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research-article2015
RAM0010.1177/0767370115584882Recherche et Applications en MarketingDe Kerviler et Butori

Article RAM
Recherche et Applications en Marketing
2015, Vol. 30(4) 4­–24
Se considérer comme un client © l’Association Française du Marketing, 2015
Reprints and permissions:
fidèle affecte-t-il l’évaluation sagepub.co.uk/journalsPermissions.nav
DOI: 10.1177/0767370115584882
des bénéfices reçus ? ram.sagepub.com

Gwarlann de Kerviler
IESEG School of Management, France

Raphaëlle Butori
ESSEC Business School, France

Résumé
Cette recherche propose 1) d’approfondir la notion de fidélité perçue envers une marque en la distinguant
de la fidélité mesurée par l’entreprise, et 2) d’étudier la façon dont la fidélité perçue influence l’évaluation des
traitements préférentiels accordés par les entreprises. Deux études (qualitative puis quantitative) identifient
d’abord les quatre caractéristiques prototypiques du client fidèle qui déterminent la fidélité perçue :
continuité de la relation, exclusivité envers la marque, confiance et recherche d’informations. Prenant
appui sur la théorie de la justice, une troisième étude (quantitative) teste ensuite l’effet de deux bénéfices
d’intensités différentes sur la légitimité perçue et la satisfaction à l’égard du traitement préférentiel. Les
résultats indiquent que le fait d’être trop récompensé au regard de sa fidélité perçue suscite un sentiment
d’iniquité qui génère une insatisfaction immédiate. Par contre, ne pas être suffisamment récompensé à
un instant t ne génère pas nécessairement d’insatisfaction à cet instant donné, les consommateurs ayant
l’habitude de recevoir des récompenses étalées dans le temps.

Mots-clés
auto-catégorisation, équité, fidélité perçue, marketing relationnel, satisfaction

Introduction
En 2013, 80% des enseignes françaises disposaient cependant plusieurs recherches, l’octroi de tels
d’un programme de fidélité1. En offrant des bénéfices bénéfices ne crée pas forcément les conditions d’une
exclusifs qui récompensent un comportement passé, relation satisfaisante (Wendlandt et Schrader, 2007).
ces enseignes distinguent leurs clients fidèles des Un bénéfice est un avantage qui peut varier en
clients plus occasionnels. Comme le soulignent sélectivité (il peut être proposé à tous les clients ou à

Auteur correspondant :
Gwarlann de Kerviler, IESEG School of Management, Socle de la Grande Arche, 1 Parvis de La Défense, Paris La Défense cedex,
F-92044, France.
Email : g.dekerviler@ieseg.fr
De Kerviler et Butori 5

un nombre limité d’entre eux) et en valeur perçue (il important en comparaison d’autres clients sans pour
peut être plus ou moins important). Dès lors, un autant se considérer comme particulièrement fidèle.
bénéfice peut générer de la frustration, soit parce La façon dont le client détermine son degré de
qu’il semble difficile à obtenir, soit parce que sa fidélité envers une marque et les facteurs qui lui
valeur est perçue comme trop faible (Stauss et al., permettent de répondre à la question « suis-je fidèle
2005). Par ailleurs, les programmes de fidélité à cette marque ?» n’ont pas été clairement définis
cherchent parfois à orienter les clients vers certaines dans les recherches en marketing relationnel. Si
catégories de produits et à augmenter leurs dépenses plusieurs recherches ont souligné que la nature des
par un mécanisme de récompense des achats. Cette bénéfices pouvait ne pas correspondre aux attentes
incitation peut être considérée comme contraignante individuelles (Butori et De Bruyn, 2013; Odekerken-
pour la liberté individuelle. La présente recherche Schröder et al., 2003) la question de savoir si les
s’intéresse à une autre source d’insatisfaction à clients identifiés comme « fidèles » par l’entreprise
l’égard du traitement préférentiel : le sentiment se catégorisent comme tels et jugent que les
d’iniquité que peuvent susciter les bénéfices reçus. bénéfices reçus sont équitables n’a pas été abordée.
Le principe d’équité permet d’évaluer la légitimité Dans une démarche de marketing relationnel, il
des bénéfices obtenus, qui sont comparés aux semble pourtant important d’intégrer la perception
contributions consenties par chaque partie. En cas que les clients ont de leur propre fidélité avant de
d’équilibre, le bénéfice paraît légitime et génère de la leur octroyer des avantages particuliers. Notre
satisfaction (Goodwin et Ross, 1992). En cas de objectif est de proposer des pistes pour améliorer
déséquilibre, il est perçu comme illégitime. Recevoir l’efficacité des programmes relationnels en
moins que la valeur perçue de ses contributions étudiant : 1/ les déterminants de la fidélité perçue, et
génère ainsi un sentiment d’injustice et de frustration. 2/ l’influence de la fidélité perçue sur l’évaluation
Recevoir davantage peut être interprété négativement des bénéfices reçus dans le cadre de traitements
comme une pratique manipulatoire : en rendant le préférentiels.
consommateur redevable, l’entreprise l’incite à un
comportement non voulu initialement, tel qu’acheter
davantage (Sherry, 1983) ou bien donner accès à des Cadre théorique
informations personnelles (Rowley, 2004).
La catégorisation de soi comme client
Les valeurs des bénéfices et contributions
fidèle d’une marque
consenties par chaque partie étant perçues, des
décalages peuvent exister entre ce que chaque partie Les apports de la théorie de l’auto-catégorisation
souhaiterait recevoir et ce que l’autre veut bien lui permettent de comprendre comment les individus
donner. Ainsi, si l’évaluation qu’un consommateur se catégorisent comme clients fidèles d’une
fait de son investissement auprès d’une entreprise ne marque. Selon cette théorie, les individus peuvent
correspond pas à l’évaluation qu’en fait l’entreprise, catégoriser des objets extérieurs et également se
alors ce qu’il reçoit peut ne pas correspondre à ses catégoriser eux-mêmes comme faisant partie d’un
attentes, créant ainsi un sentiment d’iniquité. Etant groupe ou d’une catégorie (Turner, 1985). Cette
donné la diversité et l’opacité des critères de sélection catégorisation dépend de la ressemblance perçue
utilisés par les entreprises pour identifier les clients au prototype de la catégorie (Chattopadhyay et al.,
fidèles, de tels décalages ne sont pas rares. Par 2004), c’est-à-dire à une représentation partagée
exemple, une marque peut tout à fait considérer des caractéristiques des membres du groupe. Pour
qu’un client contribue peu à son chiffre d’affaires se catégoriser soi-même (auto-catégorisation),
alors que sa part de portefeuille est en réalité très l’individu compare ses propres caractéristiques
importante. Dans ce cas, le client se sent très fidèle (il avec les attributs du prototype afin d’en évaluer le
se tourne le plus souvent vers la marque) mais il n’est degré de similarité. Si le degré de similarité est fort,
pas reconnu comme tel par l’entreprise. A contrario, alors il se considère comme membre de la catégorie
un client peut générer un chiffre d’affaires très (Chattopadhyay et al., 2004).
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La théorie de l’auto-catégorisation a été Morgan et Hunt, 1994) et que pour cela, un principe
mobilisée pour montrer comment l’individu de justice doit être respecté. Trois grands types de
s’identifie comme une personne extravertie (Cantor justice ont été distingués en psychologie sociale : la
et Mischel, 1979), intelligente (Neisser, 1979), ou justice distributive (Adams, 1963, 1965; Swan et
encore amoureuse (Davis et Todd, 1985; Fehr et Oliver, 1989), la justice procédurale (Lind et Tyler,
Russel, 1991; Hassebrauck, 1997). Chattopadhyay 1988; Thibaut et Walker, 1975) et la justice
et al. (2004) démontrent par ailleurs que le sentiment interactionnelle (Folger et Cropanzano, 1998; Tyler et
d’appartenance d’un employé à un groupe de travail Bies, 1990). La justice distributive fait référence au
dépend d’une évaluation sur sa proximité au fait que les sacrifices et les bénéfices sont jugés
prototype représentant un membre du groupe. Plus comme équivalents (Bolton et al., 2003). Cette forme
récemment, l’approche prototypique a été utilisée de justice étant reconnue comme particulièrement
par Batra et al. (2012) pour étudier le concept importante pour assurer la satisfaction (Prim-Allaz
d’amour de la marque. La définition implicite que et Sabadie, 2005), c’est elle que nous privilégions
les consommateurs utilisent quand ils disent aimer dans cette recherche. Les individus évaluent ainsi
une marque dépend de la similarité de leur relation l’équité d’un échange en comparant ce qu’ils
à la marque avec celle du prototype de l’amoureux. apportent (« input ») et ce qu’ils reçoivent (« output »)
Nous proposons ici d’appliquer la théorie de pour en tirer un score global (Adams, 1963). Des
l’auto-catégorisation au concept de fidélité perçue à recherches ayant montré que l’équilibre perçu entre
la marque. La fidélité perçue résulterait ainsi d’une contributions et récompenses influençait la
évaluation subjective de sa similarité au prototype du satisfaction à l’égard de l’échange (Goodwin et
client fidèle d’une marque, permettant de pouvoir Ross, 1992) et la pérennité de la relation (Nguyen et
dire ou non « J’appartiens au groupe des clients LeBlanc, 1998; Lewis et Soureli, 2006), les bénéfices
fidèles ». L’appartenance à la catégorie se faisant sur accordés dans le cadre de traitements de faveur
un continuum (elle peut être plus ou moins élevée, doivent être un juste retour des contributions
Rosh, 1973), la fidélité perçue ne serait pas individuelles de chaque client. Pour comprendre
simplement binaire, mais pourrait présenter différents comment l’individu évalue son degré de fidélité et
degrés selon les individus et la marque – de « peu ainsi l’équité du traitement qu’il reçoit, il est
fidèle » à « très fidèle ». Enfin, la fidélité perçue nécessaire d’identifier ce qui le conduit à se
pourrait être différente de la segmentation de catégoriser ou non comme client fidèle. Pour cela,
l’entreprise. En effet, les entreprises ont souvent nous avons mené deux études exploratoires. La
recours à une hiérarchisation des clients selon des première a pour but d’identifier les attributs
scores mesurés à partir de données comportementales prototypiques du client fidèle, la seconde d’établir la
(comme l’index de Récence, Fréquence, Montant – dimensionnalité du concept de client fidèle.
RFM) ou de projections de comportements (comme
la Valeur à Vie du Client). Cependant, le client peut
évaluer sa position dans la hiérarchie des clients de Le client fidèle :
l’entreprise en fonction de critères propres. L’étude caractéristiques
des antécédents de la fidélité perçue permettrait de prototypiques
comprendre la définition implicite que les individus
utilisent quand ils considèrent qu’ils sont ou non
Etude 1 : identifier les caractéristiques
clients fidèles d’une marque.
prototypiques du client fidèle
Pour comprendre comment les consommateurs
décrivent leur fidélité à une marque, et ainsi
Fidélité perçue et attente de caractériser le prototype du client fidèle, nous avons
traitement préférentiel privilégié une méthode qualitative. Nous avons
Les recherches en marketing relationnel soulignent mené 19 entretiens semi-directifs à domicile. Les
que l’échange entre deux parties doit être mutuellement répondants ont été sélectionnés afin d’assurer une
satisfaisant pour se maintenir (Ganesan, 1994; variabilité en termes d’âge, de genre, de situations
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Tableau 1.  Profils des répondants de l’étude exploratoire (n = 19).

