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Cahiers de nutrition et diététique (2011) 46, S27-S34

Édulcorants intenses : point d’actualité sur leur


sécurité d’emploi et les dernières innovations
Point of the art on the safety of intense sweeteners

D. Parent-Massin

Laboratoire de Toxicologie Alimentaire et Cellulaire EA 3880,Université de Bretagne


Occidentale, 6 avenue le Gorgeu, CS93837, 29238 Brest cedex 3, France

Résumé
MOTS ClÉS Les édulcorants intenses font l’objet d’une évaluation du risque toxicologique avant leur
Édulcorants ; mise sur leur marché, confiée en Europe à l’EFSA, qui a aussi en charge d’évaluer tout
risque toxicologique ; nouvel élément scientifique pertinent qui pourrait amener à reconsidérer les conclusions
aspartame ; des évaluations précédentes. L’EFSA a évalué récemment plusieurs études très médiatisées
stévioside sur l’aspartame afin de déterminer leur valeur scientifique. Elle a confirmé au vu des
données scientifiques disponibles l’innocuité de l’aspartame tant pour les enfants, que
les adultes et les femmes enceintes et considéré ces études comme non pertinentes et
menées selon des protocoles erronés. Un nouvel édulcorant d’origine naturelle a été
évalué par l’EFSA. Ce sont des extraits de stévia, une plante du Paraguay qui contient
des glycosides de stéviol, et notamment le rébaudioside A, qui apportent un goût sucré
sans sucres ni calories. Les études toxicologiques ont montré que ces substances ne
sont ni génotoxiques, ni cancérigènes, ni liées à de quelconques effets indésirables
pour la reproduction ou pour le développement. L’EFSA a établi une dose journalière
acceptable égale à 4 mg par kg de poids corporel par jour pour les glycosides de stéviol.
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Summary
KEywORDS
Before authorisation a risk assessment is performed on all new sweeteners. In the European
Sweeteners;
Union, it is EFSA which is in charge of these risk assessments as well as assessment of
risk assessment;
all new data which can induce a reevaluation. Recently, EFSA assessed several studies
aspartame;
on potential adverse effects of aspartame. EFSA considered that these studies were not
stevioside
relevant due to the protocols used and confirmed that aspartame is safe for children
as well as for adults and pregnant women. A new natural sweetener has been recently
assessed by EFSA, steviol extracts obtained from Stevia, a plant from Uruguay. Toxicological
studies showed that no adverse effects can be induced by these extracts as well as on
genotoxicity, cancerogenicity, long term exposure, fertility and development. EFSA
allocated an ADI of 4 mg/kg bw/day to steviol glycosides.
© 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Correspondance / Correspondence
parentm@univ-brest.fr

© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.


