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bet Taso) Niveau Histoires francophones +. — “vse= OTE mr eee eee Adapté par Colette Samson INTERNATIONAL www.cle-inter.com Les corrigés de tous les exercices sont disponibles sur le site de CLE international, sur la page de présentation de rouvrage. Couverture : Dagmar Stahringer Maquette : Pierre Cavaciuti Mise en page : Laure Gros : Lo Yenne INtustrations : Thierry Beaudenon Studio d'enregistrement : Vincent Bund © CLE international 2013 ISBN 778-209-038299-0 leas: flew mauve 3. horizon Gm) Madeleine de Jacques Brel Jacques Bret [1929-1976], auteur-compositeur-interpréte de chansons, est né en Belgique dans la banlieue de Bruxelles. A partir de 1958, le public reconnatt la poésie et la force de ses textes, mais aussi la sincérité de son interprétation et cest le succes. Jacques Brel part en tournée dans le monde entie. En 1967, il devient acteur et ‘éalisateur de films. Malade, iL abandonne tout en 1974 et part vivre aux iles Marquises, un archipel de la Polynésie francaise, Ce soir attends Madeleine Jai apporté du lila Jen apporte toutes les semaines Madeleine elle aime bien ¢a Ce soir fattends Madeleine On prendra le tram’ trente-trois Pour manger des frites chez Bugéne ‘Madeleine elle aime tant ca ‘Madeleine cst mon Noel Cest mon Amérique a moi ‘Méme quielle est trop bien pour moi Comme dit son cousin Jot! Ce soir fattends Madeleine On ira au cinéma Je lui dirai des « je taime » Madeleine elle aime tant ¢a Elle est tellement jolie Elle est tellement tout a Elle est toute ma vie Madeleine que jattends la Ed Ce soir attends Madeleine Mais pleut sur mes lilas pleut comme toutes les semaines Et Madeleine nfarrive pas Ce soir jattends Madeleine Crest trop tard pour le tram trente-trois Trop tard pour les frites d’Eugene Et Madeleine n'arrive pas Madeleine c'est mon horizon* Cest mon Amérique a moi Meme quelle est trop bien pour moi Comme dit son cousin Gaston Mais ce soir attends Madeleine Ime reste le cinéma Je lui dirai des «je t'aime » Madeleine elle aime tant ca Elle est tellement jolie File est tellement tout a Elle est toute ma vie Madeleine qui n'arrive pas 2 le tram fe tram 3. horizon (a) leo er Madeleine de Jacques Brel Jacques Bret [1929-1976], auteur-compositeur-interpréte de chansons, est né en Belgique dans la bantieve de Bruxelles. A partir de 1958, le public reconnatt la poésie et la force de ses textes, mais aussi la sincérité de son interprétation et cest le succes. Jacques Brel part en tournée dans le monde entier. En 1967, il devient acteur et ‘éalisateur de films. Malade, il abandonne tout en 1974 et part vivre aux les Marquises, un archipel dela Polynésie francaise. Ce soir attends Madeleine Jai apporté du lila Jen apporte toutes les semaines Madeleine elle aime bien ¢a Ce soir fattends Madeleine (On prendra le tram’ trente-trois Pour manger des frites chez Bugene Madeleine elle aime tant ga Madeleine cest mon Noél Cest mon Amérique a moi ‘Meme quelle est trop bien pour moi Comme dit son cousin Joél Ce soir jattends Madeleine On ira au cinéma Je lui dirai des « je time » Madeleine elle aime tant ca Elle est tellement jolie Elle est tellement tout ca Elle est toute ma vie Madeleine que jattends la Ed Ce soir jattends Madeleine Mais pleut sur mes lilas pleut comme toutes les semaines Et Madeleine nfarrive pas Ce soir attends Madeleine Crest trop tard pour le tram trente-trois, ‘Trop tard pour les frites d’Eugene Et Madeleine n'arrive pas Madeleine c'est mon horizon’ Cest mon Amérique a moi Meme quelle est trop bien pour moi Comme dit son cousin Gaston Mais ce soir attends Madeleine Ime reste le cinéma Je lui dirai des «je t'aime » Madeleine elle aime tant ¢a Elle est tellement jolie Bille est tellement tout ga Elle est toute ma vie Madeleine qui n'arrive pas “fern 5. tant pe: cet dommage, EX Ce soir jattendais Madeleine ‘Mais jai jeté mes lilas| Jeles a jetés comme toutes les semaines ‘Madeleine ne viendra pas Ce soir jattendais Madeleine Ceest fichu pour le cinéma Je reste avec mes « je t’aime » Madeleine ne viendra pas Madeleine cest mon espoir Ciest mon Amérique a moi Sar quielle est trop bien pour moi Comme dit son cousin Gaspard Ce soir j'attendais Madeleine Tiens le dernier tram s'en va On doit fermer chez Eugene Madeleine ne viendra pas Elle est tellement jolie Elle est tellement tout ca Elle est toute ma Madeleine qui ne viendra pas Demain jattendrai Madeleine Je rapporterai du lilas Jen rapporterai toute la semaine Madeleine elle aimera ¢a Demain jattendrai Madeleine On prendra le tram trente-trois Pour manger des frites chez Eugéne Madeleine elle aimera ¢a Madeleine cest mon espoir Cest mon Amérique a moi ‘ant pis' si elle est trop bien pour moi Comme dit son cousin Gaspard Demain jattendrai Madeleine On ira au cinéma Je lui dirai des «je t’aime » Et Madeleine elle aimera ¢a © Bitione Musicales Caravelle B& OD Ecoute et lis ! Puis réponds ! 11En Belgique francophone, on dit septante pour soixante-dix et nonante pour quatre-vingt-dix. Exemples : septante-six (soixante-seiz) ;nanante et un (quatre-vingt-onzel isles dates de Jacques Brel (1929-1978 et celles de Magrite (1898-1967] comme situ étais unlel Belge francophone! 2 Jacques Brel a exercé quelles professions ?Il est devenu célébre a quel age ? Pourquoi ? 3. Comment est-ce que tu imagines [homme qui attend Madeleine ? Il est amoureux, bien sir, Mais est-ce qu'il est aussi... tétu ? sincére ? idiot ? fiddle ?jaloux ? agressif ? joyeux ? désespéré ? Décris-le aussi physiquement ! lest petit ? grand ? fort ? maigre ? 4 Vrai ou faux ? Uhomme qui attend Madeleine pense : « Elle aime le lilas, » ~ « Elle aime manger des frites. » - « Elle aime aller la fate foraine, » ~ « Elle aime prendre le tram. » ~ « Elle aimerait aller en Amérique. » - « Elle aime aller au cinéma. » 5 A ton avis, est-ce que Madeleine viendra un jour au rendez-vous ? Oui ? Non ? Pourquoi ? 6 La chanson s‘appelle Madeleine... Quel autre titre est-ce que tu pourrais donner & cette chanson ? Explique ton choix | Derborence de Charles-Ferdinand Ramuz CCharles-Ferdinand Ramuz (1878-19471 est un écrivain suisse, né et mort & Lausanne, dans le canton de Vaud. Ses ‘euvres sont inspirées de la vie des habitants de sa région. C'est aussi (auteur de L'Histoire du soldat, spectacle mis en musique par Igor Stravinski, et un romancier suisse de langue francaise trés célébre. ILy abien longtemps en Suisse, les hommes des villages montaient dans les alpages' avec leurs vaches et leurs chévres pour y passer lété. Ramuz raconte histoire d/Antoine part sur le glacier des Diablerets.Ilest raphin, son oncle Une nuit, la montagne leur « tombe» dessus et elle ensevelit Ant paturage de Derbi nce au pied du ine, son once, les autres hommes montés avec eux et tout le bétail. Les semaines passent et personne ne les attend plus au village. Pow ie un soir, Thérése, la femme d’Antoine, croitreconnaitre une voix ppplle, elle crit voir son mari. Ce ni est bien lui, toujours vivant aprés sept semaines passées sous les blocs’ de pierre | Antoine, rentré au village, explique comment ila survécu pas un fantéme, Tout & coup, le toit du chalet oii nous dormions sest effondré. La montagne nous est tombée dessus, je suis resté par terre sans bouger, parce que je ne savais pas si je pouvais bouger. Je me demandais si javais toujours mes bras et mes jambes. Bt puis, fai entendu mon oncle. Il ma dit: « Od es-tu? » Jai dit:« Ici » Btpuis cest tout, Alors ai commencé a remuer un peu les doigts de ma main droite, et puis la main, et puis le bras. J’ai pensé : «Jen ai au moins un, ga va bien ; maintenant allons voir Yautre » ; et avec mon bras droit ai été rendre visite au gauche... Seulement, ily avait encore mes deux jambes, et je me demandais pendant ce temps : « Est-ce quion m'a appelé ? » Mais on n/appelait plus, Jai vu que javais un genow a moi, ¢aen faisant un, et un autre genou a moi, ¢a en faisait deux. Et tous les deux en bon état. Finalement, je me suis as fai pu voir qu'il ne me manquait rien, cest-a-dire que 'avais deux bras, deux jambes et un corps, sans compter a téte; seulement quand jai levéle bras, jai senti quiily avait une espéce de plafond juste au-dessus de ma téte ; est la montagne qui était tombée, était un gros morceau de montagne. Et moi, ’étais pris dessous. Mais jai vu que Vair ne me manquerait pas, a cause des vides qui y avait partout entre les pierres qui étaient montées les unes sur les autres, J'ai vu aussi que je pourrais manger : on avait déja fait deux fromages et on avait monté du pain pour six semaines. Les fromages et le pain étaient la, tout prés, sur une planche. (..) Jai vu aussi que je pourrais boire : Teau du glacier coulait entre les pierre. Jétais sauvé | Favais tout ce quilfallait pour durer en vie, avec de quoi manger, de quoi boire, de quoi respirer, de quoi dormir. J of “ navais plus qu utiliser le temps et en avais une bonne provision’ devant moi! ai commencé a suivre plat ventre un couloir étroit entre les pierres et puis plus rien, cétait barré. Je passais dans un autre je faisais des marques pour savoir par oit revenir. essayais de monter entre les blocs de pierre, mais souvent je devais redescendre ;jétais découragé. Pendant des jours et des jours jai essayé de dégager la faille’, pendant sept semaines ! Mais... combien est-ce quion était ? - Oda? ~ Livhaut. yaeuun silence, puis quelqu'un a dit ~ Voyons, peut-étre une vingtaine. Dixchuit, adit quelqu’un, Alors Antoine a dit ~ Et ily ena combien qui sont revenus ? » Ona entendu les cris des oiseaux dans les arbres. Ona dit enfin -Ehbien, ily atoi Diapeés Derborence, Charles-Ferdinand Ramuz, 1936 D&S C& Ecoute et lis ! Puis réponds ! De quoi ou de qui parlent les romans de Charles-Ferdinand Ramuz ? 2 Que veut dire Antoine quand i dt : « La montagne nous est tombée dessus » Est-ce quiAntoine a été blessé 7 4 Comment Antoine comprend que son ancle est mort ? 5 Combien 6 est-ce qu/Antoine est resté sous les blocs de pierres ? & Comment est-ce qu'il 7 a pu manger et boire pendant tout ce temps ? qui est le seul survivant du drame ? 1. defntiement pour 5.tout de meme quand La econ de Eugéne lonesco Eugene lonesco (1909-1994) est un écrivain d'origine roumaine. Né d'un pére roumain et d'une mere francaise, it est élevé en France jusqu’a ge de treize ans. Puis il étudie en Roumanie et devient professeur de francais. It part installer défintivement’ en France en 1938. C'est le « pére » du théatre de Cabsurde. Le Thédtre dela Huchette & Paris aurajoué sans interruption depuis 1987 deux de ses pléces les plus célébres, La Cantatricechauve et Lalecon | Dans La lecon, Eugene lonesco met en scéne un professeur qui donne une legon particulire @ une jeune éléve. Tras patients au début, ils iniront Pun et lautre par perdi leur calme. LE PROFESSEUR : Bon, Mademoiselle ! Nous allons faire un peu d'arithmétique, si vous voulez bien. Cela vous ennuierait de! me dire... combien font un et un? LELEVE : Un et un font deux. LE PROFESSEUR, émerveillé parle savoir de léléve : Oh, mais cest trés bien. Vous me paraissez trés avancée dans vos études ! Poussons' plus loin : combien font deux et un ? LELBVE : Trois. LE PROFESSEUR : Trois et un? UELEVE : Quatre LE PROFESSEUR : Cing et un? LELBVE : Six, LE PROFESSEUR : Sept et un? LELBVE : Huit. LE PROFESSEUR:: Sept et un? LELEVE : Hui... bis. LE PROFESSEUR : Parfait. Excellent. Magnifique. Voyons la soustraction. Ah, ah, cest de plus en plus difficile! Dites-moi, combien font quatre moins trois ? LELBVE : Quatre moins trois 2... Quatre moins trois ? Ca fait. sept? LE PROFESSEUR : Je mlexcuse d'étre obligé de vous contredire. Quatre moins trois ne font pas sept. I] ne faut plus additionner, il faut soustraire maintenant. LELEVE : Quatre moins trois ? Ga ne fait tout de méme* pas dix ? 5 alsonner: fcr LEPROFESSEUR: Oh, certainement pas, Mademoiselle. Ine agit pas de deviner, i fautraisonner*: voyons, nous eee Je nombre quatre et le nombre trois. Quest-ce qu'il est le quatre ? Plus grand ou plus petit que le trois ? Svoswvestendances _LELEVE : Plus petit? ditionne engines LE PROFESSEUR: Je me suis mal fait comprendre”. Tenez. Voici trois allumettes. En voici encore une, 6a eae 2s fait quatre. Regardez bien, vous en avez quatre, jen retire une, combien vous en reste-t-il? 4 4 S.mtenersooblr* "Et VB: Cing Si trois et un font quatre, quatre et un font cing singer 40. sjuter: meeren LE PROFESSEUR : Ce nest pas ca. Ce n'est pas ¢a du tout. Vous avez toujours tendance® a additionner, Plas, adetonner ‘Mais il faut aussi soustraire. II ne faut pas uniquement intégrer’ Il faut aussi désintégrer. Cest ca la vie. nce est ca la science. Cest ca le progrés, la civilisation. » LELEVE : Oui, monsieur. LE PROFESSEUR : Prenons un exemple plus simple. Supposez que vous nlavez qu'une seule oreile LELEVE: Oui, apres? LE PROPESSEUR : Je vous en ajoute" une, combien en auriez-vous ? LELEVE : Deux. ss LEPROFESSEUR : Bon. Je vous en ajoute encore une. Combien en auriez-vous ? LELRVE : Trois oreilles. LE PROFESSEUR:: Jen enléve" une... I vous reste... combien dorelles ? 'ELEVE : Deux. LE PROFESSEUR:: Bon. Jen enlve encore une, combien vous en reste-til? w LELEVE : Deux. LE PROFESSEUR:: Non, Vous en avez deus, fen prends une, jevous en mange une, combien vous en reste‘? LELEVE : Deux. LE PROFESSEUR : J'en mange une... une. LELEVE : Deux «= LE PROFESSEUR:: Une! LELEVE : Deux !!! LE PROFESSEUR : Non, non ! Vous faites de moins en moins attention ! Ce n'est pas ¢a. Vous avez... vous avez... Vous avez... LELBVE : Dix doigts! « LE PROFESSEUR : Si vous voulez, Parfait. Bon. Vous avez donc dix doigts. Combien en auriez-vous, si vous en aviez cing ? LELEVE : Dix, Monsieur. LE PROFESSEUR : Ce nest pas ca! L’ELEVE : Mais vous venez de me dire que jen ai dix! ss LE PROFESSEUR : Je vous ai dit aussi, tout de suite aprés, que vous en aviez cing! LELEVE : Je nen ai pas cing, jen ai dix Disprée La loon, Eugene Tonesco, 1951 (DOS OD Ecoute et réponds ! 11 Quel métier a exercé Eugene lonesco jusqu’en 1938? 2 On dit de lui que c'est le « pére » du thédtre de Uabsurde. Reléve les détails absurdes dans cet extrait de La lecon. 3 Quite fat le plus rire ou sourire ? Le professeur ou U'éléve ? Pourquoi? 4.0n joue cette pice depuis combien d'années au Thédtre de la Huchette a Paris ? & CH tTransforme les phrases au discours indirect ! Léléve raconte sa « leon particuliére ». ‘Le protesseur a commencé par me dire : « Nous allons faire un peu d'arithmétique. » 2 D'abord, il m’a demandé : « Combien font un et un ? » (C’était trop facile...) ‘3 Ensuite, il m’a demandé - « Est-ce que le quatre est plus grand au plus petit que le trois ? » (Ca, c’était trop difficile...) 