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Agrégations

de mathématiques

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DIFFERENTIELLES

DE FONCTIONS DE VARIABLE
RÉELLE OU COMPLEXE

Jean-Marie ARNAUDIÈS

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E q u a t io n s
DIFFÉRENTIELLES
DE FONCTIONS DE VARIABLE
RÉELLE OU COMPLEXE

Jean-Marie ARNAUDIES

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Du même auteur chez le même éditeur

Problèmes de préparation à l'Agrégation de Mathématiques (4 volumes) :


• 7. Algèbre. Groupes, arithmétique, 288 pages.
• 2. Algèbre bilinéaire et géométrie. Groupes classiques, calcul différentiel, applications
géométriques, 320 pages.
• 3. Analyse. Séries, séries entières, séries de fonctions, 304 pages.
• 4. Analyse. Intégrale, séries de Fourier, équations différentielles, 320 pages.
• Séries entières, séries de Puiseux, séries de Fourier et compléments sur les fonctions
presque-périodiques, 176 pages.

En collbaration avec José Berlin :


• Groupes, algèbre et géométrie. Tome 1, 480 pages.
• Groupes, algèbre et géométrie. Tome 2, 784 pages.
• Groupes, algèbre et géométrie. Tome 3, à paraître.

ISBN 2-7298-0045-X
® Ellipses Édition Marketing S.A.. 2000
32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de raiticlc L.122-S.2*’ et 3°a). d’une
part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non des­
tinées à une utilisation collective », et d’anu-c part, que les analyses et les courtes citations dans un
but d’exemple et d’illusuation, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite
sans le consentement de l’auteur ou de scs ayants droit ou ayants cause est illicite » (Art. L. 122-4).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit constituerait une contrefaçon
sanctionnée par les articles L. 33S-2 et suivants du Code la propriété intellectuelle.

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AVANT-PROPOS

Le noyau central autour duquel a été composé cet ouvrage est la partie consacrée aux
équations différentielles des cours que j ’ai donnés pendant quelques années aux agrégatifs
de la Préparation à l’Agrégation de Mathématiques (concours interne) à l’Université de
Paris VI. Des circonstances imprévues m’ont obligé, à partir d’Octobre 1998, à ne com­
muniquer avec les étudiants que par écrit, d’où une première rédaction polycopiée par
l’Université en Mars 1999. L’essentiel de ce noyau central se retrouve, avec quelques
développements et approfondissements, dans les paragraphes 1 à 8 de ce livre. La philoso­
phie générale qui l’a inspiré est de limiter au maximum la théorie (on n’y aborde même
pas la dépendance des solutions par rapport à des paramètres) et de montrer, par des
exemples nombreux, riches et variés, l’efficacité des outils de base introduits.
Le paragraphe 9, nouveau, est consacré aux équations différentielles de fonctions de
variable complexe. La théorie des équations linéaires résolues en la dérivée de la fonction
inconnue est traitée à fond dans le cas où elles sont définies sur un ouvert simplement
connexe: on récupère alors l’essentiel de la théorie classique des équations différentielles
linéaires ordinaires, notamment l’existence et l’unicité de solutions globales définies par
une condition initiale, et la variation des constantes. L’outil qui permet de bâtir cette
remarquable théorie est évidemment le phénomène de monodromie. Nous avons donné
une version topologique suffisamment générale du principe de monodromie, mais qui
n’oblige pas le lecteur à se plonger préalablement dans l’étude aride d’une théorie abs­
traite des faisceaux et des espaces étalés. Au contraire, la lecture du présent exposé, qui
est récompensée par l’obtention de ces puissants résultats sur les équations linéaires, peut
être une excellente motivation à une étude générale approfondie des faisceaux et espaces
étalés abstraits. En outre, le théorème de monodromie que nous établissons suffirait à
traiter d’autres questions de globalisation importantes, par exemple fonctions algébriques
de variable complexe ou certaines questions de fonctions implicites transcendantes.
L’ouvrage se termine par un bref aperçu de la théorie des systèmes différentiels
analytiques de variable complexe résolus en les dérivées des fonctions inconnues: le seul
but de cet aperçu est de faire voir pourquoi il n’y a en général pas existence de solutions
globales comme dans le cas linéaire.
Malgré la sorte d’ostracisme qui semble, pour l’heure, frapper les sciences mathéma­
tiques, et qui nous fait régresser du noble “ je pense donc je suis ” de Descartes et
du chevaleresque “ honneur de l’esprit humain ” de Jacobi à l’hypocrisie des procès en
sorcellerie, j ’espère que cet ouvrage contribuera, si peu que ce soit, à aider ceux que les
vents mauvais du moment ne décourageront pas de se consacrer à ces sciences, discipline
qui nécessite, plus que toute autre, la symbiose entre enseignement et recherche.
Je tiens à remercier ici les professeurs P ierre D elezoide et J ean-D enis E iden qui
ont bien voulu relire ce texte et y ont apporté d’inestimables suggestions et contributions.

J.M . A R N A U D IES

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A v e rtîsse m e n t
Au début de chaque paragraphe, les compteurs des théorèmes, déhni-
tions, propositions, exemples, remarques, figures et formules sont remis à
zéro. Le compteur des corollaires est à zéro juste après le théorème ou la
proposition dont il descend. S j l n y a qu^un corollaire. Unrest pas numéroté.
Le numéro des paragraphes est apparent dans les théorèmes, déünitions,
propositions, exemples, et remarques; mais pas dans les numéros de for­
mules, ce qui augmente la place disponible quand on a affaire à des formules
un peu longues.
Les figures ont été réalisées soit sous CABRI-GÉOMÈTRE, soit sous
MATHEMATIC A (ces dernières par Pierre Delezoide)

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TABLE DES MATIERES

R ésum é de cours sur les équations différentielles..................... i

1 Équations linéaires scalaires du premier o r d r e .................. i


Intégration par quadratures ............................................................. 2
Disposition p ra tiq u e .........................................................................3
Equations linéaires scalaires du prem ier ordre non résolu es ..........3

2 Équations linéaires à inconnue v ectorielle............................7


2.1 Généralités.................................................................................. 7
2.2 Théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire................................8
2.3 Solutions analytiques des équations linéaires.................... 10
Fonctions de variable réelle développables en série en tière ........... 12
A pplication à certaines équations linéaires .................................... 12
2.4 Cas où l’espace des valeurs est de dimension finie..........14
Équations linéaires homogènes, formule d^Abel ............................. 14
Variation des con stan tes .................................................................15
2.5 Equations à coefficients périodiques.................................... 16
Cas d ’un espace de dimension Unie avec K = C ............................ 17
2.6 Un exemple................................................................................18
3 Equations linéaires scalaires d ’ordre > 2 ............................. 2i
3.1 Théorie classique......................................................................21
Cas hom ogène .................................................................................22
Variation des con stan tes ................................................................ 23
Equations scalaires non résolues .....................................................24
3.2 Compléments sur le wronskien.............................................25
Calculs sur les w ronskiens ..............................................................25
Wronskien et dépendance linéaire ..................................................27
N otions sur la théorie de P ôlya ...................................................... 30
3.3 Équations du type de Fuchs.................................................. 32
Le théorèm e de Fuchs .................................................................... 33
3.4 Exemples variés........................................................................ 37
4 Equations linéaires à coefficients c o n sta n ts....................... 51
4.1 Équations à inconnue vectorielle........................................ 51
Rappels sur P exponentielle ............................................................ 51
Intégration à J’aide d^exponentielles ...............................................51
Cas homogène en dimension U nie .................................................. 52
Equations avec second m em bre ...................................................... 55

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viii Table des matières

4.2 Equations scalaires à coefficients constants...................... 56


Équation homogène à polynôm e caractéristique dissocié ..............56
Équation homogène à polynôm e caractéristique non dissocié ...... 57
Équations à coefficients constants avec second m em b re ............... 58
4.3 Exemples variés........................................................................ 60
4.4 Équations linéaires d’Euler....................................................64
5 T héorèm e de Cauchy-Lipschitz sans param ètres............. 67
5.1 Généralités.................................................................................67
Existence de solutions pour E de dimension finie ........................69
5.2 Théorème simplifié de Cauchy-Lipschitz............................ 70
Conditions de L ip sch itz ..................................................................70
Théorèm e local d ’existence et d ’unicité ......................................... 71
G lobalisation .................................................................................. 72
C om portem ent d ’une solution maximale en une borne ..................73
5.3 Application aux systèmes d’équations scalaires................ 74
5.4 Exemples variés........................................................................ 76
5.5 Le théorème de Liapounov.....................................................92
Préliminaires sur les équations linéaires ........................................ 92
Préliminaires sur les équations au ton om es .................................... 94
Le théorèm e prin cipal .................................................................... 95
5.6 Espace des phases d’une équation autonome.....................96
Exem ple d ’étu de qualitative dans l ’espace des ph ases ................... 98
*
6 E tud e théorique de l’équation de N e w to n ........................103
6.1 Cas d’une intégrale première sans zéros............................104
6.2 Intégrales premières identiquement nulles........................105
6.3 Intégrales premières non partout nulles admettant
des zéros................................................................................... 105
7 A pplication au pendule sim p le.............................................. n i
8 P endule sim ple et théorèm e de P o n c e le t.......................... 115
8.1 Fonctions de Jacobi dans le champ réel............................ 115
Les formules d ’a d d itio n ................................................................ 115
8.2 Application à l’équation d’Euler
des fonctions elliptiques........................................................117
8.3 Une version cinématique du grand théorème
de Poncelet.............................................................................. 118
R etou r au pendule sim ple ............................................................. 118
Préliminaires géom étriqu es .......................................................... 120
Polygones de P oncelet ...................................................................120
8.4 Quelques polygones de Poncelet particuliers................... 124
Duplication, triplication ................................................................124
A pplication à une relation d ’E u ler ............................................... 125
Quadrilatères de P oncelet ............................................................. 126

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Table des matières ix

Hexagones de P on celet ................................................................. 127


Octogones de P o n c e let ..................................................................129
8.5 Polygones de Poncelet quelconques.................................. 131
A
9 Equations différentielles avec variable com p lexe............ 133
9.1 Rappels de topologie............................................................. 133
Espaces sim plem ent connexes .......................................................133
Groupe fondam ental ......................................................................134
Invariance topologique du groupe fondam ental ............................137
9.2 Monodromie.............................................................................137
Germ es de fonctions continu es ..................................................... 137
L^espace des germ es d ^applications continues ...............................138
R elèvem ents, sectio n s ................................................................... 139
Prolongement par continuité le long d^un ch em in ........................140
9.3 Équations linéaires avec variable complexe...................... 144
Fonctions vectorielles an alytiqu es .................................................144
Equations différentielles linéaires com plexes ................................ 145
Existence de solutions locales ....................................................... 146
Un théorèm e de Cauchy-Lipschitz com plexe ................................ 146
Lien avec les solutions ordinaires .................................................. 149
Systèm es différentiels linéaires complexes c a rré s ......................... 150
Systèm es linéaires complexes à coefficients con sta n ts .................. 151
Equations linéaires scalaires complexes d^ordre quelconque .......151
Equations linéaires scalaires à coefficients constants .................... 153
9.4 Primitives de fonctions analytiques complexes............... 153
P rim itive le long d^un ch em in ...................................................... 154
N otation des prim itives g lo b a les .................................................. 156
Deux propriétés des intégrales curvilignes ....................................156
9.5 Application aux équations linéaires complexes............... 157
Équations scalaires complexes du prem ier o rd re .......................... 157
Formule d ’A bel com plexe ............................................................. 157
Variation des con stan tes ............................................................... 158
9.6 Logarithme complexe............................................................ 159
R a p p e ls ......................................................................................... 159
A n alyticité des logarithm es ...........................................................160
9.7 Indice d’un lacet en un p oin t.............................................. 161
Structure de l ’espace topologique ü ........................................... 164
9.8 Aperçu sur les équations non linéaires complexes..........165
Fonctions analytiques à N variables .............................................165
Systèm es différentiels com plexes .................................................. 166
9.9 Quelques exemples................................................................. 171
R appels sur quelques fonctions usuelles ....................................... 171
Index des n otation s............................................................................ 177
Index alp h ab étiq u e............................................................................. 179
B ib liograp h ie........................................................................................ 181

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RESUME DE COURS SUR LES
ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES

Ce résumé de cours n ’a aucune prétention théorique, et ne vise qu^à rappeler quelques


théorèmes élémentaires essentiels. En particulier, le théorème de Cauchy-Lipschitz non
linéaire n ’est traité que pour une équation sans paramètres. Plus généralement, la
théorie de la dépendance des solutions par rapport à des paramètres a été laissée de
côté. Quelques exemples classiques sont développés.
Dans les paragraphes Î k 5 inclus, on notera K le corps IR ou C . Pour tout intervalle
I de R , et pour tout k e N , on notera le K-e.v. des fonctions de classe
de I dans K . Enfín désignera le K-e.v. des fonctions de classe de I
dans K .

§ 1 Equations linéaires scalaires du premier ordre


Soit / un intervalle non-trivial de IR (non-trivial signifie: non vide et non réduit à un
point). Soit ^ et .B deux fonctions continues de I dans K . On considère l’équation:
(S) Y' = AY + B
appelée équation différentielle linéaire scalaire du prem ier ordre, résolue en Y '
et à coefficients continus. Dans cette équation, Y est une lettre muette, qui représente
une fonction inconnue dérivable.
L’équation est dite hom ogène ssi B est la fonction nulle 0 / • Dans le cas général,
B est appelé le second m em bre de l’équation, et l’équation:
(So) Y' = AY
est appelée Péquation hom ogène associée à ( S ) . Si J est un sous-intervalle non-
trivial de / , on appellera J-solution de (¿) toute fonction dérivable (p : J ^ K telle
que:
(1) (V teJ) ip'it) = A ( t M t ) + B(t)
et l’ensemble des J-solutions sera noté J’j ( S ) . L’ensemble réunion de tous les J^j(S)
lorsque J parcourt l’ensemble de tous les sous-intervalles non-triviaux de I , est appelé
l’ensemble des solutions de (8). Par définition, les déterminer, c’est intégrer (8).
Il est immédiat que ifj{8) est dans tous les cas un sous-iiT-espace affine de ^^{J, K ) ,
et dans le cas homogène (i.e. si B = Qj ), c’en est un sous-K-e.v. Si B ^ Qj , ou bien
^j{8) est vide, ou bien c’est un sous-espace affine d’espace directeur j en notant
(8q) l’équation homogène associée à (8).
Par une récurrence facile, on vérifie que si A et B sont de classe avec k e N ,
alors on a J^j{8) c ^^'^^(J,K). De même, si A et B sont de classe , alors
&’j ( 8 ) c ^ ^ ( J , K ) .
Supposons que B = YllZT , o ù m e N ^ , Xi e K et Bi e ^ ^ ( I , K) pour tout
i ; notons (8i) l’équation y ' = A Y -f B i . Alors si (pi e J^j(8i) pour tout i , on déduit
de ce qui précède que YllZT ^ • c’est le principe de superposition des
seconds m em bres.
Soit deux sous-intervalles non-triviaux Ji et J 2 de / , avec Ji C J 2 . Pour toute
solution (p e ^ ^ \j ^ ^Ji(^) (c’est immédiat). L’application

( 2) ■^L
est A'-affine dans tous les cas, et AT-linéaire si B = Qj .

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2 §i

Intégration par quadratures


Reprenons l’équation {S). Pour tout couple où J est un sous-intervalle
non-trivial de / et où io ^ considérerons l’application:
(3) Xj^to ‘ ^ j { S ) K ,
qui est RT-affine dans tous les cas, et RT-linéaire dans le cas homogène.
T h é o r è m e 1.1
Pour tout couple (J, to) , où J est un sous-intervalle non-trivial de I et où to ^ J ,
Fapplication affine Xj^to définie par (3) est bijective.
Démonstration:
Fixons (J, to) . Soit Yo € K ^ et soit une fonction f : J K dérivable. Puisque A
est continue, la fonction:

(4) EA,to • I --- * exp


~ It

est bien définie, de classe , et sa dérivée est —AE a ^io • s’annule jamais, et on
a = E-A,to • Le système en l’inconnue / :
(feifj{S)
(5)
\ f{ to ) = Yo
équivaut au système:
r (Vi e J) ( f i t ) - A{t)f{t))EA,to{t) = B{t)EA,to(t)
( 6)
[fM ^Y o
lui-même équivalent au système:

(7) I (Vi e J ) = B {t)E A ,tM


\m )= Y o
Comme la fonction B E a ,to est continue, le théorème de Leibniz montre que le système
(7) équivaut à:

(8) (Vt G J )f{t)EA,to{t) = Yo-h f B{r)EA,to{r)dr


Jto
ou encore, en multipliant par ( t) , à:

(9) (V T 6 J ) f ( t ) = l^ro + ^*B(T)EA,to(r)dTj E-A.to(i)


Il y a donc bien une fonction et une seule antécédent de Yo par Xj^to 5c’est la fonction
(pj,Vo,to définie, pour tout t e J , par:

(10) ^J,Vo,to(^) = B{ T) e K p ^ -J ^ i4(г¿)d'u^ d r j exp A (r)d r^

ce qui achève la démonstration ■

La formule (10) exprime explicitement les J-solutions de {S) à l’aide de symboles de


primitivation portant sur les données. Ces symboles s’appellent des quadratures.

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Équations linéaires scalaires du premier ordre 3

C o ro lla ire 1
Soit Ji et J2 deux sous-intervalles non-triviaux de I tels que Ji C J 2 • L^application
de restriction est bijective.
Démonstration:
En effet, quel que soit to e Ji , on a Qj2,Ji = ° ®

En vertu du corollaire ci-dessus, les solutions de {£) sont les restrictions des éléments
de S^i{S) aux divers sous-intervalles non-triviaux de I . Les/-solutions de (S) s’appel­
lent ses solutions maximales. L’intégration de (S) se ramène donc à la recherche de
ses solutions maximales.
C o ro lla ire 2
Pour tout sous-intervalle non-trivial J de I , Tensemble S^j{S) est un sous-K-espace
affine de dimension 1 de ^ ^ ( / , / i ) .
Démonstration:
Soit to e J . D’après le théorème 1.1, l’application Xj^to • > Qui est
/iT-affine, est bijective, d’où l’assertion I

Disposition pratique
Au lieu d’appliquer directement la formule (10), il est commode, lorsque A et B sont
données explicitement et se prêtent à des calculs effectifs de primitives, de la retrouver
en deux étapes, de la façon bien connue suivante:

Première étape: intégration de l’équation homogène associée

On intègre l’équation (¿^0) homogène associée à {£). Fixant to ^ I ^ l’ensemble de


ses solutions maximales est la droite vectorielle K E a .îq = {CE^A,to]ceK •

Deuxième étape: variation de la constante

On remplace ci-dessus la constante arbitraire C par une fonction dérivable arbitraire


C:I K . ha condition nécessaire et suffisante pour que CE- a m ^ ®st:
(11) C 'E - a m = B
ce qui équivaut a C = B E a m > (théorème de Leibniz) à l’existence de C e K tel
que C(t) = C -h B{ t ) exp A{u) du^ dr pour tout t e I ^ conformément à (10).

Equations linéaires scalaires du premier ordre non résolues


On nomme ainsi les équations différentielles de la forme:
(^) a?/' + 6y -h c = 0
où a, 6, c désignent trois fonctions à valeurs dans K définies et continues sur un inter­
valle non-trivial / de IR, et où y est une lettre muette désignant une fonction dérivable
inconnue. On définit comme pour (S) les notions de J-solution et de solution de (12). Il
n’existe pas de théorie générale de ce type d’équation (les hypothèses sont trop générales
pour donner lieu à des résultats cohérents). Même en restreignant beaucoup les hy­
pothèses, par exemple en supposant a ,6,c analytiques et a ^ 0 / , l’étude complète de
(12) reste très difficile. Nous nous bornerons à constater trois évidences: 1) pour tout
sous-intervalle non-trivial J de / , l’ensemble £fj(jl) est un sous-/f-espace affine de
^®( J) (sous-espace vectoriel si c = 0 / ), 2) on a des applications de restriction analogues
à (2) avec (Jl) au lieu de {£), et 3) pour tout sous-intervalle non-trivial J de / sur
lequel a ne s’annule pas, l’ensemble iFj{A) est égal à SFj{£), où (S) désigne l’équation
déduite de (S) quand on y substitue ( “ (^|J)(û|^)"^-(c|^)(«|j)"^) à {A, B). Sur un
tel intervalle J , l’intégration de (Jl) s’obtient donc par (10).
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4 §J

D é ñ n ítio n 1.1
On appelle point singulier de Véquation tout to e I tel que a(to) = 0, et
poin t régulier de (^) tout point to e I tel que a(to) ^ 0 .
Puisque a est continue, l’ensemble des points singuliers de (^) est un fermé relatif
de I , donc l’ensemble des points réguliers est un ouvert relatif de I . D’après ce qui
précède, on sait donc intégrer (^) sur toute composante connexe de l’ensemble de ses
points réguliers: les solutions de {A) ainsi obtenues seront dites régulières maximales.
Soit S l’ensemble des points singuliers de (^4), et soit C l’ensemble des composantes
connexes de I \ S . Ordonnons C par la relation d’ordre (total) naturelle :< , définie par:
(12) U ^V ^ {U = V ou {^{u ,v)eU xV , u<v)
Une partie A de C sera appelée un intervalle ssi c’est un intervalle de l’ensemble ordonné

La proposition suivante précise, dans des cas suffisamment généraux, le lien entre
solutions régulières de (A) et solutions quelconques.
P r o p o s itio n 1.1
Supposons que Vensemble S des points singuliers de (^) est d^intérieur vide. Soit
une L-solution de ( ^ ) , où L est un sous-intervalle non-trivial de I . Soit A
Fensemble des J e C qui rencontrent L . Alors A est un intervalle de C . Soit L
Vensemble LU (U j^ /iJ). Alors L est un sous-intervalle non-trivial de I , et il existe
une L-solution (p de (^) et une seule qui prolonge (p .
Démonstration:
Il est immédiat que A est un intervalle de C . Soit (xifX2) 6 L x L avec xi < X2 •
Soit Ji e A et J2 ^ A tels^que x\ € J\ et X2 ^ J2 • H est clair que Ji U J 2 U L est
un intervalle contenu dans L , d’où [xiyX2] C L. Donc L est un intervalle, et il est
immédiat que cet intervalle est non-trivial.
• Montrons l’unicité de ip . Soit et ^2 deux L-solutions de (S) qui prolongent
(p , et soit ^ - ^ 2 • Tout d’abord = Ol • D’autre part, si J e A, on a = 0j
à cause du théorème 1.1. Notant H = Uj ^ a J , on voit donc que ^ s’annule en tout point
de H , et par suite s’annule en tout point de L u H . En vertu des hypothèses, l’ensemble
L \ { L U H) est sans point intérieur. Par continuité de , on a donc = O2; > i-®-
^1 = ^2 •
• Montrons l’existence de (p . Pour tout J G yl , l’intervalle L fl J est non-trivial
(il est ouvert relatif non vide dans L). D’après le corollaire 1 du théorème 1.1, il
y a une unique fonction 'iJjj G S^j{A) telle que * Alors la fonction
6J : L U J K telle que = ‘ipj et ®st bien définie, et appartient à
^ l u j (-4) . Si Ji g a et J 2 g yl avec Ji ^ J 2 , on a (LU Ji) fl (L U J 2) = T , et par
suite ^Ji|^ = • Comme on a L = Ujçyi(LU J ) , on en déduit qu’il y a une fonction
(p : L K et une seule qui prolonge toutes les 9j . Il est clair que cette fonction L
appartient à i^ (-4 ), d’où l’existence ■

Pour tout intervalle non vide yl de C , nous noterons A l’enveloppe convexe de


UjG/iJ : c’est un sous-intervalle non vide ouvert relativement k l . Si L est un sous-
intervalle non-trivial de / , et si A désigne l’ensemble des J e C qui rencontrent L ,
alors ou bien L est ouvert dans I , et dans ce cas L = A ; ou bien L n’est pas ouvert
dans I , et dans ce cas L = U F , où F désigne l’ensemble non vide des extrémités
de L qui appartiennent à / . En combinant cette remarque avec la proposition 1.1, on
voit que pour intégrer (A) , il suffit d’en trouver les solutions sur des sous-intervalles W
de I tels qu’il existe un intervalle non vide A de C pour lequel A C W C A dh/(iî),
où Adh/(yl) désigne l’adhérence dans I de A . Comme tout point to G Adh/(iî) \ A
appartient à S , pour un tel W , une A-solution se prolonge en une W’-solution (qui est
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Équations linéaires scalaires du premier ordre 5

alors nécessairement unique) ssi elle se prolonge continûment à W . Finalement:


Pour intégrer (.4), il suffit de Pintégrer sur les intervalles de le forme A , où A est
un intervalle non vide de C .
Les yl-solutions de (.4), où A est un intervalle non vide de C , seront dites obtenues
par raccordement de solutions régulières maximales. Sous des hypothèses trop générales,
il n’existe pas de théorème simple permettant, étant donné un intervalle non vide A de
C , de décrire le sous-espace affine ' suivant les cas, il peut être vide, ou réduit à
un élément, de dimension finie arbitraire, ou de dimension infinie.
Exem ple 1.1 :
Nous allons intégrer l’équation scalaire
(ê) 2x{l + x)y' -}-{l-{-x)y = 1
où l’intervalle d’étude est IR , et où le corps de base est IR .
Les coefficients sont polynomiaux donc continus. L’ensemble des points singuliers est
5 = {-1,0} . Les composantes connexes de IR \ 5 sont:
A = ] -o o ,- l[ ; /2 = ] - l,0 ( ; J3 = ]0 ,+ o o [
On notera respectivement 0 et 1 les fonctions constantes: R —> R de valeur constante
0 et 1.
• Solutions régulières
Soit l e {7i, / 2, / 3 } . En appliquant la méthode de variation de la constante, on voit
aisément que les /-solutions de (S) sont les fonctions de la forme x {C J(x)) \ x ,
où C G R et où J désigne une primitive fixée quelconque de la fonction x 1-^ 2x{i+x) '
Si / G {/1, 72} , en posant —x = avec u G R * , on voit qu’on peut prendre pour
primitive J la fonction x^-^ \ Log • Pour tout C G R , soit f c et gc les
fonctions définies par:
„ .. C + è L o ,( ^ )
f c ■h
’ ^/= г
(13)
IR, ^ + è L o g ( l ^ ) _ C + A r g t h (y = i)
9c ■h
\/^
Les applications C 1- f c et c gc sont respectivement des bijections de sur
S^/i(£) et sur .
Si 7 = /3 , en posant x = avec u G R ^ , on voit qu’on peut prendre pour
primitive J la fonction x A r ctg (> /5 ) . Pour tout C G R , soit hc la fonction
définie par
^ C + A rctg (v ^ )
(14) hc • /3

L’application C gc est une bijection de R sur .
• R accordem ent de solutions régulières m axim ales
D’a p r^ la proposition 1.1 et les considérations qui la suivent, pour intégrer complè­
tement (S); il suffit de l’intégrer sur chacun des intervalles
J i = ] —oo,0[ ; / 2 =] —l,4 “Oo[ ; J3 = R
et d’étudier les éventuels prolongements par continuité aux bornes de leur intervalle de
définition des solutions données par (13) et (14) ainsi que des /¿-solutions.
Quel que soit C G R , on a \fc{x)\ ------------- ^ + 00, donc il n’existe aucune
x —*— l , a;< —1
Il U {—l}-solution, donc a fortiori aucune Ji-solution, et a fortiori aucune J 3-solution.
La fonction gc se prolonge par continuité en 0 ssi C = 0 . La fonction hc se
prolonge par continuité en 0 ssi C = 0 . Les deux valeurs de continuité sont égales à 1 .
Notons respectivement go et ho les prolongements par continuité de ^0 et ho à 72U{0}
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6 §i

et à /3 U {0} . On a donc po ^ ^_i,o](^) et ho e %+(^) » et ce sont respectivement


Tunique ] —1, 0]-solution et Tunique IR+-solution.
Reste à étudier les J 2-solutions. L’ensemble est soit vide, soit réduit à un
élément ^ , qui est la fonction définie par = 9o et =ho. On est dans ce
dernier cas ssi гp est dérivable au point 0. Or il en est bien ainsi, car en fait *0 est
développable en série entière à Torigine, puisqu’on vérifie immédiatement que

(15) ( V x G ] - l,l[) rPix) = ¿ ( - i r


n=0
2n + 1
On a donc = {V^} »ee qui achève l’intégration complète de (¿^) ^
Exem ple 1 .2 :
Le corps de base étant R , étudions sur l’intervalle R l’équation linéaire scalaire du
premier ordre à coefficients continus
{£) x^y' = y - l
Il y a ici un unique point singulier, qui est 0 . Pour tout C E R , notons f c la fonction:
R * —> R , X 1 + C e “ ® et gc la fonction R ^ —> R, x i-> 1 + C e “ i . Les
applications C f c et C ^ hc sont respectivement une bijection de R sur (S)
et de R sur (^) • Ce sont là les solutions régulières maximales. Pour tout C 7^ 0 , on
a \fc(x) I ----------> + 00, donc Tunique R_-solution est fo\ = 1 r_ . En revanche,
quel que soit C , la fonction gc se prolonge continûment à R+ avec valeur de continuité
1 en 0 , et le prolongement gc obtenu est de classe , toutes ses dérivées d’ordre
> 1 valant 0 en 0 . On en déduit que l’application C y-^gc est une bijection de R sur
; en notant hc la fonction R R telle que = 1 |r_ et hc\^ = gc ^ on
voit aussi que l’application C hc est une bijection de R sur . En conclusion:
&u_{S) = {1 r_}, est la droite affine {5^c }cgR > est la droite affine
{hc}ceu ♦
Exem ple 1 .3 :
Le corps de base étant R , étudions sur l’intervalle R l’équation linéaire scalaire du
premier ordre à coefficients continus
(S) y' sin (x ) = 2y cos(x)
L’ensemble des points singuliers est ttZ . Pour tout i/ E Z , soit cpiy la R-solution qui
vaut 0 hors de [ î/ tt, (î/ + 1)7t] et est donnée par x 1—►sin^(x) sur (i/ + 1)7t] .
La famille des supports des ((^^) est localement finie, donc pour tout {Xu)ueZ ^ ?
la somme ^ solution de {S) . Par
application du théorème 1.1 sur chaque intervalle ] i/ tt, (2/ + 1)7t[ , on montre facilement
que l’application

uez
est un isomorphisme de R-e.v. Or la dimension du R-e.v. R^ est infinie, même pas
dénombrable. Le lecteur vérifiera que l’ensemble des solutions de (S) est l’ensemble des
restrictions de ses R-solutions à des intervalles non-triviaux ^

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§ 2 Équations linéaires à inconnue vectorielle
2.1 G énéralités
Soit (£7, Il. Il) un K-e.y.n. de Banach non nul (i.e. non nul et complet). Rappelons
que la RT-algèbre C{E) des endomorphismes continus de E est munie d’une norme
naturelle u »-> Sup^.^^ n^. n < i (|| n(x) ||) , que nous noterons systématiquement |||u||| ,
et que nous appellerons norme de C{E) associée à celle de E . Cette norme |||. |||
est multiplicative J i.e. elle vérifie |||Id£?||| = 1 et |||uu||| < |||i¿||| |||t;||| pour tout
(UjV) e C{E) X C{E) . Donc {C{E)^ |||. ||| ) est une K-algèbre normée, et on sait que
cette algèbre normée est complète. Finalement, (£(F?), |||. ||| ) est une K-algèbre de
Banach.
Nous supposerons acquise la théorie de l’intégrale de Riemann d’une fonction con­
tinue à valeurs dans un R"-espace de Banach, définie sur un intervalle compact de IR.
Les propriétés essentielles sont le théorème de Leibniz sur les primitives d’une fonction
continue, la relation de Chasles des intégrales et l’inégalité de la norme des intégrales.
On pourra par exemple consulter [2], paragraphe 16.
Fixons E ; considérons un intervalle non-trivial / de IR , et deux fonctions continues
A :I jC(E) et b : I e . On considère l’équation:
(S) Y ' = A-Y-h B
appelée une équation linéaire du prem ier ordre, à coefficients continus, en Pin-
connue vectorielle Y à valeurs dans E , résolue en Y ' . La fonction B est
appelée le second m embre. Si elle est nulle, l’équation est dite homogène, et dans le
cas général, l’équation Y' = A -Y est appelée Péquation homogène associée à (S ) .
L’espace E , où les fonctions cherchées Y prennent leurs valeurs, s’appelle Pespace des
phases de ( S ) .
Remarquons que si E est de dimension 1 , l’équation (S) équivaut à une équation
linéaire scalaire du premier ordre à coefficients continus, résolue en Y ' , avec corps de
base K .
Soit J un sous-intervalle non-trivial de / . On appelle J-solution de (S) toute
fonction dérivable cp : J E qui vérifie = A(t) • (p(t) + B(t) pour tout t e J .
On notera ^j(S) l’ensemble des J-solutions de (S). La réunion de tous les pour
J décrivant l’ensemble des sous-intervalles non-triviaux de I s’appelle Vensemble des
solutions de ( S ) . Par définition, intégrer Péquation ( S ) , c’est déterminer l’ensemble des
solutions.
Une solution (p '. J E définit deux courbes paramétrées: la courbe paramétrée
t (p{t) de E d’une part, et la courbe paramétrée t i-> {t,ip{t)) de R x E ] cette
dernière s’appelle souvent la courbe intégrale de {S) définie par (p, mais certains auteurs
appellent parfois aussi la première courbe une courbe intégrale. De toutes façons, ces
deux courbes ne doivent pas être confondues.
Il est clair que S/j(5) est dans tous les cas un sous-RT-espace affine du K-e.v. ^^(J, E)
des fonctions de classe de J dans E , et c’en est un sous-R"-e.v. dans le cas homogène.
Par une récurrence facile, on voit que si A et B sont de classe avec k , (resp.
declasse ^ ~ ) , alors SO(^) C R) (resp. C^^{J,E)).
Si S/j(^) 7*^ 0, alors SFj{S) admet ^^j {Sq) , où (é^o) désigne l’équation homogène
associée à ( S ) . Nous verrons plus loin qu’on a toujours ^j{S) ^ 0, mais notons ici
qu’hormis le cas où E est de dimension 1 , déjà traité au paragraphe 1, cette assertion
n’a rien d’évident.
On laisse au lecteur le soin d’énoncer et de justifier un principe de superposition
des seconds m em bres analogue à celui déjà vu pour les équations scalaires du premier
ordre.
Soit Ji et J 2 deux sous-intervalles non-triviaux de I , avec Ji C J 2 • Pour toute
fonction (p e ) on a (^1^ G iOi(^) • L’application

(1) ^J,,Jг ■ (n —» (Í) .

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est affine dans tous les cas, et K-linéaire dans le cas homogène.

2.2 T héorèm e de Cauchy-Lipschitz linéaire


Dans ce qui suit, on considère l’équation {S) ci-dessus, à inconnue vectorielle Y à
valeurs dans le i^-espace de Banach non nul (Æ?, | | . ||) , définie sur l’intervalle I .
P r o p o s itio n 2.1
Soit J un sous-intervalle non trivial de I , et soit (to, Yo) ^ J ^ E . Soit une fonction
f :J E . Les deux assertions suivantes sont équivalentes:
(I) / € S^j{S) et /(to) = Vb .
(II) / est continue, et ( Wt e J ) f{t) = Vb + + E{u)) du .
Démonstration:
En vertu des hypothèses sur les fonctions A et B , si f est continue, alors la fonction:
J E , U ^ A{u) • f{u) -h B{u) est continue. D’autre part, si / G Sfj{S) , alors f est
de classe et a fortiori continue. À partir de là, la proposition est une conséquence
immédiate du théorème de Leibniz sur les primitives d’une fonction continue ■

Le théorème qui suit est appelé théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire:


T h é o r è m e 2.1 *•
Soit J un sous-intervalle non trivial de I et soit to £ J . L^application
Xj^to • ^ ^ ^ ^i^o)
est une bijection affine (en particulier, ^j{S) est non vide).
Démonstration:
• Première étape: réduction au cas où J est compact
Supposons le théorème prouvé dans le cas où J est compact, et supposons J non
compact. Soit Yq e E . Pour tout t e J , nous noterons [to,t] le segment d’extrémités
to et t . Pour tout intervalle compact L de J , notons 'ipL l’élément de %(é^) tel
que <^l (^o) = ^0 • H est clair que si Li et L2 sont deux tels intervalles compacts L
vérifiant Li C 1/2 , on a '0 L2lr = • Fixant t G J , la valeur 'ipiit) (où L est un
sous-intervalle non-trivial compact de J tel que [io,^] C L ) ne dépend que de t et non
de L , car d’après ce qu’on vient de voir, pour tout tel intervalle L , on a

V^l (0
La fonction
(p : J E, t\
vérifie donc (p{t) = 'ipiit) pour tout sous-intervalle compact L de J tel que {io,0 C L .
Puisque les 'ipL sont dérivables et sont solutions de (5), on a G ^ j { S ) , et puisque
les 'ipL valent Yo en to , on a “0(^0) = Fb . Soit et (/?2 deux J-solutions valant Yo
en to . Puisque le théorème est vrai avec les intervalles compacts, pour tout t G J , on
a <^i(t) = (v:?i|j^p(t) = (V^2|j~ ])(i) = ^ 2{t) ; d’où (fi = (p2 • En définitive, il y a donc
un antécédent et un seul à lo pa-r Xj,to ■ lo théorème est donc établi avec J .
• Deuxième étape: preuve du théorème lorsque J est compact.
Supposons donc J compact. Nous devons montrer qu’étant donné Yo Ç: E , il existe
une et une seule J-solution de {£) prenant la valeur Yo en to . Soit donc Yo e E .

Unicité
Soit /1 et /2 deux J-solutions de {£) avec fi{to) = /2(^0) = Fb • Soit / = /1 - / 2 •
Posons:
( 2) M = Max{\\\A{t) III) C = M ax(||/(i)|

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Équations linéaires à inconnue vectorielle 9

(ce qui définit bien deux réels > 0, car J est compact non vide et f et A sont
continues). Montrons par récurrence sur k que pour tout A; € N , on a

(3) (VÎ e J ) Il/(t) Il < i c M M i-io l* '


C’est immédiat pour k = 0. Supposons-le vrai à l’ordre A; > 0 . Soit t £ J . De
fi{t) = lo + /to (-4(u) • f{u) + B{u)) du pour i e {1,2} , on déduit, par différence:

f{t)= [ \ { u ) - f { u ) d u
Jto
d’où, d’après l’inégalité de la norme des intégrales, et en utilisant (3) au rang k avec u
à la place de t :

Il m II = Il f A{u) • /(u) du
Il •'to
I I
I
< / ‘ Il A{u) • /(u ) Il du
\ Jto

< I / III Mu) III II /(u ) Il <


I Jto
I I
I \ Jto
M II /(u) Il du

/io - I (fc + 1)!


et c’est vrai avec tout t e J , donc (3) est vraie au rang A: + 1 . Par récurrence, on a
donc établi (2) à tout rang k .
Fixons maintenant t e J . En faisant tendre k vers l’infini dans (2), on obtient
f{t) = Oe ; c’est vrai avec tout t e J , donc / est nulle, i.e. / i = /2 . D’où l’unicité.
Existence

À toute fonction continue ip : J E , associons la fonction continue

A^ : J — y E , f {A{u) ■i>{u) + B{u)) du


1 1— >Yo+
Jto
Définissons par récurrence une suite {fk)keN de fonctions continues de J dans E comme
il suit: /0 est la fonction constante de valeur Fq , et /*+1 = Af^ pour tout A: > 0 .
Définissons M comme en (2), et posons C = Maxtçj (||/i(i) - / 2(f) ||) . Pour tout
A: 6 * et tout f e J , on a:

(^) fk+i{t) ~ fk{t) — Î A{u) ■(fk{u) —fk-i{u)) du


J to
Montrons que pour tout /c G N , on a:

(5) { y t e J) ll/fe+ i(i)-/fe(i)|| < ^ C M ''|f - i o |*


C’est immédiat si k = Q. Supposons-le vrai à l’ordre A: > 0 . Fixant f € J , on a, en
utilisant (4) au rang A:-I-1 et en utilisant (5) au rang k avec u à la place de t :

Il fk+2{t) ~ fk+l{i) Il ~ Il / Mu) • (/fc+l(u) —fk{u)) du

- I ^ Il Mu) ■(/fc+i(u) - fk{u)) du II

^I/ I»'¿O
III Mu) III II fk+l(u) - fk{u) Il du

~ ^ \l Iu - io I** du = 11 - io 1*^+^
et c’est vrai avec tout f € J , ce qui établit (5) au rang A: + 1 . Par récurrence, (5) est
donc démontrée à tout rang k .
Notant e la longueur de J , on déduit de (5) que || fk+i(t) - fk{t) || < pour
tout k . Comme la série numérique ^.k converge, il en découle que la série
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10 §2

Efc(/fe+i - fk) de fonctions continues de t converge normalement donc uniformément


sur J , donc que la suite de fonctions {fk) converge uniformément sur J , vers une limite
que nous noterons / et qui est donc continue. Soit g : J E A{t) ■f{t) + B { t ) ,
et pour tout k , soit gk la fonction: J ^ E , t ^ A{t) ■fk{t) + B{ t ) . Comme on à
Il 9{t) - 9k{t) Il = Il A{t) • if{t) - fk{t)) Il < III A{t) III II m - fk{t) Il < M II fit) - fkit) Il
pour tout t , on voit que la suite de fonctions (gk) converge uniformément vers g sur
J . Par définition, pour tout i 6 J et tout fc € N , on a;

(6) f gk{u)du
fk+i(t) = Yo+
J to
Fixons t dans (6), et faisons tendre k vers l’infini. La convergence de la suite de
fonctions continues (gk) vers g est uniforme sur J donc sur [<o,t], ce qui permet de
permuter intégration et passage à la limite, d’où, en passant à la limite pour k —* oo:

(7) f(t) = Yo+ [ g{u) du = lo + / (^ ( m) • /(u) + B{u)) du


V¿0 •'to
C’est vrai quel que soit t e J . D’après la proposition 2.1, on a donc f{to) = I q et
/ G y^j{S) , d’où l’existence ■

C o ro lla ire 1
Soit J\ et J2 deux sous-intervalles non-triviaux de I tels que J\ c J2 • L^application
gj2,Ji définie en (1) est une bijection affine.
Démonstration:
En effet, pour tout to € J i , on a o ■

En raison du corollaire 1 ci-dessus, pour intégrer (S) , il suffit dedéterminer ses


/-solutions. Ces dernières sont appelées les solutions m axim ales de (S) .
C o ro lla ire 2
Le sous-espace K-affine S//(£) est isomorphe au K-espace affine E (et dans le cas
homogène, c'est un K-e.v. isomorphe au K-e.v. E ). En particulier, si E est de
dimension finie n , alors S^i{S) est de dimension finie n .

