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Ressource de Formation Sur Les Principaux Savoir-Faire Du Commerce Equitable en France PDF
Ressource de Formation Sur Les Principaux Savoir-Faire Du Commerce Equitable en France PDF
Direction générale
de la Coopération internationale
et du Développement
LE COMMERCE ÉQUITABLE
EN FRANCE EN 2007
DIRECTION GÉNÉRALE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE ET DU DÉVELOPPEMENT
LE COMMERCE ÉQUITABLE
EN FRANCE EN 2007
Synthèse de l'étude commanditée
par le ministère des Affaires étrangères et européennes
et par la Plate-Forme pour le Commerce Equitable
sur le commerce équitable en France durant l'année 2007
et réalisée par le GRET de mars à octobre 2008.
Les auteurs
Arlène Alpha,
Martine François
et Damien Lagandré
Les partenaires 6
Editorial 7
Résumé 8
I. Méthodologie de l’étude 9
1. Le commerce équitable : une définition du secteur volontairement large 9
2. Une étude économique centrée sur les acteurs commerciaux et les flux
de marchandises 9
3. Méthodes de recueil des données 10
4. Le recensement par enquête en ligne 11
5. Le panel de consommateurs 12
Le commerce équitable en France en 2007 3 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
V. Les perceptions des consommateurs 26
1. Méthodologie 26
2. Un concept connu de 82 % des français, bénéficiant d’un grand capital
de sympathie 27
3. Les motivations des consommateurs 28
4. Les grandes surfaces : un mal nécessaire pour le commerce équitable 28
5. Le prix des produits : un frein à l’achat 29
6. Un capital confiance à consolider 30
Conclusion 34
1. Le commerce équitable : un secteur dynamique en croissance
soutenue 34
2. Un secteur complexe, polarisé entre deux types de structures 34
3. Des produits à différents stades de développement 34
4. Les grandes et moyennes surfaces et le commerce équitable 35
5. Les circuits spécialisés se maintiennent avec la croissance du secteur 35
6. Un grand capital de sympathie, mais une confiance à consolider par
l’information 36
Le commerce équitable en France en 2007 4 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Liste des sigles
AB : Agriculture Biologique
AFD : Agence Française de Développement
CASI Bretagne : Coordination des Associations de Solidarité Internationale en Bretagne
CA : Chiffre d'Affaires
CE : Commerce Équitable
CHR : Cafés-Hôtels-Restaurants
CT : Collectivités Territoriales
DGCCRF : Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes
ETP : Equivalent Temps Plein
GMS : Grande et Moyenne Surface
GRET : Groupe de Recherche et d’Échanges Technologiques
IRI : Information Ressources, Inc.
MAEE : Ministère des Affaires Étrangères et Européennes
MB : Marge Brute
MDD : Marques de Distributeurs
PFCE : Plate-Forme pour le Commerce Équitable
PICRI : Partenariats Institutions Citoyens pour la Recherche et l’Innovation
RHD : Restauration Hors Domicile
SA : Société Anonyme
SARL : Société à Responsabilité Limitée
TNS : Taylor Nelson Sofres
UE : Union européenne
VPC : Vente par Correspondance
Le commerce équitable en France en 2007 5 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Les partenaires de l'étude
Les commanditaires de l'étude :
Le commerce équitable en France en 2007 6 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Editorial
L e commerce équitable s'est développé dans l'ambition de construire des relations économiques plus
justes avec des producteurs et des artisans des pays du Sud, marginalisés dans les échanges commerciaux
internationaux1. S'inscrivant dans une perspective de développement durable, il porte des enjeux sociétaux
importants : dans les pays du Sud, il vise à contribuer à la réduction de la pauvreté, notamment au travers
de ses appuis aux organisations de producteurs et, dans les pays du Nord, il cherche à favoriser le
développement d'un modèle de consommation plus durable. Ce secteur, encore jeune et en pleine évolution,
connaît une croissance importante depuis plusieurs années et fait l'objet d'une attention de plus en plus
marquée des consommateurs français.
La Plate-Forme pour le Commerce Equitable (PFCE), dont la mission principale est depuis 1997 d'accompa-
gner le développement du secteur en France, est évidemment attentive à son évolution. Le ministère des
Affaires étrangères et européennes (MAEE) soutient le commerce équitable depuis une dizaine années : il
a notamment mis en place, de 2003 à 2007, un financement exceptionnel d'appui au secteur (projet sur fonds
de solidarité prioritaire) qui a favorisé sa structuration au Nord et a permis la création de nouvelles filières
au Sud (coton et beurre de karité, notamment).
Pour le MAEE et la PFCE, le changement d'échelle du commerce équitable est un objectif important : pour
un impact fort en termes de développement durable au Sud et au Nord, l'enjeu est en effet de sortir du marché
de niche.
La forte croissance observée depuis le début des années 2000 est-elle un signe annonciateur de ce changement
d'échelle ? Pour mieux appréhender le secteur et tenter de répondre à cette question, le MAEE et la PFCE ont
diligenté en 2005 une étude de l'état des lieux du commerce équitable en 20042. Trois ans après, il s'avérait
nécessaire de renouveler cet état des lieux afin de pouvoir suivre au plus près les évolutions du secteur. Cette
étude a été confiée au Groupe de recherche et d'échanges technologiques (GRET).
Cette nouvelle édition, enrichie par rapport à la précédente, permet une analyse plus précise du secteur. Elle
recoupe plusieurs sources d'informations qualitatives et quantitatives et est composée d'une analyse détaillée
du marché du commerce équitable ainsi que d'une étude approfondie des motivations des consommateurs.