Répondant Genre Age Statut professionnel Statut familial


Soizic Femme 21 Etudiante Célibataire
Isabelle Femme 60 Expert-comptable Mariée – deux enfants
Fanny Femme 30 Etudiante Mariée
Loic Homme 65 Consultant en gestion Marié – deux enfants
Nicolas Homme 41 Chef de Projet Systèmes Information Marié – un enfant
Philippe Femme 30 Etudiant Célibataire
Caroline Femme 30 Etudiante Mariée – trois enfants
Nico Homme 39 Ressources Humaines Célibataire
Caro Femme 25 Etudiante En couple
Christine Femme 41 Marketing Célibataire
Gwenaelle Femme 25 Etudiante Mariée
André Homme 42 Consultant en Systèmes d’information Célibataire
Ziad Homme 30 Etudiant Célibataire
Liz Femme 34 Responsable Finance Mariée – un enfant
Noëlle Femme 19 Etudiante Célibataire
Alix Femme 40 Responsable Communication Mariée
Robert Homme 72 Retraité Marié – trois enfants
Elisa Femme 29 Etudiante Mariée
Gaud Femme 68 Mère au foyer Mariée – quatre enfants

familiale et professionnelle. Le profil des répondants font plutôt référence à l’activité dans la relation.
est présenté dans le tableau 1. Comme le rappelle Keller (2001), une vraie relation
Dans leur étude sur le prototype de l’amour entre un client et une marque engage justement ces
d’une marque, Batra et al. (2012) demandent aux deux dimensions. Par ailleurs, si le prototype du
participants de décrire leur relation à des marques client fidèle est influencé par les pratiques des
qu’ils aiment et de préciser les « marqueurs » qui entreprises (durée, exclusivité), les répondants ne
leur permettent de se dire «  amoureux d’une font pas référence à des mesures précises. Ainsi ont-
marque ». Comme eux, nous avons demandé aux ils une perception subjective d’être client depuis
participants à notre étude de choisir une marque longtemps ou bien de privilégier une marque en
dont ils se sentent fidèles, puis de décrire leur particulier. En découle un possible décalage entre
relation à cette marque en détaillant les « marqueurs » leur perception et les mesures comportementales
de la fidélité. Deux codeurs ont ensuite réalisé une objectives souvent utilisées par les entreprises pour
analyse de contenu thématique des entretiens (Point identifier leurs clients fidèles. Dans la pratique en
et Voynett-Fourboul, 2006), dont le résultat apparaît effet, la segmentation est davantage réalisée à partir
dans le tableau 2. Le coefficient d’accord inter- de la récence du dernier achat, du montant dépensé,
codeurs calculé est de 0,81. ou encore de la fréquence des visites.
Quatre attributs ont été identifiés. Ils permettent Les caractéristiques prototypiques du client
de caractériser le prototype du client fidèle. Un fidèle étant identifiées, il s’agit de vérifier qu’elles
client qui se perçoit comme fidèle est un client qui sont mutuellement exclusives, ce qui est l’objet de
1) privilégie cette marque par rapport aux autres l’étude 2.
dans la même catégorie ; 2) considère sa relation
comme durable ; 3) a confiance dans la marque et
4) recherche des informations sur la marque.
Etude 2 : établir la dimensionnalité du
Il est intéressant de remarquer que si les notions
concept de client fidèle
de confiance et de durée font référence à l’intensité Après avoir établi une liste d’items décrivant les
de la relation, celles d’exclusivité et d’information caractéristiques prototypiques du client fidèle, nous
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Tableau 2.  Résultat de l’étude exploratoire : les quatre marqueurs de la fidélité à une marque.
Etre exclusif ou quasi- Se tourner en premier « Je suis exclusive – j’achète presque tous mes tailleurs chez
exclusif vers la marque lorsque JC Crew, je ne regarde pas beaucoup ailleurs – ça c’est de la
l’on cherche un produit fidélité » (Liz) ;
  et acheter la marque « Pour le corps Cattier c’est la seule crème que j’utilise. Je ne
(presque) exclusivement changerai pas pour autre chose. On m’offre parfois des crèmes
de marque comme Darfin mais je ne finis pas les tubes »
(Gwen) ;
  « Si je dois choisir un hôtel, je ne me pose pas de question et je
choisis d’aller chez eux. » (Loic) ;
  « Je suis fidèle à Ricorée – je ne consomme que ça et ne teste
jamais aucun concurrent. En Angleterre je n’avais pas pu m’en
procurer alors j’ai décidé de boire du thé pendant mon séjour »
(Christine).
Inscrire sa relation dans Développer une relation « Je suis cliente de SFR Mobile depuis longtemps, je me sens
la durée stable et continue d’autant plus fidèle que je pourrais aller ailleurs, mais je fais le
choix de rester » (Elisa) ;
  « Je n’ai pas changé de marque depuis des années, alors que
j’ai reçu plusieurs fois des offres concurrentes intéressantes qui
auraient pu me faire modifier mon abonnement » (Nicolas) ;
  « Je connais bien France Inter et depuis longtemps. Je suis resté
fidèle et j’ai continué à l’utiliser, sans interruption, même quand
j’étais à Québec, je me branchais le matin pour écouter France
Inter » (Philippe).
Avoir confiance dans la Avoir une opinion positive « J’ai une opinion favorable de la marque – je sais que c’est une
marque de la marque et être bonne qualité. Je n’ai jamais eu de problème avec leurs bijoux
convaincu que la marque (pas de chaine cassée, etc.). Tiffany est vraiment une marque
est fiable. dans laquelle j’ai confiance » (Caroline).
  « Je suis rarement déçu avec JCCREW – c’est aussi il faut avoir
confiance pour rester fidèle quand on commande des choses en
ligne. » (Liz).
  « J’étais très fidèle à ACCOR quand j’avais de nombreux
déplacements professionnels, j’ai toujours pensé qu’en passant
par eux j’avais une garantie de satisfaction. » (Loic).
Rechercher des S’intéresser à la marque « Je recherche des informations sur la marque et regarde assez
informations sur la souvent le site de Tiffany pour voir les dernières nouveautés »
marque (Caro) ;
  « Je suis une fidèle admiratrice – je suis régulièrement l’actualité
de la marque et regarde toujours les nouvelles collections »
(Isabelle) ;
  « Je profite de toutes les occasions pour m’informer et en savoir
plus sur les nouveaux produits de la marque » (Loic) ;
  « Je suis allée faire la visite de la production locale de La
Chartreuse, chez les moines, pour comprendre le processus de
production » (Soizic).

