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23/10/2019 Le joker des europhiles britanniques, par Richard Seymour (Le Monde diplomatique, octobre 2019)

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U B C

Le joker des europhiles


britanniques
Au Royaume-Uni, les libéraux proeuropéens se trouvent dans une situation inhabituelle : aucun
des deux grands partis n’endosse l’ensemble de leurs préférences. Les conservateurs de
M. Boris Johnson souhaitent quitter l’Europe ; les travaillistes de M. Jeremy Corbyn défendent
les droits des salariés. D’où l’intérêt renouvelé de certains médias pour un parti un peu
oublié : les Libéraux-démocrates.

R S  

S
le Brexit » : tel était le slogan des Libéraux-démocrates britanniques lors de la
campagne pour les élections européennes de mai 2019. À l’occasion de ce scrutin, le
troisième plus grand parti du pays a tenté de redorer son blason après le désastre de sa
participation au gouvernement du conservateur David Cameron, entre 2010 et 2015.

Cela fait longtemps que les Libéraux-démocrates tentent de reconfigurer l’espace


politique du royaume. Leur ambition ? S’ériger en équivalent britannique du Parti démocrate
américain, une formation centriste proche des milieux d’affaires. Si la campagne contre le Brexit leur
offre la possibilité de dépasser le clivage droite-gauche et d’attirer à eux les déçus de tous bords, leur
stratégie parlementaire manque de clarté.

Depuis le référendum sur le Brexit, en 2016, les Libéraux-démocrates ont participé au blocage du
Parlement en refusant toutes les propositions, à part l’organisation d’un second référendum. Mais,
dans le même temps, ils ont scellé des pactes de non-agression avec des députés conservateurs, y
compris favorables au Brexit, comme M. Rory Stewart, et accueilli dans leurs rangs des
représentants de la droite la moins libérale, comme M. Phillip Lee, opposé au mariage homosexuel et
hostile aux migrants. Tout suggère donc qu’ils seraient disposés à former une alliance avec les tories,
dont une majorité défend pourtant le Brexit, mais pas avec le Labour. « Rien de pire qu’une sortie
sans accord ! », ne cessent-ils de répéter, balayant cependant la solution la plus simple pour
l’empêcher : un vote de défiance contre M. Boris Johnson, qui conduirait à la nomination d’un
gouvernement intérimaire piloté par le chef de l’opposition, M. Jeremy Corbyn.

On peinerait à comprendre de tels revirements si l’on ne gardait pas à l’esprit l’autre priorité des
Libéraux-démocrates, qui a présidé à leur naissance et qui coexiste avec celle du maintien au sein de
l’Union européenne : barrer la route à la gauche radicale.

À l’assaut des (...)
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23/10/2019 (Le joker
) des europhiles britanniques, par Richard Seymour (Le Monde diplomatique, octobre 2019)
Taille de l’article complet : 2 318 mots.

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R S
Auteur de The Twittering Machine, The Indigo Press, Southampton, 2019.

(1) Des élections auxquelles le royaume a découvert tardivement qu’il allait participer, les négociations sur sa sortie de
l’Union européenne n’ayant pas abouti.

(2) Pour consulter cette vidéo, ainsi que celle mentionnée dans le paragraphe suivant, toutes deux traduites, voir « Les
promesses de M. Nicholas Clegg »

(3) Nicholas Clegg, Politics. Between the Extremes, The Bodley Head, Londres, 2016.

(4) Communiqué de presse du 16 janvier 2016.

(5) Heather Stewart et Jessica Elgot, « Lib Dem split emerges over policy of seeking second EU referendum », The
Guardian, Londres, 19 septembre 2016.

Mot clés: Union européenne Finance Politique Idéologie Parti politique Royaume-Uni

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