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Dyczkowski
Cahiers de l'Unité
Revue d'études des doctrines et des méthodes traditionnelles
Année 2018
Numéro 9 Numéro 10
Numéro 11 Numéro 12 Présentation de M. Mark S. G. Dyczkowski
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Numéro 5 Numéro 6
Numéro 7 Numéro 8
Année 2016
Numéro 1 Numéro 2
Numéro 3 Numéro 4
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P L A N
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29/06/2019 Présentation de M. Mark S. G. Dyczkowski
Publications
Lilian Silburn (1908-1993).
Venue en Inde en 1949 pour cinq
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années, selon M. Padoux, elle a
souhaité accéder à l’interprétation Après avoir obtenu son doctorat en 1979, M. Dyczkowski est retourné
traditionnelle du Shivaïsme non
dualiste cachemirien et à la façon
en Inde à la fin de l’année pour s’y fixer. Il y poursuivit alors son étude du
dont on pouvait le comprendre et sitar et de la musique classique indienne avec le Dr Gangade qui dirigeait le
le vivre de l’intérieur.
Collège de musique de l’Université hindoue de Bénarès. Suivant les
préceptes de Swâmî Lakshman Jû, il s’absorba dans la contemplation et la
musique traditionnelle. Parlant de ce e époque, il disait ainsi dans un
entretien : « La méditation et le sitar se soutenaient merveilleusement.
Comme l’enseigne le Vijñânabhairava : “Si l’on écoute a entivement les sons
d’un instrument à cordes, on s’absorbe dans le Ciel suprême de la
conscience.” (14) Et également : “Quand l’esprit d’un yogî se fond dans la joie
incomparable d’une musique, il n’est plus que ce e joie par l’expansion de sa
conscience alors absorbée en elle.” » (15)
En 1987, il révisa sa thèse de doctorat et la fit éditer sous le titre The
M. André Padoux en 1956 : « J’ai Doctrine of Vibration (State University of New York Press, Albany). Ce livre
fait la connaissance de Lilian
Silburn qui était venue en Inde devait être l’introduction à une trilogie qui fut complétée en 1992 par
pour la première fois en 1949 et
avait rencontré son guru à la fin l’édition de deux ouvrages : Les Stances sur la Vibration (Spandakârikâ) (16) et
de 1950. [...]Elle est devenue
pour moi, ma femme et mes Les Aphorismes de Shiva (Śiva Sûtra) (17), textes traduits du sanskrit, avec une
enfants une amie très proche
jusqu’à la fin de sa vie – et pour
introduction, des commentaires et des notes.
moi à bien des égards un maître
– dirais-je un maître à penser ?
C’est elle qui a en vérité dirigé La vie traditionnelle
mon travail de thèse. »
Après son mariage en 1981, sa femme et ses deux enfants vécurent avec
lui à Bénarès jusqu’en 1987. Son épouse, née en Italie, souhaita alors que leurs
enfants reçoivent une éducation occidentale, et la famille s’installa en Italie.
Selon ses propres termes, M. Dyczkowski y trouva « la vie insupportable. » À
ce e époque, en dehors du Catholicisme, on ne pouvait trouver en Italie
aucun soutien pour une vie spirituelle traditionnelle. De plus, les postes dans
les universités italiennes étaient très peu nombreux. Ils étaient, de toute
façon, réservés aux Italiens. En conséquence, il se trouva dans un état
d’isolement total avec sa famille. Bien qu’il sentait que ce e absence de
M. Alexis Sanderson contact humain, en dehors de sa famille, était très bénéfique pour son
développement spirituel, l’absence complète de toute réalité traditionnelle
hindoue devenait invivable pour lui. Avec l'appui de sa femme, il retourna en
Inde. Depuis, il passe environ quatre mois par an en Italie et le reste en Inde.
Une telle formule ne fut pas sans impliquer, évidemment, beaucoup de
sacrifices, personnels et financiers, de la part de ses parents, de sa femme et
de ses enfants.
Si nous mentionnons des détails aussi personnels, c’est parce qu’ils
illustrent les difficultés auxquelles peuvent être confrontés les Occidentaux
qui s’engagent dans une voie spirituelle orientale, dès le moment où ils ne
Comte Raniero Gnoli, élève de peuvent ou ne veulent demeurer en Occident. Si l’on peut ainsi avoir une
Giuseppe Tucci et traducteur de
l’intégralité du Tantrâloka idée des problèmes et des inconvénients qui peuvent surgirent dans ces
d’Abhinavagupta en langue
italienne.
situations, on se rappellera néanmoins la remarque de René Guénon, le 28
juin 1938, où il parle de sa fixation en Égypte : « Il faut dire aussi qu’il y a de
grands avantages, à tous les points de vue, à “s’installer” en quelque sorte
dans une civilisation traditionnelle (le Christianisme seul, dans son état
actuel, n’en donne plus la possibilité), du moins pour qui ne peut pas se
contenter d’être un simple “théoricien”. » (C’est lui qui souligne).