Nous pensons que cet état des lieux du commerce équitable en France en 2007 sera un outil utile pour les
acteurs du secteur, comme pour ses observateurs attentifs. La connaissance du secteur et de ses enjeux est
cruciale pour une meilleure prise en compte du commerce équitable dans les outils de l'aide publique au
développement.
1) Le réseau FINE définit le commerce équitable comme : « un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect,
dont l'objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de
meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, en particulier ceux du Sud
de la planète. Les organisations du commerce équitable (soutenues par les consommateurs) s'engagent activement à soutenir les
producteurs, à sensibiliser l'opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international
conventionnel ». Le réseau FINE est une structure informelle qui regroupe les 4 organismes internationaux jouant un rôle important dans le
commerce équitable, à savoir FLO (Fair Trade Labelling Organisation), IFAT (International Federation for Alternative Trade), NEWS
(Network of European World Shops) et EFTA (European Fair Trade Association).
2) Le commerce équitable en France : point de situation sur les flux économiques générés en 2004, MAEE, DgCiD, 2005
Le commerce équitable en France en 2007 7 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Résumé
Le commerce équitable est un concept relativement nouveau en France. Il est en forte croissance. En
2000, moins de 10 % de la population déclarait connaître le commerce équitable, en 2007, ils sont 82 %.
Pour mesurer et soutenir cette dynamique, le ministère des Affaires étrangères et européennes et la
Plate-Forme pour le Commerce Équitable ont mené une étude sur les flux du commerce équitable
en 2004 (Altervia, 2006). Un nouvel état des lieux en 2007 met en évidence les dynamiques et les
tendances de fond du secteur. Il permet une meilleure compréhension de la structuration de la filière
et des perceptions des consommateurs.
Cet état des lieux 2007 a été dressé à partir de différentes sources de données afin d'opérer des
recoupements et des analyses croisées. Une enquête auprès des acteurs commerciaux a été réalisée
sur Internet entre mars et juillet 2008. 650 structures ont été recensées et 210 ont répondu au moins
partiellement au questionnaire. Ces données sur la filière ont été complétées par des informations
obtenues auprès d'un panel de consommateurs (TNS) et d'un panel des distributeurs (IRI). Un
sondage téléphonique (Ipsos) a été réalisé auprès d'un échantillon représentatif de la population
française. Cette approche quantitative a été complétée par une analyse qualitative avec des groupes
de discussion (focus groups).
Les enseignements apportés montrent que le secteur du commerce équitable est dynamique avec la
création de nouvelles structures, de nouvelles filières qui génèrent une croissance du chiffre
d'affaires qui atteint 241 millions d'euros en 2007.
Certains produits comme le café (qui couvre plus de 50 % des parts de marché du commerce
équitable) connaissent un palier dans leur développement, d'autres, au contraire, nouvellement
commercialisés, sont en pleine croissance, comme le coton.
Le secteur est nettement constitué de deux blocs : d'une part des grosses entreprises peu nombreuses
qui réalisent l'essentiel du chiffre d'affaires total du secteur et sont bien insérées dans le tissu
agro-industriel, et d'autre part de nombreuses petites structures (SARL, associations) qui ne
réalisent qu'une faible part du chiffre d'affaires total.
Les Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) sont devenues ces dernières années des acteurs
incontournables du commerce équitable en France. Elles sont le premier lieu d'achat de produits
équitables. Malgré une forte suspicion des consommateurs sur leur réelle volonté et leur capacité à
assurer une juste répartition de la valeur ajoutée tout au long de la filière, ces derniers plébiscitent
les GMS comme lieu de vente. Par ailleurs, les GMS renforcent actuellement leur implication dans
le secteur en développant leurs marques de distributeurs (MDD) qui concurrencent de plus en plus
les filières traditionnelles.
Les circuits spécialisés demeurent néanmoins des débouchés importants pour les produits de
commerce équitable (notamment l'artisanat, le textile). Ces structures sont nombreuses, de petite
taille et appréciées des consommateurs.
Toutefois, la confiance des consommateurs est encore à consolider car même s'ils se sentent
proches du concept du commerce équitable, beaucoup disent manquer d'informations et pensent
que des abus peuvent survenir notamment de la part des GMS ou des grandes entreprises.
La reconduite du dispositif d'observation, mis en place à l'occasion de cette étude (enquête, panels, son-
dages, focus groups), devrait permettre une description dynamique du secteur et aider à son
développement futur.
Le commerce équitable en France en 2007 8 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
I. Méthodologie de l'étude
2. Une étude économique centrée sur les acteurs commerciaux et les flux de
marchandises
Les organisations identifiées entretiennent entre elles des relations économiques différentes. Afin
d'estimer le poids économique du secteur, il convient d'analyser la nature de ces relations :
commerciales ou non commerciales (ex : relais d'opinion, relations aux bailleurs, etc.). Les
relations commerciales peuvent aussi être de différentes natures : elles peuvent relever d'un service
fourni (certification, communication, etc.), ou concerner des échanges de marchandises réalisés
par les acteurs. Ces échanges sont les flux entre les acteurs représentés en rose et mauve sur la
figure 1. Au sein des échanges ou des flux de marchandises on distinguera : les importations, les
ventes aux consommateurs et les ventes intermédiaires. C'est sur une analyse approfondie de
ces flux de marchandises qu'est centrée notre analyse du poids économique du secteur du
commerce équitable.
En particulier, nous mesurons les flux entrants et sortants du secteur qui ont une signification
économique notamment car ils permettent de déterminer la valeur ajoutée créée par le
secteur et donc le Produit Intérieur Brut (PIB) du secteur en France.