4 Apres, il m’a annoncé : « Je vous mange une oreille ! » (Je crois que ce professeur est fou, non 2) ta Caméra €Or Festival de Cannes encourage de jes rites 2.lepapayer arbre tie pre pope eft ed (quand ell ee verte 3 remo :rende mou de Tran Anh Hiing ‘Tin Anh Hing est un réalisateur d'origine vietnamienne, né en 1962 a Mj Tho au Viétnam. Réfugié en France depuis 1975, ily fait des études d'opérateur de cinéma. Il réalise son tout premier long métrage L'Odeur de la papaye verte en 1993. Intégralement tourné en studio & Pars, le film remporte la Caméra d'Or’ du Festival de Cannes et le César de la meilleure premiére ceuvre (1994) Scénario Saigon 1951. Une petite paysanne vietnamienne, Mui, entre au service de riches bourgeois de la ville, ses nouveaux « patrons ». La vieille servante Ti lui apprend a préparer et a servir les repas. ‘Séquence 2 ~ Intérieur. Jour. La maison et le jardin potager. Le jour est a peine levé. Depuis la fenétre de la chambre oit Miia dormi pour la premiére fois chez ses nouveaux patrons, on voit un papayer® dans le jardin potager. Mui se réveille et apercoit Ti, la vieille servante, choisir une papaye TI: Rendors-toi! La patronne Ta ordonné. Je te révelleral pour fire le feu ‘Mai se eve. En respirant [air du matin, elle sent fodeur de la papaye fraichement coupée. Mai respire cette odeur avec plaisir. Blle va voir Ti dans la cuisine prés du jardin potager et s'assoit, comme elle, sur un petit banc de bois. Elle suit avec attention les gestes dela servante. Ti met d'abord des léguimes, verts dans une poele (un wok) posée sur des braises et les fait sauter a feu vif en les remuant avec des baguettes. ‘TL: Rappelle-toi: pour ce plat, la graisse doit étre chaude., Fais sauter les égumes. Il faut les griler, ca parfume. II ne faut pas trop les cure, ca ramollt’, Ensuite, tules mets de cite Ti met les légumes dans un plat. ‘TL: Pour la viande, tu fais parel. ‘Tia mis des petits morceaux de viande et doignons dans a poéle et les fat rire tout en continuant donner ses conseils. ‘Ti: La graisse fit brillr les légumes boullis. Ces plus beaw. Pour nous, beau ou pas, ca va dans le ventre. ‘Mais nos patrons sont différents. Quand cst cuit. Ti ajoute les légumes & la viande et verse un peu de sauce muetre mam, Blle continue & remuer les ingrédients qui cuisent dans la podle. ‘la cavette ta bassne 5 labelemése 6 ttle asi devant Thos » Tl: Ensuite, tu mets les légumes et la viande dans deux assiettes. Noubliepas den garder pour nous. Tia laissé une bonne part de viande et de légumes dans la poéle, On entend une cloche sonner. TL: Voila, grand-mere a fini sa pritre. MUL: Cest la mére de qui? TI: Du patron. Lave-toi les mains. Elle a perdu son mari peu aprés la naissance du patron. Maintenant, ele 2 passe son temps a prier Mii se lave les mains dans une cuvette* posée sur le sol. Ti verse de la soupe avec des nouilles dans un plat. TI: Vite, mets du riz dans un grand bo. Tidépose le plat sur un plateau. Mit retire le couvercle d’une marmite et met du riz dans un grand plat creux. Ti pose les assiettes déja préparées sur le plateau. La patronne arrive en souriant. %” LA PATRONNE: Tout est prét ? TI: Oui, est prét. Mii, prends le plateau de grand-mere! LAPATRONNE : Cest bon, j le prends. TI (tend un deuxiéme plateau & Mit): Alors, prends celui-ci! Fond sonore : Voix d’enfants, musique. La patronne et Miii vont vers la salle a manger en portant chacune un plateau. La patronne monte le repas dans la chambre de sa belle-mére'. Mui arrive elle, dans a salle a manger. Le patron et ses dewx jeunes fils, Lam et Tin, sont deja attablés® et attendent d'étre servis. Tin, le plus petit, est assis sur les genoux de son pére. Il semble étre le seul a remarquer Varrivée de Mai avec son plateau. Il la regarde fixement, avec hostilite”. Mai dépose les assiettes et les plats surla table. Tin se éve pour rejoindre sa place en langant un w» bras comme si allat frapper la petite servante, mais il init par sasseoir sur sa chaise. Les trois hommes commencent a manger. Le fils ainé, Trung, arrive avec son ami Khuyén. ‘TRUNG : Papa, je mangerai dehors avec Khuyén. Nous serons rentrés pour le th. Diaprés le scénario du film LOdeur dela papaye vert, 1993, foe © Ecoute et lis ! Puis réponds ! 1 Tran Anh Hing est arrivé & quel Age en France 7 ly fait quelles études ? 2 Réécris la recette du plat préparé par Ti, en commencant par : Faire sauter les légumes dans de la graisse chaude, puis. ‘3 Qu'est-ce que Ti va servir avec le plat de viande et de Legumes ? 4 Relave dans le texte les phrases ou les situations qui montrent bien la condition de servante de Ti et de Mui, au service de leurs « patrons ». 5 Repére les gérondifs en gras dans le texte. Qu'est-ce que chacun des gérandifs exprime ? la simultanéité ? le temps ? la maniére ? 6 Transforme les derniéres répliques de Trung au discours indirect en introduisant par : Trung a dit @ son pére qu‘ Le fou des marais’ de Raharimanana Jean-Luc Raharimanana est un écrivain malgache de langue francaise. lest né en 1967 8 Antananarivo. A'Sge de vingt-deux ans, il part étudier en France, puis devient journalist et professeur de francais. lest Cauteur de nouvelles, de piéces de théatre, de pobmes et de romans. Son ceuvres'appuie surla littérature orale et la mythologie ‘malgaches ainsi que sur ses souvenirs d’enfance. a ponent des rset incropse:ecinndhate 10. anal Vhabitais avec ma famille une cité? dans une banlieue* a fest d’Antananarivo. Construite dans les années soixante, elle est située sure lanc d’une colline*, tourne le dos la vlle et souvre vers la plaine oi s talent les rizidres®et les marais. Au pied de lacité fa oii commencent précisément la plaine et les riziéres, se trouve le village @Ambohipo. C'est la qu’ la fin du XVIIF siécle venait souvent se reposer le roi Andrianampoinimerina, (...) Mais le village était maintenant habité par des gens trés pauvres, les maisons étaient toujours de terre et les toits de chaume. Les villageois gagnaient & peine leur vie en vendant des légumes au marché, On reconnaissait leurs enfants a leurs regards inquiets et la poussiére rouge qui collait a leurs vétements. Lécole oi allais était juste a coté du village ; seules les riziéres la séparaient de lui. Les bords des riziéres étaient des lieux de jeux incroyables* pour nous. Nous y construisions des radeaux pour naviguer dans la forét de joncs". Nous y rencontrions des nids doiseaux et une variété extraordinaire de libellules on péchait® souvent sans rien attraper, nous étions trop impatients! ly avait pourtant énormément de poissons, ils sautaient méme dans nos radeaux! Nous n’allions jamais plus loin que le village royal, nous n’osions méme pas y mettre les pieds.L histoires de malédiction’” hantaient Fendoit. Souvent, dans ces maras, des corps étaient retrouvés flottant sans vie ou au fond des courants. Nous avions toujours la peur au ventre avant de pousser nos radeaux, Cétait cette peur que jaimais. C'était cette peur qui me poussait a construire mes radeaux. (. Un soir, jétais resté seul dans la cour de lécole, quand jai vu arriver Radala, Radala était un fou que nous rencontrions souvent dans les marais. Il était pour nous le cauchemar des marais. Il apparaissait brusquement™ devant nous et renversait notre radeau, nous mettait la téte sous eau et partait dans un éclat de rire qui nous glacait le sang’ ; il nous faisait vraiment peur. 1B. subitement Je n’osais pas bouger. I ne bougeait pas non plus. Nous sommes restés ainsi je ne sais combien de pie temps. Puis subitement™, Radala est parti. Je ne sais pas ce qui mest arrivé, mais je me suis mis" le sae suivre. Il est parti vers le jardin qui se trouvait derriére les batiments de l'école et a pris une sortie que Slaghise-terelorde, a5 je n'avais jamais remarquée. La sortie donnait sur les marais. Il s'y est engage sans hésiter. Je devais courir un peu pour pouvoir le suivre. Ila disparu dans les joncs et jai continue a le suivre. Je savais que pasloin dela la glaise™ était dangereuse, elle pouvait nous avaler en un rien de temps. Mon coeur battait enfoncer llr ire vores £7. lye ho fort mais ma curiosité était tele que je n'ai pas réfléch. 