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Le Ménestrel Journal de (... ) bpt6k56152444 PDF
Le Ménestrel Journal de (... ) bpt6k56152444 PDF
musique
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basse continue du décor. sonnes présentes, cela va de soi !')? C'est ce que nous nous
:
proposons maintenant d'examiner.
« Quelle peut être, me dis-je alors, la somme esthé-
tique des connaissances et des impressions chez ces
aimables femmes et ces fraîches jeunes filles dont nous Il faudrait d'abord aérer les petites chapelles dans
admirons l'inépuisable générosité dorsale? D'après le lesquelles un petit nombre de charlatans, se prenant —
bilan des répertoires, elles savent et croient, et ensei-
ou se donnant — pour des apôtres, enseignent à la foule
\ gnent sans doute aux maris et aux frères dont la résigna- des snobs le rituel d'adoration qui les agenouille devant
tion les accompagne, que Gounod a écrit deux oeuvres : des idoles en carton doré (plus la couche d'or est
Fausi et Mireille et peut-être aussi Roméo et Ju- épaisse, plus l'idole est solide et plus l'apôtre est
—
liette; Bizet deux également : Carmen et l'Arlésienne convaincu, ou fait du moins semblant de l'être). L'assai-
(cette dernière
pour la consommation de la Rive gauche, nissement d'un répertoire en partie privé d'oeuvres
avec accompagnement de pianos Gaveau) ; Berlioz, brutales ou extravagantes permettrait, aussi bien au
Saint-Saëns, Lalo et Delibes, chacun
une : la Damnation concert qu'au théâtre, de remettre en lumière des noms
de Faust, Samson et Dalila, le Roi d'Ys etLakmé; Mas-
injustement — scandaleusement oubliés (1). Le rôle de
J'Senet trois : Manon, Werther et Thaïs. Enfin arrive la critique musicale consiste précisément, pour une
M. Puccini avec trois numéros la Tosca, la Bohême
; : grande part, à poursuivre cette campagne, et donc à
.et Madame Butterfly, sans oublier M. Mascagni et sa
Cavalieria rusticana
(1)Le lecteur est prié de vouloir bien se reporter à l'excellent
Qui nous vint d'Italie et qui lui vint des cieux! » article de M. Paul Bertrand, consacré aux Concerts du Conserva-
C'est tout ou peu s'en faut. En sorte que si, à l'ins- toire, dans le Ménestrel du 14 novembre, et où est précisément
— traitée cette importante question de « la résurrection de certaines
tar du prince Hamlet, ces belles musiciennes se livrent
l a^ monologue, rassemblant leurs prédilections entre- oeuvres anciennes ». — Ce qu'il dit du répertoire des concerts, je
le dis ici du répertoire des théâtres, et ce sont évidemment deux
mêlées de réminiscences, on pourra, je pense, sans trop
aspects d'une même question.
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LE «MENESTREL
éclairer le jugement du public. D'autre part, celui-ci appartient d'y courir Vous y rencontrerez des oeuvres
doit se garder de considérer le feuilleton théâtral ou injustement délaissées, outre celles des maîtres déji
musical comme une sorte de catéchisme dont les diffé- nommés, et si parmi elles votre bonne chance vous
rents articles réclament un acte de foi. II lui faut amène à la Statue, de Reyer, à la Namouna,à& Lalo
renoncer au seul oreiller que lui fournit l'adhésion aux Pêcheurs de Saint-Jean, de M. Widor, à la Proser-
tacite à une opinion reçue sans examen. « D'autant, pine, de M. Saint-Saëns, ou à la Xavière, de M. Théo-
nous dit fort sagement Montaigne, que l'âme est plus dore Dubois, ne manquez pas de les saluer bien
vuyde et sans contrepoids, elle se baisse plus facilement sympathiquement de ma part et de leur mander la joie
soubs la charge de la première persuasion. » Que le que j'éprouverais de les revoir — et surtout de les
public, donc, s'efforce à combler les « vuydes » de son réentendre. Quant à MM. Puccini, Leoncavallo ei
instruction littéraire et musicale. Il ne lui faudra pour Mascagni, ils ont sans doute écrit d'autres chefs-d'oetme
cela qu'y employer une partie du temps généralement que ceux dont nous jouissons déjà — mais nous saurons
consacré à des futilités négligeables. momentanément nous contenter de cet acompte.
Voici, me semble-t-il, quelques indications dont le
public pourrait tirer parti pour sa propre éducation, et
Et d'abord, lire attentivement les ouvrages vers les- afin de parvenir à égaler la hauteur, qui n'est pas
quels le portent ses goûts et ses habitudes, les lire médiocre, de ses fonctions et de son importance : « Le
intégralement et ne se point contenter des quelques pages public vertueux et judicieux, écrivait le délicat penseur
marquées par la mode et l'engouement. Ensuite, lier Joubert, est seul le véritable public, le seul dont les suf-
connaissance, pour ce qui est des oeuvres théâtrales, frages puissent compter, et dont le jugement fasse loi.i
avec les sources d'où elles furent tirées, et apprendre à
Ce rôle n'est-il point enviable et magnifique? Or, ver-
les goûter en elles-mêmes, telles qu'elles étaient avant tueux, vous l'êtes, — nous le sommes tous ! Il ne nous
que ne s'y fussent mis les vers des librettistes. Rien reste qu'à devenir judicieux, et à mettre, en un mot,
qu'en nous reportant aux titres précités, cette entreprise notre jugement au niveau de nos moeurs. C'est direi
évoque les noms de Goethe, Mistral, Mérimée, Daudet, quelle vertigineuse altitude il pourra s'élever.