Le commerce équitable en France en 2007 9 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Figure 1 : Typologie des acteurs du commerce équitable et relations entre les différents
types d'acteurs
La figure 1 propose une typologie des acteurs de commerce équitable. Pour les organisations
concernées par les flux de marchandises, différentes positions possibles sont identifiées dans la chaîne :
les importateurs-grossistes, les structures intégrées verticalement (importateurs-détaillants), et
plusieurs types de distributeurs. Le schéma distingue également les organisations spécialisées en
commerce équitable (en violet) des organisations non spécialisées (en rose). Cette typologie est une
simplification de la réalité : les organisations occupent parfois plusieurs positions dans la chaîne.
Le commerce équitable en France en 2007 10 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
4. Le recensement par enquête en ligne
De nombreuses sources de données ont été utilisées afin d'identifier un maximum de structures
actives dans le secteur du commerce équitable (sans garantie d'exhaustivité) : l'état des lieux sur le
commerce équitable en France en 2004 (Altervia, 2006), les recensements effectués dans le cadre
du PICRI Commerce Equitable3, le guide Achetons équitable4, les participants au salon (sectoriel)
Equit'Expo (2007), les détenteurs de licence Max Havelaar et les données de la CASI Bretagne5.
Plus de 650 structures ont ainsi été recensées et contactées.
Le choix s'est porté sur une enquête via internet. Les structures ont été contactées par courriel en
leur demandant de remplir un questionnaire en ligne. Cette méthode permet en effet de toucher
facilement un grand nombre de structures. Elle autorise par ailleurs une plus grande souplesse pour
les répondants qui choisissent le moment pour y répondre et permet un premier contrôle des
données dès la saisie assurant ainsi une meilleure cohérence entre les réponses.
Ce type d'enquête présente cependant des limites :
3) PICRI Commerce Equitable : il s'agit d'un projet de recherche-action soutenu par la région Ile de France, sur le commerce équitable.
Mis en œuvre par la PFCE et l'IEDES, il se déroule de 2007 à 2009. Pour plus d'info : www.picri-commerce-equitable.fr
4) De Varax A. (2007), Achetons équitable, Minerva.
5) Coordination des associations de solidarité internationale en Bretagne : http://www.casi-bretagne.org/
Le commerce équitable en France en 2007 11 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
4.2. Un taux de réponses relativement élevé
210 structures ont répondu au moins partiellement au questionnaire. Ce taux de réponses de 32 %6
peut être considéré comme relativement élevé dans le cadre d'un questionnaire en ligne. S'il ne
permet pas une identification exhaustive des acteurs du secteur, la significativité des résultats
obtenus est importante. En effet, l'essentiel des flux économiques est concentré sur un faible
nombre de grosses structures, qui sont bien représentées dans l'enquête. L'interprétation devra
néanmoins tenir compte d'une probable sous-représentation des petites structures.
5. Le panel de consommateurs
Pour connaître le montant des achats des ménages en produits issus du commerce équitable, l'étude
a fait appel aux données du panel de consommateurs TNS Secodip. Ce panel analyse les achats des
ménages, quel que soit le lieu d'achat. L'échantillon observé comprend 20 000 ménages repré-
sentatifs des ménages français pour les années 2005, 2006 et 2007.
Les données du panel TNS Secodip concernent les produits alimentaires issus du commerce
équitable7, directement achetés par les consommateurs pour une consommation au domicile.
Par conséquent, ces données ne tiennent pas compte des achats des collectivités et des achats des
consommateurs pour une consommation immédiate (café acheté au restaurant ou dans un
distributeur), des achats de textile, artisanat, cosmétiques.
Le commerce équitable en France en 2007 12 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
II. Panorama des organisations dans le secteur du commerce
équitable
Le recensement des acteurs par l’enquête en ligne a permis de collecter des informations sur
plusieurs variables : âge des structures, spécialisation, statut, etc. Ce chapitre présente une analyse
de l’ensemble de ces variables, qui sont autant de critères pour une typologie du secteur.
La majorité des entreprises nouvellement créées sont spécialisées dans les domaines du textile et de
l’artisanat, avant le secteur de l’alimentaire.
Les structures spécialisées sont nettement plus jeunes que celles qui ne le sont pas: 75 % des
structures spécialisées ont moins de six ans. Cette différence peut s’expliquer par des motivations
différentes dans l’approche du commerce équitable : les structures non spécialisées plus anciennes
ont trouvé dans le commerce équitable une opportunité de diversification. A contrario, les struc-
tures spécialisées se développent avec la croissance de la filière et sont donc plus récentes.
Le commerce équitable en France en 2007 13 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Tableau 1: Répartition du poids des structures spécialisées et non spécialisées en commerce
équitable – Hors GMS
Les Sociétés Anonymes sont principalement des structures non spécialisées (75 % d’entre elles).
Seules 9 % des structures spécialisées sont des SA. Pourtant, ces dernières ont un poids
important dans le secteur du commerce équitable puisqu’elles réalisent 50 % du CA des
acteurs spécialisés. La seconde moitié étant répartie de manière égale entre les coopératives, les
SARL et les associations.
Le commerce équitable en France en 2007 14 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
En conclusion, les structures qui réalisent les chiffres d’affaires en commerce équitable les plus
importants sont les Sociétés Anonymes (qu’elles soient spécialisées ou non), bien qu’elles soient
peu nombreuses.
Conformément à une situation généralement observée dans les filières agro-alimentaires, les
détaillants sont relativement nombreux pour un chiffre d’affaires généré assez faible. Leur chiffre
d’affaires moyen est de 530 000 euros annuel (hors GMS). À l’opposé, les importateurs-grossistes
et les grossistes purs ont des chiffres d’affaires plus importants (CA moyen de 2 millions d’euros).
