CMCS

Exercice Théorique - Analyse Numérique - 2009-2010

Section CG-SIE
Dr. Gianluigi Rozza
Corrigé Séance I - Équations non linéaires

Exercice 1 √ √
On considère le problème de calculer 2. Cela revient à trouver le zéro positif α = 2 de la fonction
f (x) = x2 − 2, c’est-à-dire
√ à résoudre une équation non linéaire.
Vérifier que α = 2 est un point fixe de la fonction
1 1
φ(x) = − x2 + x + .
4 2
Ensuite, prouver que pour x(0) ∈ [1, 2], il existe une constante K > 0 telle que
|x(k) − α| ≤ K k |x(0) − α|, ∀k ≥ 0.
Quel est le comportement de la suite {x(k) } lorsque k → ∞ ? Combien√d’itérations de la méthode
de point fixe sont nécessaires pour trouver une valeur approchée de 2 qui soit exacte jusqu’au
dixième chiffre après la virgule ? (Suggestion : il faut avoir une estimation de la constante K)

Solution 1
Il faut utiliser la proprieté suivante, qui a été prouvée au cours :

Proposition 1
On suppose que les hypothèses suivantes (H1 et H2) soient satisfaites :
H1. Soit φ : [a, b] → R une fonction de classe C 1 (a, b) telle que l’image de [a, b] selon φ est un
sous-ensemble de [a, b] (c.-à-d. φ : [a, b] → [a, b]) ;

Alors il existe au moins un point fixe α ∈ [a, b] de φ (c.-à-d. φ(α) = α).

H2. ∃K < 1 tel que |φ0 (x)| ≤ K ∀x ∈ [a, b]

Alors
a) il existe un unique point fixe α de φ dans [a, b] ;
b) ∀x(0) ∈ [a, b] (x(0) assigné), la suite {x(k) } définie par

x(k+1) = φ(x(k) ), ∀k ≥ 0.

converge vers α lorsque k → ∞ ;

c) on a le résultat de convergence suivant :

| x(k+1) − α |≤ K | x(k) − α |, ∀k ∈ N.

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On va voir que K dans H2 est la constante demandée. Dans la suite on rappelle la preuve de la
proposition 1.
Comme φ : [a, b] → [a, b] (hypothèse H1), la suite {x(k) }, qui est définie par
(
x(0) ∈ [a, b];
x(k+1) = φ(x(k) ), k ∈ N,

reste dans l’intervalle [a, b].

A partir de
x(k+1) − α = φ(x(k) ) − φ(α)
on tire, grâce au théorème de Lagrange appliqué à la fonction φ, qu’il existe η compris entre x(k) et α tel que

x(k+1) − α = φ0 (η)(x(k) − α).

Or, x(k) et α appartiennent à [a, b], donc on a η ∈ [a, b] aussi ; ceci entraı̂ne le résultat voulu, grâce à l’hypothèse H2 :

|x(k+1) − α| = |φ0 (η)(x(k) − α)| = |φ0 (η)||x(k) − α| ≤ K|x(k) − α|.


1 1
Les points fixes de φ(x) = − x2 + x + sont les racines de
4 2
1 1
x = − x2 + x + ⇒ x2 = 2,
4 2
√
donc α = 2 est bien un point fixe de φ.
1 1 1 3
Or, le graphe de la fonction − x2 + x + = − (x − 2)2 + c’est une parabole, qui atteint son
4 2 4 2
maximum en x = 2 (voir fig. 1). Cette parabole est donc croissante sur [1, 2], ce qui peut être vérifié

phi
phib

alpha
phia

a b

Figure 1 – Fonction de point fixe φ(x)

aussi en calculant la dérivée φ0 (x) :

2−x
φ0 (x) = ≥0 si x ∈ [1, 2].
2

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Donc on aura
5 3
φ(1) = ≤ φ(x) ≤ φ(2) = ∀x ∈ [1, 2],
4 2
ce qui montre que l’hypothèse H1 est satisfaite (l’image de [1, 2] selon φ est [5/4, 3/2] qui est un
sous-ensemble de [1, 2], voir fig. 1).
De plus, on a que :
1
x ∈ [1, 2] ⇒ |φ0 (x)| ≤ ,
2
donc H2 est satisfaite avec K = 1/2.
Il est clair que l’on peut appliquer l’inégalité |x(k) − α| ≤ K|x(k−1) − α| en récurrence. On obtient

|x(k) − α| ≤ K|x(k−1) − α| ≤ K 2 |x(k−2) − α| ≤ . . . ≤ K k |x(0) − α|.

Comme 0 < K < 1, on a K k → 0 lorsque k → ∞, donc

lim |x(k) − α| = 0
k→∞

c’est-à-dire
lim x(k) = α.
k→∞
√
En d’autres mots, la suite {x(k) } converge vers le point fixe α = 2. On remarque que l’opération
d’extraction de racine carré n’est pas nécessaire pour calculer les valeurs approchées x(k) ; on a
√
donc trouvé une méthode pour implementer l’opération · à partir des opérations fondamentales
(l’ordinateur aussi fait la même chose, mais en utilisant un algorithme optimisé beaucoup plus
performant).
Comme |x(0) − α| < 1, on a
|x(k) − α| ≤ K k = 2−k .
Alors on aura que |x(k) − α| < tolérance pourvu que 2−k < tolérance, voir k > − log2 (tolérance).
La tolérance a demander si l’on veut que l’approximation soit exacte jusq’au 10ème chiffre après la
virgule est clairement 10−10 . Ceci nous permet de trouver le nombre d’itérations nécessaires : c’est
le plus petit naturel k tel que k > −log2 (10−10 ) = 10 log2 (10), donc k = 34.