Mûrger, Anatole France, Pierre Loti. Familiarisez-vous Un mot encore en terminant : je ne voudrais point
avec ces messieurs, et, comme on chantait dans le Pré- avoir chagriné les spectatrices dont l'ensemble m'inspira
aux-Clercs, « vous en aurez l'honneur et le plaisir ». les réflexions, sorte de prélude en dos majeur, par où
Pour beaucoup, ce sera revenir en pays de connaissance ; j'ai entamé cet article. D'une telle vue, un grand poète
mais pour quelques-uns, peut-être, il y aura là une eût su tirer de beaux vers. Puisse-t-il s'en rencontra
nouveauté d'impressions et de charmantes surprises; ce un pour célébrer nos contemporaines comme le fit
qui pourra d'aventure supprimer avant leur éclosion Leconte de Lisle de leurs préhistoriques aïeules, les-
des questions analogues à celle de certaine personne quelles laissaient flotter au gré du vent leurs tresses
demandant pourquoi Beaumarchais avait, dans le sombres, tandis que des rocs aux teintes sanglantes,
Barbier de Séville, donné à son héros le nom d'un Comme de grands miroirs suspendus dans les ombres,
journal! De la pourpre du soir baignaient leur dos puissant.
Voilà pour les poèmes. Quant à la musique, c'est un René BRANCOTJR,
peu plus compliqué, mais non pas insoluble. Il suffit de
grouper de bonnes volontés accompagnées des indispen-
sables connaissances musicales. Le maître de musique
dont sont utilisées les leçons pour telle ou telle d'entre LA SEMAINE DRAMATIQUE
vous, mesdames, pourra présider à quelques études
d'ensemble autour des partitions connues, pour com-
— Comédie-Française. — L'Hérodienna, comédie héroïque
mencer. Les duos, trios, choeurs seront essayés, puis
étudiés, et l'élève « Public » se convaincra peu à peu en 3 actes, en vers, de M. Albert DU BOIS.
que telle ritournelle, tel prélude, tel fragment de récita- Il n'y a pas trois semaines, la Comédie-Française fai-
tif offrent un intérêt au moins égal à celui que présente sait entrer à son répertoire Intérieur, de M. Maurice:
l'air en vogue, ou la. cavatine que bramèrent l'hiver Maeterlinck; a-ujourd'hui elle y ajoute l'Hérodienne,à
dernier deux cents larynx tapissés de bonnes intentions. gentilhomme de lettres wallon, M. Albert du Bois. No>
Cela fait, l'oeuvre mieux comprise, parce que réellement chers amis belges ne pourront vraiment se plaindre quel;
connue, semblera revêtue d'une beauté nouvelle lorsque premier théâtre littéraire de France ne leur fasse, en d
à nouveau elle sera entendue au théâtre. temps d'essai de reprise de vie artistique normale, li!
Et alors, chers co-auditeurs, cette idée neuve, impré- par.t largement belle; et, de notre côté, nous aurions;
vue, inouïe, audacieuse et fantastique, surgira de vos quelque mauvaise grâce à juger cette hospitalité abn-j
cervelles associées : « En dehors des opéras ou drames sive alors que les deux ouvrages, de genre différent dani|
lyriques reparaissant sur l'affiche avec la régularité de leur noble gravité, sont d'indéniable intérêt.
la garde montante remplaçant la garde descendante, Cette Hérodienne qui, si nous ne nous trompons, fui
qui sait si leurs auteurs n'auraient pas écrit autre chose? créée aux Arènes de Nîmes et fut ensuite reçue,"ruf
C'est invraisemblable, soit! mais nous savons que le de Richelieu, sous l'administration de M- Albert Carré,
vrai peut quelquefois... » Précisément, et j'allais n'est autre que Bérénice, la Bérénice de Corneille etdt
vous
le dire. Eh bien ! soyez satisfaits : Gounod écrit Sapho,
a Racine, la compagne juive de l'empereur romain Titus,
Philémon et Baucis, le Médecin malgré lui; Bizet la petite-fille d'Hérode le Grand, d'où ce surnom.
a
composé Djamileh, les Pêcheurs de Perles, la Jolie Fille Ce sur quoi M. Albert du Bois a principalemenl
de Perth; Berlioz est l'auteur de Benvenuio Cellinieiàe insisté en ses trois actes de tragédie, ou de comédif
Béatrice et Bénédict,-Massenet... Mais à quoi bon héroïque suivant sa propre appellation, c'est l'antago-
suivre! L'éveil est donné, la piste est ouverte, et ilpour-
vous nisme violent, implacable et cruel des romains pour .If
— 5o —
LE •
MÉNESTREL
juive étrangère : lutte de la bonté, de la douceur et de connus du grand public; et ce furent donc deux nouveau-
l'idéal d'une paix universelle contre l'orgueil égoïste, tés La première, de Henry Eccles, un compositeur anglais,
!
l'esprit de domination et le besoin farouche de faire la du temps de Purcell, qui fut à Versailles un des musiciens
Il là des qui semblent inspirées de la Chambre du Roi, écrite dans le style italien de
guerre. y a pages par Corelli, a tour à tour, comme il sied à de la musique de
les événements tragiquesque nous venons de traverser. cour, la grâce charmante et la spirituelle légèreté, mais
Malgré Titus, docile aux conseils de celle qu'il aime, l'une et l'autre comme voilées d'un peu de mélancolie
Rome l'emporte, et la tendre et rêveuse Bérénice est prise aux brumes de la Tamise; la seconde, de Jean-Ernest
sacrifiée. Galliard, né en 1687, dans le Hanovre, mais de parents
Non sans certains élans, non sans éloquence parfois français, a beaucoup plus de relief et de couleur; nous
sonore, non sans mouvement dramatique, surtout aux en avons surtout goûté les deux derniers mouvements (une
deux premiers actes, M. Albert du Bois a trouvé dans a sarabande » et une « allemande ». Ces deux suites,
l'on pourrait appeler les parties politiques de orchestrées avec un goût très sûr par M. Salmon, ont été
ce que jouées par lui avec précision et chaleur, et il a obtenu le
son oeuvre — et ce sont les plus nombreuses, les plus
plus légitime des succès.