2.3 Solutions analytiques des équations linéaires


Pour tout élément R de IR+U{+oo}, nous désignerons par Dj^ le disque fermé
{2: G C I I 2 1< i î } et par Dr le disque ouvert {2: G C | | 2î | < i î} .
Soit {E, Il . Il) un C-espace de Banach non nul. Le C-espace vectoriel E ^ s’appelle
espace des séries formelles à coefficients dans E . À toute série formelle S = (an)neN 1
on associe la série de fonctions de C dans E telle que Un{z) = z^ün pour tout
Z e K (on note aussi Un{z) = Unz'^ ); cette série de fonctions est appelée la série entière
à valeurs dans E définie par S .
Le classique lemme d’Abel des séries entières usuelles s’étend immédiatement aux
séries entières à valeurs dans E , et on en déduit:
T h é o rè m e 2 .2
(I) Soit S = {an)n€N ^ • Les éléments suivants de IR+ U {+00} sont égaux:
Sup ({ I ^ I I la suite {ünZ^) est bornée}) ; Sup U I| ^
Iz riK IK + o o } )
n>0
I n f ({ 12:1I la série Yln diverge}) ; Sup ({ 12: | | la série Unz'^ converge})
(II) Notant R leur valeur commune, la série entière Y n divergente pour
\z \ > R , convergente pour \ zl < R , et normalement convergente dans tout disque
fermé pour r G [0, iî[ .
Rappelons que E étant un Banach, toute série Y n ^ absolument
convergente (^i.e. telle que la série Y n II I converge) est convergente. C’est pourquoi
la définition suivante a un sens:
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Équations linéaires à inconnue vectorielle 11

D é fin itio n 2.1


Dans les conditions du théorème 2.2, Véîément R de R+U {+oo} s ’appelle le rayon
de convergence de S ; nous le noterons Rs • Le disque Dr s ’appelle le disque
ouvert de convergence de S . La fonction Dr E,z s ’appelle
fonction série entière définie par S , et nous la noterons S .
Si {E, Il. Il) est une C-algèbre de Banach, on définit de la façon habituelle le produit
S T de deux éléments S = (an)nei^ et T = {bn)ne^ de E ^ : c’est l’élément (cn)neN de
E ^ tel que Cn = 2 p4-ç=n ^ produit est C-bilinéaire, et si l’algèbre
E est commutative, il est commutatif.
Pour S = (ûn)n6N ^ E ^ , on définit comme à l’ordinaire la série formelle dérivée de
S , notée S' : c’est ((n + l)an+i)^^(^ . L’application 5 >S" est C-linéaire.
En reprenant les démonstrations relatives aux séries entières usuelles, on démontre
facilement les propriétés suivantes, que le lecteur vérifiera en détail:
• Soit S = {an)neM G ; on a R5 > 0 ssi la série formelle usuelle J2n II II
est de rayon > 0 , i.e. admet une majorante géométrique.
• Pour toute S = {an)neN ^ , on a R5 = Rs' •
• Pour toutes S e E ^ et T G , on a R5+T > Min(R5 ,R T ) . Si {E, ||. ||) est
une C-algèbre de Banach, on a de plus Rs t > Min(R5, Rt ) .
• Pour toute S = {an)neN ^ >1st fonction S est C-dérivable, donc continue, sur
Dr , et sa C-dérivée est la fonction série entière S ' . En conséquence, S est indéfiniment
C-dérivable, ses C-dérivées successives étant données par pour tout k .
• Soit S e E^ et T e E^ . Pour tous A G C et z e DMin(Rs,RT) > on a :
( 8) ( ^ ) { z ) = XS{z) ; S ~ T {z ) = S{z) + f{z)
et si de plus {E, ||. ||) est une C-algèbre de Banach, on a:
(9) Sf{z)=S{z)f{z)
• On définit la valuation de 5 = (ûn)n€f^ ^ comme pour les séries formelles
usuelles: c’est +00 si S est nulle (i.e. si ün = Oe pour tout n ), et sinon, c’est le
plus petit n G N tel que an ^ Oe • En notant V a l(5 ) cette valuation, les propriétés
familières restent vraies: V a l( 5' + T) > M in(V al( 5 ), V al(T )) et, lorsque (E, | | . ||) est
une C-algèbre de Banach, V a l( 5 T) > V a l( 5 ) + V al(T ) (notons toutefois qu’on peut
avoir S T nulle sans que 5 ou T le soit).
• Supposons S = (an)n€N ^ i^on nulle, soit p = V a l( 5 ) . Supposons R5 > 0 .
On a S{z) ~ üpZ^ . Par suite, il existe r g ]0,R5 [ tel que S{z) ^ 0^; pour
2-^ 0 , I Z |< R s
tout Z eD^ \{0} .
(En effet, si 2; e Dr^ , on a 5(z) = (op + g{z)), où g{z) = cbp+k+iz’^'^'^'''^ ■
Le rayon de T = {üp.^i^k)keN Rs , la fonction g est continue sur Dr^ et nulle en 0
donc tend vers 0^; en 0 , d’où aisément toutes les assertions.)
On déduit de là:
( 10) (Si S = (ûn)nGM ^ de rayon > 0 et si S s ’annule en tous les points
\ d ’’une
’u suite tendant vers 0 , alors ün = 0e quel que soit n .
• Supposons E de dimension finie N > 1 . Si S = (ûn)n€N ^ , alors Rs est le
minimum des rayons de convergence des séries formelles usuelles (p{an)X^ quand (p
décrit le dual algébrique E* de E . Plus précisément, pour toute base (c i,.. . , e^v) de
E , en désignant, pour tout i G [1,7VJ, par (ui,n)nGN 1st suite des z-ièmes coordonnées
des ün , et en notant Si = , on a:
(11) Rs = M in (RSi)
Ki<N^
Soit maintenant (£?, ||.||) un IR-espace de Banach. Plongeons-le dans son complexifié
E q = C (S)R E . Pour toute S = (an)nGN G , il est clair qu’on a S{t) G E pour
tout t e U n Dr5 . L’intervalle IRDDr^ s’appelle l ’intervalle de convergence de 5 , et la
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12 §2

fonction IR n Dr5 —> Æ? , î h-> 5( î ) s’appelle la fonction série entière définie par S . Ces
fonctions héritent de toutes les propriétés ci-dessus.
Fonctions de variable réelle développables en série entière
Notons (Ej II. Il) un i^-espace de Banach.
D é fin itio n 2 .2
Soit I un intervalle non-trivial de R dont 0 soit point d^accumulation. Soit une
fonction f : I ^ E . On dit que f est développable en série entière (sous-
entendu: à Vorigine) ssi il existe S = (un)^ G E ^ de rayon > 0 et un réel r G] 0, R5 ]
tels que f{t) = S{t) pour tout t e I n [ -r ,r] .
A l’aide de ce qui précède, on démontre les propriétés attendues des fonctions dévelop­
pables en série entière: la somme, le produit par un scalaire de telles fonctions, et, si
(F, Il. Il) est une algèbre de Banach, le produit de deux telles fonctions, sont des fonctions
développables en série entière. Si / est développable en série entière, il y a unicité de
S = (an)neN ^ vérifiant la condition de la définition 2.2 et de plus, / est de classe
au voisinage de 0 dans I , ses dérivées successives étant données, au voisinage
de 0 dans I , par = S ^ ^ \ t ) . En particulier, si de plus 0 G / , on a les formules
habituelles:
(12) (Vn G a„ = l / ( " ) ( 0)
n!
Si E est de dimension finie, / est développable en série entière ssi <po f l’est pour
toute forme linéaire ip e E* . Pour toute base (e i,. .., e;v^) de F , en notant fi les
coordonnées de / dans cette base, on voit que / est développable en série entière ssi
toutes les fi le sont, et s’il en est ainsi, la série formelle S = (an)n>o qui développe /
au voisinage de 0 et les séries Si = (ai^n)n>o qui développent les fi au voisinage de 0
sont liées par an = o^i^n^i pour tout n .
D é fin itio n 2.3
Soit I un intervalle non-trivial de R . Soit une fonction f : I E . On dit que f est
développable en série entière en to e I ssi la fonction I - {to} E ^ x ^ f{to + x)
est développable en série entière. On dit que f est R-analytique (ou: analytique
réelle) sur I ssi elle est développable en série entière en tout point de I .
Les propriétés élémentaires des fonctions K-analytiques découlent immédiatement des
propriétés des fonctions développables en série entière mentionnées ci-dessus (somme,
produit par un scalaire, produit éventuel, dérivabilité d’ordre quelconque fini ou infini,
passage aux fonctions coordonnées quand E est de dimension finie).
Application à certaines équations linéaires
Soit trois A"-espaces de Banach (F, ||. ||), {G, | | . ||), {H^ | | . ||) et une application K-
bilinéaire continue P : F x G H , (x^y) x • y . Pour toutes séries formelles
U = (un)nef^ ^ et V = (un)neN ^ G^ , on appellera produit (dans cet ordre)
de U et y , et on notera C/ • F , la série formelle {wn)neM ^ telle que pour tout
n , on ait Wn = Z)p+g=n ' L’application {U^V) U • V est F-bilinéaire. On
laisse au lecteur le soin d’énoncer et de vérifier une propriété générale d’associativité.
On montre aisément que Ru v ^ Min(Rt/,R\/), et que si z e K n DMin(Ri/,Rv) > oR ^
{Urv){z) = Û{z)-V{z).
Dans ce qui suit, nous allons appliquer ce qui précède avec (F, ||. ||) = (>C(F), |||. ||| ),
(G ,||.||) = (i/, IMI) = (F, ||.||) et P{(p,X) = (p{x) pour tout {p,x) G C{E) x F :
c’est bien une application F-bilinéaire continue, puisque par définition de |||. ||| , on a
Il Il < III >PIII II X II pour tout {(f, x ) .

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Équations linéaires à inconnue vectorielle 13

P r o p o s itio n 2.2
Soit (Bj II. Il) un C-espace de Banach. Soit A = {an)neM ^
B = {bn)neM ^ CÎ6UX séries formelles de rayon > 0. Soit un réel r tel que
0 < r < Min(Ryi,RB). Notons / = ] - r , r [ . Pour tout Yq e B , il existe une série
formelle et une seule V = e B ^ telk que Vq = Yo et V' = A - V + B . On
a Ry > r y et on a V'{z) = A(z) • V'(z) + B{z) pour tout z e Dr • Pour tout réel
P G10, r 1 , la fonction v \, , est la seule fonction de la forme f = W\, , , où
^ ^ i]-p,p[ i)-p.p[
iy G et Ry > py qui vérifie /(0) = Yq et f'{z) = A{z) • f{z) 4- B{z) pour tout
z e Dp.
Démonstration:
Soit P g ] - r,r [ . En vertu de (10), si W' G B ^ est de rayon > p et si la fonction
f = w\ vérifie /(0 ) = Yo et f { z ) = A{z) • f{z) + B{z) pour tout z G Dp , on a
= A- W B et le terme d’indice 0 de W' est Yq (le terme d’indice 0 d’une série
formelle à coefficients dans B est appelé son terme constant). D’après les théorèmes
sur le calcul de la C-dérivée, des sommes, produits par un scalaire et produits au sens
général de fonctions série entière, réciproquement on voit que si W' G est de rayon
> 0 et vérifie = A -W + B , alors W'{z) = A(z) •W(z)-1- B{z) pour tout 2; G •
Pour établir le théorème entier, il suffit donc de prouver l’existence et l’unicité de V et
de prouver que Ry > r .
Existence et unicité de V
D’après la règle de formation du produit, on voit immédiatement qu’il existe une
unique V G B^ de terme constant Yq vérifiant = A ■V B : c’est la série formelle
y = {vk)keN ^ telle que Vq = Yq et
1 / \
(13) (VA;G ^ üj • Vk-j
A;+ l

Convergence de V

Soit un réel P G ]0,r[ . On a un réel M > 0 tels que |||afc||| < Mp ^ et


I ùfc II < Mp~^ pour tout fc > 0 . D’après (13), pour tout A; > 0 , on a:
/ \ / \
114+1 I < fc + l \ b k \ \+ J 2 III III II II P m +Y, Il II
i =0 / \ J=0 /
Définissons par récurrence une suite (sn)neN à valeurs dans R+ en posant sq = || lo I
et Sk+i = -¡^ (^p~^ H- YljZo P~^^k-j^ pour tout A; > 0 . D’après ce qui précède, on
voit par récurrence que || Vk || < Sk pour tout k . D’autre part par construction, la
série formelle (usuelle) a = vérifie (1 - p~^X)a^{X) = M (1 + cr{X)) et
o’(O) = so , d’où ((1 - p~^X)^^{l + cr{X))) = 0 , d’où:
(14) a{X) = (1 + Il ro ||)(1 - p - ^ X ) - » ^ - 1
D’après(14), on a Ry >Ra = p > 0 . C’est vrai avec tout p G] 0,r [ , doncRv > r ■

C o ro lla ire 1
Soit I un intervalle de R admettant 0 pour point d ^accumulation. Soit Téquation
linéaire (S) Y^ = A - Y B à inconnue Y à valeurs dans B y où A : I ^(-^)
et B : I B sont des fonctions continues sur I et développables en série entière.
Soit respectivement S G (C{B))^ et T e B ^ les séries formelles qui développent A
et B . Soit un réel r g ] 0,Min(Ryi,Rj3)] tel que pour tout t G /D] —r ,r [ , on ait
S(t) = A(t) et T(t) = B ( t ) . Alors toute I-solution de (S) est développable en série
entière à Voriginey et Vintervalle de validité du développement contient /fl] —r ,r [ .
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14 §2

C o ro lla ire 2
Soit I un intervalle non-trivial de U. Soit Téquation linéaire (S) = A -Y B à
inconnue Y à valeurs dans E j où A : I ^ ^t B : I ^ E sont des fonctions
R-analytiques sur I . Toute /-solution de {S) est analytique sur I .
Démonstration:
Soit to e I . Soit J l’intervalle 7 - {¿o} • Pour tout x e J ^ soit C{x) = A{to + x)
et D{x) = B{to + x ) . On définit ainsi des fonctions IR-analytiques C : J ^
D :J E . Soit l’équation linéaire (T) Z' = C • Z D à inconnue Z à valeurs dans
E . Il est clair que les J-solutions de (J*) sont les fonctions de la forme a; y (¿o + a:),
où y est /-solution de ( S ) . D’après le corollaire 1 ci-dessus, les J-solutions de (J*) sont
développables en série entière à l’origine, donc les /-solutions de (S) sont développables
en série entière en to . C’est vrai quel que soit to , donc les /-solutions de (S) sont
R-analytiques I

2.4 Cas où l’espace des valeurs est de dim ension finie


Dans cette section, nous supposerons que E est un K-e.v. de dimension finie N > 1 .
On le munira une fois pour toutes d’une norme | | . || (donc C{E) sera muni de la norme
III. Ill associée), mais en raison de l’équivalence des normes d’un K-e.v. de dimension
finie, tous les résultats que nous allons établir sont indépendants du choix de cette norme.

Équations linéaires homogènes, formule d’Abel


Dans cette sous-section, nous étudierons l’équation linéaire homogène:
{£) Y ' = A -Y
en l’inconnue Y à valeurs dans E ^ on A est une fonction continue à valeurs dans
C{E) = HomK{E) , définie sur un intervalle non-trivial I de U. D’après le corollaire
2 du théorème 2.1, le K-e.v. S^i{£) est de dimension finie iV, et pour tout to ^ I ,
l’application
(15) X/.to : %(^) i p ^ ifito)
est un isomorphisme de K-e.v.
D é fin itio n 2 .4
On appelle systèm e fondam ental de solutions de (S) toute base du K-e.v. ^ i ( S ) .
En utilisant les isomorphismes (16), on a immédiatement:
P r o p o s itio n 2 .3
(I) Soit Y i , . . .^Yp des /-solutions de {£) (où p G ). Pour que le système
( y i,.. . , Yp) soit de rang p , il faut et il suffit qu^il existe to G / tel que le système
de vecteurs (Yi{to)^.. • ■,Yp{to)) soit de rang p . S fl en est ainsi, alors quel que soit
to G / , ce système de vecteurs est de rang p .
(II) En conséquence, soit Y i , . . . , Y m des /-solutions de {£). Pour que la suite
{Yi,... , y}v) soit un système fondamental de solutions de ( S) , il faut et il suffit qu’iJ
existe to G E tel que la suite (Yi{to) ,... ,V}v(io)) soit une base de E . S^il en est
ainsi, alors quel que soit to G / , cette suite est une base de E .
D é fin itio n 2.5
Soit B = (e i,.. . , cn ) une base de E . Soit ( / i , .. •, / n ) une suite d'éléments de
Sfj(S). On appelle déterm inant fonctionnel des fi dans B la fonction
Wr0,/i,...,/w ■^ d e tB (/i(i),. . . . /w(i))
D’après la proposition 2.3, dans les conditions de la définition ci-dessus, ou bien la
fonction est partout nulle sur / , ou bien elle ne s’annule jamais sur / . On
est dans ce dernier cas ssi \ f i , ..., fjv) est un système fondamental de solutions de {£).
Ces propriétés vont être confirmées par la formule d'Abel ci-dessous, qui montrera que la
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Équations linéaires à inconnue vectorielle 15

détermination de se ramène à celle de sa valeur en un seul point, d’ailleurs


arbitraire. Nous aurons pour cela besoin d’un préliminaire algébrique.
L e m m e 2.1
Soit Q un corps commutatif et V un Q-e.v, de dimension finie n > 1 . Soit
e = (ei,...,e n ) une base de V. Soit u G Hom/2(V). Pour tout i G [ l,n ] , et
pour tout V = (v i,... ,Vn) G , notons ((Pi^i(v),... j(Pi,n(u)) lâ suite définie par
= Vj si j et = u{vi) . L'application
i=n
^ : V" — *Ü, v = {vi,...,Vn) I— »
i=l
n'est autre que Tr(г¿) d e t^ .
Démonstration:
On vérifie que ^ est n-linéaire alternée, donc ^ = Ad e tg , avec A G i? . On a:
i=n
(16) # (e i,...,e „ ) = A d ete(ei,...,e„) = A = ^ d e te (v ? i,i(€ ),... ,¥^*,„(6))
i=l
Notant (ûij)(i,j)e[i,n]|2 matrice de u dans la base €, on voit immédiatement que
dete(v?i,i(e),... jiPi,n(^)) = pour tout i . On déduit donc de (16) que

A= ^ a i,i= T r( u )
¿=1
d’où ^ = Adetc = Tr(n) detg ■

Nous pouvons maintenant établir la formule d’Abel:


T h é o rè m e 2.3
Soit / i , ..., / n des I-solutions de (S ), et soit B = (e i,..., e^) une base de E .
Pour tout (¿0, ti) e I X I , on a:

= W rgjj..../^(io)exp Tr (^(u)) du)

Démonstration:
Notons W = . Puisque les fi sont de classe , la fonction W l’est
aussi, et d’après la formule générale de dérivation d’un produit multilinéaire de forictions,
pour tout i G / , la dérivée W'{t) est donnée par

(17)
2=1
où gij{t) = fj{t) si i 7^ j et 3i,i(i) = / - ( i ) . En remplaçant //(i) par A{t) ■fi{t) pour
tout i , et en appliquant le lemme 2.1 dans E avec A{t) à la place de u et avec B à
la place de e , on obtient W'{t) = Tr{A{t))W{t) . Comme A est continue sur / , la
fonction 1 1—►Tr{A{t)) est continue sur I . D’après les résultats du paragraphe 1, il en
découle que W{t) = W{to) exp ( Tr(A(r)) dr) pour tout t e l ■

Variation des constantes


Dans cette sous-section, on étudie l’équation
{£) Y' = A - Y - ] - B
où A : / —> UoTajc{E) et B : I E sont des fonctions continues définies sur un
intervalle non-trivial / de IR. On notera (Sq) l’équation homogène associée Y^ = A- Y .
Soit (11, ..., y}v) un système fondamental de solutions de (5q) . Nous allons montrer
que l’intégration de {£) se déduit des Yi par n quadratures.
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16 §2

Soit Al,... , Aat des fonctions dérivables: I ^ E . Un calcul immédiat montre que
i=N
i= : ssi
j=N
(18)
:7=1
Pour expliciter (18), fixons une base B = (ei,...,eiv) de E . Pour tout j e [l,n] ,
notons {yij)i<i<n les fonctions coordonnées de Yj dans B. Pour tout t e l , soit
M{t) la matrice (yi.i(0)(M)Gli,iVF , d’où d e t ( M ( 0 ) = . On notera
W{t) = de t( M (t ) ). Soit enfin (6i , . . . , 6iv) les fonctions coordonnées de B dans B.
La relation (18) équivaut à:

(19) ( V i e i l , ni) ' ^ y j V i j = bi


i= l
Pour t e l , considérons le système linéaire de N équations scalaires en les inconnues
6, -•• :
j=N
(20) ( V i e I l ,J V l) =«>*(<)
j=l
Comme le déterminant principal de ce système est W (t) , donc ^ 0, ce système est de
Cramer, donc admet une solution unique, donnée par:
i—N
(21) ( Vj e I i , f V] ) ^. = , ^ g f , i ( i ) r i . , ( i )

OÙ désigne, pour tout {k,i) e Il,iV p , le cofacteur d’indice {k,£) de la matrice


M{t) . On en déduit que (19) équivaut à:
i=N
(22) ( Vj € l l , i V I ) =

i=l
Pour tout j , la fonction au second membre de (22) est continue. Fixant to e I ,
il découle donc du théorème de Leibniz que (22) équivaut à l’existence de constantes
Cl e K , . . C n g K telles que

(23) ( Vj 6 II, ATI,Vf e 7) A,(f) = Cj + j ' i»i(T)Ti.,(r)^ dr

Pour tout (Cl,... , C n ) € , définissons la fonction

(24) fto,Ci,...,CN ■I — t '— ^

Notre étude a montré que rapplication ^/(^) >(O^i,... ,C n )


une bijection affine. En ce sens, on peut énoncer que moyennant la connaissance d’un
système fondamental de solutions de (£o), l’intégration de (S) se ramène à N quadra­
tures portant sur des fonctions continues.
*
2.5 Equations à coefficients périodiques
On fixe un i^-espace de Banach non nul {E, ||. ||). Soit un réel T > 0. Pour toute
fonction continue A : IR —> C{E), on s’intéresse aux solutions maximales T-périodiques
de l’équation homogène
(Sa ) Y' = A ^ Y
On notera S a = ^ u{^a ) • Pour toute fonction (p : IR —> F , où F est un F-e.v.n.
quelconque, et pour tout x G IR , on notera la fonction IR —> F , t (p{x + 1).

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Équations linéaires à inconnue vectorielle 17

P r o p o s itio n 2.4
Supposons que toutes les solutions maximales de (Sa ) soient T-périodiques. Alors
A est T-périodique.
Démonstration:
Soit to ^ • Il s’agit de montrer que A{to) • V = A{to -\- T) ■V pour tout
V e E . Fixons V e E , et soit (pto,v la solution maximale de (Sq) qui vaut V
en to . La T-périodicité de , qui entraîne celle de , donne en premier lieu
y = ^toy{io) = ^to,v{to + T ) , puis:
= A{to) • (ptoy{to) = M^o) • y
= ^to,vi^o + T) = A{to + T) • (ptoy{to +T) = A{to -\-T) -V
d’où A{to + T) ‘ V = A{to) • V , d’où la proposition ■

La proposition 2.4 justifie de s’intéresser désormais au cas où A est T-périodique.


P r o p o s itio n 2.5
Dans réquation (Sa ) , supposons que A est T-périodique. Pour toute e S a , on a
6 S a , et est T-périodique ssi (p{T) = v?(0).
Démonstration:
Pour tout i G [R , on a (p'(t+T) = A(t-\-T)‘(p(t+T) = A(t)’(p(t-hT) , donc ^ >
Si ) 11 est clair que (p(T) = (p(0). Réciproquement, supposons (p(T) = <p(0) ,
i.e. T^(0) = v?(0) . Alors t <P et cp sont deux solutions maximales de (Sa ) prenant la
même valeur en 0 , donc sont les mêmes, i.e. on a ^ ce qui signifie que (/? est
T-périodique ■

Supposons que la fonction A de (Sa ) soit T-périodique. D’après la proposition 2.5,


on définit alors un endomorphisme du K-e.v. S , que nous noterons % , par:
(25) % \ S — >5 , ip\— >
Il est immédiat que 3Vi-fr2 = 2T^i ^ t2 tout (ri,T2) G Z x Z . Comme % = Id^^ ,
on en déduit que pour tout r G T Z , S'r est inversible, d’inverse ?F-r ■
Cas d’un espace de dimension finie avec K = C
Supposons désormais que A" = C et que E est de dimension finie N > 1 . On
sait alors que l’image de l’application exp : Home (A?) GJjj^ ( E ) est surjective
(voir par exemple le chapitre d’algèbre linéaire de l’ouvrage Quatorze problèmes posés à
PAgrégation interne de Mathématiques, par j .m . A rnaudiès (Vuibert, 1997)).
Reprenons l’équation (Sa ) , dans l’hypothèse où A est T-périodique, et conservons
les notations ci-dessus. Choisissons u G Home (A) tel que 9 r = ex p (T u ).
Soit (p e S a ’ Introduisons la fonction
(26) IR — >E , 1 1— ^ exp(-tu) • (p(t)
Elle est de classe , et elle est T-périodique, car pour tout t G IR, on a:
'ip(t -h T) = e x p (-(i + T)u) • (p(t + T) = (ex p (-iu ) exp(-Tu)^T(fp)) (t)
= (exp(-tu)) • ((exp(-Tг¿) exp(Tг¿)) • (p(t))
= exp(-tu) • tp(t) = 'ip(t)
Il est clair que l’application L : —>^°°(IR, E ) , (^ i-^ ^ est C-linéaire et injective. Son
image est donc un sous-C-e.v. de dimension finie N de ^°^(R, E), formé de fonctions
T-périodiques. Montrons que cette image est l’espace des solutions maximales d’une
équation analogue à (Sa ) •
En fait, avec les notations ci-dessus, on a
^'(¿) = -г¿exp(-¿г¿) • (p(t) + exp(-tu)(p'(t) = ~ui;(t) + (exp(-tu) A(t)) • (p(t)
= -u'ip(t) -h (exp(-tu) A(t) exp(tu)) • 'ip(t)
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18 §2

c’est-à-dire:
{Sb ) i;\t) = B { t ) - m
où B désigne la fonction (visiblement continue)
(27) IR Homc(-Ê?), t - t i + exp(-¿г¿) A{t) exp(tг¿)
Le C-e.v. S b des solutions maximales de {Sb ) est de dimension finie N , et comme il
contient L{S a) qui est de dimension iV , on a:
(28) 5 b = L{Sa )
Comme, d’après ce qu’on vient de voir, toutes les fonctions éléments de S b sont T-
périodiques, on déduit de la proposition 2.4 que la fonction B est T-périodique, ce qui
signifie, comme on le vérifie par un calcul facile, qu’on a
(29) ( Vt 6 IR) A(t) exp(Tu) = exp(Tu) A(t)
En résumé, l’équation {8b ) est de même nature que {8a ) avec B continue et T-
périodique, le C-e.v. S b est entièrement constitué de fonctions T-périodiques, et on a
S a = L~^{Sb ) , i*e. S a est le C-e.v. des fonctions de la forme
(30) IR — >E , 1 1— ^ exp(tг¿) • ‘^ (t)
quand 'ip décrit S b . On obtient ainsi une bonne description de S a , qui montre que
l’hypothèse de T-périodicité de A entraîne que S a est formé de fonctions dont les
coordonnées dans n’importe quelle base de E sont combinaisons linéaires de fonctions
T-périodiques à coefficients exponentielles-polynômes de la variable.

2.6 U n exem ple


Nous allons appliquer la théorie ci-dessus pour démontrer un théorème de Cauchy-
Lipschitz linéaire à i ’infini. Soit (fi?, | | . ||) un fif-e.v.n. de dimension finie n > 1 , et
soit III. Ill la norme associée sur Hom/c(fi?). Soit : IR+ ^ Homic(T?) une applica­
tion continue telle que l’intégrale ||| A{r) ||| dr converge. On notera I = IR+ , et
Oi = III A{r) III dr . On considère l’équation linéaire à inconnue vectorielle à valeurs
dans E :
{S) r { t ) = A{t)^Y{t)
Nous allons montrer que toute solution / G ^/(5) admet une limite quand t tend vers
+ 00, et qu’en notant C{f) cette limite, on définit une application C : i//(5) —>fi? qui
est un isomorphisme de K-e.v..
• Rappelons d’abord la version élémentaire du lemme de Gronwall. Soit deux fonctions
continues г¿ et U de IR_|. dans IR+ telles que

(31) (VtGlR+) u{t) < u{0) + Î u {T ) v {r ) dT


Jo
On a alors:

(32) (V î g IR+) u{t) < u(0) exp v{r) dr^

En effet, considérons la fonction:

g : IR_|_ — >IR_j_ 1 1— 'a(r)u(r) dr^ exp J v{r)dT^

Elle est de classe , de dérivée donnée par:

g'{t) = v{t) {u{t) - j u(r)t;(r) d r ) eT io

d’où facilement, en utilisant (31):

(33) g'{t) < u(0)t;(i)e-/o "W“" = u(0)+ j


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Équations linéaires à inconnue vectorielle 1 9

À l’aide du théorème des accroissements finis, on déduit de (33) que pour tout t :

9{t) = g{t) - 9(0) < U{0) (^1 - e - / o


ce qui équivaut à:

i u { t ) v {t ) à r < U{0)
Jo
d’où u(0) + /o î^(r)u(r) dr < u(0) b Jo J et a fortiori (compte tenu de (31)) la
relation (32) attendue.
• Prouvons l’existence de l’application £ . Soit f e Sfi ( S) . Pour tout t G IR+ , posons
'^(0 = Il / ( 0 I '^(^) = III III • pour tout i G IR+ :

(34) m /(0) 4- [ A{ t ) • /( r ) dr
Jo
Par définition de |||. ||| , on a, en utilisant (34) et l’inégalité de la norme des intégrales,
u{t) < u{0) + / q i4 (r)/(r) dr pour tout t G R+ , d’où, d’après le lemme de Gronwall
ci-dessus:
(Vi G R+ ) u{t) < г¿(0) exp v{r) dr^ < u(0) e “

donc on a II A{t) • f{t) || < ii(0) e “ u(i) pour tout t , donc l’intégrale A{t) • f{t) dt
converge absolument donc converge. D’après (34), on en déduit que / admet une limite
en -hoo , d’où l’existence de l’application C .
• Montrons enfin que C est un isomorphisme de K-e.v. de %(R+) sur E . Il est
d’abord clair que C est K-linéaire. Soit ( / i , ... ,/n) un système fondamental de solu­
tions de ( S ) . Fixons une base B = {ei,... ^Cn) de E ^ et pour tout t G R+ , posons
w{t) = detis (/i(i),..., fn{t)) • D’après la formule d’Abel, on a, pour tout t :

(35) w{t) = w{0) exp Tr (A(r)) dr

La trace étant une forme linéaire sur (Homic(F?), |||. ||| ) (donc continue puisque Hom/c(F?)
est de dimension finie), on a un réel C > 0 tel que || Tr (A(r)) || < C ||| A{ t ) ||| pour
tout r G 1R+ . Il en découle que l’intégrale Tr (A(r)) dr converge absolument
donc converge. En vertu de (35), la fonction w admet donc une limite en +oo , et cette
limite est w{0) exp ^ T r (A(r) dr) j , donc est non nulle (on a w{0) 7^ 0 parce que
les fi forment un système fondamental de solutions de (S)).. Mais par continuité du
déterminant, cette limite ne peut être que d e t^ (£ (/i), • • •, £{fn)) • Cela prouve que

(36) d e te .... C{fn)) = w{0) exp Tr (A{t ) d r ) j 0

ce qui entraîne bien que l’application AT-linéaire C est un isomorphisme de AT-e.v. (elle
transforme une base en une base).

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§ 3 Équations linéaires scalaires d’ordre > 2
3.1 T héorie classique
Soit I un intervalle non-trivial de IR , et soit a i , ..., an, 6 des fonctions continues
de I dans K ^ où n G N * . On considère l’équation:
(^) 2/^"^ + + ---- h a„y = b
appelée une équation différentielle linéaire scalaire d ’ordre n à coefficients
continus résolue en , avec corps de base K . La fonction b est appelée le second
membre^ et l’équation est dite hom ogène ssi 6 = 0 / - Dans le cas général, l’équation
déduite de en y remplaçant b par 0 / est appelée inéquation hom ogène associée
à ( ^ ) . Bien entendu, si n = 1 , on retrouve les équations linéaires scalaires du premier
ordre résolues en y' étudiées au paragraphe 1.
Pour tout sous-intervalle non-trivial J de 7, on appelle J-solution de (J^) toute
fonction n fois dérivable (p : J K telle que:
J=n

(1) (VteJ)
i=i
L’ensemble des J-solutions de (J^) sera noté J j ( J ') . L’union des ÿj(J^) quand J
décrit l’ensemble des intervalles non-triviaux de I est appelé Vensemble des solutions
de ( T ) . Par définition, intégrer (J*), c’est déterminer l’ensemble de ses solutions. On
peut développer quelques généralités analogues à celles concernant les équations linéaires
à inconnue vectorielle. Evoquons-les ici brièvement, sans nous attarder sur le détail des
vérifications, toutes évidentes:
• Toute solution de (J*) est de classe . Si 6 et les a^ sont de classe avec
P e N (resp. de classe ), toute solution est de classe (resp. de classe ).
• ^ j{ ^ ) est toujours un sous-h"-espace affine de , et dans le cas ho­
mogène c’en est un sous-hT-e.v.
• Si l’espace affine est non vide, alors son espace directeur est îPj {!Fq) , où
(Jo) désigne l’équation homogène associée à {T) .
• On a un principe de superposition des seconds membres.
• Soit Ji et J 2 des sous-intervalles non-triviaux de I avec Ji C J 2 . Pour toute
J 2-solution (f de (J*), on a G . L’application

(2) ^^
est toujours affine, et dans le cas homogène, elle est 7i"-linéaire.
Cependant, il est inutile de poursuivre une étude théorique directe. En effet, nous
allons voir que (J*) se ramène à une unique équation linéaire du premier ordre à inconnue
vectorielle.
Notons = (ei,... ,Cn) la base canonique du K-e.v. E = K'^ . Pour tout t e l ,
Considérons les matrices M{t) G SPTn(K) et N{t) G 97tn,i(7i) définies, si n = 1, par
-^(0 = (~ ^i(0 ) ^ ( 0 = (^(0 ) J et si n > 2 , par:

^ 0 1 0 0 '
0 0 ' 0 '
1 ...
(3) M{t) = ; N{t) =
0
0 ... 0 1
-ai(i). <Ki) >
(donc M{t) est la transposée d’une matrice-compagnon). Notons A{t) l’élément de
Hom/c'(E') de matrice M{t) dans la base canonique, et B{t) = b{t)en ■ On voit que les
fonctions A : I Hom/<'(E) et B \ I E sont continues. Considérons l’équation
linéaire suivante, en l’inconnue vectorielle Y à valeurs dans E , à coefficients continus
et résolue en Y ' :
Y ' = A{t) • y + 5

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22

Les équations {!F) et {S) seront dites associées. En introduisant les fonctions coor­
données (2/1, , pn) dans de la fonction inconnue Y , on constate que (S) se traduit
par le système différentiel linéaire suivant (que nous écrivons pour n > 2 , et qui se réduit
à 2/' = aip + 6 si n = 1 ):
yi = 2/2

(4)
î/n-l = Pn
y'n = - Û n 2/1 - . . . - aipn + b
Il est alors immédiat que pour tout sous-intervalle non-trivial J de 7 :
• Pour toute fonction ^ G ^ j ( S ) , la première coordonnée (p = aj{^) de ^ dans
B appartient à , ce qui définit une application a j :
• Pour toute fonction G , la fonction ^ = Pj{^) = YllZi appar­
tient à , ce qui définit une aplication Pj : ^
• On a p j Oa j = et a j o p j = Idy^(^) .
Par suite, les applications a j et Pj sont des bijections réciproques l’une de l’autre. Il
est d’ailleurs clair que ce sont des bijections affines. Les équations (S) et {^) sont toutes
deux homogènes ou toutes deux non homogènes. Dans le cas homogène, les bijections
et PJ sont des isomorphismes de K-e.v.
L’existence de ces bijections a j et Pj permet de déduire de la théorie des équations
linéaires à inconnue vectorielle développée au paragraphe 2, sans démonstration nouvelle,
le théorie des équations scalaires de la forme {T) . On obtient ainsi les résultats suivants:
T h é o r è m e 3.1
Soit J un sous-intervalle non-trivial de I et soit to e J . L^application
(n - 1 )
Xj,to : K- m )
est une bijection K-affine. Dans le cas homogène, c^est un isomorphisme de K-e.v.
Dans tous les cas, la dimension du K-espace affine est ffnie, égale à n .
Le théorème 3.1 est appelé théorème de Cauchy-Lipschitz des équations linéaires
scalaires d^ordre n .
C o ro lla ire
Soit J\ et J 2 deux sous-intervalles non-triviaux de I tels que J \C J2 • ^application
Qj 2,Ji défínie par (2) est bijective.
D’après ces résultats, pour intégrer (T ) , il sufit d’en déterminer les /-solutions. Ces
dernières sont appelées les solutions m axim ales de {£).
De plus, les corollaires 1 et 2 de la proposition 2.2 entraînent:
P r o p o s itio n 3.1
(I) Supposons que 0 e I et qu’ii existe un réel r > 0 et des séries formelles
S i , ... ,S n ,T à coefficients dans^K, toutes de rajon > r , telles que quel que soit
t G 7n] - r ,r [ , on ait b(t) = f (t ) et ai(t) = Si(t) pour tout i G | l , n ] . Alors
pour toute I-solution p de { T ) , il existe une (nécessairement unique) série formelle
S e K [[X]] de rayon > r telle que (f{t) = S{t) pour tout t e IC\] - r,r[ .
(II) Revenant au cas général, supposons que b et toutes les fonctions a¿ (1 < i < n )
soient U-analytiques sur I . Alors toute I-solution de est U-analytique.

