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L’ivre citoyen

Ahellil i u qhrim
Hassani Mhamed

L'ivre citoyen
A hellil i u qhrim
Textes et poèmes bilingues (fraçais-maziqh)
Du même auteur

Akham n Tiche, théâtre kabyle, FNTA, 2010


Ili ! Poésie kabyle, Innocence, 2011
Divagations, SEFRABER, 2014
Parasitages, Chapitre.com, 2016
Être et agir, Chapitre.com, 2017
N’être suivi de Tâches, chapitre.com, 2017
Ballade picturale suivi de Art me toi, chapitre.com, 2018
Des couleurs et des clameurs à l’horizon, Berri, 2018

© Les Éditions Boussekine


ISBN : 000-0-000-00000-0
Dédicaces

I y’imehbas n turda yettmeh’nen g leh’bus


I kra n wid yettnaqhen
Akken t’ilelli
Yal ass ad tettili
Ma d el h’ebs
Ad yeqqim g idteli

A tous les détenus d’opinion qui souffrent en prison


A tous ceux qui luttent
Pour que liberté
Se vive au quotidien
Et que prison
Soit un passé révolu

Et à toutes les mamans


Qui enfantent par amour
Et ne vivent que d’amour.

Mes remerciements à Cheradi Hocine, Sahki Hacen et


Rabah Betahar qui ont été mes interlocuteurs dans le
travail d’adaptation et de transcription de mes textes
du français à l’a maziqh.
9

Avant-propos
À propos de la transcription adaptation en ta
maziqht de Kabylie
Sans parler de grammaire et d’orthographe, je
voudrais seulement attirer l’attention du lecteur
berbérophone sur mon choix d’écrire ma langue
maternelle, le kabyle, uniquement avec les 26 lettres
latines sans y introduire de signes diacritiques comme
cela se fait avec le système usuel adopté dans les
travaux de recherche universitaire.
En effet, étant donné que c’est le sens des mots
qui fait la langue et non l’alphabet, je pense, avec
beaucoup de compatriotes à travers l’Afrique du Nord
et le monde, que nous devons écrire les 38 sons de notre
langue avec la combinaison des seules 26 lettres latines
comprises dans tous les claviers et les machines
existantes à ce jour à travers le monde. Conscients que
nous sommes confrontés à la vitesse du monde
moderne nous ne pouvons nous permettre de freiner
nos élans en voulant particulariser notre écriture. L’oral
doit être versé dans l’alphabet disponible à chaque coin
de rue. Nous ne pouvons culpabiliser ceux qui n’ont pas
accès aux logiciels spécifiques mis au point beaucoup
plus par défi technologique que pour développer la
langue. Cela nous évitera des fractures constantes entre
différentes générations et populations de locuteurs.
(suite en page 118)
10

« LA RUE EST MON ATELIER »

Ce livre est arrivé par une hérésie artistique à


l’assaut de la citoyenneté et de la modernité. Elle se
nomme Karim1 et hante la ville des quatre vingt dix
neuf saints.
Connu comme un artiste rebelle sur la place
bougiote (Bgayet Bejaia Algérie), je l’ai croisé au
détour d’une exposition de mon ami ELMES2 (en mars
avril 2018) qui s’est investi dans l’infographie pour
questionner l’olivier ancestral.
Karim m’est apparu fuyant, instable et
roublard. Il a fait irruption dans la galerie en habitué
des arts mais pas du lieu. Il connaît tout le monde, y
compris moi, sans que je le situe dans ma géographie
humaine…

1
Qui est Karim Ziane? Entré en 1994 à l’école des
beaux arts d’Azazga, il a continué son cursus de
formation artistique à Oran à partir de 1996, suite à
l’assassinat de son directeur d’école par la horde
intégriste islamiste.

2 Messaoud Bahloul Artiste peintre connu et reconnu,


résident à Tazmalt, auteur de nombreuses expositions
dont celle qui a inspiré le recueil « N’être » du même
auteur.
11

« A ZNIQ D A SQIF IW »

A dlis a yelul-d g te keffarht ta zsurant i


yezsedmen qhef t’iqqermi d t’atrarit. Isem is Karim u
tettawi tettara g te mdint n tesâa u tesâin n lawliya.
Karim yettwassen d a nazsur a qhewwaqh g u
sarag a bjawi, mlaleqh-d yid-es g t’ama n te meskant n
u mdakel iw ELMES (meqhres yebrir 2018) i-tt yerran
i t’anfografit, akken ad yesteqsi ta zemmurt n lejdud.
Karim yeban iyi-d d a merwal, d a mnafeq, ur
yedtif a mkan. Yesejba-d g u sqif n te meskant am win
yennumen ta zsuri, maca yeban ur yennum a mkan a.
Yessen akk meden, ula d nekk, qhas akken ur-t
essineqh g te rakalt inu t’alesant.
12

Puis, je l’ai retrouvé en pleine réalisation d’une


fresque sur un boulevard poussiéreux sous un soleil de
plomb, s’attaquant à un mur craquelé qu’il a décidé
d’ébranler avec ses formes et ses couleurs. Je ne savais
pas que c’était un habitué des fresques qu’on prenait
pour des frasques dans l’autre société.
Le deuxième jour, des silhouettes africanisent
déjà le mur. Je ne sais pourquoi, les personnages
émergent du mur comme d’une steppe, hérissés comme
des oursins ou des hérissons mais pas des porcs-épics :
ils ne décrochent aucune pique ! Ils accrochent
seulement le regard inaccoutumé des passants qui
commencent à traîner la patte à leur niveau.
Déjà la presque-fresque rameute du monde !
Mauvais signe pour les récalcitrants qui n’aiment que
l’échec et la reddition ! La fresque fait des frasques sur
les réseaux sociaux, rien n’arrête le mauvais sort quand
il s’acharne sur ceux qui ont tort. L’artiste est une
étincelle qui met le feu aux mauvaises herbes pour que
reverdisse la prairie !
Lui reviennent en tête de fabuleuses fresques
féminines et autres que le temps a effacé des esprits et
des murs. C’est le destin des œuvres improvisées pour
créer le chaos dans l’ordre établi. C’est la pique du
porc-épic qui s’égare dans le tumulte des non-dits
depuis qu’octobre a sonné aux portes de la liberté.
A Ighil Ali, le berceau de la grande Taos
Amrouche cette conteuse des profondeurs ancestrales,
13

Syen akin, ufiqh-t yettzewwiq i jufar n u zeglal


yuli u qhebar, seddaw n y’idtij a qeshan, yezsdem f el
hidt yeferzezin i yerra g dehhen is ad yehud, s
t’alqhiwin d y’initen ines. Ur zsriqh belli d win
yenumen ti wnuqhiyin, tidak ttwalin wiyedt d ta
waqhit.
Ass wis sin, bdant te xyalin sefriqent lxa a
qhrab. Wis i w’ac, i wudam ttefaqhen-d seg u qhrab
amzun seg u zawaqh, ceâwewwun am te sennant n
y’ilel niqh am i nisiyen, maca matci am arugen : ur
kkaten ara s i segnan ! Ttadtafen-d kan i sekkuden ur
nennum n i msebriden yebdan sizsayen a dtar qher
t’ama nsen.
Lxa ta wnuqhit t’arummidt tesegraw-d el
qhaci ! D ayen n diri f i manunen, yetth’ibbin h’aca ta
xeszart d te neqlabit ! Ta wnuqhit tesekker ta waqhit g
i zedtwan i mettiyen, kra ur-d yesehbas deâusu m’ara
teselledt qhef i mcumen. A nazsur d a fedtiwej
yesendaren t’imes i yir t’uga akken a-d tuqhal
t’izegzewt i ti gratin !
Yemmekta-d ti wnuqhiyin ti xlafin i yesfedt
w’akud seg w’alaqhen d lehyudt. D ta wenza n leqdic a
zsuran i-d yettilin akken kan ad yerwi a mizwer yellan.
D i segni n w’arug i yeâerqen g zhir n w’ayen ur-d
nettwanna seg w’asmi i-d yesdtebdteb Tober f te
wwura n te lelli.
G Iqhil Âli, dduh n Taos Amruc ta meqrant, m
te mucuha n te lqa ta jadit,
14

un hommage fresquiste eu lieu à la barbe des tueurs de


mémoire.
Les murs haut battis narguent le regard de
l’artiste qui ne rêve que de les pulvériser d’un coup de
pinceau. Taos mérite grandement d’occuper les espaces
de son enfance.
Et c’est dans une église que le premier
hommage au maitre3 assassiné eu lieu, son sang encore
chaud fulminait dans les couleurs de la résistance
citoyenne, pendant que dehors la furie, de part et
d’autre, cherchait à semer la résignation et la mort
définitive de ce peuple héroïque.
Et aux milieux des frasques d’un 8 mars, la
silhouette splendide de la jeune rebelle, Katia Bengana,
fraîchement abattue à bout portant par d’affreux faux
religieux, surgit sur le drap blanc de l’oubli pour dire à
jamais que nul intégrisme ne la soumettra. Sa farouche
détermination, inspira l’artiste embusqué dans la
société à l’affût des symboles qu’on s’empresse
d’enterrer définitivement, corps et âme, pour ne pas
déranger les plans préétablis.

3
Hocine Asselah directeur de l’école des beaux arts as-
sassiné par la horde intégriste en 1996.
15

ta jmilt ta wnuqhant tedtra-d zdat n u camar n i


qettalen n cfawat.
Lehyudt yebnan s te âla ttqamaren a sekkud n
u nazsur i yettargun a-ten yefelleq s te yitwin n te mzert
ines. Taos tuklal s t’uqhzi ad tedtef i medtqan n te mzsi
ines.

U g te mezgida n u romi i-d tedtra te jmilt i u


selmad-anazsur yettwanqhan, idammen is i mazal
h’man, ttforen g y’initen n u qamer a qherman, asmi
berrha, isidt yuqh yal t’ama, yettnadi ad yezraâ lekni d
el lmut ara yedumen g u gdud n y’izemawen.

U g te lemmast n zerda n tmanya meqhres, ta


xyalt ta mxaleft n yiwet n te qcict ta qhewaqht, Katia
Bengana, i nqhan, udem s udem, i nselmen n lekdeb
yesewh’acen, teffeqh-d seg u cedtidt a mellal n t’atut
akken a-d tini i dwam, ulac i mdterref i mdeyyen ara-tt
yeseknun. T’ugin i tugi, tefka-d ta hregt i u nazsur
yefren g te metti anda yettraju i zamulen, nebqhan ad
medtlen s te qhawla g t’atut, s te fekka d y’iman, akken
ur sexraben i qhawasen yettuhhegan.
16

Intrépide, sournois, toujours aux aguets, le perturbateur


fresquiste attend patiemment l’heure de la fulgurance.
Imparable, quand il décroche sa pique. Son forfait
accompli, il s’en va rejoindre son terrier.
Cette fois, l’autorité en mal d’interdiction se
rabat sur la pénurie de peinture et de pinceau, pour
briser la cadence africaine que l’artiste imprime à ses
personnages. Fresque en suspense suspendue entre ciel
et terre.
L’artiste voit loin, le mur est un support, pas un
obstacle. S’il est obstacle, la couleur le pulvérise de sa
lumière.
L’artiste ne vit que par sa création sinon
l’homme survit d’aumône même s’il bosse dur !
La fresque fut abandonnée dans la steppe du
mur sans déranger qui que soit.
Puis l’artiste disparut sans crier gare, laissant la
presque ville à ses ordures. Il se réfugia dans la
montagne, reprit le rythme de vie des anciens.
L’artiste fustige le faux et redevient rocher,
pierre lancée par la fronde d’une jeunesse en
perpétuelle quête.
L’Afrique reste un continent inachevé et la
fresque une blessure publique qui ne dérange aucun
esprit. L’image du désert habite la mémoire du nord.
17

Ur yeâeyyu, ur yesfaqay, dima yettâassa, a


mnerwi a wanuqh yettraju, s ukaberh d u gaberh, ta
saâett n u neggez. Ur tezmiredt ad temneâedt ma yebra-
d i y’isegni ines. Mi yexdem t’ubqhi-s, ad yuqhal qher
el qhar ines.
T’ikelt a, a dabu, mi ulac acu ara yegeddel,
yerra-tt i lexszasz n sbaqh d te mzerin, akken ad yerwi
a qlaqal a friqi yefka u nazsur i i wudam is. Ta wnuqhit
teâeleq gar igenni d te murt.
A nazsur yettwali wgig, el hidt d ta felwit matci
d ugur. Ma yella d ugur, a-t yefeleq y’init s t’afat is.
A nazsur yettidir s u snulfu ines ma d a mdan
yettdum d a mattar qhas yenqha iman is g te xeddimt.
Ta wnuqhit teqim akken g u zawaqh n el hidt
ur yeclaâ deges yiwen.
Ma d a nazsur yeqhab bla el h’es, yedja ta
mdinect g uzur ines. Yeffer g u drar, yuqhal qher
w’anya n t’udert n at zik.
A nazsur yugi i te mrurit, yeqqel d a zsru, d a
bladt g y’ildi n i lemzsi yenumen a snunet.