26. te dane: cline de Je me suis aussi enfoncé dans les joncs. A ma grande surprise, la piste” menait vers une petite ee » dune" formant une ile. A peine y avais-je mis les pieds que je mlenfoncais brutalement dans la glaise, pease Tétais pris au piege. Jai paniqué, ai crié. Rien n'y a fait. Je suis resté la. Javais peur de mienfoncer 20. teres ras. encore plus, mais apparemment, javaisatteint le fond. Je commencais & étoutfer®. Plus je crais, plus wun cualongeriesbes _jéeouffais, Radala est alors venu. Je lui ai tendu les bras®, ila pris mes mains avec un tel naturel que cer scanin) jfen ai été bouleversé”. I m’afacilement sorti de ia. Je suis vesté assis pendant longtemps. Radala était lente deja reparti..’ai enlevé mon short et mon tee-shirt sais parla glaise et je les ai lavés dans eau. Au bout 2, la trae amr d'une demi-heure, ils étaient déja secs. En revenant & la maison, mon seul souci était de cacher tout gama mére. Je me suis mis inventer toute une histoire pour lui expliquer pourquoi je rfavais plus mes sandales™, car bien sa, elles étaient restées au fond de la glaise. A partir de ce jour, je n'ai plus hésité & poser des questions autour de moi sur les marais et sur le village d’Ambohipo. Diapeés Le vol de La Tempéte, 2008, in Enfances GEVGS O© Ecoute et lis! Puis réponds ! 1 oi est-ce que Jean-Luc Raharimanana est né 7 OU est-ce quia passé son enfance ? 2 Lest pati vivre en France en quelle année ?Ily a exercé quels métiers ? 3.03 jovaient e jeune Raharimanana et ses camarades ? Qu'est-ce quis faisaient? 4 Quel lieu lui paraisait hanté parla maléeiction ? Pourquoi? 5 Qui état Radala 7 Est-ce quil état méchant ? dangereux 7 attentif aux autres ? 6 Pourquo' le jeune Raharimanans (a suivi ce jour-t? Et ensuite, qu’est-ce qui s'est passé? 17 Le jeune Raharimanana est rentré tard la maison. Ila perdu ses chaussures. Imagine ce quil araconté 8 sa mére 8 Repére les adverbes soulignés dans le texte ! Retrouve les adjectifs correspondants et fais-en une liste ! Intervention ae J.-M. 6. Le Clézio au lycée frangais de Stockholm En décembre 2008, 'écrivain francais Jean-Marie Gustave Le Clézio se trowve 8 Stockholm, en Suede. Lauréat ‘du prix Nobel de littérature 2008, il pronance le 7 décembre un discours dans la salle de réception de (Académie ‘suédoise. Avant de recevoir le 10 décembre le prix Nobel des mains du roi de Suéde, Carl XVI Gustaf, i est invité le 8 décembre par les éleves du Lycée francais de Stockholm et répond & leurs questions. peers ere tt ee ete Pt ee et ee ee eee eee a oe eee LUN ELEVE : Quiaver-vous ressenti quand on vous a annoncé que vous étiez récompensé pour le prix Nobel ? Oi étiez-vous ? Que fais J-M. G. LE CLEZIO : Jétais& Paris, Je revenais d’un assez. long voyage. Je me reposais en lisant et ‘en révant un peu. Le téléphone a sonné et ma ferme ma dit : « C'est pour toi! » J'ai pris le téléphone et jai entendu une voix qui me disait : « Bonjour ! Je suis de VAcadémie de Suéde et jai a vous annoncer que nous avons décidé de vous donner le prix Nobel de littérature. » Je ne m'y attendais pas du tout. Jai d'abord ressenti de la surprise et ensuite une sorte d’émerveillement. J'ai aussi eu un sentiment de responsabilité parce que cest un prix qui est connu dans le monde entier et il faut en étre digne. Tout ce que jai pu dire au tléphone a été: « Merci! »(..) 1» UNEELEVE: Nous avons étudié votre biographie en classe et nous avons remarqué que vous voyagez beaucoup. Est-ce que malgré cela, ily a un lieu oi vous vous sentez, chez. vous et est-ce que cela a une influence sur votre sentiment détre francais ? J-M. G, LE CLEZIO : Je suis né en France, a Nice, par les hasards de la guerre, et j'ai été éduqueé dans un lycée francais, mais ma famille est originaire de Iile Maurice. Mon pére était anglais et ma mere vs était frangaise. Ils étaient d'une famille qui avait émigré sur ile au XVIII siéce. Alors je considére que jappartiens autant & la culture mauricienne qui est la culture de ma famille qu'a la culture francaise quiest la culture que jai resue au lycée. J'ai plusieurs cultures. C'est une grande richesse d'appartenir & plusieurs cultures, cela permet aussi de mieux comprendre le monde et de mieux aller vers les autres, Je peux éerire en anglais ou en francais. ’aiappris trés tot a écrie dans les deux langues. Quand jétais © jeune, 'ai méme écrit des romans policiers en anglais, mais ils wont jamais été publiés... Pour lespagnol, j'ai appris cette langue beaucoup plus tard en vivant au Mexique. Méme quand jfcris en francais, ily a des expressions qui me viennent de Yanglais ou des mots qui arrivent plutot en espagnol. Une langue, on peut y introduire des mots étrangers, ca n'est pas quelque chose d'exclusif.(..) fous? 2. modifier 3 nepuiable: es grand UN BLEVE : Comment vous est venue lenvie décrire ? J-M. G. LE CLEZIO : Au début javais envie d’étre marin, dans la marine militaire, mais ma vue nétait pas assez bonne et on ma dit que je n'y arriverais jamais. Le deuxiéme choix, c'était « écrire » parce que c'est un peu le méme métier. On voyage quand on est écrivain. Méme si on reste sur place, ‘on voyage en imaginant, en créant des histoires, en décrivant des pays. On quitte ce qu’on connait, on part a Yaventure, ca cest bien !(..) UN ELEVE : De quoi vous inspirez-vous pour écrire un livre, créer des personnages et décrire des lieux imaginaires ? ‘J-M. G. LE CLEZIO : Je miinspire du réel', La plupart des personnages que je décris dans mes livres sont des personnages vrais, des personnages qui ont existé. Je les ai un peu modifiés” pour quills ne se reconnaissent pas. J'ai changé les noms, mais les conversations, les descriptions, les situations, tout cela ‘s provient de la réalité, Je ne sais pas si vous connaissez Marcel Proust, un écrivain francais. Il proposé la formule suivante :« I n'y a pas d'imagination, ily a seulement de la mémoire. » Cest vrai pour un écrivain, pour un artiste, mais aussi pour nvimporte lequel d’entre vous, L'imagination est construite sur la mémoire, sur ce qu‘on a vécu, ce qu’on a remarqué, ce que les autres vous ont donné. C'est un trésor inépuisable’. Un écrivain c'est une sorte de machine & capter. Ce n'est pas un voleur pour autant, c'est quelqu'un qui transforme la réaité et qui en fait autre chose. (.) UNE ELBVE : Vous parlez beaucoup de la mer dans vos livres. J-M.G, LE CLEZIO: Oui, aime la mer. Elle inspire beaucoup. J'ai besoin de me ressourcer en regardant la mer. Je ne voyage pas beaucoup en bateau ; je n/a pas de bateau moi-méme. Je pense que sihabitais Stockholm, jaurais un petit canot*, aimerais bien aller dileen ile. Ce qui est fascinant dans la mer, cest cette impression abstraction que Ion a, comme sion était dans Fespace. Cela porte imagination. Diaprés intervention de J-M.G, Le Clézioaulyéefangais de Stockholm, décembre 2008 1 Pourquoi est-ce que Jean-Marie Gustave Le Clézio est 8 Stockholm ? 