Cas homogène
Etudions maintenant l’équation homogène:

(^o)
2=1
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Équations linéaires scalaires d ’ordre > 2 23

OÙ les üi son t des fonction s con tinu es à valeurs dans K , définies sur l ’intervalle non-
trivial / de IR.
D’après ce qu’on vient de voir, le K-e.v. est de dimension finie égale à n , et
pour tout to £ I , l’application Xj^to ' ^ (v^(^o)> • • • est
un isomorphisme de K-e.v.
D é ñ n itío n 3.1
Dans les conditions ci-dessus, on appelle systèm e fondam ental de solutions de (^o)
toute base du K-e.v. %(^o) •
Rappelons que B désigne la base canonique du K-e.v. E = K'^ . On notera (¿^o)
l’équation homogène à inconnue vectorielle à valeurs dans E associée à (^o) à l’aide
des matrices M{t) et N{t) de (3). On va utiliser les bijections (qui sont ici iiT-linéaires)
a / : ^i{So) ^ S/}(^o) et ^ ^/(^o)

D é ñ n itío n 3.2
Soit (</?!,..., ipn) une suite de n solutions de Véquation homogène (^o) • On appelle
wronskîen de cette suite, et on notera Wronsk<p_i^...^y,^ le déterminant fonctionnel
de la suite (Pi((pi),... ,/3i((Pn)) de I-solutions de (Sq) , autrement dit la fonction:
<Pn{t)
‘p'iit) <Pn{t)
Wronsky,!,...,^^ : I K, d et

D’après le théorème 2.3, compte tenu que Tr(M (t)) = -ai{t) pour tout ^ 6 / , on a
la formule d ’Abel des équations linéaires scalaires d ’ordre n :
T h é o rè m e 3.2
Dans les conditions de la définition 3.2, pour tout {to,ti) e I x I , on a:
rti
Wronsk^i,...,<^^(ii) = Wronsk(^i,...,y,^ ( io ) e x p ( ^ - ^ ai(T )dr

Ce théorème confirme et précise le fait que la suite {(pi,... ,(pn) de /-solutions de


(^o) en est un système fondamental de solutions ssi il existe t^ e I tel que la suite
{ t o ) y , iPiiPn)) (to)) de vecteurs de E est une base de E . Et s’il en est
ainsi, pour tout to e I , cette suite est une base de E .

Variation des constantes


Revenons maintenant à l’équation avec second membre ( T ) , et notons (T q) son
équation homogène associée. Soit (S) l’équation linéaire à inconnue vectorielle à valeurs
dans E associée à {T). Soit (<^i,.. •, </?n) un système fondamental de solutions de
(Jb) • Alors ..., Pi{(pn)) est un système fondamental de solutions de l’équation
homogène (Sq) associée à {£). D’après la méthode générale de variation des constantes
vue au paragraphe 2, si on donne une suite (Ai,..., An) de fonctions dérivables de I
dans K , la fonction X^j” i ^jPi{pj) est /-solution de (S) ssi on a Yl^jZi = B .
Pour tout t e I et pour tout (z,j) G I l ,n p , notons T ij(i) le (z, j)-cofacteur de la
matrice
<^i(¿) <Pn{t)
<P'n{t)

(n-i).
¥>n (Í)
Fixons to € I et appliquons (24) du paragraphe 2. Pour tout {Ci,.. .,Cn) € iï'" , soit
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24 §3

la fonction de I dans E = K'^ définie par

(5) to Wronsk^,„..,^„(T)
j=i '•
Alors /to,Ci,...,c„ e £f/(f) , et l’application AT” ^ ), (C i,..., C„) /«„.c , ....c„ est
une bijection affine. La première coordonnée de /to,Ci,...,c„ dans la base canonique B
est v’fo.c,....c„ , i-e.
j —n ,
}=n t
(6) 'Pto.Cu...,C„ ■ I --- il
Ь{т)^пЛг) d r
Wronsk„ .(•r)
Finalement, on conclut que les fonctions données par (6) sont toutes n fois dérivables,
que ce sont des /-solutions de {T) , et que l’application
. Щ Т) , ( C l,. . . , C n) ^
est une bijection affine. Que ces fonctions définies par (6) soient n fois dérivables est
intéressant, car les fonctions que l’on intègre ne sont que continues. Pour tout j G |1, n j ,
soit Aj la fonction I ^ K , t Cj (t) seule
fois dérivables, mais l’équation = B se traduit par:
j=n

j=i

(7) 3=n

J= 1
j=n

J= 1
et c’est grâce à ces relations que la fonction Yl^jZi ®st quand même n fois dérivable.
Pour faire varier les constantes, dans la pratique, pour chaque i € / , on détermine
les A'j{t) comme solutions du système linéaire de Cramer obtenu en spécialisant en t
les équations (7). On en déduit les Aj par quadratures, et on retrouve ainsi les solutions
sous la forme (6). Il est essentiel de retenir les relations (7) lorsque n = 2:
Í + ^2V^2 =0
\ aW i ^ A W 2 =b

Equations scalaires non résolues


Soit 1 un intervalle non-trivial de R , soit n G N* , et soit a o ,a i,. . . , Un,6 des
fonctions continues de I dans K . On considère l’équation:
(G) -h + • • • -h Unt/ = 6
appelée une équation linéaire scalaire d^ordre n en la fonction inconnue y , à
coefficients continus, sur le corps de base K . L’équation est dite hom ogène ssi
6 = 0 / . Dans le cas général, l’équation (^o) obtenue en remplaçant b par 0 / dans
(Q) s’appelle Péquation hom ogène associée à (Ç) .
Etant donné un sous-intervalle non-trivial J de / , on appelle J-solution de cette
équation toute fonction n fois dérivable de <p : J —>K telle que
(9) (V t e J ) + • • • + an(t)(p(t) = b(t)
et on note ^j(Ç) l’ensemble des J-solutions. C’est un sous-espace affine de J, K ) , et
dans le cas homogène c’en est un sous-K-e.v. Si S^j{G) est non vide, son espace directeur
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Équations linéaires scalaires d ’ordre > 2 25

est SO(ôo) • Mais ici l’éventualité où S/j(ô) = 0 n’est en général pas à exclure (voir les
exemples du paragraphe 1).
Toute restriction d’une solution de (Q) à un sous-intervalle non-trivial est encore une
solution de (G).
On définit, comme pour les équations linéaires scalaires d’ordre 1 non résolues en
y' , la notion de point singulier et de poin t régulier de l’équation (G) : un point
singulier est un point to e I tel que a{to) = 0, et un point régulier est un point to e I
tel que a{to) ^ 0. L’ensemble des points singuliers est fermé dans I puisque ao est
continue, donc l’ensemble des points réguliers est ouvert dans I . Par définition, les
solutions régulières maximales de (G) sont ses solutions sur les composantes connexes
de l’ensemble des points réguliers: leur détermination se ramène, en divisant {G) par
la restriction de ao à une telle composante connexe, à intégrer une équation scalaire
de la forme (^) résolue en à coefficients continus, donc pour laquelle les résultats
précédents sont applicables. La proposition 1.1 s’étend sans difficulté aux équations de
la forme (G). On laisse au lecteur le soin de rédiger un énoncé précis et de la prouver
en détail. On peut résumer cela en disant que si l’ensemble des points réguliers est sans
point intérieur (relativement à / ) , alors pour intégrer (G) , il suffit de déterminer ses
solutions obtenues par raccordement de solutions régulières maximales relatives à un
quelconque intervalle de composantes connexes de Fensemble des points réguliers.

3.2 C om plém ents sur le wronskien


On étend la notion de Wronskien au cas de fonctions quelconques suffisamment
dérivables, sans référence aux équations différentielles. De façon précise, soit I un in­
tervalle non-trivial de R , soit A; G 1^^ , et soit des fonctions k — 1 fois
dérivables de I dans K . On appelle wronskien de ( a i ,... ,nfc), et nous noterons
Wronsku ........ uk 1la fonction de I dans K définie pour tout t e l , par:

( 10) WronskU i, .,„,(i) = d e t f i K f (i)l )


V “- J(i,j)€ (0 ,fc -l)x (l,fc )y

Calculs sur les wronskîens


Dans cette sous-section, on donne un intervalle non-trivial I de R , et un entier
A; > 1.
• Soit des fonctions A;—1 fois dérivables a i , . . . , ajfc de / dans K , soit une matrice
^ ^ SPÎfe('i^) ) et soit les fonctions A; —1 fois dérivables t>i,... de
I dans K définies par Vi = Z)j=i • En dérivant ces relations A; - 1 fois, et
en utilisant la multiplicativité du déterminant par rapport au produit de matrices, on
obtient:
(11) Wronskvi,...,vfc = det(i4) Wronskui,...,ufc
• Soit J un intervalle non-trivial de R et soit y) : J ^ I une fonction A;- 1 fois
dérivable. Soit t¿i, . . . , des fonctions A; —1 fois dérivables de I dans K . Pour tout
i G [ l , n j , notons Wi = Ui O( f . Les fonctions w i ... sont k fois dérivables. Pour
tout m G fl. A; - Ij et tout i G |1, A;], on a:
i=m—l
(12) O (^')’" + ^ Otp^ Fm,ii<p',
i=l
où Fm.i désigne, pour tout (m, i ) , un polynôme à coefficients entiers naturels en m
variables. En manipulant les lignes du déterminant d e t
utilisation de (12), on obtient facilement:

(13) Wronskiyi,...,^;t = (Wronskui,...,ufc o<^)


• Soit u i , . .. ,Uk comme ci-dessus, et soit une fonction dérivable / : / ^ . En
utilisant la formule de Leibniz donnant les dérivées successives d’un produit, on obtient
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26 §3

sans peine (toujours par manipulation du déterminant):


(14) VJronskfui,...juk = /^Wronsk^i,...,ufc
• Voici maintenant un intermède algébrique, où l’on prouve un cas particulier d’une
formule générale de Jacobi. Soit ü un corps commutatif. Soit un entier n > 2 ,
soit An = (ûi,j)(ij)e|i,nl2 ^ 27ln(f2) et An = d e t( ^ n ) . Soit An-2 la sous-matrice
„_2p de An et Z\n-2 son déterminant (si n = 2 , la matrice An-2 est
indexée par 0 , et on convient que son déterminant est 1 ). Pour tout (г, j) € [ l,n p ,
soit bij le (г, j)-cofacteur de An .
L e m m e 3.1
Dans les conditions ci-dessus, on a:
bn—1,71-1 bn,n—l ^ j

Dém ons tration :


AnAn-2 = d e t

a ^71—1,71 ^71,71 J J
Soit M la matrice carrée d’ordre n à coefficients dans i? dont les n —2 premières
colonnes sont les n —2 premières colonnes de la matrice unité I n , et dont les deux
dernières colonnes sont les transposées des vecteurs-lignes {bn-ij)i<j<n et {bnj)i<j<n •
En effectuant le produit matriciel A n M , on obtient AnS = det(AT), où l’on a posé
6 = det( ( bnn-1 1 ^ et où N désigne la n-matrice carrée à coefficients dans
\ V O n —l , n O n ,n J /
K dont les n —2 premières colonnes sont les n —2 premières colonnes de An , et dont
les deux dernières colonnes sont les transposées des vecteurs-lignes (0, ... , 0, Z\n,0) et
( 0 ,..., 0,0, An ) . La matrice N est trigonale par blocs, son déterminant est A n - 2{^n)^ •
On a donc A n - 2{ ^ 7i)‘^ = AnS. Si An ^ 0, l’identité voulue 6 = AnAn-2 en
découle. Le cas général s’en déduit en appliquant le principe de prolongement des iden­
tités algébriques (si Ü est fini, on le plonge dans le corps Q{X) des fractions rationnelles
en une indéterminée X sur i? , ce qui ramène au cas où Q est infini) ■

• Soit un entier n > 3. Soit ui,...,Un des fonctions n - 1 fois dérivables de I


dans K , et supposons que Wronsk^ii,...,Un_i reste ^ 0 sur I . En dérivant par colonnes
les déterminants qui définissent Wronsk^ii,...,u„_2,u„ et Wronsk, .1 et en utilisant
le lemme 3.1, on obtient:
d /Wronsk„i,...,u„_j,„„(i)\ Wronsk,■ U i,...,U n _ 2 (i) Wronsk«,... (t)
di \ W r o n s k « , , , ( i ) J (Wronsk«,,.
Cette relation reste vraie pour n = 2 moyennant les habituelles conventions de notation
(le numérateur du membre de gauche est à remplacer par U2{t) , et au membre de droite,
Wronsk^ii,...,tin-2(0 est à remplacer par 1 ).
On déduit des relations (15) le peu évident théorème suivant:
T h é o rè m e 3.3
Soit un entier n > 2 . Soit u i , ... ,Un, f des fonctions n fois dérivables de I dans
K . Pour tout k e | l , n | , posons Wk = Vlronsku^,...,uk • Supposons que Wk{t) 7^ 0
pour tout (k,t) G |[l,n| X / . Soit Wq = Wn+i = 1/ (fonction constante sur I de
valeur 1 ). On a (les dérivations écrites ayant un sens, comme on le vérifie aisément;
et les valeurs des fonctions indiquées étant prises au point t e l ) :
Wronskui,...,ii„,/ = W
d f(Wn-iy d f d /(^2)2
^n+iW^n-i ■dt VVK„_2iy„ ' d t \ " dt di Vvi'oVKî JJ

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Équations linéaires scalaires d^ordre > 2 27

Démonstration:
Posons ^0 = / et, si r G [ l ,n ] , posons = ^^onskui,...,ur,f • Il découle de (15)
que W n iii^ n -i) - = W n-i^n , d’où;
<?„ VF„ d Wn d fW n-l ^n-l
Wn W n-i (VF„)2 W n-i d t\W n J W n-i dt V Wn W n-i
Wn d ( {Wn-IŸ W n-2^n-l
W n-l d t\W n W n -2 {W n-lY
Mais en utilisant à nouveau (15), on a ~ donc itérer le
processus, on arrive ainsi jusqu’au terme ('^) ’‘
ï'*
* réduit plus I

Wronskien et dépendance linéaire


Reprenons l’intervalle non-trivial / de [R et les fonctions A; — 1 fois dérivables
u i , ..., Ufe de I dans K (où A: G N "*" ). Il est clair que si la suite (îxi,..., u/c) est R"-liée,
alors Wronsk^4i,...,ufc = 0 / (donc si Wronskui,...,ufc ^ 0 / , alors la suite ( u i,...,
est RT-linéairement indépendante). La réciproque de cette propriété est fausse:
Exem ple 3.1 :
Prenons k = 2 et / = I Soit Ui : et г¿2 : / —>IR définies par:
SI t < 0 SI t < 0
Ui{t)
- i U SI t > 0 lo si t > 0

Ces fonctions sont de classe et vérifient trivialement Wronsk-m,-it2 = 0 / , mais il


est clair qu’elles sont néanmoins C-linéairement indépendantes ^
Si les Ui sont analytiques réelles, on montre facilement que Wronsk^i,...,^^^ = 0 /
entraîne que ui ^.. ,,Uk sont liées. En dehors de ce cas évident, voici des cas intéressants
où cette assertion demeure vraie, en liaison avec la théorie des équations linéaires scalaires
d’ordre quelconque. Etablissons d’abord un résultat préliminaire:
P r o p o s itio n 3 .2
Soit un entier n > 1. Soit des fonctions tii,... ,Un de I dans K de classe ,
telles que W = Wronski^i^...^-^^ ne s^annule jamais sur 7. Il y a alors une suite
( a i,... ,ttn) et une seule de fonctions continues de I dans K tel que (г¿l,... ,Un)
soit un système fondamental de solutions de Féquation linéaire scalaire (avec corps
de base K ):

(^ )
i=l
Ce système est Funique suite définie par la condition que pour toute fonction f :
I K de classe , on ait:

^ W ronsk„j,.
i=l
identité obtenue en développant par rapport à sa dernière colonne le déterminant qui
définit Wronsk^i,...,ti„,/.
Démonstration:
En vertu des hypothèses, les ai définies dans l’énoncé sont continues, et les Ui sont
/-solutions de (.F) Comme W ^ 0 j , \ e s {ui)i<i<n sont Tf-linéairement indépendantes,
donc elles forment bien un système fondamental de solutions de .
Montrons maintenant l’unicité des a i . Soit Yi le vecteur-colonne de fonctions trans­
posé du vecteur-ligne (ui, ..., . Soit 6 i,.. . , 6n des fonctions continues de I
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28 §3

dans K telles que (u i,. . . , u„) soit un système fondamental de solutions de l’équation

{Q) y
in) + =0
i=l
Soit b = (6i,. .., 6n). Notons Mb la matrice-compagnon (dont les coefficients sont des
fonctions) définie par:
^0 1 0 0 '
0 0 1
M b ^ 0
0 ... 0 1
< ~ b fi -6 2 -6 1
Soit y la n-matrice carrée (dont les coefficients sont des fonctions) de vecteurs-colonnes
y i ,. . . , • Pour tout t G / , on a y'(t) = Mb(t)y{t). Mais y{t) est inversible pour
tout t , car W{t) ^ 0 pour tout t . Donc pour tout t G / , on a Mb{t) = y'{t) {y{t))~^ .
En définissant Ma comme Mb mais à partir de la suite (a i,...,a n ) à la place de
(6i,.. . , 6n), on verrait de même que Ma{t) = y'{t) {y{t))~^ pour tout t £ I . On en
déduit que Ma{t) = Mb{t) pour tout t G / , ce qui équivaut visiblement à ai = bi pour
tout i G |l,n ] ■

Voici maintenant trois théorèmes qui assurent la dépendance linéaire de fonctions


moyennant la nullité de leur wronskien plus certaines conditions. Le premier de ces
théorèmes, que voici, rappelle un peu le théorème de Rouché des systèmes linéaires en
Algèbre:
T h é o rè m e 3.4
Soit un entier k > 1. Soit I un intervalle non-trivial de R , et soit u i ,. .., Ufe+i des
fonctions de classe de I dans K . Supposons que Wronskm,...,ufc+i = 0 / et que
Wronskni,...,nfc(0 0 pour tout t e l . Alors Uk+i e V e c t ( u i , ... ,Ufc)
Démonstration:
Appliquons la proposition 3.2. Soit a i , ... ,afc les fonctions continues de I dans K
telles que ( u i,... ,Ujb) soit un système fondamental de solutions de l’équation
i=k
(k) {k-i) _= 0
(^ ) y
¿=1
Pour toute fonction k fois dérivable / : 7 AT, en posant W = Wronsk^l,...,г¿fc , on a:
i=k
(16) f(k) + ^ /(*: ^ Wronskuj, -,UkJ
i=l
En appliquant (16) avec / = Uk+i, on voit que Uk+i est /-solution de (J^). Puisque
{ui,...,uk) est un système fondamental de solutions de ( ^ ) , on a donc bien
Uk+i £V e c t{ u i ,. . ., U k ) ■

Le second théorème, que voici, montre que pour les solutions d’une même équation
différentielle linéaire scalaire, le wronskien teste la dépendance linéaire:
T h é o r è m e 3.5
Soit un entier n > 1 et soit m € [ l , n |. Soit o i ,... ,a„ des fonctions continues de
I dans K . On considère l ’équation linéaire scalaire (avec corps de base K ):

(^) y
i= l
Soit ui,...,Um des éléments de tels que Wronsk„i,.,.,„„ = 0 / . Alors
a i , . .., Um sont K-liées.
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Équations linéaires scalaires d'ordre > 2 29

Démonstration :
Soit k le plus petit entier r G |[l,m] tel que W r o n s k ^ i,...,^ ^ = 0 / . Si A; = l , o n a
^1 = 0 / , donc la suite (u i,..., est K-\\êe.
Supposons k > 2. On a Wronskiti,...,ufc_i ^ 0 / , donc ixi,.. . , u^-i sont
linéairement indépendantes. Par continuité de ]/^rons]<:ui,...,Uk-i »on a un sous-intervalle
non-trivial J de / tel que Wronsk^i,...,^*._i (t) ^ 0 pour tout t e J . Comme les Ui
sont de classe (car elles sont de classe le théorème 3.4 montre qu’on a
Uk\j € V e c t ( n i| ^ , . . . ,i f c A : - i| ^ ) . Soit to e J . Soit ( A i , . . . , A f c - i ) G K^~'^ tel que
'^k\j = A j(uj|^). D’après le corollaire du théorème 3.1, on en déduit que
V = O i , d’où Uk G V e c t ( г ¿ l , ... ,U fc_i) ; a fortiori, la suite ( u i , . . . , U m ) est K -
linéairement dépendante ■

Le troisième et dernier de ces théorèmes consiste en un raffinement, dû à Frobenius,


du théorème 3.4:
T h é o rè m e 3.6
Soit un entier k > 1. Soit I un intervalle non-trivial de IR, et soit u i ,. .. ,Uk+i des
fonctions k fois dérivables de I dans K . Supposons que Wronskui,...,ufc+i = O j et
que Wronsk^j,...,u^(t) / 0 pour tout t e l . Alors Uk+i G Vect(г¿l, ...,Uk).
Démonstration:
Pour tout t e l , soit U(t) la matrice (nl-^^(t)j , et soit D i ( t) ,
. . . , Dn(t) la suite des cofacteurs de sa dernière ligne. Soit encore V(t) la matrice
" K.i)(i,i)e[o,fc-ilx(i.fcl la matrice des cofac-
teurs de V(t) (comatrice de V{t)).
Par hypothèse, on a Dk-\-i{t) = Wronskui,...,ufc(0 ^ 0 pour tout t e l . Puisque
det(M (t)) ^ 0 pour tout t , on a:
j-k+i
(17) (Vr G |0,/c] ) Hr = 0, avec Hr = ^
i=i
Si r G |[0, A: - I j , on a 0 = - Hr+\, ce qui donne:
j=/c+l
(18) ( V r e [ 0 ,f c - 1 ] )
3= 0

On déduit de (18):
r=k—\
(19)
( j= k + l \ j = k+ l /r = k -l
(r)

r=0 V i3=
= 1l J/ J=1i = l \ r=0

(r)
Mais pour tout j G |2, fcj, on a Ylr=o = 0- Pour j = 1, on obtient
= àet{V{t)) = D k^iit) . Enfin:
’ Uk+l U2 Uk \
r=fc-l u '2
(r) <+l u'k
E
r=0
W'r.lWjk+l = d e t = -D i

“fc+1 U2 /

Donc (19) se réduit à:


(20) D[Dk+i - =0
Comme Djfc+i(t) ^ 0 pour tout t G / , la relation (20) montre qu’il existe C\ e K tel
que D\ — C\Dk-{.\. On verrait de même que pour tout j G [ 1,A:J , on a une constante
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30 §3

Cj e K telle que Dj = CjDk+i ■En écrivant (17) avec r = 0 , on en déduit:

(21) I Uk+i + ^ C jU j I Dk+i = 0


j=i
et comme Dk+i{t) 0 pour tout i e / , en définitive, on a Uk+i + CjUj = 0,
d’où Uk+i 6 V e c t(u i,... ,ît*;) B

Notions sur la théorie de Polya


Dans ce qui suit, on fixe un intervalle non-trivial / de IR . Pour tout n G N * , on
notera T>n-i{I,K) l’ensemble des fonctions n - 1 fois dérivables, c’est un sous-fsT-e.v.
de %^{I,K).
Pour tout t € I , tout n € et toute fonction / 6 T>n-i{I,K), on notera
i/n,t(f) = 0 si f{t) 0, et, si f{t) = 0, on notera t'n,t(/) = 1 -l-m, où m désigne
le plus grand entier k € [0, n —1| tel que (f) = 0 pour tout r € |0, fc]. On a
donc toujours i'n,t{f) € 10,n j . Si la famille ^ support fini, on posera
Mn(/) = ^'n,t(/), et sinon, on posera fi{f) = + o o . Le symbole +oo se manipule
ici comme pour la valuation des séries formelles. Si l’entier n est fixé et si cela n’entraîne
aucune confusion, on écrira Ut et ¡i au lieu de î/„,( et fin ■
T h é o r è m e 3 .7
Soit f € T>n-i{I, IR), et supposons n > 2. On a p n - i { f ) > Mn(/) - 1
Démonstration:
Pour tout entier p > 1 et toute fonction g G ÜT), on a (jip{g) = 4-oo ssi
l’ensemble ^“ ^(0) est infini.
Si /in(/) = + 00, l’ensemble / “ ^0) est infini, donc d’après le théorème de Rolle,
l’ensemble / ' ” ^(0) est aussi infini, d’où p n - i( /0 = • Dans ce cas l’inégalité voulue
est donc vraie.
Supposons maintenant < + o o , i.e. que l’ensemble / “ ^(0) est fini. Il est clair
que si fJ>n(f) < 1, il n’y a rien à prouver. Plaçons-nous dans le cas où > 2, et
soit Z = J d’où alors Z 0.

Cas où c a r d (Z) = 1

On a Z = {to} , où to e I . Alors
M n - l ( / ) ^ ^ n - l , i o ( / ) ~ ^n,to{f) — 1 = M n (/) “ 1

Cas où c a r d {Z) > 2

Notons N = c a rd (Z ) . D’après le théorème de Rolle, / ' s’annule au moins N - 1


fois sur I \ Z . De plus, pour tout t G Z , on a ~ - 1 ; d’où:
> N - 1 + Y, K t(/ ) - i ) = n - i - n + J 2 ’' nAf) = -1 + f^nif)
t£Z
ce qui achève la démonstration

Il est utile de noter ici que pour toutes fonctions / G K) et G e T>n-i{I, K)


(où n est > 1 quelconque), on a JAn.tidf) ^ ^n,i(/) PO^r tout i G / , et par suite
fJ'Tiigf) > Mn(/) (avec égalité si g ne s’annule jamais).

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Équations linéaires scalaires d^ordre > 2 31

D é fin itio n 3.3


Soit une équation linéaire scalaire:
(n )
(^) y
i=l
OÙ n est un entier > 1 , où les ai sont des fonctions continues de I dans K , et où
le corps de base est K . Un système fondamental (г¿l,..., t^n) de solutions de (^)
est dit régulier ssi Wronskui,...,ufc(0 ^ ^ ^ •
Pour n = 1, tout système fondamental de solutions est régulier, puisqu’une base de
Sf/(^) est alors constituée par la fonction t ^ exp cli{t ) dr j , où tq E I est fixé
quelconque.
Pour n > 2, l’équation {^) peut ne pas admettre de système fondamental régulier
de solutions.
T h é o rè m e 3.8
Avec les hypothèses et notations de la définition 3.3, supposons que (T) admette un
système fondamental régulier (г¿l,..., Un) de solutions, et que K = R . Alors pour
toute f G \ {0/} , on a pn{f) < n .
Démonstration:
D’après l’hypothèse, on a ui(t) ^ 0 pour tout t e l . Soit / G \ { 0 /} • Si
/ G R •U i, il n’y a rien à prouver. Supposons désormais que f ^ R-ui (ce qui implique
n > 2). Comme / G V e c t ( u i , ... ,Un) , on peut alors définir l’entier k égal au maxi­
mum des entiers j G |1, n - l j tels que le système de fonctions (г¿l,..., Uj,f) soit IR-libre.
Comme le système (г¿l,..., г¿fc, /) est IR-libre et comme le système (г¿l,..., Uk-\-i,f) est
[R-lié, on a Uk+i = O i f avec des réels a , X i , ... ,Xk et, nécessairement,
a ^ 0. On en déduit que Wronskui,...,ufc,ufc+i = û:Wronskt4i„...,nfc,/ • D’après l’hypo­
thèse, on voit donc que la fonction g = Wronskui,...,^^,/ ne s’annule jamais sur I .
Posons W q = 1 / et Wj = Wronsk^i,...,^^. pour tout j G [ l ,n ] . Le théorème 3.3 est
applicable à l’ordre k avec u i , ... ,Uk , ce qui donne:
_ Wk d f{Wk - l)^ d f d f { W 2)^ d /(VPi)2
^ W k-i ■ dt \W k - 2Wk ' d t \ ' " dt \ W 1W3 ■ di \ W 0W2
Si on avait Pn{f) > n , \ e théorème 3.7, compte tenu de la remarque qui le suit, donnerait:
Pn-i (î^ )) ^ ^ proche en proche:

Pn-kiy) — Llrtn —
— P - k II ^
di \W k - 2Wk ■ dt
donc pn-kid) > 1, car k < n - 1 . C’est absurde, car g reste ^ 0 sur I . Cette
contradiction montre que P n { f ) < n

C o ro lla ire
Avec les hypothèses et notations du théorème 3.8, soit p G , et soit m i,... ,mp
des entiers > 1 tels que rui = n . Soit (ti,...,tp) G P avec t\ < t 2 < " • <tp .
Soit I Pensemble —1], et soit (cii,j)(ij)eT une famille de réels. Alors
réquation admet une solution f et une seule vérifiant = ü ij pour tout
(i,j) G I .
Démonstration:
Considérons l’application R-linéaire

^ ''(hj)ei
Si U e Ker(L ) , il est immédiat que Pn{u) > n . D’après le théorème 3.8, on a donc
Ker (L) = {0/} . Comme dim(£f/(/*)) = n , il en découle que L est bijective, d’où le
corollaire ■
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32 §3

Exem ple 3.2 :


Avec / = [R , l’équation y'' - y = 0 admet le système fondamental régulier (u\^U2) ,
où Ui{t) = et U2{t) = ; mais l’équation y” y = 0 n’admet aucun système
fondamental régulier ^

3.3 É quations du typ e de Fuchs


Soit un entier n > 2. On appelle équation du type de Fuchs d'ordre n toute
équation différentielle linéaire scalaire, à fonction inconnue à valeurs dans C , définie sur
un intervalle non-trivial I de R * admettant 0 pour borne inférieure, et de la forme:
k= n
( 22) ^ny{n) + =0
k= l

OÙ chaque fonction ük est la somme sur I d’une série entière convergente. Remarquons
que toute équation différentielle linéaire scalaire de la forme:
k= n
(23)
k= 0

OÙ les ük sont des fonctions continues définies sur I , développables en série entière à
l’origine et où üq ne s’annule pas et est de limite non nulle en 0, se ramène, sur un
sous-intervalle convenable de / , à une équation du type de Fuchs de la forme (22) par
simple division par üq .
Un intervalle du type indiqué ci-dessus sera appelé un intervalle du type de Fuchs.
Fixons un intervalle I du type de Fuchs. On appelle fonction du type de Fuchs sur I
toute fonction de I dans C de la forme x ^ x^S{x) ^ où A € C et où S est la somme
sur I d’une série entière convergente (rappelons que par définition, x^ = , ce
qui explique la condition I C R+ ). Remarquons que les fonctions du type de Fuchs
définies sur I ne forment pas un sous-espace vectoriel de l’espace de fonctions de I
dans C . Tout ce qu’on peut en dire du point de vue algébrique, c’est qu’elles forment
évidemment un cône vectoriel. En prenant A = 0, on voit que les fonctions de I dans
C égales à la somme d’une série entière convergente dans I forment un C -e.v. contenu
dans le cône des fonctions du type de Fuchs sur I .
Dans ce qui suit, pour tout intervalle I du type de Fuchs, nous noterons ^(7) le
cône des fonctions du type de Fuchs sur 7. Pour tout A G C , nous noterons ^ a(-^)
le cône privé de {0} constitué par les fonctions du type de Fuchs sur 7 de la forme
X i-> x^S{x) , où S désigne la somme d’une série entière de valuation nulle convergente
dans 7. Il est clair que pour (A, p) G C^ avec A ^ /i , on a n 5^^ = 0 . Les éléments
de ^ \ { I ) pour A fixé seront appelés les fonctions de Fuchs d'indice A sur 7. Pour A
donné, l’ensemble 2J a(7) = {0}U {\JkeN^X-\-k{I)) est le C-e.v. des fonctions du type de
Fuchs de la forme x x^S{x) ^ où S désigne la somme d’une série entière convergente
dans 7 . On a donc S^(7) = Ux^cfOx{f) . Un élément / G ^ \ { I ) sera dit normalisé ssi
la série entière S convergente dans 7 telle que f{x) = x^S{x) pour tout x G 7 a son
terme constant égal à 1.
Fixons un intervalle 7 du type de Fuchs. Soit A G C et / G ^ x { I ) . Notons
{'^k)keN les coefficients de la série entière S telle que f{x) = x^S{x) pour tout x e I .
On a donc, pour tout x G 7 :

(24) /(^ ) = '^UkX^+'^


k=0
Comme la fonction Ex : x x^ est de classe sur R_,_ et comme elle vérifie
^A^^ = A(A - 1) • ■• (A - P -h l)Ex-p pour tout p G N , la fonction / est de classe
sur 7, et en appliquant la règle de dérivation d’un produit, on constate que ses dérivées
successives sont données par dérivation terme à terme du développement (24), i.e. pour
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Équations linéaires scalaires d ’ordre > 2 33

tout P G 1^ et tout X G / :

(25) = ¿ ( A + A:)(A + k - l ) - - - ( X + k - p + l)wfci^+'=-P


k=0

Le théorème de Fuchs
Reprenons une équation du type de Fuchs d’ordre n de la forme (22) sur un intervalle
I du type de Fuchs. Pour tout A G C et pour toute fonction / G ^ \ { I ) , il découle de
(25) que quel que soit k G |0 ,n j , la fonction / C , x i-^ x^” ^/^^“ ^^(x) appartient à
^ \ { I ) . Il est donc naturel de chercher des solutions particulières de (22) dans le C-e.v.
!Oa(/) . Pour tout P G [ l ,n ] , nous noterons {ap^k)k€M les coefficients du développement
en série entière de üp . Pour tout p G 1^ , on notera iBp{X) le polynôme:
i—p—l
(26) Sp(X )=n(^-»)
i=0
(on a donc Bo{X) = 1, et Sp{X) est de degré p.)
Soit A G C , soit f G Sx{^) normalisée. Notons s = '^k^f^UkX^ la série entière
formelle telle que /(x) = x'^ x G / . On a donc uq = 1. En
utilisant (35), on a, pour tout x G / :
p=n oo
(27) cc"/(")(x) + ^
p=l k= 0

avec, pour tout k e N :


p = n i= k
(28) Fk{X) = Sn{k + X)uk + p { k -\- X- i)u k -i
p = l i=0

En particulier, on a, compte tenu que uq = 1:


p= n
(29) Fo(A) = >6'n(A) H~ ^ ^ Q^p,o-^n—p(^)
p=i

Le polynôme X{X) = Sn{X) + Z)p=i ^p,o^n-p(-^) est appelé le polynôme caractéris­


tique de l’équation (22). Il est de degré n , de coefficient dominant . Une condition
nécessaire pour que / soit /-solution de (22) est: X(A) = 0 . Les racines de X{X) sont
appelées les valeurs caractéristiques de (22). Il en existe au moins une (le corps C est
algébriquement clos). Remarquons que (28) se met sous la forme:
i= k /p = n \
(30) Ffc(A) = F q(A + k)uf^ + ^ ^ i ^ ^ Oip^iBji—p(^X k— Uf^—i
i= l \ p = l /

Soit maintenant A une valeur caractéristique de (22), et notons f \ et s \ la fonction


/ ci-dessus et la série formelle associée, mais avec cette valeur de A. Supposons que
Fo(A 4- A;) ^ 0 pour tout A: G N * ; alors par une récurrence immédiate, on voit qu’il
existe une suite complexe {Uk)keN unique telle que Uq = 1 et, pour tout A: > 1 :
i= k /p = n \

(31) -Fo(A H- k)Uk H" ^ ] I ^ ^ Oip^i$n—p{X 4" A: —î) J Uk—i — 0


i= i \p = i /

On notera S\ la série formelle ^kX ^ . D’après cette étude, si f \ est /-solution


de (22), nécessairement sa = S\ , Réciproquement, il est clair que si S\ est convergente
et que son intervalle de convergence contient / , alors la fonction du type de Fuchs
normalisée / -> C : x i-^ x^S\{x) est /-solution de (22).
Le théorème suivant est appelé Théorème de Fuchs:

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34 §3

T h é o r è m e 3.9
Soit X une valeur caractéristique de l'équation (22) telle que X{\ k) ^ 0 pour
tout k . Soit Sx la série formelle Y!,keN où Uq = l et où les Uk pour
k > 1 sont déterminés par les relations de récurrence (31). Alors la série formelle S \
est convergente, son disque ouvert de convergence contient I , et la fonction du type
de Fuchs normalisée C , a; i-^ x^S\{x) est I-solution de (22).
Démonstration:
D’après l’étude ci-dessus, tout revient à prouver que S\ est convergente et que son
disque ouvert de convergence D contient I .
Soit un réel (5 > 0 tel que ]0, (5[c I . Nous allons montrer l’existence d’un réel
M > 0 tel que \ Uk\S^ < M pour tout k . Il en découlera que le rayon de convergence
de Sx est > 6 . Puisque 6 est arbitraire, soumis à la seule condition ] 0, (5[ C I , cela
entraînera que I C D .
Choisissons un réel B > 0 tel que |5m(A + ^) | < pour tout entier £ et tout
m e [1, n - 1]. Posons î] = . Pour tout p e |1, n j , on a Op^i —►0. D’autre part
le terme dominant de Fq{X) est X ” et celui de Bq{X) est X^ pour tout q . On peut
donc choisir un entier N >1 tel que | ap^i \6^ <r] pour tout p G |l,n ] et tout i > N ,
et que pour tous entiers £> N et m G [1, n - 1], on ait (1 - < \ Fo{X £)\- Pour
tout entier A; > AT, on a, en notant A le maximum des réels (| Op^i |)i<p<n,o<i<N :
\Fç,{X^k)Uk\<
i=N /p=n \ i=k / p=n \
^ E E I “ p .i« n - p (A + fc - i) I I I+ ^ ^ 1 ap,iSn-p{X + k - i ) \ ] \ U k - i \
¿=1 \ p = l / ¿ = N + l\p = l /
i=N i=k
< ^ I I+ ^ nT]6-^\Uk-i\
i=l i=N+l
d’où en divisant par | Fo(A + A;) | :
i=N i=k
ABn Bnrj
\Uk\< E
(1 - rj)k i=N+l,
(32) i—k
i4(l + 2Bn) . 1 ^
\Uk-
z=l i=N+l
Soit un entier > N tel que ^ Mini<i<Tv(<5“ ^). Soit M le maximum
des réels \Uq\6^ pour 0 < q < N ' . Montrons par récurrence que \Uk\S^ < M pour
tout entier k . C’est vrai pour k < N ' . Soit A; > iV', et supposons que \Ue\S^ < M
pour tout ^ < A; - 1 . D’après (32), on a:
i=N - i=k
1
\ Uk \ < M($’ - k - i < *+ = M6-
i=l i=N+l
ce qui poursuit la récurrence. On a donc bien \Uk\6^ < M pour tout k e N , ce qui
achève la démonstration ■

Pour toute valeur caractéristique A de (22) pour laquelle X(A + A;) 0 pour tout
k e N ^ , la solution fx : / —►C , x x^Sx{x) de (22) définie par le théorème 3.9 sera
appelée solution normalisée du type de Fuchs associée à A de l’équation (22).
C o ro lla ire 1
L'équation (22) possède au moins une I-solution du type de Fuchs.
Démonstration:
En effet, étant de degré n , le polynôme caractéristique X{X) de (22) possède un
nombre fini p de racines tel que 1 < p < n . Toute racine A de X{X) de partie réelle
maximum vérifie de manière évidente la condition X(A + A;) 7«^ 0 pour tout A: G N * ■
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Equations linéaires scalaires d ’ordre > 2 35

Le corollaire qui suit peut être considéré comme une extension de l’assertion (II) de
la proposition 3.1:
C o ro lla ire 2
Supposons que le polynôme caractéristique X{X) de Véquation (22) se décompose
dans C [X ] en n facteurs simples:

X{X) = П ( ^ - Ai)
i=l
et qu^on ait - Xj ^ Z pour tout ( i j ) G [ l,n p tel que i ^ j . Pour tout
i e |l , n ] , soit ipi la I-solution normalisée du type de Fuchs de (22) associée à A .
Alors (<piy.. . , (pn) est une base du C-e.v. 9j des I-solutions de (22).
Démonstration:
Le C-e.v. 5// est de dimension finie égale à n (théorème 3.1). Il suffit donc de montrer
que les fonctions . .., <^n sont C-linéairement indépendantes. Il est clair que la partie
principale de (pi au voisinage de 0 est la fonction 'ipi = : / —> C , a: . Il
suffit donc de montrer que . .., sont C-linéairement indépendantes. Comme on a
'tpiix) = pour tout a; G / , il suffit de montrer que quel que soit un intervalle
non-trivial J de R , les fonctions 6i^j : J —►C , t (où i décrit |l , n j ) sont
C-linéairement indépendantes. C’est une conséquence immédiate de la remarque 4.1
ci-dessous ■

Exem ple 3.3 :


