Vous êtes sur la page 1sur 2

Cours, Ayana !

Sauvé ?

Le regard fixé loin devant elle, Ayana est au bord de


l’épuisement. Pour se donner des forces, elle pense à l’infatigable Tirunesh
Dibaba et à Abebe Bikila, un champion qui courait pieds nus lui aussi et que rien
ne pouvait arrêter.
P38
Elle maintient l’effort, un pas, puis un autre, quand soudain, alors
qu’elle aborde la dernière côte sous un soleil brûlant, la fatigue
s’envole et la douleur passe son chemin…
Sa respiration s’apaise et ses muscles se détendent enfin.
P39
Ses jambes répondent de nouveau à la moindre impulsion, il lui semble
qu’elle va s’envoler et rejoindre les hirondelles qui planent au-dessus de la
vallée.
Quand apparaissent les toits du village, elle sait qu’elle a gagné et elle
sourit quand Yemane surgit devant elle, son ballon au bout du pied.
P40
- Où cours-tu Ayana, que se passe-t-il ?
- Mon père… est blessé… je viens chercher… le docteur, explique-t-elle,
à bout de souffle.
- Laisse, j’y vais, s’exclame le garçon.
- Non, je viens avec toi, répond Ayana.
Son ami la prend par la main.
- Allez, c’est bon, tu y es presque, l’encourage-t-il.
P41
Ils cheminent le long des maisons et enfin ils entrent sans frapper chez
le médecin. Ayana, haletante, lui explique la situation. Le docteur lui tend un
verre d’eau et lui ordonne de l’attendre pendant qu’il part chercher son père.
-Tu veilleras sur elle, dit-il à Yemane.
- Pas question ! réplique Ayana. Nous venons avec vous.
Deux minutes plus tard, tous trois prennent place à bord du taxi
ambulance.
Ils arrivent dans la vallée et se précipitent aux côtés du blessé. Pour se
protéger du soleil, il s’est réfugié sous les larges branches d’un moringa.
P42
Le médecin lui prodigue les premiers soins et murmure à Ayana :
- Nous sommes arrivés à temps, grâce à toi.
Haïle ne dit mot, il est trop faible, mais il couve sa fille du regard et
tient serrée sa main entre les siennes.
P43
Lorsque Ayana se couche ce soir là, épuisée, blottie contre sa mère, un
sourire heureux flotte sur ses lèvres.
Son père est à l’hôpital, les médecins l’ont soigné, il est sauvé.
Ayana le sait, jamais elle n’obtiendra une plus belle médaille, un plus beau
trophée !
P44
Pourtant d’ici quelques semaines, en compagnie de Yemane, elle reprendra
l’entraînement.
La grande course, l’année prochaine, c’est sûr, elle la remportera.
Il lui suffira d’entendre à chaque foulée la voix de son père lui
chuchoter :
- Cours, Ayana, cours !

Vous aimerez peut-être aussi