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Introduction
1
M. Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, Paris, Gallimard, 1972 p. 206.
2
J.E. Gilibert, L’anarchie médicinale ou la médecine considérée comme nuisible à la société,
Neuchâtel, 1772, t. I, p. 198.
3
M. Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, op. cit., p. 328.
4
Les théories médicales de l’époque classique sont héritières de la conception
des « esprits animaux » de Descartes, qui dans Les passions de l’âme (1649) mettait en
évidence le mécanisme de ces derniers dans la relation des affects corporels à l’esprit
par l’intermédiaire de la glande pinéale (zone de recoupement entre le corps et l’âme).
Selon Descartes, les variations des passions étaient liées à une trop grande humidité ou
sécheresse de certains organes, notamment la bile ou le cerveau. Ceci modifie la théorie
macrobiotique des humeurs de Galien en déplaçant ces mouvements morbides dans un
ordre microbiotique.
5
M. Foucault, La naissance de la clinique (1963), Paris, P.U.F., 2009, p. 2.
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6
J.N. Corvisart, Préface à la traduction d’Auenbrugger, Nouvelle méthode pour reconnaître
les maladies internes de la poitrine, Paris, 1808, p. VII.
7
Ibid.
44 Mathieu Corteel
8
Ibid., p. 29.
9
Ibid., p. 97.
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10
M. Foucault, L’archéologie du savoir (1969), Paris, Gallimard, 1986, p. 26.
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11
J’entends par « phénomène », les choses telles qu’elles nous apparaissent au sens
de l’Erscheinung dans son emploi au sein de la Kritik der reinen Vernunft de Emmanuel Kant.
12
E. Kant, « Critique de la raison pure » (1781-1787), trad. fr. A.J.-L. Delamarre et
F. Marty, dans Œuvres philosophiques I. Des premiers écrits à la critique de la raison pure, Paris,
Gallimard, 1980, p. 984.
13
M. Foucault, La naissance de la clinique, op. cit., p. 89.
14
H. Bergson, « La philosophie de Claude Bernard » (1913), dans La pensée et le
mouvement, Paris, Alcan, 1939, p. 264.
48 Mathieu Corteel
15
M. Foucault, La naissance de la clinique, op. cit., p. 97.
16
Ibid., p. 90.
17
Ibid., p. 91.
18
Ibid., p. 92.
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21
M. Foucault, La naissance de la clinique, op. cit., p. 97.
22
Une ontologie sémantique est un modèle informatique sous lequel s’organisent les
concepts et les métadonnées par des relations de sens et de subsomption.
23
A. Todd-Pokropek, « Imagerie médicale quantitative », ADSP, n° 42, mars 2003,
p. 83.
52 Mathieu Corteel
Le fait que les données ne soient pas parlantes en elles-mêmes est bien
connu. Mais encore faut-il se former une estimation correcte des types de travaux
qui permettent de rendre parlantes des formes particulières de données. Dans les
analyses moléculaires de la génétique du développement, par exemple, les effets
observés acquièrent du sens grâce à la construction de modèles provisoires (et
souvent parfaitement élaborés), formulés pour intégrer les nouvelles données
aux observations préalables tirées d’expériences similaires. À mesure que les
observations deviennent plus complexes, l’ordinateur devient un partenaire de
plus en plus indispensable pour les représenter, les analyser et les interpréter24.
24
E. Fox Keller, Expliquer la vie. Modèles, métaphores et machines en biologie du développement
(2004), trad. fr. S. Schmitt, Paris, Gallimard, p. 259.
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26
Par l’adjectif néologique « anthropologocentré », je qualifie une syntaxe propre
à l’humain qui ne peut se décentrer de la logique propre de ce dernier. Ce qualificatif
englobe toute tentative de rendre humain le non-humain par une logique anthropocentrée
– ce concept reprend l’idée de l’anthropocentrisme en y incluant le « logos » (logique).
27
A. Fagot-Largeault, « Le concept de maladie sous-jacent aux tentatives
d’informatisation du diagnostic médical », dans Médecine et philosophie, Paris, P.U.F., 2010,
p. 151.
28
Ibid., p. 150-151.
56 Mathieu Corteel
29
Dans la ville de Leeds on développa un système d’aide à la décision dans un
service de chirurgie. « Testé sur des dossiers de patients dont le diagnostic était connu,
il servit d’abord à l’enseignement des étudiants. Puis il fut essayé sur des cas nouveaux :
malades hospitalisés pour un syndrome abdominal aigu. Les données de l’interrogatoire
et de l’examen physique étaient soumises à l’ordinateur, qui calculait la probabilité des
diagnostics. Le médecin de garde prenait sa décision indépendamment de l’ordinateur.
Une étude rétrospective montra que le diagnostic correct (vérifié par la chirurgie) était
fait plus souvent par l’ordinateur (environ 90%) que par le clinicien le plus expérimenté
(environ 80%), et a fortiori le chef de clinique (environ 70%) ou l’interne (environ 50%).
