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Norseman 2019

La course d’une vie

1h30 le Samedi 3 août 2019, le réveil sonne. Ça y est le grand jour est arrivé après 9 mois de
préparation. Un réveil tranquille après une nuit un peu courte dans le Tri Camp ; personne
n’est encore levé.
Caro se réveille aussi et je pars dans la cuisine préparer un bon petit déj et du café. Ça sera
comme tous les jours, du salé avec œufs, fromages, beurre et pain. L’idée était de finir de
manger bien 3h avant le début de la course.
Caro en profite pour préparer ses thermos de thé, soupe et café pour la journée. Le reste des
affaires sont prêtes. Nous avions tout préparé la veille, rempli les bidons d’eau, de boisson
énergétique et toutes les affaires de Triathlon.
Nous finissons de charger la voiture car on ne reviendra pas là le soir. Si tout va bien nous
serons à 225 km de là. Il est 3h et il est temps de rejoindre la zone de transition T1. Caro prend
la voiture et moi je descends en vélo avec mes affaires de natation. Il fait nuit, on voit des
lumières de vélo circuler un peu partout, pas grand monde parle. On sent que quelque chose
de spécial se trame.
J’attends un peu Caro qui gare la voiture et je décide finalement d’aller à T1 pour poser mon
vélo où nous nous retrouvons. Nous installons nos affaires de vélo et fini d’enfiler ma
trifonction… Je casse le truc qui sert à ouvrir et fermer la fermeture éclair de ma trifonction ;
j’ai de la force lol La trifonction est légèrement plus serrée suite à l’impression des logos des
partenaires. Bon tout est en place on sort de T1 et retrouve mes parents qui se sont aussi levés
pour assister au départ du bateau. On marche tranquillement jusqu’au bateau, on fait
quelques photos avant d’embarquer. Je prends mon sac avec ma combi, lunettes, bonnet,
cagoule et chaussons et j’embarque après des encouragements de mes parents et un gros
bisou de Caro.
Je rentre dans ce bateau dont j’ai tant rêvé pendant tous ces mois de prépa. J’y suis, va falloir
faire le boulot maintenant. Je ne suis pas stressé mais très excité d’être là et j’en profite. Je
fais le tour du bateau, monte à l’étage ou un paquet de triathlètes sont entassés au chaud. Je
sors sur le pont et regarde les derniers athlètes monter puis rentre. Je redescends me mettre
avec une partie des athlètes là où normalement les voiture se mettent. Il est 4h le bateau
klaxonne, nous partons. Des cris poussifs sortent d’abord de nos bouches, on sent que la
pression est montée d’un cran. Puis tout le monde se lâche, commence à applaudir et crier ;
la bonne humeur est là.
Je commence à mettre ma combi et en profite pour discuter avec d’autres athlètes dont des
français. Toujours un plaisir d’échanger avant la course, bien sûr sur la température de l’eau
mais aussi sur ce qui va arriver, le saut du bateau. Je m’assoie et attends patiemment. Vers
4h30, je me lève et je vais passer sous le jet d’eau pour m’acclimater à la température de l’eau
du Fjord qui est annoncée à 16°C. Ca va ça ne devrait pas être trop froid mais je mets quand
mêmes les chaussons néoprènes.
La porte arrière du bateau s’ouvre, tout le monde se lève et l’excitation est vraiment là. Les
Pros se jettent à l’eau et ensuite c’est à notre tour. Je m’avance sur le bord du bateau, un pur
kiffe !!! Je ne peux pas l’expliquer mais je sais à ce moment très précis que je vais avoir mon
T-shirt Noir. C’est mon ressenti et je me sens bien. Je saute et nage direct pour éviter de me
prendre un collègue sur la tronche. Je rejoins les kayaks qui sont 200 mètres plus loin pour la
ligne de départ. Nous sommes tous là, on s’accroche aux kayaks, on discute, la tension est là
et une première sirène du bateau retentie pour le départ des Pros. On nous fait un peu reculer
car il y a un peu de courant et la 2ème sirène retentie c’est partiiiiiiiii. Cette fois c’est pour nous.