avons réalisé une enquête en ligne auprès d’un sur une échelle allant de 1 « ne décrit pas du tout » à
échantillon de 249 répondants (49% de femmes et 7 « décrit tout à fait ».
51% d’hommes recrutés via un institut d’études2; Les données étant factorisables (test de sphéricité
moyenne d’âge 40 ans avec un écart type de 15). de Bartlett significatif : p = 0,000 ; indice KMO =
Les répondants devaient indiquer dans quelle 0,898 > 0,6), nous avons mené une analyse en
mesure les items pouvaient décrire un client fidèle composantes principales. Après suppression des
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Tableau 3.  Résultats de l’analyse en Composantes Principales (n = 249).

Information Exclusivité Confiance Continuité


Je profite de toutes les occasions pour en savoir plus sur 0,807 0,259 0,192 0,302
les nouveaux produits de la marque
Je suis régulièrement l’actualité de la marque 0,795 0,331 0,235 0,144
Je recherche régulièrement des informations sur la marque 0,791 0,340 0,286 0,125
Je ne changerai jamais pour une marque concurrente 0,229 0,837 0,194 0,216
Je ne teste aucun concurrent de la marque 0,355 0,732 0,147 0,041
J’achète exclusivement des vêtements de cette marque 0,352 0,679 0,295 0,226
J’ai confiance dans la marque 0,270 0,100 0,824 0,273
J’ai une opinion favorable de la marque 0,309 0,242 0,764 0,193
Je pense que la marque est une garantie de satisfaction 0,104 0,386 0,673 0,330
Je connais la marque depuis longtemps 0,168 0,166 0,267 0,875
Je suis client de la marque depuis longtemps 0,227 0,165 0,285 0,849
% de variance expliquée 22,445 20,568 19,902 17,591

items mal représentés (communalité inférieure à qu’il a de lui et celle qu’il a du prototype, l’individu
0,5) ou contribuant faiblement à la définition des se considère ou non comme faisant partie de la
facteurs (saturation inférieure à 0,5), la structure catégorie (Cohen et Basu, 1987). Dès lors, le fait de
présentée dans le tableau 3 a été obtenue. Quatre se reconnaître comme ayant les caractéristiques du
composantes expliquent 80,5% de la variance : le prototype influence positivement la catégorisation
suivi de l’Information de la marque (22,4%), de soi comme fidèle :
l’Exclusivité dans la relation (20,5%), la Confiance
en la marque (19,9%) et la Continuité de la relation H1a: Se reconnaître comme une personne
(17,6%). Nous retrouvons les quatre dimensions s’informant régulièrement sur une marque
identifiées lors de la phase qualitative. influence positivement la catégorisation de soi
comme client fidèle

L’impact de la fidélité perçue H1b: Se reconnaître comme une personne ayant


sur l’évaluation d’un bénéfice une relation presque exclusive avec une marque
influence positivement la catégorisation de soi
Proximité au prototype du client comme client fidèle
fidèle et catégorisation de soi comme
client fidèle H1c: Se reconnaître comme une personne ayant
une relation qui dure avec une marque influence
Les études exploratoires ayant permis d’identifier positivement la catégorisation de soi comme
les caractéristiques prototypiques du client fidèle, client fidèle
il s’agit maintenant de vérifier le processus de
catégorisation de soi comme fidèle. Autrement dit, H1d: Se reconnaître comme une personne ayant
s’assurer que plus la proximité au prototype (sur les confiance dans une marque influence positivement
4 composantes identifiées précédemment) est forte, la catégorisation de soi comme client fidèle
plus la catégorisation de soi comme client fidèle est
élevée.
La théorie de l’auto-catégorisation propose qu’il
Equité perçue du bénéfice reçu et
n’y ait pas une distance préétablie mais davantage
satisfaction
une impression de proximité suffisante sur un certain Selon la règle d’équité (Adams, 1963), un bénéfice
nombre d’attributs pour établir une similarité. En n’est pas équitable en soi, mais au regard de la
fonction de cette similarité perçue entre la vision contribution qui le justifie. Lorsque le ratio entre
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l’« output » et l’«  input 


» paraît équilibré, une pourquoi l’entreprise lui a accordé un traitement
perception de justice se développe, mais dans le cas particulier. Ainsi Butori et Pez (2012) ont-elles
contraire (les bénéfices sont perçus comme étant montré, dans un contexte de recrutement, que
trop faibles ou trop importants), c’est un sentiment lorsqu’ils recevaient un traitement de faveur
d’injustice qui prévaut. Les travaux sur la justice injustifié, certains consommateurs se demandaient
distributive rappellent l’importance de l’équité pourquoi ils étaient privilégiés. L’absence de raison
perçue dans la relation. Lorsqu’il reçoit un bénéfice, objective les invite alors à penser que si l’entreprise
le client peut l’évaluer au regard du traitement leur accorde un traitement de faveur, c’est pour créer
auquel il pense avoir droit. Plusieurs recherches ont un sentiment de redevabilité qui les met dans une
souligné le fait que les clients qui ressentent les position d’attente de réciprocité. Comme le
récompenses comme étant justes sont satisfaits soulignent en effet Gilly et Hansen (1985), le fait
(Gray-Little et Teddlie, 1978; Sprecher, 1992). pour une entreprise de trop récompenser un client
Chebat et Slusarczyk (2005) vont plus loin en (stratégie «  over-benefiting  ») peut poursuivre
suggérant non seulement que les individus réagissent l’objectif d’inciter ce client à augmenter ensuite ses
négativement quand ce qu’ils reçoivent est inférieur achats afin de rééquilibrer l’échange. En découle un
à leurs attentes, mais également qu’ils se sentent sentiment de malaise, lié à l’impression d’être
coupables dans le cas contraire. Nous proposons dès manipulé. Au final, recevoir plus que ce à quoi l’on
lors de répliquer l’hypothèse selon laquelle l’équité pense avoir droit (iniquité positive) peut donc être
perçue a un impact positif sur la satisfaction. tout aussi néfaste que recevoir moins que ce que
l’on attend (iniquité négative). Nous formulons la
H2 : L’équité perçue d’un bénéfice influence proposition suivante :
positivement la satisfaction envers ce bénéfice.
P : L’équité perçue d’un bénéfice dépend de
l’adéquation entre l’intensité du bénéfice et la
Equité perçue du bénéfice et fidélité fidélité perçue, de sorte que plus l’écart est
perçue grand, moins le bénéfice est perçu comme étant
équitable.
La catégorisation dans un groupe conduit à percevoir
davantage de similarités avec les membres de sa
Cette proposition se décline en deux hypothèses :
catégorie (in-group) et de différences avec les autres
(out-groups) (Marques et al., 1998). Ainsi un client
H3a : Plus un bénéfice donne lieu à une iniquité
qui se catégorise comme fidèle aura-t-il tendance à
positive, moins il est perçu comme étant
considérer qu’il doit être distingué des clients « non
équitable.
fidèles » (Martin et al., 2009). Etant donné l’usage
fréquent de traitements préférentiels pour distinguer H3b : Plus un bénéfice donne lieu à une iniquité
les meilleurs clients (Robbins et Miller, 1994), un négative, moins il est perçu comme étant
client qui se considère comme fidèle s’attendra équitable.
donc à recevoir des offres exclusives (Gwinner et
al., 1998). Ce traitement préférentiel est jugé Par ailleurs, les travaux sur la justice distributive
comme un juste retour d’un effort particulier envers soulignent que le principe d’équité est lié à une
une marque (Martin et al., 2009; Robbins et Miller, évaluation subjective de la «  juste 
» récompense
1994). A contrario, un client qui ne se considère pas (Adams, 1965). Adams souligne que chacun a sa
comme fidèle jugera qu’il n’a pas à recevoir de propre évaluation de son investissement dans
traitement particulier. S’il est malgré tout l’échange, pour lequel il attend un retour juste
récompensé, il considérera le bénéfice en question (Adams, 1963). L’auteur souligne que l’important
comme illégitime. Le décalage entre le traitement pour le contributeur est sa perception de la pertinence
auquel il s’attend et celui dont il a été l’objet pourra de ses « inputs » – même si son appréciation n’est pas
alors donner lieu à un processus d’inférences au forcément « iso-morphique » avec celle de l’autre
cours duquel le consommateur essaiera de deviner partie impliquée dans l’échange. Un client peut ne
De Kerviler et Butori 11