Exercice 2
On veut calculer le zéro α de la fonction f (x) = x3 − 2 en utilisant la méthode de point fixe
x(k+1) = φ(x(k) ) suivante :
 ω 2ω
x(k+1) = x(k) 1 − + (x(k) )3 (1 − ω) + + 2(ω − 1), k ≥ 0,
3 3(x(k) )2
ω ∈ R étant un paramètre réel.
a) Pour quelles valeurs du paramètre ω le zéro de la fonction f est un point fixe de la méthode
proposée ?
b) Pour quelles valeurs de ω la méthode proposée est-elle d’ordre 2 ?
c) Existe-t-il une valeur de ω telle que l’ordre de la méthode de point fixe est supérieur à 2 ?

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Solution 2
a) Soit α le zéro de la fonction f ; donc α3 − 2 = 0. On vérifie que α est un point fixe pour la
fonction φ :
 ω 2ω
φ(α) = α 1 − + α3 (1 − ω) + 2 + 2(ω − 1)
3 3α  
ω 2
= ω(2 − α3 ) + (α3 − 2) + α − α− 2
3 α
 ω  3

= α − ω − 1 + 2 α − 2 = α.
3α
Donc le zéro α de la fonction f est un point fixe pour tout ω ∈ R.
b) La méthode est d’ordre 2 si φ0 (α) = 0.
 ω 4ω
φ0 (x) = 1 − + 3x2 (1 − ω) − 3
3 3x
et, en sachant que α3 = 2, on a
ω 2ω
φ0 (α) = 1 − + 3α2 − 3ωα2 − =0
3 3
d’où
1 + 3α2
ω= = 1.
1 + 3α2
c) Pour avoir un ordre supérieur à 2, il faut imposer φ00 (α) = 0. D’abord,
4ω
φ00 (x) = 6x(1 − ω) +
x4
En sachant que α3 = 2, on trouve
2ω
φ00 (α) = 0 ⇒ 6α(1 − ω) + =0
α
Donc
6α2
6α2 (1 − ω) + 2ω = 0 ⇒ ω=
6α2 − 2
On observe que 6α2 − 2 6= 0. Pour que la méthode soit d’ordre 2, on doit avoir aussi φ0 (α) = 0.
Puisque la valeur de ω trouvée n’est pas égale à 1, on conclut qu’on ne peut pas avoir un ordre
supérieur à 2.

Exercice 3
Soit α une racine double de la fonction f , c’est-à-dire f (α) = f 0 (α) = 0.
a) En tenant compte du fait qu’on peut écrire la fonction f comme

f (x) = (x − α)2 h(x) où h(α) 6= 0 ,

vérifier que la méthode de Newton pour l’approximation de la racine α est seulement d’ordre 1.
[Conseil : écrire la methode sous la forme de point fixe et calculer Φ0 (α)]

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 b) On considère la méthode de Newton modifiée suivante :

f (x(k) )
x(k+1) = x(k) − 2 .
f 0 (x(k) )

Vérifier que cette méthode est d’ordre deux si l’on veut approcher α.

Solution 3
a) On regarde la méthode de Newton comme une méthode de point fixe :

f (x(k) )
x(k+1) = φ(x(k) ) = x(k) −
f 0 (x(k) )

Si 0 < |φ0 (α)| < 1 la méthode est d’ordre 1, tandis que si φ0 (α) = 0 elle est d’ordre 2. On a

f 0 (x)2 − f (x)f 00 (x) f (x)f 00 (x)

φ0 (x) = 1 − =
f 0 (x)2 f 0 (x)2

où

f (x) = (x − α)2 h(x)

f 0 (x) = (x − α) 2h(x) + (x − α)h0 (x)
 

f 00 (x) = 2h(x) + 4(x − α)h0 (x) + (x − α)2 h00 (x).

Donc
(x − α)2 h(x) 2h(x) + 4(x − α)h0 (x) + (x − α)2 h00 (x)
 
0 f (x)f 00 (x)
φ (x) = =
f 0 (x)2 (x − α)2 [2h(x) + (x − α)h0 (x)]2
h(x) 2h(x) + 4(x − α)h0 (x) + (x − α)2 h00 (x)
 
= .
[2h(x) + (x − α)h0 (x)]2
h(α) [2h(α)] 1
φ0 (α) = 2 = .
[2h(α)] 2

Donc la méthode est donc d’ordre 1.

b) Pour la méthode de Newton modifiée, on a

f (x)
φ(x) = x − 2
f 0 (x)
f 0 (x)2 − f (x)f 00 (x) f (x)f 00 (x)
φ0 (x) = 1 − 2 = −1 + 2
f 0 (x)2 f 0 (x)2

On vient de calculer le terme f (x)f 00 (x)/f 0 (x)2 et on a vu qu’il converge vers 1/2 si x → α ;
on a finalement
1
φ0 (α) = −1 + 2 · = 0
2
La méthode est donc d’ordre 2.

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