Et chambres immobilières.
➢ « TPI sociaux » ;
Comprenant :
✓ Sections des affaires de la famille ;
✓ Chambres des accidents de travail et maladies
professionnelles ;
✓ Et chambres des litiges de travail.
➢ Et « TPI pénaux ».
Structurés en :
✓ Sections des JP ;
✓ Chambres correctionnelles ;
✓ Chambres des accidents de circulation ;
✓ Et chambres des mineurs.

2. Compétence des TPI


Les TPI peuvent connaitre de toutes les matières sauf lorsque la loi attribue
formellement compétence à une autre juridiction. C'est une compétence générale qui s'étend
aux :

➢ Affaires civiles, immobilières, pénales et sociales ;


➢ Questions relatives au statut personnel, familial et successoral, mettant en cause
des nationaux musulmans ou israélites ou des étrangers.

Les TPI sont compétents soit en premier et dernier ressort, soit à charge d'appel, dans
les conditions déterminées par les codes de procédure civile et pénale, et le cas échéant, par
des textes particuliers.

En matière civile :

Les TPI statuent en premier et dernier ressort lorsque le montant du litige est égal ou
inférieur à 5000 Dirhams. Dans ce cas l'appel est exclu, mais la décision peut toujours faire
l'objet d'un pourvoi en cassation. Si la valeur du litige est supérieure à ce montant ou si elle
est indéterminée, le tribunal statue uniquement en premier ressort, à charge d'appel.

En matière pénale :

Les TPI jugent les contraventions et délits.

Les chambres d'appel des TPI, instituées dans le cadre de la justice de proximité,
statuent en appel des jugements rendus en première instance par les mêmes tribunaux,
lorsque la valeur en cause n'excède pas 20.000 Dirhams.

3. Fonctionnement des TPI


Le TPI peut siéger en formation collégiale ou en juge unique, selon les cas. La présence
du représentant du ministère public est obligatoire dans certains cas.

a. Formation des audiences

En règle générale, les TPI siègent à juge unique avec l'assistance d'un greffier.

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Néanmoins, les TPI siègent en présence de 3 juges dont un président, avec l'assistance
d'un greffier dans les actions suivantes :

✓ Statut personnel et successions à l'exception de la pension alimentaire ;


✓ Actions immobilières de droits réels et mixtes ;
✓ Conflit de travail ;
✓ Délits sanctionnés par une peine d'emprisonnement supérieure à 2 ans et dont la
compétence est dévolue par le code de procédure pénale au TPI.

Lorsqu'il apparait au juge unique que l'une des demandes principale, reconventionnelle
ou en compensation, relève de la compétence de la formation collégiale ou se rapporte à une
action ayant un lien de connexité avec une action en cours devant cette formation, il se
dessaisit de l'ensemble de l'affaire par décision gracieuse.

Le président du TPI est chargé de la transmission du dossier de l'affaire à la formation


collégiale.

Lorsqu'il statue en matière de conflit du travail, le tribunal est assisté par 4 assesseurs
dont le mode de désignation est fixé par décret.

b. Présence du représentant du ministère public

Est obligatoire à l'audience pénale, à peine de nullité de la procédure et du jugement.

En toute autre matière, cette présence est facultative, sauf dans les cas prévus par le
code de procédure civile, notamment lorsque le ministère public est partie principale et dans
toutes autres hypothèses prévues par un texte particulier.

4. Sections des affaires de la famille


Ont été créées après la publication du code de la famille, au sein des TPI pour connaître
exclusivement des affaires de la famille.

Ces sections connaissent des affaires suivantes :

➢ Statut personnel,
➢ Successions,
➢ État civil,
➢ Homologation et mineurs,
➢ Kafala

Les affaires relatives au statut personnel des marocains juives sont soumises aux règles
du statut personnel hébraïque. Un magistrat rabbinique statue sur ces affaires.

5. JURIDICTIONS DE PROXIMITE
Sont instituées dans le ressort des TPI et leur compétence territoriale se répartit comme
suit :

➢ Sections des JP instituées au sein des TPI et dont la compétence englobe les
collectivités locales situées dans le ressort de ces tribunaux ;

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➢ Sections des JP créées au sein des centres du juge résident et dont la compétence
englobe les collectivités locales situées dans le ressort du centre du juge résident.