importantes — les couplets, les images et les mots Pour finir, la 2e Symphonie (en ré majeur). Elle est, sur-
qui impressionnent immédiatement l'auditeur et qui tout dans son magnifique schei'jo et dans l'inoubliable alle-
décident du succès. Moins bien inspiré par les épisodes gro molto final, un des sourires de Beethoven, mais c'est
purement amoureux — le vers idéalement tendre de le sourire d'un génie, et qui pourra dire ce qu'un tel sourire
Racine chante invinciblement en notre mémoire — renferme d'amertume vaincue, de renoncement joyeux, de
M. Albert du Bois ne nous a peut-être pas donné le désir de pardonner?... La critique ancienne fut sévère pour
dernier acte sur lequel nous étions presque en droit de ce chef-d'oeuvre; dans la notice de la Société des Concerts,
M. Maurice Emmanuel cite cette phrase de la Galette du
compter. Monde élégant (1804) : « Un monstre informe se débat;
La Comédie-Française a monté l'Hérodienne avec
transpercé, il ne veut pas mourir; il perd son sang et, dans
énormément de soins et de goût, l'encadrant de trois
sa rage, il frappe autour de lui, de sa terrible queue », et
beaux décors, lui prêtant une mise en scène curieuse- celle-ci, des Tablettes de Polymnie (1811) : « Cet auteur,
ment vivante et lui assurant l'appoint d'une distribution souvent baroque, étincelle quelquefois de beautés extra-
de choix. Bérénice, c'est Mme Bartet, et Mme Bartet c'est ordinaires. Après avoir pénétré l'âme d'une douce mélan-
encore et toujours « la divine » ; dernière création, colie, il la déchire aussitôt par un amas d'accords barbares.
paraît-il, avant la retraite ; que les jeunes se hâtent Il me semble voir enfermer ensemble des colombes et des
donc d'aller écouter et s'efforcent de saisir les secrets crocodiles. » Les jugements d'autrefois ne sont-ils pas
d'un art tout d'émotion et profonde et discrète, et de souvent bien amusants? J.-H. MORENO.
distinction captivante. M. Albert Lambert est un Titus Concerts-Coîonne
ardent et décoratif, et M. Fenoux, Domitien, le frère Après de très bonnes exécutions de l'ouverture de Léonore
impatient de régner, est moins turbulent qu'à l'ordi- (n° 3) et de la Symphonie en la de Beethoven, M. Pierné
naire. Du reste de l'interprétation nombreuse, solide, nous a offert diverses oeuvres contrastant diamétralement
équilibrée, où se lisent les noms de. MUes Roch, Del- avec le début du programme. Différentes entre elles, toute-
vair, Guintini, toutes les tragédiennes de la Maison, fois présentent-elles ce caractère commun d'être aussi
de MM. Desjardins, de Max, Dorival, il faut citer tout « avancées » que possible.
à part M. Denis d'Inès, de légèreté plaisante, précise et M. Fumet, élève de l'aimable et modeste Guiraud, fut le
spirituelle, et MUe Berthe Bovy, de gaminerie juvénile, condisciple de. Gustave Charpentier, d'Erlanger, de
MM. Guy Ropartz, Paul Dukas, Carraud, et autres contem-
charmante et personnelle. Paul-Emile CHEVALIER. porains justement estimés. C'est évidemment un musicien
convaincu, dont les études furent solides et qui manie l'or-
chestre avec une véritable habileté. Auteur d'une composi-
LES GRANDS CONCERTS tion intitulée : Les Trois Ames, dont la première partie,
l'Ame de la Terre, fut exécutée il y a trois ans à la salle
Gaveau, il nous faisait entendre aujourd'hui les deux sui-
Société des Concerts du Conservatoire vantes : L'Ame des Eaux et l'Ame du Feu. Un commentaire
nous enseigne que l'inspiration s'en trouve dans l'interpré-
La trilogie de Wallenstein, de M. Vincent d'Indy, est tation panthéiste de la Nature. Il y est question en outre
une des oeuvres contemporaines qu'on pourrait qualifier de des nappes d'eau personnifiées, divinisées et se répondant
« classiques » ; elle est d'une architecture magistrale et d'une selon leur degré hiérarchique ; et aussi de l'élément cos-
substance. musicale sans défaut. On y voudrait plus de mogonique qui embrase tout l'univers, allume les étoiles et
richesse dans l'imagination, plus de spontanéité dans l'émo- se résorbe dans le soleil. Voilà, ce me semble, bien des
tion, en un mot, une plus forte originalité, — l'originalité choses réunies en un espace assez restreint, et il est regret-
ne consistant pas à dire ce que nul n'a dit, mais à s'inspi- table que la lumière de tant de corps célestes n'arrive point
rer, dans ses créations, directement de son propre « génie » ; à éclairer ces éclaircissements. « J'étais encore tout petit,
— cette oeuvre n'en mérite pas moins, pour sa hauteur et sa disait Fontenelle à propos de la métaphysique, que je
probité artistiques, toute notre sympathie, tout notre respect. commençais déjà à n'y rien comprendre. » Ne soyons pas
Masques et Bergamasques... C'est une suite extraite de la plus ambitieux que l'auteur des Entretiens sur la pluralité
comédie lyrique de MM. Gabriel Fauré et René Fauchois des mondes, et bornons-nous à écouter la musique de
qui fut représentée, sous ce même titre, à Monte-Carlo M. Fumet. Elle le mérite par sa coloration pittoresque,
pendant la dernière saison. Les trois premières parties pas-
tichent agréablement les danses exquises et artificielles de
encore que l'on y sente comme un reflet du début de l'Or
du Rhin, d'une part, et, de l'autre, de l'enchantement du
1 époque de Louis XV; dans la quatrième
et dernière partie, Venusberg de Tannliduser ; et ces deux tableaux méritent
Pastorale, on retrouve davantage, et avec quel plaisir! d'être considérés, abstraction faite de toute explication éso-
—
—•
^la personnalité délicatement tendre et rêveuse du térique qui ne saurait rien ajouter à leur très réel intérêt.