Un départ groupé mais respectueux. Tout le monde se fait une place et j’essaye de partir avec
les mecs de devant. Je me sens bien dans l’eau est j’arrive à bien poser ma nage. Un gars a
une combi orange devant, ça m’aide pour me repérer et tracer ma route. J’arrive à prendre
des jambes et me faire amener puis j’en amène quelques-uns aussi. Le jour s’est levée assez
vite mais ça reste quand même assez sombre en ce début de nat. Je commence à voir le feu
au loin que l’organisation a fait sur la rive pour pouvoir nous orienter. Je sens de temps en
temps des courants très froids mais je trouve que ça me rafraichit un peu. Une natation sans
encombre, je vois cette bouée jaune et je me dis que la natation est bientôt finie. Je passe la
bouée main gauche et je longe les quais pour me ramener vers T1. Je double des bonnets
verts… Attendez je redis, je double des bonnets verts… Quoi ?!?!?! Je double des Pros, bon ok
c’est cool. La berge est là et je vois les collègues sortir de l’eau avec des bénévoles qui les
aident. Attention ça glisse chef LOL Une bénévole me tend la main et je sors de l’eau. Ça me
fait sourire, je me dis que cette natation est passé et plutôt très très bien, à peine plus d’une
heure.
Je remonte le petit talus d’herbe en sortie de l’eau, profite des encouragements, il y a quand
même un paquet de monde qui est là. Je prends un virage sur la gauche, les équipes
« support » sont toutes là alignées, je me dis que Caro doit être par là. Je continue à courir
vers T1 et quand je rentre dans la zone de transition, Caro est là avec les affaires. Elle prend
des news, je lui dis que tout va bien et on court vers le vélo. J’enlève ma combi et les donne à
Caro qui me fait passer mes affaires de vélo. J’’enfile mon gilet jaune, mon casque, mon
dossard, mes chaussettes, chaussures et Caro me met le coupe-vent et veste de pluie dans les
poches arrières de la trifonction. Tout est prêt, c’est parti pour moi, je sors de T1 et je monte
sur le vélo. En avant pour 180 km !!!
La course devra se faire entre 180 et 200 watts. Je suis les conseils du coach et je monte à mon
rythme. Et oui car après quelques kilomètres de plat, ça monte pendant 40 bornes. Le temps
est bien au début du vélo, 18°C. On utilise pas mal la piste cyclable qui longe la route et on
peut voir un sacré bordel sur la route avec toutes les voitures des supports LOL ils ne doivent
pas forcément rigoler car ils se suivent tous. Notre lampe, obligatoire sur le vélo, nous sert
avec la traversé de lonnnnnnnnngs tunnnels ; plus de 2km pour le plus grand. Au bout de 23k,
premier support autorisé, je demande à Caro de me donner mes manchons car la température
à chuter à 8°C et on ne voit pas à 10 mètres avec le brouillard. Je continue à grimper jusqu’au
42K, je suis bien, j’ai la pêche. Mes parents sont là pour m’encourager et Caro a mon 1 er
ravitaillement. On échange les bidons et je prends quelques barres supplémentaires. C’est
maintenant parti pour 45 km sur un plateau désertique ET le soleil est revenu. Ce n’est que du
plaisir, les paysages sont magnifiques et on peut rouler, j’adore !!! Vers le 60ème km, des
énormes crampes d’estomac me prennent d’un coup, de vrais coups de couteaux. Je tiens un
peu pour que ça passe mais je sens que ça va être compliqué. Je passe à côté de Caro qui
s’était arrêtée sur le bord. Je ne m’arrête pas mais je crie… CACAAAA. Au moins c’était clair lol
Caro reprend la voiture, vient à mon niveau et je luis dis que j’ai des crampes à l’estomac et
qu’il faut que je m’arrête. Caro se gare 300 mètres plus loin, sort les lingettes. Je m’arrête,
Caro m’aide à sortir le haut de ma trifonction, je m’écarte un peu de la route et fais mes
besoins. Vite fait bien fait lol Je remets mes affaires et c’est reparti, ça va mieux, plus de
douleur à l’estomac et les jambes sont là.