Soit (a,^ ) G C * X C ^ . Nous allons intégrer l’équation différentielle linéaire du
second ordre du type de Fuchs suivante, définie sur et où la fonction inconnue y
est à valeurs complexes:
{3) x^y'\x) + x y \x ) - {a^ + Px)y{x) = 0
Quitte, si nécessaire, à changer a en —a , on peut supposer !R(a) > 0. Le polynôme
caractéristique de (S^ est X{X) = X'^ —o? . Les valeurs caractéristiques sont donc a
et —a . La relation de récurrence (31) se réduit ici à:
(33) (/c + 2A)C/fc=№ _i
Pour toute valeur caractéristique X — ea (où £ G {-1,1}) telle que X(A -h A:) / 0 pour
tout A; G , la série formelle S\{X) = déterminée par les relations
(31) et C/a,o = 1 est:
Pk
5еа(Х) = 1 + £
A;!(A; -h 2ea){k - 1 + 2ea) •••(! + 2ea)
et son rayon de convergence est infini (ce qui d’ailleurs est manifeste par examen direct).
D’après le corollaire 2 du théorème 3.9, si 2a ^ Z , une base du C-e.v. 5% des
_i_-solutions de {Щ est {(Pa^^-a) J où pour tout € G { - 1 , 1 } et tout x G

(34) (Pea(x) = [ 1+ ^ - ■X
A:!(A; + 2ea){k - 1 + 2б:а) •••(! + 2ea)

Cas où 2a GZ

Posons alors P = 2 a, d’où p e (puisque 9î(a) > 0 ) . Le théorème 3.9 donne


alors la IR*-solution du type de Fuchs Ф suivante, déduite de l’expression (34) (où l’on
a pris 6: = 1 ), et de transformations numériques élémentaires:

(35) (VxeR*) Ф(а;) = х М 1 + ^


^ A :!(A :+ p )!'
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36 §3

Comme le C-e.v. est de dimension 2 (théorème 3.1), pour intégrer sur R * ,


il suffit d’en déterminer une /-solution C-linéairement indépendante de ^ . Pour cela,
cherchons une fonction deux fois dérivable r : R * C telle que la fonction
X I— ►^{x) Log(a:) + x~ ^r {x )
soit ] 0, iî [-solution de ( ^ . La condition nécessaire et suffisante que doit vérifier T pour
qu’il en soit ainsi est l’équation différentielle:
x r ”{x) 4- (1 - p)r'{x) - P t {x ) = - 2 x ° ‘^ \ x )
Pour tout réel a; > 0, on a -2x^^'{x) =
(36) tüo = • • • = Wp-2 = 0 ; Wp-i = - p
Le second membre de l’équation (^ étant une fonction entière, il est naturel d’en chercher
les solutions entières.
La recherche des séries entières formelles V = YlT=o'^k^^ ^ C[[X]] qui vérifient
formellement ( ^ conduit à la relation de récurrence:
(37) ( Vf c e N) (A: + l)(/c + 1 - p)vk+i - pvk = Wk
Compte tenu de (35) et (36), la résolution des équations (37) en les inconnues Vk est
immédiate. Les solutions sont données par:
up arbitraire
Vp-1 E
0
(38)
Vp^l^r = ( - l y ^1 % -r )! pour 2 < r < 2 9 - 1
, '^fc+1 = (fe+i)(fe+i-p) iPvk + Wk) pour tout k > p
Les séries formelles V cherchées forment donc une droite affine 2). Notons Vq, ...,
les valeurs vq,. .. ^Vp-i données par (38), et notons V = 2ik>p+i la série formelle
de valuation p-\-l donnée par celles des relations (38) relatives k k > p y avec la condition
initiale Vp = 0 . La droite affine 2) est l’ensemble des séries formelles:

(39) V (X ) + AXî’5 |( X ) + ^ 2
^ k=o J A ec
où S e (X) — 1 4- YlT=i k\(k+p)\ (série formelle dans la parenthèse de (35)).
• Explicitation de V

Notons S e {X) = Ylk>o'yk^^ • On a donc 70 = 1 et 7^ = pour fc > 1 . De


plus, les 2fi vérifient la relation de récurrence:
(40) (Vfc>l) {k + l)kjk = l3^k-i
On en déduit les coefficients Wk à partir de
(41) ^ WkX'^ = - ^ (2 fc + p)7fcXP+'=-
fc> 0 k>0
ce qui donne:

(42) fwfc = 0 si k < p — l


\u9fe = - { 2 k - P + 2)7Jk-p+i pour k > p - l

Pour fc > P , on a 7fc_p ^ 0, on peut donc poser £k = et substituer dans (37)


écrite avec les Vk et considérée pour les seuls entiers fc au moins égaux à p . En tenant
compte de (40) et (41) et après division par P'^k-p , cette relation (37) donne:

(43) 2k-p + 2
^fc+l —£k = —
(fc d" l)(fc + 1 —p) (fc + l"*"fc + l - p )
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Équations linéaires scalaires d ’ordre > 2 37

Pour tout N e N * , posons sn = f ) et posons So = 0 • Puisque ip = 0, on


déduit des relations (43) l’expression suivante de ik et de Vk pour tout k >p:
r = k —p
/1 1
4 = -{Sk-p + S k - S p ) = ~ ^ i - +
(44) r= l ^

— ^k'ifk-p — ~{^k- p "f" ~ 5p)


k\{k —p)\
Rayon de V
D’après (44), il est immédiat que 0 , donc le rayon de V est infini.
k—KX>
• Explicitation d’une -solution de (3^ linéairement indépendante de ^
Soit la fonction
/ k=p-l
(45) ^ — >C x \— >^{x)Log{x) -\- x~^ (^^(x)^- ^ V^x
\ k=o
D’après l’étude précédente, ^ est R*-solution de (3^. Montrons que ^ est ^ sont C-
linéairement indépendantes. Au voisinage de 0 , on a ^(x) x 2 , d’où ^(x) 0
et ^(x)Log(x) —> 0. Compte tenu que Vq = ( - l ) ^ ^'ipli^' ^ 0, et compte tenu de
(45), on voit donc que iP^(x) rsj x-^Vo, d’où \^{x)\ —> +00 . Les relations
X — »0 X — >0

^(x) -^0 \nx)\ -hoo


X — >0 x^O

entraînent clairement que ^ et ^ sont C-linéairement indépendantes.


• Conclusion
Dans le cas où nous nous sommes placés {2a = p e ), avec les notations ci-dessus.
une base du C-e.v. est (^, .

3.4 Exem ples variés


Exem ple 3.4 :
Notons S le R-e.v. des fonctions de classe de U dans R . Considérons
l’endomorphisme U de S qui, à toute f e S ^ associe la fonction t f'{t) — f{t)
de R dans R . Soit un entier n > 2 . Nous allons déterminer K er (t/^ ) , et les valeurs
propres et sous-espaces propres de .
Pour tout A G R , notons gx l’élément de S donné par x i-> 02 .
Il est clair que K er {U) est le R-e.v. des solutions de l’équation linéaire scalaire du
premier ordre à inconnue réelle et définie sur R :
(£ 1,0) y'{x) - xy{x) = 0
d’où immédiatement:
(46) K er (U) = Ugo
Soit maintenant A G R . On vérifie que K er {U^ — Ald^:) est le R-e.v. des R-solutions
d’une équation différentielle linéaire scalaire d’ordre n et homogène de la forme:
/k=n \
(Cn,x) y^^Hx) + i E Pk.nix)y^^-’^Hx)j +{Pn,n{x) - A)î/(x) = 0
où, pour tout k e [ l ,n ] , Pn,k désigne une fonction polynomiale à coefficients dans Z ,
ne dépendant que de (A;, n) (il serait aisé d’expliciter ces polynômes à l’aide des nombres
de Stirling de deuxième espèce y mais c’est inutile à notre propos). Il découle donc du
théorème 3.1 que Vx^n = Ker (C/^ - Ald^:) est un sous-R-e.v. de dimension n de £ .
En particulier, A est valeur propre de U . Donc Vensemble des valeurs propres de U
est R , et tous les sous-espaces propres sont de même dimension finie égale a n .
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38 §3

Dans tout ce qui suit, pour tout entier m > 0, nous noterons ^rn le R-e.v. des
fonctions polynomiales de U dans R de degré < m .

Détermination de Vo,n = Ker {U^)

Pour toute fonction polynomiale P sur R à coefficients dans R , on vérifie que


U {P go) = P'go- Par récurrence, on en déduit que U'^(Pgo) = 0 pour tout entier
m > deg (P) . D’où immédiatement
(47) ^n-i9oCVo^n
L’application S ^ S ^ (pgo est R-linéaire et injective, et ^ n -i est de dimension finie
n , donc ^n-i9o est aussi de dimension finie n . Comme Vo,n est aussi de dimension
finie n , l’inclusion (47) montre, compte tenu du théorème de la dimension finie, que
(48) Ker{U^) = Vo^n=^n-i9o

Détermination de Va.h pour A G R ^

• Préliminaires
Notons S le C-e.v. des foncions de classe de R (^ns C et U l’endomorphisme
de S qui, à toute fonction f ^ S ^ associe la fonction g e S définie par 1 /'(t) .
Pour tout m G N , notons le C-e.v. des fonctions polynomiales éléments de S et de
degré < m . En raisonnant comme ci-dessus, on vérifie que l’ensemble des valeurs propres
de U est C et que pour tout A G C , le sous-espace propre V\^n = Ker —Ald^^
est de dimension finie égale à n . On voit aussi que
(49) Vo,n = Ker - % - i 9o

Il est clair que pour tout A G C , on a fl Vx^n = V \,n • Soit 1Z l’application (R-
linéaire) de S dans S qui envoie toute ip G S sur sa partie réelle. Pour A G C , soit
i^x.n) l’équation qui s’écrit comme (^C^.n) »mais où la fonction inconnue y est à valeurs
complexes. Il est clair que Vx^n est l’ensemble des R-solutions de (^ A ,n ) ■ Comme les
polynômes Pk,n sont à coefficients réels, on en déduit facilement que:
(50) (VA G R) Vx^n = n { \ \ n )
Pour tout A G c , soit gx l’élément de S défini par x . Montrons
que la famille (^a)agC est C-linéairement indépendante. Pour cela soit N e et
soit A l,.. . , Atv des éléments de C deux à deux distincts. Considérons une relation de
dépendance linéaire:
k=N
(51) Y, gxi, = 0
k=l
-A
où (C i,...,C n ) G C" Après division par go , et en posant Dk = C kS ^ pour tout
k , on déduit de (51):
k=N
(52) (Vxe i~XkX =_ 0
A:=:l
D’après la proposition 4.1 ci-dessous, il découle de (52) que Dk = 0 pour tout k G [1, N } ,
d’où Ck = 0 pour tout k e [1, iV j, ce qui achève de prouver la C-indépendance linéaire
de la famille (^a)agC •
• Fixons maintenant A G R+ , et déterminons V\,n • Soit les racines n-
ièmes de 1 dans C . Pour tout A; G [l,n ]|, on a U^{g^k) = = ^9^k > <^onc
le C-e.v. V = Ylk= i^9^k contenu dans Va,h • Comme les g^^ (1 < A: < n)
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Équations linéaires scalaires d ’ordre > 2 39

sont C-linéairement indépendantes, et comme V est de dimension n , on en déduit que


Vx,n = V = Efc=" - d’où d’après (50):
k=n
(53) Vx,n = n V x.n ) = J 2 ^ - { n { g ^ , ) )
k=l
Puisque V^A.n est de dimension n , la relation (53) signifie qu’une R-base de Va.ti
est ('^(^^»))i<i<n • Nous allons l’expliciter complètement, ce qui amène à considérer
plusieurs cas.
Cas où A > 0 et où n est pair
Posons N = ^ (d’où N e ) et p = . On a:

= |p . -p . (p e"‘"‘”')(£,fc)6{_i,i}xji,Af-ii|
Pour tout k e |1, —1], soit respectivement (pk et les éléments de S définis par
(Pk{x) = 02^^ 3:pcos(2J^’^) ^ x p s in
(54) (VxG
7pk{x) = 0^®^ xpcosi'^^J) ^ x p s in
”0 )
Une R-base de V\^n est alors:
(55) [9p)Q-p) { ^ k ) \ < k < N - \ A i ’ k ) \ < k < N - i )
Cas où A < 0 et où n est pair
Posons N = ^ (donc G N ^ ), et P = (-A )^ . Pour tout A; G |0, A/" —I j , soit cpk
et 'ipk les éléments de S respectivement définis par
^ (2fc 4- 1)7T
(Pk{x) = xpsin1
(56) (VxG ^ n
f {2k + 1)7T
' M ^) = x p s in 1( 2 ^ ) )
si„ (x^.in
^ n
Une R-base de V^.n est alors:
(57) {(<PA:)o<fc<N-l, {Mo^kKN-l}
Cas où A > 0 e t où n est im pair
Posons P = An et AA= , d’où N e N ^ . Pour tout k e [1, AAJ, soit respective­
ment (fk et 'ipk les éléments de S définis par:
ipk{x) = 0^^ -^p co s(^) ^a;psin
(58) (VxG
i^k{x) = 0^® -xpcos{^) g^j^ ^ x p s in

Alors une R-base de Vx^n est:


(^9) {Ppj i^k)l<k<Ni i'^k)l<k<N}

Cas où A < 0 e t où n est im pair


Posons P = (-A )i et AA = (d’où N e ). Pour tout k G |1,AAJ soit
respectivement (pk et 'tpk les éléments de S définis par:

<Pk{x) = (a -p s in
(60) (VxG
s i n (^a;/)sin ^

Alors une R-base de S est:


(^1) {Ppj {^k)l<k<N, { M l < k < N }
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40 §3

Exem ple 3.5 :


Soit I un intervalle non-trivial de IR , et soit a^b des fonctions continues de I dans
C . On considère l’équation différentielle linéaire du second ordre définie sur / et à
fonction inconnue y à valeurs dans C :
(Щ y”{x) -h a{x)y^{x) + b{x)y{x) = 0
• Soit / une /-solution de {Щ non nulle. Nous allons démontrer que l’ensemble
Z = f~^{0) est localement fini dans / , i.e. n’admet pas de point d’accumulation
appartenant à I . Comme Z est fermé dans I puisque c’est l’ensemble des zéros d’une
fonction continue, l’aissertion équivaut à la propriété que Z est discret. Soit xq e Z .
On a /'(xo) ^ 0 ; en effet, si l’on avait / '( xq) = 0, d’après le théorème 3.1, la fonction
/ serait nulle, contrairement à l’hypothèse. Donc f { x ) - f { x o ) ^ {x —xo)f'{xo) ,
X—*Xo , X^Xo
d’où l’existence d’un réel a > 0 tel que f{x) Ф 0 pour tout x e I Г\ {[xq —ca,xo a ] \
{xo}). Donc Z est bien localement fini dans I .
• Soit (/, g) un système fondamental de /-solutions de {Щ et n un entier > 2 . Nous
allons montrer que la suite {f^g‘^~^)i<k<n est C-linéairement indépendante. Raison­
nons par l’absurde, en supposant trouvée une suite (Cq, •.. ,Cn) ^ \ {0} telle que
X)fc=o = 0 • Considérons le polynôme P G C [X, У ] défini par:
k=n
( 62) P (X ,y ) = ^C 'fcA ’*y" - k
k=0

On a P ^ 0 . Notant Z = y et d le plus grand entier k tel que Cfc 7^ 0 , on a:


k=d
P = Y^Y^CkZ^
k=0 ^
Si d = 0 , alors P = CqY'^ . Si d > 1 , on a une suite (^1,.. • telle que
Efeîo = Cd U f f i i Z - Çj) , d’où P = • Quoi qu’il arrive,
on a donc une suite {{oéi^f3i),...,{anyPn)) d’éléments de C ^ \{ 0} et 7 G C * tels que:
3=n
(63) Р(Х ,У ) = 7 П ( а ,Х - / 3 ,У )
J= 1
Pour tout j G |[ l,n j, soit hj = a j f - (5jg. On déduit de (63) que 11^=1
ce qui peut s’écrire: = / . Soit (a,6) G / x / avec a < b. On a donc
Uj-=i [a ,6] n /i“ ^(0) = [a, 6] . Puisque [a, 6] est est infini, on a un entier jo G |l,n ] tel
que l’ensemble [a, &] n /i“ ^(0) soit infini: alors h“ ^(0) possède un point d’accumulation
dans [a, 6] donc aussi dans / , puisque [a ,6] est compact. Mais hj^ est solution non
nulle de {"Sj, donc cette conclusion est absurde d’après ce qu’on a vu plus haut. Cette
contradiction démontre la C-indépendance linéaire de la suite {f^g ”-'')l<fc<n .
• Supposons désormais a et 6 de classe . Nous allons mettre en évidence une
équation différentielle linéaire non-triviale d’ordre n + 1 , à coefficients continus ne
dépendant que de a , 6 et leurs dérivées d’ordre < n (et ne dépendant pas du choix de
/ et ^ ), définie sur I et dont la suite {f^g'^~^)i<k<n est un système fondamental de
solutions.
Posons U = . Toute /-solution de est de classe , donc u aussi. Par
une récurrence facile, on voit qu’on a une famille de polynômes (^A:,j)(fej)€lo,np en les
indéterminées X q, . .., Xn-i, • • •, ^n-i à coefficients dans Q , où pour tout ( k j ) ,
le polynôme Akj ne dépend que de X q, . . . , X j - i ^Yq, . . . , Yj-\ et qu’on ait, pour tout
A: G 10, ni:
j= k
(64) = E a',..., 6, b',...,
j=0
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Équations linéaires scalaires d ’ordre ^ 2 41

avec Ak,o ^ 0 . On part de -Ao,o = 1 ; en dérivant (64) et en remplaçant, dans le


résultat obtenu, / " par - a / ' - 6/ , on obtient les relations de récurrence, valables pour
0 < / c < n —l , e t dans lesquelles pour abréger, pour tout m on a noté (Ak^mY
dérivée de la fonction x i4fc,rn(û(a:), a '(x ),... ,a^^~^\x),b{x),b'{x) , ... '

-Afc+1,0 = ----- ; ^/c+1,1 = kaAk^{^ + Ak^i


Th rC
(65) = ^o>Ak^j-\ + kb Ak -ij -2 + Akj + {Akj-iY si2 < j < k
<-^fc+ljfc+l “ küAk^k “I" 1,/c—1 “I" {Ajc^k)
En particulier, on a:
j=n
( 66) r =
j=0
d’où en dérivant et en remplaçant / " par —a / ' —6/ " dans le résultat obtenu:

(67) n / '”- V " = 2 = - n a / '" - n6/ '" - V


j=0
d’où en utilisant (65) et (66):
J=71+1
(68) >l„,ou("+i>+ =0
j=l
OÙ l ’on a posé:
■^71,1 ” "^71,1 "b TidAfi^o
(69) Bnj = {Anj-iY + Anj + naAn j-i + 7ibAn-ij-2 pour 2 < j < n
<-^71,71+1 ~ (-^71,Tl) "b ^^-^71,71 “b ThbAn—l^n—1
Comme i4n,o 0 , on voit que l’équation cherchée est:
j=7l+l
{%.) ^n,02/(”+ '^ + E =6
J= 1
Les relations de récurence (65) montrent bien que les coefficients de ( ^ ) sont des
polynômes à coefficients dans Q bien déterminés en a , 6 et leurs dérivées d’ordre < n ,
indépendants du choix du système fondamental (/, g) de solutions de (^ .
L’équation différentielle {%,) admet donc pour solution toute fonction de la forme
, où h est /-solution de . Donc pour tout couple (A, n) £ , la fonction

(70) (A/ + ^ g r = ^ A V "-

est /-solution de {%,). L’application polynomiale

(71) 2Î2.„+ i : C2 , (A,M) — > ( Q aV " - '')

a pour image une partie génératrice du C-e.v. (pour (Cq, ... ,Cn) G , la
fonction polynomiale

£2 ^ C, \ \k..n-k

est nulle ssi ses coefficients sont tous nuis (car C est infini), ce qui équivaut à la nullité
des Ck car C est de caractéristique nulle). Le C-e.v. Tn de /-solutions de C^)
engendré par l’ensemble des solutions (70) contient donc l’ensemble •
Chaque fonction / ''5" “ *’ est donc solution de ( ^ ) ; or le C-e.v. des /-solutions de ( ^ )
est de dimension finie égale à n -I-1 (théorème 3.1), et nous avons vu que la famille de
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42 §3

fonctions {f^9'^~^)o<k<n est C-libre. Donc cette famille est un système fondamental de
solutions de (%i), et Tn = .
• Soit (/, g) un système fondamental de solutions de , et notons w la fonction
wronskien de (f,g) (donc w = f g ' ~ f ' g ) - Notons W la fonction wronskien de la suite
{f^~^g^)o<k<n • Proposons-nous de calculer W en fonction de w . Pour toute matrice
M = (J" G G L ( 2 , C ) , soit le système fondamental {oif -\- iSg.'yf 6g)
de solutions de , soit ÏOm le wronskien de et soit 2ÎJ m le wronskien de
(^AT^^M)o<fe<n • Enfin soit r(M ) la matrice du système fondamental { ^ '^ ^ i’M)o<k<n
de solutions de (%i) relativement au système fondamental {f^~^g^)o<k<n , et soit
A{M) = d e t( r ( M ) ) . Il est clair que A est fonction polynomiale homogène de degré
n(n-l-l) à coefficients dans Z de (a,l3,j,6). D’autre part la fonction A est manifeste­
ment un caractère du groupe G L ( 2 , C ) , c’est-à-dire un morphisme de ce groupe dans
le groupe multiplicatif C * . Il est bien connu que les seuls caractères polynomiaux sur
un groupe de la forme G L (N ^ ü ) , où N e et où i? désigne un corps commutatif,
sont les puissances du déterminant. Donc on a un entier d tel que A{M) = d et(M )
pour toute M G GL( 2, C ). Puisque A est de degré n(n +1) en les coefficients de M ,
on conclut:
(72) (VM€GL(2,C)) z1(M) = ( d e t ( M ) ) ^ ^
Pour toute M e GL( 2, C ), on a tt)M = det(M ) w et 2IJ m = A{M) W , d’où:
w n (n + l)
(73) n (n + l) ^
w 2
On déduit de (73) que W = Cw ^ ^ ^ , où C est une constante complexe non nulle
indépendante du choix initial de {f ^g) • Pour calculer C , fixons xq e I , et choisissons
(/, g) de manière que
f fM g{xo) \
(74)
\ f M g'{xo)J
(application du théorème 3.1). Alors C = W{ xq). Posons $k = P ^g^ pour tout
k e |0, n —I j , et soit la matrice
/ ^0 0i On \
O'o O'i O'n
¥■=

On vérifie facilement que W(a;o) est trigonale inférieure, et que la liste de ses coefficients
diagonaux est (0!, 1!,... ,n !). Donc C = detCWÎ^o)) = 1]*=^ • En conclusion, quel
que soit le choix initial du système fondamental (/, g) de solutions de , on a:
( k= n \ w
rt(n+l)
n«j
Exem ple 3.6 :
Soit I un intervalle non-trivial de IR, soit u : J -» IR * une fonction de classe et
soit f l , f 2 deux fonctions continues: 7 ^ IR telles que / 2 (0 ;) > fi {x) pour tout x e I .
Considérons les deux équations différentielles linéaires scalaires du second ordre définies
sur I où la fonction inconnue y est à valeurs réelles:

(^) — {u{x)y'{x)) -Hh{x)y{x) = 0

— (u(x)y'(x)) -I- f 2(x)y{x) = 0


Pour tout i 6 {1,2} , soit ( f i i une /-solution de ( ^ ) . Soit un entier n > 1, nous allons
montrer que si <p2 admet au moins n zéros sur I , alors (pi admet au moins n - 1
zéros sur I . Nous procéderons en deux étapes.
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Équations linéaires scalaires d ’ordre ^ 2 43

• Supposons trouvés a e I et b e I tels que a < b, que (pi(a) = <pi(b) = 0 et


ipi(x) ^ 0 pour tout X e]a,b[ . En tenant compte de (%) et (%), on a:

(75) ■^{u{x)ip'2{x)) = -f2{x)(p2{x) ; (w(a:)¥)i(a:)) = -/i(x)y>i(x)


d’où immédiatement:

(76) J (uix)ip\(x))'j dx = <.fl{x)- f 2 (x))<pi{x)(p2 {x)dx

D’autre part, en intégrant par parties, on a:

la (“ (^)t’2W ) da: = ^{x)ipi{x)if>'2{x)^^ - j u{x)ip[{x)ifi2(x) dx


et de même:

(78) ^ (w(a:)v’i(a:)) àx = ]^{x)ip2{x)(p\{x)^^ - j u{x)tp[{x)(f'2{x) dx


d’où par différence:

L (U(x)<pi(x))^ = [uV’lV’2] ^ -

En rapprochant (76) et (79) et en tenant compte que (pi(a) = (pi (b) = 0, on arrive à la
relation fondamentale:

(80) [ (/2(x) - fi(x)) <pi{x)(f2{x) dx = u{b)<p2{b)(p'i{b) - u{a)(p2{a)(p[{a)


Ja
Supposons maintenant que (p2 reste ^ 0 sur ] a, 6 [ . Nous allons montrer qu’alors
</?2(û) = (P2{b) = 0. Quitte s’il le faut à remplacer l’une, l’autre (resp. les deux fonctions)
, ^2 par son opposée (resp. leurs opposées), on ne perd pas de généralité en supposant
que ifi et (^2 restent à valeurs > 0 sur ] a, 6 [ . Montrons que dans ces conditions, on
a (fi{a) > 0 et (Pi{b) < 0. En effet, pour k G {1,2} , l’équation {%) s’écrit:
u{x)y'\x) + u'{x)y'{x) + fk{x)y{x) = 0
donc obéit au théorème 3.1 sur I puisque u reste > 0 sur I . Comme ipi est /-solution
non nulle de (*^) et vérifie (pi{a) = <^i(è) = 0 , il en découle que <^i(a) ^ et (Pi{b) ^ 0 .
Comme ipi reste > 0 sur / , nécessairement (Pi{à) > 0 et (fi{b) < 0 . Comme /2 > / i ,
on voit que l’intégrale au premier membre de (80) est > 0 , et la fonction à intégrer étant
continue, cette intégrale est nulle ssi /1 = /2 sur [a ,6] . Mais au second membre de
(80), on a (Pi{a) > 0 , ^[{b) < 0 , u{a) > 0 , u{b) > 0 , et <^2(û) > 0 , ^ 2{b) > 0
(car (p2 est continue et > 0 sur ]a, 6 [ ). Donc le second membre est < 0 et est
nul ssi (p2{a) = ip2{b) = 0. L’hypothèse que (p2 reste ^ 0 sur ] a ,6 [ entraîne donc
<P2{a) = <p2{b) = 0 et = / 2|j^_^,.
• Nous allons montrer par récurrence sur n que si s’annule au moins n fois sur
I , alors (p2 s’annule au moins n —1 fois sur I . Il n’y a rien à prouver si n = 1. Comme
<Pi est non nulle, l’ensemble Z\ = ^(0) est localement fini dans I (voir exemple 3.5,
première partie). Montrons l’assertion plus précise suivante:

{
Si n > 2, si (ai , ..., ün) G avec ai < a2 < • • • < an et si (pi reste ^ 0
sur ] a^, ai_|_i [ pour tout f G [1, n —I J , alors <^2 s^annule au moins n —1 fois
dans [ai,an] .
Pour n = 2 , l’assertion découle directement de l’étude ci-dessus. Supposons l’asser­
tion prouvée à l’ordre n - 1 , avec n > 3 . Soit ( ai , ..., an) G /^ vérifiant les conditions
posées dans (3^n) • On a c a rd (</?2 O [a i,a n -i j) > n —2 en vertu de l’hypothèse de
récurrence. D’après l’étude ci-dessus, ou bien (p2(^n-i) = (P2(^n) = 0 , ou bien <^J^(0)
rencontre ] a n -i,an [ • Dans tous les cas, on a donc <pj^(0)fl] ai, an-i ] 7^ 0 , d’où:
c a rd (</?2 Ho) ^ [ûi,an] ) > 1 + c a rd (</?2 ^ [ûi,an-i ] ) > n - 1
ce qui poursuit la récurrence. L’assertion {%,) est donc établie pour tout n > 1 .
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44 §3

Exem ple 3.7 :


Soit I = [R+ . Considérons une fonction continue / : / ^ IR, notons g la fonction
I / I , et supposons que l’intégrale xg{x) àx converge. Soit une /-solution non
nulle de l’équation différentielle linéaire du second ordre définie sur I , à coefficients
continus, où la fonction inconnue y est à valeurs réelles:
y”{x) - f{x)y(x) = 0
Nous allons montrer que l’ensemble Z = est fini.
Pour cela, considérons l’équation différentielle en la fonction inconnue y (définie sur
I et du même type que ÇS) ):
{%.) y"{x)-g{x)y{x) =0
Le couple d’équations ((‘^ , {%.)) est de la forme étudiée à l’exemple 3.6, avec u cons­
tante égale à 1 et if,g) à la place de ( / i , / 2) (on a bien 9 > f ) -

Première étape

Soit ^ une solution non nulle de (%.). Nous allons démontrer que l’ensemble
Z^ = est fini et que son cardinal N est majoré par 1 -h xg{x) dx .
• Soit a G . En intégrant la relation ^"(x) = ~g{x)'il;{x) et en posant A = 'tp'{a) ,
on a, quel que soit x e I :

(81) i V^"(i) dt = 'ip'{x) - A = - / g{t)'ip{t) di


Ja Ja
Rappelons que pour toute fonction continue C et tout entier N > \ une
primitive iV-ième de ^ ayant toutes ses dérivées d’ordre < iV - 1 nulles en a est la
fonction X H-> • L’intégration de (81) sur [a, a; ] donne donc,
pour tout X e I :

[ i'ip'{t)-X)dt = - Î {x - ^)g{^ij{^) d^ = i^{x) - ij{a) - \{x - a) = '^{x) - \{x - a)


Ja Ja
On a donc, pour tout x e I :

(82) i){x) = X { x - a ) - i { x - O oiO i’iO dÎ


Ja

• Supposons maintenant trouvés a e I et b e I avec a <b tels que 'tp(a) = 'tp(b) = 0


et ip{x) ^ 0 pour tout X G ] a, 6 [ , et montrons qu’alors on a - a)g{^) d^ > 1.
On ne perd pas de généralité en supposant que ^ reste > 0 sur ] a, 6 [ . Pour tout
X e [a, 6] , on a J^{x - 09i0i> {0 > 0, d’où:

(83) i>{x) > 0 ; A(x - a) = i>{x) + [ {x - 0 9 i0 'P i0 d^ ; A > 0 ; \ { x ~ a ) > Mt)


Ja
(l’inégalité A > 0 nécessite explication: il est clair que A > 0, mais comme '0(a) = 0,
et que 0 est non nulle, le théorème 3.1 interdit d’avoir A = 0).
Puisque V'(6) = 0 , on déduit de (83) que A(6 - a) = ¡^{b - i) 5 ( 0 ^ ( 0 d^ , d’où

(84) A(6 - o) < f { b - a)g(^X(C - a ) d ( = A(6 - a ) f (^ - a)5(^) d^


Ja Ja
Après division de (84) par A(6 - a) (ce qui est licite car A(6 - a) > 0), on obtient
l’inégalité voulue:

(85) f (^ - a)5(Ç) di > 1


Ja
inégalité (85) entraîne:
Remarquons que puisque a > 0, l’inégalité

(86) iA\ gp (( e0)ddee > i


Ja
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Équations linéaires scalaires d ’ordre > 2 45

• Nous pouvons maintenant prouver que l’ensemble est fini. Tout d’abord, cet
ensemble est localement fini dans I (voir exemple 3.6). Supposons-le non vide. Pour tout
réel M > 0, l’ensemble fl [0,M ] est fini. Supposons trouvés un entier > 2 et
des éléments a i , ... de tels que 4) reste ^ 0 sur chaque intervalle ] ak^ak+i [
pour 1 < A; < iV —1. D’après le résultat de la première étape et d’après (86), on a
raic+i
^ 1 pour tout /c G |1, TV - 1], d’où:
r+oo paN ^ pak+i
(8 7 ) / xg{x) d x > xg{x) da; = ^ / ^g{^) d ^ > N - l
0 JCLl fc=l
On a donc AT < 1 + xg{x) d x , donc l’ensemble est bien fini, et son cardinal est
au plus égal à .4 = 1 + xg{x) d x .

Deuxième étape

Soit xj) une solution non nulle quelconque de {%.) (il en existe). D’après ce qu’on
vient de voir, l’ensemble xp~^{0) est fini de cardinal A^ < 1+ xg{x) dx . Les résultats
prouvés à l’exemple 3.6 montrent que si if s’annule au moins n fois sur I (où n G N* ),
alors “0 s’annule au moins n - 1 fois sur I , d’où n —1 < AT, i.e. n < AT+ 1 . Par suite,
l’ensemble Z = v?“ ^(0) est fini, et son cardinal est majoré par 1+N = 2 + xg{x) dx .
Exem ple 3.8 :
Soit P et (a, 6) G [R X IR^ . Nous allons étudier l’équation différentielle linéaire
du second ordre à coefficients polynomiaux (définis sur IR ), où la fonction inconnue est
à valeurs réelles:
m xy"{x) + (p + 1 - ax^)y\x) + hy{x) = 0
Sur [R* , cette équation se ramène à une équation du type de Fuchs en la multipliant par
X : le polynôme caractéristique de cette équation est X { X -h p) ^ et d’après le théorème
3.9, elle admet donc toujours des solutions développables en série entière à l’origine.
La résolution complète de (*^ est cependant sensiblement plus délicate que celle de
l’équation de l’exemple 3.3. Pour tout intervalle non-trivial J de IR, on notera
le [R-e.v. des J-solutions de (^ .
• Cherchons d’abord les solutions de ÇS) développables en série entière. L’ensemble
des séries formelles entières à coefficients réels qui vérifient formellement est la droite
vectorielle IR • 5 , où S = est définie par ao = 1, et, pour tout m > 1 :
2{m - l)a - b
( 88 ) ^2m = — 77;----- ^ T- O i 2 m - 2
2m(2m + p)
ou, après calculs:
k=m
2{k - l)a - b
(89) ( VmGl ^ ) Oi2m =
2^m! n
k=l
2kP
Comme —> 0 , on voit que S est de rayon infini. En tenant compte que 0 est
«2m-2 rn—*00
le seul point singulier de dans IR, on en déduit facilement que l’ensemble des IR-
solutions de développables en série entière à l’origine est la droite vectorielle IR-<S,où
<S désigne la fonction définie sur IR par S . On voit encore que l’ensemble des solutions
de ÇS) développables en série entière à l’origine sont les restrictions des fonctions éléments
de IR • «S aux intervalles de IR admettant 0 pour point d’accumulation.
Notons que S est polynomiale ssi a 7«^ 0 et ^ ^ * : ces conditions sont donc
nécessaires et suffisantes pour que admette des solutions polynomiales. Lorsque S
n’est pas polynomiale, i.e. si a = 0 ou ^ ^ N * , il est clair que S n’est pas rationnelle
puisque S est de rayon infini (les seules fonctions rationnelles définies en 0 dont le
développement en série entière en 0 soit de rayon infini sont les fonctions polynomiales).
• Cherchons maintenant les IR*-solutions de du type de Fuchs. Nous avons vu que
le polynôme caractéristique de (S) est X {X -\-p). Si p = 0 , les seules IR*-solutions du
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46 §3

type de Fuchs de sont donc les restrictions à des éléments de R •<S. Supposons
désormais p > 1, et cherchons les éventuelles R-solutions du type de Puchs normalisées
de associées à l’exposant - p . Le développement formel J2k>o d’une telle
solution est défini par les relations:
'^0 = 1 ; (1 - p)Pi = 0
(90)
k { k -p ) p k = {a{k-\-p-2) b) Pk-2 pour k > 2

Cas où P est impair

En prenant les f3i nuis pour i impair, les relations (90) définissent une unique suite
{P2k)keN • Pour cette suite, on a g---- 0 , donc le rayon de la série formelle entière
T = Ylk>o
^k>0 est infini. La fonction U : R * R,x x ~p Y1T=o est
alors R*-solution
K de . Comme S tend vers 1 en 0 et ZY tend vers +oo en 0,
on voit que et U sont R-linéairement indépendantes. Comme est de
dimension 2 (théorème 3.1), en définitive ,ZY) est une base de (^ .

Cas OU P est pair et oil a { i - p - 2 ) - b ^ O pour tout entier pair i e |2,p]

En partant de A; = p dans les relations (90), par récurrence descendante on voit que
/?p_2 = • • • = /?o = 0 , ce qui est absurde car = 1 • H n’existe donc dans ce cas pas de
solution du type de Fuchs normalisée associée à - p .

Cas où p est pair et où il existe un entier pair i G I2,pj tel que a{i —p —2) —b = 0

Alors nécessairement a 0 , donc cet entier i est unique. Notons-le 2j , où j G N


A partir de /^o = 1 >les relations (90) déterminent de manière unique /?2, • • • ^P2j -2 , et
montre que P2j = • • • = Pp-2 = 0. On peut ensuite choisir pp arbitrairement, et les
relations (90) déterminent alors à nouveau de manière unique les P2k pour k > p . Par
récurrence, les relations (90) montrent aussi que les ;^2fe+i sont nuis pour tout k e N .
On voit alors aisément que les solutions de Fuchs formelles normalisées associées à —p
forment la droite affine Q + R • 5 , où Q = Q
définit une fonction rationnelle Q sur R * , qui est solution de tendant vers +00
en 0, donc est linéairement indépendante de ^\^ic • En raisonnant comme plus haut,
on conclut comme ci-dessus que , Q) est une base de .
Discutons la rationalité des nouvelles solutions trouvées. Ces solutions sont de la
forme X 1-^ x~'^E{x) , où E est la somme d’une série entière de rayon infini, donc sont
rationnelles ssi E est polynomiale. Cela peut arriver ssi p est pair et il existe un entier
^ ^ [2, p I tel que a(z —p —2) —6 = 0 , et alors on trouve une seule solution rationnelle
(normalisée): la fonction Q . On a alors a ^ et ^ ^ 1^ ^ , donc S n’est pas rationnelle
(voir plus haut). Donc en aucun cas, les U-soIutions de ne peuvent être toutes
rationnelles.
• Étudions le cas où p = 0 , sur l’intervalle R * . Le changement de fonction inconnue
y(x) = S(x) Log(x) H- z(x) (où 2: est la nouvelle fonction inconnue) conduit à l’équation
différentielle linéaire du second ordre à coefficients analytiques sur R * :
(S^ xz"(x) + (1 - ax^)z'(x) + bxz(x) = axS(x) - 2<S'(x)

Cherchons les R^-solutions de (3^ développables en série entière à l’origine. Pour


cela, cherchons les séries formelles entières qui vérifient formellement (3j sous la forme
, où les (^k sont à déterminer. Les nombres 2ka —b (où k e N )
sont tous non nuis, et en tenant compte de (88), on vérifie après calculs que Z{X) vérifie
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Équations linéaires scalaires d ’ordre > 2 47

formellement ssi les conditions suivantes sont satisfaites:


arbitraire

pour tout A: > 1


2{k - l ) a - b
d’où les suites {Ck)keN répondant à la question:
rco arbitraire
j= k ^ j= k
(92)
pour tout j >1
Cfc Co + g 2 ( j - l )l)a
a -- 6b
Notons {Xk)k>o celle des suites (92) obtenues en prenant Aq = 0. Les séries
formelles cherchées forment la droite affine {Wp}peR = {W q 4- pS}p^^ , où l’on a posé
Wo{X) = . Il est immédiat que Xk G 0 (L og(n)), et comme
limsup;j_oo (^\ü2k 1^^ = 0 (puisque S est de rayon infini), on a:

lim s u p j._ ^ (|Afca2fc|^) < (limsupjfe_oo(Log(A:))i^ ^lim sup*,. \Ol2k l*) =0


et par suite W q est de rayon infini. Donc Wq détermine une R^_-solution wq de (3j ,
ce qui détermine une R*-solution vq de ( ^ , donnée pour tout x G R * par:
/ oo \ oo
(93) Voix) = S{x) hog{x) + wo{x) = ( ^ ) Log(x) + ^ a 2feAfeX^*
\k = 0 k= 0

Il est manifeste que uo(x) —> —00 , donc U = tSL ★ e t Uq sont I -linéairement indépen-
X— ►O 1''^+
dantes puisque u{x) tend vers 1 quand x ^ 0. Comme est de dimension 2
(théorème 3.1), on en déduit que (tz,uo) est une base de (^ .