Ta friqt teqqim d a menzsaw arummid u ta


wnuqhit d aggas a zayaz f ur yeclaâ ula d yiwen. T’ugna
n te niri tezdeqh allaqh n u gafa.
18

Puis, inattendu et hirsute comme une insomnie,


le voilà rapatrié par la presque ville dans le reste d’un
jardin colonial, à tenir compagnie au Zéphyr que le
temps ne fait plus frissonner. Il reproduit la statue au
bon plaisir des promeneurs à qui il tend le pinceau pour
laisser leur empreinte sur la toile à défaut du monde.
C’est là que je l’ai croisé la deuxième fois, à
l’ombre du feuillage, à dialoguer avec le Zéphyr. Il lui
parlait sûrement de sa sœur de Sétif que les intégrismes
n’arrêtent pas d’amputer de ses généreux seins offerts
au vent et au temps. Non, Karim s’amusait et amusait
ses visiteurs. Il réinventait l’art de peindre pour le
plaisir et l’amusement des enfants. Et toute cette
population qui ne connaissait pas de musée connaissait
Karim qui a horreur de l’enfermement de son art.
« Mon atelier, c’est la rue » clame l’artiste que
nul destin n’a encore figé. Mon musée n’a pas de mur
ni de porte, précisait-il, le pinceau à hauteur du sein
debout du Zéphyr.
Il mettait le pinceau entre les doigts d’un enfant
et lui disait : touche, mets ta touche, exprime ton
passage sur la toile qui s’ouvre à toi.
Quelques jours plus loin, le voilà pliant sa
chaise et son trousseau, se déplaçant vers la place de la
liberté d’expression et… d’exhibition compléta-t-il en
s’éclatant dans une gorgée de café qu’il trimbale dans
un gobelet en carton recyclé. Et sa manière de voleur
de feu que je commençais à distinguer dans son
Syen akin, am win ur nurja, yeferzezi am u
mectaq n y idtes, ataya yuqhal-d qher te mdinect g
yiwen u galiz n te jnant ta mhharsant, d a mwanes n
19

« Zéphyr » ur yesengugay w’akud. Yettales i u sebdad


s w’unuqh, yesedehay i msebriden iwumi yesenday ti
mzert akken ad djen cama nsen f te lwiht imi ur zmiren
a-tt djen g dunit.

Da i-t id mugreqh t’ikelt tis snat, g t’ili n y’ifer,


yesdiwin d Zéphyr. Ahat yettmeslay as f uletma-s n Stif
tin hewlen i mdterefen s u gzam n te bbucin ines tedja
i w’adtu d w’akud. Ala, Karim yetturar u yesedehay i
nerzaf ines. Yesnulfuy-d ta zsuri n w’unuqh s t’adfi d u
sedehu n w’arac. A gdud nni akk ur nessin a sqif n te
klut yessen Karim i yekerehen a mdal n te wwura qhef
te zsuri ines.

« A sqif iw d a zniq » i yettsuqh u nazsur ur


tejmed âad te wenza. A sqif inu ur yesâi lehyudt la ta
wwurt, i-d yesefham, ti mzert g u fus is, teqabel ta bbuct
yebedden n Zéphir.
Yettarra ti mzert gar i dtudan n u grud la-s
yeqqar : mus, sers dtabeâ inek, senfali a zgar inek f te
ylutt id yeldin qhur-ek.
Kra n w’ussan akin, ataya yekbel a kursi ines d
i fecka-s, yesakel ar u sarag n te lelli n u meslay u… n
u fesser, i yekemel yenna s u bekbuk g te jqhimt n el
qahwa yettawi g el kas n u kerton. Bdiqh ttfiqeqh i el
hedta ines n u makar n te mes

instabilité spatiale et la continuité de sa touche


africaine.
20

De jour comme de nuit, son pinceau repoussait


les murs de l’interdit et libérait le cri de l’opprimé, tout
en recyclant les espaces pollués de la presque ville qui
ne digère plus ses déchets organiques ou humains.
Puis, il fallait voler plus haut que les murs des
prisons pour capter le cri des détenus d’opinion. La
montagne est le lieu de l’aigle et de la profondeur du
regard. Là où rejaillit la source et se fige la vague. Son
être n’est plus qu’un pinceau affûté aux rythmes des
musiques ancestrales.
Nuits carcérales, l’obscurité des cachots
reproduite sur des places publiques. Les barreaux
s’effaceront d’eux-mêmes devant la levée du jour que
l’artiste citoyen guette au rond-point des libertés.
Son angoisse : le sarcasme. Quand on lui vole
son arme, l’artiste est désarmé. C’est la fuite. Comme
le hérisson il se rembobine, boule d’épines qu’on ne
peut plus atteindre. Et l’hibernation commence jusqu’à
la fonte des neiges, rare dans ce pays de soleil.
Dans le chaos du monde l’artiste est le contre-
chaos qui happe l’harmonie au passage, à la croisée des
trajectoires des rais de lumière, là est le point choc qui
brise le silence dans l’esprit du regardeur. La
fécondation est la naissance du lien, la ligne d’échange,
la continuité géométrique des formes de langage…
g u ngugel ines sya qher da, d sbiqha ines ta
friqit.
Am ass am y’idt, ti mzert ines tegebbi g
leh’yudt n te gdelt u teberru-d i t’iqhri n u meh’qur,
21

m’ara tettneqi ti gnatin yewesxen n te mdinect


yeguman ad tefres i galizen ines n u gama niqh n u
mdan.
Syen akin, yelaq ad yafeg nnig leh’yudt n
leh’bus akken a-d yedtef t’iqhri n i meh’bas n t’urda. A
drar d a mkan n igider d te lqa n u sekkud. Anda i-d
tettfelliq te limsa u tejemmed el muja. T’ilayt is teqqel
d ti mzert yemseden s w’anya n u zsawan n lejdud.
Idtwan n el h’ebs, t’allast n el qefs i-d yesnulfa
g i saragen i zuyaz. A cebbak ad yefessex iman is, zdat
n te lalit n w’ass yettgabarh u nazsur a qherman g te
mlilit n i berdan n te lelliwin.
A nezgum is d tiha. M’ar’ as takredt slah’ is, a
nazsur yeâerra. D ta rewla. Am i nisi yeskuren iman is,
d t’akurt n i senanen ur tezmiredt ad teleh’qedt. Yebda
nadam n te grest alama fsin i deflawen, ayen drusen
adtas g te murt a n y’idtij.
G te merwit n dunit, a nazsur d a nemgal n te
merwit, i-d yecelqafen ta msasit i-d yeâeddan g te mlilit
n i zsenzsaren n t’afat; din i tella te nuqitt n te yita
yettruzsun ta susmi g t’ayti n u sekkad. T’arewt d ta
lalit n w’assaqh, d a jerridh n u mbeddel, d a kemmel a
nzeggan n t’alqhiwin n u meslay…
22

L’artiste se retire de la scène pour laisser


l’œuvre faire son travail… si l’œuvre survit.
A nazsur yejbed iman is seg u sayes akken ad
yedj a xeddim ines ad yendeh i ceqhel is… ma tedder
te zsuri ines.
PREMIÈRE PARTIE

Octobre
Tober
24

TOBER
I wid yumnen
Yewdt-d lawan
I wid ur nesfayed
Seg te nekkra id yesehwan

Hdiqh asen a sefru a tobran


Ur nelli d a merzsu
Acu kan d a nurgam
Akin i te sefraqh
Akin i te nekcam

Qareqh tober
Matci inu
S kra i meslayen fsisen
Matci ulama d ayyur
Qhas in’as d lâaqliya
Matci d ta semhuyt yemmuten
Yettrhebbin a âwaz
Yessufuqhen i te nekkra

Tober n akk medden


N wid yis yumnen
I yetteddun s ibeddi
Ttawin a brid mh’ettem
Alama d i xfawen ulac a welli
25

OCTOBRE
A ceux qui ont cru
Que le moment était venu
A ceux qui n’ont rien reçu
D’une révolte inattendue

J’offre mon poème octobriste


Qui n’a rien de défaitiste
Mais reste futuriste
Au de-là des déceptions
Au de-là des soumissions

Je dis qu’octobre
N’est pas à moi
En quelques mots sobres
Ce n’est même pas un mois
Plutôt un état d’esprit
Loin d’une saison morte
Qui cultive l’insomnie
Et au bout la révolte

Octobre est à tous


A ceux qui y croient
Et qui marchent debout
A ceux qui n’ont de choix
Que d’aller jusqu’au bout.
26

Tober ayi-d yegri gar i fasen


Ma tedjam t yeqhli
Ad bubbeqh akk dnub nwen
Alama sufeqheqh t’irni

Octobre me restera sur les bras


Si vous le laissez tomber
Je prendrais tout sur moi
Et jusqu’au bout j’irais !
27
28

RNUM EL JEHDA

A fus yejehden
Ad nerhez ta wenza
Aqh kersen i cenga

A fud yejehden
Ad nessired lâella
Yeswaqhen i mezdaqh n te murt-a

Rnum-d el djehda
Ad tefsi el qedra
Ad yeww lexrif
Ula g cetwa
Ad yetc menwala
Ad yessefti t’irga
I yeleddin ti wwura
I te sutiwin n u zekka!
29

ENCORE UN EFFORT

Encore un effort
Pour briser le sort
Que d'autres nous ont jeté

Encore un effort
Pour redresser le tord
Fait aux habitants de cette contrée!