Ces sections se composent d'un ou plusieurs juges et d'agents de greffe ou de secrétariat.


Elles siègent par un juge unique assisté d'un greffier, hors la présence du ministère public.

Pour davantage de proximité, des audiences foraines peuvent être tenues dans l'une des
collectivités situées dans le ressort territorial de la section des JP.

L'assemblée générale désigne des magistrats qui exercent dans les TPI et dans les centres
du juge résident, chargés de statuer sur les affaires relevant de la compétence des JP.

a. Compétences et procédure applicable

Les règles de compétence et de procédure tant civiles que pénales devant les sections des
JP sont celles fixées par la loi 42.10 régissant celles-ci, sauf lorsqu'une loi spéciale en dispose
autrement. Sont également applicables, les dispositions des codes de procédure civile et
pénale à moins qu'elles ne soient contraires aux dispositions de la loi susmentionnée.

Pour faciliter l'accès à ces juridictions, la procédure devant elles est orale, gratuite et
exempte de toute taxe judiciaire. Les jugements sont consignés sur un registre spécial et
revêtus de la formule exécutoire. Ils doivent être rédigés avant leur prononcé et une copie
est délivrée aux intéressés dans un délai de 10 jours à compter de la date du prononcé. Si un
jugement est rendu en présence des parties, mention en est faite dans le PV de l'audience.

Le juge de proximité informe les parties de leur droit à un recours en annulation du


jugement devant le président du TPI dans un délai de 8 jours à compter de la date de
notification du jugement et ce, dans les cas suivants :

✓ Si le juge n'a pas respecté sa compétence rationae personae ;


✓ S’il n'a pas effectué la tentative de conciliation prévue à l'article 12 de la loi 42.10 ;
✓ S’il a statué alors que l'une des parties l'avait récusé à bon droit ;
✓ S’il a condamné le défendeur sans avoir la preuve qu'il avait été touché de la
notification ou de la convocation ;
✓ Si dans une même décision, il y a des dispositions contraires ;
✓ Si, dans le cours de l'instruction de l'affaire, il y a eu dol ;

Le président statue sur la demande dans un délai de 15 jours suivant la date de son dépôt,
hors la présence des parties, sauf s'il juge nécessaire la convocation de l'une des parties pour
présenter des éclaircissements. Dans tous les cas, il statue dans le délai d'un mois. Ce
jugement n'est susceptible d'aucune voie de recours.

b. Compétence et procédure

En matière civile :

Le juge de proximité connait de toutes les actions personnelles et mobilières dont la


valeur n'excède pas 5000 Dirhams, à l'exception des litiges relatifs au statut personnel, à
l'immobilier, aux affaires sociales et aux expulsions.

Si le demandeur procède à un fractionnement des droits qui lui sont dus afin de bénéficier
de ce que lui confère la présente loi, il ne sera accédé qu'à ses demandes initiales.

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Si la partie défenderesse formule une demande reconventionnelle, celle-ci ne s'ajoute pas
à la demande principale pour le calcul de la valeur du litige et le juge demeure compétent
pour le tout.

Dans le cas où la demande reconventionnelle excède la valeur de compétence des JP, le


demandeur reconventionnel est invité à se mieux pourvoir.

Le juge de proximité est saisi par une requête écrite ou par une déclaration orale reçue
par le greffier qu'il consigne dans un PV qui prévoit l'objet de la demande le les motifs
invoqués.

Si le défendeur est présent, le juge lui expose le contenu de la demande. S'il n'est pas
présent, la requête du demandeur ou une copie du PV lui est notifiée immédiatement sur
ordre du juge. Cette notification comporte convocation à l'audience qui ne devrait pas être
éloignée de plus de 8 jours.

Le juge de proximité procède, obligatoirement, avant l'examen de l'action, à une


tentative de conciliation. Si elle a lieu, il est procédé à l'établissement d'un PV par lequel le
juge constate cette conciliation.