S28 D. Parent-Massin

Généralités La DJA est la quantité d’une molécule qu’un individu peut


consommer tous les jours de sa vie sans courir de risque
Définition pour sa santé. Elle est déterminée à partir de la Dose
Sans Effet ou DSE (No Observed Adverse Effect level,
Un édulcorant est une substance possédant une saveur NOAEL) chez l’animal le plus sensible, affectée a priori
sucrée qui est utilisée pour son action sucrante. Les de deux facteurs de sécurité. Le premier tient compte
substances douées d’une saveur sucrée peuvent être de la variabilité inter spécifique ; il est égal à 10 et peut
regroupées en deux catégories : être subdivisé en 4 pour la toxicocinétique et 2,5 pour
• les édulcorants nutritifs dont le pouvoir sucrant est la toxicodynamique. Le second facteur de sécurité tient
inférieur ou voisin de celui du sucre. Parmi eux on compte de la variabilité intra spécifique ; il est égal à 10
distingue les « sucres »comme le saccharose, le fruc- et peut être subdivisé en 3,2 pour la toxicocinétique et
tose, le glucose, l’isoglucose, etc. qui sont des denrées 3,2 pour la toxicodynamique.
alimentaires, et les polyols ou sucres-alcool comme le La DJA sera donc égale à la DSE divisée par 100, et sera
sorbitol, le xylitol, l’isomalt, le maltilol, le mannitol et exprimée en mg ou µg par kilo de poids corporel par jour
le lactitol qui sont des additifs alimentaires ; (mg ou µg/kg pc/j). Dans le cas où des effets cancérigènes
• Les édulcorants intenses (non nutritifs) qui, compte dose dépendants seraient identifiés, ou des malformations
tenu de leur haut pouvoir sucrant, ne présentent qu’une seraient observées lors des études de tératogenèse, un
charge pondérale infime dans la denrée alimentaire sont facteur de sécurité supplémentaire entre 2 et 10 peut
des additifs alimentaires. également être ajouté.
Plusieurs types de DJA peuvent être fixées en complément
Évaluation du risque des édulcorants de la DJA classique, ci-dessus décrite :
• DJA temporaire : on peut fixer une DJA temporaire en
Comme tous les additifs dont ils font partie, les édulcorants attendant que des données complémentaires soient
font l’objet d’une évaluation du risque toxicologique. fournies dans un délai déterminé ;
Le risque est la probabilité pour qu’un effet indésirable • DJA sans limite ou non spécifiée : l’établissement d’une
sur la santé survienne à la suite de l’absorption d’une DJA exprimée en mg/kg de poids corporel n’est pas jugé
denrée alimentaire présentant un danger. L’évaluation nécessaire compte tenu du fait qu’il n’a pas été identifié
du risque chimique en sécurité alimentaire est soumise à d’effets toxiques ;
un certain nombre de principes et de contraintes. Parmi • DJA non fixée : la DJA n’est pas fixée quand les données
ceux-ci, on peut citer le fait que l’on considère que le toxicologiques sont insuffisantes ;
consommateur sera exposé tous les jours de sa vie. C’est • DJA supprimée ou suspendue : la DJA est supprimée ou
donc pour une exposition quotidienne tous les jours de la suspendue quand de nouvelles données toxicologiques
vie d’un individu qu’il faudra évaluer le risque. D’autre indiquent l’éventualité d’un effet indésirable, mais que
part, aucun effet indésirable n’est toléré, contrairement les données sont insuffisantes pour conclure.
aux médicaments. Pour des raisons éthiques, l’expéri-
mentation humaine n’est pas autorisée. Les études toxi- Les études toxicologiques requises pour identifier la Dose
cologiques doivent donc être réalisées sur des animaux de Sans Effet toxique et proposer une DJA doivent être réali-
laboratoire et couvrir tous les effets toxiques potentiels. sées selon des protocoles bien définis dans des documents
L’extrapolation des données d’innocuité ou de toxicité à officiels comme les «  Lignes directrices OCDE pour les
l’homme nécessite l’utilisation de facteurs de sécurité essais des produits chimiques [1] ». Les études suivantes
donc d’incertitude. L’épidémiologie est très difficile en sont requises pour un édulcorant :
termes de risque chimique en sécurité alimentaire. Il est • études de toxicocinétique (OCDE 417) qui permettent
difficile d’établir une corrélation entre l’augmentation de d’évaluer l’absorption, la distribution, le métabolisme