Encore un effort
Pour voir éclore
La fleur de notre témérité
Et mûrir les fruits
Hors saison
Qui nourrissent les rêves
Et ouvrent les horizons
Des nouvelles générations !
30

A MNIR

Tober yeqqim d tober


G yal akud
G yal ta semhuyt
Tober ad yili d tober
Akken ur nmexxel
U ad neddu qher zdat
Tober dima d tober
I-d yesnerniyen t’ubqhi nneqh
I-d yeleddin igliyen nneqh
31

REPÈRE

Octobre reste octobre


quelque soit le temps
quelque soit la saison
Octobre sera octobre
pour ne pas perdre raison
Et aller de l'avant
Octobre sera toujours octobre
qui libère nos passions
Et ouvre nos horizons!
32
DEUXIÈME PARTIE

L’ivre citoyen
A hellil i u qherim
LE DOUBLE ENGAGEMENT DE L’ARTISTE :
ESTHÉTIQUE ET CITOYEN

Militer, soutenir une cause, être solidaire avec


le détenu d’opinion… L’actualité a été très exigeante
ces dernières décennies parce que les citoyens ont été
malmenés, interdits d’exister à travers ses
représentations artistiques et politiques, soumis
quotidiennement à une violence informelle et formelle.
Le citoyen s’est senti trahi à chaque fois par les uns et
les autres. Ce qui l’a rendu exigeant envers ceux qui
prétendent le représenter au point de demander des
preuves extrêmes de leur engagement.
Quand les politiques agissent en contradiction
avec leur discours et que les artistes se retiennent de
prendre position en public, la société est doublement
frustrée par ses élites.
Le poète, et l’artiste en général, est sommé de
se positionner sur l’échiquier des valeurs humaines et
humanistes. Il est sommé de se positionner devant tous
les cas d’atteinte aux droits humains, sinon on lui refuse
sa place citoyenne et il devient le serviteur d’un
système.
A-t-il le droit de passer outre, de se considérer
comme exempte d’aller au front, de rester à lancer des
youyous d’encouragement ou d’incitation ? Quelle doit
être le degré et la forme d’engagement de chacun ?
35

A KFAL USLIG N U NAZSUR : A FELKISAN D U


QHERMAN

Ekki g u mennuqh, ewwet qhef te mentilt,


saned a meh’bus n t’urda… T’izi n yal ass teszâeb g i
seggasen-i i negura, acku i qhrimen ttewweten, ugin
asen ad ilin, ula s wid ara-ten yemetelen, ama d i
nazsuren ama d i msertiyen, imi yal ass, ttqabalen ta
kridt yebanen d tin yefren.
A qhrim yeh’ulfa yettwaxdaâ, yal t’ikelt, sqhur
wiya niqh wiyedt. Dayen i-t yerran d a qhennan ar wid
i yesawalen s y’isem is, yebqha-ten a-d sbinen s t’idett
a kfal nsen.
M’ara ilin i msertiyen ur ttadtafen g w’awal
nsen u i nazsuren ttgamin ad bereh’en s t’urda nsen i u
gdud, ti metti tuqh itent berdayen sqhur i musnawen is.
A medyaz, d u nazsur s u mata, yeh’ettem fell-
as ad yebed g u nnar n w’azalen alesanen. Yelaq a-d
yefk rray is zdat n akk ti msal yerzan i zerfan n u mdan,
ma ulac ad yettwankerh ur yettili d a qherman, ad
yeqqel d akli n ccix.
Yezmer dqha ad yerwel qhef el wadjeb is, ad
yerr iman is ur-t yerza u menuqh, ad yeqqim yesiqhrit
u ad yeserkac ? Anect d w’amek i-d yewwi ad yili u
kfal n yal yiwen ?
36

Le citoyen d’aujourd’hui exige un double


engagement, esthétique et citoyen.
Dénoncer dans l’œuvre et être complaisant
dans la réalité ne suffit pas à l’artiste pour gagner la
confiance de ses concitoyens ?
Le citoyen ne se trompe pas, il est conscient
que la dimension artistique ne peut se passer d’un
engagement humain pour peser sur la balance de la
justice.
L’artiste ne peut être citoyen sans conviction
concitoyenne.
Le triangle artistique place l’artiste au sommet,
de par la richesse de sa vie intérieure, la connaissance
de son époque et sa projection involontaire dans le
destin de l’espèce humaine. Son aura, sa profondeur de
vue et son universalisme font de lui une voix qui
compte pour faire basculer la base du triangle.
A qhrim n w’ass a yesutur a kfal uslig : a
felkisan d u qherman.
S u kcaf g te zsuri d u slaf g t’ilawt, ur-d
yerebbah’ u nazsur ta flest n u gdud is.
A qhrim ur yeqheledt, yezsra belli ta sekta ta
zsurant ur tezmir ad tezgel a kfal alesan akken ad terr
el mil g el mizan n te qhdemt.
A nazsur ur yezmir ad yili d a qhrim bla ta
medlit ta qharamt.
A mekrad a zsuran yesres a nazsur f te qacuct,
seg te bqhurt n t’udert is ta gensayt, ta musni n t’allit is
d u sfilli g te wenza n t’alesa.
El hiba ines, te lqa n u sekkud is d te mdhalit
ines, rran t’aqhect is tettneh’sab g u sembiwwel n
w’adda n u mekrad.
38

MATURITÉ

Le mouvement citoyen tâtonne, des fois il


trouve son chemin ou un chemin qu’il enfourche,
il devient fulgurant. Il fait reculer l’ombre du père
et desserre l’étau de la mère.
Le mouvement citoyen est cet enfant
capricieux qui joue à l’adulte, ne reconnaît aucune
tutelle et enfourche toutes les chapelles. Mais il
faut être patient avec lui. Il revient toujours à la
case départ pour régler un compte et partir semer
les champs.
Grandir c’est aller au cœur de la société.
Les citoyens vivent très mal la dégradation
généralisée des conditions de vie ! Chaque
individu, chaque association de la cité n’arrête pas
de signer son « trop c’est trop ! » en faisant appel
à la solidarité de la société civile pour en finir avec
l’injustice dans leur pays.
39

TE MQHER

A musu a qherman yesferfud, t’ikwal yettaf a


brid is yewulmen niqh it yerefden, yetteqqal d a safu.
Yeswexxir t’ili n u babat u yesselway ta xnaqt n te
yemmatt.
A musu aqherman d a qcic nni bu i ciwan i-tt
yeleâben d a rgaz, ur yesteârif s u wekil, yereccel d
w’akk ti dyanin. Acukan, yelaq ad tilidt d szaber yides.
Yettuqhal-d dima qher t’azwara akken ad yeszeffi a
midhan u ad yezsew ad yezraâ igran.

Te mqher d ta kcumi g ul n te metti. I qherimen


tcan el merta mi tehruri te meddurt s u mata ! G yal
bnadem, yal t’izdi n u qherem, ur yexessi u suqhu n
« bezzaf tin! bezzaf win! » la-d yesawal i te dukli n te
metti ta qhermant akken ad yekfu el badtel g te murt !
40

CE SOIR

Venez en force
J’ouvrirai devant vous
Le livre citoyen
Écrit de cris
Et d’appels en scie
Provenant des prisons
De ce pays
Que nous habitons

Ce soir place Saïd Mekbel


Nous veillerons
Encore et encore
Jusqu’à l’abolition
De toutes les prisons
De l’esprit et de béton

Ce soir nous veillerons


Place de la rébellion
Pour défaire
Et mettre en lumière
Cette justice de nuit
Qui condamne
Le jour
41

TA MEDDIT A

Asem-d s w’adtas
Ad ldiqh zdat-wen
A dlis a qherman
Yennuran s u suqhu
D te qhriwin am te mencart
I-d yulin seg leh’bus
N te murt a
I nezdeqh

Ta meddit a g u sarag Said Mekbel


Ad nesher
Ad nesher u mazal
Alama qhlin
Akk leh’bus
N t’ayti d u biton

Ta meddit a ad nesher
G u sarag n te nekkra
Akken ad nesefsi
U ad nerr qher t’afat
Ta qhdemt n y’idt
I yeâzren
Ass
42

Ce soir pour toute la nuit


Dehors lune ou pluie
Nous dirons à la rue
Notre décision sans appel
De rester éveillé
Tant qu’il y aura
Des détenus d’opinion
Des assassinats d’innocents

Ce soir
Pareil au soir
D’un certain octobre
Qui brisa l’omerta
Et libéra la parole

Ce soir comme tous les soirs


De notre rébellion
Nous dirons notre détermination
A rester éveillé
Jusqu’à l’abolition
De toutes les prisons
De l’esprit ou de béton
43

Ta meddit a s te qhzi n y’idt


Berrha d ayyur niqh d a geffur
Ad as nini i u zniq
Neddem rrhay war t’uqhalin
Ad neqqim nuki
Skud ellan
I meh’bas n t’urda
D t’inqhi n i zdeganen

Ta meddit a
Am te meddit nni
N Tober nni
I yecergen ta susmi
Akken ad yesnebri u meslay

Ta meddit a am yal ta meddit


N te nekkra neqh
Ad nettales el âahed nneqh
Ad neqqim nuki
Alama neseqhli
Akk leh’bus
N t’ayti d u biton !
44

LE LIVRE CITOYEN

Le livre citoyen
S’écrit
De gauche à droite
De droite à gauche
Mais aussi
De haut en bas
De bas en haut
Il s’écrit dans tous les sens
Et dans toutes les langues
Le livre citoyen s’écrit par les citoyens
Libre.

Le livre citoyen
Se lit
De gauche à droite
De droite à gauche
Mais aussi
De haut en bas
De bas en haut
Il se lit dans tous les sens
Et dans toutes les langues
Le livre citoyen se lit par le citoyen
Libre.
45

A DLIS A QHERMAN

A dlis a qherman
Yettwaktab
Yeffus zelmedt
Zelmedt yeffus
Acu daqhen
S afel s adda
S adda s afel
Yettwaktab g yakk ta miwin
G akk t’utlayin
A dlis a qherman ttarun-t i qhrimen
I lelliyen.

A dlis a qherman
Yettwagoam
Zelmedt yeffus
Yeffus zelmedt
Acu daqhen
S afel s adda
S adda s afel
Yettwagoam g yakk ta miwin
G akk t’utlayin
A dlis a qherman yettwagoam sqhur u qhrim
I lelli.
46

Le livre citoyen
S’écrit
Comme sillon de laboureur
Avec adresse et amour
Pour y semer
La graine de citoyenneté
Que le libre citoyen
Récoltera à pleine main

Le livre citoyen
Se lit
En toute liberté
Sans sous-entendu
Rien que la vérité
Sur les paris perdus
Des rois déchus

Le livre citoyen
Se cogite
La nuit
47

A dlis a qherman
Yettwaru
Am u dtref n u mekraz
S szwab d t’ayri
Akken ad yezraâ
A âeqqa n t’iqqermi
Ara-d yemger s t’irni
U qherim i lelli.

A dlis a qherman
Yettwagoam
S te lelli
War ti kernunadt
Ala t’idett nni
F akk ti mxidtriwin yejlin
N i gelliden yeqhlin

A dlis a qherman
Yesnezgim
Deg y’idt
48

Et s’écrit
Le jour
Pour que naisse
L’idée
Qui libère
La main
Qui dessine
Le destin dans une ruelle
Une placette ou un terrain vague
Pour que naisse
Le prosème
Qui porte la marche
Qui mène
Le libre citoyen
Sur les chemins
De la citoyenneté

Le livre citoyen
S’écrit
Se lit
Au jour le jour
Avec le soleil levant
Et les femmes et les hommes
Qui vont de l’avant
En précurseurs
Des libertés.
49

U yettwaru
Deg ass
Akken a-d telal
T’akti
Yeslelliyen
A fus
Yeneqcen
Ta wenza g te zniqt
G te gnitt niqh g iger a suki
Akken a-d yelal
U sefrawal
Yettawin a dtar
Yettawin
A qherim ilelli
G i briden
N t’iqqermi

A dlis a qherman
Yettwaru
Yettwagoam
Ass s w’ass
S y’idtij i-d yettalin
D i rgazen d t’ulawin
I yeteddun ar zdat
D i mnayen
N te lelliwin
FESZZEL A MESLAY

El muja tesmermug
A qhilas yezehher
A mdan yettfeszil g u meslay
Akken ur yettili lewham

Ekker
Ay a medyaz
Ay a nazsur
Ay a mdakel n yal ass
Ay a rfiq g te xnunas !

El badtel yettimqhur
Leh’qer yedttef ti qhmar
Ekker eddu g t’afrara
Anida teszmidt t’afukt
Ayla-k magger it
Sefsi yas ta âkumt !

El muja tesmurug
Izem yezehher
Ma d a mdan
Yettfeszil g u meslay
Akken ur yettili lewham
ARTICULE TON MAL

La vague mugit
Et le lion rugit
Mais le citoyen articule son mal
Pour que nul ne soit surpris

Lève-toi
Poète
Artiste
Camarade
Et autres compagnons de mésaventures !

L’injustice bat son plein


L’insécurité est au détour
De chaque chemin
Lève-toi et marche au petit matin
Sous le soleil encore frais
Pour aller au devant du citoyen !

La vague mugit
Et le lion rugit
Mais le citoyen articule son mal
Pour que nul ne soit surpris !
L’ART CITOYEN

Art citoyen
Art mitoyen
À mi-chemin
D’hier et de demain
Je vis au présent
Et me bats pour le futur
Au bout de mon pinceau
Au bout de mon stylo
Au bout de ma guitare
Au bout de toutes mes extensions !

