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PARIS PROJET
ESPACES PUBLICS
Les lieux publics sont un legs, anonyme et transmis de tous à
tous, de génération en génération, et dont nous avons la conscience
plus ou moins claire qu'il est un legs de liberté (.. .)
Ce legs de liberté est d'autant plus précieux qu'il concerne nos
actions les plus humbles et les plus ordinaires, comme celui pour
chacun de nous de déambuler à sa façon dans son quartier ou dans
sa ville, mais aussi nos actions les plus dramatiques, comme la
manifestation politique, la révolte ou les célébrations collectives.
C'est pourquoi les grands lieux urbains dévoilent la ville de
manière irremplaçable, dans ce qu'elle a de plus propre et peut-être
de plus grand, à savoir sa vocation de liberté, et surtout de liberté
partagée, reconnue par tous (...)
Si les grands lieux urbains dévoilent la ville, un nombre très
varié de lieux publics sans éclat accueille nos démarches routinières
qui, pourtant, maintiennent vivant ce legs de liberté. Et nous savons
qu'aucune des grandes actions qui marquent symboliquement les ter-
ritoires publics de manière durable ne serait possible sans, justement,
la continuité, la durée, la répétitivité, la variété des gestes d'appro-
priation quotidienne, que l'on accomplit sans y penser, mais pour les-
quels on choisit justement des lieux publics.
C'est pourquoi tracer une rue, aménager un square de quartier
s'inscrivent dans le projet de faire la ville dans son essence. Il y a
certes de grands lieux urbains et d'autres plus obscurs, mais les uns
ne pourraient être sans les autres, à moins de perdre leur sens.
Perla Korosec-Serfaty, "Vie publique et lieux partagés",
in Architecture et comportement, vol. 6 n04, 1990.
SOMMAIRE
7 Introduction, Nathan Starkman
RÉHABLILITER L'HÉRITAGE
44 L'espace public de voirie, Olivier Nicoulaud
50 Une apparente simplicité, David Mangin
58 La renaissance d'une promenade, Christiane Blancot
65 Consultation pour le boulevard Richard-Lenoir
70 Le sauvetage des Champs-Élysées, Patrick Pognant
80 Consultation pour l'avenue des Champs-Élysées
ÉTUDES ET RÉALISATIONS
192 La place des Fêtes
196 La place Chalon
205 La rue de Flandre
210 La passerelle Solférino
216 La Butte aux Cailles
224 Le pont de Bir-Hakeim
227 Le quartier Montorgueil
231 La place Vendôme
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L'espace public est La mise en valeur du patrimoine est illustrée par le
au centre de la plupart réaménagement de l'avenue des Champs-Elysées, ou
des projets urbains actuels, qu'il s'agisse de mettre en encore par celui du boulevard Richard-Lenoir qui pour-
valeur ou de réhabiliter des quartiers existants ou de suit la transformation du parcours des canaux dans Paris
concevoir des quartiers nouveaux. en une longue promenade plantée. La création s'exprime
C'est en effet à partir de l'espace public - celui des notamment par deux nouveaux parcs - le parc André-
rues, des avenues et boulevards ou des places - que s'orga- Citroën et le parc de Bercy - qui viennent renforcer en
nisent la formation de la ville et ses activités, que se bordure de la Seine l'armature des grands jardins
constitue et se perçoit son image. Mais ces espaces, avec publics; elle se traduit également par les rues et places
ceux des promenades et des jardins, sont aussi - à l'égal tracées dans les opérations d'urbanisme, ou encore par le
des monuments ou des ensembles bâtis - des éléments qui remodelage de lieux destructurés par les réalisations des
caractérisent la cité à laquelle ils appartiennent. Leur années 60, objectif des projets de la rue de Flandre ou de
situation, leur aspect, tel ou tel détail de leur aménage- la place des Fêtes.
ment ou de leur mobilier peuvent suffire à identifier une A ces interventions ambitieuses s'ajoutent celles ,
ville : la qualité de leur traitement ou de leur entretien nombreuses et variées, qui se préparent ou se réalisent
peut illustrer une action réussie, ou à l'inverse exprimer la dans les quartiers, à plus petite échelle.
présence de difficultés. Tout cela est particulièrement vrai L'examen des projets portant sur l'espace public
pour Paris dont le système des voies, des places et des montre une évolution de leurs principes et de leur concep-
squares est un élément particulièrement marquant de tion. L'idée de zones réservées aux piétons - comme aux
l'histoire et du caractère. Halles ou rue de la Huchette - ne recueille plus la faveur
La politique d'urbanisme, redéfinie à Paris au milieu des riverains, des usagers et des élus. Elle paraît désor-
des années 1970 et mise en œuvre par la Municipalité à mais résulter d'une ségrégation trop stricte prolongeant,
partir de 1977, a retenu comme l'un de ses premiers objec- dans les tissus anciens, les conceptions qui ont abouti à la
tifs la préservation du paysage de la ville, alors menacé dalle piétonne du front de Seine. Imaginés pour supprimer
par le développement des constructions en forme de barres toute confrontation entre piétons et voitures, ces espaces
et de tours, souvent implantées sans souci du tissu urbain se révèlent difficiles à gérer dans la pratique et suscitent
existant. Le plan d'occupation des sols a traduit ces options de nouveaux types de conflits, liés à un excès d'animation
sous forme de mesures réglementaires qui ont assuré le et de nuisances.
respect de la trame des voies et permis une inscription plus Cela ne veut pas dire que la rue, dans sa forme tra-
satisfaisante des constructions neuves dans le cadre bâti ditionnelle, susciterait un accord unanime. Des demandes
préexistant. Les mêmes principes ont été appliqués aux plus complexes , parfois quelque peu contradictoires,
projets des nouveaux quartiers. Le recul du temps permet s'expriment et se superposent aujourd'hui aux besoins des
de mesurer aujourd'hui toute l'importance de ces choix déplacements et des échanges : "adoucissement" des effets
pour le visage de la ville, son développement et sa vie. négatifs de la circulation, réduction de la présence de
Mais ce sont surtout les actions de réhabilitation ou l'automobile, développement d'espaces de jeux, d'itiné-
de création portant sur des lieux majeurs qui ont marqué raires de promenade ou de pistes cyclables, sans interdire
l'évolution récente des espaces publics de Paris. cependant le stationnement, l'accès des véhicules ou les
Les travaux en cours ou récemment achevés en livraisons. Dans une ville où l'espace est compté ces
offrent des exemples spectaculaires. demandes se reportent souvent sur les voies publiques,
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Ce numéro de Paris Projet ne prétend donc pas ambitions, inspirés le plus souvent par des idées proches
apporter des solutions à toutes les interrogations que l'on ou complémentaires, quelquefois différents dans leur esprit
vient d'évoquer. Il constitue une contribution aux ou même divergents sur tel ou tel aspect précis. Mais cette
réflexions engagées en faveur de l'amélioration des espaces variété et ces nuances sont aussi l'expression de la vie et
publics de Paris, en rappelant les enjeux et surtout en du mouvement d'une grande cité.
exposant les principaux projets récents. Il est organisé,
dans ce but, en cinq chapitres correspondant à des grands Nathan STARKMAN
thèmes distincts.
• quelques réflexions liminaires portant à la fois sur
le rôle le plus essentiel des espaces publics et sur leurs
caractères particuliers à Paris ;
• la réhabilitation de l'héritage, illustrée par les
réaménagements en cours de l'avenue des Champs-Elysées
et du boulevard Richard-Lenoir ;
• la création de deux espaces majeurs à l'échelle de
Paris : le parc André-Citroën, au sud-est, ouvert depuis
l'automne 1992 et celui de Bercy dont les travaux ont
débuté; ce chapitre est aussi l'occasion de rappeler les
concours de concepteurs organisés pour ces parcs et que
Paris Projet n'avait pas évoqué jusqu'ici;
• les rôles et les points de vue des services "acteurs"
dans la conception, la mise en œuvre et la gestion de
l'espace public à Paris, exprimés par les directeurs de ces
services; ces interventions éclairent le processus de fabri-
cation des espaces publics parisiens forcément complexe en
raison de la diversité même des pratiques et des usagers
concernés. En complément est présentée l'action menée à
Barcelone, marquée par une approche globale et systéma-
tique; cette attitude a succédé à une politique d'interven-
tions plus ponctuelles et spectaculaires dont l'écho reste
fort en France et en Europe;
• enfin, une promenade plus libre à travers un
ensemble de réalisations et de projets récents, mêlant
différents types d'interventions - réhabilitations et
créations - portant sur des rues, des places et des ponts
de Paris.
REFLEXIONS
SUR
L'ESPACE
PUBLIC
DE
PARIS
LA TRANSFORMATION
DES RUES DE PARIS
"Il Y a peu de choses structure et des espaces par lesquels tous les effets se
dans l'histoire de conjuguent, s'unissent et s'expriment.
l'humanité que nous connaissions aussi bien que l'histoire Pourtant la ville change. Bien sûr, les sites célèbres
de la ville de Paris. restent en place. Mais les chantiers de construction, les
Des milliers, des dizaines de millions de volumes sont petits et les grands travaux sont toujours très actifs en
exclusivement consacrés à l'étude de ce minuscule coin de plein centre de cette immense agglomération. Des architec-
terre. Hofmannsthal a trouvé une belle formule pour dési- tures nouvelles, nombreuses et variées, traversent et ponc-
gner cette ville: «un paysage composé de vie pure». Et dans tuent la plupart des arrondissements. Les façades parfois
l'attraction qu'elle exerce sur l'homme agit une sorte de brillantes, tantôt médiocres, souvent moins facilement qua-
beauté qui appartient en propre au grand paysage l ." lifiables, suscitent les commentaires. Ces réalisations, qui
Walter Benjamin, Passages, 1927. remplissent des friches ou remplacent d'autres édifices, ne
sont certainement que les aspects voyants de transforma-
IMPRESSION Il est une ville dont tions plus diffuses, plus générales.
DE STABILITÉ l'identité est en tout Les pavés des chaussées ont depuis longtemps dis-
ET RENOUVEL- point présente. Chacun paru sous un tapis enrobé. Artisans et petits métiers ont
LEMENT peut la reconnaître à été remplacés par des commerces de mode et des agences
partir d'une seule photo- bancaires. Les terrasses de café se sont consolidées, bar-
graphie, quel que soit le point de vue, l'éclairage ou le dées de vitrages et de troènes ... L'allure des personnes s'est
cadrage. C'est Paris. Une grille de fonte sous l'alignement modifiée, comme leurs toilettes et leurs centres d'intérêt.
des platanes, la fuite de balcons de fer devant la pierre Puis sont apparus toutes sortes de panneaux de publicité,
gris-jaune, les plates façades de plâtre, les murs pignons des éclairages au jaune de sodium, les sens uniques d'une
en meulière et les vagues figées des toits gris-bleu, un sol circulation toujours intense, des bornes, des barrières, des
de granit et d'asphalte avec un banc double bien droit, un rues piétonnes , des jardins, des engins balayeurs , des
monument universel au bout de la perspective familière et codes qui ferment les porches. On voit plus de richesse
mille autres stéréotypes, c'est toujours Paris. dans les immeubles et les magasins, et plus de pauvreté
Ce sont les ponts sur la Seine, une lumière chan- près des gares. Depuis toujours, la ville bouge sous la pres-
geante, la qualité aussi d'une poussière qui donne à toute sion des usages et les exigences des temps. Mais quel est le
chose sa marque, un bruit de fond qui soutient le rythme sens de ce mouvement continu? Ses orientations, ses signi-
composé des flâneurs et des passants nerveux, des odeurs fications ? Inéluctables ou désirées, ces transformations
volatiles entrecroisées et mille autres sensations. peuvent banaliser ou, au contraire, renforcer Paris.
Le visage que chacun entrevoit à la seule évocation Quels critères permettent, au moment où les projets
du nom qui désigne la capitale apparaît comme une évi- s'élaborent, d'identifier ce qui peut participer à la "fabrica-
dence, instantanée et constante. Cette image précède l'énu- tion" parisienne, et la différencier des zones urbaines ano-
mération des stéréotypes, des composantes et des nymes ? Chacun propose ses conceptions et ses visions
sensations; elle dépasse les apparences. Quel est ce carac- issues de la lecture et de l'interprétation qu'il peut faire de
tère continu? Répond-il à des valeurs spécifiques? L'iden- cette ville.
tité de Paris est sans doute associée à une logique reliant L'histoire a ici marqué le même territoire selon les
entre eux les acquis, les apports, les gens et les lieux qui se modes de représentation privilégiés de chaque époque:
retrouvent sur son territoire et le mettent en valeur '; une intériorité des quartiers médiévaux, ordonnancement des
Quai Saint-Bernard
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,1
1
Quai d'Qrsay Quai Branly
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Typologie des quais de
Paris, par François Grether
et Jacqueline Qsty.
Cette approche
comparative révèle la
diversité des figures
d'aménagement et la
Quai du Louvre Quai de la Mégisserie variété des effets produits .
1
R.ÉFLEXION"S SUR. L'ESPACE PUBLIC
sifs. Dans cet entrecroisement des réalisations, les élé- communément, un bout de trottoir permet le stationne-
ments ordonnés et les effets de répétition se remarquent ment des deux-roues, un couloir pour autobus s'offre à
comme des contrepoints. l'arrêt de livreurs ou de bennes à ordures ...
Les discontinuités des architectures, celles des écri- Le dessin des ouvrages, ensuite, est simple pour res-
tures, des volumes ou des matériaux se présentent a pos- ter lisible et pour éviter d'encombrer davantage l'espace. A
teriori comme des variations compatibles entre elles. distance de l'alignement, les arbres, les bancs, les candé-
Mais des discordances profondes apparaissent dès que labres et autres mobiliers suivent une même ligne, paral-
sont rompus les rapports entre immeuble et espace lèle à la bordure du trottoir que suit le caniveau. Le métro,
public. Ces rapports sont contenus par les dispositions les réseaux techniques, les parcs souterrains de stationne-
des règlements qui, à l'aplomb du tracé des alignements, ment épousent également cette organisation longitudinale
contraignent les possibilités de construction - limitation des voies. Les carrefours perturbent le moins possible ces
de la hauteur verticale des façades, de leurs saillies et de continuités linéaires.
leurs superstructures. Sans prescrire un modèle architec- La diffusion des aménagements qui semblent appro-
tural et avec des changements mesurés au cours de priés, enfin, s'effectue à la dimension très étendue du
l'Histoire, les règles de gabarit assurent la défense des réseau des voies. Matériaux, services, moyens de gestion,
voies et de leur ouverture sur le ciel; elles dessinent ainsi répartis sur l'ensemble du territoire parisien, manifestent
en négatif les contours des espaces publics face aux sa continuité et sa cohérence. L'originalité des lieux et le
débordements particuliers. Second principe du système particularisme des quartiers parviennent à s'exprimer
parisien, le gabarit est la discipline, consentie ou négo- pleinement dans les voies publiques sans aucunement
ciée, avec laquelle s'exercent, à travers la durée, les rela- altérer leur nature.
tions vivantes entre la matière des édifications et le vide Parfois désignés comme champ d'application d'un art
disponible des lieux collectifs. urbain, les ouvrages de la voirie font appel à beaucoup plus
de technicité qu'il n'y paraît. Tout en participant à la défi-
CONTINUITÉS DE LA VOIRIE . Le réseau des voies de nition du visage de la ville, l'aménagement, l'entretien et
Paris supporte très directement toutes les exigences de la l'exploitation des voies publiques répondent en effet à des
capitale: donner accès en tout point, organiser la circula- exigences pratiques multiples et contradictoires. Sans
tion, permettre les rencontres et les échanges, conduire les réduire le rôle des interventions artistiques, des sculp-
mouvements des foules ... L'exploitation maximale d'un tures, des fontaines et des événements qui jalonnent de
domaine étroitement limité et toujours plus sollicité a temps forts le système des espaces publics, ce sont peut-
conduit à l'élaboration d'aménagements de voirie précis, être ces dimensions techniques qui ont donné un ton parti-
efficaces, et souvent remis en question. culier aux voies de Paris. D'une époque à l'autre , la
La séparation des chaussées et des trottoirs, leurs pression croissante des besoins et des usages conflictuels a
dimensions respectives, les qualités des matériaux de revê- été le principal ressort de grandes innovations ; les pre-
tement, la plantation d'alignements d'arbres, l'installation miers règlements d'urbanisme, les passages couverts, les
de l'éclairage, la signalisation, le nettoiement... sont les trottoirs, les percements d'avenues, le métro, etc. ont été
thèmes apparents du traitement des rues de toute ville. d'importantes avancées qui associaient les apports des
Fréquemment introduites à Paris, les dispositions doivent techniques aux perspectives générales de la ville.
ici être mises en œuvre dans des conditions plus complexes
et plus disputées. Les contraintes spatiales, au sol, en UN ESPACE Après une période d'ex-
volume et en tréfonds, imposent une certaine économie CONVOITÉ pansion de l'aggloméra-
dans la constitution des voies. tion, avec les villes
Trois logiques dominantes caractérisent à cet égard nouvelles, de nombreux signes indiquent un net change-
les espaces publics parisiens. D'abord, la compétition ment des comportements citadins. Ce que les journalistes
entre les usages simultanés et successifs ne permet ont dénommé le "retour au centre" s'exprime vivement
guère d'attribuer exclusivement un espace spécifique dans l'évolution des prix du foncier, des logements et des
pour chaque pratique . Tant bien que mal sont ainsi locaux d'activité. Au-delà du marché immobilier, cette ten-
maintenus une unité de lieu, une disponibilité de l'espace dance recouvre également les demandes collectives, les
et une coexistence des automobiles, des piétons et des besoins sociaux, la fréquentation des équipements cultu-
services publics. Tel axe de circulation se transforme cer- rels, le développement du tourisme ...
tains jours en marché de plein air; telle perspective tou- Toutes les attirances pour la ville dense et active
ristique devient itinéraire de manifestation; plus poussent au renouvellement du centre et à un étalement
Le centre George s
Pompidou et la piazza
Beaubourg, photographiés
en 1989
(doc Apur).
1. Atelier parisien
d'urbanisme, étude pour
le plan d 'aménagement
de la ZAC de Reuilly,
1985.
2. Roland Schweitzer,
architecte coordinateur,
aménagement des
espaces publics de la ZAC
de Reuilly. 1990.
3 et 4. Atelier parisien
d'urbanisme. plan et vue
perspective de
l'a ménagement projeté
pour le mail planté de la
ZAC de Reuilly. 1991.
5 . Le mail planté de la
ZAC de Reuilly au
moment de son
achèvement, 1 992 .
L A_ T RANSFORMAT I O N D ES R U ES D E PAR I S f 2 I l
:R.EFLEXION"S SUR. L'ESPACE PUBLIC ~
IMPOSSIBLE ET Le développement des ner. Il ne peut pas s'agir d'agencer des fonctions, des conte-
INDISPENSABLE moyens de transport nus, pas plus que d'imposer un décor par les moyens d'un
PROJET rapides et de communi- programme de planification insensible aux aspirations qui
cation à distance, télé- apparaissent de manière confuse. Au contraire, il importe
transmission, vidéo, modifie nos rapports avec l'espace. Les qu'une orientation, grande et simple, puisse faire appel à
échanges et les liaisons délaissent en partie les dimensions de nouvelles ambitions, alimenter les recherches et les
physiques des lieux publics de voirie. "Ce n'est plus exacte- débats, susciter des expérimentations et des propositions
ment l'usage qui qualifie l'espace, mais essentiellement la et, surtout, peser sur les nombreuses transformations réa-
vision, l'aperçu ... De l'ordre successif on passe subitement lisées au quotidien. Le phénomène permanent de l'urbani-
au désordre du simultané 4 ." sation demande que chaque époque reprenne, avec de
En prolongeant cette optique, il est possible de pen- nouveaux horizons, le processus initial de la formation de
ser qu'une viabilité quelque peu dépassée et dévaluée soit la ville: viabiliser le territoire en premier lieu, pour civili-
l'objet d'une gestion en recul qui accepterait un plus grand ser davantage.
degré de contradiction et de confusion. Les désordres de la L'orientation génératrice, capable d'éclairer un grand
rue ont toujours eu leurs charmes. Mais admettre ici les nombre de questions et de proposer une dynamique, est
fragmentations et les fractures des espaces communs, peut-être là : révéler l'essentiel du domaine collectif, ses
serait-ce admettre aussi que se répandent les infractions, espaces; renverser les logiques d'encombrement et de divi-
les délits, la violence ... la ruine de l'urbanité ? La méta- sion des rues de Paris.
phore de la ville comme chaos inspire des courants de créa- Projeter n'implique pas, dans le principe, de toujours
tion artistique. Elle fait entrevoir un avenir sombre qui ajouter et surtout pas n'importe où. Quand les circons-
conforte les replis sur l'intimité personnelle ou communau- tances le permettent, rafraîchir, transformer et agrandir
taire, mais elle prépare peut-être aussi une ouverture tous une habitation surchargée au cours des ans commence par
azimuts dont la portée nous échappe encore. "faire du vide", pour appréhender autrement son étendue.
En revanche, il semble que l'extension de nos rela- Les effets de cette suggestion conduiraient, non sans les
tions avec le monde s'assortisse en parallèle d'un attache- adhésions et les efforts correspondant aux enjeux, à un tra-
ment plus fort à des lieux précis, de nouvelles pratiques vail de défrichement, d'éclaircie. Limiter la présence de la
des espaces publics et d'un autre goût pour la diversité des voiture particulière, réduire la prolifération des mobiliers
paysages urbains. Ces tendances expliquent mieux, malgré urbains, retirer des bornes, des panneaux, des édicules,
certaines contradictions apparentes, que les villes connais- simplifier le dessin des aménagements, des dallages, des
sent une crise complexe tant vis-à-vis de leur patrimoine plates-bandes et autres "îlots directionnels", ne réaliser
ancien que de leur passé récent, mais surtout face aux qu'une œuvre particulièrement significative plutôt que
attentes et aux désirs mal cernés qu'elles suscitent. mille aménagements difficiles à exploiter.
Les voies parisiennes ne peuvent seulement subir et De manière positive, dégager les espaces publics,
résister aux difficultés de la circulation et de la vie sociale. c'est leur accorder des valeurs disponibles, des latitudes
Plus que les secteurs d'urbanisation récente et fragile, pour la promenade, pour les moyens de déplacements col-
cette ville, avec sa puissance accumulée, devrait, comme en lectifs , pour faire place à l'expression des éléments de
d'autres étapes de son histoire, indiquer le sens des évolu- nature, l'air, les arbres ... Mais, plus largement, cette orien-
tions possibles vers de nouvelles formes d'urbanité. tation centrale vise à ouvrir le champ des évolutions, les
Paris recèle en lui-même les exigences et les raisons choix des destinations et des rêves encore imprévus.
d'une démarche d'avenir, un projet indispensable. Le vide des espaces publics est à la mesure de ce
Il faut éviter, bien sûr, que ces voies deviennent des qu'il permet et offre comme possible. C'est la clef d'une
espaces de services, des routes entre des parkings et des démarche pour transformer les rues de Paris et pour que
zones piétonnes. De quelle nature peut être le renouveau des s'y réalise un vieux dicton: "L'air de la ville rend libre."
espaces publics de Paris, qu'ils existent ou qu'ils s'étendent? F.G.
Le changement à envisager ici ne peut avoir de sens
profond que s'il concerne d'abord ce qui définit la voirie et
ses lieux: un réseau d'espaces ouverts et continus qui dia-
logue avec la multiplicité des usages, des situations et des 1. Walter Benjamin, Paris capitale 3. Conférence de L. Jaussely au
architectures riveraines. du XI)!! siècle, Cerf, 1989. premier Congrès de l'habitation,
2. L. Taxil, Recueil d'actes relatifs Lyon, 1920.
Projet impossible et projet indispensable! Il faut aux servitudes spéciales d'archi- 4. Paul Virilio, l'Inertie polaire ,
sans doute s'interroger sur la portée de ce qui est à imagi- tecture, Ville de Paris, 1905. Ed. Bourgois, 1990.