l’incidence d’une pathologie chez l’homme et l’exposition et l’excrétion de la molécule ;
via la consommation alimentaire à une molécule chimique. • études de toxicité orale subchronique (OCDE 408) qui
En effet, le patient n’est pas toujours conscient qu’il a ont pour objectif de caractériser le profil toxicologique
été exposé par voie alimentaire à une substance chimique d’une substance chez une espèce de mammifère, à la
particulière. suite d’une exposition prolongée et répétée durant 1/10
L’évaluation du risque se divise en 4 étapes. de la durée de vie des animaux ;
• études de toxicité chronique (OCDE 452) qui ont pour
objectif de caractériser le profil toxicologique d’une
Identification du danger substance chez une espèce de mammifère, à la suite
d’une exposition prolongée et répétée. La durée des
L’identification du danger consiste à identifier études de toxicité chronique doit couvrir une exposition
les effets indésirables pouvant être induits par la molécule pendant toute la vie des animaux. Cependant, les lignes
considérée. directrices OCDE recommandent d’arrêter ces études
avant que des signes de sénilité n’apparaissent chez les
animaux. En conséquence, les études de toxicité chro-
Caractérisation du danger nique chez les rongeurs durent 104 semaines chez le rat
et 96 semaines chez la souris. Comme dans les études de
La caractérisation du danger permet d’identifier les doses toxicité subchronique, en fin d’expérience, les animaux
induisant les effets indésirables et surtout les doses sans sont autopsiés et soumis à des examens hématologiques,
effet indésirable. biochimiques et histopathologiques appropriés ;
Cette étape permet de définir une valeur toxicologique de • essais de toxicologie génétique : les études de toxicologie
référence, la Dose Journalière Acceptable (DJA). génétique permettent de détecter des produits chimiques
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qui exercent des effets toxiques en interagissant avec le les plus utilisées en France par l’Afssa sont celles issues
matériel génétique des cellules, c’est-à-dire avec l’ADN. des enquêtes de consommation.
Ces produits capables d’altérer la structure de l’ADN ou L’exposition totale du consommateur est calculée en fai-
ses fonctions sont dits génotoxiques. De nombreux essais sant la somme de l’exposition induite par la consommation
ont été développés pour étudier l’activité mutagène de chaque denrée, elle-même calculée en multipliant la
et l’éventuelle activité cancérigène de ces produits. dose par la consommation de la denrée concernée consom-
Classiquement, pour évaluer la génotoxicité d’un addi- mée chaque jour.
tif, il est requis au minimum un test de mutation sur
cellules bactériennes (test Ames, OCDE 471), un test de
mutation génique sur cellules de mammifères in vitro Caractérisation du risque
(OCDE 476) et un test de génotoxicité in vivo (test du
micronucleus, OCDE 474). Il est important de noter que Lors de la caractérisation du risque, l’exposition du
si une molécule est reconnue génotoxique, il ne lui sera consommateur, toutes autorisations confondues, sera
pas attribué de DJA dans la mesure où l’on considère comparée à la DJA. Si l’exposition est inférieure à la DJA,
qu’un effet génotoxique est un effet sans seuil, et elle la substance sera considérée comme ne faisant pas courir
ne sera pas autorisée ; de risque au consommateur et pourra être autorisée par
• études de cancérogenèse (OCDE 451) : une étude de can- les gestionnaires du risque aux doses demandées dans les
cérogenèse à long terme a pour objectif d’observer les denrées sollicitées. Dans le cas contraire, si l’exposition
animaux d’expérience pendant la majeure partie de leur du consommateur, toutes autorisations confondues est
vie pour suivre le développement éventuel de lésions supérieure à la DJA, la substance évaluée sera considérée
néoplasiques (tumeurs) après ou durant l’exposition à comme pouvant faire courir des risques aux consomma-
différentes doses d’une substance à tester administrée teurs ; le gestionnaire du risque devra alors prendre les
par voie orale ; décisions nécessaires.