90ème km, Geilo, 2ème ravitaillement et toujours le moral 😊 j’en profite pour manger un
sandwich et Caro me dit que je suis bien placé. On échange les bidons et reprends quelques
gels. Les cols vont s’enchainer, 4 au total et va falloir bien les monter mais sans se cramer.
Le 1er se passe sans soucis, je monte à mon rythme, Caro me double, prends des vidéos, le
sourire est là ! Les montées ne sont pas hyper longues mais elles grimpent bien. Je pense à
bien m’hydrater et à suivre mon planning de nutrition. Caro m’attend en haut du col au cas
où j’ai besoin de quelque chose. Elle court à côté de moi avec des bidons, je la regarde et lui
dis : « non c’est bon j’ai besoin de rien » hahaha je continue ma route.
Les cols 2, 3 et 4 s’enchainent et tout va bien je sens que je maîtrise ma course. Le coach, qui
est en contact permanent avec Caro, lui fait passer des messages. Il me dit de bien gérer le
vélo, de ne pas trop forcer dans les cols car faut bien courir derrière et la course est encore
longue. J’obéis et gère donc bien mes montées. Dans la montée du 3 je demande à Caro de
me préparer un bidon de boisson énergétique. Au sommet du 3, personne, je me dis qu’elle a
dû s’arrêter un peu plus loin, toujours personne, bon tant pis je continue. J’apprendrai après
la course, que je suis allé trop vite et que Caro m’a raté lol mes parents étaient là et personne
ne m’a vu passé. Ils ont attendu, mes parents sont revenus en arrière pour voir s’il ne m’était
rien arrivé. Moi j’étais tranquillou sur mon vélo hehehe Du coup ils speedent pour me
rattraper car moi j’ai déjà dépassé le sommet du col 4. Caro me file le bidon demandé un peu
après il y a encore 10/15 bornes sur un plateau avant d’entamer la descente vers T2. Le coach
me rappelle via Caro de toujours bien gérer mes efforts. A partir du 152 ème km, les supports
ne peuvent plus aider et ils doivent vite se rendre à T2 pour préparer les affaires.

Moi je sais que la descente et roulante et que ça va envoyer du paté (oui je sais le coach il a
dit de gérer). Il y a juste deux endroits avec deux épingles qui va falloir gérer. Je me lance dans
cette descente vers T2, mes parents et Caro sont loin devant mais je roule. Je claque mon
record de vitesse : 85,4 km/h. Je ne suis pas le plus à l’aise dans des descentes techniques,
mais là c’est roulant, j’en profite. Peut être un peu trop d’ailleurs (mais ça je ne le verrai
qu’après en course à pieds lol). La descente se passe parfaitement.
J’arrive à T2 en 58ème position. Caro est là avec mes affaires tout est prêt, enfin presque.
J’enfile mes chaussures, je lui dis que tout va bien. Je prends un bidon souple pour courir avec.
Je regarde le bidon et dis à Caro, et les électrolytes ? Et bien elles sont dedans !! Heuuu non
lol Elle met la main dans le sac, sort les 2 pastilles d’électrolytes et les met dans le bidon. Mes
parents sont là aussi et ça fait plaisir de les voir. Aller c’est parti pour la course à pieds, les
jambes répondent pour le moment, mais j’ai peur que ça ne dure pas. Une T2 ultra rapide !