Les associations et les SARL sont le plus souvent des importateurs-détaillants, ou des structures
verticalement intégrées. En revanche, les Sociétés Anonymes sont principalement des importateurs,
des grossistes ou des détaillants purs. Elles intègrent rarement l’ensemble de la filière.
Le commerce équitable en France en 2007 15 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
5. Un secteur fortement polarisé entre des structures à très faible chiffre
d’affaires et des structures à chiffre d’affaires important
La grande différence entre le chiffre d’affaires annuel moyen des structures (1,3 M€) et le CA
médian (150 K€) est un nouvel indicateur de la disparité entre les organisations présentes
dans le secteur du commerce équitable.
La Figure 5 détaille le nombre de structures par catégorie de chiffre d’affaires, ainsi que le CA total
des organisations de chacune des catégories. On observe qu’une dizaine de structures ont un chiffre
d’affaires annuel supérieur à 5 millions d’euros et représentent à elles seules 70 % du CA du secteur
(près de 130 millions d’euros). Le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités8, est de 0,838 ce
qui est particulièrement élevé.
Le secteur est donc polarisé en deux types de structures : les grosses structures peu nombreuses
avec des CA en commerce équitable importants, et une majorité de petites et très petites structures
dont le CA est limité.
8) Un coefficient de Gini de 0 est significatif d’une situation parfaitement égalitaire et un coefficient de 1 d’une situation parfaitement inégalitaire.
Le commerce équitable en France en 2007 16 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
III. Le marché du commerce équitable
Cette partie quantifie et analyse les flux monétaires au sein de la filière afin de déterminer le chiffre
d’affaires total du commerce équitable en France en 2007.
9) L’Insee calcule des taux de marge de 26,7 % pour le commerce de détail et plus précisément 13,3 % pour les hypermarchés, 15,3 % pour
les supermarchés. La DGCCRF estime les taux de marge économique des GMS à 28%. Les professionnels du secteur estiment que les GMS
appliquent des marges de 25 à 28 % sur les acteurs spécialisés en commerce équitable et de 35 à 40 % sur les acteurs non spécialisés.
10) Source : Etude sur les flux économiques du Commerce Equitable Altervia.
11) Les magasins spécialisés regroupent, ici, les distributeurs spécialisés en commerce équitable et également les distributeurs spécialisés en
bio (les Biocoop par exemple) ; à la différence des petits commerçants, non spécialisés (épicerie par exemple).
Le commerce équitable en France en 2007 17 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Le chiffre d’affaires total en commerce équitable en France en 2007 s’élève à 241 millions
d’euros. Le secteur a donc plus que doublé entre 2004 et 2007, ce qui correspond à une
croissance annuelle moyenne de 37 %.
Alors que les ventes de produits labellisés Max Havelaar atteignent en 2007 les 210 millions
d’euros12, cette étude montre que plus de 30 millions d’euros de produits et services équitables sont
vendus par ailleurs en France.
Le tableau 2 présente, lorsque la comparaison est possible, les augmentations de CA observées
entre l’étude de 2004 menée par Altervia et celle-ci pour l’année 2007.
Notons que la restauration hors domicile est fortement sous évaluée. Si ce secteur demeure très
marginal en 2007, il semble néanmoins en expansion relativement rapide.
Le commerce équitable en France en 2007 18 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
3. Montant des ventes par types de produits équitables
Le commerce équitable offre une palette de produits dans des secteurs de plus en plus diversifiés :
produits alimentaires, textile, artisanat, tourisme, cosmétiques etc. Les produits alimentaires
représentent la grande majorité des ventes de produits équitables. Cette étude choisit donc
d’analyser les ventes de produits équitables en ventilant les produits selon ce critère : produits
alimentaires ou non-alimentaires.
3.1. Les produits alimentaires constituent encore la majorité des ventes équitables
La part de l’alimentation dans les ventes de produits alimentaires équitables :
Les résultats du recensement ont permis de mettre à jour un CA pour l’alimentaire de 179 millions
d’euros.
Le commerce équitable en France en 2007 19 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Une croissance qui se poursuit avec le recrutement de nouveaux consommateurs :
Figure 7 : Les achats de produits alimentaires équitables des ménages en 2005, 2006 et 2007
en k€.
€ €
€
% %
%
13) Le taux de pénétration des produits de commerce équitable représente le pourcentage de consommateurs qui ont acheté un produit de
commerce équitable.
Le commerce équitable en France en 2007 20 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Figure 9 : Somme dépensée par achat en commerce équitable (alimentaire uniquement)
€
€
€
3.2. … Mais la croissance des produits équitables non alimentaires est plus importante
La part de l’alimentaire est en diminution : elle est passée de 2004 à 2007 de 83% à 74% des
ventes. En effet, depuis 2004 le marché du commerce équitable non alimentaire est en forte
croissance, notamment avec le développement de la filière textile, en partie tirée par la mise en
place d’une filière coton équitable par Max Havelaar. Les produits non-alimentaires (artisanat,
cosmétique, mode et tourisme…) représentent ainsi plus d’un quart des ventes de produits
équitables (26%), soit près de 63 millions d’euros en 2007 (contre 17 millions en 2004).
Le commerce équitable en France en 2007 21 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Figure 10 : Les flux du commerce équitable en France en 2007
Source : Calculs d’après l’enquête en ligne auprès des acteurs du secteur du commerce équitable
Producteur de Café
Crédit photo : Max Havelaar
Le commerce équitable en France en 2007 22 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
IV. Les ventes de commerce équitable par type de produit
1. Le café reste le produit équitable le plus vendu… mais sa part dans
l’ensemble des produits alimentaires diminue
En K€ Café Cacao Thé Riz Jus Sucre/ miel Confiture Epices Biscuits Fruits Frais
2007
(TNS 58 000 15 100 10 300 4 700 4 900 2 600 2 500 500 800 12 50014
Secodip)
Figure 11 : Répartition des ventes de produits alimentaires équitables par type de produits (hors
fruits frais)
Le café reste le premier produit acheté par les ménages et conserve 58 % de parts de marché
en 2007, mais sa part relative a beaucoup baissé puisqu’il représentait 70,7 % des achats des
consommateurs en 200515.