• études sur la reproduction (OCDE 415, une génération L’évaluation du risque est confiée à des agences de sécurité
et OCDE 416, deux générations) : les études de toxicité alimentaire indépendantes des gestionnaires du risque. En
sur la reproduction ont pour but de fournir des rensei- Europe, c’est l’Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire
gnements sur les effets d’une substance à tester sur le (EFSA) qui a succédé au Scientific Committee of Food (SCF),
fonctionnement de la reproduction chez le mâle et la en France l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des
femelle soumis par voir orale à cette substance ; Aliments (Afssa) devenue en juillet 2010 l’Agence Nationale
• études de tératogenèse (OCDE 414) : la tératogenèse est de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environne-
la propriété d’une substance chimique à provoquer des ment et du Travail (Anses), aux États-Unis, la Food and
anomalies structurelles ou fonctionnelles permanentes Drug Administration (FDA). Au niveau international, un
au cours du développement embryonnaire. Les femelles comité mixte OMS/FAO, le Joint Expert Committee for
gestantes sont exposées par voie orale à la substance à Food Additives (JECFA) donne également des avis qui font
tester pendant une période qui couvre au minimum la autorité dans les pays dépourvus d’agences de sécurité.
période de l’organogenèse.
Réglementation
Ces différentes études obligatoires devraient permettre de
mettre en évidence un effet toxique sur tous les organes, L’utilisation des édulcorants est soumise au règlement (CE)
un éventuel effet cancérigène, un risque de malformation No 1331/2008 du 16 décembre 2008 établissant une procé-
des fœtus descendants (vérifiée sur deux générations) ou dure d’autorisation uniforme pour les additifs, enzymes et
une diminution des possibilités de reproduction. arômes alimentaires et au règlement (CE) No 1333/2008 du
Il n’existe pas à ce jour de méthode fiable et sûre permet- 16 décembre 2008 sur les additifs alimentaires qui abroge
tant de mettre en évidence un risque d’allergie par voie les directives européennes 89/07/CEE (harmonisation totale
orale (ou alimentaire) chez les animaux dont les résultats en matière d’additifs), 94/35/CE sur les édulcorants, 95/31/
soient transposables à l’homme. CE, 95/45/CE et 96/77/CE (critères de pureté applicables
Toute donnée chez l’homme est la bienvenue, mais à ce aux additifs alimentaires et mode d’obtention). Cette
jour, les études chez l’homme ne sont pas autorisées pour réglementation repose sur le principe de la liste positive,
des raisons éthiques sauf dans des cas exceptionnels. c’est-à-dire que toute molécule qui n’est pas autorisée est
interdite. Les édulcorants intenses peuvent être utilisés
seuls ou en mélange avec d’autres édulcorants intenses
Évaluation de l’exposition jusqu’à leur dose individuelle maximale dans des denrées
alimentaires «sans sucres ajoutés». Les édulcorants intenses
Pour évaluer l’exposition du consommateur à un édulco- peuvent aussi être utilisés en mélange avec des sucres dans
rant via l’alimentation, il faut disposer de deux types de les denrées «à valeur énergétique réduite» d’au moins 30 %
données : la concentration de substance présente dans les par rapport à la denrée d’origine ou à un produit similaire.
denrées alimentaires concernées et la consommation des Les édulcorants intenses sont interdits dans les aliments
denrées concernées. destinés aux nourrissons et les enfants en bas âge.
Deux niveaux de consommation doivent être pris en Les édulcorants intenses autorisés dans l’UE bénéficient
compte, la moyenne des consommations de chaque tous d’une DJA spécifiée, à l’exception de la thaumatine.
denrée et la consommation des forts consommateurs Ils font donc l’objet d’autorisations, denrée alimentaire par
(95ème percentile). Il est également important de tenir denrée alimentaire, assorties d’une dose d’emploi maxi-
compte de la consommation de groupes d’individus par- male dans chaque denrée alimentaire. Ils ont un pouvoir
ticuliers comme les enfants. Ces données peuvent être sucrant qui peut être très largement supérieur à celui du
obtenues selon différents types d’enquête. Les données sucre (Tableau 1).
S30 D. Parent-Massin