P H L P P E GRESSET
Bien que peu défini , turales, dont les origines sont résolument exemptes de sol-
l'espace public jouit dans licitude, sont fondées non sur un objet référent unique,
l'opinion d'une appréciation toujours favorable. L'idée est en mais sur une pluralité de conventions différentes, en tous
effet ordinairement partagée d'un espace librement utilisable temps et en tous lieux.
par tous, et pour le bien commun. Qu'il appartienne stricte- Une forme majeure de l'espace public est donc lue
ment au domaine public ou relève de la propriété privée, cet positivement en tant que lieu d'expression de la liberté, lieu
espace bénéficie de l'estime générale, même s'il est l'occasion d'affirmation des multiples différences et, conjointement, de
ou l'effet d'une action politique intéressée: il demeure le plus la reconnaissance mutuelle. Cet espace peut être considéré
souvent construit pour le bien du plus grand nombre, dans comme ce qui s'y passe publiquement, au vu et au su de
l'espoir d'une reconnaissance vis-à-vis du décideur politique, tous. A l'aube de notre modernité, il a ainsi affaire à l'opi-
ou bien à l'issue d'une prise de pouvoir permettant une ins- nion publique, à la fonction critique de groupes de pression.
cription spatiale à la fois décisive et mémorable 1• Dans un livre récent, le philosophe allemand Jürgen
Sans prétendre accomplir un rigoureux travail de Habermas nous a appris que le développement de l'opinion
définition, il semble utile de clarifier préalablement le sens publique au XVIII' siècle est lié à l'accomplissement d'une
de l'expression "espace public", à partir de références histo- politique plus explicite, davantage étalée au grand jour que
riques, avant de rendre compte de quelques interprétations celle des despotes 2• Ce qui est montré au plus grand
architecturales depuis le début du ;\lX' siècle. nombre, par surcroît dévoilé aux yeux de tous, acquiert une
valeur universelle et est assuré d'une légitimité quasi
L' ES PA C E L a naissance de l'espace absolue. L'espace public de l'âge du néoclassicisme est
PUB LI c, public, primordial dans alors représenté comme un lieu d'affranchissement, un
UN HÉ R1TA GE l'Athènes archaïque, est endroit où l'on échappe à la nécessité des comportements
contemporaine de la figés relevant de l'appartenance à une caste, une classe ou
reconnaissance de la valeur essentielle de la ville. Vers la un groupe. La codification des comportements en public,
fin du VI' siècle avant notre ère, un lieu de cérémonies et asservissante quoique rassurante, est proportionnelle au
d'échanges est construit à proximité de l'Acropole - dans risque encouru par l'individu isolé dans le contexte précis
un rapport par ailleurs ambivalent avec cet "autre" où il se trouve. A l'instar de la maison, mais en un sens
centre -, un lieu principal où se joue quotidiennement la contraire, l'espace public signifie à la fois une protection et
vie des citoyens. L'agora, entourée d'édifices publics, est une potentialité d'alliance. Il rend licite l'ivresse solitaire
plus tard conçue, à la période hellénistique, comme un et offre une promesse de contact en un même territoire.
étrange édifice centré, à la fois vide et démesuré, clos par Paradoxalement, cet espace peut également se référer à la
un double portique (les stoaï) et marqué par les édifices contrainte générale. Il est alors assimilé à des monuments
majeurs qui représentent les pouvoirs religieux (le temple) destinés à exhorter officiellement plutôt qu'à se remémorer
et profane (le bouleuterion). Au fil du temps, le modèle grec les hauts faits du passé, et plus généralement matérialisé
de la participation de chacun à une autorité suprême s'est par des édifices qui signifient la sujétion, voire la répression,
partout imposé en Occident, tandis que simultanément une prioritairement attaqués par les foules révolutionnaires.
figure architecturale de la place est matérialisée finale- Au début du XIX' siècle, sous la Restauration comme
ment sous des espèces différentes : places de marché ita- sous la monarchie de Juillet, la quasi-totalité des substitu-
liennes, places royales françaises, squares britanniques ou tions et extensions urbaines à Paris sont issues de l'entre-
places de parade prussiennes. Ces interprétations architec- prise privée , encore animée par un constant désir de
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L'espace public est en quelque sorte une limite entre les espaces privés et les
actuellement au centre espaces publics. Autrement dit, un immeuble qui enferme
de certains débats philosophiques et doctrinaires - je pense le lieu de l'intimité par excellence est en même temps un
aux trauaux de Jürgen Habermas notamment -, il serait objet collectif vu de l'extérieur qui participe au paysage
même porteur de projets social ou politique fédérateurs ; urbain. C'est une des choses qui me paraissent peut-être
quelle définition lui donnez-uous ? les plus fortes et auxquelles on ne pense pas finalement.
Disons tout d'abord que c'est un terme admis qui C'est ce type de contact entre les deux extrêmes qui efface
porte sur des réalités qui ne sont pas toujours spatiales. presque la notion d'espaces intermédiaires - vestibules,
L'espace public est devenu un objet métaphorique qui peut hall, escalier - en tant qu'espaces, la façade étant précisé-
s'appliquer à plusieurs choses; aussi je crois qu'il faut ment ce contact direct entre les mondes privé et public.
peut-être tenter d'en faire une définition plus stricte. Ni le Pour revenir à la notion d'espace public, disons que
mot "espace", ni le mot "public" ne sont simples. "Espace", c'est un concept un peu vague qui demande à être démonté.
d'abord, est très incertain; longtemps on a opposé les voies C'est tout d'abord une notion relativement récente qui est
publiques, qui étaient une forme d'espace bien entendu, et venue de la remise en question de la rue, issue d'une tenta-
les lieux publics, et dans le fond les uns et les autres ne tive fonctionnaliste de créer un nouveau système architec-
correspondaient pas nécessairement à la même définition, tural et urbain. Dans l'ordre historique des choses, il y a
aux mêmes conditions de propriété et d'usage. Dans la liste d'abord les objets concrets à définition forte que sont la voie
traditionnelle des lieux publics étaient par exemple les publique, la promenade publique, le jardin public; c'est
théâtres, les cabarets, les lieux de prostitution et de clair. Ensuite, à la fin du XIX' siècle, au moment où la pen-
débauche, ces endroits où les gens se rencontraient. Autant sée urbanistique prend forme, c'est la notion d'espace libre
de lieux publics, propriétés privées, et simplement ouverts qui est introduite dans les grands débats tels que ceux de la
dans certaines conditions à l'accès assez général. Commission d'extension de Paris en 1913.
La voie publique, en revanche, est par définition ce à Cela découle, en partie, je crois, d'un constat que l'on
partir de quoi s'organise l'espace urbain. Dans ce cas, fait au moment où l'haussmannisation s'exerce encore.
"public" veut dire, d'une part, et c'est très important, pro- L'analyse que font ces spécialistes du début du siècle fait
priété publique, lieu d'intervention publique et, d'autre émerger un certain paradoxe dans l'œuvre du baron
part, lieu d'usage public, ce qui signifie ouvert à tout un Haussmann, qui consisterait à régulariser la voirie - et à
chacun. Sauf dans des conditions assez exceptionnelles, la la planter le cas échéant - mais cela au prix d'un remode-
voie publique est l'endroit où tout le monde peut se retrou- lage des parcelles et de la trame qui ferait disparaître des
ver, quelles que soient les origines ou les occupations et, jardins intérieurs ainsi que d'autres espaces privés non
dans une certaine mesure, les règles de conduite. C'est construits n'appartenant pas à la voie publique. On se dit,
d'ailleurs ce qui introduit un troisième aspect qui fait de ce somme toute, que le mode d'occupation des sols développé
qui est public plus qu'une simple question de propriété, ou par l'haussmannisation n'aurait peut-être pas produit
même d'usage, mais également un problème de code, de autant d'espaces libres qu'il n'y paraît et que nombre
règles de conduite et de phénomènes qui permettent d'entre eux auraient même disparu.
d'entrer en rapport avec autrui dans l'espace public. Cette nouvelle catégorie permet d'étudier à la fois ce
Mais le mot "public" peut également s'opposer à qui est espace public libre et espace privé libre. Mais étant
"privé". On a alors l'objet exactement contraire, qui est le donné le dessin parcellaire qui l'emporte dans Paris, il est
logement avec, entre les deux, la façade, dont le décor crée évident que c'est par l'espace public qu'on intervient sur
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Plan de situation
des projets
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d 'aménagement et
d 'extension
des établissements
d e l'Université de Pari s,
vers 1947, attribué
à Eugène Beaudouin
rdoc Arch . nat. j.
Le long de la ligne
d e Sceau x, il s'agit d'une
vérita ble extension du
Ouartier latin hors Paris .
Une radiale universitaire,
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amo rce d'une "form e ,,
métropolitaine " à l'éch elle ,
du boulevard
p ériphérique actuel.
Plan d'orientation
définissa nt les périm ètres
et les contraintes soumis l . ".."
aux architectes des avant-
projets d'aménagement
de la ceinture de Pa ris,
secteur sud, 1953 rdoc M INISTERE DE L EDUCATION NATIONALE
DIRECTION GENERALE DE LARCH ITECTURE
Arch . nat.j . PL AN DE SITUATION
Ce document transcrit les DES PROJETS D 'AMENAGEMENT
ET D'EXTENSION DES ETABLISSEMENTS
intensions de DE L ' UNIVERSITE DE PARIS
I Ul ur . '/ 10000 '-
recomposition du ti ss u
urbain à la jonction de
Paris et de la banlieu e .
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L'HERITAGE
L'ESPACE PUBLIC
DE VOIRIE
OLIVIER NI C OUL A UD
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Exemples de mobilier
parisien de défense contre
les voitures [doc Apur).
IC DE VOIRIE
L'FIÉRIT.AGE
un franc désordre, au terme duquel en fin de compte tout se En définitive, le mobilier urbain ne peut en général
passe comme si l'espace public était à qui veut le prendre. s'imposer à l'espace public qu'il utilise, mais doit bien au
Dans ce domaine, l'élément le plus paradoxal est cer- contraire l'accompagner.
tainement le mobilier dit "de défense", destiné à protéger Les remarques formulées sur l'organisation du mobi-
les espaces gagnés pour les piétons de l'envahissement des lier urbain peuvent enfin être appliquées au traitement des
véhicules en stationnement. Force est de constater sols. L'espace de la rue est un espace extérieur; son sol est
qu'aujourd'hui aucune solution véritable, satisfaisante à la soumis à de multiples agressions, et il doit être fait pour
fois sur le plan de la sécurité et de l'aspect, n'a pu être durer. C'est pourquoi il convient là encore d'être prudent sur
mise en œuvre, en particulier dans les voies étroites. On toute proposition s'appuyant sur la mise en œuvre de maté-
atteint ici les limites des réponses que peut apporter un riaux trop fragiles, poreux ou de couleurs trop délicates. On
travail sur l'espace, et il est fort probable qu'il n'existe pas ne peut concevoir un espace public comme un décor d'inté-
de bonne solution technique à ce problème. Les potelets ou rieur. Dans ce domaine encore, un savoir-faire reste à
barrières implantés dans de nombreuses rues de Paris retrouver chez la plupart des maîtres d'œuvre qui peuvent
marquent tout simplement l'incapacité de faire respecter être consultés pour traiter de l'espace public, en faveur de
une réglementation simple et de bon sens; au-delà, ils sont sols rustiques, solides, discrets, confortables à parcourir.
symptomatiques d'un comportement culturel dominant En dernière analyse, s'il fallait simplifier les termes
toujours voué à l'automobile. du débat proposé par l'aménagement de l'espace public, les
conclusions pourraient aujourd'hui être les suivantes.
AMÉLIORER Il est bien difficile Paris dispose, comme un certain nombre de grandes
aujourd'hui de décrire villes européennes, d'un atout considérable grâce à la qua-
précisément et simplement les propositions nouvelles qui lité de ses espaces publics. Autant, sans doute, que la qua-
peuvent être faites dans le domaine de l'aménagement des lité intrinsèque de ses monuments, aussi prestigieux
espaces publics. Toutefois, trois idées forces nous semblent soient-ils, ou que le dynamisme de son économie et de son
devoir être suggérées pour valider cette démarche. commerce, ce qui fait la force et le charme de Paris, c'est la
1. Un allégement de tous les dispositifs qui encom- qualité de ces lieux.
brent ces espaces est indispensable en sélectionnant les Préserver leur qualité signifie, à notre sens, accepter
usages prioritaires, tout particulièrement dans les espaces et défendre trois approches: la continuité des langages
les plus sensibles. d'abord, à la fois dans l'espace des rues (on est à Paris et
2. Une remise en ordre, également progressive, des on le sait) et dans le temps (en rejetant les effets de mode) ;
différentes implantations des mobiliers doit être engagée à la simplicité des conceptions, en s'appuyant sur un nombre
l'occasion de tout projet de voie. Il y a là un savoir-faire limité d'éléments de composition spatiale (en jouant du
ancien à reconquérir, de manière que les éléments du mobi- rôle des perspectives), de matériaux et de mobilier, bien
lier urbain participent plus qu'ils ne le font aujourd'hui à hiérarchisés entre eux, dans un espace conservé le plus
l'organisation et à la mise en forme de l'espace public. libre et le plus aéré possible ; enfin, l'intégration des élé-
3. Une conception durable du mobilier pour tenir ments de programme dans de véritables projets d'espaces
compte des contraintes importantes de gestion qu'ils suppor- publics combinant, plutôt que de les juxtaposer, les poli-
tent et pour constituer une image forte de l'espace public. tiques sectorielles telles que celles du stationnement, de
Cela implique, sauf dans le cas d'espaces exceptionnels justi- l'éclairage et des plantations.
fiant un traitement spécifique, une certaine réserve vis-à-vis O.N.
de toute multiplication de mobilier nouveau réalisé en
petites séries, trop ou rapidement datés.
On dit trop souvent aujourd'hui que le mobilier urbain
est un système d'objets de l'ordre de l'éphémère justifiant
par là même toutes les libertés en termes de forme, de struc-
ture ou de couleur. Or, il n'en est rien. Un mât d'éclairage,
un banc, un panneau d'information sont implantés très
généralement pour de nombreuses années. Ils s'intègrent à
la rue et participent à son paysage permanent. De surcroît,
quand se superposent sur des espaces voisins des objets de
même fonction aussi contrastés dans leur dessin, on voit
émerger un effet de catalogue qui peut être désastreux.
SIMPLICITE
D A V D MA N G N
Exemples de mobilier parisien de un équipement complexe: elle calepinage rectang ulaire: il existe
protection des arbres (doc Apur). peut être modifiée en fonction du un modèle de grille bouchée, utilisé
La grille d'arbre traditionnelle paraît diamètre des troncs; la substitution pour protéger le s arbres des eaux
a priori simp le dans sa version d'éléments permet de rapprocher de ruissellement dans les marchés .
banale. Elle comporte en ré alité de plantations et bordure de trottoir,
nombreuses adaptations qui en font ou de les inscrire dans un
Dav id Mangin-Seura.
archi tecte s. Jacqueline
Osty. paysagiste. grille
d'arbre étud iée
spécifiquement pour le
boulevard Richard-Lenoir.
CHRISTIANE BLANCOT
Chacun sentait bien que Différentes études avaient analysé les qualités spa-
cela ne pourrait pl us tiales de ce lieu et proposé des moyens de remédier à ce
durer ainsi très longtemps! Chaque fois que l'on ne savait laisser-aller. Mais il faut croire que les recommandations
pas où mettre les cabanes nécessaires à la pose d'un nou- du Schéma de mise en ualeur des canaux dans Paris
veau câble EDF ou au chantier qui s'ouvrait sur la parcelle n'étaient pas suffisantes. Cette situation appelait des solu-
voisine, elles échouaient sur le terre-plein du boulevard. A tions nouvelles. Pourtant, tout était encore là. Les arbres
côté venaient s'amonceler les bobines de câble, les palis- d'abord, majestueux, fidèles aux gravures d'époque; les
sades, et toutes sortes de matériaux hétéroclites, comme oculi et leurs parterres, comme au bon vieux temps; la
attirés par les recoins créés et leur encombrement. colonne de Juillet verdie et dorée à neuf, lointain point de
Peu à peu, par mégarde, ce lieu tout droit sorti de mire ; la statue de grisette sur son tapis de fleurs.
l'Illustration, des images d'antan remplies de belles dames Pourtant, plus haut, le canal avait retrouvé une nou-
en crinoline déambulant avec nonchalance le long des par- velle jeunesse. Les quais, débarrassés de leurs automo-
terres et des jets d'eau, perdait son âme. biles, avaient été pavés et éclairés de neuf, rendus aux
Progressivement, la dégradation gagnait du terrain. promeneurs, aux pêcheurs et aux joggeurs. Le bassin de la
Un parking ici , un dépôt là, l'arrivée des joueurs de Villette, encore plus loin, s'était réconcilié avec son quar-
boules pour lesquels on avait, à l'aide de murets et de jar- tier. La Rotonde nettoyée encadrée de terrasses, les peu-
dinières, aménagé des terrains qu'ils avaient parfois pliers alignés, les entrepôts ripolinés. Une colonnade
désertés pour aller s'installer plus loin ... Le remplace- enserrait désormais la darse jadis vouée aux ordures, le
ment d'un buisson par un rosier qui, soudain, laissait plan d'eau était devenu le territoire de jeux des enfants, le
apparaître le grillage d'un oculus autrefois dissimulé, la point de départ de longues promenades sur l'eau. Les tou-
pose des Sanisette, de conteneurs avaleurs de verre, de ristes qui remontaient bassin après bassin le canal avaient
cabines téléphoniques. Les nouveaux réverbères aussi, de même droit, en arrivant à la place Stalingrad, à un com-
type routier, qui avaient poussé le long du boulevard mentaire digne des plus grands monuments parisiens :
Voltaire, narguant de toute leur puissance la lumière bla- "Admirez, sur votre gauche, les inscriptions en hommage à
farde des pauvres candélabres du terre-plein, un peu trop la barrière de Ledoux gravées sur le mur des terrasses".
vieux, un peu trop sales. Sur la place de la Bastille, les belles dames étaient
Une à une les fontaines s'étaient taries. Les bassins, revenues. Les soirs de gala, à l'Opéra, elles descendaient
devenus réceptacles de feuilles mortes, n'offraient plus au l'escalier. Les luxueuses automobiles bloquaient la circula-
passant qu'un pâle souvenir de leur grandeur passée. tion de toute la place, attendant leurs VIP, épatant les
Cibles faciles de tous les cageots du marché, leurs bouquets passants, un instant ralentis par ce spectacle si nouveau
de roseaux vert-de-gris disparaissaient sous les feuilles de dans ce quartier. Devant ce nouveau temple de l'art
salades et les fanes de carottes. lyrique , le trottoir récemment agrandi annonçait la
Et puis, il y avait les voitures. Elles se garaient refonte complète de la place.
n'importe où, à cheval sur les trottoirs, entre les arbres. Il fallait bien alors que le boulevard Richard-
Pour les contenir, les isoler, on avait planté des poteaux, Lenoir, qui aboutissait juste à côté, se transforme,
toutes sortes de poteaux, des grands, des petits, des ronds, montre à nouveau ce dont il était capable, redonne sens à
métalliques ou en béton ; rien n'y faisait. Les voitures les ce canal qui coulait dans ses entrailles et surgissait, cou-
tordaient, les pliaient, transformaient les alignements en vert de bateaux de plaisance, à l'autre bout de la place de
sinusoïdes incertaines. la Bastille, dans le bassin de l'Arsenal.
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T.".... ".u.,,:,.
R.ÉIIA.BILITER. L'IIER.ITA.GE ~
RICHARD-lENOIR
Architectes unique à cette promenade . ombragées structurent par protégé par une rambarde.
BERNARD AlTHABEGOITY
Nous croyons que la reconnais- elles-mêmes l'ensemble du Le vocabulaire du projet est
ANNICJ< BAYlE
sance de ce monde profond au linéaire et, pour nous, doivent volontairement simple. Pavés
Paysagiste travers des oculi doit générer demeurer invariables. En de granit sciés, stabilisé ou
AGENCE PHUSIS une nouvelle mise en scène des revanche , une suite de nou- pelouse pour les sols, reprise
lieux. Nous transformons ces veaux jardins participe à la for- des éléments d'une tradition
couples d'oculi en une succes- mation scénique du boulevard. parisienne éprouvée pour le
sion d'espaces intimes, plantés Nous envisageons de créer une mobilier ou les plantations des
Tel un arc tendu entre les fron- d'arbres , animant la prome- succession de lieux de détente haies, encadrées de clôtures .
daisons, le boulevard Richard- nade. Chaque oculus sera serti se distinguant des deux prome- Les mails subissent des varia-
Lenoir sillonne Paris et ses dans une fontaine de bronze, nades latérales par une série tions suivant les lieux qu'ils
anciens faubourgs, sans divul- toute en courbes. Ce dispositif de haies. Dans ce nouveau sys- traversent: quadruple aligne-
guer l'espace secret qu'il ren- ponctuera de bout en bout le tème, ils gardent leur emprise, ment sur les esplanades,
ferme. Le canal Saint-Martin boulevard avec des jeux d'eau et seuls les couples d'oculi double alignement de pla-
devient eau souterraine en ces agrémentés de brume et de réaménagés définissent les tanes avec double alignement
lieux. C'est cette eau cachée lumière ; il protégera en même nouvelles entrées de ces in térieur de sophoras à
qui confère une identité temps les regards sur le canal. espaces fermés la nuit. l'endroit des squares, et
A grande échelle, le double ali- De la même manière, les double alignement avec des
gnement d'arbres le long du emplacements des marchés ne petits arbres à fleurs autour
boulevard encadre une prome- subissent pas de modifications des oculi. En brumes lumi-
nade minérale, reliant la place importantes: leur taille et leur neuses éphémères sortant des
de la Bastille à l'écluse du organisation restent inchan- oculi ou en jets contrariés, les
Temple et, au-delà, au bassin de gées, seuls les couples oculi- eaux prennent des formes et
la Villette. Ces deux bandes fontaines voient leur périmètre des qualités variées.