pas connaître sa contribution réelle sur chacune des - Scénario 1 – Bénéfice fort : le consommateur
marques qu’il consomme ni savoir se comparer aux est invité à faire partie du Club Premium de la
autres clients. Nous proposons que ce qui apparaît marque, qui donne accès à des avantages
comme pertinent pour un individu est sa perception significatifs (soirées, forum, newsletters) et
subjective d’être un client fidèle, davantage qu’une réservés à un nombre limité de clients. Le
mesure précise de ses comportements telle qu’évaluée bénéfice se veut donc à la fois important en
par l’entreprise. valeur et en sélectivité3.
- Scénario 2 – Bénéfice faible : le consommateur
H4: La fidélité perçue est un meilleur prédicteur
reçoit une simple communication l’informant
de l’équité perçue que les comportements (score
du lancement d’une nouvelle collection. Ce
RFM).
bénéfice présente à la fois une faible valeur
perçue et un faible degré de sélectivité (il est
Afin de vérifier que la proximité au prototype du
présenté comme ouvert à tous les clients de la
client fidèle permet de se catégoriser comme fidèle,
marque sans distinction).
puis d’étudier les conséquences de la fidélité perçue
sur l’évaluation d’un bénéfice, nous avons mené
Chaque répondant lit un courrier provenant de la
une étude quantitative.
marque qu’il a choisie et dans lequel elle l’informe
du bénéfice qui lui est accordé. Le répondant évalue
Méthodologie ensuite dans quelle mesure ce bénéfice lui semble
être un juste retour de sa fidélité (équité perçue) et
Procédure d’étude. Une enquête a été réalisée en
indique son degré de satisfaction envers ce bénéfice.
laboratoire auprès d’un échantillon de 194 étudiants
Enfin, il précise la date de son dernier achat de la
d’une université française (âge moyen : 21 ans, écart
marque, sa fréquence d’achat de la marque et le
type 1,93 ; 65% de femmes). Le terrain d’application
montant dépensé pour cette marque sur les 12
choisi est celui des vêtements, pour les raisons sui-
derniers mois.
vantes : 1/ cette catégorie génère un fort niveau
d’implication (Kapferer et Laurent, 1985), 2/ la
marque y joue un rôle déterminant dans le processus Choix des mesures.  Pour mesurer la fidélité perçue,
d’achat (Solomon et Douglas, 1987), 3/ il peut y nous avons repris les quatre marqueurs de la fidélité
avoir des degrés de fidélité bien distincts (de la fidé- identifiés lors des études 1 et 2 – Information,
lité exclusive à une versatilité forte) pour une même Exclusivité, Confiance, Continuité – (les items sont
marque de vêtements, et 4/ les programmes de fidé- présentés dans le tableau 3). La catégorisation de
lisation sont fortement répandus dans ce secteur. soi comme client fidèle est quant à elle mesurée
Nous nous sommes une nouvelle fois inspirés de avec deux items adaptés de Simon et Hamilton
la procédure employée par Batra et al. (2012) dans (1994) : « Diriez-vous que vous faites partie des
leur étude sur l’amour de la marque. Ainsi nous clients fidèles de la marque choisie ? » ; « Selon
avons demandé aux répondants de sélectionner une vous, quel est votre degré de fidélité à la marque
marque de vêtements dont ils sont actuellement choisie ? ». Comme l’indiquent en effet les auteurs,
clients, puis d’évaluer dans quelle mesure ils le processus de catégorisation se traduit par la per-
possèdent les attributs du prototype du client fidèle ception d’une proximité psychologique avec les
(reprise des quatre composantes identifiées dans les membres du groupe. La perception d’équité est
deux études précédentes). Les répondants recevaient mesurée avec trois items adaptés des travaux de Tax
ensuite un bénéfice de la part de la marque. Afin et al. (1998) sur la justice distributive : « Cette offre
d’étudier comment ils évaluent ce bénéfice à l’aune me semble être un juste retour de ma fidélité envers
de leur fidélité perçue, nous avons développé deux la marque » ; « Je pense mériter cette offre » ; « Avec
scénarios proposant des bénéfices d’intensités cette offre, il me semble que je suis récompensé(e)
différentes (Annexe 1). Les répondants étaient pour mes achats de la marque ». Enfin, pour mesu-
répartis aléatoirement entre les deux scénarios (109 rer la satisfaction, nous nous sommes appuyés sur
sur le scénario 1 et 85 sur le scénario 2). les travaux de Bhattacherjee (2001), en utilisant les
12 Recherche et Applications en Marketing 30(4)

trois items suivants : « Je suis satisfait de l’offre qui les poids factoriels des indicateurs sur leurs
m’y est proposée » ; « Je pense que cette offre cor- construits respectifs et les variances extraites
respond à mes besoins » ; « Cette offre me paraît moyennes (AVE). Les coefficients Alpha de
adéquate ». Cronbach et Rhô de Dillon-Goldstein sont tous
supérieurs à 0,7 sauf pour le facteur Exclusivité,
pour lequel la valeur de l’Alpha de Cronbach est à
Vérification des quatre dimensions de
0,6. Les poids factoriels sont tous supérieurs à 0,5 et
la fidélité perçue
statistiquement significatifs. La variance moyenne
Nous menons tout d’abord une analyse en extraite est supérieure à 0,5 sauf pour le facteur
composantes principales pour nous assurer de la Exclusivité pour lequel la valeur est à 0,5. Ces
stabilité des dimensions de la fidélité perçue. Les résultats (tableau 4) permettent de vérifier la validité
résultats permettent de retrouver les quatre facteurs convergente des échelles utilisées.
identifiés précédemment. Ensemble, ils expliquent La validité discriminante est appréciée en
70% de la variance: Information (22% de la variance comparant la racine carrée de l’AVE et des
expliquée), Confiance (18% de la variance corrélations entre les variables latentes (Fornell et
expliquée) ; Continuité (17% de la variance expliquer) Larcker, 1981). Les résultats (tableau 5) montrent
et Exclusivité (13% de la variance expliquée). Dans que la racine carrée de l’AVE est toujours supérieure
un second temps, nous menons, grâce au logiciel aux corrélations entre les variables latentes, ce qui
AMOS, une analyse factorielle confirmatoire du permet de confirmer la validité discriminante des
modèle de mesure de la fidélité perçue (présenté échelles4.
en annexe 2). Les résultats indiquent que l’indice
de parcimonie est satisfaisant (Chi²/ddl=106,23/55
Test des hypothèses
=1,93), de même que les indices incrémentaux
(CFI=0,95 ; TLI=0,94). La valeur du RMSEA est Les hypothèses H1a, H1b, H1c et H1d s’intéressent
acceptable (0,07). Nous pouvons donc conclure un aux liens entre chacun des quatre marqueurs de la
bon ajustement du modèle de mesure aux données. fidélité et la catégorisation de soi comme client
fidèle. Pour les tester, le modèle présenté
en figure  1 a été testé avec SmartPLS. La
Résultats significativité des liens entre chaque construit a
Nous analysons les données en utilisant SmartPLS été évaluée grâce à une procédure de bootstrap.
version 2.0M3 (Ringle et al., 2005). Le recours à Tous les chemins étant positifs et significatifs, les
SmartPLS est recommandé lorsque le modèle est hypothèses H1a, H1b, H1c et H1d sont validées.
complexe, la taille de l’échantillon est petite ou les Plus un consommateur considère qu’il s’informe
hypothèses de normalité ne sont pas satisfaites sur la marque, qu’il se tourne exclusivement (ou
(Chin et Newstead, 1999). Pour notre recherche, la quasi-exclusivement) vers elle, qu’il entretient
taille de l’échantillon est de 194 répondants. Selon avec elle une relation sur la durée et qu’il a
Reinartz et al. (2009), l’utilisation de PLS avec 100 confiance en elle, plus il se considère comme
observations peut déjà être suffisante pour atteindre étant un client fidèle.
un niveau acceptable de puissance statistique. Pour tester les hypothèses H2, H3a et H3b nous
avons construit le modèle présenté en figure 2. Ainsi
avons-nous créé les variables suivantes : « Bénéfice »,
Analyse de la qualité des instruments « Iniquité positive  » et « Iniquité négative  ». La
de mesure variable « Bénéfice » prend la valeur 1 lorsque le
Nous vérifions la qualité des échelles de mesure à bénéfice est fort, −1 lorsque le bénéfice est faible.
l’aide d’outils statistiques usuels (Churchill et La variable «  Iniquité positive 
», qui traduit les
Iacobucci, 2005). La fiabilité est appréciée par les situations où le bénéfice accordé au consommateur
coefficients Alpha de Cronbach et Rhô de Dillon- est plus grand que sa fidélité perçue, est calculée
Goldstein. La validité convergente est vérifiée par avec la formule suivante : MAX (0, Bénéfice
De Kerviler et Butori 13