• Étudions pour finir sur l’intervalle R+ le cas où p est pair > 2 et où pour tout
entier pair appartenant à | 2, p ] , on a a{i - p - 2) - b 0. Pour cela on prend une
nouvelle fonction inconnue z telle que y{x) = S{x) Log(x) + x~^z{x) , et on note w la
fonction X 1-^ x~^z{x) (où X décrit R+ ). On posera p = 2q ^ on q e N ^ . L’équation
différentielle nécessaire et suffisante que doit vérifier w est:
(^ xw”{x) + (p + 1 - ax^)w \x) -f bxw{x) = (^ax - ^ S{x) - 2 S \x )

Cherchons une solution du type de Fuchs de (^ de la forme


^ ^ (donc 7o ^ 0). L’identification donne les conditions nécessaires
et suffisantes suivantes pour que la série formelle méromorphe vérifie
formellement (^ :
(2k - P + 2)(2A: + 2)72jb+2 + (b - a(2k - p)) ')2k — 0 pour 0 < 2A; < p - 2

( 9 4 ) ^ (2a + 6)7p_2 = - p

^ (2fc - p + 2)(2A: + 2)72Jt+2+ (b - a(2 k - p ) ) y 2 k = aoc2k-p ~ (p + 2{2k - p 2) ) 02k-p+2 pour 2k > p

En posant m = k-\-l dans la dernière relation (9 4 ), on la transforme en:


(9 5 ) 2m{2m - p)72m - (a(2m - p - 2 ) a - b ) 72m-2 = aa2m-p-2 ~ (4m - p)a2m-p
Dans la première relation ( 9 4 ) , les a(p-2fc)-hè sont tous non nuis en vertu de l’hypothèse.
Donc la deuxième relation (9 4 ) détermine 7^-2 de manière unique, et par récurrence
descendante, la première relation ( 9 4 ) détermine 7p-4, . . . , 7o de manière unique. La
dernière relation (9 4 ) détermine ensuite les ^2k pour k > q on prenant 72^ arbitraire,
les autres 72î pour i > q étant déterminés de manière unique par 72^ . Pour les obtenir,
on pose 72m = Cmû^2m-p (c’est possible car les a 2i sont tous 7«^ 0). Les a 2i vérifient:
(96) ( Vm > g + 1 ) 2m(2m - p)a2m-p = ((2m - p - l)a - 6) a 2m-p-2
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48 §3

En tenant compte de (96) dans la dernière relation (94), on arrive à la relation de


récurrence suivante vérifiée par les Cm pour tout m > ç + 1 :
> « . . d 1 1
m m-1 {2m -p-2)a-b 2m 2 m - p
Les suites (Cé) qui vérifient (97) forment une droite affine, définie par:
Xq arbitraire
iV y
mrt= N
(98) _1_ 1
= Xq
m = qn-Ul
+l \
(2m - P - 2) a - 6 2m 2m —P
Notons (ATn)m>o celle des suites définies par (98) obtenue en prenant Co = 0 dans ce
qui précède. Elle donne une série formelle entière V{X) = ^kOt2k telle que la série
formelle méromorphe W{X) = X~'^V{X) vérifie formellement (^ .
Il est immédiat que € 0 (L o g (7 V )), d’où l’on déduit aisément que V est de
N^oo
rayon infini. Les fonctions u = <S| * et

(99) w : i: S{x) hog(x) + ^ "


fc=o
sont IR*-linéairement indépendantes, comme le montre facilement l’examen de leur com­
portement à l’origine. En appliquant le théorème 3.1, on en conclut enfin que {u^w) est
une base de {"S).
Le cas particulier où <5 est polynomiale est intéressant: on a alors ^ = 2 N , avec
iV G N * . En vertu de l’hypothèse faite, on a 2N ^ 2k —p pour tout k G |1, q j . On
voit que Œ2n / 0 et a 2i = 0 pour tout entier i> N + 1.
Rem arque 3.1 :
Dans ce dernier cas étudié (i.e. p est pair > 2 et pour tout entier pair appartenant
à [2,p], on a a(z —p —2) —6 ÿé 0 ), on pouvait prévoir a priori l’existence de solutions de
la forme (99), au moins dans un intervalle de la forme J = ] 0, .B [ avec 0 < B < + o o .
Choisissons en effet un tel intervalle J de manière que <S(a:) reste > 0 sur J , Dans
( ^ , on prend une nouvelle fonction inconnue définie par y = S z ^ d’où:
' y = Sz
(100) y' = S'z-{-Sz'
^ y'' = S" Z+ 2S'z' -\-Sz"
En reportant les relations (100) dans (^ , on obtient, compte tenu que S est solution:
xS{x)z"{x) + (2xS'{x) + (p + 1 - ax^)<5(x)) z'{x) = 0
ou encore:
S'{x) p-t-1
(101) z"{x) = - 2 + ax
S{x) X
Sur J , l’équation (101) est linéaire scalaire du premier ordre en l’inconnue z ' , à coef­
ficients rationnels, homogène, résolue en z' , et s’intégre immédiatement. Le IR-e.v. de
ses solutions est engendré par la fonction

( 102) (f : J
xP'^^S‘^{x)
En notant ^ une primitive quelconque de <p, mais fixée une fois pour toutes, on en
déduit qu’une base du IR-e.v. des J-solutions de ÇSj est (B, S ^ ) . Il est clair qu’on a une
fonction rationnelle r de la forme x i—> série entière convergente
qui converge en tout point de J , tels que
(103) (VxG J ) (p{x) = - -f- r{x) + 'Ipix)
X
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Équations linéaires scalaires d'ordre > 2 49

OÙ P désigne le résidu à l’origine de la fonction méromorphe i p . Il existe donc une


primitive de ^ telle que
J=P+i n.
(104) (yxeJ) ^{x) = phog{x) ^ x^~^
j=2 ^ ~
d’où l’existence d’une série entière T convergente dans J telle que pour tout x e J \
(105) S{x)^(x) = pS{x) Log(a:) + x~^T{x)
On a nécessairement p ^ 0 ^ puisque dans le cas étudié il n’existe pas de solution du
type de Fuchs associée à l’exposant —p . En divisant (105) par p , on obtient bien une
solution de (^ du même type que (99), mais seulement sur l’intervalle J (pour s’assurer
par cette méthode qu’on a obtenu une [R^-solution, il faudrait déterminer les zéros réels
de la fonction S ).
Revenons alors aux coefficients 7o, • • • , 7p-2 dans (99). D’après ce qui précède, il est
immédiat que 70 = —^ ; d’autre part la première relation (94) donne 7^-2 = , et
par récurrence descendante tous les j p - 2k pour k e [l,ç —1]. On trouve ainsi:
{2k + 2){p - 2 k - 2 )
AC=0
(p - 2k)a H- b
d’où le résidu p , un résultat non-trivial:
{p - 2k)a + b
(107)
P t= b (2^ + 2 ) ( p- 2 f c - 2 )

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§ 4 Equations linéaires à coefficients constants
4.1 Equations à inconnue vectorielle
Soit I un intervalle non-trivial de IR. On considère ici des équations du type de
celles étudiées à la section 2.1, mais où la fonction A est supposée constante. La fonction
inconnue prend ses valeurs dans un ii-espace de Banach non nul (E, | | . ||) .
De façon précise, soit A e jC(B) , et soit une fonction continue B : I ^ E .
L’équation différentielle:
(S) Y' = A Y-]-B
est appelée une équation différentielle linéaire à inconnue vectorielle Y à va­
leurs dans E , à coefficients constants. Le terme “ coefficients ” se rapporte donc à
la fonction coefficient de V , qui est constante.
Rappels sur l’exponentielle
Soit {Ay II. Il) une i^-algèbre normée de Banach non nulle (sous-entendu: associative,
à élément unité , et dont la norme ||. || est multiplicative). Pour tout a e A , \a
série X)n>o absolument convergente donc convergente. On définit donc une
fonction A A^ a >cette fonction est appelée Vexponentielle de A ,
et notée exp^ , ou simplement exp si cela n’entraîne pas de confusion. Si A = K , on
retrouve l’exponentielle ordinaire de K dans K . Dans le cas général, la fonction exp^
est continue, car la série fonctions de a converge normalement donc uni­
formément sur toute partie bornée de A (conséquence de || || < || a |p ), et car chaque
fonction a H-> est continue, en tant que composée de l’application n-linéaire continue
A^ A , (ûi,. . . , ün) 1-^ ai • • • •ûn et de l’application linéaire continue “ diagonale ”
^ ,a (a, a, • • •, a ) .
Rappelons que
(1) Pour tout {a, b) e A X A tel que ab = ba, exp(a + 6) = exp(a) exp(6)
Fixons a e A . L’application K ^ A , t exp (ta) est somme d’une série entière à
valeurs dans A de rayon infini (voir section 2.3). Elle est donc indéfiniment RT-dérivable
sur K ses dérivées successsives s’obtenant par dérivation terme à terme. Cela donne:

( 2) — (exp(ta)) = aexp(ta) = (exp(ta))a


d’où, par récurrence, pour tout n e I
d^
(3) (exp(ta)) = exp(ta) = (exp(ta))
Il est clair que
(4) exp(O^) =
d’où, en appliquant (1) aux couples (a, -a) et (-a , a) :
(5) exp(a) e x p (-a ) = exp(—a) exp(a) =
ce qui montre que exp prend ses valeurs dans le groupe des éléments inversibles de A ,
l’inverse de exp(a) étant exp(—a ) .
Nous appliquerons notamment ces résultats au cas où {A, ||. ||) = (C{E)^ |||. ||| ), la
norme III. Ill étant celle associée à la norme | | . || de E .
Intégration de (S) à l’aide d’exponentielles
Nous allons maintenant voir que dans le cas de l’équation à coefficients constants (S) ,
on peut redémontrer le théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire directement, sans passer
par le théorème général 2.1. Pour tout (to^Yo) £ I x E ^ notons ^to,Yo la fonction:

(6) I — ^ E , 1 1— ^ (exp((i - to)A)) • lo + (exp(M )) • (exp(-r.A)) • B { t ) dr

qui est manifestement de classe (application du théorème de Leibniz).

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52 %4

T h é o rè m e 4.1
Soit J un sous-intervalle non-trivial de I , et soit to € J . Pour tout Yq £ I x E , la
fonction <pto,Vo est I-solution de (S). L ’application E S j’ {€) ,Yo >-^ <pto,Yo\j est
une bijection affine; dans le cas homogène, c’est un isomorphisme de K-e.v.
Démonstration:
Fixons Y q e E .
En dérivant (6) et en tenant compte de (5), on a, pour tout t e l :
V>to,Yo(i) = ^ • <Pto,Yo(t) + (exp(tA)) ■((exp(-tA)) ■B(t))
= A ■<Pto,Yo(f) + ((exp(i^)) • (exp(-tA))) ■B{t)
= -A • ‘Pto,Yo (t) + Ide • B{t)
= -d • fto.Yoit) + B{t)
donc ipto.Yo € ifi{£) ; d’autre part il est clair que <pto,Yoih) = ^ •
Soit ^ e ^j{S) telle que ^(¿o) = ^ • Puisque exp est à valeurs dans le groupe des
éléments inversibles de C{E) , Téquation =A • B{t) équivaut à:
(Vi € J ) (exp(-ii4)) • - A• = (exp(-ii4)) • B{t)
c’est-à-dire à:
(7) (Vt eJ) — ((exp(-M )) ■ij{t)) = (exp(-t>l)) • B{t)
Les deux membres de (7) étant fonctions continues de i , le théorème de Leibniz montre
que (7) équivaut aussi à:

(8) ( Vî g J) (exp(-ii4)) •'0(î ) = (exp(-io^)) • lo + / (exp (-r^ )) • 5(r)dr


Jto
ou encore, en évaluant exp{tA) en les deux membres de (8) et en tenant compte de (1)
et (5), à:

(9) ( V i e 7) ij(t) = {exp{{t-to)A))-Yo + {exp{tA))-(^J^ (exp(-Ti4)) • 5 (t ) dr^

d’où 1p = (Pto,Yo\j ■

On a donc redémontré, dans le cas considéré, l’assertion donnée par le théorème


2.1, mais en outre on a explicité les solutions à l’aide de la fonction exp^^^;) et de
quadratures.
Cas homogène en dimension finie
Dans cette sous-section, nous supposerons E de dimension finie N > 1 ^ nous don­
nerons A e UomK{E), nous prendrons / = R , et nous étudierons l’équation homogène
en l’inconnue vectorielle Y à valeurs dans E :
{So) r =A Y
D’après ce qu’on vient de voir, le K-e.v. ^u{So) est de dimension finie N , et l’application
^0 : ^ E , ip I— ►</?(0)
est un isomorphisme de K-e.v. y dont l’isomorphisme réciproque associe, à tout lo G E ,
la fonction
(10) : R — . F?, (exp(t^)) • Yq
Pour expliciter »h suffit donc d’expliciter la fonction t ex p{tA).

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Équations linéaires à coefficients constants 53

Cas où A est diagonalisable

Soit alors (Vi,. .., V}v) une base de vecteurs propres de A ^ de valeurs propres re­
spectives associées (Ai,..., A^v) • Alors pour tout t e R , l’endomorphisme exp(iA)
admet (Vi,.. . , Vn ) pour base de vecteurs propres, les valeurs propres associées respec­
tives étant ..., . On en déduit que si, pour tout ( Ci , .. . , Cn ) € , on
définit la fonction:
i=N
(11) :R ^ E ,
i=l
alors l’application ^r (^o) , (Ci , . . . , C at) Cn ®st un isomorphisme de
K-e.Y.

Cas où Polcar>i(A’) est primaire

Supposons ici que Polcaryi(A') = (p - X ) ^ , avec p e K (notons que K étant


de caractéristique nulle, cette hypothèse équivaut à l’hypothèse que dans une clôture
algébrique fixée K de AT, le polynôme Polcar>i(-X’) n’a qu’une racine dans K ) .
Dans ce cas, l’endomorphisme u = A —pldE de E est nilpotent. Pour tout t G [R ,
l’endomorphisme tu est nilpotent, et on a tA = ptlds + tu ^ d’où par application de
(5) (et en tenant compte que pour tout a: G IR, on a exp(xld£;) = e ^ Id ^ , ce qui est
immédiat) :
k= N -i k
(12) exp(tA) = exp{ptldE 4- tu) = exp(ii/)
fc= 0
=
r H
Pour Yq e E fonction ^Yo de (10) est donc donnée, pour tout t G IR , par:

(13) 0Yo{t) = B>^^(Yo + tu{Yo) + '-- + - ~ ^ , y ^ - \ Y o ) ) = B ^ *

Cas où P o lc a r A(A") est dissocié sur K

Les deux cas précédents étaient des cas particuliers de ce cas. Soit alors
k=p
(14) P o lc a r^ (X ) = n ( A f c - X ) “‘
k=l
OÙ les éléments Xk de K sont deux à deux distincts, où p > 1, et où > 1 pour tout
k . Pour tout k , nous noterons Fk le sous-espace caractéristique de A associé à A^ , et
nous noterons Uk = {A —Afcld£;)||^ . Les Uk sont nilpotents, et on a:
k= p
(15) A = 0(A feIdi.,+i/fe)
k= l
Pour tout k , nous noterons Pk la période du nilpotent Uk ; on sait que 1 < /^a; < ,
et que
(16) Fk = K er ((Al - AfeIdB)“ ‘ ) = K er ((Al - Afcldi:)'^'“)
Pour tout (fc,t) G [l,p | X IR, l’endomorphisme tuk de Fk est nilpotent, et on a:
k —p
(17) tA = ^ { X k t l d F , + t U k )
fe= l
Dans chaque Fk , on est ramené au cas d’un endomorphisme à polynôme caractéristique
primaire. En utilisant les résultats établis au cas précédent, on a donc, pour tout t G IR :
k=p / j=l3k-l .j \ k=V \
(18) exp(a) = 0e^'-M ^ ^ =0e"^‘ g ^(^fc)M
k= i V 3=0 y k= i \ j=o y
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54 §4

Soit alors Yo Ç. E . Décomposons-le suivant les Fk , sous la forme Vô = Yik=i ^o,k avec
Yo,k 6 Fk pour tout k . On obtient alors, pour tout T e R :
(i=0k-l j \ k=p A = a /i- l • \
(19) = g L{^Uky{Yo,k)
k= l \ i= 0 y k=l \ j=0
On appellera fonction polynomiale à valeurs dans E toute fonction M. ^ E de la
forme t >où désigne une famille à support fini d’éléments de E .
L’ensemble de ces fonctions sera noté Çf^E,o • H est immédiat que la donnée d’une telle
fonction équivaut à celle de la suite à support fini (Vj)j^f^ G E^ ; si cette suite est non
nulle, le plus grand entier j tel que Vj ^ O e sera appelé le degré de la fonction.
Pour tout X e K y nous noterons e\ la fonction IR —> , 1 1-> , et nous noterons
% ,A le K-e.Y. des fonctions de IR dans E de la forme e \ P , où P est polynomiale à
valeurs dans E (pour A = 0 , les deux définitions de S^e.a concordent). Il est clair que
l’application P e \P définit un isomorphisme du K-e.v, ^ e ,o sur le K-e.v. ^ e ,\ •
Pour tout X e K , toute fonction élément de ^ e ,x est de classe , et on vérifie, si
P ^ Sfe.o J que la dérivée {e\P y est donnée par:
(20) [exPy = ex{XP^ P')
Notons D l’endomorphisme de dérivation du K-e.v. des fonctions de classe de IR
dans E . La formule (20) s’écrit D{e\P) = eA((AId + L>) • P ) . Par une récurrence facile,
on en déduit que pour tout polynôme H e K [X] dissocié sur K , on a:
(21) H{D) . (exP) = ex {{H{D + Aid)) • P)
P r o p o s itio n 4.1
Les sous-K-e.v. {^E,x)xeK du K-e.v. des fonctions de classe de IR dans E
sont K-linéairement indépendants.
Démons tration :
Soit J une partie finie non vide de K . Pour tout A G J , soit fx G % , a . Supposons
que YjXeJ / a = 0 ; il s’agit de montrer que f x = 0 pour tout A G J . Raisonnons par
l’absurde, en supposant que l’ensemble L des A G J tels que / a ^ 0 soit non vide.
Pour tout A G L , soit Px G 2?fe,o tel que fx = exPx y et soit dx le degré de Px . Fixons
Ao G L , et soit le polynôme H q{X) = riAeL(^ “ , où qx = d x 1 si A ^ Aq et
QXo = ^Ao • Utilisons (21). Pour tout A G L , on a:

Ho{D) ■(exP) = ex {{Ho(D + Aid)) • P a) = ca H ( ^ + (^ “ A*)!«!)«" • ■Px)


V e L\ { x} J
Si A ^ Ao , on a qx> dx y donc -P^ = o , d’où H q{D) • {exP) = 0 . Si A = Ao , alors
. p^^ est un vecteur constant non nul Vq (ordre de dérivation égal au degré), et
comme le polynôme Q{X) = ri/x€L\{A}(^ + A - est de valuation nulle, il est clair
que Q{D) • Vq ^ 0 , d’où H q{D) • (eAo-Pxo) / 0. En écrivant que:

0= ^ Ho{D) . / a = [ 1 + ^ o (^ ) • (^>^oPxo) = Ho{D) ■(exoPxo)


xeL \xeL\{Xo} J
on arrive à une contradiction. Cette contradiction montre que les fx sont tous nuis I

Rem arque 4.1 :


Soit J un intervalle non-trivial de IR. Pour tout A G RT, notons ^ e x j K-e.v.
des fonctions de classe de J dans IR formé par les restrictions à J des éléments de
% ,A• Par une adaptation immédiate de la démonstration de la proposition 3.1, on voit
de même que les K-e.v. (9^e ,a,j )a6íc sont R"-linéairement indépendants dans le K-e.v.
des fonctions de classe de J dans E ^

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Équations linéaires à coefficients constants 55

La classique “ méthode d’identification ” qui permet de retrouver les solutions ci-


dessus est tout entière contenue dans l’énoncé suivant:
P r o p o s itio n 4.2
Soit {P\)xeK une famille à support fini de fonctions polynomiales à valeurs dans E .
Pour que la fonction R-solution de (Sq) , U faut et il suffit qu’elle
satisfasse les conditions suivantes: pour tout X e K \ {Ai,..., Ap} , la fonction P\
est nulle, et pour tout k e [ l , p l , U existe Vk e Fk tel que P\^ soit la fonction
t ^ E ^ Z o ‘‘~ ' * i ( A - X k l d E y ( V k ) .
Démonstration:
D’après (19), on a ^(£^o) C ■ D’après la ÜT-indépendance linéaire des
% ,AJ on en déduit que D = {0} pour tout A € \ {Ai,. . . , A^} . La
relation (19) montre de plus que pour tout k G [l,p]|, l’image de Fk par l’isomorphisme
de K-e.v. E —>&u{^o) , Yo ^ ^Y o ost H oii déduit que
k —p

(22) Î^R(io) = 0 (£^R (^o)n^B ,A j


fe=l
Enfin d’après (19), pour tout k G [ l,p ] , le K-e.v. £^r (£^o) ost l’ensemble des
fonctions de la forme
oo
E , 11 kAfct
j=0

telles que W q g Fk (c’est-à-dire tels que (^4 - A^Id^;)"*“* • W q = Oe ) et que pour tout
j > 0, on ait Wj = ^(i4 - Ajtld^;)'^ • W q (d’où Wj = 0^; dès que j > ak ), ce qui
équivaut à la relation de récurrence: Wj = ^[A —XkldE)Wj-i pour tout j > l H

Cas où K = R et où Polcar>i(X) est non dissocié sur

Exprimons alors (Sq) dans une base de E fixée quelconque, par un système diffé­
rentiel linéaire
j=N

(fo*) (V ie II,ATI) y := E « M y i
3=1
où (ûi,j)(îj)G[i,Np ^ ÏÜIn {R) ' Notons (ifoc) le système qui s’écrit comme (Sq) ,
mais où le corps de base est C . Ce système se traduit par une équation homogène
(^o,c) à inconnue vectorielle à valeurs dans (dont la matrice des coefficients dans
la base canonique est {cii,j){ij)eli,Nj^ )• L’équation (¿^o,c) relève du cas précédent, on
sait donc l’intégrer. On remarque alors que les solutions de (Sq) sont les parties réelles
des solutions de (Sqq) (vérification immédiate). Pour réduire au mieux les calculs, on
détermine séparément les IR-e.v. de solutions de (¿^q) parties réelles des solutions de
(^o,c) provenant de £^(é^o,c) c 9)c”,a >où A est une valeur propre complexe fixée de la
matrice ( ü i j ) . Pour A fixée, notons TZx ce R-e.v. de solutions de (£^q) • On vérifie
facilement que si A G IR, on a dimiR(7^A) = diinc(%(^o,c) D Sfcn ;^), et que si A ^ IR,
on a = P'x = 2dimc(%(^o,c) ^ ^C^,a) • H sriffit donc de considérer
les valeurs propres A réelles et les valeurs propres non réelles de partie imaginaire > 0
pour intégrer complètement {€).

Équations avec second membre


Reprenons l’équation (S) du début de 4.1, avec second membre B arbitraire. Comme
on sait intégrer son équation homogène associée, la méthode générale de variation des
constantes peut s’appliquer pour donner une forme plus explicite des solutions (6).
Un cas intéressant est celui où 7 = IR et où B e ^xeK^E.x • Par superposition des
seconds membres, on se ramène au cas où 5 G % , a avec un X e K . Posons alors
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56 §4

B = e \P , avec P G %,o • Le changement de fonction inconnue Y = e \Z ramène alors


(S) à
(P) Z' = { A - X l d E ) ' Z + P
qui est linéaire de premier ordre en l’inconnue vectorielle Z à valeurs dans E , à coeffi­
cients constants et de second membre P . Si A - Ald^; est inversible, c’est-à-dire si A
n’est pas valeur propre de A , l’équation (P) possède une et une seule solution élément
, qui est:
oo
(23) Q = - Y^{A -
fc= 0
et qui a même degré que P . L’équation (S) possède alors la R-solution particulière
oo
(24) exQ = -6A - AId£)-*=-ip(*')
fc= 0
On a donc dans ce cas = e\Q + £^(<^o) •
Si A est valeur propre de A de multiplicité m , on peut chercher par identification
des solutions de (P) éléments de et de degré deg (P) + m , mais de telles solutions
n’existent pas nécessairement. Faute de place, nous ne pouvons pas conduire ici une étude
détaillée.
*
4.2 Equations scalaires à coefficients constants

Equation homogène à polynôme caractéristique dissocié


Soit un entier n > 1 et une suite ( a i,...,a n ) G K'^. On considère l’équation
différentielle linéaire scalaire avec corps de base K , sur l’intervalle I = R:

,{n-i) _
(^o)
i=l

Soit M la matrice élément de Wln{K) égale à (—ai) si n = 1, et si n > 2 , égale à la


matrice-compagnon :
' 0 1 0 0 '
0 0 1 0
(25) M =
0 ... 0 1
. . . -Ü2 - û i >
.V. E = de matrice
C = (e i,. . . , 6n) . Sur l’intervalle / = R , soit l’équation homogène à coefficients constants
à inconnue vectorielle à valeurs dans E :
(^o) Y' = A - Y
D’après les résultats de la section 3.1, en associant à toute fonction / G sa
première fonction coordonnée dans la base C , on obtient un isomorphisme de K-e.v.
(26) aR : &k{So)
D é fin itio n 4.1
Dans les conditions ci-dessusj le polynôme H + Œn S'appelle le
po lyn ô m e caractéristique de Féquation (Pq) .
Le polynôme caractéristique de (Pq) n’est autre que (-1)^ P o lc a r ^ ( X ) .
Dans ce qui suit, nous allons utiliser les K-e.v. , o ù X e K (cas particuliers
des espaces définis à la section 4.1). Le P"-e.v. n’est autre que le Ü"-e.v. des
fonctions polynomiales de R dans K , il s’identifie a K [X] . Pour tout m G N ^ ,
nous noterons lo sousÜT-e.v. de 9V,o correspondant aux polynômes de degré
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Équations linéaires à coefficients constants 57

< m . Il est de dimension finie m . Si A GÜT, nous noterons ^KXm sous-i^-e.v. de


formé des exP pour P G ; le K-e.w. ^KXm est isomorphe à %:,o,m et
donc de dimension finie m .
T h é o rè m e 4.2
Avec les hypothèses et notations ci-dessus, supposons que Polcar>i(X ) soit dissocié
sur K , sous la forme (-1 )’^ Polcar>i(X ) = riifc=î(^ “ , où p > l , oùles Xk
sont deux à deux distincts, et où les ak sont > 1. On a alors
k=p
% (^o ) = ^ yOCk
®W,Afc,o
k=l
Démonstration:
On sait que le K-e.v. S^(^o) est de dimension finie égale à n (soit par le théorème
2.1, soit directement par le théorème 4.1). En notant D l’endomorphisme de dérivation
sur le K-e.v. des fonctions de classe de IR dans i f , et en utilisant (21), on voit
immédiatement que ^KM,ock ^ ^r (*^o) pour tout k G|l,p], d’où
k=p
(27)
k=l
Les sous-espaces {?J^K,x)xeK sont iiT-linéairement indépendants, donc la somme vecto­
rielle au premier membre de (27) est directe, et on a
( k=p \ k=p k=p
0 I = ^ d i m i c (SW.Ak.aJ = ^ Cik=n = dim/f (î^r (^ o))
fc=i / fc=i fc=i
d’où d’après les propriétés élémentaires des espaces vectoriels de dimension finie:
k=p
0 9W.A„a, = ■

Equation homogène à polynôme caractéristique non dissocié


Nous envisageons maintenant l’équation (Pq) sur l’intervalle 7 = IR , en prenant IR
pour corps de base, dans l’hypothèse où son polynôme caractéristique est non dissocié
sur IR. On a donc des entiers p > 0 , q > l , des réels A i,. .., Ap deux à deux distincts,
des entiers non nuis a i , .. . ,ap, des nombres complexes p i , . .. ,pq deux à deux distincts
de partie imaginaire > 0 et des entiers non nuis p i , . .. ,pq , tels que:

(28) (-1 )" P o lc a r^ (X ) = ~

Il est entendu que si p = 0, le premier facteur du membre de droite de (28) est à


remplacer par 1. Pour tout 7 G |l , g ] , on notera respectivement p£ et les parties
réelle et imaginaire de p£ .
Pour tout réel uj , nous noterons respectivement Cu; et les fonctions t cos{(jjt)
et t ^ sin {u t) de IR dans IR . Pour tout m GN , on notera la fonction polyno­
miale [R -> IR, 1 1-> .
Sous les hypothèses et avec les notations de (28), notons (^o,c) l’équation qui s’écrit
comme (^o) >i^ais envisagée avec le corps de base C . Il est immédiat que S^(T^o) est
l’ensemble des parties réelles des fonctions éléments de ^ (^ o ,c ) •
Notons JH l’application î/r (/;),c ) ^r (-^o) qui, à toute fonction (p Gife(^o,c) >
associe sa partie réelle. L’application JH est IR-linéaire et surjective, et pour tout
^ G[l,g] on a • En utilisant le théorème 4.2, on a donc

(29) ^R(jro) = k=l


¿ 9 i ( 2 / ‘c .A,.aJ + ¿ ÎH (^ C . m, a )
e=i
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58 §4

T h é o r è m e 4 .3
Sous les hypothèses et avec les notations de (28), la somme R-vectorielle (29) est
directe, Le. on a;

De plus, pour tout k G |l,p l , on a^{^CM^ock) =^UM,otk ’ pour tout i G [ l ,ç ] ,


le R-e.v. dimension 2(5e etune base en est la suite
((^P£^Ul£^j)0<j<j3£ —ll (^P£ ^U>£'^j)0<j</3£—l)

Démons ira tion :


Il est immédiat que pour tout k e |l,p j , on a ÎH(^c,Afc,aic) = ^R,\k,ock »
e.v. de dimension p . Pour tout i G |l , g j , on voit facilement que le IR-e.v. ^{^c,p,£,/3e)
est engendré par la liste indiquée, donc il est de dimension < 2Pe. La somme R-
vectorielle au second membre de (29) est de dimension dim(R(%(^o)) = ^ • Mais
k= p è—q
^Q!fc + = deg (Polcaryi(X )) = n
*;=! t=l
Donc d’après les propriétés élémentaires des espaces vectoriels de dimension finie, néces­
sairement la somme vectorielle du second membre de (29) est directe, et de plus chaque
®fc,Afc,afc dimension ak et chaque est de dimension 2pe , ce qui implique
que les listes indiquées dans l’énoncé sont bien des bases de ces derniers R-e.v. ■

Équations à coefficients constants avec second membre


Soit I un intervalle non-trivial de R , soit n G 1^ ^ . On donne une fonction continue
b : I ^ K et une suite ( a i,. .., ün) G . On considère l’équation différentielle scalaire
à coefficients constants, avec corps de base K ;

(n)
(^) y + = b
2=1
que l’on peut écrire, en introduisant l’opérateur de dérivation D sur le K-e.v. des
fonctions de classe de I dans K , et en notant P{X) = X'^ -h le
polynôme caractéristique:
(Л P{D) -y = b
Soit (.7^0) l’équation homogène associée à {T) :
(Po) P (D ).y = 0/
Pour toute /-solution ip de ( T ) , on a =(p-^ ^i{Po) • Pour obtenir une solution
particulière </?, dans le cas général, on dispose de la méthode de variation des constantes.
Un cas particulier intéressant est celui où / = IR et où 6 G J2\eK ■ Par superpo­
sition des seconds membres, on est ramené au cas où 6 G pour un X e K . Il est
clair qu’il suffit de traiter la question pour K = C (si X = IR, on considère la même
équation avec corps de base C , et on en prend les parties réelles des solutions comme
indiqué dans le théorème 4.3).
Plaçons-nous sous les hypothèses suivantes: K = C , X e C , g e 9^c,o ot
b = e \ g . Le changement de fonction inconnue y = e\z ramène, compte tenu de (21)
(qui s’applique puisque tout polynôme d’une variable sur C est dissocié), à l’équation
(30) P{D + Aid) -z = g
Soit r la multiplicité de A comme racine de P (si P(A) ^ 0, on pose r = 0). On
a P{D -h Aid) = D'^Q[D), avec Q{X) e K [X] et Val(Q) = 0, ce qui entraîne que
Q{X) est inversible dans la C-algèbre C [[ AT]] des séries entières formelles à coefficients
dans K . L’endomorphisme Q{D) du C-e.v. ^st inversible, son inverse est S{D) ,
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Équations linéaires à coefficients constants 59

O Ù S(X) désigne l’inverse de Q(X) dans C [ [ X ] ] . Une fonction z e ^c,o vérifie (30)

ssi elle vérifie -z = (-^)) ’ f ce que nous écrirons:


1
(31) Z=
Q[D) '9
Notons X l’endomorphisme de ^°^(IR,C) qui, à toute fonction / , associe sa primitive
nulle en 0. Une solution particulière de (31) est évidemment ‘ 9^ • En
récap itulant, lorsque K = C e t b = e\g G j en o b tien t une solu tion particu lière (p
de ( T ) sou s la forme:

(32) if = e x r ' '


P{X + A) D
Exem ple 4.1 :
Le corps de base étant IR et l’intervalle d’étude étant IR , intégrons l’équation:
(33) y"{t) - 2ay\t) + (1 + a^)y{t) = cos(t)
où a G IR * est donné.
Pour cela, notons S le IR-espace affine de ses IR-solutions, <Sc le C-espace affine,
des [R-solutions de la même équation considérée avec le corps de base C , et notons
respectivement S q et iSo,c IR-e.v. et le C-e.v. des solutions des équations homogènes
associées.
• Déterminons d’abord S q . Le polynôme caractéristique est
(34) P{X) = ^2 - 2aX + 1 + a2 = (X - a)2 + 1 = (Z - (a + i))(X - (a - i))
D’après le théorème 4.2, une base de <5o,c ^st (ea+i,e^_i) ■ D’après le théorème 4.3,
une base de S q est donc {u,v) , où, pour tout t e U:
(35) u{t) = e®* cos(t) ; v{t) = e®* sin{t)
• Déterminons maintenant une solution particulière <p de (33). Il suffit de prendre
pour fonction if la partie réelle d’une solution particulière ijj de l’équation suivante, où
le corps de base est C :
(36) y"{t) - 2ay'(t) + (1 + a^)y{t) =
Appliquons (32). On a ici g{t) = pout tout te lR et A = a + i . On voit que r = 1
et P{X + A) = X { X + 2 i ) , d’où;
X^ 1 n+lQ—n—l^ n
1
p { x + A) 2i + a: n= 00
et par suite:
1 i 1 , . i
Q—----Q —9^
2i + Z )^ 2 ^ 4^ 8^
d’où, en posant G = I ■g (i.e. G{t) = pour tout i ), la solution particulière ip de
(36) ;

(37) ^ = e ^ ^ a - ( - ^ 9 + \ 9 ' + ^ 9 " ^ = e a + i [ - ^ G + ^ g + ^ g ’^

En prenant la partie réelle de (37), on obtient une solution particulière <p de (33):

(Vt G IR) (f{t) = t^cos(i) sin (t)

ce qui, combiné avec (35), achève l’intégration de (33) ^

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60 §4

4.3 E xem ples variés


Exem ple 4.2 :
Soit deux réels p et 0 avec 0 < ^ < tt . Notons A{p, 6) la 2-matrice carrée:
m- f + l+psiriO \
[ - l + psin0 p{Î-cose))
Notons M{p,0) la 4-matrice carrée dont la décomposition en 2-blocs est:

Considérons le système différentiel linéaire homogène (S) à coefficients constants suivant,


où la variable t varie dans [R , et où les fonctions inconnues Xi sont à valeurs réelles:
r^ iW l ' a:i(i) '
4 ( i) X2{t)
(S) = M{p,0)
x'3(t) xz(t)
. Xi{t) >

Soit (a,6,c,ûi) G[R^ . Nous allons calculer la solution (xi,X2,a;3,X4) de (S) telle que
(xi(0),0:2(0) ,0:3(0),X4(0)) = (a,6,c ,d ). En posant:
U \ — ^1 ^3 J ^2 ^2 0:4 ) *^3 — ^3 } *^4 — ^2 0:4

on est ramené au système (Si) suivant:

<»■) ^
avec les conditions initiales:
^i(O) = ai = a + c ; г¿2(0) = ü2 = b-\- d ] ^3(0) = as = a - c ; г¿4(0) = ü4 = b - d
La solution recherchée se déduit de manière évidente de la solution de (Si) qui suit,
directement donnée par l’exponentielle:

( ÏÏS ) = ( ai ) = ( ÏÏ ) = (Z )
Tout revient donc à calculer exp(i A(p,^)) pour t GIR. Pour abréger, nous noterons
A = A(p, ^) et 7 = I2 (matrice unité d’ordre 2 ).
• Calculons d’abord les puissances de ^4. Le polynôme caractéristique de A est:
P o lcar/i(X ) = - 2pX + 1
et on a donc = 2 p A - I , d’où, pour tout entier n > 2 : A^ = 2pA^~^-A^~‘^ . La suite
de matrices (M n )n > o = {A^)n>o est donc l’unique suite qui vérifie M o = 7, M\ = A
et Mn = 2pMn-i — Mn-2 pour tout n > 2 . Choisissons -0 GC tel que p = c o s 0
(un tel choix est toujours possible). En convenant que = (—l)^^(n H-1) si
0 = /cTT avec /cGZ , on a le développement en série formelle bien connu:
1 ^s in ( ( n + 1)0 )
(38)
1 -2 X c o s V ' + X2 S in 0
n= 0
En posant Un = ^ n , on a donc Un = 2pUn-\ - Un-2 pour tout
n > 2 . De même, quelle que soit la matrice C GW l 2 {C ) , la suite (Ki)n>o donnée
par Vq = 0 et Vn = Un-\C pour tout n > 1 vérifie Vn = 2pVn-\ - Vn-2 pour
tout n > 2 . La suite {Wn) = {Un + Vn) vérifie donc Wn = 2pWn-i - Wn-2 pour
tout n > 2. De plus = 7 et H^i = 2pl 4- C . En choisissant C = i4 - 2 p l, on
en déduira donc Wq = I ^ W\ = A ^ et Wn = 2pWn-i - Wn-2 pour tout n > 2.
Par suite, avec ce choix de C , on a Mn = Wn pour tout n > 0. On conclut que
j^n _ ^ n{{n+i)'iij) J _j_ sin^n^) _ ^2 pQyj. ^ après transformations:

^ siri{nj}) ^ _ s i n ( ( n - 1)V>) J
(39) ( Vn > 2 )
s in 0 s in 0
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Équations linéaires à coefficients constants 61

Calculons exp(iA ), où i G R est fixé. D’après ce qui précède:


, . n T A /^ s in (n ^ )
ex p (U ) = ^ ^ ^ + '\ n^= 2 n\ sin -^ y
n=0 \n = 2 - - - T' J

On transforme facilement ni ^ ^ partir des relations:


O® 0inî/> -ini/>
exp(ie^^) = ; e x p (ie ^ ■i”
n=0
n!
n=0
ce qui donne:
OO 1 \
(40) ^ s in (n ^ ) = ^ ^exp(ie^’^ - ex p (te“ ^^j = s i n ( t s i n ^ ) e x p (ic o s ^ )
n=0
On obtient de même:

(41) = cos (t s in ?/>) exp(t cos


^ ni
n=0
On arrive ainsi à l’expression:
'^ sin(nV^)
(42) tA + A = î i î ! i f i y « e x p ( l c < ,s * ) A
sinV ' y s in ^
et, en utilisant la relation s i n ((n - 1)V^) = sin(ri'0) cos ^ - sinî/^ c o s(n '0 ), à:
y r t” s i n ( ( n - 1)V')
= c o tg V ' s i n ( i s i n ' 0 ) + 1 + c o s^ -icosV»^ S(<Sin'0))
(43)
n! sinip
d’où en reportant (42) et (43) dans l’expression exp(t^4) :
s in ^ ) ^ s in ( t sinV^ —-0)
(44) .x p ( a ) = . ' “ - ' > ( ï i 2 i ^
\ sin-^ s in ^ )
Les calculs ont été effectués pour sin -^ ^ 0. Mais un raisonnement de continuité
dispense de les refaire à part pour sin^tp = 0. En effet, fixant t GR , et faisant tendre
-0 vers kTT avec xp ^ Rtï o ù /c GZ , utilisant la continuité de A{p,9) = A{cosxp,6)
par rapport à , et la continuité de l’exponentielle, on voit que (44) reste vraie pour
xp = kir k condition d’y remplacer ^ P^^ t - 1.
En remplaçant t par —t dans (44), on obtient e x p ( - M ) .
• Il nous faut maintenant aboutir à une expression réelle de e x p (M ), puisqu’on recher­
chait les solutions de (S) à valeurs réelles.
Si IPI < 1, les nombres complexes xp tels que cosxp = p sont réels (et on peut en
trouver dans [—7r,7r] ), donc l’expression (44) est réelle (y compris quand sin^^ = 0,
compte tenu de la convention ci-dessus).
Supposons maintenant que |p | > 1. Il y a alors un réel a GR * et un entier
e G { —1,1} tels que p = £:cha. Comme c h a = c o s ( ia ) et —c h a = c o s ( i a + tt) ,
pour obtenir l’expression réelle voulue, il suffît, dans (44), de remplacer xp par l a
si € = 1 et xp par i a H- TT si e = —1. On obtient ainsi (en tenant compte que
s in (iA ) = i sh A pour tout A GC ):
Si £ = 1, i.e. si P > 1 :
sh(t sh a) ^ sh(t sh a - a)
(45) exp{tA) = ^
sh a sha
et si € = - 1 y i.e. si P < -1 :
sh(i sh a) ^ sh(t sh a: - û:) ^
(46) exp(tA) = e - '^ ^ " (
sha sha
Pour finir, notons que si p^ = 1, le calcul direct de exp(ti4) est immédiat, puis-
qu’alors P o lcar/i(X ) = (X -p)^ . On a A = pI-hN , avec N = A - p i et iV^ = 0 , d’où
exp(tA) = exp(tiv) = e^*(7 + t N ) . On contrôle que ces résultats s’accordent bien
avec les expressions (44), compte tenu de la convention faite dans le cas où s i n ^ = 0.
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62 §4

Exem ple 4.3 :

Soit un entier n > 1 et un réel a . Considérons la n-matrice carrée à coefficients


réels:
r.n -1
1 a
0 1 a
A =

U 0 1 J

Nous allons intégrer le système différentiel linéaire:


{v'i 1 ' 2/1 '
V2 2/2
(S) =A

^y'n' ^2/n >


où les fonctions inconnues pi sont définies sur R et à valeurs réelles. Il est clair que la
question revient à calculer exp(tA) où t G R : les solutions de (S) sont les suites de
fonctions (2/1, •.., ?/n) telles que
2/1W 1 f C i 'i
2/2(<) ^2
= exp{tA) •

^2/n(i) >
où (Ci,...,Cn) est un élément arbitraire de IR" . Notons J la n-matrice carrée réelle
général Uij , où Uij = 1 s\ j = i + 1 et
de terme général = 0 sinon. On a J " = 0
-vi=n—1
—^S i= o ~ Si=o ~ — o,J) ^ . Posant L = .A —J , on a encore
L = 2fe=i 0.^ — d J A . Les matrices X I , ¡xL et v J sont deux à deux permutables
pour tous réels X,n,u. D’où L” = 0, exp(ii4) = e x p (f/)ex.p(tL) = e ‘ ex p (iL ), et:

(47) exp(tL) = * |: 'p « ''^ ^ A *


ife=o
Mais pour tout A: e Z , on a:

(48) A- = (;„ - a J ) - ‘ = J , + " 5 ; 7 » ' + ‘ - I V p jp


\ P J

d’où en reportant dans (47):


k=n-l / yp=n-l
=Ti-i / , V \

k ^ l p ^ l , l. _ 1 \ .A k = n - l .k

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Équations linéaires à coefficients constants 63

Les solutions (y i,... ,yn) de (S) sont donc les suites telles que pour tout p G[l,n] :

J = n —p
(ViGl 2/p(i) = e ‘ C7p+ ^ - û Cp^k
J-1

où les constantes réelles Ci sont arbitraires.