RÉFI.A.BILITER L'FIERIT.A.GE ~
Figure classique de la topogra- soit une bande de 30 m de lar- des sas sur lesquels se greffent
phie parisienne, la promenade geur - se fait sur un schéma les passerelles franchissant la
plantée du boulevard Richard- précis, qui privilégie deux élé- bande séparative entre la pro-
Lenoir doit appeler à la déam- ments : la création sur toute la menade et les jardins et qui
bulation et à la jouissance de longueur du boulevard d'une donnent accès aux jardins et
l'espace ouvert. Cette prome- double promenade légèrement aux squares.
nade cache cependant en son surhaussée, axée sur les files Enfin, l'ensemble du projet est
tréfonds un canal souterrain, d'arbres existants; l'aménage- placé sous le double sceau de
qui lui est antérieur, révélé par ment de la partie centrale, tan- l'eau et de la lumière, intime-
la présence d' oculi qui en ryth- tôt en jardin ou en square ment mêlées dans leurs effets,
ment le parcours. clôturé et surélevé par rapport à en contrepoint des eaux noires
Cette dualité inspire deux axes la promenade, tantôt en terre- du canal. Ces effets sont gra-
de composition du projet: le plein ouvert res pectant le s dués de l'amont à l'aval, ce qui
boulevard urbain parisien , zones de marché existantes . évoque le sens d'écoulement de
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i - d'abord, qui respecte le gabarit Entre le s deux , de part et l'eau dans le canal. Ils donnent
1 . et la typologie de ce type de
tracé. Le boulevard comme révé-
d'autre de la partie centrale,
une bande plantée de gazon, qui
une image différente du boule-
vard le jour et la nuit. Jets
lateur du canal caché, ensuite, symbolise la coupure physique d'eau éclairés, végétation diffu-
mémoire de son tracé faisant du canal. sant la lumière, fontaines-oculi
référence dans sa morphologie Ces principes se développent lumineu ses couplées à des
et son écriture au vocabulaire sur la totalité de l'emprise du miroirs renvoyant aux prome-
architectural du canal et à sa boulevard et soulignent sa neurs les reflets du canal sou-
poétique. continuité. Cette linéarité est terrain éclairé, ces effets
En plan, l'emprise des chaus- rythmée par les paires d'oculi animent le boulevard, de jour
sées étant respectée, le décou- situées à l'interface du canal et comme de nuit.
page du terre-plein central - du boulevard. Elles encadrent
VERS LA BASTILLE
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DETAILS DE LA CONSTRUCTION
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PAT R C K P 0 G NAN T
Le projet Champs- l'Atelier parisien d'urbanisme, des services de l'aménage-
Élysées s'inscrit dans ment urbain de la Ville de Paris et de l'Établissement
une actualité exceptionnelle. En moins de dix ans, les diffé- public du Grand Louvre, la responsabilité d'une "mission
rents maillons du grand axe de l'Ouest parisien ont tous Champs-Élysées". Ce spécialiste de l'urbanisme parisien,
fait l'objet de projets engagés soit par l'Etat, soit par les dans le rapport qu'il remettait dès le mois de décembre
communes compétentes. 1989, proposait trois séries de mesures destinées au
Successivement, d'est en ouest, ont été mis à l'étude: réaménagement de l'avenue. Ce document ayant fait l'objet
le projet du Grand Louvre conçu par l'architecte Ieoh Ming d'une publication exhaustive (notamment dans la Revue
Pei, le réaménagement des jardins du Carrousel associé à des Monuments historiques, nO172), nous nous limiterons à
celui des Tuileries, la restauration de l'Arc de triomphe, en rappeler les mesures essentielles.
l'aménagement de la porte Maillot, la couverture de l'ave- • La remise en valeur de l'espace public, c'est-à-dire :
nue de Neuilly liée à l'extension de la ligne de métro n0 1 et, -la suppression de la circulation et du stationnement sur les
enfin, la Grande Arche de la Défense imaginée par l'archi- contre-allées, du rond-point des Champs-Élysées à l'Étoile,
tecte Johan Otto von Spreckelsen. associée à la réalisation d'un parc de stationnement souter-
Au-delà de ce dernier projet, qui réactualise le grand rain en remplacement des places supprimées en surface;
axe par sa forme même, une consultation internationale a -la réfection du revêtement de sol des trottoirs ;
été engagée au printemps 1991 pour étudier son prolonge- - la plantation d'une deuxième rangée d'arbres (du rond-
ment. Cette consultation a été remportée par le cabinet point des Champs-Élysées à la place de l'Étoile) restituant
Chemetov et Huidobro, auquel ont été associés, pour les à l'avenue sa configuration originelle;
études ultérieures , les équipes réunies autour d'Oriol - la réorganisation du mobilier urbain comprenant la créa-
Bohigas et de Roland Castro (1). Parallèlement à ces tra- tion d'une ligne Champs-Élysées.
vaux, la Ville de Paris a étudié une action de réaménage- • La revalorisation du front bâti comprenant:
ment de l'avenue des Champs-Élysées. Cela s'imposait, -la mise en place de nouvelles réglementations concernant
d'abord du fait d'un processus de dégradation déjà ancien la publicité, les enseignes et les terrasses;
qui avait entraîné un affaiblissement de la qualité de cet - l'étude de mesures qui donneraient des indications pré-
espace urbain prestigieux, cela s'imposait aussi par l'impor- cises sur les modifications de façades et de devantures des
tance des interventions réalisées le long de l'axe majeur. immeubles, et qui pourraient être inscrites dans le règle-
Il était clair en effet que l'inadéquation entre l'image ment d'une zone de protection du patrimoine architectural
de marque de l'avenue et sa réalité était devenue flagrante. et urbain (ZPPAU) à créer;
La promenade était obstruée par le stationnement de véhi- - la demande d'inscription à l'inventaire supplémentaire
cules à deux et quatre roues. Le mobilier urbain, certaine- des Monuments historiques de six bâtiments témoignant de
ment en surnombre, était disposé sans souci de composition la mémoire des Champs-Élysées.
d'ensemble. Les façades des immeubles riverains, outre leur • Une action sur les activités de l'avenue à travers :
qualité architecturale relativement disparate, étaient encom- -l'élaboration de règles susceptibles d'être incluses dans le
brées d'une signalétique lumineuse trop importante qui plan d'occupation des sols, qui viseraient au maintien, à la
banalisait la perspective des Champs-Élysées et lui portait réapparition ou à l'émergence
atteinte, et ce constat n'était, hélas! pas clos ... d'activités participant à la tra- 1 - Equipe BBAB (Bohigas,
Buffi, Ayguavives, Bouchez).
Pour toutes ces raisons, au printemps 1989, le maire dition et au prestige de l'ave- Equipe Castro , Lamy,
de Paris a confié à Pierre-Yves Ligen, ancien directeur de nue (cinémas, hôtels ...). Normier.
2 - Restitution, de part et d 'a utre de l'avenue, de deu x larges trottoirs de 21,50 m cha cun.
3 - Plantation d'une seconde rangée d 'arb res à de 9, 50 m de la première.
4 - Réduction de la quantité de mobilier urbain et disposition rig o ureu se en deux bande s fonctionnelles ,
dans l'a lignement des arbres
Mission Champs-Élysées,
annexe a u plan
d'occupation des sols.
Mission Champs-Élysées,
phasage des travaux.
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LE_SAUVETAGE DES C HAMPS-ÉLYSÉES
Li'!JREFI:.A.BILITER L'Fl:ÉRIT.A.GE
Les essences des plantations d'alignements de l'avenue proposait de "redonner à l'avenue sa dimension originelle
des Champs-Élysées ont évolué au cours des ans. En 1670, la en retraçant ce trait de verdure qui enrichira, structurera
percée originelle était bordée d'ormes. En 1756, le marquis les trottoirs et la promenade, tout en assurant une conti-
de Marigny profitait des travaux de la place Louis-XV, nuité végétale entre le jardin des Champs-Élysées et l'ave-
actuelle place de la Concorde, pour redessiner les jardins des nue de la Grande-Armée. Cette mesure permettra de se
Champs-Élysées et remplacer les ormes devenus vieux par rapprocher de la pensée de Le Nôtre, à l'heure où l'on se
des tilleuls de Hollande. En 1858, Alphand, directeur de la préoccupe de réaménager le jardin des Tuileries, une autre
Voie publique et des Promenades de Paris, substituait aux de ses créations".
plantations existantes des alignements de marronniers. Puis Le principe de restitution de la deuxième ligne de
l'une des rangées d'arbres constituant le mail primitif était plantations adopté, restait à déterminer l'emplacement et
arrachée, sans doute dans les années 1870. l'essence des arbres. Primitivement, la deuxième rangée
Dès 1920, des associations demandèrent la restitution d'arbres était située à 4 m des façades. Mais, étant donnée
de cette ligne de plantation. Ainsi, la Société historique du l'importance des réseaux enterrés, notamment les égouts
VIII' arrondissement associée aux Amis des Champs-Ély- proches des immeubles et l'emprise de 5 m des terrasses
sées, dans sa séance du 20 février 1920, considérait: fermées, il était impossible de retrouver la configuration
- "qu'il ne doit être apporté aucun changement à l'avenue des originelle, par ailleurs difficilement compatible avec la
Champs-Élysées, si ce n'est en vue de son embellissement ; proximité des façades.
- que du rond-point des Champs-Élysées à la place de Deux possibilités d'implantation étaient
l'Étoile, il existait sur des allées réservées aux promeneurs envisageables: soit un mail planté assez dense créant une
une double rangée d'arbres; allée étroite et ombragée, soit une solution proche de la
- que la rangée d'arbres du côté des maisons ayant été situation d'origine, qui éloignait les deux lignes de planta-
arrachés n'a pas été replantée ; tions ; ces hypothèses avaient des conséquences détermi-
- que cet oubli ôte à l'avenue son caractère esthétique de nantes sur le choix des essences et le sort de la ligne de
belle promenade ombragée reliant les Champs-Élysées à plantations existante.
l'avenue du Bois-de-Boulogne" ; La première solution impliquait presque nécessaire-
et émettait le vœu: ment le remplacement des arbres . Dans le cas contraire, les
- "que l'avenue des Champs-Élysées soit rétablie dans son plantations nouvelles auraient connu des difficultés de crois-
aspect antérieur par la plantation de la rangée d'arbres qui sance, et il n'y aurait pas eu, même à terme, de possibilité
lui manque". d'obtenir un mail homogène. En tout état de cause, cette
Mais c'est en 1928 que le Conseil municipal de Paris hypothèse se heurtait à la sensibilité du public, toujours pré-
décida le remplacement des marronniers par des platanes, occupé par l'abattage d'arbres de grandes dimensions.
et que 430 arbres provenant d'alignements existants furent Un plus grand écartement des plantations, solution
réimplantés sur les Champs-Élysées. qui a été retenue, autorise la conservation de la première
Dès son premier rapport, la Mission Champs-Élysées ligne d'arbres, tout en favorisant un bon épanouissement
TI
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- ,c - - .-
PAGES 74-75
Bernard Huet. architecte,
réaménagement de
l'avenue des Champs-
Élysées, plan d'ensemble.
Mission Champs-Élysées,
élévation type d'une rive
de l'avenue.
Jean-Michel Vilmotte,
designer, vue perspective
du lampadaire porte-
drapeau rI 1m de
hauteur) ; élévations
frontales et latérales des
feux tricolores et du
banc.
Les Champs-Élysées
restaurés , 9u voisinage
de la place de l'Étoile
1993, (doc. Apur).
Plan de principe du
traitement de sol.
Architectes deux trottoirs par deux carrés anthracite en remplacement revêtu en dalles (53 x 53 cm) de
ANDRÉ SCHUCH
CHRISTOPHE lUJ<ASIEWICZ
superposés, chacun de la taille du précédent, partiellement granit rose appareillées sur la
du quart du grand. Enfin , un détruit. Il est envisageable, si diagonale. Un caniveau avaloir
et autre grand carré est associé son état n'est pas trop désas- d'eaux pluviales recoupe ce
SERGE BOTEllO latéralement et calé sur l'aligne- treux, de laisse r apparent le carré à 5 m de la façade mar-
ment des façades. revêtement en pavés mosaïque quant le point le plus bas des
de granit, aujourd'hui disparu pentes transversales.
MATÉRIAUX, DIMENSIONS, sous la mince couche d'asphalte. Les arbres du mail, dont les
Le projet s'attache à préserver TEXTURES ET TEINTES La double bordure en granit racines sont protégées par les
l'unité spatiale et visuelle des La trame est constituée unifor- bouchardé rose relie la chaus- grilles en fonte de type parisien,
Champs-Élysées, que risque de mément de bandes larges de sée et le trottoir. Large de 0,75 sont entourés d'une ceinture de
mettre en péril la plantation 1,50 m formées par deux lignes m, elle est décomposée en dalles amovibles facilitant la
d'une double rangée d'arbres juxtaposées de dalles carrées paliers de 50 cm destinés à la maintenance. Afin de protéger
proche de la chaussée. Une (74 x 74 cm) en granit flammé descen te des voitures et en les arbres des détergents et du
trame répétitive assure l'unité gris clair. vraie bordure; les deux totali- sel charriés par les eaux de
transversale de la chaussée et Seule la longue bande médiane sent 35 cm de dénivelé afin ruissellement, ces dalles sont
des trottoirs, et "descend' dans de la chaussée comporte en son d'empêcher l'envahissement des inclinées systématiquement
la rue aux carrefours, offrant centre un dispositif ininter- trottoirs par l'automobile. vers l'extérieur.
une promenade continue aux rompu de marquage lumineux. Deux bandes longitudinales de Les lampadaires modèle Hittorff
piétons. La diffusion de la lumière régu- granit, espacées de 5,25 m, défi- sont replacés dans l'entraxe des
lière et modulable serait assu- nissent l'espace du mail. Les arbres, formant la rangée la
LE PRINCIPE DE LA COMPOSITION rée par une source en fibres arbres trouvent naturellement plus proche des façades. La
Le tracé : l'avenue est partagée optiques et diodes placées en leur place aux intersections des même ligne est censée accueillir
en 77 travées, réglées par une inclusions dans une lame de bandes longitudinales et trans- le mobilier urbain.
trame issue d'un tracé régula- verre de qualité aérospatiale. versales qui forment la trame Les grands lampadaires occu-
teur à base de carrés. La bande médiane et les bandes 6,75 m x 6,75 m du mail. Les pent une trame sur trois de la
Partant de l'axe de la chaussée, transversales sont engravées petits carrés (5,25 x 5,25m ) rangée d'arbres proche de la
chacune de ces travées trans- dans le revêtement actuel de la logés à l'intérieur de cette bordure de la chaussée.
versales contient deux grands chaussée. La chaussée à l'inté- trame reçoivent un pavement A. S.
carrés juxtaposés horizontale- rieur des grands carrés est en bois debout teinté vert.
ment , suivis sur chacun des revêtue d'un enrobé gris Le dernier grand carré est
L
r---:-
Les premières années 90 équipes associant paysagistes et architectes ont été rete-
auront vu le patrimoine nues au terme d'un appel de candidatures, et conviées à
vert de Paris s'enrichir de deux nouveaux parcs, souvent proposer leur version du parc urbain contemporain. Il leur
considérés comme les derniers pour la capitale. En aval de était également demandé des suggestions sur les rapports à
la Seine, dans le XV, arrondissement, le parc André- établir entre l'espace vert et les constructions riveraines.
Citroën accueille les promeneurs depuis l'automne 1992. Si les similitudes de méthode sont nombreuses, des
En amont, à Bercy, les chantiers de construction vont bon différences importantes existent entre les deux parcs ; elles
train et seront suivis par ceux du parc, dont les premiers relèvent bien sûr du travail des concepteurs, mais aussi, en
espaces devraient être accessibles au public en 1993. amont, de l'histoire et de la géographie des sites concernés.
Si chacun de ces parcs a un caractère unique, leurs Ainsi, la forme et la dimension des emprises des anciennes
genèses présentent bien des points communs et tout d'abord usines d'automobiles ont permis au parc Citroën de s'ouvrir
leurs naissances mêmes, issues de décisions du conseil de largement sur le fleuve - qu'il rejoint grâce à la mise en sou-
Paris datant du début des années 70, à la suite d'études terrain de la circulation - et de s'enfoncer profondément au
confiées à l'Apur et prenant le contre-pied des conceptions cœur des quartiers voisins. À Bercy, la faible profondeur dis-
de la rénovation des années 60. Les objectifs auxquels les ponible a conduit à réaliser un parc allongé parallèlement à
parcs devaient répondre sont également très semblables: la Seine; les importants flux de circulation des quais ont
• contribuer à la création de quartiers nouveaux, mêlant suscité le choix d'une haute terrasse protégeant l'intérieur
habitat et activités, sur d'anciens sites d'industries ou des jardins et donnant vue sur le fleuve. Si les tracés exis-
d'entrepôt, proches des limites de la ville: les usines tants, les arbres, nombreux et souvent superbes, et quelques
Citroën du quai de Javel, les entrepôts de vin de Bercy et, bâtiments intéressants ont paru prédéterminer en partie le
dans les deux cas, des terrains contigus à la SNCF; projet de Bercy, les terrains Citroën proposaient, à l'opposé,
• former des équipements à l'échelle de Paris, dans la tra- une sorte de page blanche à l'imagination des créateurs.
dition des grandes compositions ouvertes sur la Seine;
• offrir aux quartiers voisins des espaces de détente attrac- Les partis d'aménagement des ZAC Citroën-
tifs, ainsi qu'une identité nouvelle qui les valorise. Cévennes et de Bercy, dont les parcs sont des éléments
Les deux parcs sont inscrits dans des zones d'aména- déterminants, ont déjà été décrits dans de précédents
gement concerté (ZAC), associant, selon un système éprouvé numéros de Paris Projet!. Mais les concours dont ils sont
depuis longtemps à Paris, espace vert public et lotissement issus y sont inédits. Leurs résultats sont rappelés à travers
urbain. Tous deux se développent le long de la Seine et au une vision critique a posteriori.
cœur des quartiers, mais sont séparés des boulevards exté- Les deux dossiers qui suivent sont donc construits de
rieurs par de grands équipements publics et privés: la même façon: ils s'ouvrent sur un aperçu du projet de
bureaux et hôpital dans la ZAC Citroën-Cévennes, centre parc aujourd'hui, replacé dans le cadre de l'opération
d'affaire s et gare de marchandises à Bercy. Si les parcs d'urbanisme dont il fait partie ; vient ensuite une interpré-
gagnent ainsi en intimité et en animation, en revanche, tation critique des résultats du concours due à Jean-
leur ouverture vers la périphérie demeure limitée. Claude Garcias pour le parc André-Citroën et à Thierry
La même procédure a été adoptée pour la définition Grillet pour le parc de Bercy; enfin les lauréats exposent
des projets. Après des études d'urbanisme approfondies, la le s lignes de force de leur
1. Pour Citroën , n' 17 et
Ville de Paris a confié à l'Apur l'organisation de concours conception d'un parc contempo- n' 21 -22 ; pour Bercy,
de concepteurs au niveau européen. Dans les deux cas, dix rain pour Paris. n' 12 et n' 27-28
3 4
Comparaison graphique
à échelle constante des
principaux grands parcs
parisiens (doc Apur).
1. Parc André-Citroën
2. Parc de Bercy
10
3. Parc des Buttes-
Chaumont
4. Jardin
11 12 du Luxembourg
et allées
de l'Observatoire
5. Parc Monceau
6. Jardin des Tuileries
7. Jardin des Plantes
8. Jardin du Palais-
Royal
9 . Parc Montsouris
10. Square Louis-XIII
(place des Vosges)
11. Jardins
o 50 250 500 m
du Trocadéro
12. Champs-de-Mars
JEAN-MICHEL M IL LIEX
PAGE 92
Le parc est appuyé à la
limite de Paris.
Sa géométrie épouse
celle du ti ss u urbain
de cette frange du XV'
arrondissement.
Photo J.-P. Vernay,
Doc. Fr. Interph oto .
1992 .
1. Jardin b lanc
2 Jardin Noir
3. Serres
4. Péristyles d'ea u
5. Place
6. Péristyles végétaux
7. Jardins sériels / petites serres
8. Parterre
9. Cana l /nymphées
10 . Diagonale
Il . Jardin des mousses
12. Lis ière d'eau
13. Jardin des métamorphoses
14 . Porte des termes
15. Jardin en mouvement
16. Jardin des roc hes
17 . Viaduc
'"
"
"0
C
'E"
"
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o
quai existant
28.42
BERGES AMÉNAGEABLES
2,50 m à 6 °m remblai quai actuel
récupérab le à modifier
CONTINU/TÉ DU PARC PUBLIC VERS LA SEINE promenade. velos
JEAN-CLAUDE GARCIAS
Jean-Noël Capart
international SA. PAGE 104 PAGE 105
paysag i ste-u rbaniste, Arches/Parages, Pascal Catry, OMA, Rem Koolhaas
Atelier d'art urbain, architecte, François Brun, et Elia Zenghelis,
arch itecte-u rba niste, paysagiste , projet pour architectes, Claire
Cooper, Eckstut le parc André-Citroën , Corajoud, paysagiste,
Associates, architecte- plan, 1985. Marc Rumelhart,
urbaniste, Raymond ingénieur horticole,
Normand BET, projet projet pour le parc
pour le parc André- André-Citroën, plan ,
Citroën, plan, 1985. 1985.
François-Charles Debulois,
architecte, API ,
paysagiste, projet pour le
parc André-Citroën , plan ,
1985.
Alessandro Giannini et
Carlo Bruschi, architectes-
paysagistes, projet pour
le parc André-Citroën,
plan, 1985.
Comment avez-vous conçu pendiculaire à la Seine, support d'un grand espace central.
votre projet initial? En ce qui concerne l'échelle du quartier, mon objectif était
JEAN-PAUL VIGUIER. Ce parc est un parc de Paris. Et de mettre en relation la structure du parc, sa géométrie
pour cela, il fallait dès le départ que sa composition satis- architecturale, avec la texture du bâti périphérique, afin
fasse à un certain nombre de règles qui le qualifient d'éviter que ce parc soit une île déconnectée de la ville.
comme l'un des grands parcs de la rive gauche de la capi- Autrement dit, il s'agissait de renouer avec l'esprit des
tale. C'est-à-dire, d'une part, une organisation perpendicu- parcs à la française, dans lesquels les tracés étaient en
laire à la Seine, d'autre part, la mise en place d'un grand connexion avec le bâti. Ce choix a eu des conséquences
espace central , appelé "parterre", qui est un espace directes sur le projet d'immeubles de logements de Roland
dégagé; cette ouverture sur le fleuve permet, comme aux Simoun et : nous avons mis en correspondance chacun des
Invalides, au Champ-de-Mars ou au Jardin des Plantes, grandes porches des bâtiments avec l'un des axes perpendi-
d'avoir une relation d'échelle avec la capitale tout entière. culaires du parc. Quant au Ponant, qui était déjà construit,
Ensuite, à la périphérie du parc s'opère la déclinai- il a été autant que possible remis en scène par rapport au
son de ses thèmes. parc, par la création d'un rythme de plantations qui corres-
Puis, nous avons ajouté un plus à cela. Tous les grands pond au rythme architectural du bâtiment.
parcs de la rive gauche s'accrochent à la capitale parce qu'ils ALAIN PROVO ST. Je voulais à tout prix remettre en
ont aussi une correspondance sur la rive droite. Or, pour le avant l'idée de végétal, parce que les paysagistes, depuis
parc Citroën, la contrepartie rive droite du parc est bouchée vingt ou trente ans, ont surtout été amenés à combler les
par le quai Louis-Blériot. Alors, nous avons proposé plusieurs vides de l'architecture, à faire de l'espace vert au mauvais
mesures : d'abord, conformément aux directives du concours, sens du terme, dans les ZUP, pour les ZAC, etc. Depuis
relier le parc à la Seine, sans obstacle. Ce sera une première vingt ans, dans les parcs et les jardins en France, on a
à Paris. A cette fin, la voirie passera sous le parc, et les voies exclu le végétal au sens qualitatif, sophistiqué du terme.
SNCF seront mises sur viaduc. Ce dernier dispositif permet- On a oublié de remettre en avant l'idée de végétal telle
tra au public d'accéder librement au quai. Une seconde idée qu'elle existe dans les "jardins des plantes", dans la vallée
est la mise en place, de l'autre côté du fleuve, en bordure de de la Loire, par exemple.
la voie Georges-Pompidou, dans le prolongement des Ducs Dans le parc de la préfecture de Cergy-Pontoise que j'ai
d'Albe existants, d'une série de jets d'eau et de fontaines, afin réalisé, on ne voyait dans un premier temps que le minéral.
d'avoir une relation visuelle importante entre le grand parvis Mais, quinze ans après, on ne le voit plus; ce sont les volumes
des serres du parc et l'autre côté de la Seine. Ce dispositif se végétaux qui remplissent l'espace et lui donnent intérêt.
complète par une proposition de création d'une passerelle qui J'avais aussi une grande ambition sur l'eau, parce
permettrait au public et aux piétons de relier le parc avec le qu'un jardin sans eau, ça ne marche pas. Les grands jar-
XVI' arrondissement. dins ont tous des eaux remarquables. AVersailles, les gens
sont autour du grand canal ; aux Tuileries, les gens sont
Comment caractérisez-vous l'apport spécifique de chacune autour du bassin ; à la Courneuve, il y a jusqu'à 100000
de vos deux démarches au projet ? personnes dans le parc pendant les week-ends, 90% des
JEAN-PAUL VIGUIER. Une grande partie de mon travail gens sont autour des lacs. C'est essentiel pour moi, aussi
a été de donner une identité urbaine à ce parc; d'une part, avons-nous repris l'eau sous des formes très différentes:
à l'échelle de la ville et, d'autre part, à l'échelle du quartier. sous forme de miroirs, de cascades, de fontaines , de
La première approche a permis de définir l'axe majeur per- canaux, de jets, de péristyles ...
l , . ... .