maure qui est une des gloires de la musique française. Ce sont aussi des tableaux que les Pagine de guerra, de
Comme pour répondre au voeu de notre collaborateur M. Alfredo Casella, lequel (nous annonce gravement
Paul Bertrand, M. Gaubert M. Prunières) est « un explorateur de régions inconnues,
nous a fait entendre hier deux
anciennes « suites » pour violoncelle, d'auteurs bien peu hanté du désir de renouveler intégralement toute la tech-
5i
LE- MÉNESTREL
nique ... » Arrêtons-nous devant cet euphémisme, et ima- Concerts -Lamoareax
ginons ce court dialogue : « Pourquoi avez-vous gâché à Ce fut une morne séance que celle qui nous fut donné)
coups de marteau le torse et la tête de cette statue, creusant dimanche par les Concerts-Lamoureux : sans le Concerto^
la poitrine, rasant les lèvres, aplatissant le nez et pochant Beethoven, joué par Mme Alem-Chéné, et le Capriccio esjj.
les yeux? — Afin de renouveler intégralement toute la gnol de Rimsky-Korsakoff qui terminait le programme,
technique de la statuaire. » C'est à la fois candide et déli- l'après-midi se fût achevée grise comme le ciel et connut
cieux ! la neige salie qui couvrait nos trottoirs.
C'est pourtant ainsi que M. Casella a célébré le renou- Disons-le franchement, cela fut dû, non au programn»
musical. Les successions les plus rudes et les plus qui était en lui-même fort beau, mais à l'absence de
veau
exaspérantes se cotisent chez lui presque sans disconti- M. Chevillard qui avait cédé le pupitre à M. Paul Vidal,
nuité, et avec une obstination enfantine qui finit par amu- Chacun sait, et il l'a suffisamment prouvé à l'Opéra, que
l'esprit, sinon l'oreille, des auditeurs. Car à ceux-ci le M. Paul Vidal est un excellent musicien de théâtre, mais
ser
compositeur semble dire avec Verlaine (je cite de mémoire hier il a un peu manqué de flamme et il en est resté uni
et non textuellement, peut-être) : impression d'hésitation et de mollesse.
Voici pour vous des chocs de quartes et de quintes, Le programme débutait par l'Hymne à la Justice, d'Aï-
Puis le bras de Pierné qui ne bat que pour vous. béric Magnard. C'est une oeuvre qui ne manque pas dt
Ne les repoussez pas avec de vaines craintes, beauté, mais dure et sans lyrisme. On ne peut certes
Et qu'à votre tympan le dur présent soit doux ! accuser Albéric Magnard de flatter les goûts du public : il
Au reste, il peut y avoir là des intentions d'un réalisme a conçu une Justice raide, sévère et vraiment par trop sans
descriptif. Par exemple, les obus ayant fracassé l'orgue de pitié. Son hymne devait rester dans ce ton.
la Cathédrale de Reims, il est fatal que des sons discor- La quatrième Symphonie de Beethoven est une oeuvre
dants puissent seuls s'en échapper. La Croix de bois exquise, de tendresse et de joie, pleine de sourire et quel-
sert, je suppose, au crucifiement de la pauvre Harmonie fois d'ironie. Il a paru que M. Paul Vidal n'en faisait pai
qui s'épuise en cris fâcheusement douloureux ! Sérieuse- surgir comme il convenait tous les détails : il a notamment
ment, il est regrettable de voir un musicien aussi bien conduit trop vite le deuxième mouvement indiqué pai
doué, au double point de vue de l'invention rythmique et Beethoven adagio et qui est ainsi devenu un andante cor
du gouvernement des timbres, se laisser aller à ces sin- moto prenant trop souvent l'allure d'un allegretto. Le finale
gulières manies! Quels saisissants instantanés, d'autre part, a été en revanche très joliment dessiné, avec les réponse
que son Défilé d'artillerie lourde ou sa Charge de cavalerie quatuor dont Beethoven fait un si admirable usage.
cosaque! Et quelle âpre et mouvante vigueur dans sa Croi- Mllc Marcelle Demougeot a chanté deux airs supplémen-
sière de cuirassés italiens ! On ne saurait pousser plus loin taires des Noces de Figaro, l'un qui appartient au rôle de
l'évocation musicale d'une évolution maritime, et cela fait la Comtesse, l'autre à celui de Suzanne; le second est
penser à l'une des toiles fantastiques du grand Turner sou- charmant, mais ni l'un ni l'autre ne convenaient à Mlle De-
dain muée en impressionnante symphonie... M. Stravinsky, mougeot dont le talent est plus fait de force que de grâce.
lui, n'est ni métaphysicien ni fantastique, et sa Petrouchka « Dieu qu'elle est belle, mais qu'elle est
imposante ! » fait
rappelle seulement l'apothéose par laquelle Paris fête dire Beaumarchais à Chérubin parlant de la Comtesse.
annuellement la gloire du Pain d'épice. Avec le grouille- Mlle Demougeot est belle, mais Beaumarchais, ni Mozart, i
ment de la scène, il se peut que _ce bastringue soit amu- n'avaient assurément conçu une comtesse aussi imposante,
L'air, supplémentaire également, d'Idoménée qu'elle i
;
32
LE-MENESTREL
le Concerto pour violoncelle, de Lalo, à l'allégro schuman- (n° 7). — D.-V. FUMET : a) l'Ame des Eaux ; b) l'Ame du Feu (2' audi-
Il fut exécuté dans un style parfait et avec une sono- tion). — WAGKER : les Murmures de la Forêt. — Igor STRAVINSKY :
nesque. Pctrouchka.