Exem ple 4.4 :
Soit un C-e.v. (£?, Il. Il) de dimension n > 1 et un endomorphisme A GHoiuc{E)
dont toutes les valeurs propres sont de partie réelle < 0. Soit une fonction continue
G : IR —^ Æ? tendant vers 0 en +oo . Nous allons démontrer que toutes les solutions de
l’équation linéaire à inconnue vectorielle définie sur IR à valeurs dans E :
Y'{t) = A-Y{t) + G{t)
tendent vers 0 en + oo.
Pour cela, considérons la fonction ^ : E donnée, pour tout t GIR , par:

(49) ^{t) = [ exp {{t - u)A) • G{u) du


Jo

On sait que ^ est une solution de Il suffit donc de montrer que tend vers 0 en
+00 et que toutes les solutions de l’équation homogène ( ^ ) associée à tendent vers
0 en + 00.
• Solutions de (‘^ )
Ce sont les fonctions de la forme t i-> exp{tA) • V , où V e E est arbitraire. Il
suffit donc de montrer que exp(M ) —> 0 . En passant aux endomorphismes induits
t->+oo
par A sur chacun de ses sous-espaces caractéristiques, on se ramène au cas où A n’a
qu’une valeur propre. Plaçons-nous dans ce cas, alors A = Ald^; + iV, où A GC et où
N GHomc(E') est nilpotent, d’où, pour tout i GIR :
k = n —l ,f^
(50) exp(iA) = e^' E
k=o
Comme !ft(A) < 0, l’expression (50) montre clairement que exp(M ) ^ ^ 0 (compa-
raison des exponentielles ett des fonctions polynomiales à l’infini). Cela achève de montrer
que les solutions de (*^) tendent vers 0 en + oo.
• Fonction ^
De même que ci-dessus, on est ramené au cas où A n’a qu’une valeur propre A . On
posera à nouveau N = A - Ald^;, et on notera p la période du nilpotent N (aussi
appelée Vindice de N ). Alors pour tout (i,u) GIR^ avec 0 < u < i , on a:

k=p-l
jA(i-u) {t - u)^
exp {{t - u)A)
k=0

d’où en reportant dans (49), en notant a = -3f^(A) (donc a > 0) et en appliquant


l’inégalité de la norme des intégrales:

ll^ (i)ll< i
Jo ^ k=0 ■ /
(on a noté la norme de Homc(£?) associée à la norme ||. || de E).
L’intégrale ( E L o ^ I t III ^ III *") converge (exponentielle-polynôme).
Notons I sa valeur, c’est un réel > 0. Soit un réel e > 0. Soit un réel M > 0
tel que || G(x) || < ^ pour tout réel x > M . Alors pour tout réel i > M , on a:
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64 §4

Il ^(t) Il < U{t) + V (i), avec:


rM fk=p—\
a(t—u) Il G{u) Il du

V{t) = f a(t—u) ||G (u)|| du


JA
La fonction continue G admet un majorant sur le compact [0,M] . On en déduit
aisément que U(t) est majorée par une expression de la forme , où P désigne
une fonction polynomiale à coefficients dans R+ . Donc U(t) ^ 0. Le changement
de variable x = t - u permet d’écrire V (t) sous la forme:
rt-M
pt-M \
V{t) = e -"( ^ | ^ | | | i V | r i | G ( i - x ) | | ) dx
\ k=0
d’où, vu le choix de M , la majoration:
^ /*t-M /k=p-l U
(51) Wl

qui a lieu pour tout t > M . En choisissant un réel M' > M tel que U{t) < ^ pour
tout réel t > M'y on déduit de (51) que || 0{t) || < f + f = pour tout réel t > M ' .
On a donc montré que ^{t) ^ 0, ce qui achève de montrer que toutes les solutions
de tendent vers 0 en + oo.

4.4 Équations linéaires d ’Euler


On appelle équation différentielle linéaire d'Euler d'ordre n toute équation différen­
tielle de la forme

x^y^”-Hx) + = b{x)
i=l
Soit I un intervalle non-trivial de IR, où n est unentier > 1, où b est une une
fonction continue de I dans C ,où ( a i,... ,an) G avec an 0, et où la fonction
inconnue y est à valeurs dans C , définie sur un sous-intervalle de I . On reconnaît,
sur I n IR^ , un cas particulier d’équation du type de Fuchs d’ordre n (voir section
3.3). Soit /+ = / n IR^ et /_ = / n IR^ . Sur ceux des intervalles /+ et 7_ qui
sont non-triviaux, l’équation est linéaire d’ordre n sans point singulier, donc pour
intégrer complètement il suffit de l’intégrer sur chacun de ces intervalles et d’étudier
les éventuels raccordements de solutions obtenues (voir fin de la section 3.1). Si J est un
intervalle non-trivial appartenant à {/_,/+ } , pour intégrer sur J , il suffit d’intégrer
sur J l’équation homogène ( ^ ) associée à {^:

(%) -I- ^y^"^ ^^(x)=0


¿=1

Enfin les J-solutions de (%) sont les restrictions à J des IR^-solutions de {%) si
J = /+ , des IR*-solutions de {%) si J = I - (corollaire du théorème 3.1). En définitive,
on est ramené à intégrer (*^) sur IR^ et [R^ .
Soit J l’un des intervalles IR* et IR* . Posons e = 1 si J = IR* et e = - 1 si
J = IR* . Soit (fe la fonction: IR —> J , i £ e * . Par une récurrence facile, on voit
qu’il existe une famille (>lt,i) r (i.j)eN2 d’éléments de Z telle que pour tout entier iV > 1
ll<i<i
et pour toute fonction N fois dérivable / : J —>C , on ait, quel que soit A; G[1, :

(52) . (/(*) Oy ,) = ( / O AkAf °


j =l
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Équations linéaires à coefficients constants 65

(il est entendu que pour A; = 1, la somme X)i<j<fc-i second membre de (52) est
remplacée par 0 ). Les Ai j obéissent aux relations de récurrence suivantes
' >^2,1 = -1 et, pour A: > 3:

(53) ' ^/b+1,1 = ^


^ Ak+ij = Akj - k A k j - i pour 2 < j < A; - 1
, = -kAk^k-i
relations qui montrent que la famille (Aij) ne dépend pas de e . Il est facile d’exprimer
les Ai j à l’aide des coefficients des polynômes Sp{X) introduits à la section 3.3 (cf.
relation (26) du paragraphe 3). Soit q un entier naturel arbitraire, et prenons ci-dessus
pour fonction / la fonction Çq : x ^ . Alors / o ipe{t) = pour tout t e U,
d’où pour tout entier A; > 2 , en posant x = (Pe{i) •
j=k-l
( x ) = S k ( g ) x ^ = ç'‘x^ + ^ ' j„q '.^‘■“ "a;''
Ak
j=i
d’où après division par x^ :
j=k-l
(54) Sfc(9) = 9*'+
j=i
Comme (54) est vraie pour q décrivant l’ensemble infini N , on a l’identité polynomiale:
j=k-l
(55) Sk{X) = X'^+ ^ A k j X ’^-^
j =l
valable pour tout entier k > 2 . A des décalages d’indice près et au signe près, les Ai j
ne sont donc autres que les nombres de Stirling de deuxième espèce (voir par exemple
[9] ou [3], tome 3, énoncé 72).
Revenons à l’équation (^^), considérée sur J . Utilisons le changement de variable
X = (/?g(t) = £0*, qui est un ‘^^^-difféomorphisme de IR sur J . Posant Y{t) = y{x) ,
d’après ce qui précède l’équation (%) est vérifiée par y ssi l’équation suivante est vérifiée
par Y :
k=n
(56) ^ BkY^^-'‘^ = 0
k=l
OÙ Bk = ak + (^k-jAn-k+jj pour tout k G [ l ,n ] . L’équation (56) est linéaire
d’ordre n à coefficients constants, on sait donc l’intégrer, et on en déduit les J-solutions
de (%) en revenant à la variable x .
Exem ple 4.5 :
Intégrons sur J = l’équation linéaire d’Euler
(57) x^y”{x) -h 2xy'{x) + y{x) = 0
et cherchons ses solutions à valeurs réelles.
En posant X = et y{x) = F ( t ) , on a xy^{x) = Y{t), x^y”{x) = Y''{t) - Y'{t) ,
d’où x ‘^y”{x) + 2xy'{x) + y{x) = Y^'{t) + Y^{t) + Y { t ) . L’équation en Y qui permet
d’intégrer (57) est donc:
(58) y"(i) + F '(t) + y ( t ) = 0
Le polynôme caractéristique de (58) est X -\-l = (X - j ) { X —j ^ ) , donc le IR-e.v.
des J-solutions réelles de (58) admet pour base les fonctions U : cos
y :i e~5 s i n • Donc une base du IR-e.v. des J-solutions de (57) est (u ,v ),
où U et V sont définies par:

( V a; G IR * ) u{x) = X 2 cos i ^ Log(a;) v{x) = X ^ s i n I ^ Log(a;)

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§ 5 Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres
Dans ce paragraphe, nous exposons une version simplifiée du théorème de Cauchy-
Lipschitz sur les équations différentielles ordinaires générales (non nécessairement liné­
aires). C’est une tradition bien établie, l’adjectif “ ordinaire ” signifie que la variable est
systématiquement réelle.
Dans toute la suite, si (E, ||. ||) est un ÜT-e.v.n., pour tous a e E et r e , nous
noterons respectivement B(a,r) et B(a,r) la boule ouverte et la boule fermée de E de
centre a et de rayon r .
5.1 G énéralités
Soit (£?, Il. Il) un ÜT-espace de Banach non nul, Q un ouvert non vide de R x E et
une fonction continue f : Î2 ^ E . On considère l’équation:
(S) Y ' = fit,Y)
appelée une équation différentielle du prem ier ordre en Pinconnue Y à valeurs
vectorielles dans E , résolue en Y ' .
Pour tout intervalle non-trivial J de IR et toute application ^ : J E , nous
noterons le graphe de ^ , i.e. la partie {{x,'ip{x)}xeJ de J x E .
Par définition, pour tout intervalle non-trivial J de IR, on appelle J-solution de
(S) toute fonction dérivable ip : J E vérifiant les conditions suivantes:

( 1)
\ (Vt G J ) = fit,ip{t))
Si J est fixé, nous noterons l’ensemble des J-solutions de {S). Là réunion des
ensembles lorsque J décrit l’ensemble des intervalles non-triviaux de IR s’appelle
l’ensemble des solutions de {£), et nous le noterons . Une solution : J E
définit deux courbes paramétrées: la courbe paramétrée 1 i p { t ) de E d’une part, et
la courbe paramétrée t ^ {t,(p{t)) de R x E ; cette dernière s’appelle souvent la courbe
intégrale de {£) définie par (p , mais certains auteurs appellent parfois aussi la première
courbe une courbe intégrale. De toutes façons, ces deux courbes ne doivent pas être
confondues.
Nous avons ici moins de généralités à développer que pour les équations linéaires
à inconnue vectorielle. Bornons-nous à signaler deux points importants, bien que de
vérification facile:
• Etant donné une J-solution ip de ( S) , toute restriction de à un sous-intervalle
non-trivial de J est une solution de {£).
• Si / est de classe avec p e N (resp. de classe ^ °°), alors toute solution
de (S) est de classe (resp. de classe ). Cette assertion se vérifie aisément
par récurrence à l’aide de la règle de la chaîne relative à la dérivation des fonctions de
plusieurs variables O .
On retrouve le cas des équations linéaires à inconnue vectorielle définies sur un inter­
valle ouvert non vide I de R en prenant Q = I x E et / de la forme {t,X) i-> A{t)-X ,
où A désigne une application continue de I dans C{E) . Observons que le cas d’une
équation linéaire à inconnue vectorielle étudiée sur un intervalle non-trivial et non ouvert
de IR n’apparaît pas comme un cas particulier des équations de la forme (S) . Pour
récupérer ce cas, il faudrait considérer des équations de la forme (S) sur des ensembles
Ü non nécessairement ouverts (mais non quelconques: par exemple, on peut considérer
une équation de la forme (S) sur un ensemble Q de la forme I x V , où I est un
intervalle non-trivial de IR et où U est un ouvert de E). Nous ne pouvons ici nous
occuper de ces généralisations. Le lecteur intéressé pourra par exemple consulter le livre
de P.G. Ciarlet, Analyse numérique matricielle et optimisation (Masson).

i ) Si E est de dimension infinie, il est entendu que cette vérification nécessite une connaissance
élémentaire du calcul différentiel sur un espace de Banach quelconque, voir par exemple le livre de
Henri Cartan sur le calcul différentiel.

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68 §5

Le problèm e de Cauchy pour (S) est le suivant: soit I un intervalle non-trivial


de U et soit ^ ^ tels que to ^ I • Trouver les /-solutions (p de (S) telles que
^{to) = Yq .
Le théorème de Leibniz sur la primitivation des fonctions continues donne immédia­
tement le théorème suivant, qui transforme avantageusement le problème de Cauchy:
T h é o r è m e 5.1
Soit (to,Yo) e ü et soit un intervalle non-trivial I de R tel que to e I , Soit une
fonction (p : I E . Les assertions (I) et (II) suivantes sont équivalentes:
(I) (p e et (p{to) = Yq
(II) (p est continue, Г^р C ü , et ( V t € / ) (p{t) = Yo~\- /( r , <р{т)) dr

Solutions maximales
L’ensemble S[S) est muni d’une relation d’ordre naturelle, que nous noterons :<,
ainsi définie: si cp G S[S) et GS{S) , alors (p ssi CГ-0 .
Pour toute fonction y? € &{E), nous noterons l’intervalle de définition de </?. La
relation d’ordre zi peut alors être décrite comme il suit:
(2) C C et ^ prolonge (p )
La relation (p :<ф se lira “ ф prolonge (p ” ou encore “ <p est une restriction de ф ”.
D é fin itio n 5.1
On appelle solution m axim ale de (S) toute solution élément maximal de Vensemble
ordonné :<) > autrement dit toute solution qui ne peut être prolongée stricte­
ment en une solution de (E).

Exem ple 5.1 :


Toute R-solution est nécessairement maximale. Si cp e SIE) n’admet de limite en
aucune extrémité de , alors (p est solution maximale ф
T h é o rè m e 5.2
Toute solution de (E) peut être prolongée en au moins une solution maximale.
Démonstration:
Il suffit de montrer que si Э{Е) est non vide, alors l’ensemble ordonné (S{E), ■<)
est inductif. Soit donc une partie Ф de SI(E) non vide et totalement ordonnée par
:<. L’ensemble I = и^р^фХ^р est un intervalle non-trivial de R , et il est clair qu’il
existe une fonction ф : I E et une seule qui prolonge toute fonction y?GФ; on a
, d’où Ci ? . Pour tout i G/ , il existe (p e Ф tel que t soit intérieur
à I p relativement à / : il en découle que ф est dérivable, et que pour toute (p e Ф ,
on a =(/?'. On en déduit facilement que ф GS{E). On a ainsi trouvé le majorant
Ф à l’ensemble Ф dans l’ensemble ordonné {S{E),:<). Cet ensemble ordonné est donc
bien inductif ■

En général, il peut exister plusieurs solutions maximales prolongeant une solution


donnée:
Exem ple 5.2 :
Prenons E = R , i? = R x R , e t pour fonction continue / la fonction
R ^ — ►R, {u,v)i— ^21^12
Pour tous réels a , b , c avec b < c, définissons les fonctions (pa , 'ipa ) ^b,c de R dans
R somme il suit:
, i 0 si i < a / - { t - a)2 si t < a
id t > a • ''’•(‘>= 1 0 si l i a
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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 69

f —(t - 6)^ si t <b


^6,c(/) = \ 0 si6<t<c
[ (^ - c)^ si t > c
Toutes ces fonctions sont R-solutions, donc solutions maximales de l’équation différen­
tielle y' = 2y^| y I (où la fonction inconnue y est à valeurs dans R ). De même, la
fonction nulle 0 est solution maximale. On voit donc par exemple que la ] - 1,1 [-
solution 0]_1д[ se prolonge d’une infinité de manières en une solution maximale ф

Existence de solutions pour E de dimension finie


Dans le cas général, l’équation (S) peut n’avoir que peu de solutions. D’où l’intérêt
du théorème suivant, appelé théorème de Cauchy-Arzelà:
T h é o rè m e 5.3
Si E est de dimension finie, pour tout ( t o , Y o ) e Î2, il existe un réel a > 0 et une
[to - Oi,to -h a] -solution (f de (S) tels que (p{to) = Yq .
Démonstration:
Choisissons des réels a,/3,M strictement positifs vérifiant les conditions suivantes,
où Ja désigne l’intervalle [-a, a] :
r Ja XB(^0,/3) Cn
(3) l Ma < P
{ Pour tout {t, X) € JaX В(Уо, P), on a II /(t, X)\\ < M
(un tel choix est possible à cause de la continuité de / ) . Pour tout entier N > 1,
nous allons construire une fonction (pN : Ja E . On pose y)yv(io) = Уо • Sup­
posant ipff définie sur Jk,a = [to - ^ , t o + avec к e [0,iV - 1 |, et que l’on ait
<PN{Jk,a) Cв(Уо, ^ P ) , o n pose, pour tout t e (io + ^ , i o + Щ р ^ ] :
ka
(4) to- f ( t o + ^,<PN
^0+ ЛГ
et pour tout t e [to - - ^1 :

(5) <PN{t) = IPN (to - + ^ t - to + ^ j / (to -


n J)
(fiN to
Ces définitions ont un sens, et en vertu de la dernière condition (3), pour tout
t e [to + !f, to + ^ ^ ] , o n a + Il < M f , d ’où;

Il <PN{t) - <PN{to) Il < < P w(t) — P N ( t o + fN <PN(to)


( 6)
{k + l)p
< ^P + l =
- N N
On voit de même pour tout t e [ t o ~ ^ ^ ^ , t o - ^ ] ,o n a || (i>N(t) - (to) || < ■
On a donc défini ipjsf sur Л+1,а et on vient de voir que <^л^(Л+1,а) C B{Yq, . La
construction se poursuit par récurrence sur к jusqu’à donner une fonction E
telle que C J« x B{Yq,P), et il est clair que cette fonction est affine par
morceaux et continue, donc dérivable à droite en tout point de \ {to + a} et à gauche
en tout point de \ {to - a) , ces dérivées à droite et à gauche étant toutes de norme
< M (cette construction de (/?дг est appelée construction dEuler).
D’après le théorème des accroissements finis, toutes les (pjs/ sont M-Lipschitziennes.
L’ensemble de fonctions {<^n }n > i est uniformément équicontinu sur le compact J a ,
donc le théorème d'Ascoli s’applique et montre que l’on peut extraire de la suite {(Pn )n >i
une suite {фк)к>о = {^Nk)k>o convergeant uniformément sur Ja , vers une fonction
limite que nous noterons в .
Montrons que в G 5^^^) • On a e{to) = Уо puisque ф к Ы = Уо pour tout
к . En tant que limite uniforme de fonctions continues, в est continue. Puisqu’on a
^ XВ(Уо, /?) pour tout N , on voit par passage à la limite que c x В(Уо, ¡5).
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70 §5

Montrons pour finir que 9 est dérivable sur Ja et vérifie (S) . D’après le théorème
de dérivation des limites de fonctions, il suffit pour cela de montrer que la suite {{'^k)à)k>o
des dérivées à droite converge uniformément sur Ja \ {^o + ce} vers la fonction
1 1-^ /(t, 9{t) ) , et que la suite {{'ipk)&)k>o dérivées à gauche converge uniformément
sur Ja \ {¿0 “ Oi} vers la fonction t f{t,9{t) ) . Montrons l’assertion relative aux
dérivées à droite (celle relative aux dérivées à gauche se montre de manière analogue).
Munissons R x E de la norme standard (r, Max(| r | , |1^ ||) , qui définit la
topologie produit de celles de R et E . Soit un réel s > 0 . Soit un réel t] > 0 module
de continuité uniforme de / sur le compact J a x B(Ybj P) pour e . Soit un entier i/ > 0
tel que 1| Il ^ 2 k > u et tout t e Ja et tel que < ^ .
Fixons un entier k > u . Soit i G Ja \ {^o + û;} • Choisissons i G ^ k ~ ij tel que
^0 + ^ t < t o + (i+l)o:
Nk On a alors

(7) {'^k)d{'t) - (<^Nfc)d(i) - f (^od-


D’autre part, puisque / c > ^ ' , o n a ; ^ < 7y, d’où puisque les (pisf sont M-Lipschitziennes:

^Nk (t) + 11V>Nk(t)-0{t) Il


MOi 7? 7? 7?
<

d’où par définition de 77 et compte tenu de (7): || {'ip'k)d{t) - f (^, ^{i)) Il ^ ^ • C’est vrai
quel que soit le choix initial de t à A: fixé, et cette assertion est vraie quel que soit
k > U. Autrement dit, on a || ('^i,)d(0 “ / (^> ^(^)) Il ^ ^ P^ur tout t e J a \ { t o d- a}
et tout entier k > u . On a bien prouvé la convergence uniforme de la suite (V^j[.)d sur
J q \ {^0 + Oi} vers la fonction t ^ f{t^ 9{t)) M

5.2 T héorèm e simplifié de Cauchy-Lipschitz


Dans cette section, on fixe un A"-espace de Banach non nul (F7,1|. ||) .
Conditions de Lipschitz
Etant donné deux espaces métriques (A^i, Ji) et (A^2i J 2) et une partie A de M \ ^
rappelons (ces deux notions viennent d’être utilisées dans la preuve du théorème 5.3)
qu’une fonction h : A ^ M 2 est dite Lipschitzîenne ssi il existe un réel C > 0 tel
que d2{h{x)y h{y)) < Cdi{x^y) pour tout {x,y) e A x A (pour tout tel C , on dit que
h est C-Lipschitzîenne). On dit que h est localem ent Lipschitzîenne ssi pour tout
point a G A , il existe un voisinage 14 de a dans A tel que h\ soit Lipschitzienne.
IVa
Soit U un ouvert de R x E et g : C7 -+ £?, (r, ^ g(r^ une fonction. On dit
que g est Lipschitzienne en sa seconde variable sur U ssi il existe un réel C > 0
tel que pour tout (t,^ i ,^2) ^ R x E x E vérifiant (r,^i) e U et (r,^2) G Î7, on a
Il j('^iii) —j('^)Î2) Il < C II il —i 2 II • Si P est Lipschitzienne, elle est Lipschitzienne en
sa seconde variable, la réciproque étant bien entendu fausse en général.
On dira que g est localem ent Lipschitzienne en sa seconde variable ssi pour
tout point X G t/ , il exite un voisinage Vx de x dans U tel que g^^ soit Lipschitzienne
en sa seconde variable (propriété qu’on exprimera en disant que g est Lipschitzienne en
sa seconde variable sur Vx ).
En vertu du théorème des accroissements finis, si g est partiellement différentiable
sur U en sa seconde variable, et si sa différentielle partielle relative à E est continue
sur U , alors g est localement Lipschitzienne en sa seconde variable sur U . Si g est
localement Lipschitzienne, elle est localement Lipschitzienne en sa seconde variable, la
réciproque étant bien entendu fausse en général.
Une importante conséquence est que si E est de dimension finie et si g admet des
dérivées partielles en les variables qui paramétrent E et que ces dérivées partielles sont
continues sur U , alors g est localement Lipschitzienne en sa seconde variable sur U .
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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 71

Dans la pratique, on aura souvent affaire au cas où E est de dimension finie et où g


est globalement de classe sur U , ce qui entraîne évidemment qu’elle est localement
Lipschitzienne et a fortiori localement Lipschitzienne en sa seconde variable.

Théorème local d’existence et d’unicité


Nous reprenons l’ouvert non vide i? de IR x , la fonction / : Î2 —>E et l’équation
(S) y ' = f{t.Y)
considérés au début de la section 5.1.
T h é o rè m e 5.4
Supposons f continue sur S7, et localement Lipschitzienne en sa seconde
variable. Pour tout {to,Yo) e ü , il existe un nombre réel a > 0 et une fonction
(f \ [to —a,to + a] E vérifiant la propriété suivante :
ip est solution de ( S) , on a (p(to) = Yo,et pour tout sous-intervalle non-trivial J de
[to - a, to + a] tel que to ^ J , Vunique J-solution de (8) telle que xp{to) = Yo
est .

Démonstration:
Les hypothèses permettent de choisir des réels a > 0 , / ? > 0 , C > 0 et M > 0
satisfaisant les contraintes suivantes:
' Ca < 1 et a M < (3
[ t o - a , t o + a] xB{Yo,P) C Î2
(8) Pour tout ( r , O e [ to - a ,t o - b a ] xB{Yo,p), on a ||/(r,OII<M
J Pour tout (r,^ i,^ 2) e [to - a , t o a ] x B{Yo,p) x B(Yo,P), on a
I III / ( r , 6 ) - / ( r , 6 ) Il < ^ 116-^2 I
(on notera que l’hypothèse de continuité de / est utilisée pour réaliser la troisième de
ces conditions).
Notons 7 = [to-Oi^to~\-Ci] , et notons J l’ensemble des sous-intervalles non-triviaux
J de 7 tels que to e J . Pour tout J e J , soit { Mj , d j ) l’espace métrique dont
l’ensemble M j sous-jacent est ^^{J^B{Yoyp)) et dont la distance dj est la distance
uniforme^ i.e.
(9) (V(г¿,?;) e M j x M j ) dj{u,v) = (|| w(r) - v(r) ||)
Dans le Banach E , la boule 1(^0» P) est un fermé, donc une partie complète. Munie de
la distance induite par la distance de E issue de sa norme, cette boule est donc un espace
métrique complet borné; on sait que dans ces conditions, l’espace métrique ( Mj . d j ) est
complet. Il est non vide, car la fonction constante J —> B(1q, E)) de valeur constante Yo
appartient k M j .
Fixons J e J . Si U e M j fonction

(10) V:J E , t ^ Y o + [ / (r, u(r)) dr


Jto
est bien définie (la fonction qu’on intègre est continue parce qu’on a supposé / continue).
D’après l’inégalité de la norme des intégrales, en tenant compte des première et troisième
conditions (8), pour tout i G 7 , on a:
t
lk(i)-5^o|| =Il / f{r,u{T))dT
Il 7^0
< i
7io
||/( T ,ti( r) )|| d r < \ t - t o \ M < M a < p

et comme v est manifestement continue, on en déduit que v e M j . On définit donc


une application : Mj M j en associant, à toute u e M j ^ la fonction v définie
par (10). Montrons que est (Ca)-Lipschitzienne. Soit (ui,U2) G M j x M j . Posons
Vi = ^{ui) pour i G {1,2} . D’après l’inégalité de la norme des intégrales et la dernière
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T2 §5

condition (8), on a, pour tout t € J :

11 = / (f{'r,Ul{T)) - /( r ,ti2(r))) dr
Jto
f
Jto
I f(r,Ul{T)) - / ( t ,U2(t )) Il dr I
\

[ C\\ u i {t )-U 2{ t )\\ dr < c | / dj{ui,U2)dr <Cadj{ui,U2)


Jto \ Jto
d’où dj{vi,V2) < Cadj{ui,U2) . C’est vrai pour tout (г¿l,г¿2) • Comme 0 < Ca < 1,
l’application est donc contractante. L’espace métrique ( Mj . d j ) étant complet
non vide, on en déduit que possède un point fixe unique, que nous noterons (fj
(application du théorème du point fixe). Par définition de , pour tout t € J on
a (pj{t) = Vb + / t o ) ^onc d’après le théorème 5.1 on a (fj e ^j{S) et
(fj{to) = Yo. Montrons que (fj est l’unique J-solution qui vaut Yq en to . Soit en
effet ^ G Jj(^ ) telle que = ^ • Si on montre que ^ G M j , il s’ensuivra que
) car alors par définition de on aura , et car il y a unicité du
point fixe de . Raisonnons par l’absurde, en supposant qu’il existe c G J tel que
Il 'ip(c) -Y o \\ > /3. Raisonnons dans le cas où il existe un tel c avec c > to (dans
l’autre cas, le raisonnement est analogue). Par continuité de ^ , on a alors ti G J tel
que to < ti < c, Il 'ip{ti) - Yb II = et || 'ip{t) -Y o \\ < ¡3 pour tout t G [to,h ] . En
utilisant la troisième condition (8), on en déduit que || V^'(t) || = || /(t, ^(t)) \\ < M pour
tout t e [to,ti ] , d’où, d’après le théorème des accroissements finis:
Il ^(¿i) - ^{to) Il = Il i^{ti) - ^{to) Il < M (ti - to) < M{c - t o ) < M a < ( 3
ce qui est absurde. Cette contradiction montre bien que e M j , d’où % j) = (Çj .
Posons maintenant (f = (pi. Pour tout J e J , on a G Jj(^ ) et (</^|^)(^o) = >
d’où (pj = par unicité de (pj . Le couple (a, (p) vérifie toutes les assertions de
l’énoncé ■

Rem arque 5.1 :


Sous les hypohèses et avec les notations de la démonstration du théorème 5.4, sup­
posons de plus que E soit de dimension finie. Notons (p la fonction notée pi dans
la démonstration du théorème 5.4. Les conditions (8) entraînent les conditions (3).
Revenons à la suite ( p n ) de fonctions continues et affines par morceaux définie à la
démonstration du théorème 5.3 par la construction d’Euler. D’après l’unicité de p ,
nécessairement toute suite extraite de la suite { p n ) qui converge uniformément sur
I converge vers p . La suite { p n ) n > i » qui a une valeur d’adhérence unique dans
(A^/, d/ ), qui est p , et l’ensemble {</?7v}n > i est relativement compact dans {JAi,di) ,
donc cette suite converge uniformément vers p sm I . Donc quand E est de dimension
finie et quand / est continue et localement Lipschitzienne en sa seconde variable, sous
réserve d’assurer les conditions (8), plus précises, au lieu des conditions (3), la méthode
d’Euler donne une suite convergeant uniformément vers la /-solution p ^
Globalisation
T h é o rè m e 5.5
Supposons f continue sur Î2 , et localem ent Lipschitzienne en sa seconde
variable. Les intervalles de définition des solutions maximales de (S) sont ouverts.
Les graphes des solutions maximales de (S) forment une partition de ü . Les solu­
tions de (S) sont les restrictions de ses solutions maximales.
Dém ons ira tion :
Montrons d’abord que si deux solutions pi et p 2 de (S) sont telles que
l(pi n I<^2 ^ et prennent la même valeur en un point to G fl , elles coïncident
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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 73

sur tout l’intervalle 7 = D • Il ^ à prouver si I est trivial, on


peut donc supopser I non-trivial. En effet, dans ces conditions, notons J l’ensemble
{i G 71 ^i{t) = (P2{t)} • Psir continuité de (pi et <^2 >l’ensemble J est fermé dans 7 . Il
est non vide, car to e J . Montrons que J est ouvert dans 7 : soit ^ J ; soit un réel
a* > 0 et une fonction (ç* : [Iq - a * a * ] E vérifiant toutes les assertions du
théorème 5.4. L’intervalle I* = I O [to - a * a * ] est un voisinage de ¿0 7 , et
solutions de (S) qui coïncident en Îq j ces solutions sont égales,
donc 7* C J , donc J est voisinage de • Finalement J est voisinage de chacun de
ses points relativement à 7, c’est bien un ouvert dans 7. Ainsi J est à la fois ouvert
et fermé dans 7 ; comme 7 est un espace topologique connexe, il s’ensuit que J = 7 , et
on a bien <^i|^ = (^2|^ •
• Soit maintenant mo = G 72. Notons Smo l’ensemble des solutions
de {S) telles que to G et (p{to) = Yo • D’après le théorème 5.4, on a Smo ^ ®•
Notons Jmo = : c’est un intervalle non-trivial, et to G Jmo • Il est immédiat
que Gmo = C1? , et en fait Gmo est un graphe fonctionnel; plus précisément,
d’après la première partie de la démonstration, il y a une fonction • ^mo -F et
une seule telle que ^mo\j = ^ P^ur toute fonction ip G Smo • On a = Gn 0 • On
vérifie facilement que îTVno solution de ( S) . On a ^moi^o) = Yo , i.e. mo ^ •
Par construction, dans l’ensemble ordonné (ÿ(S),:<), la fonction iTVno est l’élément
maximum de la partie Smo • O’est donc une solution maximale, c’est la seule dont le
graphe passe par mo , et les solutions dont le graphe passe par mo sont les restrictions
de îTVno ^ux sous-intervalles non-triviaux de Imo dont to est un point. D’après cette
étude, toutes les assertions du théorème sont établies, hormis le fait que les intervalles
de définition des solutions maximales sont ouverts.
• Soit 'tjj une solution maximale de {S) , montrons que est ouvert. Soit to ^ I •
D’après le théorème 5.4, on a un réel a > 0 et une J^-solution (p telle que ^{to) = i^{to) »
où J a = [to-Oi^to-\-Oi] . Avec les notations de la deuxième partie de la démonstration, on
a nécessairement ^ = ^m o, où mo = (îqj • Comme ip G Smo, on 3. (p ■<'ip = ^mo j
d’où Ja C l ^ . Donc est voisinage de to - On a ainsi montré que l’intervalle est
voisinage de chacun de ses points, donc il est ouvert I

Comportement d’une solution maximale en une borne


T h é o rè m e 5.6
Sous les hypothèses des théorèmes 5,4 et 5.5, soit (p une solution maximale telle que
ly, ^ IR. Soit b une extrémité de . Pour toute valeur d'adhérence Yo de (p en
b , on a {b, Yo) ^ Í2 .
Démonstration:
On peut supposer que b est la borne supérieure de (si b est la borne inférieure
de , le raisonnement est analogue). Raisonnons par l’absurde, en supposant trouvé
Yo e E qui soit valeur d’adhérence de ip en b et tel que {b, Yb) ^ 72. Choisissons
des réels strictement positifs a,l3,C ,M vérifiant les conditions (8) avec to = b . Posons
a i = f et ^1 = I . Soit èi G [b - ^^,b[ tel que \\(p{bi)-Yo\\ < Pi (un tel 6i
existe parce que Yo est valeur d’adhérence de (p en b). En posant Y\ = ^{bi), on
a Ma i ^ Pi ) C ai < 1, [bi — ai, 6i + a i ] x B{Yi,Pi) C [6 —a ,6 + a] x b {Yo,P) ,
donc / est C-Lipschitzienne en sa seconde variable sur [6i - a i, 6i + a i ] x B(Fi , ^ i ) .
Donc les conditions (8) sont satisfaites par les nombres a i , P i, C ,M avec 6i à la place
de to et Yi à la place de Yo . D’après la démonstration du théorème 5.4, il y a donc
une [6i —ai, bi + a i ] -solution ip de {S) telle que ^ ( 6i) = Y i . Avec les notations de
la démonstration du théorème 5.5 et en posant mi = (61, 1^1), nécessairement (p = ^mi
et ip e Smi , d’où [61 - a i, 61 + a i ] C I<^ . Mais 6i + a i > 6 - ^ + a i > 6 + ^ > ^ ,
ce qui est absurde puisque b est la borne supérieure de I<p . Cette contradiction montre
que Yb ne peut pas exister ■
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74 §5

5.3 A pplication aux systèm es d ’équations scalaires


Soit un entier n > 1 et un ouvert non vide Ü de R x K'^ . Donnons-nous des
fonctions continues fi : ü K ( l < 2 < n ) , et considérons le système différentiel:

( 11) ( Vz € [ l , n l ) y'i =
où î/i, . . . , 2/n sont n fonctions inconnues à valeurs dans K . On laisse au lecteur le soin
d’expliciter une définition rigoureuse des solutions de ce système, ce qui est immédiat, et
d’en développer les propriétés élémentaires évidentes (restriction, etc).
On ramène immédiatement ce système à une équation de la forme {S) du début de
la section 5.1, en prenant E = (muni d’une norme quelconque), et en prenant pour
fonction inconnue la fonction Y à valeurs vectorielles dans E définie par
( 12) y = (yi,---,yn)
et en prenant pour fonction / la fonction ü E de fonctions composantes / i ,.. •, /n •
Pour que / soit continue (resp. continue et localement Lipschitzienne en sa.seconde
variable), il faut et il suffît que toutes les fi le soient. Si toutes les fi sont continues et
localement Lipschitziennes en leur seconde variable, on a donc le théorème d’existence et
d’unicité des solutions maximales suivant, déduit du théorème 5.5:
T h é o rè m e 5 .7
Dans le système (11) ci-dessus, supposons les fi continues sur ü et localement
Lipschitziennes en le n-uple formé des n dernières variables. Alors pour tout point
(^0) • • • )in) E Î2, il existe un n-uple {(pi, ..., (/?„) de fonctions et un seul qui est
solution maximale de (11) et qui vérifie:
(Vi6[l,nl) y>i{to) = ^i
Soit I rintervalle de définition des fonctions âinsi obtenues pour
(^O)ii) • • • )in) hxé. Les n-uples solutions de (11) définis en to et vérifiant en ce
point les conditions initiales ci-dessus sont les restrictions de ((pi^... ,(pn) aux sous-
intervalles non-triviaux de I dont to est un point. L^intervalle I est ouvert.