Au bout de quelques kilomètres, ma montre n’a quasi plus de batterie… je la file donc à Caro
pour la mettre à charger et je continue sans. Et là, BIM, comme au vélo, RE des couteaux dans
l’estomac c’est une horreur. Je le dis à Caro qui me dis « ENCORE » lol Oui bon ça va et ça
presse. Elle gare la voiture 100 m après et là pas le temps !!! Vite enlever le haut de trifonction
et pour s’accroupir avec les cuisseaux qui chauffent ça peut vite partir en crampes. C’est juste
mais ça passe. Je fais mon affaire, Caro m’aide à me rhabiller et c’est reparti, les douleurs sont
passés ! je commence à souffrir sévère et continue à courir. Caro s’arrête tous les 2 km pour
me ravitailler. Je suis saturé en sucre et ne peux plus en avaler. Les ravitos se feront plus
qu’avec du salé (bretzels et sticks de pain aux graines de sésame) et de l’eau. Je marche à
chaque ravito pour pouvoir récupérer et je repars. Au 10 ème km je dis : « Olala il me reste 15
bornes avant Zombie Hill !!! Mais c’est dans une plombe ça !! ». En gros je souffre mais
j’avance. Il fait aussi extrêmement chaud, 25°C et le corps a mal là et c’est un mal général. Je
me fixe de faire ces 2km à chaque fois. Au 20ème on voit le sommet du Mont Gaustatoppen,
mais il parait tellement mais tellement loin ! Par-contre le ciel est dégagé donc ça devrait être
super 😊 Je perds quand même des places sur la course à pieds, j’ai bien perdu une vingtaine
de place et je me dis j’espère que le 160ème est loinnnnn. A ce moment j’ai un petit coup de
pression même si je me rassure en me disant qu’il faudrait que 90 personnes me doublent…
Peu probable mais ça met la pression.
Km 24, je commence à marcher avec Caro à mes côtés avant Zombie Hill (7km de montée à
9% de moyenne et des passages à 11-13%). Je mange, je m’hydrate et Caro m’encourage, ça
fait du bien de l’avoir à mes côtés. On arrive sur le dernier virage avant le début de la montée,
mes parents sont là et m’encourage. Je prends toute l’énergie qu’ils me donnent car je sais
que ça va être très difficile. Je vois mon classement... 76ème au pieds de Zombie Hill, je me dis
aller c’est parti tu la fais cette montée.
Zombie Hill… ZOMBIE HILL !!!!! Je commence à recourir, je sens que ça répond, non je
déconne. Je fais 200 m et je marche, impossible de monter en courant. Je me fais dépasser
par des mecs qui courent puis marchent à leur tour. Caro passe en voiture et me redonne les
consigne du Coach, marche rapide de rando.. Je m’exécute. Je commence à créer un balance
et rythme avec mes bras, utilisant les flasques d’eau dans chaque main comme des bâtons. Je
sens mes pas qui s’accélèrent et je ne pense plus qu’à un truc être costaud dans cette montée,
avancer, continuer et garder un rythme fort. Ça marche, c’est un truc de malade, je suis dans
un autre monde, je suis dans une bulle, concentré sur mon objectif du 32km (Cut-Off des 160
premiers participants pour le T-shirt Noir). Il n’y a plus de T-shirt Noir à ce moment là mais
juste une bataille mentale entre ces 7km à 9% de moyenne et moi. Je commence à doubler un
premier mec qui m’avait passé en début de Zombie Hill, puis un deuxième, je vois qu’ils
souffrent. Moi aussi mais j’ai mon rythme, c’est très mécanique. Je me concentre à
coordonner le mouvement de mes bras avec celui de mes jambes et mon souffle ; un peu style
marche nordique. C’est très étrange, car je n’ai pas la sensation que mon corps souffre
musculairement, je me sens fort, cependant j’en chie grave et je sens que c’est dur mais je
reste focus et je veux aller chercher toujours plus loin. Dès que je dépose un mec dans cette
montée, je me dis au prochain ! J’en veux encore un et encore un et encore un. Le corps
répond de manière très mécanique à ce que je lui impose.
Ça avait été annoncé dans le briefing pré-course, mais dans un virage de Zombie Hill est posé
une caravane bien spéciale, celle du créateur du Norseman. Il est là, dans cette épingle avec
un petit pulvérisateur pour nous arroser. Je lui fais mon plus beau sourire, reçoit le
rafraichissement, montre l’énorme logo NORSEMAN posé sur sa caravane et lui dis un grand
THANK YOU ! L’épingle est finie et ça remonte sévère.