Art citoyen
Art câlin
Âme de corps
Corps divin
Corps fluide
Art citoyen
Au cœur du volcan
Comme lave et levain
Ne se lasse, ne se perd
Refait le même chemin
Pour accompagner chacun.
53

TA ZSURI TA QHERMANT

Ta zsuri ta qhermant
Ta zsuri ta qerbant
G u zgen n u brid
Gar u zeryan d y’imal
Ttidireqh g y’imira
Ttnaqheqh qhaf u zekka
G ixf n te mzert inu
G ixf n y’imru inu
G ixf n snitra inu
G ixf n akk ixfawen inu !

Ta zsuri ta qhermant
Ta zsuri ta zidhant
Iman n te fekka
Ta fekka ta rebbanit
Ta fekka ta racuct
Ta zsuri ta qhermant
G w’ul n u jajih’
Am u zsru yefsin d te mttunt yulin
Ur tâeyyu ur tettweddir
Tettales g i briden
Akken ad tesaâef yal yiwen.
54

L’art citoyen
Est là
Où est l’humain
Dans les espaces ouverts
Qui libèrent de la contrainte
Et contraint
L’art
À l’expression profonde
À l’expression verticale
À l’expression libre
De forme et de fond
Sans idée préconçue
Sans détour de pensée

Art citoyen
Art marin
Ne connaît point l’échelle
Ni le tremplin
Il tient la main
À l’humain
L’art citoyen s’inscrit
Dans le livre citoyen !

L’art citoyen
Est
La somme de tous les temps
Au présent
55

Ta zsuri ta qhermant
Attan din
Anda yella u mdan
G te gnatin yeldin
Yettruzsen leqyud
Yeâezsren
Ta zsuri
A-d tefk ta nfalit lqayen
Ta nfalit yebedden
Ta nfalit ti lellit
g t’alqha d te lqa
War t’akti yewejden
War ti kernunadt n t’idmi

Ta zsuri ta qhermant
Ta zsuri ta wlalt
Ur tessin i u sellum
Niqh i te dekkant
Tedtef a fus
I u mdan
Ta zsuri ta qhermant tennura
G u dlis a qherman !

Ta zsuri ta qhermant
D a segrew n akk akuden
G imira
56

Mûrissement mutuel
De toutes et de tous
Au de-là de la difficulté
L’art citoyen
Mitoyen
Ne peut s’éloigner
De l’humain.

Art citoyen
Art pollen
Naît et renaît
Au quotidien
D’un rien qui fleurit
D’un sourire inédit
Ensemence le tout
Comme au premier matin
Il refait le monde
Au creux de sa main
En digne héritier
De tous les humains.
Nemsifszal gar-aneqh
Ti lawin d ie rgazen
Akin i w’ugur
Ta zsuri ta qhermant
Ta qerbant
Ur tezmir ad terwel
F u mdan.

Ta zsuri ta qhermant
Ta zsuri ta dekkart
Tettlal tettnerni
Yal ass
Seg ulac yedjudjugen
Seg u zmumeg ur nelli
Tedekker ayen yellan
Am g te nzayt ta menzut
Teâawed i dunit
G te kemict u fus
S y’iseqh tewret
Akk i mdanen.
L’ARTISTE CITOYEN

Qui suis-je, si je ne suis de mon temps ? Dit


l’artiste citoyen qui parcourt les jardins et les placettes
de la ville à la recherche d’un endroit pour installer son
trépied.
Qui suis-je, si je ne suis citoyen de ma ville ?
Clame l’artiste citoyen, penché sur sa toile comme un
toubib, sur le corps malade d’un jeune sportif blessé
dans sa fougue à vouloir atteindre le sommet, avant la
tombée de la nuit.
Nous marcherons la nuit pour compenser la
chaleur du jour mon jeune ami, nous marcherons de
jour et de nuit, sans briser la file des compagnons, lui
confie l’artiste citoyen.
Je suis le blessé des jours malheureux et l’heureux
rescapé de la dernière émeute qui a vu ses compagnons
se relever en songe et lui dire de continuer à courir ; la
course n’est pas terminée, la course est un moyen de
distancer le malheur, de donner du temps à tes blessures
pour guérir, explique le coureur de fond.
Mais qui es-tu toi ? Interroge le coureur de fond
au bord de la suffocation.
Mais qui puis-je être ? S’indigne l’artiste citoyen
au bord de la dépression.
Qui pourrais-je être si je ne suis l’artiste citoyen
de la géographie qui m’habite ?
59

A NAZSUR A QHERMAN

Anwa yi, m’ur elliqh n t’allit iw ? I-s yenna u


nazsur a qherman ass mi yetezzi g te junan d te gnatin
n te mdint, yesnunut a mkan anda ara yesres i msenda
ines.

Anwa yi, m’ur elliqh d a qhrim n te mdint iw ? I


yettsuqh u nazsur aqherman, netta yekna f te lwih’t is,
am u mejjay f te fekka t’uhlikt n u naddal i lemzsi
yugsen mi yeqhseb ad yawedt ta cwawt, uqebl a-d
yeqhli y’idt.
Ad neddu deg y’idt akken ad nerr a zqhal n w’ass
ay a mdakel a mecdtuh’, ad neddu deg y’idt deg w’ass,
bla ma nerzsa t’irni n i rfiqen, i-s yenna u nazsur a
qherman.
Nek d a merzsu n w’ussan i meqhban u d a mesluk
a merbuh’ n cwal a negaru yezsran i mdukal is kkren-d
g t’argit u qaren as kemmel azzel; t’azla mazal tefuk,
t’azla d allal s w’ara neswexer a mxix, akken a-s nefk
akud i el djerh’ ad yejji, i-s yesfeham u mazzal n te lqa.
Acukan anwa-kk ketci? I yeseqsiw u mazzal n te
lqa f y’iri n te xennaq.
Acukan anwa zemreqh ad iliqh? I yerfa u nazsur a
qherman f y’iri n te mxel.
Anwa zemreqh ad iliqh ma matci d a nazsur a
qherman g ta rakalt iyi yezedqhen?
À toute fin, je ne suis pas l’artiste des salons ni des
réceptions, ni des temps révolus ni à venir, je suis
60

l’artiste de mon temps, peut-être dépaysé mais pas


déclassé.
Et les gardiens de prison interrogent les murs sur
l’origine des clameurs qui les traversent sous forme de
graffitis.
Et le détenu d’opinion déchiffre le message et
entonne son chant de résistance à travers la toile de
l’artiste citoyen qui a pris place dans le jardin de la
liberté face à la prison coloniale que le temps n’a pu
déclasser.
Qui pourrais-je être, si ce n’est l’artiste citoyen ?
Répond l’artiste citoyen, occupé à effacer les barreaux
des prisons, aux questions désordonnées du maréchal-
ferrant occupé à ferrer la société !
*****
I el bal ik, ur elliqh d a nazsur n te zqiwin niqh n
te meqhriwin, matci n w’akud yezrin niqh n win i-d
yeteddun, nek d a nazsur n t’allit iw, qhas teâreq iyi ur
iyi tedja.
I âessasen n el h’ebs seqsayen leh’yudt af te limsa
n zhir iten-d yezeggren s t’udma n rqum.
A meh’bus n t’urda mi yeferrez izen, yebda cna n
u kaberh zgar ta lwih’t n u nazsur yedtfen a mkan g te
bh’irt n te lelli, yeqabel el hebs a meharsan ur yesseqhli
w’akud.
Anwa zemreqh ad iliqh bexlaf a nazsur a
qherman ? I yerra u nazsur a qherman, mi yeseffedt i
cebbaken n leh’bus, iy i seqsiyen uxriben n u h’eddad
n w’uzzal i yeceqhlen d u semmerh n te metti !
61
62

PLACE SAID MEKBEL


Place Said Mekbel, j’ai passé la nuit, pour évacuer
ma lâcheté et le doute de mon engagement. Ainsi
parlait le jeune Yanis au matin de cette nuit blanche
comme l’innocence.
J’ai passé la nuit à me poser des questions. Du
pourquoi puisque je pouvais me défiler sans
contrainte ? D’un choix volontaire qui chassait la
contrainte pour s’épanouir comme une fleur sur une
roche, qui ne demande rien mais prend la vie en retour.
Place Said Mekbel, encore celui-là qui nous
tangue de sa mort incertaine, je suis resté debout
jusqu’au matin pour déclamer les certitudes d’un
peuple d’insoumis.
Place Said Mekbel, entre deux irruptions
volcaniques du rebelle, j’arrive à intercaler un poème
qui ne demande qu’à exister, comme tout être vivant,
en attendant d’exploser au visage de ceux qui veulent
nous endormir à jamais.
Entre deux vers Matoubien déclamés par de
jeunes rebelles, il reste encore de l’espace pour une
poésie d’une rébellion future.
Et pendant que le temps filait comme un indu
occupant, la lueur du jour filtrait nos regards gorgés de
poésies nocturnes que les gardiens de la tour tentaient
d’enregistrer de loin, en somnolant.
Au fil des heures, Merzouk et d’autres détenus du
verbe dansaient sur la place à la lumière de faibles
bougies de la résistance parce que l’autorité a coupé le
courant sans succès.
63

A SARAG N SAID MEKBEL


G u sarag Said Mekbel, sâeddaqh idt, akken ad
ferqheqh t’ixubta inu d ccek g el âahed inu. Akka i
yettmeslay Yanis4 i lemzsi g te nezayt n y’idt a mellal
am te zdeg.
Sâeddaqh idt srusuqh-d i seqsiyen. I w’acu
qimeqh nek yezemren ad zrebqeqh war ugur? Seg u
fran i lelli yekksen ugur akken ad yedjudjeg am te
newart f u zsru, ur nesutur kra qhas akken tettawi
t’udert.
A sarag Said Mekbel, wayi daqhen aqh-d
yettqamaren seg el mut is ur nelli, qimeqh s ibeddi almi
d t’afrara sefruyeqh-d ti lekkinin n u gdud ur nekna.
A sarag Said Mekbel, gar sin i jajih’en n u
qhewaqh, mazal yella u mkan i u sefru yesuturen ad
yidir kan, deg u raji ad yefeleq f udem n wid yebqhan
a-qhen sudtesen i dwam.
Gar sin y’ifyar i Matuben i-d cnan i qhewaqhen i
lemzsiyen, mazal yeggra-d u mkan i te medyezt n te
nekra n u zekka.
G imir mi yezerri w’akud am u makar, t’afat n
w’ass tettqherbil i sekkuden nneqh yetcuren d ta
medyezt n y’idt, i âerdten ad sekelsen i âessasen n el
berdj seg libâed, anda snuddumen.
G u zerbub n swayeâ, Merzuq d i nekrufen nidten
n t’urda, cedteh’en g u sarag i zeqhlulu n te cemmaâin
n u kaberh imi d i mdhebren gezmen trisiti blac.

4
Jeune citoyen qui a initié le comité pour la libération
de Merzouk Touati jeune chômeur condamné à sept ans de
prison pour ses activités de blogueur.
64

CETTE NUIT ENCORE…

Cette nuit encore nous danserons la danse des


ancêtres et nous conterons les contes actuels de nos
enfants confrontés aux ogres.
Nous dénouerons, un à un, les nœuds de nos
angoisses
Et le peintre griot étendra ses couleurs
Et le poète égrènera ses mots
Et le musicien tissera sa trame
Et la communion aura lieu avec nos détenus qui
réinventent la liberté pour nous
Cette nuit comme la précédente et la suivante,
pendant que d’autres fêtent des succès éphémères, nous
restons debout dans l’obscurité artificielle des
dictateurs du présent, sentinelles de l’humain, à allumer
les bougies de l’espoir.
Cette nuit des certitudes ébranlées reprendra le
doute comme thématique de l’absent
Cette nuit nous sentirons battre le cœur des
graines qu’on enferme dans du béton pour s’assurer
qu’elles ne connaîtront plus le jour, oubliant que
l’esprit est une lumière qui traverse la matière et que
l’humain renaît de ses errances, à chaque détour de
l’histoire pour se réinstaller au cœur de son rêve !
Ce soir je continue à égrener mes poèmes aux
étoiles avec la certitude que tous les détenus d’opinion
m’écoutent et me suivent dans mes pérégrinations
philosophiques qui les distraient de la dure peine qu’ils
endurent.
65

IDT A DAQHEN…

Idt a daqhen ad necdtah’ cdtih’ n lejdud u ad


necnu ti mucuha n imira n w’arac nneqh yequblen i
wqhazniwen.