Si la tentative de conciliation échoue, il statue, sur le fond, dans un délai de 30 jours, par
un jugement non susceptible d'aucune voie de recours ordinaire ou extraordinaire, sous
réserve des cas de recours en annulation susmentionnés.

En matière des contraventions :

Le juge de proximité est compétent pour connaitre des contraventions, prévues dans la
loi 42.10, commises par des personnes majeures, sauf à avoir une qualification plus sévère
lorsqu'elles sont commises dans la circonscription sur laquelle le juge exerce sa juridiction
ou lorsque l'auteur y est domicilié.

L'action publique est mise en mouvement par le ministère public qui transmet au juge
de proximité les PV dressés par la police judiciaire ou par les agents chargés à cet effet.

Les JP peuvent statuer sur les demandes civiles en réparation de préjudice, dans le cadre
des actions publiques accessoires, et ce, dans la limite de la compétence rationae personae.

Si le juge de proximité se déclare incompétent pour statuer sur l'action publique, il


renvoie immédiatement l'affaire devant le ministère public.

La notification et l'exécution des sentences sont assurées par l'autorité administrative


locale. Toutefois, des huissiers de justice peuvent en être chargés, à la demande du
bénéficiaire.

d. Abolition des juridictions communales et d'arrondissement

Les JP viennent remplacer les juridictions communales et d'arrondissement instituées


par la loi 1-74-338 de 1974 relative à l’OJ, respectivement dans les communes rurales et
urbaines. Elles se composent d'un juge unique assisté d'un greffier ou d'un secrétaire.

Les juges d'arrondissement et les juges communaux étaient choisis soit parmi les
magistrats soit parmi de simples citoyens. Dans ce dernier cas, chacun des juges était assisté

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par deux suppléants. Les juges non-magistrats et leurs suppléants étaient choisis au sein et
par un collège électoral dont les membres sont eux-mêmes désignés par une commission dans
laquelle siège le Caïd ou le Khalifa d'arrondissement. Le collège électoral était composé de
100 personnes remplissant certaines conditions fixées par la loi 1-74-338. Fonctionnaires
publics en activité, avocats, Oukils, et Adouls ne pouvaient être membres de ce collège.

Les juges d'arrondissement et communaux étaient investis par Dahir, pour 3 ans, sur
proposition du Conseil Supérieur de la Magistrature.

Leurs attributions :

Se réduisent aux affaires mineures en matière civile et pénale :

✓ Toutes actions personnelles et mobilières intentées contre les personnes résidantes


dans la circonscription, si le montant de ces actions n'excède pas la valeur de 1000
Dirhams ;
✓ Demandes en paiement de loyer et des demandes en résiliation de baux non
commerciaux fondées sur le défaut de paiement ;
✓ Litiges dont la valeur n'excède pas 2000 Dirhams par accord exprès conclu devant
le juge ;
✓ Certaines infractions pénales mineures énumérées à l'article 29 de la loi 1-74-338,
lorsqu'elles ont été commises dans la circonscription sur laquelle ces juges
exercent leur juridiction ou lorsque l'auteur y est domicilié.

Les juges communaux et d'arrondissements pouvaient ordonner toute mesure ayant


pour objet de mettre fin au trouble actuel de jouissance du droit de propriété. Toutefois, ils
ne pouvaient pas connaître des litiges relatifs aux affaires immobilières et au statut
personnel.

B. COURS D’APPEL
La loi 1-74-338 relative à l’OJ fixe l'organisation et la composition des CA.

Composition :

Les CA comprennent, sous l'autorité du Premier Président et suivant leur importance :

➢ Certaines chambres spécialisées (chambre de statut personnel et successoral,


chambre criminelle). Toute chambre peut valablement instruire et juger, quelle
qu'en soit la nature, les affaires soumises à ces cours.
➢ Un ministère public (Procureur Général et substituts généraux),
➢ Un ou plusieurs magistrats de l'instruction,
➢ Un ou plusieurs magistrats des mineurs,
➢ Un greffe,
➢ Et un secrétariat du parquet général.

