un peu moins sulfureux, on peut encore citer l’éditeur et
ami Jean-Pierre Mouchard (créateur en 1970 des éditions
d’art François de Beauval), qui fut à partir de 1988 un collecteur de fonds, en charge de deux sociétés baptisées Cotelec (contraction de « COTisations ÉLECtions » : on parlerait aujourd’hui de « microparti »), à l’insu même des cadres du FN. Mouchard a ainsi géré pour Le Pen d’importants fonds à la banque UBS de Genève, ce qui n’est pas vraiment limpide. Ce cloisonnement financier par rapport aux circuits ordinaires du parti laisse quelque peu perplexe.
Un Front national « perméable » aux amis généreux
On pouvait penser que l’aisance nouvelle de Jean- Marie Le Pen lui permettrait de rester insensible à toute forme de corruption ou d’influence tarifée. Force est de reconnaître que le FN, géré de façon autocratique, n’est pourtant pas resté sourd à toutes les sirènes. Dans une interview au magazine Globe d’avril 1988, Pierrette Le Pen, alors séparée de son mari, a ainsi affirmé que la firme Dassault avait financé le FN qui s’était « offert » aux élections de 1984 un député européen en la personne d’Olivier d’Ormesson : sa 5e place (en position éligible sous réserve d’atteindre la barre des 5 %) sur la liste FN aurait été achetée « autour de 500 000 francs en liquide. C’est Bénouville qui jouait les go-between. […] Le principe de Dassault, c’est d’arroser large au cas où… » Éclectique et peut-être envieux des bienfaits dispensés par certaines figures de la Françafrique, Jean-Marie Le Pen n’a pas hésité malgré ses propos très anti- immigration à faire démarcher en 1983 des chefs d’État comme Omar Bongo, Félix Houphouët-Boigny et quelques autres. Il a délégué pour cela un curieux personnage : Gilbert Gilles, ex-Oberscharführer (chef d’une division d’assaut) de la Waffen SS de la division Charlemagne. Comme le révèle une lettre de mission signée Jean-Marie Le Pen et dévoilée par Blandine Hennion, cette mission, qui n’a pas apporté les résultats espérés, a été autorisée par Jean-Marie Le Pen. Cela s’est fait à l’insu du secrétaire général du FN de l’époque, Jean-Pierre Stirbois, ouvrant une crise au sein de l’état- major frontiste, jusqu’à la mort de Stirbois dans un accident de voiture en novembre 1988. Le FN a eu plus de chance avec la multinationale coréenne Moon, dont le fondateur a créé un véritable trust présent dans l’armement, la presse, la banque et l’industrie, mais aussi une secte appelée « Association