Tableau 1. Pouvoir sucrant, DJA et dose d’emploi des édulcorants intenses autorisés dans l’Union Européenne.
Edulcorant Pouvoir sucrant DJA mg/kg pc/j
E 950 Acésulfame K 200 15 (JCFA 1991)
9 (SCF 2000)
E 951 Aspartame 200 40
E 952 Acide cyclamique et ses sels (Ca et Na) 35 7
E 954 Saccharine et ses sels (Na, K et Ca) 300-500 2,5
E 957 Thaumatine 2 000-3 000 Non spécifiée
E 959 Néohespéridine Dihydrochalcone 1 000 5
E 955 Sucralose 400-600 15
E 962 *
Sel Aspartame/ 40
Acésulfame 15
Néotame 2 000 0,3(FDA 2002)
0,6(Afssa 2004)
2(JECFA 2003, EFSA 2006)
* L’évaluation de l’association Aspartame/Acésulfame a été réalisée en considérant séparément les DJA de chaque édulcorant.
L’effet mélange n’a pas été évalué.

Données récentes sur la sécurité de cancérogenèse ont été réalisées chez le rat. La première
de l’aspartame (1973) montrait une augmentation de l’incidence des tumeurs
du cerveau chez les animaux traités sans relation effet-dose,
Évaluation du risque la seconde (1974) montrait le contraire également chez le
rat Sprague-Dawley. Dans la troisième (1981) réalisée suivant
L’aspartame a été découvert en 1965. L’aspartame est l’ester les Bonnes Pratiques de Laboratoire (BPL) sur des rats Wistar,
méthylique du peptide L-aspartyl-L-phenylalanine (Fig. 1). menée pendant 104 semaines, l’aspartame n’a pas provoqué
Contrairement à la plupart des édulcorants intenses, l’aspar- d’augmentation de l’incidence des tumeurs du cerveau aux
tame est un élément nutritif apportant 4 kcal/g. L’aspartame doses testées (1, 2, 4 g/kg pc/j).
est métabolisé chez l’homme et les animaux de laboratoire L’innocuité de l’aspartame a été évaluée par le JECFA et le
en méthanol (10 %), acide aspartique (40 %) et phénylala- SCF. La DJA a été fixée à 40 mg/kg pc/j à partir d’une dose
nine (50 %) [2,3]. Les études toxicologiques montrent qu’il sans effet de 4 g/kg pc/j, correspondant à la dose la plus
n’est pas génotoxique. Le test d’Ames, les deux essais de forte utilisée au cours des études de cancérogenèse chez le
cytogénétique in vivo sur cellules somatiques et l’essai de rat, divisé par un facteur de 100 [4].
mutation létale dominante sur cellules germinales sont
négatifs. L’effet clastogène est également exclu. Dans une Des rumeurs
étude de cancérogenèse chez la souris CD-1, l’aspartame
administré pendant 110 semaines n’a présenté aucun effet En 1996 était publié dans une revue internationale de
cancérigène à des doses de 1,2 à 4 g/kg pc/j. Trois études neurologie, un article émettant l’hypothèse d’un lien entre
l’augmentation de l’incidence de tumeurs du cerveau aux
USA et la commercialisation de l’aspartame. Cette étude épi-
démiologique [5] concluait à une augmentation significative
des tumeurs du cerveau au milieu des années 80, période
suivant la mise sur le marché de l’aspartame. Cette étude a
été très critiquée sur le plan méthodologique. En 1998 [6],
une étude cas-témoins sur la relation entre la consommation
d’aspartame et la fréquence des tumeurs du cerveau n’a
O pu montrer aucune relation entre ces deux facteurs. En
France, l’étude des données d’incidence et de mortalité
O O par cancers du cerveau a montré que depuis 1980 l’incidence
H3C N des tumeurs du cerveau est relativement stable. La tendance
à l’augmentation de la mortalité par cancer du cerveau est
H
constante depuis 1950. Certaines études suggèrent une rela-
O NH2 OH tion entre la consommation de doses élevées d’aspartame et
le déclenchement de crises d’épilepsie. Des études chez le
singe ont donné des résultats contradictoires. Les données
Figure 1. Structure de l’aspartame. chez l’homme évoquent plutôt des cas d’hypersensibilité
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d’individus à l’aspartame ou à ses métabolites. L’existence il faut noter que l’augmentation de l’incidence est mesurée
de relations causales entre aspartame et crises d’épilepsie par comparaison au groupe témoin. Le groupe témoin femelle
a été réfutée par de nombreux scientifiques qui se fondaient présente une valeur très basse (8, 7 %) si on la compare à
sur des études expérimentales réalisées sur des animaux de celle des mâles (20,7 %). Lorsque l’on considère l’ensemble
laboratoire ou des études cliniques ou de tolérance chez des animaux, on constate que cette augmentation de l’inci-
l’homme. Des plaintes selon lesquelles l’aspartame serait dence n’apparaît pas. Les valeurs historiques indiquées par
responsable de la survenue de céphalées ont été recueillies, les auteurs concernant l’incidence des leucémies chez les
mais il n’a jamais pu être mis en évidence de relation entre témoins sont très différentes de celles observées dans cette
ces deux événements [7]. En 2002, le SCF [8] a considéré que étude pour le groupe femelle, 13,4  % versus 8,7  % alors
les données de la littérature n’apportaient pas d’éléments qu’elles sont très proches pour les groupes témoins mâles
nouveaux qui nécessitaient de reconsidérer la DJA. 21,8 % versus 20,7 %. On peut donc s’interroger sur le groupe
témoin femelle de cette étude. Les auteurs annoncent un
Le débat autour d’un éventuel effet effet dose-dépendant (augmentation du nombre de leucé-
