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Appel à communications

Innover seul ou avec les autres


Les avantages et les risques de l’open innovation dans la compétition internationale

La problématique de l’innovation constitue le dénominateur commun des grilles de lecture


sur la croissance et la compétitivité de la firme et de l’industrie, ainsi que sur le
développement et l’attractivité internationale des régions et des États. En témoignent les
visions des fondateurs de l’économie moderne, tels Marshall et Schumpeter, et celles
d’auteurs plus contemporains, comme Von Hippel et Krugman. Trois lignes de force
traversent les débats récents sur l’innovation. La première renvoie à la nature de la
compétition internationale, qui place l’innovation de produit ou de procédé au cœur des
stratégies concurrentielles des firmes. La deuxième se rapporte aux effets d’agglomération
dont rend compte la constitution des systèmes locaux d’innovation, à l’articulation entre les
avantages compétitifs des firmes et les avantages comparatifs des territoires. La troisième
concerne l’évolution du processus d’innovation lui-même, et notamment l’émergence de
l’innovation ouverte comme caractéristique nouvelle des rapports interentreprises. Cette
troisième tendance exerce une influence déterminante sur les deux autres phénomènes.

Pendant longtemps, l’innovation a été considérée comme une activité devant être gérée de
façon interne, pour en protéger les résultats de la concurrence et parce que les meilleures idées
étaient censées venir de l’intérieur des entreprises. Cette approche supposait l’intégration
verticale et le contrôle exclusif du processus d’innovation. Cependant, au cours de ces
dernières années, l’innovation est devenue plus ouverte, les entreprises ayant constaté que la
connaissance est plus diffuse que par le passé et qu’elles ne peuvent plus se contenter de leur
propre recherche. Ce changement a donné naissance à ce qu’Henry Chesbrough a appelé
l’open innovation, et qui désigne la mise en commun explicite ou implicite par les entreprises
de moyens techniques, humains et financiers afin d’exploiter et d’explorer la technologie,
contribuant ainsi à accélérer l’innovation interne et à élargir les marchés de l’innovation. Sur
le plan des résultats recherchés, elle vise notamment la réduction des cycles d’innovation, la
baisse du temps d’accès au marché (Time to market), l’élargissement du champ des idées
innovantes, la flexibilité, etc. Le modèle « Organisation 2005 » lancé en 1999 par Procter and
Gamble (P&G), remettant en cause le syndrome NIH (Not Invented Here), illustre à l’envi
cette nouvelle démarche qui constituerait désormais un moyen plus pertinent de générer la
croissance à moyen et long terme que l’innovation fermée.

La tendance à une innovation plus ouverte que par le passé modifie en profondeur les
règles de la compétition, notamment internationale, en obligeant les firmes à mettre en œuvre,
seules ou avec les États, de nouvelles formes d’organisation qui articulent concurrence et
coopération. Cette coopétition, corrélat de l’open innovation, constitue désormais un modèle
de référence dont les formes varient selon les firmes et les secteurs. Ce modèle tend
également à s’imposer dans les grands programmes pré-compétitifs nationaux ou
internationaux, réunissant partenaires privés et publics, en particulier à l’occasion de la
définition et de l’adoption de nouvelles normes. De même, il influence de manière
déterminante le déroulement des négociations bilatérales ou multilatérales portant sur la
protection de la propriété intellectuelle.
D’autre part, les conditions d’une innovation plus ouverte s’incarnent bien dans les
processus d’agglomération d’entreprises, qui produisent des effets d’apprentissage et de
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diffusion dont profiteraient tous les partenaires. Dans ce cadre, l’innovation devient un flux de
connaissances partagé entre les firmes et les territoires, génératrice d’actifs spécifiques
localisés, ce qui a pour effet d’améliorer significativement la compétitivité des premières et
l’attractivité des seconds. L’innovation ouverte accroît ainsi les performances des systèmes
productifs locaux, comme l’illustre l’expérience des clusters et de leurs multiples déclinaisons
nationales (districts industriels, parcs technologiques, pôles de compétitivité, etc.).