L’énoncé équivalent au théorème 5.7 en termes de partition de ü par les graphes des
n-uples de fonctions solutions de (11) est bien clair, nous laissons au lecteur le soin de le
préciser.
Soit maintenant un entier p > 1, un ouvert non vide i? de IR x et une fonction
continue f : Ü K . Considérons l’équation différentielle:
y^^ = f { t , y , y ' , - - - ,
(pour P = 1, elle se réduit à y' = /(^,y) ), où y est une fonction inconnue à valeurs
dans K . Une telle équation s’appelle une équation différentielle scalaire d^ordre
P avec corps de base K , résolue en . Si J est un intervalle non-trivial de IR ,
on appelle J-solution de (fF) toute fonction p fois dérivable <p : J K telle que
pour tout i G J , on ait (t, ip{t),... , (p^^~^Ht)) G Î2 et:

(13)

Comme d’habitude, l’ensemble des J-solutions de (F) sera noté , et l’ensemble


union de tous ces ensembles sera noté Sf[fF). Pour toute solution <p, nous noterons
l(p son intervalle de définition. L’ensemble est muni de la relation d’ordre :<,
ce qui permet de définir la notion de solution maximale. Là encore, on peut développer
directement quelques évidences sur les solutions de (F) (restriction, régularité: par
exemple si / est de classe avec r e N (resp. de classe ), alors toute solution de
(F) est de classe (resp. de classe )). Toutefois, nous allons voir que ce type
d’équation se ramène à une équation de la forme (S) du début de la section 5.1. Il n’y
a rien à montrer si p = 1, nous supposerons donc p > 2.
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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 75

Prenons E = muni d’une norme quelconque | | . || , soit (ei,..., Cp) la base cano­
nique de E ^ et soit la fonction (visiblement continue)
i=p—l
(14) Ф : П — *E, I— ^
i=l
Considérons l’équation à inconnue vectorielle Y à valeurs dans E :
(S) Г = ФЦ,¥)
Fixons un intervalle non-trivial J de R . On vérifie que si (/? = ^
fonction (pi est de classe et appartient à â^j{T). On définit ainsi une application
Oij : ^ ^ j( ^ ) • On vérifie que si ф e , alors la fonction (p =
appartient à ; on définit ainsi une application ßj : ^j{T) ^ j { S ) . Enfin on
vérifie que ßj о a j = et a j о ßj = Idsp^(j-) , ce qui entraîne que a j et ß j sont
des bijections réciproques l’une de l’autre.
On a un unique couple d’applications : îf[E) , ß : tel que
^lsPj(?) ~ ~ p o u r tout intervalle non-trivial J de IR . Ces applications
a et ß sont des bijections réciproques l’une de l’ê tr e , croissantes pour < . Elles font
donc se correspondre les solutions maximales de (S) et de ( ^ ) .
Il est clair que / est continue (resp. continue et Lipschitzienne en sa seconde variable)
ssi Ф l’est. On peut donc transporter à l’aide des bijections a j et ß j (où J décrit tous
les intervalles non-triviaux de IR) les théorèmes 5.3, 5.4, 5.5 et 5.6 ce qui donnera autant
de théorèmes sur les solutions de {E) . Contentons-nous ici de transporter le théorème
5.5. L’énoncé obtenu est appelé le théorème de Cauchy-Lipschitz des équations scalaires
dbrdre p\
T h é o rè m e 5.8
Dans réquation , supposons f continue sur Î2 et localement Lipschitzienne en
le p-uple formé des p dernières variables. Pour tout point (io)Îo, • • • jÎp -i) ^ f2 , il
existe une unique solution maximale ф de (T) déünie en to et telle que
Ф{и) = $0 ; Ф'М = il ; • • • ; Ф^^~^\to) = ip-i
Soit I rintervalle de déânition de ф ainsi obtenue pour (¿0)io> • • • )ip-i) hxé. Les
solutions de (^) déhnies en to et vérifiant en ce point les conditions initiales ci-
dessus sont les restrictions de ф aux sous-intervalles non-triviaux de I dont to est
un point. Enßn les intervalles de déhnition des solutions maximales de (^) sont
ouverts.
Si l’on veut énoncer le théorème 5.8 en termes d’une partition de i? , il faut prendre
quelques précautions. En effet, d’après le théorème 5.5, c^qui est une partition de ü ,
c’est l’ensemble des graphes des solutions maximales de {£). Les graphes des solutions
maximales de (^) ne sont même pas des parties de IRx , ce sont des parties de IRx ii".
Pour déterminer une solution maximale de (T) définie en to , il faut donner en ce point
to non seulement la valeur de la solution, mais aussi celle de ses p —1 premières dérivées.
Par un point (to^Vo) ^ ^ X K appartenant à la projection naturelle de 1?, il passera
donc, si P > 2 , non pas un mais une infinité de graphes de solutions maximales de ( T ) .
C’est pourquoi la notion de graphe au sens habituel d’une solution de {T) n’a que peu
d’intérêt. Ce qui a un intérêt, étant donné une solution (p de ( T ) , c’est le graphe non de
(p mais de l’application ß{(p) : , t h-> (<p(t),<p'(t),... graphe-là
peut être appelé (^) graphe complet de ip . L’assertion principale du théorème 5.7 peut
alors s’énoncer ainsi: les graphes complets des solutions maximales de ( f ’) forment une
partition de Q .

(^) On prendra garde que suivant les auteurs et les textes, l’expression courbe intégrale peut désigner la
courbe définie soit par le graphe usuel d’une solution, soit par son graphe complet.

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76 §5

Pour finir, donnons-nous à nouveau un ÜT-espace de Banach non nul ||. || , un


entier P > 2 , un ouvert non vide de IR x et une fonction continue ^ : Q E.
Considérons l’équation différentielle
y (P) (Í) = iP- ( i , r (f ) , . . . , y ( P - 1) (Í) j

OÙ la fonction inconue Y est à valeurs dans E . Nous dirons que est une équation
différentielle d ’ordre p y en la fonction vectorielle inconnue Y à valeurs dans
E , résolue en . Etant donné un intervalle non-trivial I de IR, on appelle
/-solution de toute fonction p fois dérivable (p de I dans E telle que pour tout
t G / , on ait e Q et:

Munissons le K-e.Y. V = E^ d’une norme quelconque définissant la topologie produit de


celle des p facteurs E , par exemple la norme standard (a;i,. .., Xp) •-> Supi<^<p(|| Xi ||) .
On obtient un X-espace de Banach. Soit la fonction
O : i? >V y (i) $1J • • • Jip) ' ^ (ilJ Î2 j • • • )ip-i) iij • • • )ip))
La fonction 0 est continue, et elle est localement Lipschitzienne en le p-uple des p
dernières variables ssi ^ l’est. Considérons l’équation différentielle du premier ordre à
inconnue vectorielle Y à valeurs dans V :
Y'it) = 0{t,Y{t))
Pour tout intervalle non-trivial / de IR , l’application cp (v^, • • •, établit
une bijection entre l’ensemble des /-solutions de sur l’ensemble des /-solutions de
. En transportant le théorème 5.5, on en déduit:
T h é o rè m e 5.9
Dans réquation (^), supposons ^ continue sur Q et localement Lipschitzienne en
le p-uple des p dernières variables. Pour tout point (to>ioj • • • )ip-i) ^ D , il existe
une, et une seule, solution maximale (p de définie en to et vérifiant en ce point
les conditions initiales

Soit I rintervalle de définition de y? ainsi obtenue pour (tojio» • ■• lip -i) f^xé. Les
solutions de (ÿ) définies en to et vérifiant en ce point les conditions intiales ci-dessus
sont les restrictions de (p aux sous-intervalles non-triviaux de I et dont to est un
point. Enfin les intervalles de définition des solutions maximales de (^) sont ouverts.

Les théorèmes 5.5, 5.7, 5.8 et 5.9 sont les versions les plus fréquemment utilisées du
théorème de Cauchy-Lipschitz. En cas d’ambiguïté, il est préférable de rappeler en détail
l’énoncé précis dont on a besoin.
Pour illustrer l’application pratique des théorèmes ci-dessus, au paragraphe suivant
nous étudierons à fond l’intéressant exemple de l’équation de Newton. Les exemples
que nous développpons ci-dessous montrent assez que même sous sa version simplifiée à
laquelle nous nous sommes limités ici, le théorème de Cauchy-Lipschitz est un outil de
tout premier plan.

5.4 E xem ples variés


Exem ple 5.3 :
Le corps de base étant IR , cherchons les solutions de l’équation différentielle scalaire:
m y"{x) + \y{x)\ = 0
La fonction IR^ —> IR, (г¿, î;) | v | est continue sur IR^ et Lipschitzienne en sa
seconde variable, donc l’équation ÇSj, qui est résolue en y" , obéit au théorème de Cauchy-
Lipschitz 5.8.
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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 77

• Dans une première étape, nous allons construire des IR-solutions de Pour cela,
considérons les équations différentielles linéaires scalaires du second ordre:
{^) y"-y =0
ß-) y" + y = 0
On sait que le IR-e.v. des solutions de ( ^ ) (resp. de est l’ensemble des fonctions
de la forme a; i-> (où {A, B) G ) (resp. l’ensemble des fonctions de
la forme x i—►C s in { x —</?), où (C7, (/?) G [FÎ^ . Pour tout (A^B) G IR?. , il est donc
immédiat que la fonction
(15) / a,b : I R — ^IR, x ^ A e ^ + Be-^
est IR-solution de (*^ . Pour tout (C, (p) G IR* , la fonction
' Csh(a: - (p) si x < p
(16) 9c,(p ‘ ^ 2:1 — > < C sin(a; - (/?) s i p < x < p + 7T
^ - C sh(a: - p - n) si x < p -\-7t
est IR-solution de . En effet, la fonction x 1—> sh(a; —p) est solution de {%.), la
fonction X sin(a: - p) est solution de (^^) , et le raccord aux points p et p + n a,
lieu jusqu’aux dérivées secondes.
Les solutions de ÇSj ainsi mises en évidence étant des IR-solutions, elles sont maxi­
males.
• Nous pouvons maintenant intégrer (^ . Soit Xo,2/0)2/o) ^ • Nous allons montrer
qu’il existe une des solutions ci-dessus qui vérifie les conditions initiales en xq :
(17) y[xo) = yo ; y'{xo) = y'o

Cas où yo <0

Posons:
(18) ^ = 2 ® '"’(2/0 +yâ) ■B = 2 ®*'’(l'o ~ 2^o)
Si < 0 et jB < 0, alors / a ,b est IR-solution de (‘^ . Si A > 0, forcément y Q > 0 ,
d’où y o - y'o < 0. La fonction / a ,b a un zéro unique, qui est p = ^ L o g ( - ^ ) . En
posant C = y / - A B , on voit que gc.^p est IR-solution de (^ . Si A < 0 et 5 > 0 , d’où
î/o < 0, la fonction Ja ,b admet un unique zéro, qui est p\ = \ Log(—-^) ; en posant
p = Pi - TT et C = 2 ch{'K)y/-AB , on voit que gc,ip est IR-solution de .

Cas où yo > 0

Posons A = ^ 2/0 + y'o ) choisissons p e R vérifiant

(19) c o s(a :o — p) = — s in (a :o - p) = ^ P < xo < p -\-7T


CL

ce qui est possible car t/o > 0. Alors gA,<p est IR-solution de (^ .

Cas où yo = 0 et y'o ^ 0

Si y'Q> 0 yla fonction gy'^,xo IR-solution de ("^ , et si yg < 0 >la fonction g^y'^^xo-ir
est IR-solution de .

Conclusion

Pour tout (a;o,yo,yo) ^ IR^ ) ü existe une IR-solution de définie en (15) ou (16)
et vérifiant (17). En vertu du théorème de Cauchy-Lipschitz, cette solution est l’unique
solution maximale de ÇS) vérifiant (17). Donc les solutions maximales de (‘^ sont les
fonctions définies en (15) ou (16).

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T8 §5

Exem ple 5.4 :


Le corps de base étant R , intégrons l’équation différentielle scalaire du premier ordre:
(ÇJÎ) y'{x) - y{x) - y‘^{x) = 1
Il s’agit d’une équation de Riccati (voir exemple ci-après) résolue en y' et définie sur
; c’est aussi une équation lacunaire et une équation à variables séparées(cf. [1]). Il
est immédiat qu’elle obéit au théorème de Cauchy-Lipschitz 5.5 (ou aussi 5.8 dans le cas
P = 1). Donc les graphes (ordinaires) de ses solutions maximales forment une partition
de [R^ . Pour mettre des solutions en évidence, le plus rapide est ici de la traiter comme
équation à variables séparées. On obtient ainsi immédiatement la famille de solutions
{fc)ceu >où f c désigne la fonction définie par:
7T ^ "TT
(20) fc C- O H— ^ 1
\/3
Comme f c M ------►+00 et fcix) __ 2L_
-00 , il est clair que cette fonction f c est
^ n/3
solution maximale de (2/^ .
Soit maintenant (xo,yo) ^ • Posons C = xq — ^j^A rctg (-^(2t/o + 1)) • Alors
xo Ç.^C — - ^ , C + et fc{xo) = yo ■ La solution maximale dont le graphe passe
par (xo,j/o) 6St donc f c ■On en déduit que l’ensemble des solutions maximales de (9^
est {/c}ceiR •
Exem ple 5.5 :
Le corps de base étant IR , étudions l’équation différentielle scalaire du premier ordre:
(91) y'{x) = +1
L’équation (9^ est du type y' = f { x , y ) , avec / polynomiale de IR^ dans IR, donc
continue et localement Lipschitzienne en sa seconde variable. D’après le théorème de
Cauchy-Lipschitz 5.5, les graphes de ses solutions maximales forment donc une partition
de IR^ . Déplus, / étant de classe , toutes les solutions sont de classe (^) . Dans
tout ce qui suit, le mot “solution” sans autre précision signifiera: “solution maximale” (en
revanche, l’expression: “ J -solution”, où J est un intervalle non-trivial de IR , signifiera
solution dont Fintervalle de déñnition est J , non nécessairement maximale.
Réduction de la recherche
Une [R-solution évidente est la fonction: S : IR ^ IR, x i-> a;. Pour J intervalle
non-trivial de IR, toute J -solution ip vérifie donc soit ip{x) < x pour tout x G J ,
soit p{x) > X pour tout X e J . De plus, pour toute J-solution (p, en notant le
symétrique de J par rapport à l’origine, il est immédiat que la fonction
^(p : ®J — ►IR, X I— > -(p{-x)
est solution. L’application ^ : p est une bijection involutive de l’ensemble S
des solutions de (1) sur lui-même, qui respecte la relation d’ordre :< définie, pour tout
couple (p.'ip) de solutions de (1), par: ^^p :< 'ip ssi -0 prolonge On voit donc que
0 permute entre elles les solutions maximales, et donc induit une bijection de l’ensemble
M des solutions maximales sur lui-même. Géométriquement, 0 correspond dans IR^ à
la symétrie centrale de centre l’origine: appliquer 0 à une solution revient à appliquer
cette symétrie centrale au graphe de cette solution. Notant 5+ (resp. <S_ ) l’ensemble
des solutions p telles que p{x) > x pour tout x (resp. telles que p{x) < x pour tout
x), et notant fi et M - = S - C\ M , i\ est clair que 0{S^) = <S_ et
0 {M ^) = M - . On déduit de là qu’ii suffit d^étudier les ensembles et M+ . On
notera le demi-plan ouvert {(a,)0) G IR^ | P > a ] de IR^ .

(^) En fait, la fonction (x.y) ^ f{x,y) étant analytique sur , on peut en déduire que toute solution
est une fonction analytique réelle.

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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 79

Forme analytique locale des solutions


L’équation {Щ est un cas particulier d’ équation de Riccati. On appelle équation de
Riccati toute équation différentielle scalaire de la forme:
(21) 2/' = + B{x)y + C{x)
où A^B,C désignent des fonctions continues sur un intervalle I de R , et où la fonction
inconnue y est à valeurs dans K (= R ou C ). Il est bien connu que si l’on dispose d’une
J-solution particulière <ро de (21), les J-solutions de (21) sont localement exprimables
à partir de A^B^C et de (po par quadratures. Il suffit en effet de changer de fonction
inconnue: si y est définie sur un so us-intervalle I de J , on pose z = y — , et la
fonction y vérifie (21) ssi .г vérifie:
( 22 ) z' = (2 A-\- B ^ Z A z “
^

et sur tout intervalle A où. z reste / 0 , 2 vérifie (22) ssi la fonction u = ^ vérifie
l’équation linéaire:
(23) u' = - ( 2 {^o\^) A + B ^ u - A
Comme l’équation (23) s’intégre à l’aide de quadratures portant sur les fonctions A et
^2 (<^o|^) + .Bj , l’assertion en découle.

Appliquons cette méthode à l’équation (2/1). On est conduit, pour déterminer une
J -solution G <S+ , à poser z{x) = y{x) —x ^ puis u{x) = sur tout intervalle où 2:
ne s’annule pas. L’équation correspondant à (23) est:
(24) u' = 2x U-\-l
Notons que la fonction 2/^ : J —> [R, x (f{x) — x ne s’annule jamais. On peut
donc poser directement: 6{x) = pour tout x G J , et alors les propriétés “ (p est
J -solution de (2/^” et “ 6 est J -solution de (24)” sont équivalentes. Soit S l’ensemble
des solutions de (24) maximales parmi ses solutions qui sont à valeurs dans IR+ (les
solutions maximales de (5) qui restent > 0 sont évidemment éléments de S , mais les
éléments de S ne sont donc pas nécessairement des solutions maximales de (24)). On
conclut qu’en associant à toute fonction 0 e S , d’intervalle de définition J , la fonction
1)0 : J —>IR, xi->xH- 0^ ) on obtient une bijection de 8 sur A4+ .
<
Intégration de (24)
Les solutions maximales de (24) sont ses -solutions. Pour tout réel Л , soit la
fonction u \ définie par:

(25) «A

La technique usuelle de variation de la constante montre immédiatement que la corres­


pondance A ua définit une bijection de IR sur l’ensemble des R-solutions de (24).
Ensemble S
Rappelons que e +00 ,
d< = 2/c ' dt = л/тт. On notera G la fonction:

dt

Elle définit un - difféomorphisme de R sur ] - . Si A > , on a


donc immédiatement: г¿A G . Si A < , alors г¿A(x) < 0 pour tout x . Supposons
que < a < ^ \/^ . Posons C\ = G ^ - A ) . Alors u\ reste > 0 sur ¡ C ' a , +00 [
et reste < 0 sur - 00, C'a [ , et il est clair que la fonction v\ = u\\ est élément
] С л ,+ о о [
de S .

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80 §5

Ensemble M a-
Si A 6 ] - ^ \/^ , H-oo [ , notons I\ l’intervalle égal à R si A > ^ , égal à ] C a , + oo [
si - ^ 0 r < A < ^ v ^ , e t notons (p\ la fonction:

(26)
A + / ; e - ‘M i
On déduit de l’étude ci-dessus que la correspondance A {px définit une bijection de
]“ *^+ •
Étude détaillée des solutions
Pour k e {1,2}, soit T>k l’ensemble des points (a, 6) G V+ tels que la solution
^ qui définit la courbe intégrale maximale passant par ce point vérifie:
= 0. On voit que T>i est la branche supérieure de l’hyperbole d’équation
a;2 - 2/2 = - 1 . On déduit de (91):
(27) 2/" = 2 x - 2yy' = 2 x - 2y(x^ - 2/^ + 1) = 2 (a; - 2/) (l - y{x + y))
donc V 2 est l’intersection avec V+ de l’hyperbole d’équation y{x -h y) = 1 : on obtient
deux demi-branches ouvertes de cette hyperbole. On notera celle de ces demi-
branches qui est asymptote à la seconde bissectrice, et T>2 celle qui est asymptote à
l’axe des abscisses. Les courbes T>k induisent un “régionnement” de : de façon
précise, pour k fixé, l’ouvert \ T>k possède un nombre fini de composantes
connexes; en chaque point (a, b) de chacune de ces composantes, le signe de ^^^^¿(a) est
le même. Ce signe est indiqué sur la figure 1 (on a: ni = 2 et ri2 = 3). On notera
respectivement a;+ et a;_ les composantes de \ V i pour lesquelles > 0 et
^ • L’ensemble est l’intérieur de la branche d’hyperbole T>i.
Nous fixerons ci-après A G] - ^\/^, +00 [ , et nous étudierons les variations de •
Nous nous contenterons d’analyser en détail le cas où 7a = (c’est-à-dire le cas où
A> )» d’énoncer les résultats pour les autres cas, qui se traitent par des techniques
analogues. Remarquons que </?a(0) = j ^ si A > ^ \/^ , il est immédiat, d’après
(26), que (fx{x) — x ----------- > 0, i.e. la courbe intégrale définie par admet la
æ— >±00
première bissectrice pour asymptote aussi bien pour x —>-foo que pour x —>—00.

Cas où A > 1

La condition A > 1 équivaut à: (0,(/?a (0)) G . Montrons que est strictement


croissante sur R . Sinon, s’annulerait. Puisque (^a(^) > 0, on aurait soit un plus
grand zéro de dans R * , soit un plus petit zéro de dans R^ , soit les deux à la
fois. Supposons qu’il y ait un plus grand zéro ^ de dans R * . Par continuité de p'^ ,
on aurait alors p'x{x) > 0 pour tout x g ]^,0] , puisque <^a(^) ^ Ainsi p \ serait
croissante entre $ et 0, d’où p\{0) > px{0 • C’est impossible, car (^,<^a(0) ^ j
d’où visiblement: px{0 > 1 > <^a(0) • On verrait de même que p'x reste > 0 sur
R * . Donc px est bien strictement croissante sur R , son graphe est contenu dans .
Les deux arcs V 2 et T>2 sont les graphes de deux fonctions continues et strictement
croissantes u j et u j . En considérant les fonctions px — u j et px - u j sur des
intervalles convenables, on voit aisément que p'^ s’annule exactement une fois sur
et exactement une fois sur R * . L’étude de ce cas est complète.

Cas où < a < 1

Cette condition entraîne: (0,(^a(0)) G cj_ . Du fait que px{x) - x 0,


■*±00
on déduit que p'^ s’annule au moins une fois sur chacun des intervalles R_ et R *
(en effet, px ne peut être strictement décroissante sur aucun de ces deux intervalles).
Comme v^a(^) ^ ^ » l’ensemble Z - = ^ admet un plus grand élément, que
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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 81

nous noterons a , et l’ensemble Z+ = R+ admet un plus petit élément, que


nous noterons ¡3. Montrons que Z - = {a} et Z ^ = {(5) . L’arc T>i est le graphe de la
fonction h : R -> IR, a: + 1)2 , qui est de classe . On a: h'{x) < 0 si a: < 0
et h'{x) > 0 si X > 0. Si a G , on a donc un réel r > 0 tel que r < \ a\ et que
(px{x) < h{x) pour tout X e [ a - r , a ] et ip\{x) > h{x) pour tout x e [a,a + r] ,
ce qui entraîne: {xy(px{x)) G a;+ pour tout a: G [ a - r , â ] et {x^(px{x)) G cd_ pour
tout a: G [a,a + r] . De même, si 6 G , on a un réel r > 0 tel que r < \ b\ et que
(px{x) > h{x) pour tout X e [ b- r , b] et (fx{x) < h{x) pour tout x G [6, 6 -f r] , ce
qui entraîne: {x^(px{x)) Ga;_ pour tout xG [6 - r , 6] et {^x,(px{x)) G pour tout
X G [ 6,6 + r ] . On en déduit que les ensembles Z - et Z ^ sont localement finis (ils
sont discrets et fermés dans IR ). Si Z - n’était pas réduit à {a} , l’ensemble Z - \ {a}
aurait donc un plus grand élément 7 . D’après ce qu’on vient de voir, on aurait alors
des réels 7' et a' tels que 7 < 7' < a ' < a et tels que < 0 et > 0.
Par le théorème des valeurs intermédiaires, (p^ s’annulerait donc au moins une fois dans
[7' , a'] , ce qui est absurde. Cette contradiction montre que Z^ = {a} . On verrait de
même que = {/?} .
Puisque v^^(O) < 0, la continuité de entraîne que </?^(x) < 0 pour tout
X G] a, /? [ . Puisque p'x{x) < 0 pour tout réel x < a et assez voisin de û: , on voit que
(Pxi^) ^out X < a. De même, puisque Pxi^) > 0 pour tout réel x > P et assez
voisin de /?, on voit que <p^(x) > 0 pour tout x > /?.
Etudions les zéros de (px • raisonnant comme au premier cas, on voit facilement
que Px s’annule une fois et une seule sur l’intervalle ] —00, a [, en un point que nous
noterons 77, que Px reste > 0 pour x < a et < 0 pour rj < x < a . Il est trivial
que Px(x) > 0 pour tout x GIR+ . Dons Px s’annule au moins une fois dans [a,0] .
Montrons que l’ensemble I = [û:,0] D (^^“ ^(0) est un singleton. Soit g la fonction:
I R_—> I R , x i - ^ ^ ( - x + \/x2 + 4) . Son graphe est . En tout point (a, 6) GP j
tel que a GJ , on a: g^{a) = — et <^^(a) = 1 —6^ + ^ , d’où immédiatement:
Px{ci) > g'(O') • On en déduit que Pxi^) > 0 pour tout réel x > a assez voisin de a
et que p'x{x) < 0 pour tout réel x < a assez voisin de a . En raisonnant comme pour
la dérivée première, on voit à partir de là d’abord que I est localement fini, puis, que
c’est un singleton {C} ? et enfin, que px reste < 0 sur [a, C[ et reste > 0 sur ] C)0] •
Cela achève l’étude de px dans ce cas.

Cas où A =

Pour abréger, on posera: -0 = (/? i^ . Puisque e dt = iy/n , la formule (26)


se réduit ici à:

(28) 0(x) = X +

En intégrant par parties (et en utilisant les règles d’intégration des relations de compara­
ison), on obtient facilement pour x ^ —00 le développement:
#2, ^2
‘ di = e “®
/■
d’où, pour X ^ —00 :
(29) V>(x) = - x - i + 0 ( ^ )
relation qui montre que le graphe de 0 est asymptote à la seconde bissectrice pour
X —►—00, et que (x,0(x)) GU- pour tout x < A , avec un réel A < 0 convenable.
En raisonnant comme au premier cas, on voit alors que 0 ' ne peut s’annuler sur IR_ .
Puis, on conclut à l’existence d’un unique zéro a de 0 ', avec a > 0 ; que 0'(x) reste
< 0 pour X < a et reste > 0 pour x > a , et enfin, que 0''(x) reste > 0 pour x < a
et 0"(x) reste < 0 pour x > a. L’étude de ce cas est complète.

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82 §5

Autres cas
Nous laisserons les justifications au lecteur.
• Le cas intermédiaire A = 1 se déduit facilement de l’étude ci-dessus: (pi est
strictement croissante sur R . On a: ^0) = {0} » > 0 POur tout
X y <Pi{x) < 0 pour X < 0 et ^i(x) > 0 pour x > 0.
• Dans le cas où < A< , l’ensemble est un singleton {a} avec
a > 0, on a ip\{x) < 0 pour C \ < x < a , <p'x{x) > 0 pour x > a , et (p'l(x) > 0 pour
tout X e I \ . Enfin, >px{x) ---------------------- > +O 0 (présence d’une asymptote verticale
x —^C\ , x > C x
d’abscisse C\ pour le graphe )•
La figure 1 ci-dessous montre quelques graphes des diverses solutions, ainsi que les
deux hyperboles séparatrices:

Exem ple 5.6 :


Le corps de base étant R , considérons le système différentiel scalaire suivant, en les
deux fonctions réelles inconnues xi,X2 de la variable réelle t :

) Xi =X2
x '2 = - Xl + (1 - xf - xl) X2
Il s’agit d’un système différentiel scalaire de deux équations en les deux fonctions incon­
nues réelles xi,X2 , qui s’écrit
(30) (a;i,X2)'(t) =0{t,xi{t),X2{t))
OÙ ^ désigne la fonction polynomiale : R^ —> R^ , (i, rj) {rjy - $ + (1 - - 77^) rj.
Le système obéit donc au théorème de Cauchy-Lipschitz 5.7. Nous l’étudierons en cinq
étapes.
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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 83

• Soit ((pii(p2) une /-solution de (Q)), où I désigne un intervalle non-trivial de R .


Associons-lui la fonction u : / - ^ R , t » - > 1 - - iP2(t) • Par dérivation, on a, quel
que soit t e l :
(30) u'{t) = + (f2Ít)(P2(t)) = -2{(pi{t)(p2{t) + <P2Ít){-(pi{t) + u{t)(p2{t)) = -2г¿(¿)v?2(¿)^
Soit alors to e I . En considérant (30) comme une équation différentielle linéaire en la
fonction inconnue u et en l’intégrant en plaçant les conditions initiales en to , on obtient,
pour tout t e l :

(31) u{t) = tt(io) exp ^ -2 ¡p I{t ) i

Dans ce qui suit, pour tout couple (</?i,</?2) solution de (3)), nous noterons
la fonction notée u ci-dessus correspondant à ce couple.
• Soit (<pi,<^2) une /-solution maximale de (2)), où I désigne un intervalle non-trivial
de R . Supposons avoir trouvé to ^ I tel que u<^i,<^2(^o) > 0. Nous allons montrer
qu’alors / = R , Pour cela, notons que d’après (31), la fonction u = reste > 0
sur I , donc u' = -2u(p2 reste < 0 sur I , donc u décroît. Puisque u = l-( pi~ (p 2 yon
voit que u est à valeurs dans [0,1] . Notons respectivement a et b la borne inférieure
et la borne supérieure de / ( —oo < a < b < -hoo ). Puisque le domaine de définition
de la fonction ^ est ouvert, / est ouvert, donc I = ] a, 6 [ . Montrons par l’absurde
que b = +00 . Supposons b < +oo . Puisque u est à valeurs dans [0,1 ] , on voit que
(fl et (f2 sont à valeurs dans [—1,1] • D’après (2)), les dérivées et (^2 s^rit donc
bornées sur I . Le critère de Cauchy des fonctions montre alors que les fonctions cpi, (p2
et leurs dérivées premières admettent des limites en 6. La solution ((pi,(p2) serait donc
prolongeable au point b en une (/ U {6})-solution, ce qui contredit la maximalité de la
solution (<^1,(^2) • Cette contradiction montre que b = +00 ; on verrait de même que
a = —00 . Donc / = R .
• Cherchons maintenant les R-solutions périodiques de (2)). Soit un réel T > 0 et soit
une R-solution T-périodique de (2)). Posons u = . La fonction u est
T-périodique, et vérifie (31) pour tous réels t et to .

Cas où u est non nulle


Fixons to ^ U tel que u{to) ^ 0. D’après (31), on a u{t) 0 pour tout t G R ,
donc par continuité u est soit à valeurs dans R * , soit à valeurs dans R ^ . Donc
u' = —2uif>2 soit à valeurs dans R+ , soit à valeurs dans R_ . Donc u est monotone
sur R . Etant monotone et périodique, u est constante. On en déduit facilement que
la fonction t constante sur R , donc (p2 est nulle puisqu’elle est
continue. Donc u = 1 —(pi ^ donc (pi = 1 —u est constante, par continuité de (/?i, il en
découle que (pi est constante. En fait, (p\ = -(p'2 (cf. (2)), donc (pi est nulle puisque
(P2 l’est. En définitive, (<^1,(^2) est la fonction nulle de R dans R^ .

Cas où u est nulle


Puisqu’ici ( p i ( p 2 = I i théorème de relèvement montre qu’il existe une fonction
^ : R —>R de classe (déterminée de manière unique à l’addition près d’une fonction
constante à valeurs dans 27tZ ) telle que (pi{t) = cos{6{t)) et sin(^(t)) pour tout
t G R . Choisissons une telle fonction 0 . On a:
(32) (p\ = -6' s i n ^ ¥>2 6' cos 0
d’où, en utilisant (2):
(33) —^ ' s i n ^ = s i n ^ ; 0 ' c o s 6 = —co s 0
En multipliant la première relation (33) par s i n ^ , la seconde par cos ^ , et en addition­
nant, on voit que 6' est constante de valeur —1. On a donc C G R tel que 9{t) = C —t
pour tout t G R , d’où:
(34) (Vî g R) (pi{t) = cos{t - C) ; (p2{t) = - sin{t - C)
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84 §5

C onclusion

On vérifie que le couple % de fonctions nulles et les couples de fonctions


donnés par (34) sont bien solutions de (2)). Les solutions périodiques de (2)) sont donc
et les couples donnés par (34), où C € IR est arbitraire.
• Soit (</?i,<^2) une solution maximale de (2)) non périodique y posons и =
et supposons trouvé un point to de définition de и tel que u(to) > 0. On a vu
plus haut qu’alors l’intervalle de définition de (<^1,(^2) est IR. Nous allons étudier le
comportement de и en —00 et + 00. L’étude ci-dessus montre que (<piy(p2) Ф 2t.
En examinant (2)), on en déduit que est non nulle. S’il existait t G IR tel que
(pi{t) = (p2{t) = 0 y on déduirait du théorème 5.7 (appliqué avec conditions initiales au
point t ) que (y?i,<^2) = 2t, ce qui est impossible. Donc (pi H- ср2 est à valeurs dans
IR * . La fonction R = [(fl H- (P2) ^ est donc de classe sur IR et à valeurs dans IR * .
Comme и décroît et est à valeurs dans ] 0,1 [ , on voit que R est croissante et à valeurs
dans ] 0,1 [ . Donc R admet une limite i en —00 et une limite L en + 00, et on a
0 < ^ < L < 1 et L > 0 . Le théorème de relèvement donne une fonction ^ : R —> IR
de classe telle que, pour tout t G R :
(35) (pi{t) = R{t) cos ; (p2{t) = R{t) s i n {0{t))
En reportant les relations (35) dans (2)) (où l’on a substitué {(piy(f2) à {xiyX2))y on
trouve:
f co s 0 —R9^ s i n ^ = R s i n 9
(36) {
il' s i n ^ H- R9' cos 9 = —ilc o s ^ -h (1 —R r ) R s i n 9
d’où, par une manipulation élémentaire, R9^ = -il-h (1 - R?) s i n ^ co s 9 , d’où, puisque
R reste > 0 :
(37) z= -1 - f (1 - il^) s in ^ c o s 9

On a 0 < u{to) < 1. Posons ilo = R{to) • D’après (37), pour tout réel i > to >on a
- 1 - i ( l - Rl) < 9'{t) < -1 + i ( l - Rl) y soit:

(38) M ill <


2 - w - 2
et pour tout réel t < to >on a:

(39)
D ’a u tre p a rt puisque (pi e t (p2 sont bornées su r R (à valeurs d ans ] — 1 ,1 [ ), à
nouveau en écrivant que {(piy(p2 ) vérifie (2)), on voit que (pi e t (p'2 re ste n t bornées
su r R . D ’après (39), à l’aide d u théorèm e des accroissem ents finis, on a 9{t) ^ —00

e t 9{t) — > -f-0 0 . F inalem ent 9 est un '^-difféom orphism e décroissant de R su r lui-
t— 00
m êm e (c’est m êm e u n ^ -d iffé o m o rp h is m e ). Le théorèm e des accroissem ents finis m o n tre
aussi, d u fait que (p[ e t sont bornées, que (pi e t (p2 sont L ipschitziennes su r R
donc uniform ém ent continues sur R , e t com m e elles sont bornées su r R , il en découle
que (fl e t (p^ sont uniform ém ent continues sur R . P uisque 9{t) ^ —00 e t L > 0 ,
la fonction <p2 = R s i n 9 n ’a pas de lim ite en + 0 0 . M ontrons que cela en traîn e la
divergence de l’intégrale E n effet si cette intégrale convergeait, on en
d é d u ira it que (p2 (t)— > 0 parce que (p^ est uniformément continue, en co n trad ictio n
t—++00
avec ce q u ’on v ien t de voir. D onc ^ ’s<près (31), cela en traîn e
u(t) ^ 0 . R em arquons la relation R R ' = u<P2 (vraie dans tous les cas), q u ’on d é d u it
d irectem en t de (2)) e t de R R ' = cpicp'i + (P2<P2 • Elle m ontre ici que R est stric te m e n t
croissante.
M ontrons m a in te n a n t que l’intégrale converge. E n effet, si elle di­
vergeait, d ’après (31) on a u ra it u(t) — ► + 0 0 , ce qui est ab su rd e puisque u est à valeurs

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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 85

d an s ] 0,1 [ . C om m e (^2 uniform ém ent continue, il en découle que (p2 {t) ^ — ^^0 •
Si on avait ^ > 0 , la form ule (p2 = R s i n 9 et le fait que 6{t) — > + 0 0 em pêcheraient
t—*—oo
d ’avoir (p2 (t) — ^ 0 J donc on a ^ = 0 , i.e. m 1 0 , c ’est-à-dire u(t) i-^-00
— > 1.
t—*—oo t—»—00
E nfin les expressions <pi = R c o s 6 et (p2 R s i n 6 ^ et les relations 6{t) 4-00 e t
t—*—oo
6{t) — ^ - 0 0 m o n tren t que (pi e t (p2 s ’annulent une infinité de fois au voisinage de
t—
>4-00
—00 e t une infinité de fois au voisinage de + 0 0 , ces fonctions o n t donc un co m p o rtem en t
“ oscillatoire ” au voisinage de —00 e t au voisinage de + 0 0 . C hacune ad m e t u n g rap h e
de ty p e sinusoïdal, l’intervalle d ’am p litu d e des oscillations te n d a n t vers [—1 ,1 ] en + 0 0
e t vers {0} en —00 (en effet, puisque chacune d ’elles ad m et une infinité de zéros au
voisinage de + 0 0 , et p u isq u ’elles p ren n en t to u te s deux leurs valeurs d an s ] - 1,1 [ , la
relatio n (pi-{-(p2 = l — u m ontre que chacune d ’elles ad m et p o u r ensem ble de valeurs
d ’adhérence en H-oo l’intervalle [1,1] ). L ’im age de la solution d an s l’espace
des phases sera étudiée à la fin de cette section.
• Il reste à étu d ier les solutions m axim ales de (2)) n ’a p p a rte n a n t à au cu n e des catégories
précédentes. Soit une telle solution, soit I son intervalle de définition, e t posons
U= • D ’après l’étu d e ci-dessus, on a u{t) < 0 p o u r to u t i G / . S upposons tro u v é
to ^ I tel que u{to) = 0 ; choisissons alors ao ^ IR te l que c o s ( a o ) = <^i(to) e t
s i n ( a o ) = - < ^ 2 ( t o ) ; p a r application du théorèm e de C auchy-L ipschitz 5.7, on a u ra it
alors I = U et (<^i(t),v?2(t)) = ( c o s ( î - îo + û:o) , - s i n ( t - t o + ceo)) p o u r to u t ¿G IR,
on re tro u v e ra it donc l’une des solutions (34), ce q u ’on a exclu. U n tel to n ’existe donc
pas, d ’où u{t) < 0 po u r to u t i G IR .
Soit respectivem ent a et 6 la borne inférieure e t la bo rn e supérieure de I (avec
- 0 0 < a < b < + 0 0 ), d ’où (puisque I est ouvert) I = ] a , 6 [ . N otons à nouveau
R la fonction [(pi + (^2)^ • ®st donc à valeurs d an s ] l , + o o [ e t de classe .
Le théo rèm e de relèvem ent donne une fonction 6 de classe ^ , définie de
m anière unique à l’ad d itio n près d ’une fonction c o n stan te à valeurs d an s 27tZ , telle que
ipi = R c o s 9 e t <p2 = R s i n 9 . O n choisit une fois p o u r to u te s une telle fonction 9 .
L a relatio n (37) continue d ’avoir lieu. Com m e u' = —2uip2 , on voit que u est croissante
su r I , donc elle ad m et une lim ite yl G IR_ en h . A lors

(40) R{t) i
¿->6
L = ( l - y l ) 5 = ( l + |,l|)è > 1

D ’a u tre p a rt on a A G - 00, A [ tel que u{t) i A.

Montrons que 6 = -hoo

E n effet, d ’après ce qui précède, ifi e t (p2 sont bornées au voisinage de 6 ; en écrivant
que {(pi^(p2 ) vérifie (2), on en déd u it que e t (^2 bornées au voisinage de + 0 0 .
D ’ap rès le critère de C auchy des fonctions, si on avait b < -h o o , les fonctions e t <^2
a d m e ttra ie n t des lim ites en 6, e t on p o u rra it donc prolonger ((^1, (/^2) en une {{b} U / ) -
solution, ce qui est absurde. C e tte co n trad ictio n m o n tre bien que b = -f-oo .