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3
Comment percevez-vous le parc aujourd'hui?
JEAN-PAUL VIGUIER. L'élaboration d'un tel projet sus- Etudes infographiques du
cite des doutes auxquels nous avons voulu répondre en sta- parc André-Citroën, lors
bilisant le parc par des tracés clairs. Il me semble que la de la phase APD
1 et 2. Vues aériennes du
pertinence de ce choix se sent bien aujourd'hui. Le dévelop- parc dans l'axe de sa plus
pement de la masse végétale me surprend agréablement grande diagonale en
par sa rapidité, surtout à l'ouest, car à l'est le Ponant est champ et contre-champ.
plus fortement présent. Je crois surtout qu'un parc doit 3. Vue de la Seine.
Quelle a été la concep- y ait une adéquation entre une dynamique un peu violente
tion de votre projet lors et une esthétique. Mais l'esthétique, ici, n'est pas figée au
du concours? moment du projet, elle se confronte en permanence à l'évo-
PATRICK BERGER. En abordant ce projet, plusieurs ques- lution des végétaux.
tions se sont immédiatement posées: qu'est-ce qu'un jardin
aujourd'hui? Quelle idée de nature faut-il représenter? Comment cette idée de jardin en mouvement s'est-elle maté-
Je crois que l'idée de nature la plus pertinente à rialisée dans le projet et comment a-t-elle évoluée après le
notre époque est celle qui rompt définitivement, d'une part, concours?
avec la notion de remplissage par le végétal et, d'autre PATRICK BERGER. Dans le projet initial, le jardin en
part, avec la notion de mise en scène ou de figuration d'un mouvement était au centre du parc, et tout autour s'inscri-
lieu ou d'un temps mythique: je pense à la représentation vaient des jardins thématiques qui avaient pour objet de
par les jardins de l'Orient, de l'Antiquité, du Paradis, etc. figurer différentes forces de mouvement: le jardin des
Nous sommes arrivés à un moment où le jardin ne métamorphoses, le jardin des mutations, le jardin des gra-
peut plus figurer un monde, une histoire qui lui est exté- minées (en mouvement sous l'effet du vent) . Ces jardins
rieure, mais où il doit devenir son propre sujet de représen- périphériques constituaient le cadre même du parc et le
tation. Autrement dit, son matériau spécifique, le végétal, traitement de ses limites avec la ville. Sur les 3 côtés, se
doit lui-même se mettre en scène. A partir de ces réflexions manifestait, par ailleurs, la présence de l'eau dont les
s'est dégagée l'idée de créer un jardin en mouvement. sources étaient diverses (fontaines, coursier, canaL). Le
GILLES CLÉMENT. L'idée d'un jardin fondé sur le mou- quatrième côté du cadre était la Seine elle-même, que s'ap_
vement ne procède pas d'un déplacement de perspective, propriait ainsi le parc. Après la refonte des projets des deux
comme dans le passage du jardin classique au jardin équipes, le jardin n'est plus au centre, mais les jardins thé-
romantique, mais d'un jeu sur la vie même des végétaux au matiques et les traitement de l'eau ont été conservés. Le
sens strictement biologique du terme. jardin en mouvement a été déplacé sur l'un des côtés du
Il s'agit pour le jardinier de suivre, d'interpréter et parc dans le prolongement des jardins sériels, dont les
d'orienter le cycle des plantes, variable en fonction des séquences, constituées par les coursiers d'eau et les serres,
espèces. présentent des transcriptions végétales des sept métaux: le
Le meilleur cadre pour une telle observation est celui plomb, le mercure, le fer, le cuivre, l'étain, l'argent, l'or.
qu'offre la friche. Aussi, pour ce parc, j'ai proposé de créer
une friche en l'installant d'emblée au niveau de richesse De quelle manière, pour un tel projet, l'architecte et le pay·
floristique le plus intéressant, qui serait atteint "naturelle- sagiste travaillent· ils ?
ment" après dix ans d'abandon. GILLES CLÉMENT. Les catégories conventionnelles
A partir de là, le travail du jardinier n'est plus de architectes-paysagistes ne sont pas les bonnes. Nous ne
décider ce qui est bonne ou mauvaise herbe, c'est le mode nous sommes jamais, Patrick Berger et moi, trouvés en
biologique des plantes qui détermine l'emplacement et la position de lutte. Ça a été une rupture complète avec cette
forme des masses fleuries. Comme ce mode biologique est concurrence habituelle entre le discours des architectes et
variable, ces masses fleuries suivent toutes sortes de mou- celui des paysagistes.
vements, il en résulte une modification permanente de PATRICK BERGER. Pour moi, le végétal ne sert pas à
l'aspect du jardin. La succession des cycles biologiques doit compléter les vides de l'architecture, et le travail du paysa-
être gérée pour mériter l'appellation de jardin: il faut qu'il giste ne sert pas à accompagner celui de l'architecte.
PIE R R E M CHE L O N
Le futur parc de Bercy qui en fait un "monde à part" dans la ville, dont il fallait
n'a trouvé sa définition absolument garder la mémoire et le caractère.
précise qu'après la réalisation du Palais Omnisports et du Le site offrait donc un potentiel pour de futurs amé-
Ministère des Finances et l'adoption des plans des opéra- nagements, et sa morphologie suggérait des lignes de force
tions d'urbanisme qui l'entourent. Pourtant l'idée de créer pour la composition; mais il était nécessaire d'en interpré-
ce parc, retenue par la Ville de Paris depuis le début des ter les données dans de nouvelles écritures architecturales
années 70, a été déterminante pour toute la conception de et urbaines.
ce nouveau quartier du XII' arrondissement de Paris!. Elle
constitue aujourd'hui le fondement essentiel de son organi- LA RECHERCHE Dès le début des études,
sation spatiale. D'UN SYSTÈME il est apparu que le nou-
veau quartier de Bercy
LES DONNÉES Les directives édictées devait traduire une double appartenance : celle, atypique,
DU P ROJ ET par le schéma du secteur aux entrepôts de vin et celle, plus habituelle, au tissu
"Seine sud-est" adopté urbain parisien dont il devait former le prolongement. La
par le conseil de Paris en 1973 et reprises par le SDAU de question était de savoir comment les différents consti-
Paris en 1975 étaient succinctes: un parc entouré d'un tuants urbains existants ou à créer (masses bâties, jardins,
quartier d'habitation et d'activités, avec l'implantation voies publiques, découpage parcellaire) cohabiteraient dans
d'un grand équipement public au voisinage du boulevard une conception d'ensemble qui marquerait cette double
de Bercy, à l'articulation avec le pôle tertiaire de la Rapée. appartenance. Pour la constitution d'un morceau de ville
En revanche, les données du site - et particulièrement aussi important et aussi complexe, dont l'aménagement
celles des entrepôts de vin - étaient prégnantes et très devait s'étendre sur plusieurs années, il était également
explicites. indispensable que le système urbain choisi soit à la fois
En effet, Bercy, plus que bien d'autres territoires à suffisamment fort pour résister aux données conjonctu-
réaménager dans la capitale , est d'abord un lieu riche relles de l'aménagement (évolutions du programme, fluc-
d'histoire: en premier lieu, celle du paysage rural qui cou- tuations économiques, nouvelles techniques, expressions
vrait la plaine de Conflans au Moyen Age, puis celle des architecturales) et suffisamment souple pour les accepter
hôtels particuliers et de leurs jardins qui se sont implantés sans rien perdre de ses qualités et de sa spécificité.
dès le XVII' siècle le long de la rue de Bercy; ensuite, celle Une autre donnée majeure du site était son
des entrepôts de bois qui se sont installés le long de la enclavement dans les faisceaux ferroviaires qui le bordent
Seine et progressivement développés à l'intérieur du site; au nord-est et au sud-est. Le projet devait répondre à cette
enfin, celle des entrepôts de vin, arrivés à partir du XVIII' contrainte en prévoyant autour du parc des programmes
siècle, et qui se sont maintenus jusqu'à nos jours. mixtes et d'une dimension suffisante - qu'il s'agisse des
Bercy a donc une forme très spécifique , qui est logements ou des activités économiques - pour qu'ils soient
l'expression de ses différentes périodes historiques d'évolu- capables d'apporter une réelle animation urbaine aux quar-
tion ; leurs traces se sont superposées, chacune reprenant tiers nouveaux. C'est d'ailleurs pour ce motif - et aussi, bien
des données de l'occupation précédente, sans jamais l'effa- sûr, en raison de l'importance des terrains disponibles - qu'il
cer complètement. Outre une couverture végétale très avait été imaginé dès les années
importante - plus de 500 arbres de haute tige, pour la plu- 70 d'accueillir à Bercy des équi- 1. Voir aussi Paris Projet
part des platanes - , Bercy présente ainsi un tissu original pements à fort rayonnement. nO27-28.
1.
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' - - -- - - - - 4 ---""----- - -.....: :....--- - - ----.:===-------...:....::::..:::::
11261 LE P ARC D E BE R C y E T SO N 0 U AR T 1 E R
DE-V:X: N"O-VVEA-V:X: PARCS .À P A R I S
PAGE 126 - 127 en ro u ge ce ll e de
1. Le r ésea u des vo ies l'urba ni sa ti o n d es XIX' et
ava nt la co n stru cti o n du XX ' sièc les . 4 . Muri el Pagès, étud e d es imm eubl es d e
POPS (1 9 7 8 ). La trame es t pour la vo iri e du lo g em ents,
co n stitu ée selo n d eux 2 . Les pl antations quarti er d e Sercy, d ét a il s fragm entati o n du
lo gi q u es, app art e n ant exista ntes ava nt la de ca le pin age d e so l, lin éa ire d e f aça d e,
ch acun e à d eu x é p o ques co nstru cti o n du POPS 199 1. am én ag em ent de j ardins
différe n tes . en rose, (1 9 78 ). au cœ ur d 'îl o t s ou ve rts,
ce ll e h éritée d es j a rdins 5 . Jea n -Pi erre Suffi , d e m ani ère à dilater
a ri st oc ratiqu es du XVII I' 3. Le loti ssem ent et le p arc, arc hitec t e: prin cip es l 'empri se du p a rc d an s la
sièc le et fig ée p a r les t e ls qu e préfigurés p ar les p o ur la coo rdinati o n profond eur d es qua rti ers
l o tissem ents du xVII I', docum ents administratifs. urba in e et architec tural e d'h a bitati o n .
~- ...
~-
~
'i-- I_'~
ET DE CONTRAINTES
'~"---
_ . _ EIM'RISEFAIS"'NTL'OQJETOELACONSU-TATlON
~ FONTAINE-SCULPTURE PREVUE
= ::::::J P"$SEJIEU.EEN'IISAGEESURLASE!NE
T H ERR Y G R L LET
~'
.. t
C ON COU R S P O U R lE P AR C D _E BE R C y 11351
DE'U:X: N'O'UVE.A.'U:X: P.A.R.CS .A. PA.R.IS
.-r- -- -:"Ç('..q.~~~?> " '
. \ . \;,~~-~~
Les concepteurs
s'attachent à conserver
la trame du parcellaire
ancien, le long d'une
large diagonale qui
fédère les espaces qui
s'y inscrivent. Ce travail
s'appuit sur une
certitude: "au-delà des
nostalgies passéistes,
la fragmentation du lieu,
la présence presque
physique du temps,
la friche sont autant
d'éléments qui ancrent
ce terrain dans notre
époque et permettent
de développer un projet
moderne".
Jacques Coulon ,
paysagiste,
Bertrand Damagnez,
\ architecte, projet pour
le parc de Bercy, plan,
1987 .
Les directives
recommandaient de
composer avec les traces
et tracés antérieurs' ;
c'est avec le sol originel
(la "plaque") que
compose ce projet.
Le geste héroïque de
soulever la voie Georges-
Pompidou pour ouvrir
l'accès à la Seine est en
partie contredit par la
pésence sous la voie
express de nombreux
équipements liés au parc,
qui entravent le passage .
11381 CO N CO U R 5 P OU R LE P ARC D _E B E R C y
DE"LTX N"O"'LTVEA"LTX PAR.CS A PAR.IS
du parc ... "), de Huet, avec sa trame et, en partie, de LE POIDS Mais au-delà des néces-
Coulon, adossé à son système de promenades à trois DES DIRECTIVES saires modes de présen-
niveaux. Avec ses dix réponses à la même question qui sont tation rhétorique, Bercy
jugées à la mesure de leur virtuosité, entre figures libres fixe les aspirations des hommes de l'art en ce qui concerne
(textes et dessins) et figures imposées (plans, ph as ages et la place des jardins dans la ville. Eclats de paysage pasto-
estimations) et ces partages qui matérialisent les ,lignes de ral, espaces verdoyants, espaces verts, dernière concrétion
front dans cette communauté, la consultation a des allures de la ville? De quoi sera fait le parc ainsi niché dans la
de véritable "disputatio". capitale? Les dix paysages proposés tentent de répondre
Les architectes-paysagistes prennent, en effet, leurs en traquant le concept à l'échelle locale du site. Le nez sur
marques sur le terrain. D'un côté, les "arpenteurs", double le papier. Le conceptuel fait rage dans le pré-carré de ce
décamètre en main, équerre et références néocubistes en parc périmétrique ... mais sans dégager une conception
tête. Mondrians du paysage, ils récurent le terrain, jusqu'à générale qu'il revient finalement aux seules "directives
ce que la structure soit à son zénith, et le réseau en place. d'aménagement" d'exprimer. Comptables des contraintes
Les autres, de leur côté, se concilient les forces internes matérielles, économiques ou physiques, table des lois, ces
aux formes. Ces "chamans" domestiquent la matière en la dix commandements font une première lecture du site.
nommant, la baptisant, jusqu'à la couvrir d'une épaisse Pour reprendre des catégories chères à la scolastique qui
croûte symbolique. Sarfati profite d'ailleurs de cette tri- avait établi quatre types de lecture (littérale, morale, allé-
bune pour mettre en boîte, sinon en scène, dans une fiction gorique et anagogique, c'est-à-dire qui conduit à un sens
parodico-naïve, l'improbable visite, dans le jardin qu'il est supérieur), les directives tirent du site et de la situation le
en train d'élaborer, d'un spationaute nommé Mitchum, Bien et le Mal, ce qu'il faut faire, comme ce qu'il faut inter-
figure à peine camouflée (Tschumi) de celui qu'il représente dire. Lecture morale donc, compliquée par l'aveu d'une
comme le handicapé du sens de la courbe ... "intention", qu'elles soufflent sur le mode feutré de la
Projet lauréat.
Marilène Ferrand, Jean-
Pierre Feugas, Bernard
Huet et Bernard Leroy.
architectes , lan Le Caime,
paysagiste, projet pour le
parc de Bercy, plan ,
1987 .
Ces "jardins de la
mémoire " sont tissés
autour d'une trame
régulière, axée sur le
Palais Omnisports, qui
met en valeur les traces
pittoresques des
occupations antérieures
et prolonge le parc et le
1J~ ~ t~I.
, ~===
quartier l'un dans I·autre.
A grande échelle, le parc
cno======iv
... "",,=====
'"'' est flanqué d'une
terra sse, v éritable
ouvrage d'art. A petite
échelle, des ambiances
contrastées s'inscrivent
dans les carrés de la
trame.
C O N c ou R S P OU R L E P A RC D _E BE R C y 11391
I>ETJX N'OTJ'VE.A.TJX P.A.R.CS .A. P.A.R.IS
1140 lCONCOURS, POUR LE PARC DE BERCY
DE"LJX N'O"LJ"VE.A"LJX P.ARCS A P.ARIS
Guido Ferrara,
paysagiste, Giancarlo
Mazzanti , architecte,
projet pour le parc de
Bercy, plan, 1987 . Projet
ayant obtenu une
mention spéciale .
Reclus derrière un e
enceinte et dominé par
des tourelles , le parc
évoque le croisement
d'une composition
pittore sque anglo-
saxonne et d'un
irréductible village de
Bercy. Un paysage
immobil e cerné d e
réseau x et de
mouvements .
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1 cours du fleuve, Bercy, dans un Est où se sont multipliés (Colboc) ? Doit-on seulement constater le fait ou constituer
Francis Nordemann,
architecte, Bet Gali,
paysagiste, projet pour le
parc de Bercy, plan,
1987 .
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Somorjay, architecte,
London Landscape
Consortium, paysagiste,
projet pour le parc de
Bercy, plan, J 987.
Le pittoresque anglo-
saxon interprété à la
française est mêlé
d'imagerie villageoise.
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Il donne au parc un
aspect agréablement
contrasté, dans l'équilibre
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des espaces clos et
dégagés. Ce caractère
intimiste isole cependant
le parc du quartier qui
l'entoure .
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Laurence Vacherot ,
paysag iste, Jean-Marie
Charpenti er, architect e,
proj et pour le parc de
Bercy, plan , 198 7 ,
Les concepteurs
proposent une
transformation du site en
profondeur et
l'in stauration de
nou vea u x é quilibres,
Il s s'a ppui ent en cela sur
une certitude ainsi
é noncée: "Cette imag e si
c ha rmante qu'elle so it ne
p eut etre gérée sans
ac tivité compatible et l e
nouvel objet du parc
public rend beaucoup de
choses poss ibles sauf
d 'a boutir à un lieu
d'a bandon , La réa lité de
Bercy n' est pas
reconstructibl e sauf à
tomber dans la restitution
ethnologiqu e des
ex po sition s universell es
du début de siècle."
Marilène Ferrand,
Jean-Pierre Feugas,
Bernard Huet
et Bernard Leroy,
architectes, lan Le Caisne,
paysagiste, projet pour le
parc de Bercy, vue
p ers pective, ) 987 .
REALISER,
,/
GERER
L'ESPACE
PUBLIC
J
1
,,
l
FRA N ç 0 s o Z A N N E
LE RENOUVEAU Paris s'est embelli tout A cette question l'analyse de la notion d'espace
DE L'ESPACE au long de son histoire. public aide à répondre.
PUBLIC Créer des perspectives, L'espace public a trois visages, trois raisons d'être.
mettre en valeur les plus C'est d'abord l'espace de la ville ; il permet sa lecture, sa
beaux bâtiments, offrir aux habitants jardins et prome- respiration, sa mise en valeur, son existence même: une
nades, créer des lieux de rencontre et de sociabilité sont somme de bâtiments n'est pas une ville. L'espace public de
autant d'expressions d'une volonté politique permanente, l'urbaniste. Un espace qui a des points forts, les points
plus ou moins féconde suivant les périodes. d'orgue du plan urbain, tout en gardant une grande unité.
Depuis les années 60 cependant, avec l'accroissement Face à la diversité du bâti, il affirme, dans les plus belles
de la mobilité urbaine et sous la pression de l'automobile, villes, une cohérence d'ensemble et reflète une personnalité.
l'espace public n'a souvent montré que la partie de son C'est ensuite, bien sûr, l'espace de la voirie; la ville
visage conçue et aménagée pour les déplacements. Paris a respire, mais elle bouge aussi. Elle est irriguée, drainée,
engagé un très important programme d'infrastructures de accessible par le sol et par le sous-sol. La circulation,
transport, ferroviaires ou routières. Mais le boulevard péri- l'accès des immeubles, le passage des réseaux constituent
phérique, s'il est grand et bel ouvrage d'art, n'est pas un aujourd'hui des contraintes fortes. C'est l'art de l'ingénieur
espace public. de les prendre en compte, de les maîtriser en respectant
La municipalité parisienne a maintenant renoué tous les usages et usagers de la rue, de trouver les
avec la tradition. Le renouveau de l'espace public s'est meilleures solutions d'aménagement. Il faut le recon-
d'abord traduit dans l'aménagement de rues piétonnes, de naître: dans la ville moderne, l'explosion des déplacements
places et de placettes de quartier, en réponse aux aspira- a peut-être trop marqué le visage de la ville.
tions les plus immédiates des Parisiens. C'est enfin l'espace des riverains, celui de la vie de
Des opérations prestigieuses ont également été réali- quartier, des rencontres, des échanges, du commerce. C'est
sées: le traitement de la place de l'Hôtel-de-Ville, la réha- l'espace forum. Un forum équipé car, en s'appropriant ce col-
bilitation de l'esplanade des Invalides, la transformation lectif urbain, le citadin veut y trouver confort et services :
de la rue de Lutèce, la création de la place de la Catalogne, bancs, fontaines, téléphones, corbeilles de propreté et toi-
la restructuration de la place de Stalingrad ont marqué lettes, kiosques à journaux, informations de toutes sortes ...
fortement la ville tout entière. Dans le quartier où il évolue et où vivent ses enfants, le rive-
Aujourd'hui, le mouvement s'amplifie . Pour sa rain demande une circulation contrôlée et des trottoirs pour
deuxième mandature, Jacques Chirac a voulu un pro- les piétons, impliquant barrières et obstacles divers.
gramme d'opérations aussi remarquables que les Champs- Il souhaite, enfin, trouver dans la rue le jardin qui
Elysées, le quartier Montorgueil , le boulevard lui manque. Avoir devant sa porte ou à proximité des mor-
Richard-Lenoir, l'avenue d'Italie, la place des Fêtes ou la ceaux de nature : de l'eau, des fleurs et des arbres. Il y a
place Vendôme, sans même parler des nouveaux ouvrages trente ans, des urbanistes concevaient des dalles piétonnes
comme le futur pont Charles-de-Gaulle. sans voitures et sans arbres. Aujourd'hui, les citadins
Dans les grandes zones de rénovation, la création de demandent des rues plus traditionnelles, avec des arbres
nouveaux espaces, jardins ou places publiques, participant à et, si possible, peu de voitures.
l'embellissement de la ville et au bien-être de ses habitants, Ces trois visages se superposent, les traits de l'un ou
s'inscrit dans une logique urbanistique traditionnelle. Mais de l'autre étant seulement plus accusés, ici ou là. Aussi,
pourquoi repenser les Champs-Elysées ? gardien de cet espace, l'ingénieur doit-il être à la fois urba-
V Ol E P UB Ll O ~ E À
D EL A L ' E 5 P AC E ~ U B L i e 11611
CON"CE"VOIR., R.E.ALISER., GER.ER.
niste, pour mieux comprendre la ville, sociologue et com- Beaucoup de rues et de boulevards souffrent, dans ce
municateur, pour mieux comprendre ses habitants. monde rapide, d'une évolution défavorable des immeubles
Il y a cependant, dans ce triple visage, des germes de riverains et de leur fréquentation. On peut imaginer qu'à
risques et de dangers. Il y a d'abord une certaine contradic- l'inverse un traitement de choc d'un espace public puisse,
tion entre l'espace de la ville, unique, reflet d'une histoire, s'il est réussi, entraîner une valorisation du tissu urbain
d'une culture faite d'habitudes, de matériaux locaux et attenant. S'il ne faut se tromper ni de diagnostic, ni de thé-
d'une longue expérience technique, et l'espace des riverains, rapie, il y a là une méthode de traitement intéressante,
tendant à l'hétérogénéité, à une adaptation locale trop mar- une forme de réhabilitation indirecte.
quée, donc à une perte d'identité. Le danger existe d'une Plus modestement, la construction d'un parc de sta-
ville non affirmée et trop éclatée, d'une gestion difficile. tionnement souterrain doit être conçue comme une remise
Il y a aussi le risque lourd d'un encombrement pro- en ordre d'une situation peu satisfaisante de la circulation
gressif de l'espace public: trop de voitures, trop d'obs- et du stationnement.
tacles , trop de commerces , trop de mobilier, trop Plusieurs des grandes opérations en cours entrent
d'informations et de publicité ... Surprenante et inquiétante dans cette double logique de la réorganisation d'espaces
est cette évolution, en quelques décennies. A l'équilibre trop encombrés et de l'action thérapeutique sur des sec-
d'antan de la rue parisienne s'est substitué, sous l'emprise teurs malades. Le réaménagement des Champs-Elysées et
des nécessités, au pis, un certain désordre, au mieux, une la création du quartier piéton Montorgueil en sont deux
recherche qui lui a fait perdre de sa pureté initiale ; exemples types.
