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13. Maladies des lévres
Chéilite angulaire
La chéilite angulaire ou perléche peut étre la consé-
quence d'un deficit en riboflavine, d'une anémie
{erriprive, d'un syndrome de Plummer-Vinson, d'un
‘raumatisme local. Cependant de nombreux eas sont
dus d une diminution de la dimension vertical, par
‘exemple cher des porteurs de prothéses ou des sujets
‘edentes, Dans ces cas se produit un repti dans les
angles de la bouche dans lequel la salive s'accumule
en permanence aboutissant & des ésions de macéra~
tion et des fissures. Tl a été démontré que des
micro-organismes tels que Candida albicans, strep~
tocoques, staphylocoques ou autres pouvaient se
surajouter ou eréer une chéilite angulaire, Clinique-
‘ment existent une macération, des fissures, un éry-
théme érosif et des crotites aux. commissures
(Fig. 143). Il est caractéristique que ces lésions ne
débordent pas la frontiére cutanéo-muqueuse. Peu-
vent se produire une sensation de brilure et de
sécheresse. En’ absence de traitement la chéilite
angulaire peut durer longtemps, avec des périodes
de remissions et de rechutes.
Traitement. II consisteen la correction de la hauteur
occlusion, la vitaminothérapie et application
locale de dévivés stéroides ou antibiotiques
Chéilite actinique
La chélite actnique peut étre aigué ou chronique
LL Forme chronique sobserve chez des sujets ges
qui ont &é longuement exposés au soleil (fermiers,
tharins) et ateintessentillement la levee infrieure
‘Au début se produisent un cedéme et un érythéme
légers de la lévre inférieure, puis une sécheresse et
tune fine desquamation. Pet) a pew Tepithélium
Samincit, Satrophie et laisse apparattre un mélange
de zones gris-blanchitre et rouges (Fig, 144. Plus
tard la lévre devientséche et squameuse, Des nodu-
es et érosions peuvent se former avec risque accru
de survenue de leucoplasie et de carcinome épider-
moide.
Le diagnostic différentiel comprend le lupus érythé-
mateux, le Tichen plan, la chéilte de contact, les
leucoplasies et le carcinome spino-celluaire.
Examen de laboratoire. L’cxamen histopathologique
est obligatoire pour éliminer un cancer.
‘Traitement. Il consiste préventivement a éviter les
expositions prolongées au soleil et, une fois les 1é-
sions constituées, en applications locales de 5-fuoro-
uracileet danslescassévéresen excision chirurgicale
des zones labiales atteintes.
Chéilite exfoliatrice
La chéilite exfoliatrice est une affection inflamma-
toire chronique du bord vermillon des lévres et se
caractérise par existence de squames et de croites.
Elle survient surtout chez. des femmes jeunes neuro-
toniques et stressées et peut coexister avec une
atopic, Sa cause est inconnne bien qu'elle puisse étre
aaggravée par les températures climatiques extrémes.
Cliniquement, la chéilite exfoliatrice se traduit par
une exfoliation importante du bord vermillon des
livres, laissant place & une surface érythémateuse et
sensible, L’affection est révidivante, aboutissant
‘un épaississement, un aspect squameux et crodteux
dune ou des deux lévres (Fig. 145). La chéilte
exfoliatrice peut persister, plus ou moins franche,
pendant des mois ou des années, avec rémissions et
rechutes et peut étre cause de sérieux problémes
esthétiques pour le patient.
Le diagnostic différentiel comprend les cheilites de
contact et actinique.
‘Traitement. Des agents adoucissants locaux (tel le
beurre de cacao) et des stéroides peuvent aider,
A
Fi13, Maladies des lavres_——_89
Fig. 143, Cheilte angular
Fig. 144, Chéilite actinique.
Fig. 148, Cheilite oxtotatice.90 __13. Maladies des levres
Chéilite de contact
La chéilite de contact est une affection inflamma-
toire des lévres attribuée a une allergic & divers
agents chimiques. Les plus fréquemment incriminés
sont les rouges a lévres, les pommades, les dentifri-
ces, les solutions pour bains de bouche, les aliments,
ete. Cliniquement, une chéilite de contact se caracté-
rise par um cedéme ger et un érythéme, suivi d'une
invitation et d'une desquamation (Fig. 146). Ble
reste en général confinée au bord vermillon des
levres. Un interrogatoire soignewx est nécessaire
pour déterminer agent causal. Un patch-test est
nécessaire pour confirmation du diagnostic.