2Comment est-ce quil a réagi é annonce de son prix Nobel de littérature ? 3A quelles cultures est-ce qu'il appartient ? Qu’est-ce que cela lui permet de faire ? Explique ! 4 Quelles langues est-ce quila apprises ? 5 Pourquoi est-ce qu'il compare le métier de marin et celui d’écrivain ? 65-M.6, cette phrase, selon toi ? ‘7 Comment est-ce qu Clézio cite un écrivain francais, Marcel Proust: « ILn'y a pas d'imagination, ily a seulement de la mémoire. » Que signifie e les personnages, les lieux et les situations qui apparaissent dans ses romans ? 8 Quelle est sa grande source d'inspiration ? Pourquoi ? ined socked lesoune Lartiste de Andrée Chedi ‘Andrée Chedid (1920-2011) est née au Caire, en Egypte, de parents libanais. Entre 14 et 18anselle est pensionnaire dans un lycée Paris, puis elle fait des études de journalisme au Caire. Elle part vivre au Liban en 1943 et sinstalle Paris en 1946, Outre des poémes, son cauvre comprend des essais, des piéces de theatre, des récits et des romans ; elle a regu de nombreux pri Mare du chanteur Louis Chedid et de Michéle Chedid-Kaltz, peintre, elle est aussi la grand-mére du chanteur et ‘guitariste Matthieu Chedid, connu sous le pseudonyme de -M- :elle a écrit pour lui certaines de ses chansons (comme Je dis aime! Je suis assis devant un piano, jen dautre ne compte. Je ne sais rien dire, rien décrire de ce qui rmentoure, Nila marque de Finstrument (un Steinway, un Pleyel, un Gaveau ?), nis est a queue’. Je ne peux pas décrire non plus la chambre od je me trouve, ni dater est droit, ni s'il saison, le jour ni Theure, Suis-je seul ? Y a-til autour de moi des personnes qui n'écoutent ? ‘Je n’en sais rien. Je ne veux rien savoir. Je suis simplement a ; avec mes mains. Dans mes mains. Je ne vois quflles ; glissant, aériennes sur le clavier’, Je n'enter quelles attirent hors du piano, et qui menvahit, (...) Quelque chose au fond de moi, chante ; je suis dans le bonheur. Jimprovise. improvise ! Aucun doute, ce sont bien mes mains que je vois. La souplesse de mes doigts, de mes poignets, la rapidité de mes mains miémerveillent. Acrobatiques, inventives, tantdt nerveuses, tantét tranquilles, je ne peux en détacher les yeux js que cette musique qu’elles soulévent, Ma virtuosité est sans limites, Je m'interpréte sur tous les rythmes ; en rondes', en blanches*, en noires, en croches’, en crescendos et en soupirs'..Une fe ! Simple, naturelle, facil Si facile qulau matin je déclare a Germaine, ma femme, je men vais, tout de suite, acheter un = Te mettre au piano a ton age, tu n'y penses pas, Albert ~ Jai un don Elle n’a pas voulu m‘entendre. = Cest aujourd'hui que tu ten apergois ? ... Tu n’as rien d’un artiste. Rien. I me restait a faire mes preuves. J'ai décidé de louer, toute une journée, un studio de musique au conservatoire"” le plus proche. Jai pris place devant Instrument ~ cette fois, c’était un piano signé frard ~ et jai monté mon TL tetabouret 12 abattant fm) tabouret" a la bonne hauteur. 13 atouche ‘Tai lentement soulevé labattant™, J'ai découvert avec émotion des touches" jaunies, d'autres plus BPs | os grises que noires: elles avaient été caressées, parcourues par des milliers de mains avant les miennes. inspiration se rapprochait;je le sentais a un frémissement heurewx qui couraitle long de mes veines. ‘Tai étendu mes mains, bien ouvertes, 8 quelques centimétres au-dessus du clavier. Retenant ma respiration, jai attendu, en toute confiance. J'ai attendu. Encore et encore. Mais rien ne sest passé. Rien Pris de fureur et de désespoir, je me suis mis subitement a frapper le clavier et plaquer des accords » désorganisés. Dans lespoir de retrouver ce don inoui", cette improvisation souple et facile ; dans la certitude que je ferais bientot naitre ces rythmes, ces harmonies cachés au fond de mon étre, je frappais, naire furieusement les touches. ata Cela a fait un bruit horrible ! Le directeur du conservatoite a ouvert brusquement la porte et m’a demandé darréter mes exercices. «Avec ce tapage"* infernal, on ne pouvait plus s’entendre dans le couloir, ni dans les autres studios. (.) DiaprésLatete, Andrée Che, 1988 ‘Dans quel pays est née Andrée Chédid ? Ol est-elle allée au lycée ? OU a-t-elle fat ses études ? Oi s'est-elle installée ? 2 Que représente le Liban pour elle ? 3 La musique est-elle importante dans sa famille ? Explique ! 4 Andrée Chedid a-t-elle écrit des chansons ? Si oui, pour qui ? 5 Relave les mots et les phrases du texte qui montreraient quiAlbert est un artiste! 6 Reléve les mats et les phrases du texte qui montreraient au contraire quilln’a aucun talent! 7 Le présent et le passé (passé composé et imparfait) sont utilisés dans ce texte. Dans quelle partie du texte le présent est-il utilisé et dans quelle partie du texte le passé apparatt-il? Cela correspond a quoi, seton toi ? 8 Albert est-il un véritable artiste dont le talent n’est pas reconnu par sa femme et par le directeur du conservateire ? Comment comprends-tu ce récit ? sind: pls ge 2 lea) parent) personne del me Foils, eve, ie oc, ‘.mauresque elatif@ Tart det Mares ‘bladescendance 5 lstel() grand pre grand mirecu aire rand pre ari grend Tapes mii. 08 mot invariable: dee ‘presi Patios de Assia Djebar ‘Assia Djebar est une romanciérealgérienne de langue francaise ; elle est aussi historienne et cinéaste. De son vrai ‘nom Fatima-Zohra Imalayéne, elle est née & Cherchell en Algérie en 1936, A 18 ans, elle va continuer ses études ‘Paris. A19 ans, elle publie son premier roman, La Sot Elle part au Maroc enseigner Chistoire du Maghreb & Luniversité de Rabat. Elle enseigne ensuite (histoire 3 Cuniversité Alger. Elle vit entre (Algérie, la France et tes Etats-Unis, od elle enseigne la littérature francaise A Cuniversité de New York. Ele est élue membre de (Académie royale de langue et de littérature francaise de Belgique en 1999 et membre de (Académie francaise en 2005, mie TF Pah Patios de mon enfance | Femmes assises la, quelquefois plusieurs femmes d'un seul homme ou regroupées aombre du méme maitre ~pére ou frére ainé!. Le plus souvent parentes® de a méme famille proche ou éloignée. Jeme souviens d'une maison mauresque’, la plus ancienne, mais aussila plus grande de mon quartier. Arcades de marbre, galeries de céramiques oi les jaunes, les bleus et les verts gardaient leur harmonie, malgré le temps passé : deux étages s'élevaient autour dela cour dont la fontaine me fascinait quand je venais chaque aprés-midi d’été chez ma tante, a 'heure du gotter. ‘Trois branches familiales habitaient a chacun des niveaux ; mon grand-pére avait eu trois femmes, la derniére étant ma grand-miére, entrée la quand elle avait douze ans. Blle s'tait trouvée du méme age que les petits-enfants de son vieux mari. Ainsi, les rapports de parenté étaient souvent compliqués. Ma grand-mére elle-méme avait donné en mariage une de ses filles ~ née, il est vrai, d'un troisiéme mari ~ au dernier des petits-fils de son premier mari ce jeune homme avait donc épousé sa tante, Cest a-dire la sur de son pére par alliance ! Deméme, la femme de mon oncle avait été choisie dans cette descendance'. La mariée ~ cette belle: fille amenée a avoir le pouvoir domestique sur notre famille - était larriére-petite-flle du premier mari cde ma grand-mére: elle devenait a vingt ans la belle-fille de son aleule*! (Ces mariages extraordinaires étaient le sujet des conversations des aprés-midi. Ainsi, on parlait de ce jeune homme qui pouvait étre ala fois le demi-frére et loncle d'une voisine. On parla de ces enfants de cousins qui se retrouvaient neveux, mais aussi beaux-fréres de leur tant... Les parleuses reprenaient les bavardages le lendemain ou deux jours apres. (.) 