14) A noter que le Panel TNS-Secodip ne prend pas en compte les fruits frais. Ce chiffre de 12500 est donc issu de l‘enquête auprès des
acteurs du secteur.
15) Source : TNS Secodip 2005
Le commerce équitable en France en 2007 23 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
1.2. …Des achats de “nouveaux” produits alimentaires
Si la part de marché16 du café baisse, les chiffres d’affaires générés par d’autres produits comme le
cacao et le thé n’ont cessé d’augmenter. D’après TNS Secodip, les ventes de cacao ont doublé
entre 2005 et 2007, passant de 7,2 millions d’euros à 15,7 millions d’euros.
A noter que les fruits frais ne sont pas présents dans la figure 11 page 23 car ils ne sont pas pris
en compte dans le Panel TNS-Secodip. Néanmoins la croissance des ventes de ce type de produit
dans les trois dernières années est remarquable : +152 % entre 2004 et 2007. Ce sont près de
12,5 millions d’euros, soit près de 10 % des ventes de produits alimentaires équitables.
Les ventes d’autres produits alimentaires issus du commerce équitable, comme le riz et les céréales
(+413 % entre 2004 et 2007) ou les jus de fruits (+163 % entre 2004 et 2007), augmentent forte-
ment elles aussi. Cette croissance du marché est une conséquence du développement et de la
diversification de l’offre au niveau des grandes surfaces : les produits sont davantage disponibles
sur le marché, les consommateurs les achètent donc davantage.
En conclusion, le secteur du commerce équitable alimentaire reste dynamique. Les données de
l’enquête indiquent une croissance de 87 % entre 2004 et 2007, correspondant à un taux de
croissance annuel moyen de 23 %. Cependant, certains segments ont une croissance qui commence
à ralentir comme nous l’avons vu pour le café.
2. Une forte croissance des produits non alimentaires, tirée par le textile
Les produits équitables non-alimentaires sont dans une phase de croissance plus importante que les
produits équitables alimentaires. En effet, c’est un secteur en plein développement, notamment avec
la création de la filière coton équitable de Max Havelaar France en 2006. La croissance observée
entre 2004 et 2007 est de 148 %, soit une croissance annuelle de 35 %. La croissance du secteur
est essentiellement portée par la filière textile17 et la filière touristique.
Tableau 5 : Les CA avant distribution des produits non-alimentaires issus du commerce équitable
En K€ Textile Tourisme Bijoux Décoration Maroquinerie Sous- Cosmétiques Autres19 Total
et meubles Total (avant
Artisanat18 distribution)
2007 16 708 12 460 975 3 695 2 279 6 949 5 311 266 4169420
2004 1 977 887 118 212 30 360 NC 7 080 10 664
Variation +745% +1305% +726% +1643% +7497% 1800% -96% 290%
Source : Enquête auprès des acteurs du secteur du commerce équitable
16) Ici, on entend par “part de marché”, la proportion du montant des ventes en commerce équitable
d’un produit parmi toutes ventes de produits alimentaires du commerce équitable.
17) Le textile regroupe les vêtements et le linge de maison.
18) L’artisanat regroupe les Bijoux, les Meubles/Décoration et la Maroquinerie.
19) Autre : roses, jouets.
20) Le total des ventes en non-alimentaires présenté correspond aux ventes avant distribution.
De nombreux nouveaux
produits équitables sont
apparus sur le Marché :
jus de fruits, chocolat, etc.
Crédit photo : PFCE
Le secteur des
cosmétiques équitables
est en pleine croissance.
Crédit photo : Forest People
Le commerce équitable en France en 2007 24 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Figure 12 : Répartitions des ventes de produits équitables non alimentaires
Tous les secteurs de produits équitables non-alimentaires sont en forte croissance. Le tourisme et la
mode équitable tirent le secteur vers le haut et représentent à eux seuls près de 70% des ventes de
produits équitable (hors alimentation). Les cosmétiques équitables sont également un secteur en
plein développement : avec 5,3 millions d’euros (avant ventes finales aux consommateurs), elles
représentent 13 % des ventes de produits équitables non-alimentaires.
En résumé
Un secteur polarisé entre de nombreuses petites structures et quelques entreprises plus importantes :
L’analyse du secteur du commerce équitable au travers des enquêtes auprès des professionnels de la filière permet de bien décrire
les organisations présentes et les relations entre ces dernières. Il apparaît nettement que le secteur est fortement polarisé entre
un grand nombre de très petites structures d’un côté et un faible nombre de moyennes entreprises et de très grosses sociétés de
l’autre. Les analyses sur le secteur du commerce équitable qui portent sur le volume total d’activité (majoritairement en termes
de chiffre d’affaires) sous-représentent systématiquement les évolutions des petites structures. La compréhension du secteur doit
donc nécessairement coupler des analyses en termes de CA avec des analyses en termes de nombre de structures.
Un poids grandissant des GMS en terme de distribution et d’offre de produits de marques de distributeurs :
Le secteur se caractérise également par une importance grandissante des GMS dans le chiffre d’affaires total généré.
Cette évolution s’appuie sur l’augmentation des ventes par la grande et moyenne distribution et sur le développement important
des marques de distributeurs sur les segments les plus porteurs.