Il y a enfin le risque d'identification d'un espace mul-
tiple à un seul de ses visages. La déviation la plus courante UN PROJET Au cours des dernières
est son annexion par la voiture, la rue n'étant plus que GLOBAL années, nombre d'aména-
passage ou garage . Mais il y a aussi d'autres formes gements ponctuels ont
d'annexion : antichambre du domaine privé, l'espace public été réalisés par la Direction de la voirie, dans le cadre de
perd sa raison d'être et sa noblesse. ses anciennes structures. Elle l'a fait avec les concours de
l'Atelier parisien d'urbanisme et de la Direction de l'amé-
UN PROJET L'espace public évolue nagement urbain - en particulier son ex-cellule du mobilier
POUROUOI ? donc. Il évolue, parce urbain - et celui d'architectes privés.
que, prise dans le vertige Ce qui a conduit tout naturellement la voirie à créer,
de la métamorphose de cette seconde moitié du XX' siècle, la en son sein, auprès de la section des projets, une mission
ville se transforme rapidement. Il évolue aussi, parce que, architecture et environnement. Soulignons, à ce sujet, la
sans cesse, il est menacé d'annexions. Il convient donc de le fécondité d'un échange de tous les jours, sur le bureau ou
surveiller et, si nécessaire, de repenser son aménagement: la table à dessin, entre architectes et ingénieurs.
- soit parce que celui-ci ne correspond plus au nou- En 1989, le lancement d'un important programme de
veau caractère du quartier. Il faut alors réadapter l'espace parcs de stationnement a néanmoins posé le problème de
public à son environnement et, peut-être, à cette occasion, l'adaptation des structures. En effet, la construction de tels
créer un nouveau point fort, ayant lui-même une influence ouvrages de génie civil sous la voie publique est, quoi qu'on
sur l'évolution des abords. L'aménagement de la place de fasse, traumatisante. Pour être harmonieuse, son intégra-
Stalingrad et du bassin de la Villette en est une parfaite tion exige une étude d'impact portant sur la circulation et
illustration. Situé dans une ancienne zone d'entrepôts et le stationnement de surface, mais aussi sur le réaménage-
d'installations portuaires et ayant perdu sa raison d'être, ment de l'espace public autour du parc. La greffe doit être
cet espace a été traité en une perspective urbaine très réussie, sans risque de rejet.
forte, à la fois culturelle, conviviale et ludique, marquant Malgré la spécialisation des services de voirie - voie
et animant un quartier transformé; publique , stationnement, circulation ... - , la cohérence
- soit pour lutter contre le trop de tout : il faut d'ensemble et l'acceptation des projets ont pu être assurées
mettre de l'ordre dans un espace trop encombré, comme on grâce à la création de structures de concertation et de déci-
range sa maison . Opération délicate, car les "mobiliers sion : groupe de travail Apur-Directions de l'aménagement
urbains" ne sont guère mobiles et les divers utilisateurs de urbain et de la voirie et Commission spéciale des opéra-
l'espace public savent faire valoir leurs droits; tions immobilières. Mais , parallèlement, une nouvelle
- soit enfin parce que, s'il y a symbiose entre espace génération d'opérations a changé les échelles. La première
public et espace privé, il y a évolution parallèle et donc, concernait la porte Maillot, mêlant une vaste rénovation
quelquefois, dégradation de l'un sous l'effet de l'autre. privée à un important réaménagement de l'espace public.
la place de Catalogne et
le terre-plein miroir du
sculpteur Shama'! Haber ;
le réaménagem ent de la
place St alingrad , Bernard
Hu et. architecte.
François Ozanne
Directeur de la voirie
de la Ville de Paris
1166 1 D E
LA VO I E P UBLIOU_ E À L · ESPA CE ~U BLI C
CON"CEVOIR, RE.A.LISER, G E R E R
LE PROPRE
DE L'ESPACE PUBLIC
Quelles sont les diffé- nettoiement du pavé et des murs parisiens, jusqu'à l'élimi-
rentes missions de la nation des déchets par la mise en décharge ou l'incinéra-
Direction de la protection de l'environnement? tion et, progressivement , par la réutilisation ou le
Nos missions consistent à gérer et développer un recyclage de certains matériaux. Nous voulons développer
certain nombre de moyens techniques pour protéger les au maximum l'incinération afin de réduire au strict néces-
éléments naturels qui sont l'eau, l'air et le sol. saire ce qui doit être enfoui, et cela dans des conditions de
Notre première mission consiste à garantir l'eau à la sécurité qui évitent toute pollution du sol.
majeure partie de l'agglomération parisienne. C'est ainsi
que nous gérons les barrages réservoirs en amont de Paris. Directement ou indirectement, toutes vos activités concer-
Il ne faut pas oublier que les 2/3 de l'eau potable de l'agglo- nent l'espace public. Comment votre direction travaille-
mération viennent de la Seine et de la Marne, ce qui est t-elle avec les autres directions de la Ville de Paris qui
énorme et représente une vulnérabilité considérable dont interviennent sur cet espace, et en particulier avec celle de
les barrages nous protègent partiellement. Par ailleurs, la l'aménagement urbain, qui joue un rôle de coordination?
Ville de Paris a sous-traité l'ensemble du dispositif de pro- La DAU est, bien entendu, un partenaire privilégié
duction, de transport et de distribution de sa propre eau avec qui nous collaborons activement. Les innovations
potable, et nous sommes les "tuteurs" des sous-traitants. techniques que nous étudions ensemble pour la ZAC Seine
Nous gérons aussi les canaux, propriétés de la Ville de rive gauche illustrent cette collaboration: il s'agit de
Paris, dont le plus ancien, celui de l'Ourcq, a été créé à l'assainissement pluvial, de galeries techniques et d'un
l'origine pour apporter de l'eau à Paris. Nous avons égale- système de collecte pneumatique des ordures ménagères.
ment la responsabilité de l'assainissement dans la ville, et Les autres partenaires importants sont la Direction
nous gérons directement les égouts; pour l'agglomération, de la construction et du logement, la Direction de la voirie
nous avons en charge le système d'assainissement, ainsi et la Direction des parcs et jardins. Avec la Direction de la
que le grand réseau de transport des eaux usées vers les construction, nous mettons au point des mesures qui peu-
stations d'épuration. Nous réalisons également des vent se traduire dans différents règlements ou prescriptions
ouvrages considérables, comme la station de Valenton et la techniques applicables aux immeubles. Ainsi, nous suggé-
future station de Colombes. rons d'intégrer dans les dispositions relatives aux permis de
Pour l'air, la Mairie de Paris a créé, en 1990, une mis- construire des prescriptions concernant les locaux collectifs
sion air et silence dont la responsabilité a été confiée à la communs, c'est-à-dire les locaux vide-ordures ou à pou-
DPE. Cette mission doit essayer de coordonner les innom- belles, afin qu'ils soient suffisamment vastes pour tenir
brables autorités compétentes en matière de pollution atmos- compte de l'augmentation du volume des déchets.
phérique et de bruit, et elle doit proposer des mesures pour Nous préparons aussi des directives en matière de
diminuer ces pollutions. Nous avons donc des recherches en ravalement antigraffiti, de prévention des pollutions
cours sur les nouveaux carburants, sur la dépollution des domestiques, de protection phonique.
moteurs Diesel, sur les modes de chauffage, etc. Avec la Direction de la voirie, du fait même de son
En ce qui concerne les sols, notre mission consiste champ de compétence, les exemples de coopération sont
globalement à traiter les déchets qui aboutissent toujours, multiples. Actuellement nous expérimentons ensemble des
sous une forme ou sous une autre, dans le sol. Ce qui revêtements de sol silencieux, et nous réfléchissons sur
implique une chaîne d'activités depuis la collecte quoti- l'assainissement pluvial des voies rapides et les conditions
dienne des ordures ménagères - 3 500 tonnes par jour -, le du développement du véhicule électrique.
11681 LEP R 0
PRE D E : ' E SPA C E P ~ B L I e
CON"CE"VOIR, REA.LISER, G E R E R
Nous nous intéresserons aussi aux macadams propo- gés d'inventer des engins microscopiques. Ce sont de véri-
sés ou aux revêtements de la voirie: il serait dommage de tables petites usines sur quatre roues qui aspirent, lavent,
créer de belles surfaces agréables à l'œil au moment de la brossent et ne se renversent pas (en principe !) mais qui ne
livraison mais très difficiles à nettoyer en raison de la sont pas amortissables par une fabrication en série, du fait
consistance des matériaux utilisés. de leur adéquation à un type très particulier d'espace.
Dans un tissu urbain hétérogène et complexe tel que celui Un projet de développement tel que celui de Seine rive
de Paris, votre action peut-elle être systématique ou appré- gauche est-il l'occasion de repenser votre approche de la
hendez-vous chaque espace de manière spécifique? création d'espaces publics ?
Il faut dire que nous devons assurer la propreté de Pour nous, Seine rive gauche est l'occasion de pro-
l'espace public quel qu'il soit, aussi bien les rues étroites grès techniques significatifs. D'abord, nous cherchons à y
du Marais et les rues encombrées du Sentier que les larges mettre en place, autant que faire se peut, un réseau
avenues des quartiers haussmanniens ou les dalles des d'assainissement séparatif de façon à éviter les inconvé-
XIII' et XV, arrondissements. L'héritage historique dans nients de la pollution des eaux pluviales. Avec ce réseau,
une ville comme Paris est incontournable. des bassins de rétention pour les flux d'eaux pluviales
Mais cette hétérogénéité est un vrai problème, parce qu'elle seront créés.
empêche la fabrication en série des engins de nettoiement. Ensuite, nous voudrions que Seine rive gauche per-
Prenons l'exemple des quartiers anciens: nous sommes obli- mette de créer une ou plusieurs galeries techniques, afin
11721 L AN A T U RE E T _L . E SP A CE P ~ 8 Li e
CON"CEVOIR, REALISER, G E R E R
Plusieurs débats ont eu lieu récemment autour des ques- listes de grand renom, Le comité fournit des avis au maire
tions d'abattage d'arbres, A l'occasion des réflexions qu'ils pour éclairer ses décisions,
ont suscitées, n'y a-t-il pas eu une évolution du point de vue Les débats récents sont venus confirmer une ten-
de votre direction vers une prise en compte des végétaux dance qui marquait déjà les réflexions de la Direction des
plus attentive aux individus, aux arbres comme des sujets parcs, jardins et espaces verts depuis quelques années et
distincts? Et cette nouvelle vision va-t-elle modifier demain qui a fait évoluer notre appréciation du patrimoine végétal.
les projets ? Est-ce sous l'influence d'une pensée écologique elle-
C'est vrai, il y a eu débat autour des abattages même en évolution? Toujours est-il que nous tentons de
entraînés par quelques projets de parkings, d'infrastruc- gérer ce domaine avec une précision et une rigueur
tures ou de constructions, Ces projets, tous importants accrues, J'illustrerai ce propos par quelques exemples : à
pour l'évolution de la ville, ont été systématiquement Bercy, tout d'abord, le Comité scientifique de l'arbre a
réexaminés afin de limiter, dans toute la mesure du pos- recommandé que soient conservés certains spécimens
sible, les abattages d'arbres, particulièrement quand il considérés comme exceptionnels, à la manière de véritables
s'agit de sujets intéressants, monuments historiques, En revanche, dans le cas d'une
Je tiens à rappeler que ces débats ont conduit le surdensité végétale qui mettrait en péril l'ensemble d'un
maire de Paris à mettre en place le Comité scientifique de groupe, on pourrait imaginer que le Comité suggérerait
l'arbre, organisme indépendant des services de la Ville, qui d'abattre certains individus, ou de les déplacer, afin de pro-
regroupe sous la présidence de Gérard Bory des spécia- téger ceux qui seraient en meilleur état, Par ailleurs, dans
POLICE
U N E S P A CEP 0 Li e É 11751
CO:N"CE"VOIR, RÉ.ALISER, G É R E R
L'ESPACE PUBLIC EST MOINS particuliers ou les autocars de tourisme, etc. Faute de cette
UN OBJET D'ART QU'UN CADRE DE VIE complémentarité s'instaurera rapidement une pression,
La relation entre l'espace public et l'espace privé est dont il sera parfois difficile de contester la légitimité, en
fondamentale. Le Pavillon de l'arsenal accueillait récem- vue du détournement de la voie publique vers d'autres fins
ment une exposition sur "Europan", appel d'idées européen que la circulation.
pour des architectures nouvelles. Le thème était: "Habiter Comme le sang, la circulation irrigue les différents
la ville: requalification de sites urbains", et le texte de pré- éléments du corps de la ville. Elle ne remplit son rôle que
sentation invitait à repenser la relation de l'habitat avec si ce mouvement perpétuel n'est pas interrompu. Il faut
les autres composantes de la ville: "Quelles relations doit- donc veiller au bon état des artères, ne pas tolérer leur
il tisser avec les autres fonctions urbaines - travail, loisirs, rétrécissement ni la formation de caillots. A cette fin, il
circulation? Quel rôle les espaces publics jouent-ils dans ce faut doser les interventions en évitant, s'il se peut, le
processus? Quelle forme et quel statut leur donner ?" recours à la chirurgie. L'autorité de la police doit adminis-
Le citadin franchit sans cesse la frontière entre ces trer les anticoagulants indispensables sous leur forme
deux espaces. La porte de son immeuble, l'entrée de son réglementaire comme, hélas! répressive.
lieu de travail ne marquent pas pour lui une discontinuité. L'espace urbain est un milieu fragile. On n'y intro-
Il est fondé à trouver dans l'espace public, que d'autres ont duit pas impunément un élément nouveau, comme cela a
façonné pour lui, l'attention à ses besoins et le respect de été le cas pour la voiture automobile. L'ethnologue pourrait
ses désirs. Comme dans sa maison, l'homme est chez lui y voir un bouleversement de même nature que la création
dans l'espace public. Ce n'est pas d'abord un objet d'art, d'un aérodrome dans une forêt vierge. L'intrusion de cet
c'est un cadre de vie, dont la définition doit être marquée instrument de liberté et de contrainte pour nos comporte-
par une volonté de coexistence sociale. ments a provoqué dans la ville un déséquilibre aux consé-
quences incalculables. Il convient de le maîtriser.
CERTAINS USAGES LÉGITIMES
DE L'ESPACE PUBLIC SONT PRIORITAIRES IL N'APPARTIENT PAS À LA SEULE POLICE
Il faut dans la définition de l'espace public urbain DE DÉFINIR L'ESPACE PUBLIC
beaucoup de modestie, une petite part d'utopie et énormé- Le rôle de l'autorité de police vis-à-vis de l'espace
ment d'empirisme attentif au réalisme quotidien. Le risque public est double: d'abord, donner un avis sur sa définition,
majeur est d'oublier la finalité propre de l'espace public, de qu'il s'agisse de rénover un espace existant ou de créer
l'en détourner. Un parc est destiné à la promenade, non à la exnihilo un nouvel espace public; ensuite, en contrôler et
fête foraine. Un bois n'est pas un parc de stationnement faire respecter l'usage.
pour autocars. Une avenue ne peut être transformée en par- La conception de l'espace public relève des élus, des
cours de golf, même pour la promotion du sport. Un trottoir urbanistes, des architectes. Les citoyens de manière directe
n'est pas un lieu d'exposition commerciale. Les "créateurs et leurs associations y participent également dans une
d'événements" sont très habiles à inventer des utilisations concertation bien organisée. L'autorité de police garantit
paradoxales de l'espace public, tentantes par leur nouveauté seulement l'usage que la loi a affecté à l'espace public. Elle
alors qu'il faudrait revenir à l'essentiel, l'usage défini pour joue ce rôle sous le contrôle permanent du juge, protecteur
l'espace public, et s'y tenir. Les piétons doivent être les utili- des libertés publiques, avec les moyens qui lui sont
sateurs privilégiés de l'espace qui leur est destiné. propres, réglementation, dissuasion, voire répression. Ils
ne sont pas toujours populaires, l'assujetti perdant de vue
LA CIRCULATION EST L'UNE qu'ils sont au service de l'intérêt général.
DES UTILISATIONS ESSENTIELLES DE L'ESPACE PUBLIC Parmi les ambitions haussmanniennes, on a long-
Certes, entre toutes les utilisations concurrentes temps, avec ingratitude, oublié l'essentiel: la volonté
imaginables pour l'espace public, il faut parfois des compro- d'embellir, d'assainir la capitale, d'y faciliter la circulation.
mis. La pratique donne des exemples courants de cet arbi- On a retenu l'encouragement à la spéculation immobilière
trage, qui doit cependant demeurer limité. Mais, pour que et une certaine stratégie du maintien de l'ordre où les
l'espace public urbain puisse retrouver sa finalité essen- grandes percées permettaient tirs d'artillerie et charges de
tielle, c'est-à-dire la circulation, il convient qu'existent à cavalerie. La confusion entre le maintien de l'ordre et la
côté de lui des espaces publics d'une autre nature, eux- conception des espaces publics n'est pas d'actualité. En
mêmes destinés aux autres usages publics: des musées et France et en 1992, on est heureusement loin, en la matière,
des salles de spectacles pour les loisirs, des lieux sportifs, du 1984 de George Orwell ou du Panoptique décrit par
des emplacements de stationnement pour les véhicules Michel Foucault:
"Cet espace clos, découpé , surveillé en tous ces besoins de l'Etat, ainsi qu'avec la Direction de l'aménage-
points, où les individus sont insérés en une place fixe, où ment urbain de la Ville et avec l'Atelier parisien d'urba-
les moindres mouvements sont contrôlés, où tous les événe- nisme, permet, tout à fait en amont des projets urbains,
ments sont enregistrés, où chaque individu est constam- une information réciproque. La préfecture de police, à
ment repéré, examiné et distribué ... ". l'écoute des intentions qui pourront aboutir dans quelques
"Le panoptique doit être compris comme un modèle années, formule souvent recommandations et demandes.
généralisable de fonctionnement, une manière de définir Elle suggère la forme d'une place, arbitrage entre l'esthé-
les rapports du pouvoir avec la vie quotidienne des tique et la fluidité de la circulation. Elle préconise la créa-
hommes .. Y' . La police républicaine n'a pas de telles tion, dans un espace encore vide, d'un parc de
arrière-pensées. stationnement pour les autocars de tourisme, pour préser-
ver l'espace public plus prestigieux du centre historique de
LA POLICE PEUT DONNER UN AVIS UTILE la ville.
SUR LA DÉFINITION DE L'ESPACE PUBLIC Le préfet de police est membre du conseil d'adminis-
Cependant, l'autorité de police est souvent consultée tration de l'Apur et satisfait de cette reconnaissance impli-
pour la définition de l'espace public urbain. Les relations cite d'une influence réciproque entre l'urbanisme et ses
qu'elle entretient avec les services municipaux sont perma- propres missions.
nentes, confiantes (il s'agit de ne rien dissimuler des préoc- Dans la définition des voies publiques elles-mêmes,
cupations réciproques et de chercher à comprendre celles les deux interlocuteurs les plus fréquents de l'autorité de
du partenaire) et en même temps prudentes (à la fois par police sont la Direction de l'aménagement urbain et la
le souci de ne pas empiéter sur d'autres compétences et par Direction de la voirie. Consultée, par exemple, pour les
la volonté de faire prendre en compte, sinon prévaloir, les modifications du POS ou l'élaboration des règlements de
objectifs que chacun est chargé de faire prévaloir). ZAC, la préfecture de police expose son point de vue, notam-
Un dialogue formel ou non avec la préfecture de ment en matière de stationnement dans les bâtiments à
Paris, dont les services chargés de l'aménagement et de construire ou de servitudes d'alignement (avec réalisme, elle
l'urbanisme doivent por- approuve nombre de suppressions d'alignement, en particu-
ter à la connaissance de lier dans des voies anciennes, centrales, à caractère histo-
1. Michel Fo ucault, Sur-
veiller et punir, NRF, Galli- la collectivité locale les rique, et accepte de revenir sur des décisions où la protection
mard, 1975. prescriptions et les du patrimoine n'avait pas été assurée. En revanche, en
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Un modèle unique de
bordure de trottoir a été
adopté pour l'ensembl e
de la vi ll e. Elle comporte
un nombre minimal de
varian te s. dont une pièce
permettant l'intégration
de bateaux (doc
AGPOABj.
11861
BAR CEL 0 N E AL ' HEU R E _DE LAS Y 5 T Ë MAT '_5 AT' 0 N
CON'CEVOIR, R E A L I S E R , G E R E R
l'organisation spatiale d'un lieu ne pouvait pas résulter doivent être définies d'abord , mais un lieu capable
seulement d'une invention architecturale, mais devait d'accueillir des usages multiples, Il est essentiel de com-
aussi dépendre étroitement de la topographie, Prendre prendre que les espaces publics de proximité changent
appui sur le relief permet de hiérarchiser "naturellement" continuellement d'utilisateurs, depuis les joggers du matin
les espaces, sans avoir à les affecter artificiellement. jusqu'aux promeneurs du troisième âge le soir, et les
Autrement dit, aujourd'hui, nous concevons les parents avec les enfants l'après-midi, Si l'on voulait appli-
espaces publics plus en termes d'usage qu'en termes de quer la pensée fonctionnaliste, il faudrait disposer d'un
purs dessins, tout en nous situant à l'opposé d'une pensée espace considérable pour répondre à tous ces usages, Quel
fonctionnaliste de l'espace, En effet, il faut rappeler que que soit l'espace dont nous disposons, nous rejetons le
l'un des principes de base de cette pensée est qu'un zoning traditionnel qui divise l'espace en aires pour
espace, pour bien fonctionner, doit avoir une affectation enfants, pour vieillards, etc, Nous prônons pour la ville en
parfaitement définie, Or, au terme de dix ans d'expé- général, et les espaces publics en particulier, la plus
riences, nous sommes arrivés à la conclusion exactement grande mixité possible, L'espace public doit être le lieu de
contraire : ce ne sont pas des fonctions ou des zones qui tous les mélanges,
Le réaménagement
de la rambla de
Catalogne illustre la
vo l onté d'homogénéiser,
de systématiser et de
renforcer l'espace public.
Le trottoir et la
promenade centra l e ont
été augmentés par
réduction de la chaussée,
leur encombrement a été
réduit au minimum, et
deux matériaux
seulement ont été utilisés,
asphalte et granit pour les
bordures (doc AGPOAB).
ETUDES
,/
ET
REALISATIONS
LAPLACE
"
DES FETES
éclaté et inachevé qui se dresse,
dont les to urs et les dall es
rationnelles n'ont su tenir leur
promesse de renouveler les pra-
tiques de l'espace public urbain.