Caro vient me rejoindre et me motiver. J’entends qu’elle me parle, me motive, me dis que
c’est bien, que ça va le faire, que plein de monde m’encourage, que je monde bien. Avec le
recul c’est ouf comme, même à coté, sa voix était tellement lointaine. Lointaine mais elle
résonnait dans ma tête et ça me motivait à continuer. J’ai répondu quelques mots genre focus,
continuer, avancer LOL bref je suis là sans être là. Mon rythme a même tendance à accélérer
et je rattrape plein de monde. Merci aux autres « Support team » pour tous leurs
encouragements c’est génial aussi, une vraie famille !!!
Je vois ma maman qui redescend à son tour et qui vient marcher avec moi pour me soutenir.
J’avoue que tout reste encore très flou sur ce que j’ai pu dire ou faire. Je pense avoir sourit car
ça me faisait plaisir de l’avoir avec moi mais j’étais hyper focus et quasi autre part dans ma
tête à ce moment-là. Je poursuis mon effort et continue cette montée infernale douloureuse
et ma maman m’aura accompagnée sur un petit bout. Désolé je l’ai un peu lâché pendant la
montée. Sur le bord de la route y a de la musique au taquet, mon papa est là pour
m’encourager, je le vois, je vois qu’il me parle, ce qui me booste, mais honnêtement je n’ai
pas vraiment entendu lol Pareil Caro est juste après, elle me booste me demande si je veux de
l’eau, enfin je crois entendre ça et lui fais un signe non de la tête. Caro me dira plus tard que
je n’ai pas fais de signe du tout et que je m’occupais juste qu’à monter.
Je sais que ce T-shirt Noir est à moi mais j’en veux plus je veux déposer chaque mec que je
vois devant et continuer d’appuyer et d’accélérer ma marche au tant que je peux. Le corps
répond à ce que je lui demande c’est vraiment ouf. Je vois un dernier mec et je me dis celui-là
aussi et je le passe juste avant le dernier virage de la délivrance. Une petite bandas est là, c’est
sympa, je prends le virage sur la gauche et aperçoit Caro qui est là et je me dis : « Putain je
suis arrivé à ce Cut-off et viens de me taper ces 7 bornes de Zombie Hill, c’est oufffff ! »
Cut-off, 32ème km, j’essaye de ne pas rentrer dans l’émotion, la course est loin d’être finie. La
directrice de course est là pour m’accueillir avec le sourire. Un vrai bonheur de la voir, elle me
demande si tout va bien que c’est génial. Je lui dis que tout est ok, je regarde le panneau..
68ème et ça sera même 66ème en haut de Zombie Hill. Je sens que tout le monde est content,
Caro, mes parents, ils me félicitent, mais pour moi la course n’est pas finie. Je mange quelques
bananes, m’hydrate un peu, déconne vite fait avec le gars que j’avais doublé juste avant et je
repars. Caro me dira après qu’elle ne m’a pas vu repartir lol Mais moi je devais continuer,
j’étais en mission. J’avais annoncé que ma course allait jusqu’au 32 et qu’après je voulais
profiter, prendre tout ce qu’il y avait à prendre. Je continue donc ma marche rapide, mais
j’apprécie les paysages, j’apprécie chaque moment de cette course, qui me donne la chance
de pouvoir monter au somment. L’émotion tente d’apparaître de temps en temps mais je la
repousse. Un plaisir simple de marcher dans ce superbe environnement entouré de lacs et de
ce Mont Gaustatoppen. Bref du 32 au 37,5 km je kiffe à mort et profite avec de petites
tentatives de course à pieds, mais ça reste très bref lol les cuisseaux piquent.
Km 37,5, Caro et mes parents sont là, au pieds du Mont Gaustatoppen. Je suis heureux de les
voir et tellement heureux de terminer et partager cette course avec eux. Je change
chaussettes et chaussures (trail), mets veste et bonnet et enfile mon back-pack obligatoire.
Petit contrôle au début de la montée par l’organisation pour être sûr que nous avons tout
dans nos back-packs. Mon papa me file sont téléphone, car je n’en ai pas et hop c’est parti
pour une montée magnifique.