Tableau 4.  Fiabilité, validités convergentes et discriminantes des échelles de mesure (n = 194).
  Loadings 

Information Je suis régulièrement l’actualité de la marque – INF1 0,902


Fiabilité : α=0,9; FC=0,9 Je recherche régulièrement des informations sur la marque – INF2 0,871
Validité convergente : AVE=0,8 Je profite de toutes les occasions pour en savoir plus sur les nouveaux produits de la 0,916
marque – INF3

Confiance Je pense que la marque est une garantie de satisfaction – CONF1 0,698
Fiabilité : α=0,7; FC=0,8 J’ai confiance dans la marque – CONF2 0,833
Validité convergente : AVE=0,6 J’ai une opinion favorable de la marque – CONF3 0,849

Continuité Je suis client de la marque depuis longtemps – CONT1 0,958


Fiabilité : α= 0,9; FC=0,9 Je connais la marque depuis longtemps – CONT2 0,938
Validité convergente: AVE =0,9

Exclusivité Je ne changerai jamais pour une marque concurrente – EXC1 0,864


Fiabilité : α=0,5; FC=0,8 J’achète exclusivement des vêtements de cette marque – EXC2 0,577
Validité convergente : AVE=0,5  Je ne teste aucun concurrent de la marque – EXC3 0,620

Catégorisation – fidèle Diriez-vous que vous faites partie des clients fidèles de la marque choisie – CAT1 0,958
Fiabilité : α=0,9; FC=0,9 Selon vous, quel est votre degré de fidélité à la marque choisie ? – CAT2 0,958
Validité convergente : AVE=0,9;

Equité Avec cette offre, il me semble que je suis récompensé(e) pour mes achats de la 0,842
Fiabilité : α=0,8; FC=0,9 marque – EQU1 0,908
Validité convergente : AVE=0,7; Cette offre me semble être un juste retour de ma fidélité envers la marque – EQU2 0,730
Je pense mériter cette offre – EQU3

Satisfaction Je suis satisfait de l’offre qui m’y est proposée – SAT1 0,892
Fiabilité : α=0,9; FC=0,9 Je pense que cette offre correspond à mes besoins – SAT2 0,887
Validité convergente : AVE=0,8  Cette offre me paraît adéquate – SAT3 0,949

Tous les coefficients/loadings sont significatifs: t>1,96 ; α= alpha de Cronbach ; AVE (Average Variance Extracted) = variance
moyenne extraite ; FC = Fiabilité composite.

Tableau 5.  Matrice de corrélation des variables latentes – validité discriminante (n = 194).

Catégorisation Confiance Continuité Exclusif Information


Confiance 0,501  
Continuité 0,421 0,305  
Exclusif 0,450 0,285 0,165  
Information 0,507 0,425 0,250 0,300  
Racine carrée de la variance 0,957 0,796 0,948 0,698 0,897
moyenne extraite

– FidélitéPerçuestandard), où FidélitéPerçuestandard est le mais qui reçoit malgré tout un bénéfice fort, aura un
score standardisé (moyenne égale à 0 et variance score d’iniquité positive positif et un score d’iniquité
égale à 1) de fidélité perçue. Enfin, la variable négative nul. A contrario, un consommateur dont la
« Iniquité négative », qui traduit les situations où le fidélité perçue est forte mais qui reçoit un bénéfice
bénéfice accordé est moins grand que la fidélité faible, aura un score d’iniquité positive nul et un score
perçue, prend les valeurs suivantes  : MAX (0, d’iniquité négative positif. Ce dernier score sera
FidélitéPerçuestandard – Bénéfice). Ainsi par exemple, d’ailleurs d’autant plus grand que le consommateur se
un consommateur dont la fidélité perçue est faible perçoit comme fidèle.
14 Recherche et Applications en Marketing 30(4)

INF1
0,902**

INF2
0,871** Information
0,267**
0,916**
INF3

EXC1 0,864**

0,262**
0,577** Exclusif Catégorisation
EXC2 de soi comme
client fidèle
0,620**
EXC3 0,238**

0,958**
CONT1 Continuité

CONT2 0,938**

0,240**

CONF1 0,698**

0,833** Confiance
CONF2

0,849**
CONF3

INF1 : Je suis régulièrement l’actualité de la marque


INF2 : Je recherche régulièrement des informations sur la marque
INF3 : Je profite de toutes les occasions pour en savoir plus sur les nouveaux produits de la marque
EXC1 : Je ne changerai jamais pour une marque concurrente
EXC2 : J’achète exclusivement des vêtements de cette marque
EXC3 : Je ne teste aucun concurrent de la marque
CONT1 : Je suis client de la marque depuis longtemps
CONT2 : Je connais la marque depuis longtemps
CONF1 : Je pense que la marque est une garantie de satisfaction
CONF2 : J’ai confiance dans la marque
CONF3 : J’ai une opinion favorable de la marque

Figure 1.  Modèle 1 : impact des marqueurs de la fidélité sur la catégorisation de soi comme client fidèle (n = 194).
**p < 0,01.

Comme précédemment, la significativité des H2 s’intéresse au lien entre l’équité perçue du


liens entre chaque construit a été évaluée grâce à bénéfice et la satisfaction envers ce bénéfice. Ce
une procédure de bootstrap, dont les résultats lien étant positif et significatif, l’hypothèse est
apparaissent sur la figure 2. validée. Nous répliquons ainsi, dans un contexte de
De Kerviler et Butori 15

Fidélité
perçue

-0,468**
-0,094

Iniquité
0,370** favorable

-0,292**
0,527**
Equité Satisfaction

-0,049

0,747**
Iniquité
défavorable

0,066
-0,791**

Bénéfice

Figure 2.  Modèle 2 : impact de la fidélité perçue sur l’équité perçue et la satisfaction envers un bénéfice.
**p < 0,01.

traitement préférentiel, un résultat déjà établi dans la fidélité perçue et la satisfaction d’autre part, ne sont
la littérature. pas significatifs. Ce résultat va dans le sens de notre
H3a et H3b s’intéressent quant à elles aux liens propos selon lequel le seul fait d’accorder un bénéfice
entre iniquité positive et iniquité négative d’une ne suffit pas à générer de la satisfaction. C’est
part, et équité perçue du bénéfice d’autre part. Avant l’adéquation entre le bénéfice et la fidélité perçue, et
de les tester, nous avons procédé à un contrôle de non pas chacun d’entre eux pris indépendamment
manipulation en nous assurant que le scénario l’un de l’autre, qui influence la satisfaction.
« Bénéfice fort » était bien perçu comme proposant Comme attendu, plus un bénéfice donne lieu à
un traitement supérieur au scénario «  Bénéfice une iniquité positive, c’est-à-dire plus l’écart entre
faible ». Nous avons pour cela vérifié que la moyenne la fidélité perçue et l’intensité du bénéfice est grand,
des deux items de reconnaissance suivants « Avec moins le bénéfice est perçu comme étant équitable.
cette offre, je me sens valorisé par rapport aux En d’autres termes, recevoir un bénéfice plus grand
autres clients » et « Avec cette offre, je suis distingué que son degré de fidélité perçue influence
par rapport aux autres clients » était significativement négativement l’équité perçue de ce bénéfice. Ce
supérieure dans la condition « Bénéfice fort ». Les résultat va dans le sens des conclusions de Butori et
résultats de l’analyse de variance confirment Pez (2012), selon lesquelles un traitement de faveur
l’efficacité de la manipulation: MBénéfice fort = 3,84 et injustifié peut susciter incompréhension et
MBénéfice faible= 3,32 (p<0,05). suspicion. H3a est validée.
Comme indiqué sur la figure 2, les liens directs Par contre, le lien entre iniquité négative et équité
entre le bénéfice et la satisfaction d’une part, et entre perçue n’est pas significatif. Autrement dit, lorsque
16 Recherche et Applications en Marketing 30(4)