Le diagnostic différentiel comprend les chéilites
exfoliatrice et & plamocyte.
Le traitement consiste & supprimer tout contact avec
agent causal et & employer des topiques stérodiens.
‘Chéilite glandul.
La chéilite glandulaire est une affection inflamma-
toire rare qui atteint principalement la lévre infé-
rieure, Elle est de cause inconnue bien que, dans
certains cas, soit observée une filiation génétique.
Ont aussi é1€ incriminés le stress émotionnel et
exposition solaire chronique.
Cliniquement, se produit une boursouflure de la
lyre due a une hyperplasie des glandes salivaires et
une infiltration inflammatoire chronique (Fig. 147).
Typiquement, le orifices des canaux steréteurs sont
dilatés et se présentent sous aspect de nombreuses
petites cavités de la taille d'une téte d'épingle dont
‘on peut faire sourdre par pression une sérosité
‘muqueuse ou muco-purulente, Des croites, des
érosions, des aboés peuvent également survenir.
Trois aspects ont été décrits: la chiilite glandu-
laire simple, la plus fréquente, une forme superfi-
cielle suppurative et une forme suppurative pro-
fonde. Ces deux derniers aspects sont le résultat
une surinfection microbienne et les signes cliniques
‘en sont plus marqué
Le diagnostic différentiel comprend la chéilite granu
Jomateuse, la sarcoidose, Ia maladie de Crohn, les
Iymphangiomes et la tuberculose.
Examen de laboratoire. L'examen histopathologique
est nécessaire 4 'établissement du diagnostic.
‘Traitement. Les stéroides en usage local sont de peu
de valeur. La chirurgie plastique est névessaire dans
les formes graves.
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Chéilite granulomateuse
La chéitite granulomateuse ou cheilite de Miescher
évolue sur un mode chronique et est de cause incon-
nue. Ellepeutapparaitreisolément oudanslecadrede
certaines affections dont le syndrome de Melkersson-
Rosenthal, la sarcoidose et la maladie de Crohn
‘Néanmoins les formes isolées sont, pense-t-on, des
aspects monosympromatiques du syndrome de
Melkersson-Rosenthal. Cliniquement, la cheilte
granulomateuse se présente sous I'aspect d'un gon-
flement difus ct indolore de a lve inéricure, plus
rarement de la lévre supérieure ou des deux lévres
(Fig. 148). La peau voisine et la muqueuse buccale
peuvent étre normales ou érythémateuses. Sont
possibles de petites vésicules, des érosions, une
esquamation. Le début de la maladie est habituel-
Jement brutal, ’évolution au long cours, avec des
rémissions et des rechutes, aboutissant finalement &
‘un aspect boursouile permanent des levees
Le diagnostic differentiel comprend la chéilte glan-
dulaire, Ia sarcoidose, la maladie de Crohn, les
Iymphadéme et lymphangiome, érysipéle et
Tedme angioneurotique.
Examen de laboratoire, L’examen histopathologique
est nécessare a 'établissement du diagnotic.
‘Traitement, Des crémes siérofdes en application
locale, des injections locales de triamcinolone ou
emploi de corticoides par voie générale peuvent
tre utiles dans certains eas. Dans les formes évo-
Juées on aura recours a la chirurgie plastique.
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Fig. 148. Cheilte de contact,
Fig. 147. Chéilite gland
Fig. 148, Cheilte granulorateuse
13. Maladies des lévres
192 __13. Maladies des levres
Chéilite 4 plasmocytes
La cheilite & plasmocytes est une atteinte inflamma-
tore rare des lees, caractérisée par une infiltration
dense de plasmocytes matures.
‘La cause en reste inconnue et elle atteint habituel-
Jement les sujets de plus de 60 ans. Cliniquement, ele
se présente sous forme d'une rougeur diffuse avec
Leger gonflement du bord vermillon de la Kevre
inféricure (Fig. 149), Peuvent étre atteintes les genci-
ves et la langue. Ce groupe de lésions est identique
4 la balanite a plasmocytes (maladie de Zon).
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Fig. 149, Chaiite & plasmocytes.
Le diagnostic différenticl comprend Ia chéilite de
‘contact, les reactions allergiques, la chéilite actini-
‘que, les érythroplasies, les candidoses, le lichen plan
ct le lupus érythémateux.
_Exariten de laboratoire, L'examen histopathologique
cst utile au diagnostic,
Le traitement est symptomatique et les topiques
stéroidiens peuvent étre utiles