5 km de montée dans la rocaille et le sommet parait juste de l’autre côté de la terre lol Mais
cette vue, le temps est magnifique ça va être génial. On part en mode rando, tranquille pour
profiter à max. Je me fais doubler pas plein de monde, mais pour moi l’essentiel est de vivre
ce moment avec Caro et mes parents. C’est le plus beau des cadeaux !!! Le boulot je l’ai fait
avant. Le Mont Gaustatoppen est un haut lieu de rando, on croise donc pas mal de monde et
à chaque fois, ces personnes nous encouragent, nous applaudissent, c’est dingue. Les Support
Team qui redescendent à pieds nous encouragent aussi, c’est magique, une vraie famille. Le
soleil est là, les paysages sont à couper le souffle. Mes cuisses souffrent de temps en temps,
mais dans l’ensemble je me sens bien. On alterne rando est quasi escalade tant le parcours
est accidenté, c’est un vrai chantier cette montée. Mais elle se fait petit à petit et dans la
bonne humeur. On s’arrête de temps en temps pour admirer la vue et reprendre un peu sons
souffle. Je le redis mais quel bonheur de partager ce moment unique dans une vie, la dernière
montée du Norseman avec Caro, ma future femme, et mes parents !! On ne cesse de monter
et on sent que les organismes commencent à tirer un peu, quasiment 2 heures de montée,
pour faire 5km en passant de 1100 m à 1860. On voit ce sommet qui se rapproche de plus en
plus et la vue est de plus en plus belle.
On croise encore des personnes et là on y est, des marches se profilent…. Nous sommes en
train de terminer cette course mythique qu’est le Norseman. La course nous a permis et fait
l’honneur de pouvoir monter au sommet du Mont Gaustatoppen 😊 On monte ces marches,
passent devant un premier bâtiment, puis re des marches pour contourner ce bâtiment. Un
virage à gauche, puis un autre. Je m’arrête, enlève mon pull, prends le drapeau français que
mon Papa portait et je le mets derrière ma tête en le tenant. Un virage sur la droite et voilà
CETTE ligne d’arrivée avec ses dernières marches. Là je suis dans un autre monde, je fais
attention à bien poser mes pieds sur chaque marche en prenant mon temps pour profiter à
max de tout ce plaisir. Le sourire est là, l’émotion aussi, je kiffe à mort, c’est un truc de malade
ce que je suis en train de faire. Je repense brièvement à tout ce qui s’est passé depuis ce
fameux tirage au sort de début Novembre 2018, cette prépa de malade et je suis là entrain de
bientôt franchir la ligne. Dernière marche et après c’est le tapis noir NORSEMAN de la ligne
d’arrivée. J’y pose d’abord mon pied gauche, un réflexe de judoka, comme si je rentrais sur le
tapis, et sort un bref crie de rage, soulagement, bonheur, plaisir, douleur, bref tout est mixé
mais c’est tellement beau. Mon papa est devant, ma Maman juste derrière avec Caro qui me
rejoins pour un magnifique bisou sur la ligne d’arrivée. Ensuite ? Tout en simplicité, un bol de
soupe, une tranche de pain et une couverture. Je vais retrouver Caro qui a fait une super
montée et qui a besoin de réconfort et de souffler un peu. Elle a géré toute la journée et la
pression tombe d’un coup. Quel bonheur de partager cette journée et ce moment avec elle,
c’est incroyable, je suis hyper fier d’elle de tout ce qu’elle a fait, et de tout ce que nous avons
fait et accompli ensemble. Mes parents sont là aussi et je vois leur fierté sur leurs visages, on
me passe des téléphones ave des visioconférences avec ma famille… Heu là c’est un peu trop
mon cerveau ne comprends pas vraiment lol je remercie tout le monde et désolé si j’ai un peu
coupé court à la conversation. On me passe mes grand-parents, ma grand-mère, c’est dingue
d’avoir toutes ces félicitations. Je ne me rends pas compte du tout.

J’ai fait ma course, j’ai fait ce que j’avais à faire et j’y suis arrivé car la course me l’a permis.