Ad nefsi, yiwen yiwen, i kerrisen n i nezgumen


nneqh
A sebbaqh a meddah’ ad yefesser initen ines
A medyaz ad yesetni awalen ines
A qheyyadt ad yager a zedta ines
U ad nehellel d y’imeh’bas nneqh id aqh-d
yesnulfun ti lelli yal ma nettu-tt.
Idt a am win yezran d win i-d yetteddun, mi ellan
wiyedt ferh’en s rbeh’ ur nettdum, nekni neqqim s
ibeddi g t’allast a-qh-d snulfen i mdebren n y’imira,
neqqim d i âessasen n t’alesa, nesendar ti cemaâin n u
sirem.
Idt a n te lekkinin yettwahuzen ad nerfed ccek d a
sentel n win yeqhaben.
Idt a, ad neh’us yekkat w’ul n zerriâa
yettwah’ebsen g u biton akken ad leknen ur tettisin
t’afat. Ttun belli t’ayti d afa, tezegger a qharan. U a
mdan yettleqim-d seg u mendter ines, g yal ta qhmert n
u mezruy, akken a-d yuqhal ad yezdeqh ul n t’argit is!
Idt a, ttkemileqh sefruyeqh i y’itran s te lkint belli
akk i meh’bas n t’urda seffliden iyi-d u dtafaren iyi-d g
u mendter inu uqhyiz swacu ttweqqiten g cedda i
ttidiren.
66

Puis, presque héroïquement, nous avons pris le


doute par la gorge et surmonté la lâcheté qui guette, au
fond de chacun, un moment de solitude pour s’épanouir
et pousser au renoncement dès que les camarades
auraient le regard tourné ailleurs. Personne ne nous
obligeait, sauf cette conscience aiguë d’appartenance
au genre humain qui n’abandonne pas la lutte contre la
bête.
Rester toute la nuit, à dialoguer avec les détenus
de la dignité, ces combattants qui s’ignoraient jusqu’au
choc contre le mur.
Ce mur dressé au quotidien comme un destin, un
réveille-matin, une horloge de notre déclin ou le
baromètre de l’humaine condition.
67

Sin sura, meh’sub s t’irrugza, nedtef ccek seg te


megredt u nerkedt t’ixubta i-d yettgabaren, g te lqa n
yal yiwen, imir n te manit akken ad tedjudjeg u ad
tessefreqh i mdukal yeqheflen. Ur aqh terra te mara, ala
t’afrit yeberdhen, belli nella seg t’alesa, id aqh yedjan
nettkemmil a mennuqh mgal el weh’c.
Ti qhimit dtul idt, a sdiwen d y’imeh’bas n
y’iseqh, i menaqhen ur nefaq s y’iman nsen alama iten-
d yerra el h’idt.
El hidt aqh-d yettqabalen yal ass am te wenza, a
msekar n t’ifut, ta mrilt n u hruri nneqh niqh d a sellum
n te wtilt t’alesawit.
68

NUITS DE RÉSISTANCE

En soutien à tous les détenus d’opinion


Vous qui ne veillez jamais pour dépoussiérer le
clair de lune, vous ne saurez jamais redonner sourire à
l’enfant en attente, ni à la maman dépossédée ni au
camarade désemparé ; l’humanité vous plaint de vous
avoir en son sein et de ne pouvoir vous faire goûter au
plaisir d’aimer son prochain.
Vous resterez toujours à l’ombre de vos désirs de
liberté sans jamais en goûter la quintessence. Vous
resterez les momies qui traversent la vie sans frémir et
vous demanderez ce qui se passe dans la maison de
l’absent au lieu d’aller demander des nouvelles des
rescapés.
Et vous qui êtes venus en spectateur croyant que
la gratuité du spectacle n’engage que le troubadour !
Et vous qui bravez vos épouses pour épouser une
cause le temps d’une photo souvenir de votre infidélité
fictive.
Et vous,
Artistes empaillés qui ne savent que figurer sur les
agendas officiels !
Artistes moulés dans la cire de la fausse modestie
Passagers d’un monde meilleur, venus pour
s’effrayer et frémir pour mieux goûter au confort et se
cramponner aux avantages pris sur les retardataires.
IDTWAN N U QAMER

Kunwi ur nesseher akken ad tezwim t’akka i te


ziri, ur tezmirem ad terrem t’izmumga i u grud
yettradjun, niqh i te yemmatt mi gezmen t’asa, la i u
mdakel yebehban ; t’alesa tettru fellawen mi kun tesâa,
mi ur tezmir akun teseâredt t’adfi n t’ayri n wiyedt nin.
Ad teqimem dima g t’ili n t’ubqhiyin n te lelli bla
ma teâerdtem el benna ines. Ad teqimem d anzayen
yezegren t’udert bla ma frawsen u ad tettseqsayem d
acu yellan g u xxam n el qhayeb g u mkan ad seqsin f
wid id yegran seg te waqhit.
U kunwi i-d yusan d i mnezahen, tenwam el ferdja
n badtel terza ala i myuraren!
U kunwi i yedjan t’ulawin nwen akken ad
tereclem d te dyant, azal n teswira n u ktay n zerda ur
tesekkrem.
U kunwi,
I nazsuren n u hicurh yesnen ala ti feskiwin
t’unszibin!
I nazsuren yefsin g el qaleb n cmaâ n y’iseqh a
kerkas.
I msebriden n dunit t’ucbih’t, usan-d akken ad
msagden u ad friwsen, ad âerdten s w’ugar t’izsedt n
te meddurt ta melh’ant u ad cendtudtufen g te bqhurt
ewwin d zyada f wiyedt.
Je salue ceux qui n’ont de cesse de braver
l’interdit et la nuit pour nourrir le gréviste de la faim
derrière les barreaux.
Je salue l’intrépidité de l’artiste qui n’a de stress
que l’absence de la coquine inspiration devant des
grilles qui amochent l’horizon !
Je salue le poète qui n’a de poésie que l’humaine
condition
Je salue le combattant des causes perdues qui
garde l’étendard de la liberté toujours en évidence pour
inspirer les pragmatiques qui agissent dans l’ombre.
Je salue celui qui n’a de préoccupation que le
temps qu’il passe à défendre l’humain au cœur de la
tempête.
Je salue l’artiste qui guette la gradation de la
lumière jusqu’à surprendre le premier rayon de soleil
qui se place en diadème sur la tête du détenu d’opinion
libéré sur sa toile.
Et nous marchons, groupe soudé, vers la mer pour
cueillir le nouveau jour que tous les privés de parole
rêvent de croquer comme la pomme de la discorde qui
fit l’homme d’aujourd’hui.
Et nous marchons sur le sable humide, paupières
gonflées de rêves conquis par la résistance de nos
neurones à l’épreuve des vents contraire à nos désirs,
laissant derrière nous l’empreinte profonde de nos pas
qui figurent le chemin de nos libertés.
Azul i wid yettqamaren igdel d y’idt akken ad
qewweten win yedjjan iman is i lazs deffir u cebbak n
el hebs.
Azul i t’isas n u nazsur ur nettweswis ala tichki is
teâreq te hregt t’uh’rict, zdat u cebbak yecemmeten igli
!
Azul i u medyaz yegman ala ta medyezt n te wtilt
t’alesawit

Azul f u mnaqh n te dyanint yejlan, yedtfen


sendjaq n te lelliwin, âlay g te gnawt akken a-t id zseren
wid yebennun s t’ufra.
Azul i win yecqheb ala w’akud yesâedday
yeddafaâ f ta lesa g ul n te qafrart.

Azul i u nazsur yettgabaren I zsenzsaren n t’afat


alama i-d yedtef a mezwar g afayen n y’idtij i-d yersen
d ta bexnuqt f u qeruy n u meh’bus n t’urda i-d
yesnebran g rqum ines.

U nettedu, d a graw yeqnen, lewhi n y’ilel akken


ad nelqedt ass a jdid f i ttargun akk i gujilen n w’awal,
ad kercen deg-es am te tefah’t n cwal f yebna u mdan n
w’ass a.

U nettedu f i jdi yebezgen, allen callunt s t’irga i-


d nejna seg kaberh i w’adtuyen mgal t’ubqhiwin nneqh,
la-d nettadja qher deffir el djerrat lqayen yettweszifen
a brid n te lelliwin nneqh.
ILS ÉTAIENT NOMBREUX

Ils sont nombreux


Les artistes de la nature morte
Les poètes de la douleur figée
Les musiciens de la note horizontale
Ils sont nombreux
Ces éveilleurs endormis d’avoir été sevré de liberté
dans leur misère entretenue au milieu du luxe des
oligarques. Il leur faut un sacré coup de starter pour les
rendre à leur fonction première de veilleur et
d’éveilleur de conscience !
Une seule parole
Une seule note
Une seule tâche
Sur l’aile battante d’un jour dégrisé, et l’humain se
remettra à la verticale pour continuer son chemin en
dansant la farandole qui l’a arraché à sa première
obscurité !
Ils sont nombreux ces frères qui n’ont pas le temps
d’être eux-mêmes parce que cela ne leur rapporte rien
de matériel.
Ils sont nombreux ces compagnons de route qui
bifurquent au moindre obstacle et s’éclipse à la
première escale !
Ils sont nombreux les trompés de la dernière pluie qui
se destinent au spectacle dans la cour des nantis.
Mais toi camarade, tu sais très bien de quel bois nous
descendons et pour quel feu nous nous destinons, alors
brûlons nos neurones à éclairer les tunnels qui mènent
vers le jour.
LLAN CADTEN

Cadten
I nazsuren n u gama yemuten
I medyazen n el qerh’ yekersen
I cennayen n te nuqitt ta glawant
Cadten
I msawkiyen yedtsen seg te wakksa n te lelli g
t’imeqhbent yettwarhebban g te lemmast n cci n
y’imdebren. Yelaq asen lujah yeqeshen akken ad qlen i
te wuri nsen ta mezwarut, d i âewwazen u d i
msawkiyen n t’afrit !
Yiwen u meslay
Yiwet te nuqit
Yiwet sebqha
F y’ifer a rgagan n w’ass yukin, u ad tafedt a mdan
yeqqel d a beddan akken ad yekemmel a brid is la
yecedttah reqsa ni it id yessufqhen seg t’allast is ta
mezwarut!

Cadten w’atmaten ur nestaf ad ilin d nutni s y’ iman


nsen, axadter ulac el fayda ta qurant.
Cadten i mdukal n u brid yettecgen zdat w’ugur a
mezwar, fesxen g sedtru a mezwaru!

Cadten i meqheladten n u gefur a negaru i g qhilen d i


nebgawen n te meqhra n i nesbaqhuren.

Acukan cekk, ay a mdakel, tezsridt seg anwa a sqhar i-


d neqers u i t’anta ti mes i netteddu, ihi ad neserqh
lefxarat nnegh akken ad nsebeyyen i qharazen yettawin
qher w’ass.
74

ILS ÉTAIENT NOMBREUX MAIS PAS ASSEZ

Ils étaient nombreux


À marcherLa tête haute
Pour la dignité
Le pain et la liberté !
Ils étaient nombreux
Mais éparpillés
À travers les villes et les périphéries !
Ils étaient nombreux
À scander
L’hymne à la citoyenneté
À désigner
Le pouvoir assassin
À condamner
L’injustice des parrains
À fustiger la traîtrise
Qui apparaît à mi-chemin !

Oui, nous étions très nombreux


Chacun dans son coin
À rêver de lendemains
Où nous serons heureux !
Nous étions si nombreux
À nous ébranler du lieu
75

ELLAN CADTEN ACUKAN DRUS

Ellan cadten
I t’ikli
A qeruy g genni
Af y’iseqh
A qhrum d te lelli!
Ellan cadten
Acukan mwezaâen
Zgar ta mdint d t’izi ines!
Ellan cadten
Ttsuqhun
Cna i t’iqqermi
Skanayen
A dabu a mh’eqrani
Ttâezsiren
Ta mesbadtlit n i mdhebren
Xezsun t’ixubta
Id yettlalen g te lemmast n ubrid!

