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Evolution Modeles Productifs
Evolution Modeles Productifs
Benjamin GHOZLAN
Pierre RIOU
TD 3210
L’EVOLUTION DES
MODELES
PRODUCTIFS
Introduction
Conclusion
INTRODUCTION
L’entreprise doit sans cesse améliorer ses performances pour survivre, en particulier sur
le plan des coûts, des délais et de la qualité, ainsi que dans la rapidité de la mise sur le
marché des produits nouveaux qui peuvent être soit des biens ou soit des services.
C’est la fonction de production qui joue alors le rôle d’arme stratégique.
C’est pourquoi les systèmes productifs qui ont vocation à organiser la production sont
incontournables dés lors que l’on parle de l’entreprise et plus précisément de
production.
L’ entreprise doit mettre en œuvre des modèles productifs adaptés aux exigences du
marché tout en tenant compte de l’aspect humain qui se traduit le plus souvent dans les
conditions de travail : c’est en quelque sorte le défi posé à l’organisation de la
production.
Les modèles productifs ont connu une évolution importante tout au long de l’histoire
étant donné que les contraintes posées, les produits fabriqués et la demande affectée à la
production ont de même beaucoup changés avec le temps.
Le problème posé est alors de savoir s’il y a eu phénomène de continuité entre les
différents modèles et le cas échéant quels ont été les facteurs de rupture ?
Les modèles productifs ont certes du faire preuve d’adaptation à leur environnement,
technique, social, humain et économique.
Cependant, la perspective de rentabilité de l’entreprise a tendance a accordé la
primauté à la production de masse
Nous analyserons alors les prémices de l’organisation de la production qui ont contribué
indéniablement à la naissance du modèle taylorien (I).
Puis, nous nous intéresserons à la remise en cause du modèle de Taylor qui a donné lieu
à de nouveaux enjeux en termes d’organisation de la production (II). Enfin, nous nous
interrogerons sur la situation actuelle des processus de production afin de savoir si le
modèle taylorien est réellement mort (III).
I- Vers une production de masse
Le taylorisme est le fruit d’une longue évolution de l’organisation des ateliers et des
chantiers (A).
C’est un modèle de production de masse et de fabrication de produits standardisés
fondé sur des préoccupations techniques plutôt que sociales (B).
Face à l’évolution du marché des dernières décennies le modèle taylorien a cependant
montré ses faiblesses (C).
« La division du travail » (au XIVe siècle dans l’industrie textile florentine) fut poussée au
maximum : produire une pièce de drap nécessitait 26 manipulations différentes, exécutées
chacune par un ouvrier spécialisé. On peut aussi noter la liberté en matière de déplacement et de
salaire des ouvriers du bâtiment , ces derniers pouvant aller d’un chantier à l’autre et refuser le
salaire offert.
Ce n’est pas le surmenage qui causait l’absentéisme parmi les travailleurs anglais du XIIIe siècle.
Il semble qu’ils aient eu plus de jours de congés officiel que ceux d’aujourd’hui… En moyenne,
l’ouvrier travaillait cinq jours et demi par semaine. Toutefois, sa journée était extrêmement
longue, commençant à l’aube, finissant à la tombée de la nuit, douze heures et demi l’été, huit
heures trois quart en hiver.
La modulation des horaires existait déjà !
L’histoire nous montre que Taylor, dont nous étudierons le modèle productif ultérieurement, a eu
des précurseurs.
Ainsi, l’économie anglaise du XVIe siècle est dynamisée par l’apparition de nouvelles industrie
telle que la verreries, la fabrication de canons ou l’extraction du charbon. Cette dernière activité
va prendre une importance particulière car le charbon de terre commence à remplacer le charbon
de bois dont le prix augmente en raison de la raréfaction des forêts.
La production anglaise passe de ce fait de 35000 tonnes vers 1560 à 200000 tonnes au début du
XVIIe siècle. Ce charbon est utilisé comme combustible domestique mais aussi industriel ; il
suscite également la construction de moyens de transports appropriés (terrestres et maritimes) et
alimente une partie des exportations britanniques. Ces nouvelles industries ne peuvent voir le
jour qu’en raison de l’élargissement des marchés intérieur et extérieur, de l’enrichissement
d’une partie de la population et de ce nouvel état d’esprit qui la pousse à investir dans le secteur
productif.