Merci à elle de m’avoir fait vivre cette préparation, cette journée magique de 14h30 de course.
On parle souvent d’une course d’une vie et qu’elle change ses participants ; je suis d’accord.
La vie est simple, nager, faire du vélo, courir, mais dure à la fois, comme la distance du
Norseman, Zombie Hill et d’autres moments. Être bien entouré est vraiment très important,
la famille est importante dans la vie, le Norseman nous le rappelle. Nous sommes une famille
de 232 participants, plus les supports Team plus les personnes autours. On est en compétition
mais on veille aussi sur les autres, on les encourage. Et cette confiance entre l’athlète et son
Support Team on en parle ? Chacun vit sa course à sa manière et la course n’existe pas sans le
soutien permanent de son Support ! Il faut avoir une confiance aveugle en son support pour
que la course se déroule parfaitement. On fait des efforts chacun de notre côté et on termine
ensemble, unis, en famille. Et parce que la vie ne nous donne rarement les récompenses à nos
efforts immédiatement, le T-shirt Noir n’est pas remis à l’arrivée, il faudra attendre le
lendemain. La priorité après un tel effort c’est de manger, d’hydrater, se mettre au chaud et
profiter avec ses proches. Les choses simples de la vie qui nous rendent heureux.
Nous avons bien profité de ce sommet, on a apprécié le moment là-haut. Nous sommes
même montés un peu plus haut que l’arrivée pour admirer la vue à 360°…. Epoustouflant. Le
ciel était dégagé, on voyait vraiment loin, une vraie carte postale. Du coup, quelques photos
en souvenir et ça va être l’heure de redescendre. Pour moi ça sera le funiculaire pour
redescendre mais pas pour Caro et mes parents. Soit ils font la queue pour prendre le
funiculaire, environ 2h d’attente, soit ils redescendent à pieds… Ca m’embête de les laisser et
laisser Caro qui était un peu fatigué de sa journée. Mes parents me disent qu’il me la ramène
donc ça va 😊 ils partent de leur côté et moi je m’engouffre dans ce tunnel qui mène vers le
funiculaire. Les athlètes ont la priorité et peuvent doubler toute la queue... ouf !! Un peu
d’attente et on s’installe dans ce funiculaire qui nous amène au cœur de la montagne. Je
retrouve quelques français avec qui on échange sur la course. Ça rigole, l’ambiance est bonne
et tout le monde est soulagé et heureux d’avoir terminé ce Norseman. Une fois au cœur de la
montagne, un second petit train de mine nous récupère et nous amène à l’extérieur. De là, il
faut rejoindre la navette, qui va nous ramener au Cut-off afin que je puisse récupérer la
voiture. Un athlète français me propose de me déposer en voiture, ce que j’accepte, merci
encore à lui.
Voilà j’arrive à la voiture que Caro avait garé. Je la récupère et remonte au Km 37,5, au début
de la montée du Mont Gaustatoppen pour attendre mes randonneurs qui font la descente. En
attendant, je repense à me journée, au plaisir que j’ai pris pendant cette journée, à ces
moments douloureux, à cette montée infernale de Zombie Hill, à cette ascension en famille et
cette ligne d’arrivée magique. Une superbe journée. Je prends connaissance de tous les
messages d’encouragement c’est vraiment un truc de déglingo ! Merci à tous ceux qui ont
pensé à moi pendant cette journée, merci pour vos messages, vos encouragements. Merci aux
personnes que je connais mais aussi à toutes celles que je ne connais pas et qui m’ont poussé.
Merci à mon coach Loic sans qui je n’aurais pas vécu une telle aventure. Il était debout depuis
3h du mat, m’a suivi toute la journée. Merci pour m’en avoir fait chier pendant cette longue
prépa de débile, merci pour tes conseils. On forme un bon duo et maintenant on forme un
bon trio avec Caro qui est entrée dans le jeu. Tous les deux ont énormément échangé pendant
cette journée et c’est aussi cette relation qui a fait que ça a réussi.