Cependant, s’il est clair que l’open innovation est susceptible de conduire les firmes à
capturer la valeur en transformant les bonnes idées collectées dans le réseau, en fournissant un
produit ou un service complémentaire, en améliorant la position stratégique ou la marque,
qu’elle sert de base à l’avantage concurrentiel, le développement des interrelations a des
conséquences pour la protection et la sauvegarde des actifs et de la propriété intellectuelle. Il
accentue les risques de fuites de connaissances et de retombées involontaires. Ceci se traduit
par l’augmentation des coûts de gestion de la coopération avec les partenaires extérieurs pour
réduire les comportements opportunistes. In fine, l’open innovation est susceptible
d’influencer négativement la flexibilité des firmes. En même temps, l’open innovation
nécessite de la confiance et des business models ouverts. Les entreprises sont amenées dans
cette perspective à développer des stratégies globales, accordant un rôle clé et explicite à
l’utilisation potentielle d’idées, de connaissances et de technologies dans la création de valeur.
Ce qui conduit à faire évoluer les frontières entre secteurs et entre firmes et le développement
de structures organisationnelles faisant appel à une prise en compte efficace du capital humain
intégrant la diversité et la culture d’ouverture.

Ces réflexions sont à la base du colloque organisé par l’ISERAM – ISEG, le 17 mars 2011
à la Maison de l’Europe à Paris, dont l’objectif principal vise à mettre en évidence les voies
de l’innovation compétitive, particulièrement au niveau international, à souligner la
multidimensionnalité de l’open innovation, ses effets microéconomiques et
macroéconomiques, et à faire ressortir la création de connaissances à laquelle cette innovation
est censée conduire.

Les axes susceptibles d’être développés au cours de ce colloque vont au-delà de l’open
innovation comme phénomène technologique et s’articulent comme suit :
- les formes variées de l’open innovation ;
- les nouveaux business models ;
- les formes organisationnelles et la création de connaissances nouvelles ;
- les changements culturels nécessités par l’open innovation ;
- les nouveaux challenges managériaux : gestion des ressources humaines ; gestion
des connaissances ;
- l’internationalisation de la R&D et l’open innovation ;
- open innovation et création de connaissances ;
- innovation et réseaux sociaux ;
- les partenariats académiques et industriels dans le processus d’innovation ;
- les droits de propriété ;
- les partenariats publics-privés ;
- les contraintes environnementales et sociales et l’innovation ;
- etc.

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Comité scientifique

Boualem Aliouat, Université de Nice


Alain Amyntas, Université de Rennes 2
Danièle Benezech, Université de Rennes 1
Faouzi Bensebaa, Université de Reims
Philippe Béraud, Télécom Bretagne
Annie Blandin, Télécom Bretagne
Rolande Borrelly, Université de Grenoble 3 et ISMEA
Sophie Boutillier, Université du Littoral
Viviane du Castel, ISEG et ISMEA
Michel Capron, Université Paris 8
Pascal Corbel, Université de Saint-Quentin-Versailles
Franck Cormerais, Université de Nantes
Pablo Diaz, IEP de Rennes
Pierre Giudicelli, Université de Paris I
Marc Humbert, Maison Franco-Japonaise de Tokyo
Adrienne Jablanczy, ISEG
Liliana Mitkova, Université de Marne-La-Vallée
Jean-Louis Perrault, Université de Rennes 1
Yvon Pesqueux, CNAM
Ali Smida, Université Paris 13
Adelino Torres, Université Technique de Lisbonne
Dimitri Uzunidis, Université du Littoral

Comité d’organisation

Adrienne Jablanczy, Viviane Ducastel, Faouzi Bensebaa, Philippe Béraud.

Les projets de communication de deux pages maximum, bibliographie comprise,


devront être envoyés avant le 15 décembre 2010 au secrétariat du colloque : viviane.du-castel-
suel@iseg.fr. La réponse du comité scientifique parviendra aux auteurs au plus tard le 15
janvier 2011.

Le colloque est réalisé en partenariat avec le Réseau de Recherche sur l'Innovation et


les revues Innovations, Cahiers d'Économie de l'Innovation et Journal of Innovation
Economics. Une sélection des contributions en français ou en anglais pourra être publiée dans
les numéros spéciaux de ces revues.

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