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Nous disions tout à l’heure que la science moderne, par là même qu’elle veut être toute

quantitative, se refuse à tenir compte des différences entre les faits particuliers jusque dans les
cas où ces différences sont le plus accentuées, et qui sont naturellement ceux où les éléments
qualitatifs ont une plus grande prédominance sur les éléments quantitatifs ; et l’on pourrait
dire que c’est là surtout que la partie la plus considérable de la réalité lui échappe, et que
l’aspect partiel et inférieur de la vérité qu’elle peut saisir malgré tout (parce que l’erreur totale
ne saurait avoir d’autre sens que celui d’une négation pure et simple) se trouve dès lors réduit
à presque rien. Il en est surtout ainsi quand on en arrive à la considération des faits d’ordre
humain, car ils sont les plus hautement qualitatifs de tous ceux que cette science entend
comprendre dans son domaine, et pourtant elle s’efforce de les traiter exactement comme les
autres, comme ceux qu’elle rapporte non seulement à la « matière organisée », mais même à
la « matière brute », car elle n’a au fond qu’une seule méthode qu’elle applique uniformément
aux objets les plus différents, précisément parce que, en raison même de son point de vue
spécial, elle est incapable de voir ce qui en constitue les différences essentielles. Aussi est-ce
dans cet ordre humain, qu’il s’agisse d’histoire, de « sociologie », de « psychologie » ou de
tout autre genre d’études qu’on voudra supposer, qu’apparaît le plus complètement le
caractère fallacieux des « statistiques » auxquelles les modernes attribuent une si grande
importance ; là comme partout ailleurs, ces statistiques ne consistent, au fond, qu’à compter
un plus ou moins grand nombre de faits que l’on suppose tous entièrement semblables entre
eux, sans quoi leur addition même ne signifierait rien ; et il est évident qu’on n’obtient ainsi
qu’une image d’autant plus déformée de la réalité que les faits dont il s’agit ne sont
effectivement semblables ou comparables que dans une moindre mesure, c’est-à-dire que
l’importance et la complexité des éléments qualitatifs qu’ils impliquent sont plus
considérables. Seulement, en étalant ainsi des chiffres et des calculs, on se donne à soi-même,
tout autant qu’on vise à donner aux autres, une certaine illusion d’« exactitude » qu’on
pourrait qualifier de « pseudo-mathématique » ; mais, en fait, sans même s’en apercevoir et en
vertu d’idées préconçues, on tire indifféremment de ces chiffres à peu près tout ce qu’on veut,
tellement ils sont dépourvus de signification par eux-mêmes ; la preuve en est que les mêmes
statistiques, entre les mains de plusieurs savants pourtant adonnés à la même « spécialité »,
donnent souvent lieu, suivant leurs théories respectives, à des conclusions tout à fait
différentes, pour ne pas dire même parfois diamétralement opposées. -

Nessas condições, as ciências autodenominadas “exatas” dos modernos, enquanto fazem


intervir as estatísticas e chegam mesmo a pretender tirar delas previsões para o porvir (sempre
em consequência da identidade suposta de todos os fatos considerados, sejam passados ou
futuros), não são em realidade nada mais que simples ciências “conjecturais”, segundo a
expressão que empregam voluntariamente (no que reconhecem aliás mais francamente que
muitos outros o que isto é1) os promotores de uma certa astrologia moderna dita “científica”,
que não tem seguramente senão relações muito vagas e muito longínquas, se mesmo ela o
tiver ainda de outro modo que pela terminologia, com a verdadeira astrologia tradicional dos
antigos, hoje tão inteiramente perdida quanto os outros conhecimentos da mesma ordem; essa
“neoastrologia”, precisamente, faz também um grande uso das estatísticas em seus esforços
para estabelecer-se “empiricamente” e sem relacionar-se a nenhum princípio, e elas nisto têm
mesmo um lugar preponderante; é por essa razão que se crê por vezes decorá-la com epíteto
de “científica” (o que implica aliás que se recuse esse caráter à verdadeira astrologia, assim
como a todas as ciências tradicionais constituídas de uma forma similar), e isso é ainda bem
significativo e bem característico da mentalidade moderna.

1
Ce qu’il en est.

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