la valeur du bénéfice reçu par un consommateur est l’entreprise ne contribuent pas toujours à
moins grande que sa fidélité perçue, cela n’influence l’amélioration de la satisfaction. Les résultats
pas l’équité perçue du bénéfice. Ce résultat très permettent de valider notre proposition selon
contre-intuitif peut s’expliquer de la façon suivante : laquelle il peut exister un problème de ciblage : les
un bénéfice faible met le répondant dans une clients sélectionnés pour recevoir des bénéfices ne
situation où il reçoit tout de même un bénéfice. sont pas forcément ceux qui se catégorisent eux-
Aussi faible soit-il, ce bénéfice a le mérite d’exister mêmes comme étant clients fidèles. Nous montrons
et de montrer au répondant que la marque a une que la fidélité perçue influence davantage l’équité
attention pour lui. L’absence de lien significatif entre perçue dans l’échange que les seules mesures
iniquité négative et équité perçue pourrait ainsi objectives souvent utilisées par les entreprises pour
indiquer que ce qui compte aux yeux des cibler les clients bénéficiant d’offres spéciales. En
consommateurs, c’est l’existence d’un bénéfice, outre, le seul fait d’accorder un bénéfice ne permet
qu’il interprète comme un premier signe de pas d’assurer la satisfaction. Nos résultats montrent
reconnaissance pouvant annoncer d’autres bénéfices en effet que le niveau de bénéfice doit être adapté
à venir. H3b n’est pas validée. au niveau de fidélité perçue pour susciter un
Enfin, pour tester l’hypothèse H4, nous avons sentiment d’équité dans la relation, et assurer ainsi
comparé l’influence de la fidélité perçue à celle la satisfaction du client envers l’offre. Plus
d’une mesure comportementale : le score de RFM. particulièrement, le risque d’insatisfaction à un
La récence avait été mesurée en demandant au instant t semble être surtout lié au fait d’octroyer un
consommateur la date de son dernier achat, la traitement de faveur à un client qui se sent peu
fréquence en lui demandant le nombre de fois où il fidèle. En situation d’iniquité positive, le décalage
a acheté un vêtement de la marque au cours des apparaît clairement aux yeux du client qui reçoit
douze derniers mois, et le montant en lui demandant plus que ce qu’il pense mériter. Etre trop
la valeur totale de ses achats sur la marque au cours récompensé semble peu légitime, ce qui peut
des douze derniers mois. Après avoir formé un générer des interrogations sur les intentions de
index RFM rassemblant ces trois indicateurs l’entreprise. A contrario, lorsque le bénéfice reçu
comportementaux, nous avons comparé la est sous-dimensionné, le client semble apprécier de
performance prédictive de deux modèles recevoir même une petite attention, qui est toujours
concurrents. Le premier est celui présenté en figure un signe de reconnaissance et peut être annonciatrice
2 : il intègre la fidélité perçue. Le second remplace d’autres avantages.
la mesure de fidélité perçue par le score de RFM. Par ailleurs, nous identifions quatre
Ces deux modèles ont été comparés sur la base du caractéristiques permettant de se catégoriser soi-
GoF (Goodness of Fit), c’est-à-dire la moyenne même comme étant client fidèle d’une marque. Les
géométrique de la communalité moyenne et de la facteurs permettant de développer la fidélité perçue
valeur moyenne de R² dans le modèle (Tenenhaus sont les suivants : le fait d’avoir confiance dans la
et al., 2005). L’ajustement étant meilleur pour le marque, de se considérer comme exclusif de cette
modèle intégrant la fidélité perçue (GoF=0,61) que marque, de percevoir sa relation dans la durée et
pour le modèle intégrant le score de RFM enfin de s’informer régulièrement sur cette marque.
(GoF=0,38), H4 est validée. Bien que la fidélité L’identification du facteur « Information » enrichit
perçue soit corrélée avec les indicateurs RFM (r les dimensions de la fidélité retenues dans la
compris entre 0,370 et 0,481), elle prédit mieux littérature. En effet, si la durée (Aurier et al., 2001),
l’équité perçue d’un bénéfice. ou la confiance (Rauyruen et al., 2009) ont déjà été
associées à la fidélité, la notion de recherche
d’information est plus nouvelle. L’importance de ce
Discussion des résultats
facteur peut s’expliquer par le fait que le client qui
La présente recherche propose de mieux s’informe sur l’histoire d’une marque, participe à des
comprendre les raisons pour lesquelles les bénéfices ateliers pour mieux comprendre son savoir-faire ou
accordés aux clients considérés comme fidèles par se rend en magasin pour découvrir ses dernières
De Kerviler et Butori 17

nouveautés, se considère comme avide et curieux de de recherche, malgré l’abondance des travaux sur la
tout savoir sur la marque. La connaissance de la fidélité, reste peu exploré.
marque développe deux aspects importants dans la Par ailleurs, les recherches existantes en marketing
relation que sont la familiarité et l’expertise (Alba et relationnel proposent généralement que les raisons
Hutchinson, 1987). Le client devient un « market pour lesquelles l’octroi de bénéfices ne contribue pas
maven » ou « pro de la consommation », qui participe toujours à une hausse de la satisfaction (Bellizzi et
à des forums de discussion et échange des Bristol, 2004; Sharp et Sharp, 1997) sont liées au
informations sur la marque (Feick et Price, 1987). En degré ou à la nature des bénéfices (De Wulf et al.,
se reconnaissant comme un « aficionado », au courant 2001) –la solution résidant dans le développement de
de tout ce qui concerne sa marque préférée, le client bénéfices plus adéquats. Notre travail contribue au
se sent appartenir à une communauté d’experts et se débat et suggère une piste alternative pour améliorer
distingue des autres clients novices (Zaglia, 2013). l’appréciation des efforts relationnels. Une fois les
Cette dimension pourrait devenir encore plus bénéfices définis, l’entreprise doit s’assurer que les
prégnante dans un contexte où l’accès à l’information clients sélectionnés pour être récompensés se
se développe. Les canaux comme le téléphone perçoivent effectivement comme fidèles, de façon à
mobile ou les plateformes de communication comme renforcer la légitimité des bénéfices qui leur seront
Facebook ou Twitter offrent à la fois un accès élargi accordés. Dans cette optique, les critères de
à l’information sur les marques mais aussi de segmentation habituels doivent être enrichis et
nouvelles opportunités pour échanger entre clients. intégrer la fidélité perçue.
L’identification du facteur «  Exclusivité » est Enfin, notre recherche vient également nourrir
également particulièrement intéressante. Cette les apports des travaux sur la justice. Selon les
dimension se rapproche de la notion de part de théories sur la justice distributive, pour respecter
portefeuille, qui traduit la part de la marque dans les un principe d’équité, chaque partie engagée dans
achats du consommateur sur la catégorie de produit. une relation va s’attendre à recevoir autant qu’elle
A elle seule, la notion d’exclusivité peut expliquer investit. De nombreux chercheurs interprètent ces
pourquoi les entreprises se trompent lorsqu’elles résultats pour conclure qu’un traitement juste
n’utilisent que des indicateurs comportementaux de consiste à accorder des bénéfices à la hauteur des
type RFM pour segmenter leur clientèle. En effet, contributions objectives des clients (Bagozzi,
un consommateur qui dépense un gros montant 1995  ; Ganesan, 1994  ; Huppertz et al., 1978  ;
dans une catégorie de produit, mais éparpillé sur Palmatier et al., 2006). Un apport de nos résultats
plusieurs marques, aura les mêmes indicateurs repose sur la proposition d’une alternative à cette
comportementaux au sein d’une de ces marques seule interprétation. Nous soulignons que pour
qu’un consommateur qui dépense un plus petit juger si le bénéfice qu’il reçoit lui semble équitable
montant, mais exclusivement sur cette marque. Si ou non, le point de référence pour le client est
seuls ces indicateurs comportementaux sont utilisés davantage son investissement perçu que son
pour sélectionner les clients privilégiés, alors la investissement réel.
marque accordera un traitement de faveur à des
profils de consommateurs radicalement différents.
Implications managériales
Sa politique relationnelle ne sera pas optimisée.
Accorder un traitement préférentiel à un
consommateur qui ne se perçoit pas comme
Conclusions, limites et voies particulièrement fidèle présente deux inconvénients
de recherche majeurs: 1/ un recours inutile aux ressources de
l’entreprise; 2/ le risque de perdre un client qui
Implications théoriques interprète mal le fait de recevoir une offre qu’il pense
Notre étude contribue aux recherches sur la fidélité ne pas mériter. Pour améliorer l’efficacité des efforts
envers une marque. Nous avons étudié la perception entrepris dans le cadre des stratégies relationnelles,
individuelle que chacun a de sa propre fidélité à il est donc essentiel de compléter les critères
l’égard d’une marque à un instant donné. Cet objet de sélection traditionnellement utilisés par les
18 Recherche et Applications en Marketing 30(4)

Tableau 6.  Segmentation des clients au regard de la fidélité mesurée et de la fidélité perçue.