Cette évolution socio-économique a pour effet de concentrer des travailleurs salariés dans des
unités de production d’une dimension jusque là inconnue, pouvant atteindre plusieurs centaines
de personnes, et de mettre en place des activités complémentaires s’entraînant les unes les
autres au sein de ces unités. On peut ainsi donner l’exemple des horlogers qui ont acquis une
forte avance technologique sur les autres corporations et ont même commencé à appliquer les
principes de la division des tâches. En 1763, on relève seize spécialités dans la fabrication des
horloges et vingt dans celle des montres : faiseur de mouvements, finisseur, foreur, faiseur de
ressorts, graveur d’aiguilles, graveur de cadrans, confectionneur de balancier, polisseur de
cuivres, émailleurs de cadrans, argenteur de cadrans, graveur de boîtiers, doreur de bronze,
peintre fondeur de rouages, faiseur et polisseur de timbres…
Cette évolution de l’environnement influence les réflexions des hommes sur le moyen
d’organiser la production de manière optimale . Adam Smith est ainsi le premier à s’intéresser à
la question. On peut voir qu’il vente déjà les mérites, la supériorité de la division du travail dans
son ouvrage « La richesse des Nations » écrit en 1776. Celle-ci serait à l’origine de l’aisance de
tous, de l’efficacité économique.
« Cette grande augmentation dans la quantité d’ouvrage d’un même nombre de bras est en état
de fournir, en conséquence de la division du travail, est due à trois circonstances différentes :
premièrement, à un accroissement d’habilité chez chaque ouvrier individuellement ;
deuxièmement , à l’épargne du temps qui se perd ordinairement quand on passe d’une espèce
d’ouvrages à une autre, et troisièmement enfin, à l’invention d’un grand nombre de machines
qui facilitent et abrègent le travail, et qui permettent à un homme de remplir la tâche de
plusieurs (…) Cette grande multiplication dans les produits de tous les différents arts et
métiers, résultant de la division du travail, est ce qui, dans une société bien gouvernée, donne
lieu à cette opulence générale qui se répand jusque dans les dernières classes du peuple.
Chaque ouvrier se trouve avoir une quantité de son travail dont il peut disposer, outre ce qu’il
en applique à ses propres besoins ; et comme les autres ouvriers sont aussi dans le même cas ,
il est à même d’échanger une grande quantité des marchandises fabriquées par lui contre une
grande quantité des leurs. Il peut fournir abondamment ces autres ouvriers de ce dont ils ont
besoin, et il trouve également à s’accommoder auprès d’eux, en sorte qu’il se répand, parmi
les différentes classes de la société, une abondance universelle »
Adam Smith traite ainsi du problème de la gestion de production. Par l’effet de la division du
travail, le monde deviendrait un immense atelier où chacun serait spécialisé.
Smith prend l’exemple de la fabrication d’une épingle. Selon lui, un homme seul mettrait très
longtemps à fabriquer une épingle, alors que dans une manufacture spécialisée, des ouvriers
spécialisés qui auraient chacun qu’une seule tâche (par exemple un coup de marteau)
pourraient produire 48000 épingles en un jour. Cette différence de productivité serait due à
l’emploi de machines et à l’habilité des travailleurs spécialisés, d’où un gain de temps.
Frédéric W. Taylor ira plus loin que Smith dans l’organisation rationnelle de la production en
élaborant l’Organisation Scientifique du Travail (OST).
B. Le taylorisme et ses applications
Ses préoccupations étaient techniques plutôt que sociales. Ce qui s’explique par la situation
économique de l’époque où l’industrialisation est en plein essor, la demande est largement
supérieure à l’offre, la main d’œuvre est surtout rurale sans formation, n’ayant pas
d’expérience pour travailler dans l’industrie.