L'abandon, en 1971, de la dalle
pi étonne prév ue au plan
Leboucher en prolongement de
celle réalisée au nord de l'opéra-
tion, au profit de la réalisation
de lieux publics de plain-pied
Concours pour l' aménage-
avec la rue, a eu le mérite de
ment de la place des Fêtes,
ramener ces espaces au niveau
février 1991.
du marché, du jardin et des sor-
Maîtrise d'ouvrage : Direc-
ties de métro. Cette révision de
tion de la voirie.
l'aménagement n'a toutefois pas
Sur les hauteurs de Belleville, été à même de pallier la confu-
la place des Fêtes témoigne de sion et les difficultés de fonc-
l'arrêt brutal des politiques de tionnement de ce secte ur,
rénovation des années 60. Là où induites par son encombrement
Alphand et la Direction des tra- et l'insuffisance des rapports
vaux de Paris avaient aménagé entre le s espaces publi cs et
un square régulier et parfaite- l'environnement bâti.
ment inscrit dans la géométrie La décision de la Mairie de Vue aé rienn e de la place,
d'une voirie pourtant difficile, Pari s d'entreprendre ici un en 1975,
c'est aujourd'hui un quarti er réaménage ment exe mplair e Doc. Fr. Interphoto .
11921LA PL AC E DE S F Ê TE S
ÉTLr~ES ET RÉ.ALIS.ATION'S
Api paysage - Paul Une grande halle est l'espace de la rue et le comporte donc des enj eux
Brichet. Michel Viollet, érigée à l'articulation du parvis minéral bordé d'un importants. Comment améliorer
Gérard Giboire et Mario square ancien et de mail planté. Le tracé de les rapports entre une grande
Lorenzo -, Thomas Farrah l'ensemble d'habitation. l'ancien square disparaît opération moderne inachevée et
et Marc Soppopriso, Elle accueille le marché, sous un retraitement du les franges d'un tissu ancien
architectes, vue aérienne les fêtes et manifestations sol et des nouvelles
encore plein de vitalité ?
du projet depuis la rue diverses , et forme une plantations.
Comment, encore, intégrer les
Compans . sorte de sas entre
souhaits des usagers, exprimés
instamment par les riverains?
Le dialogue a donc été ouvert
avec les associations locales, de
façon à mieux intégrer les aspi-
rations des usagers dès le début
du processus d'étude, A l'issue
des premières réflexions, et par
délibération en date du 10 juin
1990, le conseil de Paris décidait
d'organiser une consultation de
concepteurs en vue de réaména-
ger la place des Fêtes. Parmi 40
candidatures reçues , 6 étaient
retenues, et invitées à déposer
leur projet le 22 février 1991.
VIDE FÉDÉRATEUR
D'un premier coup d'oeil à
l'ensemble des propositions, il
ressort que les concepteurs se
sont généralement concentrés
sur le traitement du coeur de la
place, délaissant quelque peu
Atelier Ruelle, vue carrée. Ces deux entités de lumière diffusée par la ses franges constituées d'impor-
aérienne du projet. fortement exprimées trame carrée des tants espaces de voirie, alors
depuis la rue Compans. sont unifiées, au sol, par luminaires. Une galerie que le cahier des charges de la
Le square du XIX' siècle en l'installation d'un couverte accompagne consultation ouvrait la possibi-
forme de pentagone est plancher en bois d'Azobé l'architecture des années lité d'y réfléchir. On aurait pu
dédoublé par une place et, au ciel, par la nappe 60 et 70 . pourtant, comme l'esquissent
l'équipe Corajoud-Beri et, plus
discrètement , Bernard Huet,
profiter de cette opération pour
amorcer la requalification des
abords de l'emprise mise au
concours.
Si, pour la majorité des équipes
(4 sur 6), l'aménagement fédéra-
- \
teur tracé au centre de la place
prend l'aspect d'un vide miné-
ral, accessible de toutes parts et
mettant en tension les objets
architecturaux périphériques,
deux propositions se démar-
quent de cette attitude .
L'agence API plante en ce
centre de gravité une vaste
halle, ajoutant un objet supplé-
mentaire, au risque de compli-
quer un ensemble déjà
dé sordonné, Dans un registre
symétriquement opposé à celui-
ci, les architectes Bruno Fortier
A p A
C EDE S F Ê TES 11931
ÉT1:JI>ES ET RÉ.A.LIS.A.TION'S
et Italo Rota font non seulement Michel Corajoud, géométrie des tours et géométries et se
de ce centre un vide, mais ils en paysagiste, Marc Beri, chevauc h e le pentagone prolongent
excluent virtuellement le pié- architecte, vue aérienne du square existant; la systémati quement sur les
ton, Aux tours des années 60 , ils du projet depuis la rue transition de l'un à l'autre vo ie s rayonnantes et
opposent une pelouse qui Compans. se fait sous la frondaison périphériques . Un parvis
Un large espace libre des arbres existants. Des haut assure, au sud, la
évoque les larges compositions
minéral constitue la pièce plantations nouvelles transition entre l'espace
libres et ondulées capables de
centrale de la place. Ce complètent ou public proprement dit et
symboliser une alliance avec
rectangle est calé sur la contredisent ces le s tours.
l'architecture voisine , Mais ,
pour être pertinente, il faudrait
que cette soluti on dispose
d'autrement plus d'espace, La
tentative est séduisante,
puisque c'est de ces plages de
verdure, autant vues que par-
courues, que rêvaient les
tenants d'un urbanisme ration-
nel ; il est cependant probable
que ce carré d'herbe abstrait
n'aurait pas survécu à cet
endroit, faute de susciter un
respect suffisant.
Carré de verdure (Fortier-Rota),
carré minéral (Corajoud-Beri,
atelier Ruelle, Huet), les seules
équipes à ne pas opposer au
pentagone haussmannien cette
autre figure géométrique simple
sont celles qui dissolvent dans
leur composition le tracé anté-
rieur hérité du XIX' siècle, Plutôt
que de dédoubler le square ori-
ginel , elles préfèrent créer un
nouveau centre, unique, Il est
abrité sous la verrière d'une
halle dans le cas du projet API,
tandis qu'il est, chez Grunig et
T!'ibel, lové dans une courbe au
tracé un peu suranné,
PILOTIS SYMPATHIQUES
A ce dessin souple, auquel n'est
pas étranger celui des parterres
gazonnés de Fortier et Rota ,
s'oppose la géométrie stricte des
projets soumis par l'atelier
Ruelle et par Bernard Huet. Ce
sont , par ailleurs, les deux
concurrents à imaginer une
place centrale ceinturée
d'arcades et de frondaisons , et
ouverte à l'ouest sur l'ancien
Bruno Fortier et Italo surfaces s'effleurent et soigné et original. Les
square, De ce choix rigoureux Rota, architectes, Jean- sont articulées par la plantations nouvelles
émane une sorte de sympathie à Thierry Bloch, ingénieur, fontaine de Marta Pan . so nt principalement
l'égard du square vers lequel ils vue aérienne du projet Les plages de pelouse situées en périphérie et
se tournent, mais également depuis la rue Compans. sont découpées dans un isolent le nou vea u cœur
envers les architectures que ces Un carré d 'herbe très sol minéral uniforme qui de la place des voies et
projets tentent de parachever, dessiné fait contrepoint soude l'ensemble de la du square ancien.
La mise en forme de ce parti au squa re originel superficie, de laquelle
trouve des variations subtiles réhabilité. Les deux émerge un mobilier
11941ÉT'l..JUES
L APL A C
ET
D
RÉALISATION'S
T
Projet lauréat, Bernard éléments qui composent est rigoureux et porte à dans le projet lauréat de Bernard
Huet, architecte, vue cette place de part et la fois sur le s plantations, Huet: au toit de l'arcade qui
aérie nn e depuis la rue d'autre d 'un "cardo" et sur le s sorties et longe les immeubles il associe,
Compans. d 'un "decumanus", en ve ntilations du parking, côté rue, le toit végétal des plan-
Pentagone et carré, place prolongement de la rue intégrées dans des objets tations d'alignement taillées en
dégagée et square Compans et monumentaux, et sur les
plateau et rideau, allant jusqu'à
ombragé, terrasse parallèlement à la rue façades com merciales,
dédoubler, en "cœur d'îlot", plan-
plantée et galerie Louise-Thulliez . desservies par une
tations et arcades. En bordure de
couverte, son t les L'effort de régularisation nouvelle galerie.
la rue Louise-Thulliez, un socle
de pierre poursuit celui des
immeubles de l'ensemble d'habi-
tation ; il s'agit en fait de la face
arrière d'un gradin tourné vers
la place, dont le volume enferme
les ventilations des parkings
aménagés dessous.
Cette sympathie envers l'envi-
ronnement architectural dans
lequel il intervient est loin
d'être fortuite à en juger par les
récentes réalisations d'espaces
publics de Bernard Huet (place
Stalingrad, Champs-Elysées ).
Elle lai sse présumer les réels
fondements de sa pratique
....1--
1
architecturale. Dans ce cas,
l'auteur réintroduit, par le biais
d'une arcade, le thème des pilo-
tis indissociable de cette archi-
tecture de tours. Il va jusqu'à
proposer un obélisque imprégné
d'un néoclassicisme cher à
Ledoux, complétant l'évocation
d'une image qui aurait été sai-
sie aux franges du plan Voisin, à
l'endroit où un vestige histo-
rique se dresse au pied des
immeubles cartésiens.
A. L.
Liliane Grunig-Tribe l, souple et mou va nte, qui trouvent des îles (le
paysagiste, François emballe le sq uare ancien kiosque à musique, la
Tribel, architecte, Annie et frôle le pied des tours fontaine) et des creux
Tribel-Heinz, designer, avant de s'enrouler (patios, accès aux
vue aérienne du projet autour de la fontaine de parkings) et un mât
depuis la rue Compans. Marta Pan. Une portant des câbles tendus
Le centre nouveau de la végétation foisonnante évoque un chapiteau.
place est lové dans le unifie l'ensemble; sous
méandre d'une courbe ses frondaisons se
A p A
C EDE S F Ê TES 11951
ÉT"UDES ET RÉALISATION'S
LAPLACE
CHALON
résolues à l'intérieur d'une
bande de 40 m de largeur,
gagnée sur l'emprise de la rue
de Chalon, en superposant sur
trois niveaux voitures, piétons
et voies ferrées. La rue de
Chalon mise en souterrain est
couplée avec des voies de dépose
des voyageurs, qui donnent
Aprah - Ahmet et Florence Gulgonen,
accès à un parking de 1500
architectes, et Alain Bourgeois, architecte
places réparties sur cinq associé, détail de la façade sur la place,
Concours pour]' aménage- niveaux. Au-dessus, au niveau élévation et coupe;
ment de la place Chalon et du sol, est créé un hall d'accueil vue perspective suivant le grand axe de la
pour le traitement architec- prolongeant celui de la gare place.
turaI des îlots périphériques, TGV et situé sous les nouvelles
avril 1991. voies ferrées.
Maîtrise d'ouvrage: Sema- Le projet d'aménagement
est. intègre cette extension des acti-
vités ferroviaires en créant une
La durée écoulée entre la créa- vaste place publique piétonne,
tion de la ZAC Chalon, en 1984, conçue à la fois comme le cœur
et l'organisation du concours de du quartier rénové et comme le
la place Chalon, en 1990, révèle nouveau parvis de la gare. Le
bien la complexité des enjeux passage transversal et les accès
qui pesaient sur ce quartier, en au TGV s'ouvrent sur la place,
grande partie vétuste, mitoyen sous laquelle se développent les
de la gare de Lyon. parkings.
Le plan d'aménagement, légère-
UN DOSSIER COMPLEXE ment adapté en 1990, s'organise
Les besoins d'extension et de autour de la place , dessinée à
restructuration de la gare ,
notamment pour l'accueil du
TGV, ont joué un rôle détermi-
nant dans l'élaboration du pro-
jet d'aménagement qui avait
aussi pour objectif la résorption
d'un des îlots les plus insalubres
de la capitale.
Ainsi, dès la fin des années 70,
un plan de remodelage de la
gare et de ses accès et dessertes
était établi. Il prévoyait notam-
ment la création d'un passage
tran sversal sous les voies
reliant la rue de Bercy à la rue
de Chalon; l'extension vers le
nord du plateau des voies fer-
rées et la création d'importantes
capacités de stationnement et
d'un nouvel accès automobile à
la gare à partir de la rue de
Chalon (cf. Paris Projet n° 21-22
pp. 186-195).
Ces contraintes techniques sont
A C CHA o N
ET R.ÉALISATION"S
l'origine par l'architecte Louis tion automobile la distingue des
Arretche. Cet espace, initiale- places parisiennes. Mais elle se
ment clos, a ultérieurement été différencie plus nettement
ouvert vers la ville par deux encore de s places-parvis de
percées: l'une en direction du gares, tant par son usage que
boulevard Diderot, l'autre - un par sa situation; placée en
mail planté - vers la rue de position latérale , elle est à
Rambouillet. Il se présente l'écart de la façade principale
comme une vaste conque ovoïde ancienne de la gare de Lyon et
de 9 600m', tournée vers la nou- également hors du système des
velle façade de la gare, en avant grandes voies publiques qui
de laquelle se détache un cam- relient la gare à la place de la
panile. Bastille et à la Seine. La place
Les programmes sont répartis Chalon ne sera ainsi que par-
autour de la place: tiellement visible depuis le bou-
• côté ville: 200 logements levard Diderot , d'une part
Architecture Studio,
(20 000 m') avec, vers le boule- depuis l'ouverture de 15 m
détail de la façade sur la place, élévation et
coupe;
vard, un hôtel de 250 chambres ménagée face à la rue Legra-
vue perspective suivant le grand axe de la
(9000 m'), le tout ceinturé au verend , d'au tre part dans le
place. rez-de-chaussée par une galerie vide de la rue de Chalon, avant
commerciale; que celle-ci ne s'enfonce sous le
• côté voies ferrées: l'extension niveau du sol.
de la gare et le campanile affec- Son insertion dans la ville, sa
tés à la SNCF et prolongés au forme et sa future pratique fai-
sud par un immeuble de saient donc de la place Chalon
bureaux bordant les emprises un lieu important et difficile à
ferroviaires. mettre en forme, d'autant que
La hauteur de l'ensemble des toutes ces particularités
bâtiments est limitée à 25 m, sauf devaient être prises en compte
le campanile, qui culmine à 37 m. dans un espace limité : le vide
Nouvel élément dans le réseau de la place et surtout la bande
des espaces publics de la ville, construite étroite (de 15 à 20 m)
la place Chalon apparaît ainsi bordant les rues Hector-Malot
comme un espace protégé, rela- et Jean-Bouton.
tivement fermé et réservé aux Pour répondre à ces questions,
piétons. L'absence de circula- la Ville de Paris et la Semaest,
organisme aménageur de la
ZAC Chalon, ont organisé, en
juillet 1990 , un concours
d'architecture portant sur la
place et sa bordure bâtie, en
demandant aux concurrents de
demeurer au niveau des prin-
cipes pour l'extension de la gare
et l'immeuble de bureaux.
ARCHITECTURE OU VOIRIE
De ce premier appel d'idées dix
projets sont retenus, et le s
concepteurs sont appelés à pré-
ciser leur propositions pour le
mois de février 1991.
Deux démarches se dégagent de
ce deuxième tour : la première
privilégie la définition du cadre
bâti et minore celle de l'espace
public; la seconde, au contraire,
se centre sur celui-ci. La majo-
rité des architectes semblent
s'être posé une même question:
A
ACE CHA LON 11971
ÉT"l..JOES ET RÉ.A.I....IS.A.TIONS
comment dépasser les contradic- réinscrite sur un grand axe
tions entre ville et gare , entre biais reliant la rue de
domesticité et monumentalité , Rambouillet au boulevard
pour produire une place "consen- Diderot, que construit d'un seul
suelle" ? trait le bâtiment destiné à la
Seules trois équipes parmi les SNCF, ponctué spectaculaire-
sept qui privilégient le cadre ment par un immeuble pont et
bâti posent le problème en une tour ronde. Monumentalité
d'autres termes: il s'agit de confortée par le traitement uni-
Catherine Furet, de Wladimir taire du pont bâti.
Mitrofanoff et de l'équipe La place conçue par l'équipe de
Olivier Brenac et Xav ier Gonzalez,
Paul Chemetov-Borja Huidobro. Paul Chemetov et Borja architectes, détail de la façade sur la
Catherine Furet opte pour un Huidobro n'est pas tant le lieu place, élévation coupe-perspective sur
traitement de la place résolu- qui unifie les contradictions que l 'extension de la gare et la place.
ment domestique, avec le refus celui qui les révèle . Ainsi la
de toute monumentalité , pour place organise-t-elle un face-
exprimer le logement par des à-face entre un côté dont la
jeux successifs de fractionne- domesticité est franchement
ments et de stratifications de affirmée par une façade conçue
façades , au creux desquelles se comme un "jardin vertical", suc-
nichent loggias , pergolas , cession d'encorbellements recou-
saillies des bow-windows. verts de treilles, et un côté gare
L'architecture de la gare se fond où le long vaisseau aérien de
dans cet ensemble. l'extension, amarré au quai par
C'est un parti symétriquement des pilotis, laisse voir les TGV
opposé que choisit Wladimir entrer en gare. Par ailleurs, le
Mitrofanoff, qui conçoit la place, refus de la continuité entre
détachée du quartier, comme anciens et nouveaux bâtiments
une cour d'honneur monumen- SNCF crée un vide de confron-
tale de la gare. La place est tation entre la gare et la ville.
A C CHA o N
ET RÉALISATION"S
Les quatre autres équipes privi- venant se refléter dans le miroir
légiant le bâti cherchent à défi- convexe géant du signal de la
nir une identité globale de la gare, elle-même transparente.
place en partant du front de Une paroi oblique , en verre
logements, ce qui implique de ajouré , file devant la façade
dépasser son caractère domes- domestique aux encorbelle-
tique soit par un travail d'effa- ments recouverts de pierre. Le
cement - Aprah - , soit par un signal emblème de la gare est
travail de monumentalisation réduit à un volume miroir qui
affirmée-chez Architecture Stu- renvoie l'image de la grille cris-
Paul Chemetov et Borja Huid obro,
dio et Jean-Paul Deschamps -, talline des logements déformée
arc hitectes, détail de la façade sur la
place, élévation;
ou douce - chez Olivier Brenac par une anamorphose.
vue perspective su ivant le grand axe de
et Xavier Gonzalez . Jean-Paul Deschamps choisit
la place . Dans le projet de l'équipe Aprah lui aussi de monumentaliser la
(A. et F. Gulgonen ), l'emploi place par l'emploi d'une double
d'une même trame appliquée peau , mais il s'agit ici d'une
aussi bien au calepinage de la grille de béton dominée par le
place qu'aux logements, à l'hôtel rythme horizontal des brise-
ou à la gare - avec des variantes soleil filant devant les façades ,
dans le remplissage des surfaces qu'atténue en filigrane le
- aboutit à la définition d'une rythme vertical des doubl es
unité systématique englobant la poteaux supports. Mais le rap-
SNCF et la ville, même si la pel systématique de ce rythme
gare se signale par une tour sur le portique et la façade de
cylindrique. l'extension de la gare crée une
Architecture Studio prend le uniformité rigide que ne peut
parti d'une monumentalisation briser le carénage oblique de la
spectacu laire de la place en tour signal.
transformant celle-ci en une Avec le projet d'Olivier Brenac
DETAIL DE FACADE coque de verre trans lucide, et Xavier Gonzalez, la place
trouve son unité dans sa scan-
sion par une même travée qui
décline les typologies de l'habi-
tat - loggias, balcons, gradins -
sur le ton d'une modernité tem-
pérée. A la différence des pro-
jets précédents , l'espace public
est mieux abordé: il se veut
évocateur du paysage ferro-
viaire par so n sol, dont les
bandes de granit sont serties de
lignes métalliques.
A
ACE CHA LON 11991
ÉT"U"DES ET H.ÉALISATION"S
mer la nuit, les façades des loge- couvert d'asphalte ou de caout-
ments avec leurs volets de bois cho uc, voulu sil encieux et
gardent un caractère domes- sombre, constellé de points
tique qui l'emporte le jour. lumineux, que vient couronner
En mettant sur pilotis l'exten- une banquette de granit en
sion de la gare et le front bâti, for me de vague. L'architecture
l'équipe Pierre Colboc-Renaud est esquissée pour la gare dont
Bardon dégage un nouvel espace le volume est défini et la fonc-
public "commun". Cel ui-ci , tion affirmée par un campanile
affranc hi de ses limites ini- en forme de lame de pierre ; elle
Pi erre Col bac et Renaud Bardon , .
tiales' est marqué par toute une est fixée dans ses grandes lignes
architectes, d ét ail de la façad e sur la
série d'architectures -objets: pour le front bâti - fractionne-
place, élévation et coupe;
kiosques, fontaines-cascades , ment de la courbe rigide et des- v u e p ers pecti ve suivant le grand axe
prisme du signal. On peut sin d'une façade mobil e de de la pl ace .
cependant s'interroger sur la panneaux coulissants devant
capacité de ces objets à affirmer des loggias. Le rythme et la
vraiment la place, d'autant que composante aléatoire de l'archi-
le front bâti est puissamment tecture , conjugués avec une
présent par le jeu des jambages écriture raffinée des matériaux
métalliques inclinés des pilotis. et des détails, créent autour de
Stanislas Fiszer, lauréat du l'espace public un halo évoca-
co ncours, conçoit un espace teur de luxe et de domesticité. r;rcrrrrr:
public double qui concilie les A partir de l'esqui sse du r r
deux identités en présence. Côté concours, le projet retenu a été r:r
logements, l'ellipse d'une ter- progressivement approfondi. cc ·1
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A P
ACE CHA LON 12011
ÉT"LTOES ET R.ÉALISATION"S
Proj et lauréat,
Stanislas Fiszer,
architecte.
2-4. Détail de la
façade sur la place et
coupe-perspective sur
l'extension de la gare
et la place (dessins
du concours).
1-4. Etudes
postérieures au
concours.
3 4
A C CHA o N
ET RÉALISATION"S
Georges Maurios,
architecte, détai l de la
façade sur la place, plan
et élévation;
vue perspective de nuit
su ivant le grand axe de la
p lace.
Wladimir Mitrofanoff,
arch itecte, déta il de la
façade, élévation;
vue perspective de la
p lace depuis la coursive
des logements.
- , 1
/
A
ÉTUDES
ACE CHA LON 1203 1
ET RÉALISATION"S
Catherine Furet, architecte, détail
de la façade sur la place;
vues perspectives vers le boulevard
Diderot et vers le mail.
~ r.. ...
J
r IIIT .l __
A C E C HA o N
ET H.É.A.LIS.A.TION"S
LARUE
DE FLANDRE
L'INERTIE D'UN PROJET
L'élargissement de cette rue est
une idée ancienne inscrite
depuis plus de trente ans dans
les documents d'urbanisme de
Paris. Parce qu'il avait été en
bonne partie réalisé à travers
plusieurs grandes opérations de
rénovation, ce projet a échappé
aux remises en question succes-
Concours pour l'aménage- sives des alignements de voirie
ment de la rue de Flandre, qui ont marqué l'élaboration du
août 1992 plan d'occupation du sol
Maîtrise d'ouvrage: Direc- (approuvé en 1977) et ses adap-
tion de la voirie. tations ultérieures.
Mais la conception même de
Transformer en une véritable l'élargissement s'est beaucoup
avenue urbaine un tracé ancien modifiée par rapport aux idées
élargi dans le dessein initial de de départ. L'alignement a été
créer une voie rapide, tel est reporté, dès 1977, sur le côté Vue aérienne
l'enjeu que s'est fixé la Ville de nord, pour éviter une démolition de la rue de Flandre. vers
Paris pour le réaménagement de totale des constructions bordant l'intérieur de Paris.
la rue de Flandre. la rue ; il a également été modéré Doc. Fr. Interphoto.