Organisation :

En toute matière, l'audience est tenue et les arrêts sont rendus par un collège de 3
Conseillers assistés d'un greffier, sauf si la loi en dispose autrement.

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La chambre criminelle siège, en raison de la gravité des affaires qui lui sont confiées, avec
5 Conseillers : un président de chambre et 4 conseillers.

Les CA, juridictions du second degré, examinent une seconde fois les affaires déjà jugées
en premier ressort par les TPI. Elles connaissent donc des appels des jugements rendus par
ces tribunaux ainsi que des appels des ordonnances rendues par leurs présidents.

Les chambres criminelles des CA constituent des formations particulières, compétentes


pour juger des crimes en premier et dernier ressort.

C. COUR DE CASSATION
A été créée au lendemain de l'indépendance par le Dahir 1-57-223 de 1957. Elle est placée
au sommet de la hiérarchie judiciaire et coiffe toutes les juridictions de fond. Son
organisation et sa compétence sont déterminées par la loi de 1974 fixant l’OJ, le Code de
procédure civile, certaines dispositions du Code de procédure pénale et du Code de justice
militaire.

Composition :

La CC est présidée par un Premier Président. Le ministère public y est représenté par le
Procureur Général du Roi assisté d'Avocats généraux. Elle comprend :

➢ Présidents de chambre ;
➢ Conseillers,
➢ Greffe ;
➢ Secrétariat du parquet général ;
➢ 6 chambres :
✓ Civile,
✓ De statut personnel et successoral,
✓ Commerciale,
✓ Administrative,
✓ Sociale,
✓ Pénale.
Chaque chambre est présidée par un président et peut être divisée en sections.
Toute chambre peut valablement instruire et juger, quelle qu'en soit la nature,
les affaires soumises à la Cour.

La CC est une juridiction collégiale. A ce titre, les audiences sont tenues et les arrêts
rendus par 5 magistrats. Dans certains cas, cette collégialité est renforcée et les arrêts sont
rendus par deux chambres réunies et dans certaines affaires, par toutes les chambres réunies
en assemblée plénière.

Attributions :

Sont nombreuses et diversifiées. La loi a cependant limité son rôle à l'examen des seules
questions de droit : la CC contrôle la légalité des décisions rendues par les juridictions de
fond et assure ainsi l'unité d'interprétation jurisprudentielle.

La CC statue sur :

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✓ Pourvois en cassation formés contre les décisions rendues en dernier ressort par
toutes les juridictions ;
✓ Recours formés contre les décisions par lesquelles les juges excèdent leurs
pouvoirs ;
✓ Prises à partie contre les magistrats et les juridictions autres que la Cour
suprême ;
✓ Instances en suspicion légitime ;
✓ Dessaisissements pour cause de sûreté publique ou de bonne administration de la
justice ;
✓ En premier et dernier ressort, sur les recours en annulation pour excès de pouvoir,
dirigés contre les actes réglementaires ou individuels du Chef du gouvernement,
et les recours contre les décisions des autorités administratives, dont le champ
d'application s'étend au-delà du ressort territorial d'un TA.

SECTION II JURIDICTIONS SPECIALISEES


A. TRIBUNAUX ADMINISTRATIFS
Organisation :

Sont régis par la loi 41-90 promulguée par le Dahir 1-91-225 de 1993. Ils sont 7 et installés
dans les principales régions.

Leurs magistrats relèvent du statut de la magistrature mais font l'objet d'un recrutement
et d’une formation adaptés à leur fonction. Leurs assemblées générales définissent leur mode
de fonctionnement interne.

La juridiction est collégiale. Les audiences sont tenues et les jugements rendus par 3
magistrats. Lorsque le volume des affaires le rend nécessaire, le tribunal peut être divisé en
sections spécialisées dans certains types d'affaires.

Le Président du TA désigne parmi les magistrats du tribunal et sur proposition de


l'assemblée générale, pour une période de deux ans, un ou plusieurs commissaires royaux de
la loi et du droit.