Frédéric Winslow Taylor (1856-1915) , américain d’origine irlandaise, définit ses idées
« clés » dans son ouvrage « Shop Management » paru en 1903. Elles portent essentiellement
sur quatre points :
- la « flânerie systématique » et le système différentiel de salaire institué pour la combattre
- le chronométrage
- la sélection de l’ouvrier
- une maîtrise fonctionnelle chargée essentiellement de préparer le travail
Taylor présente la flânerie systématique comme un postulat, c’est à dire quand on affecte un
certain nombre d’ouvrier à un travail similaire et qu’on les paie à un tarif journalier uniforme,
les meilleurs ralentissent leur vitesse d’exécution jusqu’à ce qu’elle rejoigne celle des moins
productifs. Il préconise comme moyen de lutte un système de salaire différentiel.
Il considère que l’homme n’aime pas le travail, que le travail est pénible pour l’homme qui a
des capacités physiologiques limitées. Le mode de rémunération au rendement optimise les
intérêts sociaux de tous au sein de l’entreprise. L’ouvrier gagne en efficacité, il peut
maximiser sa rémunération ; et justice , la rémunération récompense les efforts de chacun. Les
patrons obtiennent pour leur part un bas coût de fabrication.
Les bases du chronométrage telles que les conçoit Taylor, se résument en un certain nombre
d’impératifs :
Ce modèle de division / recomposition des tâches se base sur la croyance toute technicienne
en l’existence d’une forme optimale d’organisation du travail.
La division du travail telle que la pense Taylor vise à confier chaque tâche élémentaire à
l’ouvrier le plus apte à la réaliser. Cette division est multiforme, mais elle aboutit à une
fragmentation maximale des tâches : division horizontale et une séparation conception /
exécution : division verticale.
Taylor était partisan de l’organisation « staff and line », qui suit le principe de l’unité de
commandement .
La théorie de Taylor a été appliquée de son vivant. Il travaillait comme ingénieur conseil
travail pour la Betlehem Steel. Il a provoqué de grands changements dans son entreprise :
baisse du nombre d’employés, le rendement moyen a été multiplié par six en quelques années,
la rémunération des salariés a augmenté de 60 à 80 % .
Définir le travail à la chaîne exige que soit fait référence au taylorisme. En cela déjà, le
fordisme ne constitue qu’une rupture mineure. En ce qui concerne la standardisation, si
Taylor insiste presque exclusivement sur celle des modes opératoires, Ford s’inquiète
davantage de la standardisation des matériels. En matière de parcellisation du travail Ford va
pousser celle-ci à son extrême limite. Elle permet avant tout de faire appel à une main-
d’œuvre déqualifiée et de réduire pour celle-ci le temps de formation. Là où Ford va innover,
c’est dans l’importance qu’il va accorder aux machines ou plutôt aux systèmes de machines
reliées entre elles par un système de convoyage : c’est le principe de la chaîne de montage.
Celle-ci décharge l’ouvrier non seulement de tout travail pénible, mais aussi du souci
élémentaire de la réflexion. Ce n’est plus alors l’ouvrier qui circule autour d’un produit, c’est
le produit qui se déplace devant une série d’ouvriers fixés à leur poste de travail.
Les effets sur la productivité sont impressionnants, ainsi de 6000 exemplaires produits en
1908 la Ford T passait à 189000 en 1913. Mais la réaction des travailleurs ne se fit pas
attendre : 380% de turn-over en 1913.
Face à ce constat, Ford se rend compte que l’organisation du travail ne doit pas se limiter à
l’organisation du seul procès de travail. En introduisant le five dollars day, il tente de
résoudre le problème. Qu’est ce que le five dollars day ? C’est la décision prise par Ford de
porter (au 1er janvier 1914) le salaire minimum payer aux ouvriers de ses usines à 5$ par jour,
en même temps que la durée du travail était ramenée à huit heures. Pour comprendre la
surprise que cette décision a provoquée, il faut savoir que le salaire journalier perçu à
l’époque par les ouvriers américains de l’automobile variait entre 2 et 3 $.
Le five dollar day répondait ainsi à un problème spécifique d’embauche. Dans ce domaine,
l’objectif fixé fut atteint au-delà de toute espérance : quelques mois après la décision, de
longues files d’attentes se formèrent devant les bureaux d’embauche de la Ford Motor
Company, tandis que le taux de turn-over retombait à 6.4%.
Le five dollars day ne résultait certes pas d’une volonté philanthropique, mais son principe va
se révéler essentiel pour le développement de la production de masse, dans la mesure où la
redistribution des gains de productivité va s’ajouter à la baisse des prix pour stimuler le
dynamisme du marché.