7 es commdrages Bavardages & heure fixe, voix entrecoupées de rires ou de soudains silences, commérages’ sur les eae maisons voisines. J‘écoutais avec distraction’, assise dans lescalier de la maison. Vingt ans apres, ces souvenirs resurgissent” : vieilles dames et jeunes femmes réapparaissent, avec leur robe a l'ancienne et tous leurs bijoux ; es jeunes filles sont assises en cercle, les yeux baissés ; les as fillettes" accourent, abandonnant leurs jeux dans les corridors. Chaque invitée apporte son plateau de cuivre, les verres a thé, la cafetiére et le plat de giteaux au miel. Le patio est baigné de lumiere. Reflet 10. Lesiletes(f pl) TL aver: toitonsere 12 evap: pose repos des mosaiques, parfum des fleuts. (..) ‘Chaque parente sortant de sa chambre voulait aussi profiter, pendant la rencontre du patio, de la clarté du ciel. Je me souviens du concert de protestations lorsqu’un des neveux-oncles avait proposé de recouvrir le patio d'une verriére™. Toutes les femmes de la maison avaient dit: « Pas de verriere, pas de verriére, un coin de ciel, seulement !» Ce dont elles avaient besoin, c’était cela : un répit!” dans ce coin de ciel, dans le miel des gateaux, le parfum du café et les aprés-midi du patio, Diapés Patios in Ombre sultan, Assia Debar, 1987 Be O& Ecoute et lis ! Puis réponds ! 1 Dans quel pays est née Assia Djebar ? Oil a-t-elle travallé et vécu ? 2 Assia Djebar est histoienne, c'est-A-dire elle enseigne Chstoie. Elle est aussi cinéaste et romanciére. Explique ! 3 Qui habitat dans fa maison mauresque ol Assia Djebar alait chaque aprés-midi dété de son enfance ? 4 Décris la maison et son patio! 5 Qu'y avait-il Uaprés-midi dans le patio? Des hommes ? Des femmes ? Ove faisaientelles ? 6 Pourquei, selon toi, Assia Djebar dit-elle ue ces femmes avaient besoin d'un répit (d'une pause, dun peu de repos] ? Travaillaient elles trop ? Est-ce quelles se sentaient seules ?Avaient-elles besoin d'un peu de liberté ? > P© Transforme les phrases a la forme passive ! 1 La tante dAssia héberge trois familles 2Ma grand-mére avait donné en mariage une de ses filles. 3 La famille de son mari accueillera la jeune file 4 Me arand-mére a aussi chois a ferme de man oncle. 3 peclux ud au aa brave scourge ‘econdion medete 6. letam-tam: tambour aAfique La Ballade de Dioudi de Léopold Sédar Senghor Léopold Sédar Senghor (1904-2001 est un podte,éervan et homme ata sénégalais.Passionné detittrature tranaise,itpart poursivre es études en France et devent professeur de francais est lu déput de (Assemblée nationale francaise: est nome secréaire «tat puis ministre conseler du gouvernement francais, Apres la proclamation de indipendance du Sénégal il devient le premier président de a République du Sénégal en 1960. lest étu a (Académie francaise on 1983 :il est le premier Africain ysiéger. Il publie des essai, des traductions. de ballades africaines et des poémes qui expriment {amour de son pays et de ses traditions. Jeunes filles, dont le regard sait si bien faire battre le coeur des hommes, écoutez histoire de Dioudi qui est morte d'amour ! Guerriers qui faites trembler lennemi', écoutez histoire de Séga qui est mort amour! Bakary est un grand roi. Cest le chef le plus puissant? du pays. Il posséde toutes les richesses, mais ce quiila de plus précieux’,cest sa fille, la belle Dioudi. Guerrier! toi qui n'as jamais tremblé devant ton ‘ennemi, tu aurais tremblé devant son regard ; tu aurais été le plus heureux des hommes si elle tavait Tous les jeunes hommes du pays sont amoureux de Dioudi. Chacun voudrait son amour. Mais celui ‘que Dioudi aime est Séga, le plus beau, le plus sage et le plus brave* des guerrers. © Dioudi aime Séga et Séga aime Dioudi. Ils ne se sont jamais paré, ils se sont vus une fois et ils savent tout ce qu'ils ont d'amour 'un pour Yautre. Personne ne es a vus, personne ne sat quils se connaissent et pourtant Séga passe de longues heures auprés de Dioudi. ILaime la fille du roi. Maisil est pauvre, il est de naissance obscure’ il ne peut espérer Yeépouser. Qu'importe ! Séga et Dioudi s'aiment, voila tout. Ils sont heureux. Mais, hélas ! Voila le malheur qui arrive. La guerre est déclarée. Lennemi avance, bralantles villages, tuant les hommes. Lennemi envahit le pays. Leroi Bakary fait battre le tam-tam* de guerre, Les guerriers accourent et le premier de tous est Séza llest si fort, il est si brave que bientot, il est le chef. Ilentraine ses amis au combat. Dioudi pleure, elle se désole. Elle tremble pour la vie de Séga. Le temps s'écoule, la guerre dure et ve voila que dautres douleurs lassaillent : Dioudi sera bientot mere. Tak: fe Leroi Bakary est furieux, Il veut savoir quia osé séduire” sa fill. La fille du roi ne peut étre aimée conus ensue parun 0. Celi quia site doit mou! Bakary ordonne! 3s fille ani « Dis-moi son nom, dis-moi qui est cet homme ! II mourra! Saag: prado, sre ~ Mon pére, répond Dioudi, celui que aime est beau comme le soleil. Il est brave comme le lion. I est sage’ comme un vieillard™, Mais je ne vous dirai pas son nom. II ne doit pas moutrr, Il doit étre votre fis bien aimé, en attendant detre votre successeur" Dioudi, tu me diras son nom, je saurais t'y forcer, On va tenfermer. Tu souffriras toutes les douleurs, toutes les tortures ! Mais Dioudi ne dira pas face Elle souffte dela faim. Dioudi est morte. Elle n'a pas dit le nom de celui quelle aime. ation ‘Séga a vaincu lennemi. La guerre est finie. Tout le monde acclame" Séga. Bakary est dans la joie. I Se dit a Séga :« Dis-moi, brave guerrier, que veux-tu pour ta recompense ? Dis-moi ce que tu desires, je te sn nom. Elle est enfermée dans un cachot" obscur. Dioudi se désespére. renee Taccorderai revel un mo ~ Grand roi, répond Séga, si tu veux me rendre heureux, donne-moi Dioudi en mariage. — Hélas ! Dioudi est morte. Elle est morte d'amour sans vouloir dire le nom de celui quielle aimait Elle est morte pendant que tu combattais lennemi, pendant que tu remportais la victoire. » ‘Séga ne veut plus rien, ne demande plus rien. II rentend plus les cris de joie. Il court sur la tombe’ de sa bien-aimée et meurt de doulewr. Diaprés La Ballade Hhassonkée de Dioud, Leopold Sédar Senghor, 1964 (DOS O® Ecoute et tis! Puisréponds ! 1 Quel métier Léopold Sédar Senghor a-t-il exercé et quelles responsabilités politiques a-t-il eues ? 2 Quelles sont les qualités de Dioudi ? Quelles sont celles de Séga ? 3 Leur amour est-il secret ? Pourquoi ? 4 Pourquoi le roi Bakary veut-il la mort de homme qui a séduit sa file ? B Est-ce parce qu'elle est sa richesse la plus précieuse, qu'il Lenferme dans un cachot ? 655i Dioudi n’était pas morte, le roi Bakary Caurait-il donné en mariage & Séga ? Timagine un autre dénouement, c’est-a-dire une fin différente : une fin plus heureuse ou bien une fin encore plus tragique ! 