Ces commissaires ont pour fonctions de :

➢ Présenter, en toute indépendance, à l'audience, des conclusions sur chaque


affaire ;
➢ Eclairer le tribunal sur le droit applicable et proposer des solutions ;
➢ Présenter une analyse objective et équilibrée de l'ensemble des éléments de
l'affaire et guider le tribunal vers une décision équitable et juridiquement
correcte.

Compétence :

Les TA jugent en premier ressort les :

✓ Recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les décisions des
autorités administratives ;
✓ Litiges relatifs aux contrats administratifs ;

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✓ Actions en réparation de dommages causés par les actes des personnes publiques;
✓ Contentieux fiscaux ;
✓ Litiges électoraux ;
✓ Légalité des actes administratifs.

Par dérogation aux règles de la compétence territoriale, le TA de Rabat statue sur deux
sortes de litiges, quel que soit le domicile du défendeur :

✓ Contentieux relatif à la situation individuelle des plus hauts responsables


administratifs, ceux qui sont nommés par Dahir ou par décret ;
✓ Contentieux qui a pris naissance à l'étranger ou en haute mer et plus
généralement en tout lieu qui n'est pas inclus dans le ressort d'un TA.

B. JURIDICTIONS DE COMMERCE
Ont été créées par la loi 53-95 de 1997. Elles fonctionnent depuis mai 1998.

Organisation et composition :

Les juridictions commerciales comprennent : tribunaux de commerce et CA de


commerce.

Les magistrats du siège et du parquet des juridictions de commerce sont tous des
magistrats professionnels intégrés au « corps unique de la magistrature ».

Chaque TC comprend :

✓ Président, vices présidents et magistrats ;


✓ Ministère public ;
✓ Greffe et secrétariat du ministère public.

Les audiences des TC sont tenues et les jugements rendus par 3 magistrats, dont un
président, assistés d'un greffier.

Les CA de commerce comprennent :

✓ Premier Président, Présidents de chambre et conseillers ;


✓ Ministère public ;
✓ Greffe et secrétariat du ministère public.

Comme les TC, les CA de commerce peuvent être divisées en chambres et chacune d'entre
elles peut instruire et juger les affaires soumises à la Cour. Les audiences sont tenues et les
arrêts rendus par 3 Conseillers, dont un Président, assistés d'un greffier.

Compétence :

Juger de l'ensemble des litiges commerciaux.

Les TC connaissent des :

✓ Actions relatives aux contrats commerciaux ;


✓ Actions entre commerçants à l'occasion de leurs activités commerciales ;
✓ Actions relatives aux effets de commerce ;

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TC : tribunal de commerce
✓ Différends entre associés d'une société commerciale ;
✓ Différends relatifs aux fonds de commerce ;
✓ Demandes dont le principal excède la valeur de 20.000 Dirhams.

Les présidents des TC sont compétents pour surveiller les formalités du registre de
commerce. Ils peuvent chaque année, désigner un juge responsable de ce registre.

Registre de commerce :

Est régi par la loi 15-95 promulguée par Dahir 1-96-83 de 1996 formant Code de
commerce.

Les registres locaux de commerce reçoivent les demandes d'immatriculation et inscrivent


toutes les personnes physiques et morales, marocaines ou étrangères, exerçant une activité
commerciale.

Sont également soumis à l'obligation d'immatriculation :

➢ Toute succursale ou agence d'entreprise marocaine ou étrangère ;


➢ Toute représentation commerciale ou agence commerciale des Etats, collectivités
ou établissements publics étrangers ;
➢ Etablissements publics marocains à caractère industriel ou commercial, soumis
par leur statut à cette immatriculation ;
➢ Tout groupement d'intérêt économique.

Le registre central de commerce a pour rôle de :

➢ Centraliser les renseignements mentionnés dans les divers registres locaux ;


➢ Protéger les noms commerciaux par la tenue d'un registre recensant les noms
commerciaux et enseignes ;
➢ Communiquer l'ensemble des informations sur les noms des commerçants, les
dénominations sociales et les enseignes.

Le registre central de commerce est habilité à délivrer à toute personne intéressée des
copies, extraits ou certificats des documents déposés auprès de ce registre. Ce registre est
tenu par l'Office Marocain de la Propriété Industrielle.

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