Standardisation, mécanisation, centralisation, production de masse, marchés de masse,
régime salarial fondé sur la redistribution d’une partie des gains de productivité, telles
sont les racines de la division du travail fordienne diffusée après la Seconde Guerre mondiale.
Sa diffusion a ouvert des perspectives sans précédent à la croissance cumulative, l’ajustement
entre production et demande se faisant par la diffusion ex ante des gains de productivité aux
catégories alimentant la production de masse.
Les hommes se trouvent réduits à passer toute leur vie à remplir un petit nombre d’opérations
simples. Ils ne développent donc pas leur intelligence et n’exercent pas leur imagination à
chercher des expédients pour écarter des difficultés qui ne se rencontrent jamais. Ils perdent donc
naturellement l’habitude de déployer ou d’exercer ces faculté.
2) Un modèle en crise
Dans les années 60-70, les gains de productivité obtenus dans la période précédente
accroissent le niveau de vie des individus (accroissement du pouvoir d’achat des individus
par la baisse relative des prix des biens des produits). Cet accroissement du niveau de vie
combiné à des phénomènes sociologiques, se traduit par une demande accrue mais plus
diversifiée, plus personnalisée.
Pour répondre à cette demande, les producteurs doivent diversifier leur production : les
produits ont une durée de vie réduite du fait de l’évolution de la demande ; les producteurs
doivent anticiper les évolutions grâce au marketing. Les concepts de cycle de vie des
produits et de portefeuille de produits deviennent des références et poussent à l’innovation
pour bénéficier d’un avantage compétitif . Le marketing scrute le marché , la production
« suit » sous le contrôle de la finance grâce aux outils (dont la comptabilité industrielle) mis
au point au cours de la période précédente.
Dans ce contexte, les économies d’échelle deviennent plus difficiles à dégager et l’effet
d’expérience joue plus rarement car la diversité de la demande conduit à des micro-cadences
incompatibles avec l’apprentissage qui suppose une assez forte répétitivité.
Ainsi les modèles produits par Renault voient leur nombre de variantes progresser fortement :
Renault 4 1963 11
Renault 16 1971 6000
Renault 18 1982 60000
A partir du milieu des années 70, l’organisation taylorienne, dans de nombreux cas, ne peut
plus faire face à l’évolution des marchés.
En effet conçue pour une production uniforme, l’unité de production taylorienne engendre
dysfonctionnements et contre-performances quand, au sein d’une même unité, les activités
de production hétérogènes se multiplient pour répondre à la diversité de la demande. W.
Skinner énonce le principe de focalisation, selon lequel une unité de production ne peut pas
tout faire : réduction des prix, diminution des délais, amélioration de la qualité et de la
flexibilité. Dans le même temps, W. Abernathy et K. Wayne montrent que la recherche d’effet
d’apprentissage est source d’effets pervers essentiellement en terme de rigidification des
entreprises. Certains constructeurs automobiles en privilégiant les grandes séries ne pouvaient
répondre à l’offensive de leurs concurrents qui privilégiaient des séries plus courtes (séries
limitées liées à une saison ou un événement) mais bien mieux adaptées à la demande ; leurs
chaînes de montages étaient trop rigides.
Cherchant à réduire les coûts par effet d’apprentissage et économies d’échelle, les entreprise
ne font pas évoluer correctement leur appareil de production pour répondre à la
diversification de la demande.
On voit donc bien que l’organisation du travail du one best way atteint ses limites à l’heure de
la transformation des marchés : globalisation, flexibilisation. Le taylorisme sous sa forme
originelle a été poussé à sa perte.
Les travailleurs sont soumis, aliénés à leur machine à la cadence intensive de la chaîne de
montage. Ils n’effectuent qu’un petit nombre de tâche à cause de la partialisation. Leur
travail est donc répétitif. Ils sont considérés comme des robots, ils effectuent leurs gestes
machinalement sans jamais avoir à réfléchir.
Les travailleurs dans les années 70 réalisent que cette situation n’est plus soutenable, leurs
exigences sont plus nombreuses, ils ne peuvent plus supporter une telle qualité de vie. Ce
sont donc les fondements même du taylorisme qui l’ont conduit à sa perte.