rité vibrante, mais à laquelle on eût désiré plus de charme. Dimanche 23 novembre, à 2 heures un quart, sous la direction
C'est encore un peu à Schumann que fait penser M. Marc de M. Gabriel Pierné. — Gabriel PIERNÉ : Ramuntcho (suite bas-
Delmas avec son cycle de cinq mélodies : Du Rêve au Sou- que), 1" audition aux Concerts-Colonne. — a) Anton DVORAK :
Rusallca; b) K. KOVABOVIC : Chanson slovaque (M"° Tonci Urban-
venir. Elles se rapprochent de la forme traditionnelle du kova). — Albert ROUSSEL : le Festin de l'Araignée (fragments
lied. Très courtes, simples de ligne mélodique et de symphoniques). — Hector BERLIOZ : Symphonie fantastique.
langue harmonique, elles possèdent ce caractère recueilli, Concerts-Lamoureux (dimanche 23 novembre, à 3 heures, sous
concentré, qui ne les destinait pas à l'imposant auditoire la direction de M. Camille Chevillard). — BERLIOZ : Ouverture
d'un grand concert et ne comportait pas l'instrumentation, de Benvenuto Cellini. — DEBUSSY : Iberia. — FAURÉ : Fantaisie
d'ailleurs fort ingénieuse, dont l'auteur les a enrichies pour piano et orchestre (M. Robert Lortat). — E. LALO : Scherzo
après coup. Elles expriment, avec une réelle poésie, l'in-
pour orchestre. — César FRANCK : Variations symphoniques (M, Ro-
bert Lortat). — SCHUMAXN: Symphonie rhénane (n° 3).
quiétude de l'âme de la jeune fille, qui s'ouvre à la vie, Concerts-Pasdeloap (samedi 22 et dimanche 23 novembre, à
qui attend, qui doute, qui frémit sous la douceur de l'aveu 3 heures, sous la direction de M. Rhené-Baton).
— Alfred BRU-
KEAU : Prélude de l'Ouragan : a) 1. Goël; 2. La Baie de Grâce;
-
et s'épanouit enfin dans la tendresse du sentiment maternel. b} 3. L'Ouragan; 4. Le Départ. — Edouard LALO : Concerto pour
Deux thèmes symbolisant l'inquiétude et l'amour assurent piano (M. Edouard Gares). — Richard WAGNER : Prélude de Par-
l'unité de ces pages brèves, qu'on souhaiterait entendre au sifal. — SAINT-SAËXS : Troisième Symphonie.
sein d'une intimité discrète, dans la pénombre d'un inté- Jeudi 27 novembre, à 3 heures, sous la direction de M. Rhené-
rieur paisible, murmurées comme une douce confidence, Baton. — GLUCK. Conférence de M. Expert.
.
par une voix aux nuances d'une délicatesse infinie, se dé- CONCERTS DIVEHS
tachant sur le fond impersonnel d'un accompagnement de Samedi 22 novembre. — 1" Concert du Philharmonie String-quar-
piano. C'est là que réside peut-être le secret de l'intensité tett de Londres (Salle Gaveau, 3 heures).
expressive du lied, faite, selon le mot de Heine, « de l'émo- Concert Léonardi (Salle Gaveau, 8 h. 3/4).
tion du coeur qui chante, de la poitrine émue qui se sou- Concert Braïlowsky (Salle des Agriculteurs, 8 h. 3/4).
Samedis musicaux du Théâtre-Edouard-VII, 3 heures :
lève » et qui, avec les moyens les plus simples, permet MM Cfiailley-Riehez et le quatuor Chailley.
de « toucher aux entrailles mêmes de l'humanité ». Ce ne Lundi 2,4. — Concert Janine Weill et Hortense de SamDigny
fut pas tout à fait ainsi que ce cycle de mélodies nous fut (Salle Gaveau, 8 h. 3/4).
présenté : une orchestration chatoyante, où la richesse Concert Baud (Salle des Agriculteurs, 8 h. 3/4).
variée des timbres introduit des intentions dramatiques, Université des Annales, 4 heures : Conférence Reynaldo
llahn.
grandit ces tableautins jusqu'à la boursouflure, et MBje Lucy Mardi 33. — Concert de ia Société philharmonique de Paris :
Isnardon les interpréta avec une voix "d'un métal superbe, MAL Charles Murano, Joseph Slivinski (Salle Gaveau,
mais d'une intensité uniforme et en un imposant style de 9 heures).
théâtre... Et le charme fut rompu. Concert Sonia Darbell, Louis Wins et Yovanovitch (Salle
Supérieur dans l'exécution des belles pages de l'école des Agriculteurs. 8 h. 3/4).
symphonique moderne, M. Rhené-Baton n'excelle pas Mercredi 26. — Concert Oscar Delvigne (Salle Pleyel, 9 heures).
Philharmonie String-quartett de Londres (Salle" Gaveau,
moins à diriger les oeuvres des musiciens russes. Schêhéra- g heures).
\ade, de Rimsky-Korsakoff, a été enlevée par lui avec une Concert G. de Lausnay (Salle Gaveau, 4 h. 1/2).
flamme, une variété de rythme et d'accent qui en ont mis Jeudi 2j. — Concert au bénéfice de l'Association des Anciens
en valeur, de manière incomparable, l'orientalisme éblouis- Elèves du Conservatoire (le piano, de Bach à Saint-Saëns)
(Salle du Conservatoire, 8 h. 1/2).
sant. Concert de M™ Jaques-Dalcroze (Salle Pleyel, g heures).
—La seconde série des Concerts historiques, consacrée à Concert Gorlinka Dolina (Salle Gaveau, 8 h. 3/4).
l'Ecole classique française, a été inaugurée par une très Concert André Hekking (Salle des Agriculteurs, 8 b. 3/4).
.
brillante conférence de M. Henry Expert, bibliothécaire Vendredi 2 8. — Concert Koubitzky-Gil Marcheix-André Levy
(Salle des Agriculteurs, 8 h. 3/4).
au Conservatoire, le musicographe éminent à qui nous Concert Wins : M™* Roger-Miclos, quatuor vocal Battaille
devons la révélation des Maîtres musiciens de la Renais- (Boîte à Fursy, 3 heures).
ance française. Négligeant à dessein toute intention es- Salon d'Automne. Concert organisé par M. Parent (3 heures).
thétique, M. Expert a voulu se borner à illustrer magnifi- Concert de MM. Cbadeigne et Zîghera (Salle Gaveau, 4 b. 1/2).