8 Peut-on comparer cette « ballade » a Chistoire de Roméo et Juliette ? Qui ? Non ? Pourquoi ? Tlaquerelle i 2 euppauvri:deveir {Tobit () 5 rial ener 6 leguecapens:pige Tlacase: maton tee simple cabane Blnsevane grande ‘apis Gouverneurs de la rosée de Jacques Roumain Jacques Roumain (1907-1944) est un écrivain hatien de langue francaise, né et mort 8 Port-au-Prince. Il part {tudier en Belgique, en Suisse, en France et en Allemagne. Itrevient en Haiti et commence a publier des poémes cet des nouvelles & [ge de 20 ans. ‘Tras actt contre la présence américaine en Haiti (entre 1915 et 1934), engagé politiquement, il est souvent arrété ‘et contraint finalement Cexi. Aprés un changement de gouvernement en 1941, lest autorisé 3 revenir dans son pays natal il fonde peu aprés le Bureau national ¢'ethnologie et publie Gouverneurs de a rosée. I décrit dans ce roman les dures conditions de vie des paysans hatiens. Bienaimé et Délira, un viewx couple de paysans haitiens, attendent depuis quinze ans le retour de leur fils Manuel, part travailer @ Cuba, Rentré au pays, Manuel découvre son village divisé par des queelles"et des désirs de vengeance. De plus, les sources se sont asséchées?et le village s'est appauwr?, Avec courage et obstination’, Manuel par dla recherche dune source. Ifnit par trouver Teau et essaie de réconciler les famillesrvales ‘Aumoment dy parvenir, ies victime d'un guet-apens*et meurt. Mais sa mort sera le « recommencement dela vie»: les habitants du village, réconcilés, ont décidé de construire ensemble un canal d'rrigation depuis la source découverte par Manuel. Délira et sa blle-file Annaise, dont Manuel était tombé amoureux dés son retour, vont voir les travaux. Ces derniers jours, les habitants travaillent la source méme, ala téte deT'eau, comme ils disent. Ils ont suivi point par point les indications de Manuel. Il est mort, Manuel, mais cest toujours lui qui guide. Quelqu’un entre dans la cour de Déira : cest Annaise. = Bonjour, maman. Gille ma dit quis vont lacher leau dans le canal aujourd!’ hui. Si on allait voir ? Crest un grand événement, a dit Annaise ~ Comme tu voudras, chére, a répondu Détira Elles sont montées vers la colline. Délira allait lentement a cause de son age. Annaise marchait derriere elle. ~ Je nitai pas jusqu/au plateau, a dit Délira. Voici un gros rocher qui me servita de banc. Les deux ferimes se sont assises. La plaine était couchée a leurs pieds dans la chaleur de midi. A leur droite elles apercevaient les cases’ de Fonds-Rouge et la tache rouillée de leurs jardins. La savane 8 esplanade (f):grande ap s'étendait comme une esplanade’ de lumiére violente. Mais travers la plaine courait le sillon'® du canal. Pree Bt si on avait de bons yeux, on pouvait voir dans les jardins la ligne des rigoles"! préparées. 11 Le rgale: pct fast ~ Cesta quils sont, a dit Annaise, tendant le bras vers la vallée. Cest la quils travaillent. ‘qsertaTheouemene (On entendait le battement du tambour et les hommes chantaient. dete ~Tuentends, maman ? Dikpuatecabeede = ~Jentends, adit Dalia a chairs et scree Bientét, cette plaine aride" se couvrirait d'une haute verdure ; dans les jardins pousseraient les, 4 Dg: caberie bananiers, le mai, les patates", les ignames", les lauriers roses et les lauriers blancs, et se serait grace agiairbane ve son fils, Le chant sest soudain até. deer — Quiest-ce qui se passe ?a demandé Délira 16 lalame:dundeplateet yy — Je ne sais pas, non. ince mea) Et puis une clameur" jail Les femmes se sont levées. Les habitants lancaient leurs chapeaux en Fair, ils dansaient, ils sembrassaient. ~ Maman, dit Annaise d'une voix étrangement faible. Voici Yeau, ‘Une mince lame" d'argent s'avangait dans la plaine... Dprés Gowers dela roe, Jacques Roumain, 1948 DDe OF Ecoute et lis! Puis réponds ! ‘TA quel Age Jacques Roumain a-t-il écrit son roman Gouverneurs de la rosée ?’a-t-l écrit ver la fin de sa vie ? 2.Qui est Manuel ? Que représentent pour lui Bienaimé, Déira et Annaise ? 3 Combien de temps Manuel est resté & Cuba ? Que s'est-i passé pendant ce temps-la au village ? 4 Annaise dit maman a sa belle-mére. Pourquoi, selon toi ? Parce que c'est simplement la tradition en Haiti ? Parce quAnnaise veut montrer & sa belle-mére qu'elle Caime bien et qu'elle est comme une file pour elle ? 5 Aprés la mort de Manuel, les habitants du village se sont réconciliés. Reléve dans le texte les mots et les phrases qui montrent cette réconciliation. 6 Qv'est-ce que les habitants du village ont décidé de construire ensemble ? Pourquoi ? 7 Décris le paysage autour du village de Fonds-Rouge. Comment imagines-tu dans quelques mois ? 8 De quoi parle ce roman, selon toi ? Des dures conditions de vie des paysans haitiens ? De haine ? D'espoir ? De solidarité ? LL gronder: fare un bruie meagan 2erague fre un brat Sila cogue: parte ‘atrere date Ss leperton exalt te frme devant nore ime Seflaré surprise ofrayé 6 sire semblant: fae “absent quiet pos lt ruler des epaules fate rourmer es paul, ‘nme una mportane Les fous de Bassan de Anne Hébert et vit & Québec. Elle travaille pour des émissions de Radio-Canada et écrit des scénarios pour Office rational du film, Elle est élue membre de la Société Royale du Canada, une organisation composée d'hommes et de femmes célébres pour leurs travaux sur les ars, les lettres et les sciences. Elle part vivre & Paris en 1965. Elle reste plus de 30 ans mais retourne souvent au Québec. Elle publie des po#mes. ‘et des pidces de thédtre et connait le succes avec des romans comme Kamouraska ou Les fous de Bassan. Elle a recu de nombreux prix trait ‘Aprés cing ans dabsence a parcourir lAmérique du Nord eta vivre de petits travaux, Stevens est revenw dans son village du Québec, perdu au bout des terres. I décide de rendre visite & sa cousine Olivia, Quand ilest parti, Olivia était une petite file. Cest maintenant une belle jeune fille de 17 ans. Elle est partagée entre son attirance pour Stevens et la peur quelle éprowve face au « mauvais gargon » Stevens s'est arrété devant chez Olivia. Le vent gronde' sourdement. Il fait craquer? la maison ‘comme une coque’ de bateau dans la tempéte. Olivia est dans la cuisine. Elle repasse une chemise, sur une planche, posée entre deux chaises. Elle jette un regard par-dessus son épaule, comme quelqu'un qui rest pas tranquille. On marche sur la galerie ? Des pas sur a terre et dans Vherbe autour de la maison ? Des yeux dans les fenétres ? Quelqu'un bouge dans le grenier ? Et puis ce vent qui sift... ‘Tout a coup Stevens est la sur le perron’, le visage contre le grllage de la porte de la cuisine. Il est dans Ice bleu € Olivia qui regarde la porte d’un air effaré™. Grand et mince, le chapeau sur les yeux. Elle le reconnait tout de suite, mais ele fait semblant® de ne pas savoir qui il est et I'appelle « monsieur ». Ce garcon a été absent” pendant cing ans etilest devenu un homme. 11a accompli sa transformation homme loin de ceux du village, comme un serpent qui se cache pour changer sa peau. II sest acheté des bottes et un chapeau de feutre marron. Il oule des épaules* en marchant et ses yeux sont couleur de cendres bleues. ~ Salut, Olivia ! Elle pense trés fort : « Ne léve pas la téte de ton repassage, tant que ce mauvais garcon sera la dans la porte. » Tee 10s debatre = per 20 Ilrit.Son rire passe pares petits trous du grillage, se brise®en mille éclats sure plancher dela cuisine, aux pieds d Olivia qui se recule comme si un serpent se débattait™ la, ala pointe de ses chaussures, goon “Tune veuxpat me laser enter? 