12061
L A RUE DAN D R
ÉT"LTDES ET RÉ.A.LIS.A.TION'S
mUID de plantations existantes, les délicats jeux de rampes et de
que viennent compléter des ali- pentes pour faciliter l'accès des
gnements de chênes, d'autre handicapés, ou le dessin de la
part, à l'emploi de matériaux et bordure haute du terre-plein
mobiliers urbains "classiques" - pour le protéger du trafic.
grilles de fonte des arbres, can- Par son écriture minimale alliée
délabres, bancs. à une sophistication des détails,
L'objectif n'est pas d'inventer un ce projet démontre une assimi-
nouvel espace public, mais de lation féconde des principes
réinterpréter un type, de trou- ha ussmanniens et des expé-
Pierre Soria et Miche l plan d'un carrefour ver des solutions contempo- riences récentes de Barcelone ;
Dusolle, architectes, et (placette) , d'un terre- raines aux problèmes inconnus il se situe ainsi dans la droite
ate lier Acanthe-Philippe plein (galerie végéta le) et au XIX' siècle, ce qui implique un ligne de projets parisiens
Niez, paysagiste, plan d'un trottoir planté et travail fin de mise au point de récents tels que ceux de l'ave-
partiel de la rue de principe de profi l en détails techniques qu'illustrent nue des Champs-Elysées ou du
Flandre, entre la rue travers; la création d'une bande ser- boulevard Richard-Lenoir.
Riquet et le passage des vue perspective de nuit. vante en limite des trottoirs F. K.
Orgues-de-Flandre ; pour recevoir le mobilier urbain,
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12101
L_ A
ETLT~ES
PAS S
E R
ET
E L L E SOL
RÉALISATION"S
F R 1 N 0
projet qui apporte une réponse qu'il fallait concevoir, mais une
architecturale de grande qualité. passerelle. La différence est de
Compte tenu du contexte histo- taille. Et bien que la passerelle
rique et urbain, le parti archi- des Arts soit, par exemple, dans
tectural devra exprimer, du l'objectif des photographes pour-
détail au projet d'ensemble, un voyeurs de souvenirs; d'un poids
esprit de continuité urbaine." d'évocation égal à celui de nom-
A la fois monument et liaison breux ponts, il n'en va pas de
fonctionnelle, objet technique et même de son impact dans la ville.
fragment de paysage, c'est un C'est pourtant à cette tentation
dosage subtil que réclamait ce que semble avoir succombé
projet singulier. Mais c'est Santiago Calatrava, qui affirmait
d'abord à partir de la qualité des dès l'introduction de la présenta-
espaces publics créés que nous tion de son projet: "La passerelle
commenterons ici les résultats Solférino (... ) s'insère dans
de ce concours, puisqu'un aspect l'ensemble des ponts monumen-
majeur du projet était de mettre taux de Paris comme un pont pié-
en relation les berges de Seine ton léger." Il en résultait sans
(à la fois lieux de promenade et doute une proposition très abou-
de circulation) et de connecter tie, conforme à l'intention d'ins-
deux complexes culturels crire cette œuvre contemporaine
majeurs: le musée du Louvre, le dans la tradition parisienne,
jardin des Tuileries et sa ter- mais sans doute surdimension-
rasse sur la rive droite avec le née pour une passerelle, avec ses
musée d'Orsay, son parvis et la piles de 42 m à la base, support
station de RER qui le dessert, d'une structure atteignant 23,5 m
rive gauche. d'écartement latéral et d'un
tablier large de 18,5m.
PONT OU PASSERELLE? Ni pont ni passerelle, le projet
La première difficulté était d'ins- de Massimiliano Fuksas et Ove
crire ce nouveau franchissement Arup était beaucoup plus
Atelier Patrick Berger, p latelage, décomposition du fleuve dans la lignée de ceux ambigu. L'invention d'un pont-
architecte, SEEE du tablier, et élévat ion qui caractérisent si fortement place, ou d'une passerelle-carre-
ingénieurs, coupe, p lan latérale. l'image de Paris, sans perdre de four, créait une étonnante
de l'intrados plan du vue que ce n'était pas un pont di version dans une consultation
où le maître d'ouvrage incitait
les concepteurs à appeler un
chat un chat. Cette proposition
d'ériger au milieu du fleuve une
plate -forme de 20 m x 70 m,
avait toutefois l'intérêt de révé-
ler une question sous-jacente:
une passerelle est-elle plus
qu'une liaison fonctionnelle?
Avec ses 64000 visiteurs le jour
de son inauguration, la passe-
relle des Arts avait apporté une
réponse dès le XIX' siècle: c'est
aussi un lieu public. Accès
, - étroits (des ruelles ?) sol de
marbre (un campo ?), l'analogie
- te"'::".;, J..._..... _~_ . --:r ! _ ....-:-.. ....
entre place et pont était peut-
-~.,..~ ~'~~~'"
être poussée un peu loin, et pro-
duisait un objet hybride à
l'élégance très particulière.
Dans un registre plus conven-
tionnel, le projet de Patrick
Berger et celui de Santiago
Calatrava mettaient en forme
une idée voisine. Ils rehaus-
12121ET1:...TDES
L,
A PAS S
ERELLE
ET
SOLFÉR
RÉ.ALIS.ATION"S
I NO
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Projet lauréat,
Marc Mimram , architecte-
ingénieur, $ogelerg,
bureau d'études
techniques , élévation
lat éral e, plan du
pl atel age et de l'intrad os,
coupe au niveau d 'un e
culée et élévati o n , coupe
intermédiaire et
élévation.
12141E T U D E S
L_ A PAS S
ERELLE
ET
SOLFERINO
RÉALISATION'S
Calatrava et de Massimiliano l'intrados du tablier, à travers
Fuksas , qui risquaient d'être la structure, Deslaugiers et
trop présents dans ce pano- Vandenhove prolongeaient leur
rama, les six autres avaient des projet vers le s Tuileries par
qualités différentes, mais égale- l'aménagement de véritables
ment convaincantes: légèreté salles souterraines, parties inté-
de s propositions de François grantes de leur projet. Berger et
Deslaugiers et de Denis Valode Calatrava ménageaient gradins
et Jean Pistre ; élégance insolite et belvédère au centre de cette
de la structure sou mi se par liaison fonctionnelle , la détour-
Patrick Berger; sobre contem- nant ainsi de sa destinée pre-
poranéité des objets produits mière. Fuksas allait plus loin
par Marc Mimram et Philippe dans le détournement, ajoutant
Chaix et Jean-Paul Morel; ou aux gradins le jeu de multiples
modénature révérencieuse chez passerelles.
Charles Vandenhove.
Le regard complémentaire Malgré une impression de forte
Projet lauréat. Marc
consistait, enfin, à apprécier le stabilité, le paysage du fleuve
Mimram, arch itecte- potentiel de découverte du pay- dans Paris a to ujours évolué,
ingénieur, Sagelerg, sage que présentaient ces pro- Parmi les ouvrages réalisés au
bureau d 'é tud es jets. Celui de Mimram, comme XX' siècle, les franchissements
techniques, vue celui de Chaix et Morel, amont et aval du boulevard
perspective in situ depuis offraient au promeneur des che- périphérique ne sont pas des
la terrasse des Tuileries. minements multiple s, so us moindres. Pourtant, en 1984, la
reconstruction de la passerelle
des Arts inaugurait une nou-
velle génération de franc hisse-
ments de la Seine, plus proche
du centre. Comme le double-
ment à l'identique du pont de
Bercy, mis en chantier quelques
années plus tard, elle traduisait
la volonté de ne pas perturber
un paysage auquel les citadins
se raccrochent comme s'il devait
être immuable . Plus récem-
ment, le pont Charles-de-Gaulle
proposait une réponse contem-
poraine mais sobre, dans le
grand respect de la série des
ponts modernes et moin s
modernes dont la qualité pre-
mière est de franchir l'obstacle.
Avec son projet pour la passe-
relle Solférino, Marc Mimram
ajoute un type de réponse à
cette récente série, mélange de
volonté technique, de com -
plexité fonctionnelle et de sim-
plicité d'expression . Dans un
site proche du sacré, il ose un
registre affirmé et ouvre une
voie à la consultation qui sera
bientôt lancée pour la liaison
entre le parc de Bercy et la
Bibliothèque de France.
A. L,
12161É T T J I > E S
L ABU T
TE
ET
AUX
RÉALISATION"S
CAILLES
tier font l'objet de très impor-
tants tra vaux. La vallée de la
Bièvre, une fois assainie et nive-
lée, autorise le tracé des rues de
Tolbiac , Bobillot et Martin -
Bernard. Le s grands tracés
anciens de l'avenue d'Italie et
du boulevard Auguste-Blanqui
évitent le relief de la butte et
n'entrent pas en conflit avec
l'identité morphologique et topo-
graphique du quartier.
Même si les constructions de la
butte sont hétérogènes, leurs
caractéristiques sont restées ,
jusqu'à une période récente ,
étroitement liées à celles des dif-
férents types de voies qu'elles
bordent. Elles témoignent des
étapes successives de l'occupa-
tion du sol et de la formation du
quartier.
Le long des rues principales (de
la Butte-aux-Cailles et de
Photo aérienne apparaissent les l'Espérance ) qui épousent la
de la Butte aux Cailles. constructions "villageoises". ligne de crête, les alignements
Au cœur des immeubles (photo IGN) sont continus et la hauteur des
bordant les grands tracés constructions respecte un rap-
port presque constant avec la
largeur des voies.
C'est dans les passages et les
petites rues en pente qui mon-
tent vers la ligne de crête que la
dimension pittoresque s'exprime
avec le plus de force.
Ce paysage , "entre ville et
campagne" , résulte essentielle-
ment de l'organisation et des
qualités architecturales du bâti.
Implantées sur des parcelles
étroites et mono-orientées, les
constructions dépassent rare-
ment trois niveaux, et certaines
d'entre elles dégagent en bor-
dure de voie des jardins privés
dont la végétation émerge et
participe étroitement à la com-
position et à la qualité de
l'espace public.
Elément essentiel du paysage
de la Butte aux Cailles, cette
présence végétale s'harmonise
avec la sobriété architecturale
qui caractérise les façades; per-
cées de fenêtres verticales dis-
posées régulièrement, elles sont
le plus so uvent plates, leur
ornementation se limitant à
quelques moulures et corniches
de plâtre.
~
1
'"
E
de nombreux endroits, l'échelle un décor pastiche, qui en ferait ~
H ~
n'étaient pas totalement adap- périmètres des différentes zones aux Cailles visent à
tées aux spécificités du quartier. du POS et sur une modulation uniformiser la hauteur
des règles du secteur UCc. des bâtiments et la
H = 12 m
DES ACTIONS COMPLÉMENTAIRES L'analyse fine des caractéris- largeur des voies.
Préserver le caractère de la
Butte aux Cai ll es implique
d'abord de le reconnaître par
une analyse fine. Les relations
étroites qui existent entre
l'espace public et l'espace privé
dans la composition du paysage
sont ici déterminantes. Cette
complémentarité s'exprime par
le caractère indissociable du
tracé des voies et de la configu-
ration du parcellaire, lui-même
support du cadre bâti.
C'est pourquoi un projet global
a été envisagé en associant trois
types d'interventions complé-
mentaires:
• sur les règles de construction,
qui doivent faire l'objet d'adap-
tations pour accompagner de
manière plus fine et plus nuan-
cée l'évolution du bâti ;
12181ÉT'l..JUES
L ABU T
T
ET
E A U
RÉALISATION'S
X CAILLES
tiques morphologiques du bâti a • l'implantation des construc-
montré que plusieurs ensembles tions à 6 m de l'axe des voies
de parcelles, voire d'îlots, qui qui peut dénaturer le caractère
sont des prolongemènts du cœur des rues étroites par des élar-
Nouveau règlement
de la Butte aux Cailles devaient gissements systématiques;
être protégés et intégrés au sec- • le gabarit enveloppe de 18 m
PLAFOND DES HAUTEURS MAXIMALES
teur UCc. Il en est ainsi des de hauteur totale composé d'une
VOIE LARGE DE 6 m îlots situés à l'est de la rue du verticale de 12 m, surmontée
Moulin-des-Prés, dont les voies d'un arc de cercle de 6 m de
de desserte sont bordées de rayon ; son application uniforme
constructions caractéristiques, tend à effacer la diversité des
ainsi que des ensembles de par- hauteurs et ne respecte pas la
celles au sud de la rue de forme traditionnelle des toitures
l'Espérance , dont le bâti de ce secteur. De plus, le rapport
I ~ annonce "le village" dès le pied entre hauteur verticale et cou-
de la butte. C'est aussi le cas ronnement risque de conduire à
PLAFOND DES HAUTEURS MAXIMALES des bâtiments encadrant la pis- une certaine lourdeur dans
cine de la Butte-aux-Cailles l'environnement existant.
VOIE LARGE DE '0 m ""'~
- œuvre de l' archi tecte Louis De nouvelles règles régissant
~~ 1
Bonnier inscrite à l'inventaire les rapports entre les construc-
~ .- ~
supplémentaire des Monuments tions et l'espace public ont donc
1 E historiques - qui forment avec été définies. Elles visent à
H ~
cet équipement un ensemble retrouver l'adéquation entre la
architectural homogène, partici- largeur de la rue et la hauteur
pant étroitement à la composi- du bâtiment qui la borde. Les
-
tion et à la qualité de la place constructions devront désor-
Paul-Verlaine. mais être implantées à l'aligne-
Il est en outre apparu que les ment de fait et les hauteurs
PLAFOND DES HAUTEURS MAXIMALES
règles du secteur UCc devaient verticales correspondre à la
~ LARG~~~-'~-~~~ Le nouveau plan
" VOIE
-.--- - ,-
d'occupation du so l :
la zone spécifique est
être nuancées, pour prendre en
compte les caractéristiques très
diverses du parcellaire et du
largeur de la rue augmentée de
2 m. Cette verticale est surmon-
tée d'une oblique de pente 1/1
étendue; les hauteurs
E
constructibles sont bâti telles que l'implantation limitée à 3 m. Le gabarit des
H ;:!:
définies en fonction de la des constructions, le gabarit, la nouveaux bâtiments se rap-
p 1 largeur actuelle des rues, dimension des terrains ... proche ainsi de celui des bâti-
la forme des combles En particulier, deux règles ments existants.
l ----1
reprend les pentes des essentielles demandaient à être Pour respecter l'ambiance de
H=P+2
toitures existantes. modifiées: quelques lieux particuliers, les
hauteurs de verticale des
constructions méritaient d'y
-
sous SECTEUR UCC 1
_ sous SECTEUR UCC2 être limitées. C'est ainsi que,
ZONEUM
aux abords de la piscine de la
Butte-aux-Cailles et à l'articula-
tion des rues de l'Espérance et
Hauteur ver1ica!o 20.00m
L ABU T
T EAU X CAl L LES 12191
ÉT"l..JI>ES ET RÉALISATION'S
Par ailleurs , des règles de Or, l'espace public de la Butte
construction particulières ont aux Cailles présente le plus sou-
été définies pour les petites par- vent un traitement sans rapport
celles de faible largeur ou de peu particulier avec la spécificité du
de profondeur, afin de permettre tissu urbain.
leur éventuelle mutation dans le • Les trottoirs étroits suivent
respect des caractéristiques du les retraits d'alignement et sont
bâti qui les occupe actuellement. encombrés par un mobilier de
En ce sens, les dispositions rela- protection contre le stationne-
tives aux implantations des ment extrêmement disparate,
constructions en limites sépara- contraignant souvent le piéton à Extrait des propositions nouveaux arbres.
d'aménagement de Ce dispositif démultiplie
tives et en vis-à-vis sur une marcher sur la chaussée.
l'espace public. Les l'effet créé par les arbres
même propriété ont été assou- • Les plantations, composantes
élargissements de existants, par exemple
plies. L'objectif était d'alléger les fondamentales du paysage, très
trottoirs dus aux retraits rue Alphand [J ) ou
contraintes trop fortes du PO S, présentes dans les espaces pri-
d'alignement des années passage Sigaud (2).
qui favorisaient le recours systé- vés , sont quasi absentes du
70 accueillent de
matique au remembrement et de domaine public.
permettre d'exploiter les droits à • Les espaces intéressants que
construire tout en conservant le constituent le carrefour des
rythme parcellaire. Cette mesure rues de l'Espérance, des Cinq-
protège le paysage de la rue. Diamants et de la Butte-aux-
Enfin, des recommandations Cailles, d'une part, et la place
architecturales ont été rédigées Paul-Verlaine, d'autre part, ne
pour que les nouvelles façades sont pas identifiés, ni pratiqués
soient simples, plates, régulière- comme des centres de quartier,
ment percées, avec une sobriété alors qu'ils ont ce rôle.
de modénature et de matériaux • Le stationnement est très
en harmonie avec l'environne- important et par endroit peu
ment. Au travers de ces règles compatible avec le caractère des
"sur mesure", le POS peut deve- voies. La circulation, en revanche,
nir un véritable outil de compo- est assez faible à l'intérieur du
sition et de préservation du quartier et surtout liée à la des-
paysage de la rue. serte locale.
Ces nouvelles dispositions régle- Résultant de cette analyse et de
mentaires ont fait l'objet d'une celle du cadre bâti, les proposi-
modification du plan d'occupa-
2
tion du sol, approuvée par le
conseil du XIII' arrondissement
et le conseil de Paris en 1992.
De plus, le quartier de la Butte
aux Cailles est désormais inclus
dans le périmètre de l'opération
programmée d'amélioration de
l'habitat (OPAH) Barrault-
Bobillot-Butte aux Cailles.
L'aide à la réhabilitation du
patrimoine apportée dans cette
opération devrait également
contribuer à conserver la typolo-
gie villageoise des constructions.
12201É T U D E S
L ABU T
T
ET
E A U X
RÉ.ALIS.ATION"S
CAILLES
tions d'aménagement des espaces Le dispositif qui y est proposé
publics s'organisent autour de est simple. Le trottoir de la rive
deux orientations majeures: paire , le mieux exposé, est
• la mise en valeur de plusieurs élargi de 2,50 m à 4,20 m, par la
rues par des élargissements de suppression d'une file de sta-
trottoirs et des plantations; tionnement, de façon à faciliter
• l'affirmation des espaces inté- la circulation des piétons et à
ressants cités ci -dessus. permettre la plantation d'une
Ce double objectif implique que rangée d'arbres d'alignement.
soient recherchées des possibili- Ainsi, en montant la rue de
tés de réduire le stationnement l'Espérance, on apercevra pro-
Rue Gérard, une nouvelle
de surface. En ce sens, une inci- gressivement un fond végétal,
rangée d'arbres est
tation à la réalisation de places indiquant à la fois le caractère
proposée, redoublant les
supplémentaires lors des nou- particulier du quartier et son
plantations existantes sur
velles constructions sera déve- centre. En poursuivant, rue de la
les terrains privés
loppée. Butte-aux-Cailles, la présence
riverains.
La mise en valeur de plusieurs des arbres devrait contribuer à
rues du quartier a aussi pour pondérer l'échelle des immeubles
objet de révéler le paysage de la de grande hauteur du quartier
butte, par un jalonnement végé- Galaxie, situés en arrière-plan,
tal s'appuyant sur sa topogra- Sur la rive impaire, le stationne-
phie et sur l'hi stoire de sa ment est maintenu et le trottoir
formation. reste inchangé,
Les rues de l'Espérance et de La faible largeur des voies
la Butte-aux-Cailles, qui tra- (12m) impliquait le choix d'une
versent le quartier de part en végétation dont la silhouette
part de façon continue, appa- s'harmonise avec les proportions
raissent clairement comme le de la rue. Le pommier à fleurs ,
tracé principal du village. Elles arbre de moyen développement,
marquent le relief, distribuent a été retenu.
et organisent les espaces Dans plusieurs petites rues
publics et sont bordées par des (Buot , Simonet, Jean-Marie-
alignements de constructions Jégo, Gérard), un accompagne-
dont plus de la moitié ont un ment végétal du paysage sera
caractère villageois. également réalisé. En effet, le
long de ces rues, des construc-
tions à caractère "villageois"
sont édifiées en fond de parcelle,
dégageant un jardin privatif
ouvert sur l'espace public, Ce
mélange du bâti et du végétal
sera renforcé ponctuellement
par la création de séquences
plantées utilisant les retraits
d'alignements des constructions
récentes,
Conjointement, le cheminement
des piétons se trouvera amélioré
par une régularisation du tracé
des trottoirs et une rationalisa-
tion du stationnement.
Le carrefour des rues des Cinq-
Diamants, de l'Espérance et de
la Butte-aux-Cailles est identi-
fié par les habitants comme la
"place du village", image renfor-
cée par la présence de petits
commerces de proximité. L'amé-
nagement de cet espace, éclaté
en deux parties distinctes et de
L A 8 U T T E
A U X CAl L LES 12211
ÉTUI>ES ET RÉ.A.LIS.A.TION'S
pratiques différentes , vise à
retrouver une cohérence d'en-
semble par un traitement en
continuité avec celui prévu pour
"la ligne de crête", sur laquelle
il se greffe.
La réalisation de plantations
d'alignement, dans le prolonge-
ment de celles imaginées rues
de la Butte-aux-Cailles et de
l'Espérance, venant converger
sur la partie basse de la place,
l'élargissement des trottoirs, la
réduction et l'organisation du
stationnement vont contribuer à
affirmer l'unité et la vocation de
cet espace de rencontre.
La place Paul-Verlaine ne joue La place Paul-Verlaine et
pas véritablement son rôle de le square Henri-Rousselle.
lieu d'articulation entre les
quartiers de la Butte aux La proposition vise à
Cailles et Vandre zan ne. La libé- unifier les espaces dans
ration de la partie nord-ouest de un aménagement
la place (le square Henri- cohérent de part et
Rousselle) peut être envisagée à d'autre de la rue Bobillot.
terme , grâce au relogement de
la garderie d'enfants qui
l'occupe. Cela permettrait de
rendre à la place sa vocation
d'origine et d'offrir une plus
grande cohérence spatiale. Le
terre -pl ein horizontal situé
devant la piscine de la Butte
aux Cailles serait maintenu;
agrémenté d'un mail, bordé d'un
coupe perpendiculaire à la rue BabillaI
mur de soutènement en moel-
lons interrompu à l'angle des
deux voies par un escalier
encastré, il renvoie déjà par ses
différences de niveaux au relief
de la butte.
Dégagée, la partie nord-ouest
ferait l'objet d'un aménagement
simple , destiné à rétablir la
continuité de l'espace public de
la place, au-delà de la coupure
créée par la rue Bobillot. La
place Paul-Verlaine retrouverait
ainsi une dimension plus uni-
taire avec ses deux "terrasses",
l'une, existante, vouée aux acti-
vités calmes , l'autre , à créer,
pouvant être plus minérale et
accueillir des pratiques plus
dynamiques. L'enchaînement
des "terrasses" rééquilibrerait
l'espace selon une orientation
perpendiculaire à la rue Bobillot
s'ouvrant sur le quartier
Vandrezanne.
12221ÉTY..JDES
L ABU T
T
ET
E A U X CAILLE
R.É.A.LIS.A.TION"S
Ces transformations d'espaces
publics, qui se réaliseront pro-
gressivement, ont pu être rapi-
dement lancées: les premières
plantation s nouvelles ont été
livrées au printemps 1993. Elles
confirment le dispositif déjà mis
en place en 1992 par la modifi-
cation du POS et l'engagement
de l'op éra tion pro grammée
d'amélioration de l'habitat.