Ih, nella necadt


Yal wa g te qhmert is
Yettargu f u zekka
Anda ara yezhu!
Nella ncadt anect…
Mi neszad seg u mkan
76

Mais pas assez


À l’arrivée !
Oui, nous étions si nombreux
Mais pas assez soudés
Pour résister
À la tentation
À la renonciation
À la capitulation !

Oui, nous étions toujours aussi nombreux


Mais pas assez
Pour recommencer
Le lendemain
À marcher !

Alors chacun
A décidé
De marcher seul
Et de se sentir nombreux
Dans sa tête
En maudissant
Le parrain qui s’entête
À lui barrer
Le chemin
Qui mène
Aux lendemains
Qui chantent !
77

Acukan drus
Mi newwedt!
Ih, nella achal necadt
Acukan ur nemyuqan
Akken ad nekaberh
I dtmaâ
I t’udjit
I te neqlabit!

Ih, nella dima akken necadt


Acukan drus
Akken as neâawed
Azekka yen
I t’ikli ni!

Ihi kul yiwen


Yeddem rray
Ad yeddu d y’iman is
U ad yeh’us yecadt
G qerruy is
La-d yereggem
G lecyax i quranen
Mazal gezzemen as
A brid
Yettawin
Ar u zekka
Yettqhenin!
78

THÉÂTRE CITOYEN

Théâtre de Bouteghoua
Théâtre lambda
Construit au rythme des derboukas !

Et la danseuse, dans ses élans brisés, sema la


trajectoire des tribus en route vers la modernité.
Pour rejoindre le théâtre de Bouteghoua, il faut
monter, monter jusqu’en haut de la montagne d’Ait
Aissa, près de la fontaine fraîche, là où le figuier et
l’olivier dialoguent à longueur d’année. Il faut monter,
monter parmi le diss, vous trouverez les traces de nos
jeunes volontaires qui vous guideront vers la scène
citoyenne.

Théâtre citoyen
Théâtre mitoyen
Construit de nos mains

Et la danseuse s’élança vers le ciel


Et le ciel vint à sa rencontre
Déversa sur elle ses étoiles…
Et le public citoyen
S’ennivra d’elle!
Théâtre citoyen
Théâtre mitoyen
Construit avec nos mains.
A MEZGUN A QHERMAN

A mezgun n Buteqhwa
A mezgun n menwala
Yebnan s naqus n derbuka

u ta reqqast, g zmata ines yerzsen, tezraâ a


mecwar n i drumen g sikel ar t’atrarit.
« Bac ad tawdtedt ar Buteqhwa, yelaq ad
tettalidt, tettalidt alama d ixfawen n u drar n Ait Aissa,
zdat t’ala ta semmadt, ani yesdiwin u grur d u zemur,
dtul a seggas.
Yelaq ad tettalim, tettalim gar u dles, ad ttafem
ti mitar n i waziwen i lemzsiyen, ad awen sawdten
alama d a sayes a gherman. »
A mezgun a qherman
A mezgun a midti
Sulin i fasen nneqh

Ta reqqast tendteg ar igenni


Igeni yemugger itt id
Yebra-d fell-as itran
A gdud a gherman
Yezdtel s yes !
A mezgun a qherman
A mezgun a midti
Sulin I fasen nneqh
80

Et la danseuse se trémoussa
Vers la terre sacrée des ancêtres
Pour y puiser le sel et le grain

Théâtre de pierre
Théâtre de terre
Construit face à la mer

Et la danseuse reprit son corps


D’entre les ailes d’Anzar
Pour continuer son long périple
À travers les âges et les mers.
La pluie attendra
Le temps qu’il faudra !

Théâtre d’autrefois
Théâtre de l’endroit
Construit dans la joie

Et la danseuse s’éclata
Et le public en demanda
Et comme le conte s’invite
Ta reqqast tefriwes
Ar w’akal n lejdud
Akken ad tagem t’asent d w’aren

A mezgun n u bladt
A mezgun n w’akal
Yequbelen ilel

Ta reqqast terra d ta fekka ines


Sgar w’afriwen n w’anzsar
Akken ad tekemmel a brid is
Zgar ti zyiwin d i garawen.
A geffur ad yerdju
Nuba-s ad tezzi!

A mezgun n at zik
A mezgun n te gnitt
Yebnan g te mendit

Ta reqqast tefedjedj
A gdud yerna a suter
Terna d te macahutt
82

Telle une sirène


La danseuse plongea
Dans les eaux de la fontaine !
Et le public saint
Monta sur scène
Et dansa sans fin

Théâtre antique
Théâtre méditerranéen
Dans chaque réplique
S’inscrit notre destin
Oh saint public
Que la corruption n’a pas atteint !

Et la troupe s’exhiba
Par l’exil par Mohya
La parole reprit son chemin
Sans protocole parmi les siens.

Et la danseuse redevint femme


De chaire et de larmes
D’exil et de charme
Pour reprendre place parmi nous.

Théâtre citoyen
Théâtre d’autrefois
Construit de nos mains
83

Am ta slit n y’ilel
Ta reqqast teneggez
Ar w’aman n t’ala!
A gdud uh’diq
Yuli f u sayes
Yecedtah’ yugi ad yeh’bes

A mezgun a cawan
A mezgun a grakal
G yal a meslay
Tennura te wenza
Ay a gdud a guram
Ur yeknan i te jâalin!

Ta rbaât teban-d
S t’inejli n Muhya
Awal yeddem a mkan
Akken yennum g u xxam

Ta reqqast teqqel-d d ta medtut


S te crih’t d i medti
T’inejli d cbah’a
Tuqh a mkan is gar-aneqh

A mezgun a qherman
A mezgun n zik nni
Yebnan s i fasen nneqh
84

Théâtre mitoyen
Théâtre sans toit
Construit dans la joie
Théâtre sans mur
Théâtre de verdure
Habité des murmures
De nos dieux paiens

Théâtre de nos rêves


Scène de nos origines
Déconstruis nos horizons
Reconstruis nos saisons
Théâtre de Bouteghoua
Théâtre du cosmos
Bâti d’un rien
Intègre le tout

Théâtre de terre
Sur le flanc d’une montagne
Face à la mer
D’où surgissent les sirènes
Théâtre sans mur
Et sans frontière
Nous sommes mûrs
Comme le sol
Qui porte le grain
Des futures moissons
85

A mezgun i midti
A mezgun war a qermud
Yebnan s te mendit
A mezgun war leh’yudh
A mezgun a gaman
Yezdeqh it u smermeg
N i gennayen n caw

A mezgun n t’irga
A sayes n i zsuran
Yefsin igliyen
Yebnan ti semhuyin
A mezgun n Buteqhwa
A mezgun n dunit
Yebna d seg ulac
Yessegrew-d kulec!

A mezgun n w’akal
F u dmer n u drar
Yequbel ilel
Ansi-d tteffqhent te selmatin
A mezgun war leswar
War ti lisa
Aqlaqh newjed
Am akal
Yerefden a âeqqa
N te megriwin n u zekka.
86

Théâtre romain
Bâti de nos mains
D’hier et d’aujourd’hui
Restituer à demain
Tout notre savoir-faire
Et notre savoir vivre
Pour faire avancer
L’humain dans sa générosité.

L’envol prit fin


Àu petit matin
Chacun reprit son chemin
Vers son destin
Laissant le théâtre
Comme l’âtre éteint
Disons jusqu’au prochain
Spectacle citoyen!
87

A mezgun a roman
Yebnan s i fasen nneqh
N y’idtelli d w’ass a
Ad nerr i u zekka
Akk ti musniwin n u fus
D te musniwin n t’udert
Akken ad neseddu
A mdan deg ayen yelhan.

A srifeg yekfa
G t’afrara meqrub t’ifut
Yal wa yeddem a brid
N te wenza ines
Yanef as i u mezgun
Am u kanun yexsin
As nini ar tayedt nin
N sehra ta qhermant!
LA RÉVOLTE DES BENDIRS !

La révolte du bendir
Dans la capital
Gronde à faire frémir
Les gens du serail

Le bendir citoyen
S’est réveillé
Au petit matin
Tout consterné
Par les malins
Qui veulent tout acheter !

Le piano lourd
D’amour
Joue la légèreté
De l’être aimé

L’imzad du désert
Vente son secret
Que nul passager
N’a su capter

Le mandole de la casbah
Se bat
Pour libérer
L’homme lambda
Et quelque part à Bouteghwa
La citoyenneté
Reprend du poids
Et se rit des potentats !
89

TA NEKKRA N I BENDUYAR

Nnekkren i benduyar
H’aren i dtebbalen
D acu a-sen yekkren
Ugin ad aqhen awal !

Nnekkren i benduyar
Ugin i te xnunas
Ayt u drim adtas
I yezerâen cwal

Nnekren i benduyar
Nugi i te kerkas
Nugi i leh’bas
I te lelli nesawal !

Nekkren w’allalen
Fghen i fasen
Snitra m lexyudt
D te jawaqt m te fla

Yexreb el mizan
Zhan y’izan
Ziqh d rekku
D uqhuru
I yezedqhen adtu !
U dina g Buteqhwa
T’iqqermi
Tettnerni
G zhu d t’adtsa
A HELLIL I T’IQHERMI

D a brid n t’iqhermi
I-d newwi
A dlis g fus
A fus g fus
Yal a nezgum
Nerra-t d a mezgun
G Buteqhwa i-t nesuli
S u bladt d t’idi

Tura mi-d nuki


S te dukli d t’ayri
Nezemmer a-d nini
Ekkes akkin a gudi
Tefewweh’edt t’udrin
Teshelkedt ti zemrin

Akka ay-d nettedu


A dlis g fus
A fus g fus
A cengu a-t nesseqhli
Ad newrent t’udrin
Ad lellint t’aytiwin !
HYMNE À LA CITOYENNETÉ

Nous avons pris le chemin


De la citoyenneté
Un livre à la main
Et la main dans la main
De nos tourments
Nous avons fait un théâtre
A Bouteghoua nous l’avons bâti
De pierres et de sueur

Maintenant éveillé
De solidarité et d’amour
Nous pouvons dire
Enlève tes ordures
Tu enfumes les villages
Et rend malade les oliviers !

Et c’est ainsi que nous marcherons


Un livre à la main
La main dans la main
Tombera l’ennemi
Fleuriront les villages
Se libéreront les esprits !
QU’EST-CE QUE L’AMOUR ?

Qu’est-ce que l’amour ?


Difficile de définir
Mais il faut savoir que l’amour est ce qui défait le
quotidien au profit de l’exceptionnel
Ce qui défie le moment au détriment du confort
ambiant
Ce qui rend possible ce qui ne l’était pas !
L’amour réveille la jeunesse des pousses et
revendique toutes les saisons !
C’est aussi cette chance de pouvoir vaincre
l’instant en le perpétuant sans condition.
L’amour c’est ce qui réveille l’endormi en nous
Et cela peut virer à tout moment
L’amour est l’instant de vie, ne compte que ce qui
le provoque
DACHU-TT T’AYRI ?

Dachu-tt t’ayri ?
Yewâer a-d nini
Maàna yelaq a-nezser : t’ayri d ayen yesefsakhen
ta namit akken a-d yelal w’ayen qhef ur nebni.
D ayen yettbeddilen t’aswiàt ei el mend n w’ussan
n t’udert
D ayen yettaran yella ayen iy yellan ulach it !
T’ayri tesakway-d te mzsi n ie gman akken iy
tesutur a mur di lefscul !
Amarezg is ! teqhleb ta swiàt iy tesiqhzif mebla ta
wtilt.
T’ayri d ayen iy-d yesakwayen ayen yedttesen
deg-neqh
D ayen yettbeddilen di t’uqqena n t’idht
Ta yri d ta swiàt n t’udert, azal is yettlal-d deg
w’ayen iy-tt id yeslalen
94

ÉCRIRE

Écrire, c’est perpétuer encore l’instant et


permettre la floraison de ce que le jour interdit.
La fiction n’est que la manière de continuer
l’instant interrompu par le regard réprobateur du
présent.
Rien ne doit empêcher le présent de vivre au-delà
des interdits ou des impossibles.
Tu es peut-être l’exception et tu dois être heureux
de l’être quand le monde bascule vers le non-être !