Un certain nombre de personnes, qui avaient été opérées à tort, eussent évité la chirurgie
si l’on s’était fié au calcul effectué par la machine. Les médecins de garde furent désormais
associés au travail informatique » (ibid., p. 154).
30
Ibid., p. 152-153.
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31
Nous retenons ici la seconde formulation de l’impératif catégorique : « Agis de
façon telle que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans toute autre,
toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen » (E. Kant,
Métaphysique des mœurs, I. Fondation. Introduction, trad. fr. A. Renaut, Paris, Flammarion,
1994, p. 108) qui est d’une part la formulation autour de laquelle gravite toutes les autres
et qui plus est, manifeste la spécificité humaine dans sa formulation.
32
A. Fagot-Largeault, « Le concept de maladie sous-jacent aux tentatives
d’informatisation du diagnostic médical », art. cit., p. 158.
33
Ibid., p. 157.
58 Mathieu Corteel
Le regard qui observe ne manifeste ses vertus que dans un double silence :
celui, relatif, des théories, des imaginations et de tout ce qui fait obstacle à
l’immédiat sensible ; et celui absolu, de tout langage qui serait antérieur à celui
du visible. Sur l’épaisseur de ce double silence, les choses vues peuvent enfin être
entendues, et entendues par le seul fait qu’elles sont vues34.
34
M. Foucault, La naissance de la clinique, op. cit., p. 108.
35
Ibid., p. 109.
36
Ibid., p. 108.
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37
A. Fagot-Largeault, « Le concept de maladie sous-jacent aux tentatives
d’informatisation du diagnostic médical », art. cit., p. 158.
38
Ibid., p. 158-159.
39
Ce système expert fut développé à Stanford dans le cadre de l’Heuristic Programming
en 1970 par Edward Shortliffe. Il ne fut cependant jamais employé en dehors de son
cadre expérimental. Son fonctionnement consiste à développer des diagnostiques sur la
base d’environ six cents règles prédéfinies. À partir d’une série de questions auxquels doit
répondre le patient de manière binaire (oui/non) la machine définit le traitement adéquat.
Le problème fut que la machine prenait environ 30 minutes pour formuler un résultat –
ce qui est un temps trop long dans la pratique clinique.
60 Mathieu Corteel
40
« Qui permet de modifier une règle, ou d’ajouter un module, sans bouleverser
l’ensemble du programme » (A. Fagot-Largeault, « Le concept de maladie sous-jacent aux
tentatives d’informatisation du diagnostic médical », art. cit., p. 161).
41
Ibid., p. 160.
42
M. Foucault, La naissance de la clinique, op. cit., p. 117.
43
A. Fagot-Largeault, « Calcul des chances et diagnostic médical », dans Médecine et
philosophie, op. cit., p. 36.
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44
M. Herland, T.M. Khoshgoftaar et R. Wald, « A Review of Data Mining Using
Big Data in Health Informatics », Journal Of Big Data, vol. 1, n° 2, 2014, in <http://www.
journalofbigdata.com/content/1/1/2> (consulté le 6 août 2017), p. 8.
45
A.J. Campbell, J.A. Cook, G. Adey et B.H. Cuthbertson, « Predicting Death and
Readmission after Intensive Care Discharge », British Journal of Anesthesia, vol. 100, n° 5,
p. 656-662.
62 Mathieu Corteel
46
La vision technophobe développée sur la base du Post-scriptum sur les sociétés de
contrôle écrit par Deleuze en 1990 (G. Deleuze, Pourparlers, Paris, Éditions de Minuit, 1990,
p. 240-247), est une réaction vis à vis des systèmes experts mais ne peut porter sur le
big data, qui particularise le diagnostic en ne réduisant pas le patient à des données et le
médecin à une machine. « Dans le régime des hôpitaux : la nouvelle médecine « sans médecin
ni malade » qui dégage des malades potentiels et des sujets à risque, qui ne témoigne
nullement d’un progrès vers l’individuation, comme on le dit, mais substitue au corps
individuel ou numérique le chiffre d’une matière « dividuelle » à contrôler » (ibid., p. 247).
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Conclusion
47
N. Cartwright, « Evidence-Based Policy. What’s to Be Done about Relevance »,
Philosophical Studies, vol. 143, n° 1, 2009, p. 127-136.
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48
M. Foucault, Les mots et la choses. Une archéologie des sciences humaines, Paris, Gallimard,
1966, p. 398.
49
D. Couturier, G. David, D. Lecourt, J.D. Sraer et C. Sureau (dir.), La mort de la
clinique ?, Paris, P.U.F., 2009.
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Mathieu Corteel
Université Paris-Sorbonne
mathieu.corteel@paris-sorbonne.fr
50
M.D. Grmek, « Le sida est-il une maladie nouvelle ? », Médecine et maladies infectieuses,
1988, p. 579.
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