De plus, des mutations techniques couplées à des impératifs de rentabilité ont abouti au
développement de l’automatisation de la production (C).
Dans les années 50 il fallait six mois pour obtenir une 2 CV, véhicule standard
et dépouillé. Dans les années 80-90, le client s’attend à trouver à trouver le
véhicule qu’il souhaite avec 20000 variantes, une qualité, une fiabilité et un
service élevés.
On demande à la production de fabriquer des gammes de produits de plus en
plus étendues, tout en maintenant et même en réduisant les coûts et en
améliorant la qualité.
On demandes à la production, une grande flexibilité en volume et en produit,
de savoir travailler sans stock et d’être disponible pour lancer rapidement de
nouveaux produits.
Il est un fait que les coûts salariaux sont élevés en France, c’est pourquoi
l’entreprise lorsqu’elle ne délocalise pas sa production optera pour la
diminution des temps de fabrication. Concrètement, cela se traduit par le
recours à l’automatisation, l’informatisation et l’organisation.
Ainsi, dans l’industrie textile, le temps de fabrication d’une chemise est passé
de 20 minutes à5 minutes et dans l’industrie automobile, le temps de montage
d’une voiture est passé de 25 heures à 16 heures.
La qualité:
La flexibilité :
L’apprentissage
Origine :
Dans les années 60, après avoir analysé les méthodes fordistes, Eiji
Toyoda, membre de la famille fondatrice du groupe Taichi Ohno, a
mis au point cette méthode. Il faut noter qu’ à cette époque, la
productivité japonaise était dix fois inférieure à la productivité
américaine. Après de 20 ans de rodage, la méthode fut largement
utilisée au Japon.
Les ordres de fabrication ne sont plus dictés par le planning mais par
le poste aval, qui utilise à cette fin une étiquette ( kanban en
japonais) sur la quelle on mentionne la quantité souhaitée.
Le modèle MRP a été mis au point aux Etats–Unis dans les années 1960 et est à la
base de la plupart des logiciels de gestion de la production assistée par ordinateur
(GPAO). Il permet de calculer les besoins nets en matières à fabriquer ou à
acheter, en fonction du carnet de commandes, des stocks et des en-cours.
Cette anticipation de la demande a pour objectif de mieux gérer les stocks à moyen
et long terme (maîtrise des délais de commande et de la valeur des stocks). Cette
mission rejoint en un sens celle du modèle JAT, cependant les 2 modèles
n’agissent pas au même niveau : la logique du MRP est d’anticiper la demande
pour planifier l’approvisionnement tandis que celle du JAT est de se laisser
guider par la demande pour produire.
_ il y aura des usines sans ouvriers : c’est le vieux rêve des techniciens mais
l’automatisation ne remplace au mieux qu’un tiers des ouvriers et on a besoin du
personnel pour assurer les investissements financiers ;
_les nouvelles techniques sont des remèdes miracles : non puisqu’elles sont plus
difficiles à utiliser que prévu, les objectifs sont rarement atteints, les délais de mise
en œuvre dépassés et en conséquence la rentabilité décevante.
L’homme est considéré désormais comme une richesse. Il peut être actif. Tout individu est
intéressant, il a des idées. De plus il voit ce qu’il se passe réellement en pratique, il n’est pas
enfermé dans un bureau à ne faire que des suppositions, il a la connaissance du terrain. Il est
donc en mesure de faire des remarques constructives dans différents domaines comme :
l’organisation du travail, les méthodes de production, la qualité, la productivité ainsi que les
conditions de travail. C’est dans le but de récolter ces remarques que les cercles de qualités
ont été créés. Il s’agit de groupes de salariés volontaires se réunissant pendant les heures de
travail afin d’effectuer des propositions pouvant permettre des améliorations.
Les salariés et leur supérieur définissent conjointement la direction participative par objectif
(la D.P.O.). Ils fixent les buts à atteindre tous les ans. Cela permet de développer la
communication interne qui est facteur de cohésion au sein de l’entreprise.
Comme le montre le tableau ci-dessous il semble en effet que se modèle soit vraiment
appliqué, notamment en France.