Fidélité perçue par le client

  Faible Forte
Fidélité mesurée par l’entreprise Faible Segment 1 Segment 2
  Equité Iniquité négative
  Forte Segment 3 Segment 4
  Iniquité positive Equité

entreprises en y ajoutant la perception que les clients prochains achats, l’objectif étant d’aligner
ont de leur fidélité. Cela permettrait d’attribuer des progressivement leur contribution objective sur leur
bénéfices sélectifs et de valeur perçue élevée fidélité perçue. Il convient par ailleurs de satisfaire
uniquement aux clients qui contribuent objectivement le besoin de reconnaissance de ces clients, en
aux performances de l’entreprise (critères objectifs) utilisant, dans la mesure du possible, des avantages
mais également qui ont la plus forte probabilité de de nature symbolique peu coûteux (par exemple,
considérer qu’ils méritent un geste de la part de une lettre de remerciement pour leur fidélité ou une
l’entreprise (fidélité perçue). Croiser fidélité invitation personnalisée). En soignant le besoin de
mesurée et fidélité perçue permet par ailleurs de reconnaissance de ces clients, l’entreprise limite le
mettre en évidence deux profils de consommateurs risque de défection et de bouche à oreille négatif,
potentiellement problématiques auxquels il tout en les invitant à développer leur relation dans la
conviendra de s’adresser de façon différenciée durée.
(segments 2 et 3 du tableau 6).
S’agissant du segment 3, l’entreprise peut avoir
Limites et voies de recherche
intérêt à renforcer le lien avec les clients dont la
contribution objective est forte, mais la fidélité En dépit de ses résultats intéressants, notre recherche
perçue faible. Pour améliorer l’acceptation des n’est pas exempte de certaines limites, que nous
avantages qui leur sont offerts, deux pistes pourraient mentionnons ici. Tout d’abord, le lien entre l’iniquité
être approfondies. La première consisterait à positive et l’équité perçue est assez faible, ce qui
augmenter la fidélité perçue en renforçant la invite à penser que d’autres variables, individuelles
similarité perçue au prototype du client fidèle. Pour ou relationnelles, pourraient entrer en jeu. Parmi les
cela, il s’agirait de mettre en avant la confiance dans variables individuelles, la notion de consumer
la marque, la durée de la relation, le suivi actif de entitlement (Boyd et Helms, 2005 ; Butori, 2010),
l’actualité de la marque et la préférence pour le qui traduit une tendance stable du consommateur à
choix de cette marque. La seconde consisterait à avoir droit à davantage que les autres, nous semble
diminuer l’impression d’être traité de façon tout à fait pertinente. Elle pourrait modérer
privilégié en procurant des bénéfices préférentiels négativement la relation entre l’iniquité positive et
de façon discrète afin qu’ils soient perçus comme l’équité perçue. Par ailleurs, l’engagement dans la
étant le signe d’une attention de grande qualité relation avec l’entreprise et la volonté de poursuivre
portée à tous les clients. L’entreprise privilégie alors cette relation pourraient aussi jouer un rôle de
une répartition du traitement préférentiel en plusieurs modérateur. En effet, un client fortement engagé
bénéfices successifs d’intensité modérée. auprès d’une marque pourrait considérer qu’une
S’agissant du segment 2 (clients dont la fidélité partie des avantages qui lui sont accordés ne sont pas
perçue est forte mais la contribution objective est nécessairement des gestes de reconnaissance de son
faible), nous recommandons aux entreprises de statut actuel, mais plutôt des incitations à poursuivre
mettre en œuvre des actions permettant de développer la relation à l’avenir. Notre modèle pourrait donc
les comportements d’achats dans la durée, en être enrichi par ces variables. Il pourrait être aussi
proposant par exemple des coupons à valoir sur de comparé à des modèles concurrents, et notamment à
De Kerviler et Butori 19

un modèle qui testerait directement l’effet des travaux existants sur la fidélité (Lam et al.,
modérateur de la fidélité perçue sur la relation entre 2004). Cependant, dans une relation acheteur-
l’équité perçue et la satisfaction. vendeur (contexte Business to Business, ou « B to
D’autres voies de recherche pourraient être B »), la fidélité demeure également un élément
explorées. Nous nous sommes penchés sur l’équité crucial (Doney et Cannon, 1997). La relation doit se
« interne » – qui dépend de l’évaluation du rapport construire sur une compréhension mutuelle et il
entre les bénéfices et la contribution perçue. L’équité s’agit de s’assurer que les efforts relationnels sont
perçue peut également être « externe » et dépendre en adéquation avec les attentes. Plusieurs aspects de
de la comparaison de ses bénéfices avec ceux d’une la relation sont spécifiques dans le cadre d’une
autre entité (une personne ou un idéal, Thériault, relation B  to 
B : l’acheteur est en contact avec
1983). Nous avons privilégié l’équité interne car, plusieurs interlocuteurs qui représentent la marque,
dans la pratique, les clients connaissent rarement les il évolue dans un environnement professionnel et
traitements reçus par les autres consommateurs. dans un cadre contractuel, il n’achète pas pour lui-
Cependant, cette situation peut se rencontrer, par même et la continuité de sa relation avec le
exemple lorsqu’une marque présente les niveaux de fournisseur est plus contrainte (De Chernatony et
son programme de fidélité et les avantages offerts à McDonald, 1998). Au regard de ces différences,
chaque palier. Elle pourrait donc être étudiée. Par une piste fructueuse de recherche pourrait consister
ailleurs, nous avons pris le parti de nous concentrer en une analyse comparée du prototype du client
sur la justice distributive, mais d’autres formes de fidèle et des attentes concernant la reconnaissance
justice influencent la satisfaction dans l’échange. de sa fidélité perçue selon que la relation se place
Les recherches en marketing relationnel soulignent dans un cadre B to C ou B to B.
le rôle de la justice procédurale (qui s’intéresse à la Enfin, il serait intéressant et utile d’un point de
procédure utilisée pour accorder les bénéfices, Tax vue managérial de relier les dimensions de la
et al., 1998) et de la justice interactionnelle (qui fidélité perçue à des variables ou comportements
concerne le traitement et la considération accordée, directement observables par les entreprises, qui
Goodwin et Ross, 1992). Dès lors, il serait intéressant pourraient être utilisés comme proxy pour mesurer
d’étudier l’effet de la fidélité perçue sur la légitimité la fidélité perçue. L’âge pourrait être l’une de ces
perçue d’un bénéfice, en termes de justice variables. L’étude qualitative réalisée dans le cadre
procédurale et interactionnelle. de cette recherche invite en effet à penser que chez
Les dimensions de la fidélité perçue pourraient les plus jeunes, être client de longue date (dimension
elles aussi donner lieu à des études complémentaires. Continuité forte) ne va pas nécessairement de pair
Une comparaison sur d’autres catégories de produits avec le fait de se sentir fidèle. En revanche, la
permettrait de distinguer (s’ils existent) les attributs relation continuité–fidélité perçue semble plus
constants du prototype (c’est-à-dire ceux que l’on forte chez les personnes plus âgées. Par ailleurs,
retrouve quel que soit le type de produits) des lorsque cela s’y prête, tracer les parcours d’achat
attributs dépendants de la catégorie. On s’attendrait des clients sur internet permettrait aussi d’identifier
par exemple à ce que sur les produits de haute par exemple ceux qui sont les plus enclins à
technologie, la dimension « Information » ait une s’informer sur la marque (dimension Information),
importance majeure, étant donné la complexité et le ainsi que ceux qui ne se tournent que vers la marque
risque perçu liés à l’achat. D’autres recherches lorsqu’ils ont un achat à faire dans la catégorie de
pourraient aussi explorer les nuances individuelles produits (dimension Exclusivité).
auxquelles donnent lieu le prototype du client
fidèle. L’orientation relationnelle notamment (Prim- Remerciements
Allaz et Sabadie, 2003) pourrait influencer Les auteurs remercient sincèrement Ruben Chumpitaz
l’importance accordée à la durée de la relation. (IESEG School of Management), Gilles N’Goala
Notre recherche se concentre sur la fidélité (Université de Montpellier 1), William Sabadie (Université
perçue d’un individu envers une marque et s’inscrit Jean Moulin Lyon 3) et Pierre Volle (Université Paris-
donc dans le champ du marketing « B  to C » Dauphine) pour leurs commentaires précieux sur des
(Business to Consumer) qui correspond à la majorité versions antérieures de cet article.
20 Recherche et Applications en Marketing 30(4)