Concert de M Jleerovitch (Salle Pleyel, 8 h. 3/4).
110
« J'ai essayé, nous déclare-t-il, de faire de la vraie mu- autant chez lui qu'on peut l'être, et il sculpte en plein:
sique de théâtre, sans aucun parti pris d'école et sans la matière orchestrale avec la dévotion d'un disciple qui esl
hantise d'aucune formule, mais avec un souci de l'écriture un maître. Une oeuvre de cette richesse est susceptible
qui soit susceptible d'intéresser les musiciens. » ainsi qu'il va des très grandes choses, de tant de nuance
L'auteur nous dit la joie intense que lui a causée la ges- d'interprétation, que nous n'avons pas été surpris de senti
tation de son oeuvre, la splendeur des chants populaires cette fois, surtout, la noble joie et la sérénité allègre l'em-
dont il a tiré largement parti. Et, avec une ardeur juvénile, porter même sur les mélancolies du cor anglais, dans Fil-
un enthousiasme communicatif animant sa physionomie legretto, et sur la sévérité des cuivres dans le finale. Pom-
mobile, qui rappelle de manière si frappante celle de quoi le Liégeois César Franck, qui fut en somme un grani
Xavier Leroux, il nous exprime sa volonté d'écrire surtout Rhénan, ne deviendrait-il pas le maître moderne d'expres-
désormais pour le théâtre, et nous convie à la très pro- sion de la Rhénanie, après Beethoven classique et Schuman!
chaine première de cette oeuvre de début, dont notre pro- romantique? Et ne peut-on pas entrevoir de merveilleusfl
chain numéro rendra compte. consonances entre des terres de cathédrales et la musiqui
de ce cordial « pater seraphicus »?
M. Soudant, professeur au Conservatoire, a remportél(
même soir un succès du meilleur aloi dans le Concerto s
L'abondance des matières nous oblige à remettre à un ré de Beethoven. A part quelque tendance à l'alanguissfc
prochain numéro l'intéressante Étude de notre collabo- ment çà et là, une grande pureté, son et style, a caractérisa
cette exécution (en dehors de ses mérites techniques qï
rateur M. Julien Tiersot. sont excellents) : elle a eu l'honneur d'évoquer, chez le
habitants des concerts, un triomphe de Kreisler dans k
même morceau. Mais il s'agissait là d'un oiseau de passa?
— alors qu'aujourd'hui, ce qui contribua à l'impression pif
Notre Supplément musical faite, ce fut de voir l'artiste applaudi s'asseoir à son pupiW
de premier violon, et de savoir qu'on possédait ainsi une
force très sûre — et très stable. Le chromatisme doulou-
(pour les seuls abonnés à la musique) reux de la Lénore de Duparc (qu'il eût été si commode*
traiter pittoresquement en thème de musique descriptif
ouvrait le programme, complété par le Chant funèbre &
La poésie d'Albert Samain, toute de délicatesse de demi-
Magnard et son intensité douloureuse. Le public, surplis
et
teintes, semble convenir particulièrement à l'art si fin si élé-
et par quelques indications toutes modernes et dérouté p*
gant de Philippe Gaubert. Nos abonnés se rendront compte quelque longueur, n'a pas discerné peut-être tout ce qu'il
exécutant cette charmante mélodie, que l'admirable flûtiste en y a de classicisme intérieur dans cette élégie, soutenu
habile chef d'orchestre est aussi un compositeur du plus et 1
remar- d'un rythme de marche funèbre. Parions que c'est là, dan'
quable talent.
ce qu'on a appelé le caractère racinien — passion contenu*
54
LE * MENESTREL
et véhémence réprimée — de l'auteur de Bérénice, que se Sigurd, Hérodiade et Aphrodite d'y obtenir également le
trouve la forme musicale à laquelle des auditeurs accou- plus franc succès.
tumés aux plus faciles effusions viendront le plus diffici- La veille de l'incendie on avait joué Mignon.
lement... Marseille est une ville riche et prospère, les amateurs de
Un concert de musique de chambre a remis un public musique y sont nombreux ; il faut espérer que prochaine-
plus réduit en présence de M. Soudant et de ses collabora- ment s'élèvera sur les ruines de l'ancien Opéra un théàire
teurs, pour le deuxième quatuor de Beethoven et le quatuor neuf, de belle architecture, muni des derniers perfection-
de Debussy. L'exquis badinage du deuxième mouvement, nements, digne de la grande ville, capitale de la Provence.
le mystère velouté du troisième ont conquis la méfiance des — La Société des Concerts classiquesareprissesnudilions
plus'moroses. D'autre pan, M. Petit, professeur de chant sous la direction de M. Flament. Le dimanche 0, novembre
au Conservatoire, a présenté sept lieds de l'avant-dernière le programme était ainsi composé : Symphonie, de Franck;
école française. Ne dirons-nous pas qu'en dehors de Franck Marche héroïque, de Saint-Saëns; Aux Etoiles, de Duparc.
qui ouvrait le défilé et de Fauré qui le fermait, ces char- et Capriccio espagnol, de Rimsky-Korsakotf.
mants contemporains ne laissent pas de valoir par des qua- Dimanche dernier, M. Staub, professeur au Conserva-
lités et des procédés quelque peu analogues? Il y a en toire de Paris, s'est fait entendre dans le Concerto nn 1,
particulier des conclusions qui se ressemblent comme des de Saint-Saëns ; il y a obtenu un grand succès, et l'or-
soeurs; et le public, qui le sentait et qui apprécia fort, chestre a fort jbien interprété la 41' Symphonie de Sehu-
d'ailleurs, cet art délicat et sa présentation par M. Petit, mann.
fit un sort particulier au Bûcher d'A. de Castillon, distingué
par un accompagnement très intéressant et moins prévu.