LE P 0 N T D E _ BIR - H A K E 1 M 12251
ÉT'(J~ES ET R.E.A.LIS.A.TION'S
o
métalliques, végétation, archi- portent le tablier principal.
tecture des rives et topographie, A ce scintillement organisé
métro. Chacune appelle une s'ajouterait une dynamique
attention particulière, suscep- aléatoire: le métro serait pris
tible d'être recomposée en un sous le feu croisé de projecteurs,
projet d'ensemble. Le déclen- dont la présence ne serait per-
cheur de cette approche a été ceptible qu'à l'occasion de son
mis au jour par une étude histo- passage. Enfin, le dispositif ne
rique de l'ouvrage: la chaussée serait complet qu'amarré aux
du pont était éclairée par des rives, par l'éclairage discret des
lanternes accrochées au viaduc tourelles qui encadrent le pas-
du métro, vraisemblablement sage du métro notamment.
déposées dans les années 30 ;
leur restitution permettrait de A la fois claire et complexe, cett.e
faire ressortir la ponctuation étude devrait prochainement
haute du pont. être mise à l'épreuve des essais
En contrepartie de cette sur site, qui permettront la révi-
approche fragmentée , l'idée sion ou l'ajustement des prin-
d'ensemble est d'éclairer le tout cipes. Une fois les mises au
unilatéralement, depuis la rive point effectuées, ce projet pourra
gauche de la Seine, de façon dis- offrir à la Ville lumière la mise
symétrique. Les assises de en valeur d'un de ses plus inté-
maçonnerie et, au-dessus ressants et étranges objets ,
d'elles, les allégories ornemen- "télescopage d'un pont classique
tales seraient baignées ,de et d'un quillage de fonte enserré
lumière, diffusant un halo ~ur dans des arches de pierre".
la naissance des arches qui sup- A. L.
12261
L_ E P 0 N T 0 E BIR - H A K E 1 M
ETUDES ET RÉ.ALIS.ATION"S
LE QUARTIER
MONTORGUEIL
tale qui, dès l'origine , a guidé
dans leur étude les services de
la Ville de Paris - Directions de
la voirie et de l'aménagement
urbain - et l'architecte Didier
Drummond. En réalité, la "pié-
tonnisation" de ce quartier pari-
sien n'est qu'un in str um ent
d'une politique d'ensemble vou-
lue par la Mairie de l'arrondisse-
ment, pour remédier aux
Aménagement des espaces évolutions observées. L'interven-
publics du quartier Montor- tion physique sur l'espace public La rue Montorgu eil
gueil, II' arrondissement. décrite plus avant est, en effet, a ujourd'hui rd oc Apur).
Didier Drummond archi-
tecte.
Maîtrise d'ouvrage: Direc-
tion de la voirie, agence des
grandes opérations.
OUTILS DE PROJET
Le secteur à accès contrôlé du
II' arrondissement se distingue
de ses prédécesseurs dans la
mesure où il s'agit d'un quartier
à caractère essentiellement rési-
dentiel. On constate toutefois
son dépeuplement au profit de
certaines activités et, en parti-
culier, du commerce du textile,
en prolongement d'une périphé-
rie à forte dominante commer-
ciale du Sentier et des Halles.
C'est là une donnée fondamen-
du stationnement en particulier,
CHEMINEE
bien qu'il s'agisse en moyenne de Coupe de pri n cipe
O'AVAL OIR
COULEE SUR
PLACE
ménages faiblement motorisés. sur un caniveau drainant.
C'est donc très progressivement
et en étroite concertation avec la
population concernée que cette
étude a été menée, sans jamais
négliger les divers aspects pra-
tiques des mesures proposées.
Il en est ainsi de l'accessibilité
du secteur aux voitures, contrô-
lée par un système sophistiqué
de bornes escamotables. Ce
contrôle engendre de nom-
breuses questions : celle des
facilités de stationnement hors
zone pour les résidants; celle
des conditions dans lesquelles
les livraisons à domicile peu-
vent se faire ; ou celle de l'accès
aux parcs de stationnement
inclus dans le secteur. Visites,
livraisons, urgences ... autant de
points délicats qui ont été pris
en compte, mais dont la discus-
sion soulève en réalité la ques-
tion plus large du statut de
l'espace public. Une telle requa-
lification doit en effet éviter une
Vue d 'un caniveau
sorte de privatisation de ces
drainant en chantier,
espaces, par ailleurs largement coiffé d'une bordure de
offerts aux piétons. granit . Le demi-tuyau de
PVC qui apparaît dans le
MISE EN ŒUVRE drain du caniveau
Une donnée primordiale pour la préfabriqué permet de
définition du traitement des moduler la pente du fil
espaces publics est la cohérence d'eau avec une économie
géographique et urbaine du sec- de moyen s certaine
teur. Entre les Halles et le (doc Apur).
12281ET"LTI>ES
L_ E 0 U A R
T
ET
1 E R MONTORGUEIL
RÉALISATION"S
Sentier - deux territoires spéci- Paradoxalement, le profil com-
1 I
SURCHARGE
PONCTUELLE
:'.51/225<.' fiques limités par les rues plexe de la voirie traditionnelle
Etienne-Marcel et Réaumur - , le semble donc une garantie de
1 quartier Montorgueil est traversé simplicité de conception. C'est
par deux artères de fort ce parti qu'ont choisi Didier
caractère: la rue Montorgueil, Drummond et la Direction de la
qui lui donne son nom, et la rue voirie, avec l'utilisation d'un
Saint-Denis. Limité à l'est par la matériau de sol unique pour
frontière qu'est le boulevard l'ensemble du secteur. Le pavé
Sébastopol et à l'ouest par la rue de marbre de Carrare, réalisé à
du Louvre, l'ensemble affiche une partir de chutes des célèbres
grande cohérence morphologique. carrières, a plusieurs qualités.
Il était donc justifié d'envisager Sa couleur, tout d'abord, permet
ici un traitement de l'espace de distinguer clairement la fron-
(ORIiIERE
GAlVA 7515011111 public qui, sans être en tous lieux tière des emprises réservées aux
~
identique, soit homogène. piétons. Sa petite taille autorise
(ANIVEAU DRAINANT
BETON PREFABRIQUE
En amont, l'étude a très juste- des poses raffinées qui évoquent
t
'1 .
4S"t
1
SVI ment posé la question de la per- certains sols allemands ou por-
", ' 1
RESERVATION POUR
tinence et de la nécessité tugais, ceux de l'ave nue
CLAVETAGE
d'accompagner le changement Augusto à Lisbonne notamment,
d'affectation de la chaussée dont les voitures sont en l'occur-
d'une modification du profil de la rence exclues. De plus, son for-
rue. Une interrogation inatten- mat facilite les manipulations et
due qui pouvait faire passer la les visites en sous-sol et permet
conservation des trottoirs pour des réparations discrètes.
un principe novateur. Il n'est, en Comme à Lisbonne, la bordure
effet, pas anodin de supprimer est réalisée dans un matériau
les trottoirs et de modifier radi- différent de celui de la chaussée
calement le profil en travers et du trottoir. Elle est en granit,
d'une voie. Une des consé- éminemment parisienne, mais
quences est de rompre la relation creusée sur sa face extérieure
traditionnelle qu'entretiennent pour permettre un écoulement
immeuble et sol, annulant l'effet des eaux sans risque pour les
de socle que procure le trottoir piétons de s'y mouiller les pieds.
aux bâtiments. La rue de plain- L'architecte avait élaboré un
pied prend en quelque sorte système de collecte, d'écoule-
l'aspect d'une cour intérieure, ment et d'évacuation des eaux
entraînant un net changement de ruissellement, combiné avec
dans la perception des espaces une galerie technique préfabri-
publics et privés. De plus , quée qui se serait logée sous le
l'énorme avantage de la chaus- trottoir et l'aurait porté. Seule la
sée bombée sur celle en creux est partie au niveau de la rue a été
de collecter les eaux de ruisselle- retenue et les réseaux divers des
ment dans des caniveaux proté- PTT, de l'EDF, de GDF et de la
gés par une dénivellation plutôt CPCU resteront donc enfouis en
qu'au centre habituellement plus terre, Le caniveau s'enfonce tou-
fréquenté. Mais l'argument le tefois trop profondément sous la
plus fort est peut-être la garan- bordure des trottoirs pour être
tie de réversibilité qu'offre ce mis en œuvre dans les rues les
parti. Enfin, cette simplicité plus étroites, puisque dans ces
dans les rapports entre cas la proximité du collecteur
l'immeuble et la rue a aussi central interdit de poser ce dis-
comme atout de rendre inutiles positif sans écrêter l'ovoïde mis
les marquages des domaines ou en place au XIX' siècle par la
de l'assise des bâtiments par des Direction des travaux de Paris.
jeux subtils de calepinage et de
Vue axonométrique Une bordure non matériaux, souvent moins clairs Aujourd'hui, la transformation
écorchée de principe sur drainante, rue qu'un changement de niveau, et du quartier Montorgueil est lar-
la trappe de visite d'un Montorgueil (doc Apur). trop rapidement gommés par gement entreprise. La lumino-
avaloir. l'usure et la saleté. sité de la chaussée, inhabituelle
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RÉALISATION'S
L
LAPLACE "-
VENDOME
n'est plus à démontrer. Mais il
est un cas au moins où leur
cause pourrait être commune:
cel ui où la création de places de
stationnement sous les espaces
publics parisiens entraîne leur
refonte globale en surface.
La réali sation d'une seconde
tranche du parc de stationne-
ment situé sous la place
Vendôme, outre le fait qu'elle a
Réaménagement de la place porté sa capacité de 900 à 1150
Vendôme. places, a été l'occasion de redon-
Pierre Prunet, architecte en ner à la place un lustre qu'elle
chef des Monuments histo- avait perdu.
riques. Le caractère historique et presti-
Direction de la voirie, études gieux du site impliquait que les
techniques. plus grandes précautions soient
Maîtrise d'ouvrage: Direc- prises quant à sa transforma-
tion de la voirie. tion, d'où l'importante concerta- Pi erre Prunet. arch itec t e;
tion menée entre la Ville de m aq uette du
Le caractère conflictuel des rap- Paris et les différents services réaménagement de la
ports entre la ville et la voiture de l'Etat, et le choix de confier le p lace Vendôme.
A A C EVE N D Ô M E 12311
ÉT"U"DES ET RÉ.ALIS.ATION"S
projet à Pierre Prunet, archi- dalles de 40 x 40, lui-même com-
tecte en chef des Monuments posé de petits carrés de pavés
historiques chargé de la protec- de 15 x 15 , est déroulé sur
tion du l'' arrondissement. l'ensemble du sol de la place ,
Si le cadre architectural de la avec pour bordure le trottoir
place n'a pas varié depuis le existant légèrement surélevé et
XVIII' siècle, l'espace public, lui, élargi (de 9 à 14 ml, revêtu de
en revanche , a été profondé- dalles à suivre du même granit.
ment transformé au XIX' siècle. Sur cet échiquier, des bornes en
La place est née de la volonté de granit gris et en inox brossé
Louvois de donner à l'Ouest le ponctuent discrètement la
pendant de la place des Vosges. limite entre piétons et voitures.
Sur les mêmes principes, il Le drainage d'une telle surface,
s'agissai t de créer, à l'écart des compte tenu des cotes imposées,
grandes rues, un écrin architec- tant à la périphérie qu'à la base
tural pour accueillir la statue de la colo nn e, a imposé un
du roi Loui s XIV. Jules nivellement complexe, avec des
Hardouin-Mansart et Boffrand pentes plus marquées autour
dessinèrent cette place sur un des espaces où l'on circule.
plan rectangulaire de 75 toises Les quatre émerge nces des
sur 70 (140 m x 124 m) à pans accès piétons du parc de station-
coupés. Elle était reliée par nement sont implantées suivant
deux percées aux rues des une composition carrée, centrée
Capucines et Saint-Honoré, et sur la colo nne Vendôme , et
construite sur ses quatre côtés construites en murs pleins du
par des façades symétriquement même granit que le sol. Les
ordonnées. La statue du roi , rampes automobiles sont
sculptée par Girardin, vint en conservées à leur emplacement
ponctuer le centre dès 1699. actuel, mais intégrées dans la
Au XIX' siècl e, la colonne largeur des trottoirs.
Vendôme à la gloire de l'armée
napoléonienne a remplacé la Aujourd'hui, chaque promeneur
statue de Louis XIV mais, sur- peut apprécier l'unité retrouvée
tout, le percement de la rue de de la place, à tel point que
la Paix, en 1806, prolongée par nombre d'entre eux, oubliant la
la rue de Castiglione, a trans- fragile ponctuation des potelets,
formé ce lieu retiré en un lieu se prennent à rêver d'une place
de passage et enclenché une entièrement piétonne et la par-
série de modifications qui abou- courent en tout sens sans se
tiront à la physionomie actuelle soucier, parfois, des risques dus
de la place. à la circulation.
Avant les travaux, le sol de la Mais le temps, ou plutôt le tra-
place éta it dessiné par fic automobile, ne manquera pas
l'emprei nte noir bitume de s de réintroduire par ses traces
deux courants de circulation - une différenciation de l'espace
une traversée axiale et une des- public, et ainsi cette ambiguïté
serte périphérique - qui la par- sera sans doute progressive -
couraient et délimitaient trois ment levée.
îlots piétons entourés par un F. K.
large trottoir.
Sans remettre en question le
dispositif circulatoire, l'objectif
du projet de Pierre Prunet est
d'en effacer le s marques , de
façon à unifier la vision de la
place et à retrouver l'ampleur
de la composition initiale. Un
vaste ta pi s de granit blanc
Aurore, tramé sur la base d'un
grand carré de 6 m serti de
12321É T U D E S
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Concours pour la place Chalon, 197 La parc André-Citroën, 91, 92, 93, COLBOC Pierre, architecte 128,129,130,131
95, 97, 118, 121 ATELIER PAYSAGE, paysagiste
mIU GRAPIC DE PROJECTO 1 OBRES DE Concours pour le parc de Bercy, 136- FERRAND Marilène, FEUGAS Jean-
L'AJUNTAMENT DE BARCELONA BERGER Patrick, architecte 137 Pierre, HUET Bernard, LEROY
Plan des aires nouvelles de centra- CLÉMENT Gilles, paysagiste Bernard, architectes
lité, 181 Concours pour le parc André- COLBOC Pierre, BARDON Renaud, LECAISNE lan, paysagiste
Plan des espace publics en 1992, 181 Citroën, 101, 121 architectes Concours pour le parc de Bercy, 138-
Place de la cathédrale, 183 Concours pour la place Chalon, 200 139,148,149,150-151,153
Rambla Poble Nou, 184 BERGER Patrick, architecte
La "bordure universelle", 186 SEEE, ingénieurs conseil CORAJOUD Michel, paysagiste FERRARA Guido, paysagiste
Rambla de Catalogne, 187 Concours pour la passerelle Réaménagement de la porte MAZzANTI Giancarlo, architecte
Solférino,211 Dauphine, 41 Concours pour le parc de Bercy, 140-
ATELIER ARPAGE, paysagiste 141
Concours pour la rue de Flandre, BERl Marc, architecte CORAJOUD Michel, paysagiste
206 Concours pour la rue de Flandre, BERl Marc, architecte FISZER Stanislas, architecte
207 Concours pour la place des Fêtes, 194 Concours et études pour la place
ATELIER PARISIEN D'URBANISME Chalon, 202
Aménagement de la ZAC Reuilly, 21 BONNIER Louis, architecte COULON Jacques, paysagiste
La Seine et les espaces publics, 39 Etudes comparatives des possibilités DEMAGNEZ Bertrand, architecte FORTIER Bruno, ROTA Italo, archi-
La Seine, l'axe Ouest et le quartier offertes par les réglementations pari- Concours pour le parc de Bercy, 136- tectes
Seine rive gauche, 39 siennes, 32 137 Concours pour la place des Fêtes,
Schéma de mise en valeur des 194
canaux dans Paris, 58, 60 BRENAC Olivier, GONZALEZ Xavier, DAVIOUD Gabriel, architecte Mise en valeur du pont
Plan programme du boulevard architectes Place Saint-Michel, 27, 28 de Bir-Hakeim, 224-226
Richard-Lenoir, 61 Concours pour la place Chalon, 198 Aménagement du boulevard
Comparaison graphique des princi- Richard-Lenoir, 62 FUKSAS Massimiliano, architecte
paux grands parcs parisiens, 89 BUFFI Jean-Pierre, architecte DEBULOIS François, architecte OVE ARup & PARTNERS, ingénieurs
Esquisse préliminaire du parc Principe de coordination architectu- API, paysagiste conseils
Citroën-Cévennes et coupe, 98 raIe pour le front du parc de Bercy, Concours pour le parc André- Concours pour la passerelle
Etudes pour le parc et le quartier de 127, 129 Citroën, 107 Solférino, 213
I> E :x:
FURET Catherine, architecte AGENCE TER, paysagiste PRUNET Pierre, architecte
Concours pour la place Chalon, 204 Consutation pour l'aménagement du Réaménagement de la place
boulevard Richard-Lenoir, 68 Vendôme, 154, 231,231, 232
GHIULAMILA Alexandre, MILLIEX
Jean-Michel, architectes MANGIN David, architecte SARFATI Alain, architecte
Parc Georges-Brassens, 86 OSTY Jacqueline, paysagiste SAMEL Gilbert, paysagiste
Consutation pour l'aménagement du Concours pour le parc de Bercy,
GIANNINI Alessandro, BRUSCHI boulevard Richard-Lenoir, 67 144-145
Carlo, architectes-paysagistes Aménagement du boulevard
Concours pour le parc André- Richard Lenoir, 23, 63 SCHUCH André, LUKASIEWICZ
Citroën, 109 Grille d'arbre pour le boulevard Christophe, BOTELLO Serge, archi-
Richard Lenoir, 57 tectes
GRUNIG-TRIBEL Liliane, paysagiste, Grilles et passerelles pour le boule- Consultation pour le réaménage-
TRIBEL François, architecte, TRIBEL- vard Richard Lenoir, 64 ment des Champs-Elysées, 74,84 CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES
HEINZ Annie, designer
Concours pour la place des Fêtes, MARGUERIT Alain, paysagiste SCHWEITZER Rolland, architecte AGPOAB : p. 183, p. 184, p. 186,
195 Consultation pour le réaménage- Aménagement des espaces publics p. 187 ; Apur : p. 19 h et b, p. 23 b,
ment des Champs-Elysées, 72, 83 de la ZAC Reuilly, 21 p. 45 h et b, p. 48, p. 54, p. 55 b,
GRETHER François, architecte p. 56, p. 64, p. 93 h, 123 h et m,
OSTY Jacqueline, paysagiste MARTIN DU GARD Jean-Paul, SOMERJAY, architecte p. 220, p. 221, p. 222, p. 223, p. 227,
Typologie des quais parisiens, 15 BEAUDOUIN Laurent, ROUSSELOT LONDON LANDSCAPE CONSORTIUM, p. 228, p. 229, p. 230 ; Quentin
Etude pour l'aménagement des Christine, architectes paysagiste Bertoux : p. 10, p. 42, p. 86, p. 154,
quais de Seine rive gauche, 157, 160 SGARD Jacques, paysagiste Concours pour le parc de Bercy, p. 190, p. 235 ; Documentation
Concours pour le parc André- 146-147 Française, interphotothèque : p. 92,
HABER Shamaï, sculpteur Citroën, 113 123 b, p. 192, p. 205, p. 210 ; DV :
Le terre-plein miroir de la place de SORIA Pierre, DUSOLLE Michel, p. 55 h ; DPE. : p. 55 m, p. 169 ;
Catalogne, 158, 165 MAURIOS Georges, architecte architectes, IGN : p. 217 ; André Lortie : p. 232,
Concours pour la place Chalon, 203 ATELIER ACANTHE - Philippe Niez, p. 13 ; Mairie de Paris: Henri Garat
HENARD Eugène, architecte paysagiste p. 6, Lefeuvre, p. 173, Pignol p. 179 ;
Projet de rue pour une ville de l'ave- MIMRAM Marc, architecte-ingénieur Concours pour la rue de Flandre, Mission Champs-Elysées : p. 73,
nir,36 SOGELERG, bureau d'études tech- 209 p. 79 ; Jérôme Saint-Loubert Bié :
niques p. 59 ; Fernando Urquijo : p. 91,
HENARD Eugène, avec AGACHE Concours pour la passerelle VACHEROT Laurence, paysagiste p. 93 b, p. 95.
Donat-Alfred et PROST Henri, archi- Solférino, 213, 215 CHARPENTIER Jean-Marie, architecte
tectes Concours pour le parc de Bercy, CRÉDITS DES DESSINS APUR
Plan d'extension et de transforma- MISSION CHAMPS-ELYSEES 144-145
tion de Paris, 35 Caractéristiques du réaménagement Christiane Blancot - Patrice Bouny,
des Champs-Elysées, 71 VALODE Denis, PISTRE Jean, et asso- p. 62, p. 63 b ; Josette Cocardon,
HIGSON Patrick, PEARSONMichael, Amandement au POS et phasage ciés, architectes p. 222 ; Patrick Galas, p. 39 h, p. 61,
architectes-urbanistes des travaux, 73 OVE ARup & PARTNERS, ingénieurs p. 65, p. 80, p. 89, p. 98 b, p. 99,
Concours pour le parc de Bercy, Concours pour la passerelle p. 132, p. 192, p. 196, p. 205, p. 210,
140-141 MITROFANOFF Wladimir, architecte Solférino,214 p.216 h, p. 218 , p. 219 , p. 224,
Concours pour la place Chalon, 203 p. 227, p. 231 ; François L'Hénaff :
HUET Bernard, architecte VANDENHOVE Charles, DE p. 220, p. 221, p. 222, p. 223 ; Phi-
Consultation pour le réaménage- NORDEMANN Francis, architecte WISPELARRE Prudent et associés, lippe Mathieu, p. 23 n' 3 et n' 4 ;
ment des Champs-Elysées, 74, 74- GALl Bet, paysagiste architectes, Pierre Micheloni, p. 125 ; Jean-
75,82 Concours pour le parc de Bercy, MALINOWSKY Marc, GROUPE ALTO, Michel Milliex, p. 98 h ; Jean-Paul
Aménagement de la place 142-143 consultant technique Vitali, p. 216 b
Stalingrad, 165, 193 Concours pour la passerelle
Concours pour la place des Fêtes, OLMSTED Frederick 1., paysagiste Solférino,214
195 Central Park, 31
VIGUIER Jean-Paul, JODRY Jean-
ILEX OMA - KOOLHAAS Rem, ZENGHELIS François, architectes
Concours pour la rue de Flandre, Elia -, architectes PROVOST Alain, paysagiste
208 CORAJOUD Claire, paysagiste Concours pour le parc André-
Concours pour le parc André- Citroën, 115, 117
LAFAY Bernard, président du Conseil Citroën, 105
municipal de Paris WILMOTTE Jean-Michel, designer
Esquisse de plan directeur de Paris, PAGES Muriel, architecte Mobilier pour les Champs-Elysées,
47 Etudes pour la voirie du quartier de 76,77
Bercy, 127, 129
LE CAiSNE Ian, paysagiste WINOGRADOFF et WINOGRADOFF,
FERRAND Marilène, FEUGAS Jean- PATTE Pierre, architecte architectes
Pierre, LEROY Bernard, architectes Plan général de Paris, 25 COUSSERAN Alain, paysagiste
Concours pour le parc André- Consutation pour l'aménagement du
Citroën, 110 PIANO Renzo, ROGERS Richard, boulevard Richard-Lenoir, 69
architectes
LE CORBUSIER Centre d'art et de culture Georges- WORMSER Vincent, architecte
Plan Voisin, 18, 195 Pompidoux, 19, 20 Consultation pour le réaménage-
ment des Champs-Elysées, 74, 85
LEDOUX Claude Nicolas, architecte PRICE, Low & CULLEN, architectes
Projet pour la ville de Chaux, 18 MEDHURST John, paysagiste
Concours pour le parc André-
LEM OlNE Bertrand, architecte Citroën, 112
I I> E
Achevé d'imprimer
sur les presse de
l'imprimerie Istr.a BL
à Strasbourg
le 4 juin 1993