Une diversification importante de l’offre de produits :
Enfin, le marché actuel se caractérise par une diversification des produits commercialisés. Cette multiplication de la gamme de
produits permet la poursuite de la croissance de l’ensemble du secteur aussi bien en termes de CA – les CA des nouveaux produits
augmentent fortement – que de nombre de structures – les nouvelles structures sont essentiellement centrées sur le non
alimentaire qui connaît actuellement un fort renouveau. Certains segments comme le café connaissent néanmoins un palier dans
leur développement.
Le commerce équitable en France en 2007 25 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
V. Les perceptions des consommateurs
1. Méthodologie
Deux approches complémentaires ont été utilisées pour appréhender les perceptions des
consommateurs :
- une approche quantitative avec un sondage téléphonique ;
- une approche qualitative avec des groupes de discussion de consommateurs : focus groups
Le commerce équitable en France en 2007 26 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
2. Un concept connu de 82 % des français, bénéficiant d’un grand capital
de sympathie
Les résultats quantitatifs sur la perception des consommateurs du commerce équitable montrent
une impressionnante notoriété du concept du commerce équitable en France : 82 % des
Français ont déjà entendu parler du commerce équitable. Le niveau d’éducation est la variable
la plus discriminante, puisque le pourcentage est de 100 % des Bac +3 et plus, et de 94 % des
revenus supérieurs.
Ce résultat est confirmé dans les focus groups, où on constate que les consommateurs, comme
les non-consommateurs connaissent les fondements du concept du commerce équitable. Pour eux,
le produit du commerce équitable offre un revenu garanti au petit producteur.
Selon le sondage IPSOS, 78% des consommateurs formulent des appréciations positives sur
le commerce équitable. 39% d’entre eux reconnaissent la qualité des produits, et 54% l’utilité
du commerce équitable pour soutenir les petits producteurs.
Ils sont cependant 29 % à formuler des appréciations négatives sur la qualité des produits,
le manque d’informations et d’accessibilité ainsi que le prix, considéré comme trop élevé.
Source : IPSOS
Le commerce équitable en France en 2007 27 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
3. Les motivations des consommateurs
Acheter un produit du commerce équitable est une démarche d’aide aux petits producteurs.
Pour les consommateurs, faire la démarche d’acheter des produits du commerce équitable
correspond à faire un geste pour aider les petits producteurs du Sud, considérés comme pauvres,
relativement aux producteurs du Nord.
« Si je suis dans une notion de CE, je suis dans une notion de rapport nord sud, de rééquilibrage
des richesses entre le nord et le sud et dans une juste rétribution entre le producteur et le distributeur
et moi ma part consommateur. Et puis, l’acte décisionnaire, le pouvoir que je peux avoir en disant
voilà c’est moi qui contribue à rétribuer justement le distributeur comme le producteur. »
Cette démarche se décline dans le cadre de choix de vie orientés vers l’écologie, qui comprennent
aussi d’autres composantes que les produits du commerce équitable, notamment, pour certains, les
produits biologiques21.
Les produits du commerce équitable sont aussi appréciés pour faire des cadeaux. Il s’agit alors de
produits textiles ou d’artisanat. Dans ce cas, les consommateurs aiment offrir un objet « qui a un
sens », faire « deux actions dans une ». La valeur du produit offert tient à la fois dans ses
caractéristiques intrinsèques et dans la façon dont il a été produit. Dans ce cas, les achats sont
plutôt faits dans les petites boutiques dans lesquelles les vendeurs peuvent fournir de l’information
sur le produit.
Les consommateurs ont des avis différenciés. La solidarité et la garantie de revenu stable au
producteur peuvent constituer une raison suffisante pour payer plus cher le produit.
Pour les non-consommateurs, l’aide aux petits producteurs n’est pas une raison suffisante
pour payer plus cher le produit du commerce équitable. Il faut que le produit soit aussi de
meilleure qualité pour justifier le supplément de coût.
21) OZCAGLAR-TOULOUSE Nil, SHIU Edward, SHAW Deirdre, September 2006, “In search of fair trade: ethical consumer decision
making in France”, International Journal of Consumer Studies, Volume 30, Number 5, pp. 502-514(13).
Le commerce équitable en France en 2007 28 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Cependant, les deux catégories conviennent qu’il est indispensable de passer par les grandes
surfaces pour toucher la grande majorité des consommateurs potentiels.
Si les petites boutiques, ou Internet, sont considérés comme des acteurs plus crédibles, ils ne
touchent qu’une frange marginale des consommateurs potentiels.
Commerce équitable et grandes surfaces ne sont pas forcément incompatibles entre eux, pour les
consommateurs, mais cela implique une notion de contrôle.
Par ailleurs, consommateurs comme non-consommateurs souhaitent que les distributeurs
prennent une marge moins importante sur les produits du commerce équitable par rapport
aux autres produits. Cette condition apparaît comme très importante dans les deux groupes. C’est
en quelque sorte une compensation de l’image positive que les produits du commerce équitable
apportent aux grandes surfaces qui commercialisent ces produits.
22) BALLET Jérôme, CARIMENTRAND Aurélie, 2007, Le Commerce équitable, Ed. Ellipses Marketing, Collection "Transversale Débats".
Le commerce équitable en France en 2007 29 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Les non-consommateurs trouvent aussi que les produits du commerce équitable sont chers. Mais à
la différence des consommateurs, ils ne feront pas la démarche de l’acheter. Le concept même de
commerce équitable n’est pas remis en question, les non-consommateurs trouvent eux aussi que
l’idée d’aider les petits producteurs du Sud est recevable, mais leurs doutes et le prix élevé se
conjuguent pour les empêcher de passer à l’acte d’achat.