T’ira siqhzifent ta swiât, sdjudjugent ayen yugi


w’ass ad yili
T’ira d allal yettkemmilen ta swiât yegezzem
w’ass s te muqhli-s zedeqhen w’urfan.
Ulach ayen ara yeqerreâen ta swiât ma tebqha ad
tidir akkin ei ie gdel ed ue wezqhi.
Qhur-ek ahat d ketc iy d ta sureft, yelha ma tellidh d ta
sureft m’ara teberen el-dunit qher w’ayen ur nelli !
95
96

AMEK I NEQQEN EL HHIBA

Gran-t g el hebs
Axadter yenuda t’idett
T’idett ines
Tin yebqha ad yesefrurex
Axadter ur yufa iman is
G te kerkas nsen
Uma d yelaq yesusem
U yedda yid-sen

Nefant seg te jmaât


Axadter yugi yasen
Yugi i te mh’eqranit n te gewti
Yeneqqen a surdu
Qhas ur yeqhzin
Yugad kennu
ma ulac ta gamit
Ad tezraâ te susmi
Zdat n te msbadtelit
.
Neqhan-t deg zal
Axadter yelaq
Yelaq ad walin merrha
Menwala d u fella
Ad walin el mut srid
Akka i zerâen t’ugdi
97

COMMENT ASSASSINE-T-ON UNE AURA

Ils l’ont mis en prison


Parce qu’il cherchait la vérité
Sa vérité
Celle qu’il voudrait interroger
Parce qu’il ne se retrouve pas
Dans leur mensonge
Sinon il se serait tu
Et les aurait accompagnés

Ils l’ont exclu de l’agora


Parce qu’il se refusait
Il refusait l’injustice de la majorité
Qui n’admet pas le doute
Même s’il n’a pas raison
Il a peur de la soumission
S’il ne dit non
Le silence s’étendra
Devant l’injustice

Ils l’ont assassiné en plein jour


Parce qu’il le fallait
Il fallait que tous
De bas en haut
Voient la mort en direct
Pour semer la peur.
98

Neqhan-t mbeâd sulin ccan is


Akken ad sqhucen a ktay is
Yiwen ur yettmeslay fell-as
Yiwen ur yeceffu f el hiba-s

Ils l’ont assassiné ensuite décoré


Pour qu’on déteste son souvenir
Et que personne ne parlera plus de lui
Ni ne se souviendra de son aura.

***
LA MARCHE DES LIBERTÉS pour la
libération des détenus d’opinion a eu lieu à Bejaia en
Kabylie maritime le 20 novembre 2018. Elle a été
durement réprimée, mais la société civile, notamment
le comité pour la libération de Merzouk Touati
blogueur condamné à sept ans d’incarcération, s’est
lancée le défi de ne pas s’arrêter jusqu’à la libération de
tous les détenus d’opinion. Une deuxième marche des
liberté a eu lieu le 10 décembre 2018, journée
internationale des droits humains. Et les marches se
multiplient dans cette ville au riche passé qui a pris
l’habitude de lancer les débats de fond et les alertes
citoyennes.
T’IKLI N TE LELLIWIN - MARCHE DES
LIBERTÉS

T’ikli n te lelli
T’ikli n gar te sutiwin
Ekker ay a qhrim
Ad netcar ti zenqatin
I zeglalen d te gnatin
Ad nekkes el hem f i mdanen
Ad nezdakel t’izmar
G u brid n t’iqqermi

Marche de la liberté
Marche générationnelle
Debout citoyen
Occupons les ruelles
Boulevards et placettes
Bannissons la misère humaine
Fédérons nos énergies
Sur la voie de la citoyenneté
100

LA RÉVOLTE EST UN CARBURANT qui brule toutes


les mauvaises graisses et maintient l’homme debout
Ils sont jeunes
Ils sont beaux
Vivants comme des dieux
Ils défient l’ordre obscur
Pour que naisse le jour
Des libertés
Ils brisent les portes du silence
Et marchent à contresens
Des embrigadés de toutes tendances.
Même si l’ordre établi les réprime
Ils savent encaisser
Et riposter
Par le sourire et l’air décidé.
À coups de rafle
Et d’arsenal sophistiqué
Il croit les éparpiller
Comme feuilles au vent
Il ne fait que les démultiplier
À travers villes et monts.
D'une personne révoltée
On s’est retrouvé comité
Puis Mouvement pour les libertés
Ainsi vont les révolutions
Qui grandissent l’humanité.
101

TA NEKKRA D T’UMEST yesraqhayen akk t’assemt


n diri u tettadja a mdan yebedd.

D i lemzsiyen
D i cebh’anen
D i muddiren am i genayen
Qumren daberh i msules
Akken a-d yelal w’ass
N te lelliwin
Rzsan ti wwura n te susmi
Teddun nemgal
I wid yekecmen t’irni.
Qhas akken daberh a msbadtli yewet iten
Ssnen ad dtaqfen
U ad rren szerf
S u zmumeg d t’irrugza.
S u jmaâ f t’ama
D leslah’ a jdid
Nwan a-ten ferqen
Am y’ifer g w’adtu
Dqha meqhin-d s w’ugar n t’azmert
Zgar ti mdinin d i durar.
Seg yiwen yennekren
Nufa-d iman nneqh d a graw
Mbeâd d a musu n te lelliwin
Akka i teddunt te grawliwin
Yessimqhuren t’alesa
102

ILEL D TE YEMMATT

Nniqh am rfiqh
Rfiqh af u mdan
Yetcuren t’adist iw d i ketcan
Ur rekkun ur ttwaqhayen
Neqqen t’udert ttawiqh
Ay a mxix iw
Yenna-s y’ilel i te yemmatt.
Ula d nek rfiqh
Rfiqh af u mdan
Yekkaten t’arwa
Refdeqh g t’adist iw
Ellan âemren t’udert iw
Tura tcuren leh’bus
I-s terra te yemmatt i y’ilel.
U f t’ama, ilellen
D te yematin
Nnekkren
Yal wa akken yessen.
El muja tewraccex f zsru
Yenneqlab el h’al f at w’akal
Tedtra-d te waqhit ur nettwarju
Tesuqh te yemmat yugsen
Mderkalen i durar d te mdinin
Yekker el hul ur nettwassen.
103

LA MER ET LA MÈRE

Je te dis que je suis en colère


En colère contre l’Homme
L’Homme qui a empoisonné mes entrailles
De déchets non dégradables
Qui tuent la vie que je porte
Quelle déraison !
Dit la mer à la mère.
Moi aussi je suis en colère
En colère contre l’homme
Qui torture les enfants
Que j’ai porté en moi
Ils remplissaient ma vie
Maintenant ils remplissent les prisons
Répondit la mère à la mer.
Et toutes les mers
Et les mères
Se révoltèrent
Chacune à sa manière.
La vague explosa contre le rocher,
Chamboula la météo et
Provoqua la catastrophe inattendue.
Et la mère poussa un cri
Qui fit basculer les monts et les villes
Dans un chaos inconnu.
104
TROISIÈME PARTIE

Loin de ta source
106

TOUT FAUX

Quand un ami
Te lâche à mi-chemin
Au milieu d’un chantier
Ou en pleine traversée
Et que plus tard
Tu l’entends chanter
La fraternité l’amitié
La solidarité
Tu te dis
Que l’humanité
Prend de l’eau…

Ni solidarité
Ni amour
Que l’instant frivole
Qui ne mène ni ne ramène.
107

KULCI XORTI

Ma-kk yedj u mdakel


G ttnaszfa n u brid
G u zgen n t’irni
Niqh g te lemmast n te mda
U a-s tesledt sin sura
Yettqhenni
Ta gmatt t’ayri
Ta dukli
Acu ara-s tinidt
T’alesa
tekka s w’adda.

La ta dukli
La t’ayri
Ala ta swiât lâali
Ur nettarra ur nettawi.
LOIN DE TA SOURCE

J’ai beau scruter


L’horizon
Questionner la vague
Et écouter le vent
Rien ne m’arrive du large
Ni voix cristalline
Ni sourire élégant
Ni regard pétillant

J’ai beau aimer


Ta chevelure vaporeuse
Soupçonner ta langue fougueuse
Plonger dans tes profondeurs
Et remonter vers tes cimes
Rien
Rien n’a plus le goût du matin
L’envol du condor
Ou la spontanéité du jour

J’ai beau chercher à


Suspendre le temps
Figer l’instant
De notre présence sur terre
Rien
Rien ne pousse sur le rocher
Que la vague n’arrête
De caresser
De chouchouter
110

Prenant l’éternité
Pour un instantané
Narguant les quelques secondes
Qui me sont données !

J’ai beau conjuguer


Les saisons
Collectionner les fruits
Et les fleurs
Que je pourrais t’offrir
Lors de notre fusion
Au centre de l’univers
Rien à faire
Je coule
Dans le moule
Du quotidien
Qui me bouffe
Et ne me donne rien !
J’ai beau crier
Ma rage
Mon désir de libérer
Tous mes démons
Ma douleur
Mes blessures m’étreignent
Et ma solitude s’égrène
Comme un long chagrin
Et rien
Rien n’arrive de loin
Aucun signe
Aucune nuance de parfum
Ni brise marine
Pour annoncer
Ta venue prochaine !
111

J’ai beau me rappeler


Il fût un temps
Du tout possible
De la fleuraison
À la fanaison
Et le recommencement
Jusqu’à l’épuisement !

Et puis
Au détour
Mourir
Loin de ta source
Loin de ton sourire
Au milieu de tes pétales
Tombés
Mais
Toujours parfumés !
JE COULE

Je coule,
Pas des jours heureux.
Je coule
Au fond de moi
À ta rencontre
Toi
Qui t’es perdu en moi

Je cours,
Non pas d’impatience
Pour te retrouver.
Je cours
Pour brouiller mes traces !
Et je coule ma dalle
Pour ne plus avoir
A respirer

Je couvre
Mes arrières
Pour ne pas avoir
A revivre
Le présent
113

Je coule
Comme un plomb
De pêcheur
En désespoir de cause !

Je couve
Toutes les colères
De l’humanité
Et le jour de mon éclat
Serais-je encore
Assez humain
Pour te dire
Combien je t’aime !
D ACU IKK YUQHEN TESSUSMEDT

D acu ikk yuqhen tessusmedt


Amzun yuta-kk el qu
Zdat te lufa tegugmedt
Cek yennumen d te rhuzi u zaglu

Amek, wtan a meqran g musnawen


Rnan a mezyan g meh’rucen
Cek ulac szut ik g berdan
Ulac t’ira-k g jernan!

Ak-d iniqh a mmis n t’addart


Ur elliqh seg wid yejehden
Qhas tedtfeqh t’amart
Matci seg wid yekkaten

Ak-d iniqh a mmis n te murt


Ur elliqh seg wid yesliddin
Ma tesrafeg te sekurt
Tenxebbat g crarufen

Ak-d inigh a mmis n u drum


Ur elliqh d dtbel nigh d wi-t yekkaten
Ur kecmeqh gar y’icer d u ksum
Alama d lawan n u leqqem
115

QU’AS-TU À ÊTRE SILENCIEUX

Qu’as-tu à être silencieux


Comme si tu étais saturé
Devant les événements, muet
Toi qui nous as habitués à briser le joug

Comment, le grand sage a été battu


Et le jeune espoir brisé
Et ta voix ne s’est pas manifestée
Ni dans la rue ni dans la presse ?

Tu veux que je te dise fils du village ?


Je ne suis pas si fort
Même si je condamne le tord
Je ne suis pas un violent

Tu veux que je te dise fils du pays ?


Je ne suis pas de ceux qui bavent
Quand s’envole la perdrix
Et s’abat dans les ravins

Tu veux que je te dise fils de la tribu ?


Je ne suis ni tambour ni joueur
Je ne m’insinue entre ongle et chaire
Que si c’est la saison des greffes
116

Ak-d iniqh ay a mdakel


yal a mennuqh s el hiba-s
Ma nenna-d, fih’el
La a zeweq la ti kerkas!