12. filer: une araigne fle ~ Dites-moi tout de suite ce que vous voulez. C'est pas la peine dentrer. cto Trit plus fort. Xecnour me. Jesu presse fovea Bile retourme son repassage petits coups précpts, sans mémesaperceoir de equ fit ~ Je vouciais te parler. Laisse-moi entrer. Une odeur de linge roussi", une petite fuée. Elle vient de briler un poignet de chemise. ~ Laisses-moi tranquille, je vais tout briler. so Olivia laisse tomber par terre la chemise blanche qu‘lle tenait ala main. Elle ‘approche de la porte. Elle examine attentivement Stevens comme si cétait un devoir de le regarder et de bien le voit. Elle le regarde en plein visage. Crest étrange de pouvoir le regarder de si prés et détre regardée par lui, Elle ne peut plus fermer les yeux. Le vent glisse sous les portes, emmeéle ses courants et file” sa chanson envodttante™ ss Cest Stevens qui détourme' la téte le premier. Diaprés Les fous de Bassan, Anne Hébert, 1982 GR O@ OH Ecoute et ts! Puis réponds ! 1 Quel métier a exercé Anne Hébert pour ‘Office national du film ? Pour qui a-t-elle aussi travaillé ? 2 Qui est Stevens pour Olivia ? Depuis combien de temps était-il parti du village ? 3 Pourqo ls ok sernblat de ne pasreconae Steves ? ‘Anne ber ue image d'un animal our oqur Steves et eft quilt sur Ola, Leque? 5 Reléve les phrases ou les situations qui montrent qu‘Olivia a peur de Stevens | 6 Relave les phrases ou les situations qui montrent qu’elle est aussi attirée par lui! 7 « C’est Stevens qui détourne la téte le premier. » Que montre cette phrase ? Que Stevens est nerveux ? Qu’il est timide ? B Est-ce quc le vent ectimprtart dance sche ? Rel les phrases ost der | La gtammaire est une chanson douce de Erik Orsenna Erik Orsenna (de son vrai nom érik Arnoult} est un romancier et académicien francais né en 1947 & Pars. I fat ides études de philosophie, de sciences politiques et d'Sconomie. Il devient chercheur et enseignant a (Université de Paris. Il est nommé conseiller dans différents ministeres entre 1981 et 2000. lest élu membre de (Académie francaise en 1998. Il publie des ceuvres en sciences politiques et économiques mais aussi de nombreux essais et romans, certains entre eux sur la langue et la grammaire francaises. Jeanne et son frére Thomas traversent IAtlantique en paquebot* pour rejoindre leur pére en Amérique. Mais une tempéte leur fait faire naufrage”. Ils se retrouvent sur une ile étrange dont les habitants sont des rots. Accuellis par Monsieur Henr, ils découvrent un territaire magique oi les mots sont des éres vivants qui habitent une ville a «vill des mots» ! Nous étions arrivés au sommet d'une colline oii nous attendait le plus étrange des spectacles. En Tiepquebotoesgrand -_-_-Adessus de nous, s*étendait une ville avec des rues, des maisons, des magasins, une mairie, une église, eta un palais, une mosquée, une caserne de pompiers et bien d'autres batiments encore. fe mean caer Une ville pareille aux nétres, mais tous les batiments étaient beaucoup plus petits. On aurait dit une i icapearn ne rmaquette’. De plus, iln'y avait ni hommes ni femmes ni enfants, mais des mots ! Des mots innombrables* rad sa qui se promenaient comme chez eux. (..) a Monsieur Henri nous a proposé de visiter une usine. Elle essemblait & une voligre" immense, pleine eee de papillons. Au sol, couraient toutes sortes de petits insectes, on aurait dit des fourmis. Monsieur Henri age pole ie nous a expliqué 6. le maniague du labeur: ~ Ce sont les verbes. Regardez-les, des maniaques du labeur’, Ils n’arrétent pas de travailler. Peo e:ndange % __disait vai Ces fourmis, ces verbes, comme illes avait appelés, bricolaient, sculptaient, frappaient, desonsquine vont soulevaient, renversaient, emportaient ils construisaient, couvraient, buvaient, peignaient, cousaient. posensenble Dans une cacophonie” épouvantable. On aurait dit un atelier de fous, chacun travaillait frénétiquement* ios sans soccuper des autres. = ete ranquile ~ Un verbe ne peut pas se tenir tranquille’ a ajouté Monsieur Henri, cest sa nature. Vingt-quatre reteeaine ve heures sur vingt-quatre, il travaille. Vous aver. remarqué les deux, a-bas, qui courent partout ? 10. formidable: ic) 1 Tecoup de main ide 12 eet rte fave desert 14 minuscule ees pet 15. npr 16. agit :nervewe DS OH Ecoute et li Nous avons mis du temps ales repérer, dans le formidable’ désordre. Soudain, nous les avons apercus, « tre » et « avoir ». Ils couraient d’un verbe & Yautre et proposaient leurs services : « Vous n/avez pas besoin d'aide ? Vous ne voulez, pas un coup de main?» Vous avez vu comme ils sont gentils?Cest pour ca quion les appelle des auxiliaires,dulatin ilu, secours. Et maintenant, & toi de jouer, Jeanne ! Tu vas construire ta premigre phrase, m’a dit Monsieur Henri en me tendant un filet” & papillons. Essaie d’attraper un ou deux papillon... Allez, n’aie pas peur, sois courageuse :ils ne vont pas te mordte ! Ta ouvert a porte dela voire et jai fait tournoyer™ le filet a papillons. Deux minuscules™ papillons se sont retrouvés pris a intérieur. ~ Allez, maintenant, tu péches un verbe,a dit Monsieur Henri. Jai sisi une petite fourmi qui me semblait moins agitée que les autres. ~ Parfait, tu déposes tes mots sur la feuille de papier et tu formes ta phrase, Javais sorti les mots du filet et je les tenais prisonniers dans ma main : je ne voulais pas quiils séchappent. Mais dés que ai laché les mots, ils se sont couchés surle papier. Je regardais la phrase : cétait une toute petite phrase de trois mots, a peine visibles sur la feuille «Jet’aime» ~ Pas mal pour un début, Jeanne ! Des petites phrases comme celle-la, on en a toujours besoin | Garde-la précieusement, on ne sait jamais. Et Monsieur Henri a éclaté de rire. Diaprés La grammaire est une chanson dowe, Blk Orsenna, 2002 Puis réponds ! 41De quoi parlent certains romans d'Erik Orsenna ? ZA quoi ressemble la « ville des mots » que visitent Jeanne et Thomas ? 3A quels animaux sont comparés les verbes de Cusine des mots ? Pourquoi ? 4 Jeanne a construit « une toute petite phrase ». Pourquoi Monsieur Henri conseille-t-il Jeanne de la garder précieusement ? Pistes audio Pages 1 et 2 Pages 3 et 4 Pages 5 et 6 Pages 7 et 8 Pages 9 et 10 Pages 11 et 12 7. Pages 13 et 14 8 Pages 15 et 16 9. Pages 17 et 18 10. Pages 19 et 20 11. Pages 21 et 22 12. Pages 23 et 24 Histoires Francophonie ‘Tertes dela iterate once SEJER 2013 © cLe international / e sw SLU rowanuna wo era eela) 7h) Niveau = CECR 4 Aa | Az | Br) B2 | Ci | C2 Histoires francophones Textes de la littérature francophone internationale. Adapté par Colette Samson. Madeleine - Jacques Brel - Belgique Derborence - Charles-Ferdinand Ramuz - Suisse La Legon - Eugene lonesco - Roumanie L'Odeur de la papaye verte - Tran Anh Hing - Viétnam Le Fou des marais - Jean-Luc Raharimanana - Madagascar Intervention au lycée francais de Stockholm - Jean-Marie Gustave Le Clézio - France L’Artiste - Andrée Chedid - Egypte Patios - Assia Djebar - Algérie La Ballade de Dioudi - Léopold Sédar Senghor - Sénégal . Gouverneurs de la rosée - Jacques Roumain - Haiti Les Fous de Bassan - Anne Hébert - Canada 12, La Grammaire est une chanson douce - Erik Orsenna - France BEY HN OVAWN= Les « plus » de la collection Découverte : + Des contenus linguistiques contrélés, en ligne avec ceux des méthodes de francais pour adolescents ; + Un CD audio inclus proposant le texte enregistré de maniére vivante et attrayante ; + Des notes explicatives pour le lexique ; + Des activités sur chaque double-page. ME Niveaui-A1 (NE Niveau 2-A1/A2 GE Niveau 3-A2/Bi MR Niveau 4-81 ISBN : 978-209-038299-0 9782090 382990 INTERNATIONAL www.cle-inter.com

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