cancérigène de l’aspartame a été relancé mies et lymphomes en fonction de la dose) qui n’apparaît
en juillet 2005 pas évident aux vues des résultats présentés. Il faut noter
que comme le rat ne meurt pas de leucémie, l’évaluation
de la pertinence de cette observation en terme de santé
Il a pour origine une étude réalisée par une équipe publique est difficile. D’autant plus que les auteurs n’ont
italienne de la Fondation Ramazzini [9, 10] pas, comme cela est demandé dans les protocoles habituels,
sacrifié des animaux en cours d’étude. Il est donc impossible
Selon les travaux décrits dans ses publications, l’aspartame de savoir à quel moment au cours de l’étude qui dure 3 ans,
aurait induit de façon dose dépendante, et à de faibles doses les leucémies sont apparues.
proches de la DJA, une augmentation de l’incidence d’hémo-
pathies malignes (lymphomes/leucémies), une augmentation
de l’incidence de lésions pré-néoplasiques et néoplasiques Les conclusions et extrapolations paraissent
de la vessie et voies urinaires, une augmentation de l’inci- également abusives
dence de schwannomes malins. Les agences internationales
(EFSA, FDA) d’évaluation du risque ont souhaité examiner les En effet, attribuer l’augmentation de l’incidence des
protocoles et les résultats de cette étude avant d’envisager pathologies hématologiques cancéreuses au méthanol ou au
des mesures concernant l’aspartame. formaldéhyde (métabolite secondaire de l’aspartame lors
de la dégradation du méthanol) est très hasardeux, voire
faux. En effet, la quantité de méthanol issu du métabolisme
Le protocole utilisé de l’aspartame représente au maximum 10 % de la quantité
ingérée. Selon l’étude issue du même centre de recherche,
L’étude menée par la fondation Ramazzini ne répond pas c’est à des doses beaucoup plus fortes que les hémopathies
aux normes, extrêmement strictes (lignes directrices OCDE), malignes (pathologies hématologiques cancéreuses) appa-
selon lesquelles les études toxicologiques chez l’animal raîtraient [11]. Le formaldéhyde a, certes, été classé en
doivent être menées pour être utilisables en termes d’éva- groupe 1 par l’IARC c’est-à-dire cancérigène pour l’homme
luation du risque pour le consommateur avant de délivrer mais c’est en raison de sa génotoxicité, c’est-à-dire des
une autorisation de mise sur le marché. Ces règles, utilisées interactions qu’il est capable d’avoir avec l’ADN, induisant
et reconnues sur le plan international, permettent d’éviter en conséquence des mutations. Or, il est reconnu que l’aspar-
l’interférence de paramètres extérieurs dans l’apparition tame, même en présence de système de métabolisation,
d’effets toxiques qui peuvent alors, s’ils apparaissent, être n’est pas génotoxique. De plus, les auteurs indiquent que
attribués à la molécule testée. Si l’étude menée par la l’effet observé est dose dépendant. Il y donc là incohérence
fondation Ramazzini avait été présentée par un industriel dans la mesure où un effet génotoxique est reconnu comme
pour une autorisation de mise sur le marché, elle aurait un effet sans seuil, donc non dose dépendant.
été refusée en raison des nombreux biais méthodologiques La consommation d’aspartame en France est très inférieure
qu’elle présente. Le principal de ces biais est dû au fait que à la DJA (40 mg/kg pc/j). La consommation moyenne chez
l’expérience a été menée jusqu’à la mort des animaux. Ce l’adulte se situe entre 0,05 et 0,4 mg/kg pc /j, pour les forts
choix est propre à la fondation Ramazzini, mais n’est pas en consommateurs adultes entre 1 et 2,75 mg/kg pc /j, et pour
accord avec les lignes directrices de l’OCDE sur les études de l’enfant entre 0,13 et 2,8  mg/kg pc /j. Chez les enfants
cancérogenèse qui recommandent d’arrêter les expériences diabétiques, la consommation est estimée, sur la base d’une
à 104 semaines, de façon à éviter l’apparition de résultats étude française de 2001, à 1,9 mg/kg pc /j en moyenne et
difficilement interprétables en raison des signes de vieillesse 15,6 mg/kg pc /j en consommation maximale [12, 13].
des animaux (modification du métabolisme hépatique, de Il est important de noter également que cette étude ne
l’excrétion...). vient que compléter des études antérieures (1 chez la souris,
3 chez le rat), certes anciennes (1980) mais menées selon
les lignes directrices de l’OCDE et dont la valeur n’a pas
Les résultats de l’étude été contestée depuis lors des nombreuses évaluations de
l’aspartame par les organismes et agences nationales et
Une augmentation de l’incidence des hémopathies malignes internationales. Ces études n’avaient pas détecté d’augmen-
est observée chez les femelles. Cette augmentation est tation de l’incidence des hémopathies malignes. Une étude
statistiquement significative pour les doses allant de 20 mg/ plus récente a été menée par le National Toxicology Program
kg de poids corporel/j à 5 000 mg/kg de poids corporel /j. en 2003 [14] sur des souris transgéniques, particulièrement
Cette observation n’est pas faite chez les mâles. Cependant, sensibles aux effets cancérigènes. Trois souches de souris
S32 D. Parent-Massin