Tezridt, lukan teddunt te msal


Akken teddun i meslayen
Ad asen-d bruqh d a h’emmal
Ad yesrem akk i mesbadteliyen!

T’ikwal ta susmi tesawkay


Ugar n u meslay
U el qhiba tettizsay
Sennig akk ayen yellan !

Tura mi-d nniqh ay a mdakel


Ekkes f allen ik cawlal
Ti lufa teddunt ur nuh’tam
Ani wdtent newedt yid-sent
Tu veux que je te dise camarade
Tout combat a son éthique
Notre parole ne nécessite
Ni décor ni redite !

Tu vois, si les choses allaient


Dans le sens de nos paroles
J’en ferais des vagues
Pour balayer l’injustice.

Des fois le silence inquiète


Plus que la parole
Et l’absence est plus lourde
Que toutes les présences !

Maintenant que je t’ai dit camarade


Frotte-toi les yeux
Les choses évoluent à notre insu
Nous irons là où elles vont
À PROPOS DE LA TRANSCRIPTION

(suite de la page 9)
Ayant quotidiennement pratiqué cette langue
orale et écrite, j’ai aussi étudié plusieurs travaux de
chercheurs indépendants dont le souci est de sortir de
ces archaïsmes diacritiques. J’ai tenté instinctivement
de faire la synthèse dans ce dernier recueil sans
complications grammaticales ou orthographiques que
les uns et les autres proposent. Donc je me suis astreint
à une écriture phonologique juste pour faciliter la
lecture en attendant d’aller plus loin dans la fixation
définitive de l’orthographe des mots. Je me suis inspiré
entre autres des travaux de : Boulifa, Bensdira,
Rahmani Slimane, Mouloud Feraoun, Mouloud
Mammeri, Lehsen Bahbouh, Cherad (Hocine Cheradi),
Bachir Cherdouk, Hacène Sahki…

1. Tableau de transcription

Caractère Valeur Exemple Signification


â /ɛ/ a perchoir
meâlaq
Dt /ṭ/ a dtar pied
h’ /ḥ/ h’afi nu
h /h/ hud détruire
zs /ẓ/ a zsar racine
sz /ṣ/ a szurdi monnaie
119

dj /ǧ/ edj laisser


qh /ɣ/ uqhal retourner
tc /č/ ta orange
tcinett
dh /ḍ/ a handicapé
maâdhur
rh /ṛ/ rhuh’ partir

2. Règles de base utilisées dans la


transcription

Même si on adopte une écriture phonologique, il


est bon de poser quelques règles de base qui aideront le
lecteur à reconnaitre les différentes catégories de mots.

Règle 1. L’article sera séparé du radical afin de


reconnaitre ce dernier. Cela permet de reconnaitre le
nom en lui donnant une orthographe plus stable :

On écrira : a rgaz, i rgazen, yiwen u rgaz, a stilu,


a micro, ta macint, ta ktabt, ti ktabin, a dlis, i dlisen, a
mellal, ta mellalt, ti mellalin.

Et : awal, awalen, yiwen w’awal, sin w’awalen,


ul, ejrh’en w’ulawen, isem, yecbeh’ y’isem is, iger,
igeran, muqqer y’iger, arug / aruy, a sennan n w’arug /
n w’aruy, ucen, hit w’ucen.
120

Remarque : Cette façon de faire aidera à élaborer


des lexiques à classement alphabétique, et à la
recherche des mots dans de tels lexiques ou
dictionnaires (voir le point 3).

Règle 2. L’indice de personne de la 3ème personne


du masculin singulier est le même quel que soit le
verbe, à savoir « ye » : yesen, yedja, yettnadi, ad yisin
(ye + isin > yisin), ad yeddu, yebna, yebennu,
yettwassen, yeselhat, etc.

Cette façon de faire évitera certaines ambiguïtés :


iger (champ) <> yeger (il a mis)
wwin ibran (ils ont pris les grumeaux) <> win
yebran (celui qui a lâché)
awi-d izlan (entonne des chants) <> a wid yezlan
(ô vous qui ont égorgé)

Règle 3. Les pronoms personnels et particules de


direction (id et in), les possessifs et les démonstratifs,
seront écrits sans tiret séparateur avec le nom ou le
verbe auquel ils sont liés, lorsqu’ils sont entiers :
isem is, yewet it, yesen ikkem, ul nneqh, a qcic a,
ta qcict a, ta murt ihin, awi-t idd, awi-t id, awi-t in…
Dans les cas où ils sont réduits, par la chute de
leur voyelle initiale, celle-ci sera remplacée par un tiret,
entre le nom/verbe et la particule réduite :
yeddem it <> yefka-t ; tesen ikwen <> sneqh-
kwen ;
121

ad ruh’eqh (je partirai) > a-d ruh’eqh (je viendrai)


[a-d < ad + id]
ad awiqh (je prendrai) > a-n awiqh (je ramènerai -
chez vous)
a xxam is (sa maison) <> agla-s (sa propriété) ;
ad yesiwel (il appellera) > a-d yesiwel (il appellera
- ici) > a-s-d yesiwel (il l’appellera - ici)

3. A mawal (Lexique)

afrit (t’afrit, t’afriyin) : n. conscience


ales (alesen) : n. l’Homme, l’être humain
ales (ules, ur ulis, ttales) : v. répéter, reproduire,
refaire, raconter
alesan (alesanen) : adj. humain ;
allast (t’allast, t’illas) : n. obscurité
anza (anza, anzayen) : n. prevue
arummid (arummiden) : adj. incomplet,
inaccompli ; fem. t’arummidt
assaqh (assaqhen) : n. lien
ayti (t’ayti, t’aytiwin) : n. l’esprit
beddan (a beddan) : adj. vertical
bqhurt (ta bqhurt) : n. richesse
felkisan (a felkisan) : adj. esthétique
felwit (ta felwit, ti felwiyin) : n. table, toile
flest (ta flest, ti felsin) : n. confiance
122

gdel (gdel, geddel) : v. être interdit, interdire


gdelt (ta gdelt) : n. interdiction
gensay (a gensay) : adj. intérieur
glawan (a glawan) : adj. horizontal
hregt (ta hregt) : inspiration
ilawt (t’ilawt, ti lawin) : n. réalité
ilayt (t’ilayt, t’ilayin) : n. être
izdi (t’izdi, t’izdiwin) : n. association
kfal (a kfal, i kfalen) : n. engagement
kridt (ta kridt, ti kridtin) : n. violence
ktay (a ktay, i ktayen) : n. souvenir
lxa : adv. Déjà
manit (ta manit, ti maniwin) : n. solitude
manun (a manun) : adj. récalcitrant
mdhalit (ta mdhalit) : n. universalisme,
universalité
medlit (ta medlit, ti medliwin) : n. conviction
mehras (a mehras, I mehrasen) : adj. colonial
mekrad (a mekrad) : n. triangle
mendit (ta mendit, ti menda) : n. joie
mentilt (ta mentilt, ti mentilin) : n. cause
menzsaw (a menzsaw) : n; continent
merwit (ta merwit, ti merwiyn) : n. chaos,
désordre
metti (i metti, i mettiyen) : adj. social
metti (ti metti, ti mettiyin) : n. la société
midhan (a midhan, i midhanen) : n. compte
123

midti (i midti, i midtiyen) : adj. mitoyen milieu


msendu (a msendu, i msenda) : n. support, trépied
mzert (ti mzert, ti mzerin) : n. pinceau
nazsur (a nazsur, i nazsuren) : n. artiste
nekkra (ta nekkra, ti nekkriwin) : n. révolte,
rébellion
qharam (a qharam, i qharamen) : adj. concitoyen
qharan (a qharan, i qharanen) : 1. n. matière ; 2.
adj. physique
qhawas (a qhawas, i qhawasen) : n. plan
qhdemt (ta qhdemt, ti qhedmin) : n. justice
qherman (a qherman, I qhermanen) : adj. citoyen
qhewaqh (a qhewaqh, i qhewaqhen) : n. rebelle
qhrem (a qhrem, i qherman) : n. ville, cite
qhrim (a qhrim, i qhrimen) : n. citoyen
rakalt (ta rakalt, ti rakalin) : n. géographie
sarag (a sarag, i saragen) : 1. place, square; 2.
Conférence
sekta (ta sekta, ti sektiwin) : n. dimension
semhuyt (ta semhuyt , ti sehuyin) : n. saison
surdu (a surdu, i surda) : n. compromission
suta (ta suta, ti sutiwin) : n. génération
udma (t’udma, t’udmiwin) : n. forme [t’alqha]
umest (t’umest, t’umas) : n. carburant
ummid (ummiden) : adj. complet, accompli ; fem.
t’ummidt
urda (t’urda, t’urdiwin) : n. opinion
wadem (a wadem, i wudam) : n. personnage
124

wenza (ta wenza, ti wenziwin) : n. destin


wlalt (ta wlalt, ti wlalin) : adj. marin
wnuqhit (ta wnuqhit, ti wnuqhiyin) : n. fresque
wuri (ta wuri, ti wuriyin) : n. fonction
zamul ‘a zamul, i zamulen) : n. symbole
zawaqh (a zawaqh, i zawaqhen) : n. steppe
zayez (a zayez, i zuyaz) : n. et adj. public
zeglal (a zeglal, i zeglalen) : n. boulevard
zgar : prép. à travers
zsawan (a zsawan) : n. musique
zsedta (a zsedta, i zsedtwan) : n. tissu, réseau
zsenzsar (a zsenzsar) : n. rayon
zsuran (a zsuran) : adj. artistique
zsuri (ta zsuri) : n. art
Table des matières

« La rue est mon atelier » .................................... 10


« A zniq d a sqif iw » .......................................... 11

Première partie
Octobre
Tober
Tober ................................................................... 24
octobre ................................................................ 25
Rnum el jehda ..................................................... 28
encore un effort ................................................... 29
a mnir .................................................................. 30
Repère ................................................................. 31

deuxième partie
L’ivre citoyen
A hellil i u qherim
Le double engagement de l’artiste : esthétique et
citoyen ................................................................. 34
A kfal uslig n u nazsur : a felkisan d u qherman .. 35
Maturité ............................................................... 38
te mqher .............................................................. 39
Ce soir ................................................................. 40
126

Ta meddit a ......................................................... 41
Le livre citoyen ................................................... 44
A dlis a qherman ................................................. 45
Feszzel a meslay .................................................. 50
Articule ton mal................................................... 51
L’art citoyen ........................................................ 52
Ta zsuri ta qhermant ............................................ 53
l’artiste citoyen .................................................... 58
a nazsur a qherman .............................................. 59
Place Said Mekbel ............................................... 62
A sarag n Said Mekbel ........................................ 63
Cette nuit encore… ............................................. 64
Idt a daqhen… ..................................................... 65
Nuits de résistance ............................................... 68
idtwan n u qamer ................................................. 69
Ils étaient nombreux ............................................ 72
Llan cadten .......................................................... 73
Ils étaient nombreux mais pas assez .................... 74
Ellan cadten acukan drus ..................................... 75
Théâtre citoyen .................................................... 78
A mezgun a qherman........................................... 79
La révolte des bendirs ! ....................................... 88
Ta nekkra n i benduyar ........................................ 89
A hellil i t’iqhermi ............................................... 90
127

hymne à la citoyenneté ........................................ 91


Qu’est-ce que l’amour ? ...................................... 92
Dachu-tt t’ayri ? .................................................. 93
Écrire ................................................................... 94
Amek i neqqen el hhiba ....................................... 96
Comment assassine-t-on une aura ....................... 97
La marche des libertés ......................................... 98
T’ikli n te lelliwin - Marche des libertés.............. 99
La révolte est un carburant ................................ 100
Ta nekkra d t’umest ........................................... 101
Ilel d te yemmatt................................................ 102
La mer et la mère............................................... 103

Troisième partie
Loin de ta source
Tout faux ........................................................... 106
Kulci xorti ......................................................... 107
Loin de ta source ............................................... 109
Je coule ............................................................. 112
D acu ikk yuqhen tessusmedt ............................ 114
Qu’as-tu à être silencieux .................................. 115
À propos de la transcription .............................. 118
Table des matières .................................................. 125
Imprimé en Algérie décembre 2018

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