« Les gens ils ont pas beaucoup d’argent et ils s’occupent de leur pouvoir d’achat. Et là, le
commerce équitable ça coûte cher…. A un moment donné oui d’accord on ferait tout cela si on était
riches peut être. Mais bon voilà on n’a pas assez d’argent et bon voilà. Plus les temps sont durs et
moins la solidarité surtout internationale a de place pour exister quoi. » (une non consommatrice)
Certains consommateurs ont pourtant remarqué que certains produits de décoration faisaient
exception à cette règle du prix élevé.
« Pour tout ce qui est produits artisanaux, je trouve que c’est pas cher. Enfin moi qui vais dans des
petites boutiques de quartier ce n’est vraiment pas cher. » (une consommatrice)
Source : IPSOS
Le commerce équitable en France en 2007 30 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
6.2. Des garanties méconnues qui limitent le développement du commerce équitable
Consommateurs comme non-consommateurs estiment avoir peu de garanties en ce qui concerne le
commerce équitable. Les doutes sont présents dans les deux groupes. Mais alors que les
consommateurs choisissent de faire confiance et d’acheter tout de même le produit, les non-
consommateurs s’appuient sur ce doute pour ne pas passer à l’acte d’achat, même si ce n’est pas
leur seule raison de ne pas acheter les produits.
Le doute est présent pour les produits d’épicerie achetés en grande surface. Dans ce cas, le
distributeur est suspecté de « faire du marketing » avec le concept du commerce équitable. Le
consommateur estime avoir peu de garanties sur le respect effectif des conditions qu’impose le
commerce équitable, malgré sa faible connaissance en la matière. Le déséquilibre entre la puissance
de négociation attribuée aux distributeurs ou aux grandes entreprises et celle des petits producteurs
amène à une suspicion sur le respect des règles du commerce équitable.
« On se dit que quand Jacques Vabre arrive avec une force de frappe au niveau de l’achat, il peut
imposer des prix. Les Leclerc aussi ont un pouvoir d’achat, alors je ne sais pas dans quelle mesure
ils n’imposent pas aussi une règle, leur règle, enfin je ne sais pas. J’avoue qu’on est là dans un
concept marketing… Qu’est-ce que cela veut dire pour Leclerc de l’équitable ? » (un consommateur)
Même si certains consommateurs considèrent que le « vrai » commerce équitable se fait dans les
petites boutiques, le doute et la suspicion ne sont pas absents non plus dans ces circuits, pour les
consommateurs comme pour les non-consommateurs.
« Mais là, [dans les petites boutiques] c’est la même chose, il y a ce que la personne nous dit et on
n’a aucune garantie derrière de ce que …. Ça peut être simplement du marketing. C’est une nana
qui sait peut être très bien faire son truc et qui sait très bien cibler la personne qu’elle a en face
d’elle et lui dire ce qu’elle a envie d’entendre. Après on ne sait pas » (une consommatrice)
Le commerce équitable en France en 2007 31 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
6.4. Pourtant, un label garanti par l’État n’est pas plébiscité
Malgré les insuffisances constatées par les consommateurs comme par les non-consommateurs sur
les labels actuels, qui ne sont pas assez connus, et dont on ne sait pas exactement ce qu’ils
garantissent, un label garanti par l’État n’est pas considéré comme la solution.
Le commerce équitable est une notion qui implique plusieurs pays, notamment des pays du Tiers
Monde. Une organisation qui garantirait le caractère « équitable » devrait donc selon certains
consommateurs être une organisation supranationale.
Certains consommateurs pensent également que le caractère « commerce équitable » devrait être
garanti par une structure indépendante, de type associatif ou coopératif. Ce type de structure est
considéré comme plus en phase avec les valeurs défendues par le commerce équitable qu’une
structure d’entreprise.
Le commerce équitable en France en 2007 32 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
En résumé
Le terme « commerce équitable » est aujourd’hui connu par une très forte majorité des Français (82 %). Cette notoriété très
importante est un des résultats de la communication effectuée ces dernières années par les acteurs du commerce équitable. Non
seulement les français connaissent le terme, mais ils en comprennent bien les fondements. Consommateurs, comme non-
consommateurs se font une idée relativement juste de ce qu’il représente : un moyen d’aider les producteurs du Sud à obtenir une
juste rémunération pour leurs produits
Cette notoriété a été accompagnée d’une augmentation des actes d’achats, mais il existe une grande marge de progression : on
peut connaître le commerce équitable sans pour autant acheter des produits.
La majorité des consommateurs se sent proche des valeurs portées par le commerce équitable et juge sa démarche efficace pour
aider les « petits producteurs ». C’est d’ailleurs une des principales motivations à l’achat : il s’agit de « faire un geste » pour les
producteurs des pays du Sud en achetant les produits. Pour ces consommateurs, le prix, même s’il est jugé élevé pour les produits
alimentaires, n’empêche pas l’achat. Il est cependant susceptible de limiter les quantités.
Les doutes existent sur la capacité des acteurs du commerce équitable à préserver l’intégrité du concept. La moitié des personnes
connaissant le concept du commerce équitable pensent que certaines marques ou entreprises peuvent se réclamer du commerce
équitable sans en respecter les règles.
57 % pensent aussi qu’ils n’ont pas suffisamment d’informations sur les produits du commerce équitable. Les consommateurs
apprécieraient particulièrement que les acteurs assurent une transparence sur la répartition de la valeur ajoutée au long de la
filière, particulièrement la part prise par le distributeur. Les consommateurs comme les non-consommateurs sont relativement
suspicieux par rapport aux grandes sociétés de distribution. Ils trouveraient normal que les distributeurs limitent leur marge sur
les prix du commerce équitable, ce qui permettrait, selon eux, de ramener les prix du commerce équitable à un niveau plus
abordable.