transgéniques différentes (Déficient en p53, Déficient en de l’aspartame, car l’incidence des tumeurs mammaires
Cdkn2a, TgAC hemizygous) ont été soumises pendant 9 mois chez les rats femelles est relativement élevée et varie
à des doses quotidiennes d’aspartame de 500 à 9 500 mg/kg considérablement d’une étude de carcinogénicité à l’autre.
pc /j. Aucune augmentation de l’incidence de tumeurs n’a Le groupe scientifique a également constaté qu’aucune
été retrouvée dans cette étude. augmentation de l’incidence des carcinomes mammaires n’a
été signalée dans la précédente étude menée par les mêmes
auteurs sur l’aspartame, dans laquelle des doses du produit
Avis de l’EFSA beaucoup plus élevées ont été utilisées. L’EFSA conclut que,
sur la base de l’ensemble des éléments de preuve actuelle-
L’EFSA, dans son avis du 5 mai 2006 [15], n’a pas retenu ment disponibles, rien n’indique un quelconque potentiel
comme pertinente au vu des données brutes de l’étude, génotoxique ou carcinogène de l’aspartame et qu’il n’y a
l’affirmation selon laquelle l’augmentation de l’incidence pas de raison de réviser la DJA établie antérieurement à
des lymphomes/leucémies serait induite par l’aspartame. 40 mg/kg pc/j.
Les animaux présentaient une incidence importante de L’EFSA a également souhaité consulter les états membres
pneumopathies accompagnées d’hyperplasies lympho- via des experts nationaux. Leur mission était de revoir les
cytaires importantes au niveau des poumons chez les données disponibles depuis le dernier avis du SCF en 2002
animaux atteints de pathologies respiratoires chroniques. afin de déterminer s’il était nécessaire d’entreprendre une
Or il est connu des toxicologues que des lymphomes et/ou ré-évaluation complète de l’aspartame. Ont été considérées
des leucémies pulmonaires telles que ceux observés dans toutes les informations disponibles issues aussi bien de
l’étude de Soffritti peuvent survenir dans les colonies de publications scientifiques que d’allégations personnelles de
rats atteintes de ce type de pneumopathie. Les observa- consommateurs qui attribuaient l’apparition de différents
tions de cancer de la vessie et des voies urinaires sont symptômes et maladies à la consommation d’aspartame,
considérées par l’EFSA comme spécifiques du rat exposé en réponse à un appel à données publiés par l’EFSA en sep-
à des acides aminés et leur extrapolation à l’homme tembre 2008. Les données concernant plus particulièrement
comme non pertinente. Au vu de cette analyse, l’EFSA l’exposition, les effets sur le système nerveux central, les
juge également comme non pertinente l’affirmation selon effets sur la satiété et l’appétit, l’allergénicité et l’immu-
laquelle l’aspartame induirait des cancers. Concernant notoxicologie, le devenir métabolique de l’aspartame, le
les schwannomes malins dont l’incidence est basse et qui diabète et les effets cancérigènes potentiels incluant les
présente un effet dose faible, l’EFSA constate que lors études épidémiologiques et les données de génotoxicité
d’une relecture de quelques lames histopathologiques, ont été examinées.
le National Toxicological Program ne confirmera pas ce Il n’a pas été identifié par le groupe d’experts nationaux de
diagnostic dans un certain nombre de cas. L’EFSA insiste lacune majeure qui nécessiterait que les opinions du SCF
sur la nécessité d’une relecture de toutes les lames [4] et de l’EFSA [15, 17] soient revues et que l’aspartame
concernées. L’EFSA conclut que cette étude ne peut être soit réévalué. Cette consultation a fait l’objet d’un rapport
retenue et qu’aucune nouvelle donnée significative sur publié par l’EFSA en 2010 [18].
d’éventuels effets toxiques de l’aspartame n’a été publiée
depuis l’avis du SCF de 2002. L’EFSA confirme dans cet avis
la DJA de l’aspartame à 40 mg/kg pc /j. Un nouvel édulcorant d’origine naturelle
Dans une seconde étude menée par la même équipe sur extrait de la plante stévia
l’aspartame chez le rat, publiée en 2007, des concen-
trations alimentaires de 400 et 2000 mg d’aspartame/ La stévia (Stevia rebaudiana) est une plante originaire
kg d’aliments, équivalentes à des doses de 20 et 100 mg du Paraguay, consommée depuis plusieurs siècles par les
d’aspartame/kg pc/j ont été utilisées [16] populations d’Amérique du Sud pour sucrer les aliments et
Les rats ont été exposés à l’aspartame à partir du les boissons. Elle contient des molécules, des glycosides de
12ème  jour de la gestation jusqu’à leur mort naturelle. stéviol, et notamment le rébaudioside A, qui apportent un
Les auteurs ont signalé une augmentation, en fonction goût sucré sans sucres ni calories. A partir de cette plante,
de la dose, du nombre de mâles porteurs d’une tumeur des édulcorants intenses, des glycosides de stéviols, ont été
maligne (lymphomes/leucémies, carcinomes mammaires), développés, tels que le stévioside et le rébaudioside, qui sont
en particulier dans le groupe ayant reçu la dose élevée de 40 à 300 fois plus sucrés que le saccharose (Tableau 2).
(p < 0,05). Les édulcorants à base de stévia sont commercialisés dans
Après avoir étudié avec soin cette nouvelle publication, de nombreux pays (Japon, Corée, Taiwan, Chine, Russie,
l’EFSA signale en avril 2009 [17] que l’évaluation des Australie, Argentine, Nouvelle-Zélande, Colombie, Pérou,
données agrégées d’incidence de tumeurs malignes en Paraguay, Uruguay, Brésil et Malaisie), et ont reçu le statut
tant que preuve du potentiel carcinogène du composé GRAS (« Generally Recognised as Safe ») aux États-Unis en
testé ne peut être réalisée que sur la base d’un examen 2009, sur la base d’une évaluation par un comité d’experts
approfondi de toutes les données relatives aux tumeurs, indépendants, spécialisés en sécurité alimentaire.
notamment à leur apparition, et des données sur les lésions En France, l’Afssa [19] a émis en septembre 2008 un avis
non néoplasiques, hyperplasiques et prénéoplasiques. favorable à l’emploi de rébaudioside A, un des extraits de
Mais ces données n’ont pas été fournies par les auteurs, la plante stévia, en tant qu’additif alimentaire. Les experts
que conformément au précédent point de vue du groupe ont considéré que sur la base de l’évaluation des résultats
scientifique, les lymphomes et leucémies observés peuvent des dernières études présentées montrant l’absence d’effets
s’être développés chez des rats souffrant d’une maladie indésirables (étude de toxicité de 13 semaines, étude de
respiratoire chronique. L’EFSA observe que l’augmentation reproduction sur deux générations, analyse critique des
de l’incidence des carcinomes mammaires n’est pas consi- études de mutagenèse et des études pharmacologiques chez
dérée comme étant indicative d’un potentiel carcinogène l’homme) et sur la base des calculs d’exposition prédictifs,
Édulcorants intenses : Point d’actualité sur leur sécurité d’emploi et les dernières innovations S33