Des voeux pour finir, comportant l'un une critique de
.
avec Chanson triste et Phydilé, de Duparc. Exécution par VOratorio Society d'Exeter d'une
M. Gay mérite des compliments pour l'habileté et l'entrain —
oeuvre considérable de H. .1. Edwards, Hymne de Victoire
.''avec lesquels il dirigea l'orchestre. et de Paix, pour choeur, quatre voix solo, orchestre et
LYON.
— La Société des Grands Concerts a inauguré, le orgue. C'est le premier ouvrage choral célébrant la paix
ïdimanche 9, sa quinzième année d'existence. Sous la direc- récente que l'on ait donne, jusqu'ici, chez nos voisins.
tion de M. Witkovvski, l'orchestre a joué l'ouverture du Maurice LÉXA.
.Freyschiitç, l'Apprenti sorcier. Psyché, de César Franck, et le ESPAGNE
Concerto pour deux violons de Bach, exécuté par MM. Hayot
;
Certains de nos compatriotes ne sont pas les seuls à
•et G. Poulet. Orchestre et solistes ont soulevé les applau-
dissements du public qui réunit toute la société lyonnaise. avoir subi l'influence de R. Strauss. Elle n pénétré jusqu'en
Espagne où, cependant, pour de l'inspirai ion. on iVaurfut
-,
MARSEILLE.
— L'Opéra de Marseille a été détruit par pas besoin de regarder vers le nord. Les quatre vers d'une
d'incendie le jeudi i3 novembre. Le théâtre devait domici- copia » gitane ne contiennent-ils pas souvent, dans leur
K
lie soir l'Africaine lorsque, vers six heures (deux heures sincérité primitive, plus de drame exaspère cl poignant
gavant la représentation), le feu se déclara sur la scène et ne que toute une partition ingénieusement démente '
tarda pas à embraser tout l'édifice. On ne signale aucun Voici, à ce propos, les termes que suggère à un critique
iaccident de personne, le théâtre était, en effet, encore vide de Espana Nueva un poème svmphonique du sefior Alfonso
de personnel à cette heure. Les pompiers durent Vila :
se contenter
•de préserver les immeubles voisins qui,
sur les côtés, ne « Inspirée, dans la musique, par Strauss et, dans le
;Sont séparés du théâtre que par des rues très étroites. sujet,par une poésie de Guimcra. l'oeuvre s'intitule l'Anmil.
Le monument n'avait
pas grande valeur artistique et res- » Comment exprimer verbalement son
effet sonore! Peut-
semblait un peu à notre Odéon, mais la salle était vaste, être de la façon suivante: « Hélas n cris, plaintes, gémis-
!
•bien aménagée, l'acoustique
y était excellente et de sim- sements d'angoisse, lamentations, transes, soupirs, sanglots,
ples réparations de mobilier auraient pu faire une des imprécations, clameurs, etc., etc. lit l'orcheslte hurle,
vphis jolies salles de province.
en
s'égosille, se cahre, prodigue de monstrueuses cl assourdis-
;;/Cet incendie est extrêmement regrettable, car Marseille santes vociférations.*>
rables richesses musicales. Et ce jour-là (on peut le prévoir, des représentations du Testament de César Girodot et du
si l'on considère les extraordinaires qualités populaires de Jeu de l'Amour et du Hasard.
cette nation) marquera l'avènement d'une étonnante Ecole. — Caprice de Roi, une oeuvre charmante et jusqu'à
Raoul LAPARRA. présent inconnue de Pugel, a été reçu à l'Opéra-Comique.:
Mestres Calvet, directeur du « Liceo » de Bar- C'est là une réparation que l'on devait à la mémoire de ce
—
M. Juan musicien si fin, trop délaissé. Toutes nos félicitations aus
celone, nous adresse le cartellone de la grande saison Directeurs de la salle Favart.
d'opéra, qui s'ouvre le 27 novembre. Parmi les artistes La première du Barbier de Séville, chanté en italien
engagés figurent : Mmes A. Baron, L. Bori, F. Campina, —
(ô amer Carrière di Milano, veuille en prendre note!),
Fanny Heldy, G. Lubin et T. Poli-Randaccio (sopranos) ;
avec la belle distribution que nous avons donnée dans
A. Borghi-Zerni et M. Capsir (sopranos légers) ; Bardot- notre dernier numéro, a eu lieu le samedi i5 courant, -
Darmel, A. Lahowska et G. Volponi (mezzo-sopranos; ; et non le vendredi 14 comme, jusqu'à la dernière heure, le
MM. P. Borgioli, L. Canalda, J. de Casenave, G. Darmel, Théâtre-Lyrique l'avait laissé croire. Nous regrettons de
R. Lasalle, J. Palet et Ch. Rousselière (ténors); E. Bione, ne pouvoir donner un compte rendu détaillé de cette re-
J. Bourbon, A. Crabbé et M. Morro (barytons); présentation, la direction du théâtre ayant jugé inutile
M. Journet, J. Torres de Luna, H. Lequien et G. Rebona- d'inviter la critique à se prononcer.
to (basses); M1"-' E. Magliani (ire danseuse). Le chef d'or- — Mme Jaques-Dalcroze, la femme de l'éminent musi-
chestre est le maestro Antonio Guarnieri. Le répertoire cien suisse qui créa la Gymnastique rj'thmique et dont noiii
comprend Manon, Thaïs, Louise, Carmen, Mignon, la avons tout récemment publié une étude sur la Musique ei
Dolores, les Huguenots, Paillasse, la Bohême, Lucie de l'Enfant, donnera un concert à la salle Pleyel (22, rue Ré-
Lammermoer, la Favorite, le Barbier de Séville, Aïda, chechouart), le jeudi 27 novembre, à g heures du soir. Ai
Gioconde, Hernani, Don Pasquale, Tristan, Tannhàuser, programme, très varié, des mélodies ou des chansons de
Fauré, de Debussy, de Jaques-Dalcroze et de classiques
la Walkyrie, les Maîtres Chanteurs. Comme ouvrages italiens. Auparavant, la remarquable cantatrice qu'es!