L’information est au cœur des défis que le secteur du commerce équitable aura à affronter à l’avenir. Informer davantage les
Français sur le commerce équitable, en apportant des informations concrètes, des reportages, des témoignages sur ce que le
commerce équitable permet de réaliser, renforcera la crédibilité du secteur.
L’enjeu de régulation est moins perceptible pour les consommateurs peu nombreux à connaître le label Max Havelaar, et sans
doute encore moins nombreux à connaître son fonctionnement. Les consommateurs ont peu confiance dans les systèmes actuels
pour garantir le respect des conditions du commerce équitable. Ils évoquent une structure associative comme la plus à même de
prendre en charge le développement d’un label sur le secteur.
Le commerce équitable en France en 2007 33 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Conclusion
1. Le commerce équitable : un secteur dynamique en croissance soutenue
Le commerce équitable est un secteur dynamique en croissance soutenue.
Cette croissance s’exprime d’abord par la création continue de nouvelles structures de
commercialisation de produits du commerce équitable. 54 % des structures enquêtées ont été créées
dans les cinq dernières années.
Cette croissance s’exprime aussi par la création continue de nouvelles filières avec une offre
toujours plus grande de nouveaux produits équitables. En particulier, une filière coton équitable a
été créée par Max Havelaar et a permis l’essor du secteur de la mode équitable, mais aussi du
vêtement professionnel équitable (ex : les uniformes de la Poste ou de la SNCF etc.), ce qui
contribue à élargir les marchés des produits du commerce équitable.
La progression s’exprime également par la croissance du chiffre d’affaires généré par le commerce
équitable. Selon l’étude Altervia réalisée en 2004, les ventes de produits issus du commerce
équitable s’établissaient à 93 millions d’euros. Selon notre enquête, les ventes de produits équitables
générées en France en 2007 sont de 241 millions d’euros, ce qui correspond à une croissance de
157 % en 3 ans.
Enfin, la notoriété du commerce équitable progresse elle aussi. Selon un sondage Ipsos, 82 % des
Français connaissent le commerce équitable en 2008, alors qu’ils n’étaient que 9 % en 2000 selon
le même institut.
Le commerce équitable en France en 2007 34 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
4. Les grandes et moyennes surfaces et le commerce équitable
Les grandes et moyennes surfaces (GMS) sont les premiers lieux d’achat des produits du commerce
équitable pour les produits alimentaires. Leur importance découle aussi de leur implication dans le
commerce équitable au travers de leurs marques de distributeurs (MDD).
L’enquête par questionnaire permet d’évaluer la part des GMS à 63 % des ventes totales de
produits équitables avec 108 millions d’euros, tandis que l’étude d’Altervia estimait cette part
à 55 % en 2004. La croissance de l’ensemble du secteur du commerce équitable a donc profité aux
grandes surfaces, mais le gain de parts de marché demeure limité et les magasins spécialisés se
maintiennent bien dans le secteur.
L’implication des GMS dans le commerce équitable est plébiscitée par les consommateurs puisque
94 % des personnes connaissant le commerce équitable estiment une bonne chose que les produits
du commerce équitable soient vendus dans les grandes surfaces.
Mais les consommateurs sont aussi suspicieux à l’égard de celles-ci. Ils doutent de la volonté et de
la capacité de ces acteurs à assurer une juste répartition de la valeur ajoutée au long de la filière. Ils
expriment aussi une exigence de transparence sur la répartition des marges entre les différents
acteurs : producteurs, transformateurs, distributeurs. Certains consommateurs estiment en outre que
les marges prises par les GMS devraient être moins importantes sur les produits du commerce
équitable par rapport aux autres produits.
Producteur d'orange
Crédit photo : Max Havelaar
Le commerce équitable en France en 2007 35 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
6. Un grand capital de sympathie, mais une confiance à consolider par
l’information
Le concept de commerce équitable est connu de 82 % des Français. Les consommateurs, comme
les non-consommateurs se font une idée relativement précise de ce qu’il représente : un moyen
d’aider les producteurs du Sud à obtenir une juste rémunération pour leurs produits. Le commerce
équitable bénéficie d’un grand capital de sympathie auprès du public, puisque 68 % se sentent
proches ou très proches de ses valeurs. 78 % pensent également que les marques du commerce
équitable permettent vraiment d’améliorer la situation des petits producteurs du Sud, et 78 %
formulent spontanément des appréciations positives sur le commerce équitable.
Le concept du commerce équitable est donc bien considéré comme efficace, mais il demeure
fragile. En effet, 57 % des personnes qui déclarent connaître le commerce équitable estiment
manquer d’information à son sujet, et 50 % pensent que certaines marques ou entreprises peuvent
se réclamer du commerce équitable sans en respecter les règles.
L’analyse qualitative par focus groups montre que ce sont plutôt les grandes entreprises, multi-
nationales, groupes de distribution, qui sont suspectés. Certains consommateurs estiment que leur
logique étant d’abord de faire du profit, il leur est difficile d’intégrer en même temps les principes
du commerce équitable.
Le commerce équitable en France en 2007 36 Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD
Le commerce équitable connaît depuis plusieurs années
un remarquable essor tant au niveau de sa notoriété que
de la visibilité de ses produits. Plus de 80% des Français
connaissent aujourd'hui le concept de commerce
équitable. De nouvelles filières ont de plus fait
leur apparition et rencontrent l'engouement du public.
Les débats sur ce thème ont largement investi
les différents médias et participent notablement
à une meilleure connaissance des objectifs et des acteurs
de ce “commercer autrement”.
> PARTENARIATS
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