Après l’échec du taylorisme, l’entreprise Volvo a tenté de mettre en place une toute nouvelle
organisation basée sur le social, sur la motivation des travailleurs, afin que leur liberté puisse
les conduire à être plus productif. Le projet fut conçu dans les années 80 et le début de la
production fut initialisé en 1989. Le but étant de produire les modèles haut de gamme, les
séries 900.
En effet, la production est adaptée à un segment particulier, celui du haut de gamme donc un
modèle et non pas une gamme entière. L’usine est dite de montage final, autrement dit, on
n’assemble pas entièrement le véhicule comme dans le modèle classique. La partialisation des
tâches et la spécialisation du modèle classique sont remplacés par un travail de groupe dans ce
modèle. La plus grande rupture se fait au niveau de la suppression de la chaîne de montage,
pourtant maillon central du taylorisme. De plus, on trouve dans l’usine des machines spéciales
afin d’éviter des charges aux ouvriers.
Un système où tout est organisé autour du social. La liberté des employés au niveau des
tâches est réelle, ils évoluent à leur guise. On assiste à un travail d’ensemble où l’esprit de
groupe est très important. La gestion participative est très présente, les syndicats actifs
favorisent le brainstorming et finalement les groupes sont complètement autonomes.
Les seuils de rentabilité ne furent jamais atteints, c’est pourquoi l’entreprise Volvo ferma
l’usine d’Uddevalla en 1993. Les dirigeants de Volvo ont voulu baser l’expérience sur un
aspect peut être trop social, trop libertaire, sans assez d’encadrement, et n’ont pas donné
assez d’importance à la gestion de la production en elle-même, ce qui a conduit à des
problèmes d’absentéisme et d’oisiveté.
En résumé, Volvo s’est retrouvé face à la réalité économique, plus de liberté pour le
travailleur et plus de social ont été un échec puisque l’usine a fermé ses portes.
Même si les structures deviennent plus flexibles, il existent toujours des temps de
production contraignants. La diminution des temps morts demeure le fondement
de l’organisation : il s’agit toujours de lutter contre la flânerie, non plus contre
celle des hommes, mais celle des machines. La production en flux tendu, le
JAT, ne sont en fait rien d’autre que l’expression d’un taylorisme modernisé.
Le travail reste toujours chronométré afin de tenir les délais imposé par le marché.
Ce sont donc les exigences en terme de qualité et de délai qui donnent lieu au néo-
taylorisme.
Le toyotisme :
Fondé par l’ingénieur Ohno, le modèle toyotiste consiste à s’adapter aux exigences du
marché. Il prend donc en compte la flexibilité, , la qualité, le coût et les délais. Le
toyotisme est en quelque sorte une revisite du taylorisme car ses fondements
principaux sont identiques :
_ une production de masse (Toyota reste le premier constructeur mondial avec
3.900.000 véhicules produits en 1999). Le principe de différenciation retardée est
combiné avec la production standardisé (sur une même plate-forme, sur une même
caisse, on greffe en dernière minute les différences : moteur, sièges…).
_ enfin, elle conserve des cadences très élevées dues à l’automatisation et aux délais à
tenir.
Problèmes économiques,
N° 2359, 19 Janvier 1994 : Vers de nouvelles formes d’organisation de la production.
N° 2447, 22 Novembre 1995 : L’ère de la productique : crise ou dépassement du modèle
classique d’organisation.
N° 2458, 7 Février 1996 : Par quel système remplacer le Fordisme ?
La gestion de production
A. Gratacap, Dunod (1999)
Gestion de production
P. Roger, Précis Dalloz (1992)
Abondance : état durable d’équilibre entre les besoins et les biens destinés à les satisfaire. L
L’abondance s’oppose à la rareté.
Flexibilité : ajustement rapide des quantités, des prix et des qualités aux variations du volume
et de la structure de l’offre et de la demande sur les marchés.
Juste à temps : idée d’ajuster l’offre à la demande, production en flux tendue. La demande
détermine l’offre. Il faut s’adapter aux variations qualitatives et quantitatives des
consommateurs au plus vite. Système de pilotage de la production à court terme devant
permettre de produire à la demande.
Gains de productivités : ils sont réalisés quand le rapport entre le volume de la production et
le volume des moyens mis en œuvre pour obtenir cette production augmente.