La déesse Kubjikâ
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l’aide d’une petite équipe de cinq personnes, sur une période de vingt ans, il
a pu éditer et traduire des milliers de pages de ces Tantras. Il a découvert que
la longue tradition de Kubjikâ, malgré son occultation, était extrêmement
importante. Il est devenu évident qu’Elle était essentiellement une déesse du
Trika dont le caractère distinctif avait été formé par une synthèse avec les
Tantras de Kâlî, lesquels furent destinés à être les sources du Krama au
Cachemire. Ses racines profondes dans la tradition Kâpâlika, représentée par
le Brahmayâmala, étaient également manifestes. De plus, la présence du cœur
triangulaire de son mandala au centre du Shrî Chakra, avec l’assimilation
d’autres caractéristiques de son culte, illustrent clairement le lien de Kubjikâ
avec la Shrî Vidyâ qui s’est développée par la suite.
Kubjikâ est une figure de Mâlinî, la déesse principale des Tantras du Trika
et de Kâlî de la voie initiatique du Krama cachemirien. Son culte appartient au
tantrisme Kaula qui culmine avec celui de la déesse Tripurâ, la déesse des
Trois Cités (19). Kubjikâ est aussi une déesse très cachée. En effet, elle est si
secrète que l’étendue de son culte a été découverte il y a seulement moins de
quarante ans, quand les manuscrits cachés pendant des siècles par les
monarques népalais et les initiés de la Vallée de Katmandou ont commencé à
être photographiés à grande échelle. Kubjikâ a été un des secrets les mieux
gardés du sous-continent indien et, pour ce e raison, ses fidèles, les initiés
newars, diraient, qu’il est un des plus puissants. De la sorte, selon M.
Dyczkowski, ce n'est pas en raison de son obscurité et de son retrait du
monde, mais plutôt à cause de lui, que Kubjikâ est une des grandes déesses de
l’Hindouisme.
À la suite de longues recherches régulières dans la Vallée de Katmandou,
recherches qui correspondaient à une quête, il sembla à M. Dyczkowski que
la déesse Kubjikâ n’y était plus adorée. Elle n’avait pas de temple, et il n’y
avait aucun signe extérieur de sa présence. Cependant, à force de
persévérance, il apprit, en 1987, que l’initiation au culte de la déesse Kubjikâ
continuait de se transme re. Il découvrit que les Newars, les plus anciens
habitants de la Vallée, fidèles à leurs fortes inclinations spirituelles et à leur
histoire, pratiquaient un nombre surprenant de cultes tantriques secrets, à la
fois bouddhistes et shivaïtes. Concentrant son a ention sur les cultes
shivaïtes, il fit alors la découverte de l’existence d’une organisation initiatique
cachée, subsistant depuis des siècles.
À ce propos, nous ferons remarquer que si le Népal est aujourd’hui un
pays tout à fait distinct de l’Inde, il faut se souvenir qu’autrefois l’Inde elle-
M. Mark Dyczkowski même était composée de nombreux royaumes : celui du Népal n’était
finalement que l’un d’entre eux. La situation géographique de la Vallée de
Katmandou, difficile d’accès, le fait que le royaume échappa à la domination
des Moghols, et même à celle des Anglais, et qu’il est resté fermé aux
étrangers jusqu’en 1951, expliquent qu’y furent conservés, plus qu’ailleurs, de
nombreux manuscrits tantriques, des doctrines ésotériques et des méthodes
initiatiques. La constitution traditionnelle, extérieure et intérieure, y a subi
moins de bouleversements que dans d’autres endroits de l’Inde.
Un tournant majeur s’est produit lorsque M. Dyczkowski a rencontré
Kedar Raj Râjopâdhyâya, qui était le prêtre principal de la déesse royale
Taleju à Bhaktapur. Ses relations avec lui l’amenèrent à vivre l’expérience la
plus profonde de son existence. Lors de celle-ci, comme il l’a indiqué lui-
même, il perçut, au centre même de son être, que Kubjikâ lui confiait
directement le rôle de faire connaître sa voie. Voici ce qu’il disait encore :
« Cet étrange sentier intérieur et secret me conduisit, quelques années plus
tard, à la révélation de l’identité de la déesse des [rois] Malla. Je me
souviendrai toujours de cet événement comme une infusion écrasante
d’énergie, une sorte d’initiation directe par la déesse elle-même dont j’ai
toujours senti qu’elle voulait ainsi que je sache qu’Elle était satisfaite. »
Lors des années suivantes, ce e investiture, et la sâdhanâ dans laquelle
il avait été initié par Swâmî Lakshman Jû, l’ont soutenu au cours d’un travail
extrêmement difficile qui a abouti à la publication en 2009 de quatorze
volumes, représentant 5500 pages, consacrés au Manthânabhairavatantra. Un
ouvrage qui est, avec le Kubjikâmata, l’une des deux principales sources de la
tradition de Kubjikâ. C’est le plus important Tantra consacré à son adoration.
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Constitué de 24 000 versets, il est divisé en trois sections (khanda), celle éditée
et traduite par M. Dyczkowski est le Kumârikâkhanda, la « Section concernant
la Déesse Vierge du Tantra de Bhairava Bara eur » (20). Ce e publication est
la toute première étude d’une voie tantrique secrète, et d’une organisation
initiatique dans le sous-continent indien. D’autres recherches ont conduit,
depuis, à la découverte d’autres organisations semblables dans diverses
régions de l’Inde.
Traduction du Tantrâloka
Marc Brion
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