nouveaux pour Barcelone, M. Mestres Calvet montera Mme Jaques-Dalcroze se fera entendre à la Société dei
Monna Vanna, d'Henry Février, qui a promis de venir Concerts du Conservatoire, le dimanche 23 novembre, dan]
surveiller les dernières répétitions et de conduire la pre- Trois Chansons du XVIPsiècle, reconstituées par W: Morse-
mière représentation dans la seconde quinzaine de décem- Rummel, dans Clair de Lune, de Gabriel Fauré, et Ronii
bre, lo Monjo Nègre, de Joaquin Cassado, Ivan le Ter- de Mai, de Jaques-Dalcroze.
rible, de R. Gunsbourg, Balada de Carnaval cxBohemios de — Prochainement le Théâtre-Sarah-Bernhardt jouerai
Amadeo Vives. Les ouvrages français seront chantés en Maison cernée, de M. Pierre Frondaie avec Mmes Michdli
français. Cézanne, Thomas, MM. Louis Gauthier, Paul EscofEerel
A Valladolid, Massenet remporté série de vic- Yonnel.
— a une
toires avec Thaïs et Manon. Cette dernière oeuvre surtout — C'est la Chasse à l'homme de M. Maurice Donnay qiii
a triomphé, le public ayant demandé à la réentendre au succédera aux Variétés aux Sentiers de la Vertu, lorsque
lieu et place de la Vie de Bohême. C'était la première fois le succès de cette reprise sera épuisé.
que Manon était jouée dans cette ville. Toutes nos félicita- — M. Jacques Copeau donnera à l'hôtel des Sociétés
tions à M1Ie Vix, interprète remarquable, intelligente et Savantes (8, rue Danton), le samedi 29 novembre, à 4 heures
dévouée, à laquelle on ne saura jamais trop gré de tout ce de l'après-midi, une conférence sur le Théâtre du Vieux-
qu'elle fait en Espagne pour la musique française. Colombier et son oeuvre.
ITALIE — Le Théâtre-Edouard-VII où 5o représentations oui
consacré le succès de l'Erreur d'une nuit d'été, prépaie
De Florence : pour le spectacle suivant la Liaison dangereuse, fantaisie
« La Pergola », dont l'ouverture eut lieu avec le Barbier,
bouffe en 3 actes, de MM. Mouezy-Eon et Félix Ganderi,
joué par Galeffi, a donné successivement Aïda, Lohengrin musique de M. Marcel Pollet, les trois mêmes auteurs di
et la Manon de Massenet. cette Folle Nuit qui fut jouée plus de cinq cents fois.
La Di Giovanni fut une Eisa parfaite, et l'oeuvre de MM. Henry Defreyn, Laverne et Harry-Baur, MmeS Mar-
Wagner a été fort bien accueillie. A propos de Manon, la guerite Deval et Jeanne Ader en seront les principaux pro-
tagonistes.
Gaj^etta dei Teatri écrit : « Pour la première de Manon le
théâtre était comble. Pas une place libre ! Ofelia Nislo fut — Hier M. Expert a donné aux Concerts-Pasdeloup *
conférence sur Rameau. Il est assez amusant de voir cons;
une Manon idéale et révéla de telles qualités artistiques ment ses contemporains jugeaient celui-ci.
qu'elle s'imposa à l'admiration du public. Dino Borgioli Voici ce que le duc de Luynes écrit dans ses Mémoili
(des Grieux) domina l'auditoire ravi durant la soirée à la date du 25 novembre 1737.
entière. » G.-L. GARNIER. « Rameau, fameux musicien, qui a déjà fait trois opéras
vient de donner le quatrième qui est Castor et Pollux. (ï
opéra n'a point réussi et a donné même occasion aux va.
ÉCHOS ET NOUVELLES ci-joints, qui n'ont pas été faits par un poète, mais pars
homme du monde :
—*«— Contre la moderne musique
La première nouveauté représentée à l'Opéra sera les Voici ma dernière réplique :
Goyescas, de Granados. Cet opéra du célèbre compositeur Si le difficile est beau,
espagnol sera accompagné de Sylvia, le délicieux ballet de C'est un grand homme que Rameau;
Léo Delibes qu'on n'a pas représenté depuis fort longtemps, Mais si le beau, par aventure,
mais dont le public connaît bien les principaux morceaux Etait la simple nature
grâce aux... concerts militaires qui font presque toujours Dont il doit être le tableau,
figurer à leur programme ce qu'ils appellent une « sélec- C'est un sot homme que Rameau. »
tion » de Sylvia. Le duc de Luynes n'avait pas besoin de nous prévcif
A la Comédie-Française, c'est la pièce de M. Léonce que ces vers n'étaient pas d'un poète, on pourrait ajouli
—
de ioncièresjFabienne, qui constituera le prochain spectacle qu'ils n'étaient pas non plus d'un musicien.
nouveau. On compte passer au début de "décembre.
M. Georges Berr qui, ainsi que nous l'avons annoncé, BIBLIOGRAPHIE j
devient directeur des études classiques après le départ de Chez Berger-Levrault, éditeurs, 5-7, rue des Beaux-Ai|
M. Truffier, va établir de nouvelles mises en scène des Paris. — (Guerre et Théâtre, 1914-1918) : Mémoires d'un o§h
pièces de Molière. du général Galliéni et journal parisien du directeur de VÙfA
M. Emile Fabre a présidé cette semaine les Comique pendant la guerre, par P.-B. GHEUSI. Volft
d'admission au Conservatoire. concours in-8° de 400 pages, avec un portrait. francs. — J
— 10
— La troisième tournée officielle de la Comédie-Française JACQUES HEUGEL, directeur-gèraM
est partie pour Gand, Bruxelles et Liège où elle donne ^__^
IMPRIMERIE CHAIX, RUE BERGÈRE, 20, PARIS. — 18290-11-19. (EnCFC M»!
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