Notes treatments. International Journal of Research in


Marketing 30(4): 358–367.
1. Etude réalisée par le cabinet VERTONE en mai 2013.
Butori R et Pez V (2012) Le traitement de faveur comme
2. Institut SurveySampling
outil de recrutement de clientèle  : le problème
3. Les récompenses financières donnant lieu à une
de la résistance du consommateur. Recherche et
grande variabilité individuelle (par exemple, un
Applications en Marketing 27(4): 39–57.
coupon de 10 euros peut être perçu comme une
Cantor N et Mischel W (1979) Prototypes in persons
somme importante pour certains consommateurs,
perception. In: L Berkowitz (éd.) Advances in expe-
mais dérisoire pour d’autres), nous avons privilégié
rimental social psychology. New York: Academic
une reconnaissance symbolique.
Press, 3–52.
4. Des analyses complémentaires, réalisées sur des
Chattopadhyay P, George E et Lawrence SA (2004)
échantillons différents, ont par ailleurs permis
Why does dissimilarity matter? Exploring self-
d’établir les validités nomologique (n = 134) et
categorization self-enhancement and uncertainty
prédictive (n = 131) de l’échelle de fidélité perçue.
reduction. Journal of Applied Psychology 89(5):
Les résultats sont présentés en annexes 3 et 4.
892–900.
Chebat J et Slusarczyk W (2005) How emotions mediate
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De Kerviler et Butori 21

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Journal of Marketing 62(2): 60–76. 216–223.

Annexes
Annexe 1. Description des scénarios de l’étude quantitative (n = 194).
Scénario 1 (Bénéfice Fort) Scénario 2 (Bénéfice Faible)

Cher Client, Cher Client,


Nous sommes heureux de vous faire bénéficier de notre offre exceptionnelle : Nous sommes heureux d’informer tous
Inscription en exclusivité dans notre les clients du lancement de notre nouvelle
Club # Premium collection de la marque
Grâce à notre nouveau Club, vous aurez le plaisir : #
- d’être invité à nos soirées privées, Venez voir nos vêtements en magasin.
- d’accéder à un forum pour nous donner vos avis et suggestions, Bien cordialement,
- de recevoir notre newsletter vous informant de l’actualité et des offres spéciales Le Service Relations Clients
de la marque.
Bien cordialement,
Le Service Relations Clients

NB : Chaque participant répondait, en début de questionnaire, à la question « Merci de choisir une marque dont vous êtes actuellement client ». La marque
choisit apparaissait automatiquement ensuite dans le corps du courrier, à l’emplacement du signe #.
De Kerviler et Butori 23

Annexe 2. Modèle de mesure de la fidélité perçue (n = 194).

e1 INF1

e2 INF2 Information

e3 INF3

e4 EXC1

e5 EXC2 Exclusivité

e6 EXC3

e7 CONT1
Continuité
e8 CONT2

e9 CONF1

e10 CONF2 Confiance

e11 CONF3

INF1 : Je suis régulièrement l’actualité de la marque


INF2 : Je recherche régulièrement des informations sur la marque
INF3 : Je profite de toutes les occasions pour en savoir plus sur les nouveaux produits de la marque
EXC1 : Je ne changerai jamais pour une marque concurrente
EXC2 : J’achète exclusivement des vêtements de cette marque
EXC3 : Je ne teste aucun concurrent de la marque
CONT1 : Je suis client de la marque depuis longtemps
CONT2 : Je connais la marque depuis longtemps
CONF1 : Je pense que la marque est une garantie de satisfaction
CONF2 : J’ai confiance dans la marque
CONF3 : J’ai une opinion favorable de la marque

Annexe 3. Validité nomologique de l’échelle de fidélité perçue (n = 134)


Dans leur étude sur l’attachement émotionnel à la marque, Thomson et al. (2005, page 83) soulignent le lien
entre leur concept et la fidélité à la marque. Mael et Ashforth (1992, page 105), avancent quant à eux que
l’identification à une organisation et la fidélité envers celle-ci sont des construits qui peuvent être reliés.
24 Recherche et Applications en Marketing 30(4)

Enfin, Tellis (1988, page 135) fait le parallèle entre la familiarité avec la marque et la fidélité envers la
marque. Ainsi, se percevoir comme un client fidèle devrait être corrélé au fait de se sentir émotionnellement
attaché à cette marque, de s’identifier à elle, et de la considérer comme étant familière.
La relation entre ces trois concepts et les quatre dimensions de la fidélité perçue a été testée auprès d’un
échantillon de 134 répondants sélectionnés par l’institut d’études SurveySampling. Les participants évaluaient
dans quelle mesure les items de l’échelle de fidélité perçue les décrivaient, puis répondaient à une série de ques-
tions mesurant l’attachement émotionnel (7 items issus de l’échelle de Thomson et al., 2005), l’identification
à la marque (échelle de Mael et Ashforth, 1992) et de la familiarité perçue (échelle de Kent et Allen, 1994).
Les résultats indiquent que les échelles d’attachement émotionnel, d’identification, de familiarité, et des
quatre dimensions de la fidélité perçue démontrent de bonnes qualités psychométriques, avec des Alpha de
Cronbach compris entre 0,815 et 0,912 (Identification = 0,912 ; Attachement = 0,912 ; Familiarité = 0,860 ;
Continuité = 0,833 ; Information = 0,885 ; Confiance = 0,835 ; Exclusivité = 0,815).
Par ailleurs, les corrélations sont toutes fortes et significatives ce qui permet de vérifier la cohérence entre
la fidélité perçue et des concepts qui lui sont théoriquement liés. Nous pouvons donc conclure à la validité
nomologique de l’échelle de fidélité perçue.

  Continuité Information Confiance Exclusivité


Identification ,198* ,696** ,485** ,715**
Attachement ,421** ,801** ,779** ,645**
Familiarité ,638** ,599** ,679** ,497**

*p<0,05 ; **p<0,01.

Annexe 4.Validité prédictive de l’échelle de fidélité perçue (n = 131)


Pour vérifier la validité prédictive, 131 répondants sélectionnés par l’institut d’études SurveySampling ont
évalué dans quelle mesure les items de l’échelle de fidélité perçue les décrivaient, puis répondu à une série
de questions concernant des intentions de comportements qui devraient découler logiquement de la
catégorisation de soi comme client fidèle. Ainsi, ils évaluaient leurs intentions de recommandation (échelle
de Harrison-Walker, 2001), leur intention d’adhérer au programme de fidélité de la marque (1 item rédigé
par les auteurs), et enfin dans quelle mesure ils seraient prêts à payer plus cher ou à faire un détour pour
acheter la marque à l’avenir (2 items rédigés par les auteurs).
Les échelles d’intention de recommandation et de fidélité perçue présentent encore une fois de très bonnes
qualités psychométriques, avec des Alpha de Cronbach compris entre 0,780 et 0,901 (Recommandation =
0,892 ; Continuité = 0,857 ; Information = 0,901 ; Confiance = 0,857 ; Exclusivité = 0,780).
Par ailleurs, les corrélations entre la fidélité perçue, les intentions de recommandation, l’intention
d’adhérer au programme de fidélité de la marque, et la propension à payer plus cher et à faire un détour pour
acheter la marque, sont toute fortes et significatives. Nous pouvons donc conclure à la validité prédictive de
l’échelle de fidélité perçue.

  Continuité Information Confiance Exclusif


Intention de recommandation ,394 ,735 ,515 ,639
Intention d’adhérer au programme ,399 ,670 ,548 ,463
Intention de payer plus cher ,388 ,653 ,566 ,625
Intention de faire un détour ,383 ,690 ,429 ,607

p<0,01.

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