Tableau 2. Nom, structure, numéro CAS, formule, poids moléculaire et facteur de conversion des principaux glycosides
de stéviols.
Nom R1 R2 R3 Numéro CAS Formule PM (g/mol) Facteur de
conversion
X
Stéviol 471-80-7 C20H30O7 318,45 1
Stévioside I I H 57817-89-7 C38H60O18 804,87 0,4
Rébaudioside A I I I 58543-16-1 C44H70O23 967,01 0,33
Rébaudioside C I II I 63550-99-2 C44H70O22 951,01 0,34
Dulcoside A I II H 64432-06-0 C38H60O17 788,87 0,4
Rubusoside I H H 63849-39-4 C32H50O13 642,73 0,5
Stéviolbioside H I H 41093-60-1 C32H50O13 642,73 0,5

l’emploi de rébaudioside A extrait de


Stévia rebaudiana, de pureté supérieure
OH
à 97 %, ne présente pas de risque pour le
consommateur. CH2
CH3
Les glycosides de stéviol évalués par l’EFSA
en 2010 [12] sont un mélange de glycosides
de stéviol qui ne doivent pas contenir OH H
moins de 95  % de stévioside et/ou de
CH3 CH2
rébaudioside (Fig. 2). Le stévioside a été H
O OH
évalué par le SCF en 1984, 1989 et 1999 qui H3C
n’a pu à cette époque évaluer l’innocuité H R1O
de ce produit en raison de l’insuffisance O
des données toxicologiques fournies. O
H
Les études toxicologiques réglementaires H3C O
chez l’animal fournies par les pétitionnaires OH H
HO R3
ont montré que ces substances ne sont ni
OR2
génotoxiques, ni cancérigènes, ni liées à
Steviol Steviol glycosides
de quelconques effets indésirables pour la
reproduction ou pour le développement.
L’EFSA [20] a établi une dose journalière HO
acceptable (DJA) égale à 4 mg par kg de
poids corporel par jour pour les glycosides
O
de stéviol, un niveau correspondant à celui
déjà fixé précédemment par le JECFA [21]. OH
HO
Cette DJA a été fixée à partir de l’étude de
OH H
cancérogenèse de 2 ans chez le rat, où une HO
DSE de 388 mg/kg pc/j équivalent stéviol O OH O O O OH
correspondant à 967  mg de stévioside/ OH OH OH
kg pc/j (soit 2,5 % de stévioside dans le CH3
régime alimentaire) a été identifiée. Un OH H H OH H OH H
facteur de sécurité de 100 a été appliqué OH OH OH
OH OH
à cette DSE.
I (D-glucopyranosyl) II (L-rhamnopyranosyl) III (D-xylopyranosyl) IV (β-D-
L’EFSA souligne toutefois que cette DJA glucopyranosyl-β-D-
pourrait être dépassée tant par les adultes glucopyranosyl
que par les enfants si ces édulcorants
étaient utilisés aux niveaux maxima pro-
posés par les pétitionnaires. Figure 2. Structure des principaux glycosides des stéviols. Source : EFSA 2010.

Conclusion
Les édulcorants intenses sont souvent l’objet d’attaque des par les agences de sécurité alimentaire est rigoureuse,
médias via des experts isolés rapportant des études ou des contradictoire et collective. Seuls les avis de ces agences
cas cliniques douteux. L’évaluation des risques réalisée au doivent être pris en considération par les praticiens et les
vu des dossiers toxicologiques complets et réglementaires diététiciens et si possible par les médias.
S34 D. Parent-Massin

Dernière minute [12] Agence française de Sécurité Sanitaire des Aliments (Afssa).
Rapport de l’Agence française de Sécurité Sanitaire des
Fin 2010, deux nouvelles études, l’une toxicologique par Aliments sur la question d’un éventuel lien entre exposition à
l’aspartame et tumours du cerveau. Maison Alfort, 7 mai 2002.
l’équipe de Soffritti, l’autre épidémiologique par une équipe
Saisine n° 2000-SA-0249. http://www.afssa.fr/Documents/
danoise ont de nouveau semé le doute sur l’innocuité de
AAAT-Ra-aspartame.pdf. [Dernier accès : février 2011].
l’aspartame. Le 28 février 2011, l’EFSA, après avoir évalué [13] Garnier Sagne I, Leblanc JC, Verger P. Calculation of the
les études, les a jugé non recevables et a considéré que la intake of three intense sweeteners in young insulin-dependent
DJA de l’aspartame n’avait pas à être révisée [22, 23]. diabetics. Food Chem Tox 2001; 39: 745–749.
[14] NTP Technical Report. Toxicity studies of aspartame in FVB/N-
TgN(v-Haras) Led (Tg.AC) hemizygous mice and carcinogenicity
Conflits d’intérêts studies of aspartame in B6.129- Trp53tm&Brd (N5) haploinsuf-
ficient mice. NTP GMM 1, 2003.
L’auteure a été normalement rémunérée pour la rédaction [15] European Food safety authority (EFSA). Opinion of the Scientific
de cet article et l’ensemble de ses conflits d’intérêts est Panel on Food Additives, Flavourings, Processing Aids and
Materials in contact with Food (AFC) on a request from the
consultable sur le site de l’EFSA www.efsa.europa.eu
Commission related to a new long-term carcinogenicity study
on aspartame. Question number EFSA-Q-2005-122. The EFSA
Journal 2006; 356: 1-44. http://www.efsa.europa.eu/en/
Références scdocs/scdoc/356.htm. [Dernier accès : février 2011].
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cette URL ne fonctionne plus] Safety evaluation of certain food additives. Prepared by the
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