Caro et mes parents arrivent, ils ont fait une bonne descente, ils sont contents. Mes parents
prennent leur voiture et vont aller planter leur tente un peu plus bas, car la nuit arrive vite, il
est 22h. Avec Caro, nous on rentre récupérer la clé de l’hôtel et en passant devant la zone
d’arrivée T-shirt Blanc, ça court encore. A l’hôtel, on prend la douche et on repart vers l’arrivée
des T-shirt Blancs pour aller manger. L’hôtel avait préparé un buffet et servait assez tard. On
se restaure et quand on sort de l’hôtel, vers minuit, des athlètes arrivent encore. Le dernier
arrivera à 1h du mat’. Autant dire qu’il faut un gros gros mental pour terminer cette course en
20h, un grand bravo à lui et à toux ceux qui ont terminé. Pour nous retour à l’hôtel et nous ne
mettrons pas longtemps à nous endormir, nous somme K.O.
Le dimanche matin, je suis réveillé assez tôt, j’avoue que j’ai mal aux jambes et j’ai du mal à
trouver une position qui me convienne. Je patiente et laisse Caro se reposer car elle en a bien
besoin aussi. On se lève doucement, se prépare et on rejoint mes parents à l’hôtel d’arrivée.
Il y a du monde qui est là, tout le monde vient chercher sa récompense, qu’elle soit Noire ou
Blanche. Et tout le monde marche comme des petits vieux LOL On voit vite qui a fait la course
et qui était Support.
10h, il est l’heure d’aller récupérer ce T-shirt. Avec Caro on cherche mes parents et l’endroit
de la remise. Ça sera dans un bâtiment en face de l’hôtel, mon Papa est déjà là-bas pensant
que nous y sommes. Nous retrouvons ma Mama, puis mon Papa, on discute un peu en même
temps qu’on marche pour récupérer ce T-shirt. Tout en simplicité, des tables sont installés
dans ce bâtiment, je donne mon nom, taille et on me remet ce T-shirt Noir avec une belle
poignée de main et des félicitations. Je suis le plus heureux, Caro et mes parents aussi.
Attention séance photo en cours, attention ça tourne… ACTION. Nico met ton t-shirt LOL je le
mets, c’est con c’est juste un T-shirt mais il représente tellement. Je vois de la fierté dans les
yeux de Caro et mes parents ; j’avoue avoir encore du mal à réaliser. Mais je l’ai et je peux le
partager avec les gens que j’aime. Il s’en suit ensuite les podiums, car il y a toujours un 1 er,
2ème et 3ème mais ils n’auront droit à rien de plus que de monter sur le podium et d’une autre
poignée de main. Le T-shirt reste l’unique récompense. Une dédicace spéciale à un vétéran du
Norseman qui termine sa 10ème édition… 10ème c’est un truc de fou !! Il doit avoir 65 ans. Lui
aura droit à un T-shirt spécial, il sera rose et il sera le seul dans l’histoire du Norseman à l’avoir
(pour le moment). Ils font aussi le podium des Pros car c’était, lors de cette édition 2019, la
première finale des Championnats du monde d’Xtrème triathlon, avec un dénouement
incroyable. Le 1er gagne la course en moins de 10h et prend la tête de la course seulement
200m avant l’arrivée. Comment, dans une course de 10h, le dénouement peut-il arriver à
200m de la ligne, c’est tout simplement un truc de dingue. Quelques brefs discours et ensuite
on va faire la photo de tous les finishers White & Black, toute la famille de l’édition 2019
ensemble devant le Mont Gaustatoppen qui nous observe du haut de ses 1860m.

Nous profiterons encore de quelques jours en Norvège. Les courbatures passeront assez vite,
au bout de 2 jours, mais je sens qu’une fatigue interne est présente. Nous prendrons le temps
de visiter Oslo avant de repartir et de prendre l’avion qui nous ramène à la maison.

Ce retour à la maison fût très difficile. La pression et l’esprit se sont relâchés et la fatigue est
arrivée d’un coup. J’étais rincé ! Il faut que l’organisme récupère et que je retourne aussi à la
réalité. Que cette course fût belle et je ne lui dirai jamais assez merci !

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