M ontrons que L = 1

F ixons to ^ I . O n a L = 1 ssi yl = 0 , donc ssi l’intégrale J ^ ^ ^ ^ 2 {^)à.t diverge


(cf. (31)). M ais ifi e t (/?2 é ta n t bornées au voisinage de -hoo, il en est de m êm e de
(Pi e t (/?2 (m êm e raisonnem ent que ci-dessus, en u tilisan t (2)). O n en d é d u it com m e
plus h a u t que (pi et (p^ sont uniform ém ent continues au voisinage de -hoo ; si l’intégrale
(plit) d i convergeait, il en découlerait donc que (p2 {t) — > 0 , d ’où ^ i { t ) —> .
^0 I —► 4-00 i—>+00
p a r co n tinuité de (^1 , on a u ra it donc e G { - 1 ,1 } tel que ) d ’où, en
u tilisa n t (2), </^2(0 ^ - e L . C om m e L > 1 , le théorèm e des accroissem ents finis

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86 §5

e n tra în e ra it alors que + 0 0 , ce qui est absurde. C e tte co n trad ictio n m o n tre

que T intégrale diverge, d ’où L = 1 com m e a tte n d u .


À l’aide de (37), on d éd u it de là q u ’au voisinage de + 0 0 , la fonction 9 ^ reste à valeurs
d an s [ - § ) - ^ ] • D onc d ’après le théorèm e des accroissem ents finis, on a 9 {t) ^ i -0 0
(décroissance stricte). Les relations (pi = R c o s 9 e t (f2 = R s i n 9 m o n tren t alors que
(pi e t (p2 s ’an n u len t une infinité de fois au voisinage de + 0 0 . L ’ensem ble des valeurs
d ’adhérence de chacune de ces deux fonctions en + 00 est [—1 ,1 ] . Le co m p o rtem en t
de chacune d ’elles au voisinage de + 00 est oscillatoire, l’intervalle d ’a m p litu d e des os­
cillations te n d a n t vers [—1 ,1 ] , m ais ce tte fois-ci “ en décroissant ” .

M ontrons que A = —00

Fixons toujours to e I . Si on avait A > —00, les fonctions <^i, </^2 seraient
bornées au voisinage de a , ce qui obligerait à avoir a = —00 (pour a > —00, par le
raisonnement habituel, la solution (<^i, (^2) se prolongerait en une ({a} U 7)-solution, ce
qui est absurde). D’après (31), l’intégrale J ^ ^ ^ 2i^)dt convergerait. On en déduirait
comme ci-dessus (du fait que (p2 est uniformément continue) que (f2{t) —> 0. En
t—*—oo
posant ^ = (1 - A) 2 = (1 + IA I) 2 , on aurait e G {-1,1} tel que —> e i , d’où,
t—>—00
en utilisant (2 )), <^2(0 — ^ —e i. Puisque 7 > 1 , le théorème des accroissements finis
t—*—00
entraînerait alors | (p2(t) \ —^ + 0 0 , ce qui est absurde car (^2 est bornée au voisinage
t—*—oo
de —00 . L’hypothèse A > —00 ne tient donc pas, donc A = —00 .
Nous reprendrons cet exemple à la section 5.6, en liaison avec quelques généralités
sur le rôle particulier de l’espace des phases pour une équation autonome. A titre
d’application, nous y démontrerons que dans le tout dernier cas ci-dessus étudié, on
a a > —00 ^
Exem ple 5.7 :
Nous allons étudier un exemple d’équation d’Euler dans le champ réel. Notons Q
l’ouvert de complémentaire de ([-1 ,1 ] x (R \ [-1,1 ] )) U ((R \ [-1,1 ] ) x [-1 ,1 ])
et considérons la fonction

(41) L z ü lŸ
1-e V
L ’éq u atio n que nous allons étu d ier est
(42) y ’{x) = E{ x , y )
Sur la com posante connexe i?o = ] - L 1 [^ de f? , on écrit trad itio n n ellem en t (42) sous
le form e
dx dy
(43)
VT V ^ -y *
e t su r î 2 \ î 2q (qui a q u a tre com posantes connexes), on l’écrit trad itio n n ellem en t sous la
form e

L ’éq u atio n (42) obéit sur f ? , e t a fortiori sur chacune de ses com posantes connexes, au
théorèm e de C auchy-L ipschitz, et to u te s ses solutions sont de classe .
Etude sur i?o
P lu s précisém ent, nous allons é tu d ier sur i?o les deux éq u ations {%e)ee{-iA} •
dæ dy
(«e) = £■
VI ^ / Г ^ y*
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Théorème de Cauchy-Lipscbitz sans paramètres 87

U ne fonction / est solution de (‘^ ) ssi - / est solution de C ^ i ) . Il suffit donc d ’é tu d ier
. P o u r to u te solution m axim ale / de (‘^ ) , nous n oterons 1 / = ] û/ ? ^ / [ son in­
terv alle de définition (on a donc - l < a / < 6 / < l ) . Nous n o terons S la solution
m axim ale x (définie sur I 5 = ] — 1,1 [ ) de ( ^ ) .
P o u r to u te solution m axim ale / de (%i ) , la fonction
■ ] - ! >/ , - a f [ — > ] - l , l [ , Il—
est une a u tre solution m axim ale de {%)\ d ’après le th éo rèm e de C auchy-L ipschitz, on
a f { x ) ^ S{x) po u r to u t X G 1 / , donc f { x ) < x p o u r to u t x G 1/ ou f { x ) > x
p o u r to u t X G 1 / . L ’ensem ble M des solutions m axim ales a u tres que S est p a rtitio n n é
en deux: l’ensem ble des solutions / telles que f { x ) > x p o u r to u t x G 1 / , e t
l’ensem ble M - des solutions / telles que f { x ) < x p o u r to u t x G 1 / . L ’app licatio n
f ^ est une p erm u ta tio n de M qui échange e t M - . Il suffit donc d ’é tu d ie r les
élém ents de .
Soit / une solution m axim ale de {%i) élém ent de M - . Sa dérivée re sta n t > 0 , la
fonction / est strictem en t croissante e t com m e elle est à valeurs dans ] — 1,1 [ , elle
ad m e t des lim ites en a / et 6/ , que nous noterons respectivem ent A j e t . D ’après
le th éo rèm e 5 .6 , si a / > - 1 , nécessairem ent i4 / = - l , e t s i è / < l , nécessairem ent
B j = l . Si on avait 6/ < 1 , l’égalité B f = \ serait co n trad icto ire avec le fait que
f e J L ^ donc 6/ = 1 . Il est im m édiat que A f = - 1 m êm e si a / = - 1 , donc la fonction
stric te m e n t croissante x 1-^ x + / ( x ) est < 0 au voisinage de a / e t > 0 au voisinage
de 6 / : elle s ’annule donc en un point e t un seul de 1 / , que nous no tero n s Uf . P u isq u e
uj = , on voit que f ' { u f ) = 1 . Prolongeons la fonction stric te m e n t croissante
9 = f \ [w/,6/ I en une fonction / :] - 5 / , 6/ [->] - 1,1 [ en p o san t / ( x ) = - ^ ^ “ ^ ^ (-x )
p o u r to u t X 6 ] - B f , u i f ] (où désigne la bijection réciproque de la b ijection définie
p a r g su r son im age). Ce prolongem ent existe car = -cof = / ( a ; / ) . D u fait
que f{(jdf) = 1 , la fonction / est de classe ; d ’a u tre p a rt c ’est une so lution de
(%i) en v e rtu de sa sym étrie en le couple ( x ^ y ) . C ’est une solution m axim ale car il
est clair que / ( x ) — --------- > - 1 . C om m e /( a ; / ) = f {uj f ) , il découle d u théo rèm e de

C auchy-L ipschitz que / = / , d ’où n o tam m en t i f = ] - B f , l [ • Le g rap h e de / est donc


sym étrique par rapport à la deuxième bissectrice^ e t on a a / = —B f e t A f = —B f .
N ous calculerons B f plus loin, ce qui p e rm e ttra de prouver que B f < 1 . U n calcul
facile m o n tre que p o u r to u t x G 1 / , on a:

(45) f"(x) = (x^f'(x) - f ( x f )

P o u r to u t I € ] w /, 1 [ , on a I / ( i ) I < I XI , d ’où / ' ( i ) = ^ d>où, à l’aide


de (45), / " ( x ) > 0 . O n en d éd u it que / " ( x ) > 0 p o u r to u t x G 1 / \ { u f } , ta n d is que
= Donc / est strictem en t convexe, e t son g rap h e présente u n p o in t d ’inflexion
pour X = Uf .
• N ous allons m ain ten an t donner une expression explicite de / , p a r une m éth o d e due
à L agrange. P our abréger, si x G 1 / , nous poserons:
(46) y = f{x) ; X = l-x^ ; Y = l-y^ ; p =x +y q=x -y
In tro d u iso n s la fonction

(47) e : If r = rr di
L“/, V^Xl)
y /x m L \ / ï ”—
Jojf
E lle définit un '^°°-diiFéom orphism e de 1 / su r son im age J / , qui est u n intervalle o u v ert
b o rn é car l’intégrale converge (l’intégrale converge aussi m ais on
n ’a p as a en te n ir com pte car aj = —Bf > —1 com m e on l’a d é jà signalé e t com m e cela
sera pro uvé plus loin). U tilisons la variable t , i.e. com posons to u te s les fonctions en
jeu avec le difféom orphism e réciproque . P o u r ne p as alo u rd ir les n o tatio n s, nous
utiliserons les n o tatio n s concentrées a 1 ancienne ” bien éprouvées, co n sistan t à écrire
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88 §5

« -- et “ ” au lieu de “ ” et “ ”, etc. Rappelons que les


fonctions définies en (46) sont toutes de classe . On a d’abord aisément:

df2 ^
Puis, en tenant compte que pq = x^ y
dp dq
(49)
dt di

(50) = - 2 ( x - y)(x^ + y^) = - 2 {x'^ - y ‘^ - xy{x^ - y^))

En multipliant la première relation (49) par q et en soustrayant la seconde relation (49)


au résultat obtenu, on a:

y^)
= -{x^ - y'^){x^ + y^) + 2xy{x^ - y^)
(51) = -(a:^ - V^)(x - y f
= -{x + y ) ( x - y f
= -VQ
La fonction q ne s’annule jamais, puisque f e JL . On peut donc multiplier (51) par
^ , ce qui donne:

(52)
dt^ dt q^ \ dt J dt ^ dt

Au premier membre de (52), on reconnaît la dérivée exacte de + relation


(52) ayant lieu pour tout t G J / , on en déduit l’existence d’une constante réelle Cf telle
que - ^ { ^ Ÿ ^ ^ J f i d’où compte tenu que = ^/X + y/Y •

^V X d -V Ÿ Ÿ . , ,2
(53) (V x G I / ) + (x + y y = Cf
x-y
Comme p n’est pas la fonction nulle (la fonction x —x n’est pas solution de (*?i) ),
on voit que Cf > 0 . La relation (53) démontre que le graphe de / est un arc de courbe
algébrique, ce qui est un phénomène très remarquable puisqu’on peut prouver que la
primitive ^ : x Jruff n’est pas une fonction algébrique (^) (ce phénomène
s’est présenté aux mathématiciens dès le XV ^ siècle, en un temps où le concept de
fonction algébrique n’avait pas encore été élaboré; il se manifestait par des curiosités
isolées frappantes, par exemple F a g n a n o avait déjà remarqué que la duplication de la
longueur d’un arc de lemniscate de Bernoulli s’exprimait par une relation algébrique
entre les paramètres des points d’abscisse curviligne s et 2s , cf. [18]).
On déduit de (53) la relation X Y 2 \ / x V Ÿ = (x - y f {Cf - (x + y f ) . En
isolant y/X y/Ÿ ^ en effectuant une nouvelle élévation au carré, puis en simplifiant par
(x —y Ÿ (qui ne s’annule jamais pour x G 1/ ), on obtient enfin, après réductions:

(54) CfX^y^ + -^Cj{x - y f + (x + 2/)^ - C/ = 0

(^) Supposons trouvé un polynôme non nul P e C[C7.V) tel que P{x, 0 {x)) = 0 pour tout x e 1/ .
En dérivant, on aurait §^(x,^(x)) + ^'(x)§^(x,0(x)) = 0, d’où, en remplaçant 4>'(x) par . ^ , en
yl-I^
rationalisant et en chassant les dénominateurs: (1 - x"^)(§^(x,^(x)))^ = ( | f (x,í>(a;)))^ . Comme i / est
infini, on aurait la relation formelle (1 - = (§^)^ , ce qui obligerait 1 - [/'* à être un carré
parfait dans l’anneau factoriel C[U,V] . Comme 1 - C/'* n’est pas un carré parfait dans cet anneau, un
tel polynôme P n’existe pas, i.e. la fonction ^ n’est pas algébrique.

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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 89

Le polynôme en les deux indéterminées U^V à, coefficients dans C :


(55) }Pc,iU, V) = CfU^V^ + ^C j{U - V)^ + (U + V f - Cf
est irréductible dans C[U^V] (le vérifier est un exercice élémentaire), il définit donc
dans le projectifié C^ de C^ une courbe algébrique de degré 4 irréductible (tc f >dont
l’ensemble des points réels contient le graphe de / . En prenant x = lj/ dans (53), on
obtient:
l-uj
(56) Cf

Il est clair que quand / décrit JiL. , le nombre ljj décrit ] 0,1 [ (théorème de Cauchy-
Lipschitz), donc d’après (56), Cf décrit IR* .
Le premier membre de (54) se présente comme un trinôme en y :

(57) -f - C f + 2/^ + 2 ^1 - -^cf^ y x - C f -\- ^1 -h

dont le discriminant réduit 8f est

(58) 6f= C f[l + \c f^ { \-x ^ )

La relation /(a;/) = -ujf montre que pour tirer y = f{x) de l’équation (54), il faut
prendre la racine du trinôme (57) correspondant à la racine carrée —y / ^ de 6f . On
obtient ainsi l’expression explicite:

( l - Î C ] ) x + ^ C f (l + Î C j) V r r :
(59) = =-
1+ + CfX^
Le second membre de (59) est défini pour tout x G] —1,1 [ . L’intervalle 1/ est le plus
grand intervalle auquel Uf appartient et sur lequel la formule (59) donne à \y\ une
valeur < 1. La borne inférieure a / est la valeur de x (d’ailleurs unique) pour laquelle
(59) donne y = —I . En remplaçant y par —1 dans (54) et en réduisant, on obtient
((l + ^C f) X - (l - ^ C f ) Ÿ = 0 ; par suite:

Une autre méthode consiste à regarder la limite de /(x ) pour x 1, x < 1 dans (59):
cette limite est 5 / = —a / , et on retrouve ainsi (60). Cette expression (60) démontre
l’assertion, signalée plusieurs fois ci-dessus, que a / > —1 .
La formule (59) définit aussi une fonction strictement décroissante Gf de ] —l ,a / [
dans ] —1,1 [ qui est une solution maximale de C ^-i).
En tirant de (57) la racine en y correspondant à la racine carrée de (5/ , on
obtient la fonction:

- (l - \C }) X + J C f (l + \ C] ) v T ^

(61) 1 + 1(7^ + Cfx “


^
La fonction Hf = j J est une solution maximale de (^^i), mais appartenant
à . La fonction est une solution maximale de (‘^ - i ) . On vérifie
immédiatement que Hf = et Lf = ^{Gf). L’adhérence Pcf de la réunion des
graphes de / , G/ , et L/ s’obtient par réunion avec l’ensemble
{(^/) “ !)) (1) (~^/j (“ 1) ^/)}
On vérifie que Pcf = €^Cf C . Notant R2 le projectifié de R^ (identifié à un
sous-ensemble de ), on voit que (Ccf n R^ est la réunion de Pcf et des deux points
à l’infini définis par les directions x = 0 et y = 0 , points qui sont doubles pour Cc/
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90 §5

et isolés dans . Les points de Pf tels que | a: | = \ y\ sont quatre points d’inflexion
réels de ■ Quand / décrit M- , la fonction ^ f = H f décrit , et Gf décrit
l’ensemble JÎL des solutions maximales (p de (^_i) telles que (p{x) < - x pour tout
xe , tandis que L f décrit l’ensemble des solutions maximales (f de telles
que (p{x) > —X pour tout a: G I<p (la fonction T] —1 ,1 [—>] —l,l[a ; i—> —x est solution
maximale de C^-i) ). On a ainsi étudié complètement (%i) et dans Üq .
Etude sur Î 2 \ H q
Pour tout £ G {—1,1}, soit l’équation différentielle, déflnie sur i? \ :
dx _ dy
y /x * -l ~ - 1
Pour tout réel C < 0 , le polynôme élément de C [ C/, ]:

(62) = cu^v^ + -C^{U - v y ^ - { U - v V y - C

est irréductible, et déflnit donc une courbe algébrique C e de . La trace Pc sur


U? de cette courbe est cette fois-ci non connexe, elle a toujours quatre composantes
connexes, dont aucune n’est bornée, chacune des quatre ayant deux asymptotes. Les
quatre asymptotes sont les droites d’équations x “ ^ = ---- et y"^-----------.
Pour C = —2 , deux de ces composantes connexes sont les graphes d’une ] —oo, —1 [-
solution et d’une ] 1, -l-oo [-solution de (S^i), et les deux autres sont les graphes d’une
] - 00, -1 [-solution et d’une ] 1, +oo [-solution de (3Li) (ces solutions sont maximales).
Pour à < 0 et C / - 2 , deux des quatre composantes connexes sont tangentes à
deux des quatre droites = 1 et y^ = 1. Les points de Pc tels que | x | = \ y\ sont
quatre points d’inflexion réels de C e , et il y a quatre autres points d’inflexion réels sur
Pc , deux sur chaque composante connexe tangente à deux des quatre droites x^ = 1 et
2/2 = 1 .
Pour - 2 < C < 0 , la courbe Pc est l’adhérence des graphes de six solutions maxi­
males de (9Li) et de deux solutions maximales de (^i) : on obtient Pc en adjoignant
à la réunion de ces six graphes l’ensemble

(63)

de leurs quatre points limites à distance finie. Une composante connexe de Pc est
tangente aux droites x = l et y = - l , l’autre aux droites x = - l et y = 1.
Pour C < —2 , la trace Pc est l’adhérence des graphes de deux solutions maximales
de (^ -i) et de six solutions maximales de (^i) : on obtient Pc en adjoignant à l’union
de ces six graphes leurs quatre points limites à distance finie, toujours donnés par (63).
Une composante connexe de Pc est tangente aux droites x = 1 et y = 1, l’autre aux
droites X = —1 et y = —1.
Quand C décrit R * , on obtient ainsi toutes les solutions maximales de (S^i) et
(9 L i). La figure 2 ci-dessous montre quelques-unes des courbes Pc .
Rem arque 5.2 :
On appelle équation d^Euler (sous-entendu: des fonctions elliptiques) toute équation
différentielle du premier ordre de la forme
da: ^ dy

OÙ P désigne une fonction polynomiale de degré 3 ou 4 sans racine multiple, à coefficients


dans C . L’équation est dite réelle ssi P est à coefficients réels. Moyennant quelques
aménagements, la méthode ci-dessus peut s’étendre aux équations (64) quelconques, mais
avec des calculs copieux. Il continue à être vrai que les graphes des solutions de (64).
sont des morceaux de courbes algébriques irréductibles de degré 4. De très nombreuses
méthodes ont été proposées pour prouver ce résultat, aucune n’est triviale.
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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 91

Soit un polynôme non constant Q e C[ X] sans racine multiple. La nature des


solutions de l’équation différentielle
(65) = dy
VQ(5) VQiy)
et notamment savoir si elles sont algébriques ou non, est un problème difficile qui a été
étudié par Weierstrass, Picard, Siegel et d’autres. Si Q est de degré 1, les courbes
algébriques en question sont des paraboles. Si Q est de degré 2, ce sont des ellipses
propres ou des hyperboles propres, la théorie associée à ce type d’équation (65) est alors
celle des fonctions hyperboliques ordinaires ou celle des fonctions circulaires ordinaires,
autrement dit c’est la théorie de l’exponentielle. Si Q est de degré 3 ou 4, c’est la théorie
des fonctions elliptiques^ outil primordial de la mathématique contemporaine ^
Figure 2: courbes F c

On traite de même que ci-dessus l’équation d’Euler

En posant à nouveau p = x -h y , q = x - y , et en utilisant une variable t définie par


= V ? " + T , l’équation qui remplace (52) est:
((\fi) 2dVdp 2 f dpŸ dq dp

qui s’intégre par

(^/x* + l + ^Уy* + l Y
(67) --------- ----------------------{x + y f = C

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92 §5

où С désigne une constante réelle, qui est non nulle si l’on s’en tient aux solutions
non-triviales, i.e. autres que y = ^ et y = —x . La courbe algébrique de degré 4 qui
rationalise (7) est définie par вс{^^у) = 0 , où:

( 68) 9c{U, V) = CU^V^ - ^ { U - V ) ^ + {U + V f + C


On laisse au lecteur le soin d’écrire les formules analogues à (59) et (61), et celui d’étudier
dans le détail les quartiques définies par (68) quand C décrit IR ^ .

5,5 Le théorèm e de Liapounov


Soit (£?, Il. Il) un IR-e.v.n. de dimension finie n > 1 . On munira de la
norme associée à ||. | | , qu’on notera |||. ||| . Pour tout x E E et tout r G IR+ , on notera
B(a;,r) (resp. B(x,r) ) la boule ouverte (resp. fermée) de E de centre x et de rayon r .
Pour tout intervalle non-trivial / de IR et tout a G IR, on notera l’intervalle
translaté I — {a} = {x —a } x e i • Si 'ip est une fonction définie sur I à valeurs dans un
IR-e.v.n. V , on notera ^-0 la fonction translatée ct^ ^ V ^ t 0 (t + a ) .
On donne un domaine non vide Î2 de E et une fonction f : ü E de classe .
On considère l’équation différentielle en l’inconnue vectorielle Y à valeurs dans E (et
où on désignera par t la variable réelle):
(64) Y \ t ) = f{Y{t))
Cette équation obéit manifestement au théorème de Cauchy-Lipschitz. Elle est au­
tonome, i.e. le second membre ne dépend pas explicitement de t . Pour cette raison,
pour toute solution (^ : 7 —> Æ? de ( ¿4) (où 7 désigne un intervalle non-trivial de IR,
et pour tout a G IR, la fonction translatée est aussi solution de (¿4). La solution
(f est maximale ssi est maximale. On voit donc qu’il suffit d’étudier les solutions
maximales de ( ¿4) définies en 0 .
Etant donnée une solution maximale cp de ( ¿4), on notera 1^, son intervalle de
définition (il est ouvert parce que i? est un ouvert de E ). Etant donné un intervalle
non-trivial 7 de IR , on notera l’ensemble des 7-solutions de { sÎ).
Remarquons que les solutions maximales constantes de ( sij sont les fonctions définies
sur IR , constantes et dont la valeur a vérifie /(a) = 0^;. Les éléments a e E tels que
/(a ) = Ojç; sont appelés les positions d^êquilibre, ou encore points stationnaires, de
l’équation ( si). Pour toute position d’équilibre a, on notera Ca la solution maximale
constante IR 7?, 1 a .
D é fin itio n 5.2
Soit a une position d ’équilibre de ( si). On dit que c’est une position d ’équilibre
stable ssi il existe un réel ry > 0 vérifiant les conditions suivantes:
(I) B(a,7])ci7
(II) Pour tout ^ G B(a,7]), la solution maximale (p^ de ( si) définie en 0 telle que
V^ç(9) = ^ vérifie C I
(III) Pour tout ^ GB(a,rj) , on a (pe{t) —> a .
t —>+oo
Nous allons donner la condition suffisante cleissique de stabilité d’un équilibre.
Préliminaires sur les équations linéaires
P r o p o s itio n 5.1
Soit L € HomR(£). On suppose que toutes les racines dans C du polynôme carac­
téristique X l {X) de L ont leurs parties réelles < 0. Pour tout ( € E , soit la
R-solution de l ’équation différentielle
(^l ) Y'{t) = L- Y{t )
(en l ’inconnue vectorielle Y à valeurs dans E ) qui vaut Ob en t = 0. Alors il existe,
des réels a > 0 et A > 0 tels que || gç(t) || < .4 0 “ “* || ^ || pour tout i € IR+ et tout
^ € E . En conséquence, toute lü-solution de (%i,) tend vers Oe pour t —+ +oo .
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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 93

Démonstration:
Vu l’équivalence entre les normes d’un R-e.y. de dimension finie, sans restreindre la
généralité, on peut supposer la norme de E euclidienne, définie par un produit scalaire
(. I .). Si ^ e ^ , on a g^{t) = exp{tL) • ^ pour tout t G IR, d’où
(69) (V ie R ) ll5i(i)ll< ll|e x p (iL )||| lien
Écrivons Xl {X) s o u s la forme = njk=i(Afe-A')^^ , où les Xk sont des complexes
deux à deux distincts, où p G 1^* , et où Vk > I pour tout k . Pour tout A; G [ l,p ] ,
notons ujk = - ^ { Xk ) , d’où Uk > 0.
Plongeons E dans son complexifié ^(C) = C (g)R Æ? de E , qu’on munit de l’unique
produit scalaire hermitien qui prolonge {.].), et de la norme associée. Cette norme
de E^q sera encore notée ||. | | , et la norme de Homc(-É?(C)) associée sera encore notée
III. Ill . De plus pour tout sous-espace W de E(^c) j on notera encore |||. ||| la norme de
Home (IV) associée à la norme induite par | | . || sur W .
Tout endomorphisme ^ G Uom^{E) se prolonge de manière unique en un endomor­
phisme ^(c) ayant même matrice que dans toutes les IR-bases de E (qui sont des
C-bases de £?(C) ), et il est immédiat que |||'0(C) ||| ^ III 0111 • Pour tout k G [i , p 1 ,
soit Vk le sous-espace caractéristique de L(C) relatif à Xk ^ soit Uk = -^(C)||y ot
Vk = Uk —Afeldvjt • On sait que Vk est nilpotent de période Sk <Vk . Pour tout t G IR* ,
les Vk sont les espaces caractéristiques de iL(C), et on a tL^c) = ,
relation qui reste vraie pour t = 0. D’où, pour tout t e U :
k=p ( j=rk-\
(70) exp(iL(o) = 0 I Y,
k=i \ j=o i
Soit {wk)i<k<p la famille des projecteurs de associée à la décomposition
E^c) = ® i < k < p V k ■ Pour tout k e [ l , p |, soit C k = III Wk III . On déduit de (70):
k=p j=rk-l
(71) e x p (iL (o ) III e -Ufkt iHL
9*1
k=l 3=1
Soit a = ^Mini<k<p{^k) (d’où a > 0). Il est clair que
k=p j=rk-l
(72) -(jjkt V lÜ - 0
t —>+oo
k=l
(comparaison à l’infini de l’exponentielle et des fonctions polynomiales). Le premier
membre de (72) étant fonction continue de t , cette fonction est donc bornée sur IR+ .
Soit A sa borne supérieure sur IR+. On a alors ||| exp(iL(C)) ||| < pour tout
i G IR+ , d’où a fortiori ||| exp(iL) ||| pour tout t G IR+ . D’après (69), on a
donc \\g^{t) Il < A b ~^^ Il ^11 pour tout i G IR+ et tout ^ e E , donc le couple (a,^4)
répond à la question ■

Jusqu’à la proposition 5.3 incluse, nous supposerons la norme de E euclidienne, le


produit scalaire associé étant noté (. | .) •
Sous les hypothèses et avec les notations de la proposition 5.1, pour tout ^ G Æ?,
il est immédiat que l’intégrale / q °° \\g^{t) \\^ dt est convergente (la fonction intégrée
est majorée par t »-> || ^ ||^ ). Nous noterons Q l {0 sa valeur. De même
pour tout {^,Tj) G E X E^ la fonction continue t •-> | (^^(0 I I ®st majorée
par Il Î II II 77II, donc l’intégrale 19Tj{t)) dt converge. La fonction
Ql : E est donc la forme quadratique associée à la forme IR-bilinéaire B l sur
E définie par
/•+00
(73) E x E — ^ U, (i,77)i
i '(5«(<) 19v(t))
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94 §5

Il est immédiat que la forme quadratique Q l est positive. Montrons qu’elle est définie
positive. En effet, supposons que Ql (0 — Alors la fonction t g^{t) est iden­
tiquement nulle puisqu’elle est continue et que son carré scalaire est d’intégrale nulle. En
particulier, on a i = ^^(0) = 0^;, d’où l’assertion.

Préliminaires sur les équations autonomes


Reprenons l’équation ( 5^, avec / de classe quelconque. Pour tout ^ e E , on
notera ( p sa solution maximale définie en 0 et telle que ( p (0) = ^ , et on notera

P r o p o s itio n 5*2
Soit ^ e E . Soit (t,t') e ^ ^ . On a alors t e , et

Démonstration:
Il est d’abord clair que t € et t' ^ . La fonction est t/(A/^^)-solution
de ( 5^, et on a successivement:
(74) <fifAt + t ' ) = ; 0 e t ' { Af , i ) ; (0) = <PfA^')
On voit donc que • D’après la première relation (74), il en découle
bien que V’/.v’iit') = ^/.«(< + <0 ■

Avec / fixée, pour toute fonction F : —» IR de classe , et pour tout x € Ü ,


notons DxF la différentielle de F en a; et ^ j { x ) = DxF • f { x ) . D’après le théorème
de composition des fonctions différentiables, la fonction Af^x ^ F{px{i)) est
dérivable, et sa dérivée est donnée par t 1—^ • f{pf,x{i)) )
autrement dit, pour tout t e Af^x-

(75)

d’où en prenant t = 0 , puisque p / A ^ ) ^•

(76) ^ ,^ ( o ;) = ( |- i( F ( ^ /,,( f ) ) ) ) ^ _ ^

P r o p o s itio n 5.3
Soit L e Hom^{E). On suppose que toutes les racines dans C du polynôme carac­
téristique X l { X ) de L ont leurs parties réelles < 0. Pour tout ^ e E , on a
l (Î) = —Ilf 11^ . En conséquence, il existe un réel 3 > 0 (dépendant de L ) tel
que SSq^^l (0 < -P Q A O pour tout E.
Démonstration:
Rappelons que pour toute forme quadratique ^ sur E , de forme polaire P , on a
(Dx^)(y) = 2P(x,y) pour tout (x,y) e E X E . Par suite, pour ^ e E:
r+oo
(77) 2^ (Î,
= l m) =
Jo
(pl A^)2/ I dr
Mais pour tout T 6 IR, on a:

(78) Vl .l (î )('t) = exp(rL) • L(0 =-^(exp(TL) •^ = -^(v’L,i('r))


dr
d’où en reportant dans (77) et en tenant compte que Pl A A —^ •
r —>+oo

=j 2 (^</?L,i(r) I (il lO
(79)
= [ll< P L .((r)lA " = -ll<PL,^(0) f = - l i a i ^
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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 95

Comme Q i et ||. ||^ sont deux formes quadratiques définies positives sur E ^ elles y
définissent deux normes euclidiennes équivalentes. L’existence de P e vérifiant la
dernière assertion en découle ■

Le théorème principal
Nous pouvons maintenant passer au théorème fondamental qui nous intéresse, appelé
théorème de Liapounov:
T h é o rè m e 5.10
Soit Q un ouvert non vide d ’un e.v.n. (E, ||. ||) de dimension ünie > 1 . Soit
une fonction f : Q E de classe et soit a G 1? tels que f{a) = Oe ; posons
H = T>o^f . On suppose que toutes les parties réelles des racines dans C du polynôme
caractéristique X h {X) de H sont < 0 . Alors a est position d'équilibre stable de
réquation ( si).
Démonstration:
Sans restreindre la généralité, on peut supposer la norme de E euclidienne, ce qui
permettra d’utiliser la proposition 5.3. On notera (. | .) le produit scalaire associé.
Quitte s’il le faut à opérer une translation sur la variable x e E ^ on est ramené
au cas où a = Oe • Nous supposerons donc a = Oe • On fixe un réel r > 0 tel que
B (0 E ,r ) C Ü.
La formule de Taylor avec reste-intégrale à l’ordre 1 en Ojç; pour / donne, pour tout
X G B (0 £ ;,r) :

(80) f{x)-H{x) [ \ l - t ) P 2 j ^ r :{x) dr


JO

OÙ P2j,y désigne, pour tout y e ü , \e polynôme polaire à l’ordre 2 de f en y . On


en déduit aisément qu’on peut choisir un réel R > 0 tel que || f{x) - H{x) || < iî 1| x ||^
pour tout X G B ( 0 £ ; , r ) .
Notons q = Q h et b la forme polaire de q . On a Dxq • h = 26(x, h) pour tout
(x, /i) G Ü X E . Comme b est bilinéaire donc continue (puisque E est de dimension
finie), on a un réel A > 0 tel que | b{u,v) \ < ^ || u || || v || pour tout (u^v) e E x E .
Pour X G B ( 0 i ; , r ) , on a alors:
^ j { x ) - ^ ^ x ) = 26(x,/(x)) - 26(x,if(x)) = 26(x,/(x) - H{x))
d’où la majoration:
(81) I^ j ( x ) - I < 2^ Il a: Il || f{x) - H{x) || < 2AR || x ||^
D’autre part (x) = —|| x ||^ d’après la proposition 5.3, d’où en utilisant (81):
(82) ^ , ; ( a ; ) < - | | a ; f + 2^ i î | | x f
On peut donc choisir un réel p tel que 0 < p < r qui vérifie
(83) (V o;€ B (0 b , p )) ^j{x) < ||a ; f
Comme q est une forme quadratique définie positive sur E , elle définit sur E une
norme euclidienne équivalente à ||. | | . On peut donc choisir des réels a > 0 et r] > 0
tels que pour tout y e E , on ait \\y \\ < ^q{y) et q{y) < p\ \ y \ \ . Avec ce choix,
la relation q{y) < a entraîne || y || < la relation q{y) < a entraîne || y || < p , la
relation et || y || <7] entraîne q{y) < a , (en particulier || y || < 77 entraîne || y || < p ,
donc on a 77 < p). Nous allons montrer que le nombre 77 vérifie les conditions (I),
(II) et (III) de la définition 5.2, ce qui achèvera la démonstration. Il est immédiat
que la condition (I) est satisfaite: en effet, d’après ce qu’on vient de voir, on a bien
B(0£;,77) c B (0£;, p ) c B (0 E ,r) C ü
• Condition (II)
Soit ^ G B{0E i Tj) • Pour abréger, notons • Nous allons montrer que
R+ C . Pour cela, introduisons la fonction 6 : —> R , i 1—^ ^(<é’/,c (0 ) (Qui est de
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96 §5

classe ) et raisonnons par l’absurde. Supposant donc majoré dans R, posons


c = Sup(J^) (donc c G IR* puisque 0 G et puisque est ouvert). L’ensemble %
des t C IR+nj^ tels que 6{t) > a serait alors non vide, car sinon on aurait || \\ < P
pour tout i G D IR4- , donc resterait bornée au voisinage de c,
donc ^f,^{t) aurait une limite en c (théorème des accroissements finis et critère de
Cauchy des fonctions), et comme B(0£;,p) C i? , on en déduirait classiquement que (pf^^
est prolongeable au point c en une solution de (si) , ce qui est impossible puisque est
solution maximale de ( si). Ainsi % est bien non vide. Comme ^(0) = q{^f,^{0)) = q{^)
et comme || ^ || < 77, on a q{^) < a , d’où ^(0) < a . Par continuité de 6 , l’ensemble 3^
des t G IR+ n j ^ tels que 0{t) = a serait non vide; étant aussi fermé dans IR4. fiJ^ , cet
ensemble ^ aurait donc un plus petit élément to j qui serait > 0 puisque ^(0) < a . Par
continuité, il est alors clair que 6{t) < a pour tout t e [0,to [ j d’où || <^/,$(t) \\ <rj < p
pour tout t e [0, to [ • D’où pour tout t e [0,to [ , on déduit alors de (84):
(84) 0\t)=S^jM t))<--\\<pf^^{t) f <0
donc 6 serait décroissante sur [0,to [ »ce qui entraînerait a = ^(to) ^ ^(0) < , ce qui
est absurde. Cette contradiction achève de montrer que 1R+ C .
• Condition (III)
Soit toujours Î G B{0e , v ) et notons toujours . D’après ce qu’on vient
de voir, on a R+ C . En reprenant le raisonnement ci-dessus, on voit que l’ensemble
des t G IR+ tels que 0{t) > a est vide, autrement dit que 0{t) < a pour tout
t e [R+ . D’après (83), on a donc 9'{t) < || </?/,^(t) ||^ pour tout t G IR-|., et comme
Il ¥’/.«(*) 11^ ^ . on obtient:

(85) (VielR+) o'it) <


2
D’après (85), la dérivée de la fonction h : Î4. , i I—>6{t) reste < 0 , donc h
décroît, d’où 6{t) < 9(0) e 2^^ = q(^) e fe* pour tout t e R+ . On en déduit:

(86 ) ( V i G IR+)
a
ce qui entraîne en particulier ^f,^(t) ^ 0^;. Le théorème de Liapounov est entière­
ment démontré ■

5.6 Espace des phases d ’une équation autonom e


Reprenons le IR-e.v.n. (E, ||. ||) de dimension finie n > 1 du début de la section 5.5,
dont nous reprenons toutes les notations, et l’équation autonome définie à cette occasion:
(64) Y'{t) = f(Y{t ))
où f : ü E est une application de classe sur le domaine non vide ü de E . Sur
l’ensemble des solutions maximales de (si) , la relation binaire T définie par
(ipTip) <i=^ ( il existe r G IR tel que \p =
est une relation d’équivalence, et il est clair que toutes les solutions d’une même classe
ont même image dans E . Les images des solutions maximales de (¿4) seront appelées
les trajectoires de .
P r o p o s itio n 5.4
Deux solutions maximales p et ip de (5^ définissent la même trajectoire ssi i p T ‘ip .
Les trajectoires de (s^ forment une partition de Î2 .
Démonstration:
Montrons que les trajectoires sont deux à deux disjointes. Soit deux solutions maxi­
males (p et 'ip de (¿4), supposons trouvés to G et uq G tels que (p{to) = 'fp{uo).
Soit T = Uq — to . Alors t '^ est solution maximale de (sS) , définie en to , et on a
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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 97

= 'ip(uo) = <p(to) • Puisque et iç sont deux solutions maximales de {sÎ) , le


théorème global de Cauchy-Lipschitz montre que ip = ,
D’après le théorème global de Cauchy-Lipschitz, pour tout (to, Yb) ^ K x «1^ , il existe
une (et une seule) solution maximale définie en to et prenant la valeur Yq en to , donc
tout point de E appartient à au moins une trajectoire ■

La proposition 5.4 montre que pour intégrer l’équation {sS) , il suffit d’en déterminer
les trajectoires, d’où le rôle essentiel de l’espace des phases quand on a affaire à une
équation autonome. Les techniques qualitatives du type de celles mises en œuvre à
l’exemple 5.4 peuvent, dans le cas de {sS) , être mises en œuvre dans E au lieu de
R x E . Nous en verrons un exemple concret ci-dessous.
T h é o r è m e 5.11
Soit (p une solution maximale non constante de (s^ . Si (p est non injective, alors
Ifp = U et (p est périodique. De plus, si on désigne par T sa plus petite période
> 0, la restriction de (p à [0,T [ est injective; enûn la trajectoire de ip est une
sous-variété de E de classe et compacte.
Démonstration:
Soit to ^ ^ip et ti G tels que to < et <^(to) = (p(ti). Posons r = ti - to .
On a r^(to) = = <^(^o) • Puisque et cp sont deux solutions maximales de
(¿4) définies en to et y prenant la même valeur, on a ^cp = cp. Donc 1^, = I ,
i.e. Itp = ce qui implique = U. Alors ^(p = (p signifie que cp est r-
périodique. Puisque (p est continue et non constante, son groupe des périodes est de la
forme TZ avec T > 0 . S’il existait des réels tg et t[ tels que 0 < tg < t'^ < T et
ip{tQ- = v?(t'i), le raisonnement ci-dessus prouverait que t[ - tg serait période de ip , ce
qui est absurde puisque 0 < t'i —tg < T . Donc la restriction de <p a [0, T [ est bien
injective. La trajectoire 7 = </?(IR) est compacte, puisque c’est l’image par l’application
continue (p du compact [0,T] de IR. L’application ip est de classe . Puisque
tp est non constante, on a ^ Oe pour tout t G IR (en effet, pour tout point
stationnaire a de {sÎ) , le singletion { a } est une trajectoire, et les trajectoires sont deux
à deux disjointes). Donc (p'{t) = f{<p{t)) ^ Oe pour tout t e R. Comme (p est de
classe , pour tout tg G IR , on a un intervalle ouvert UtQ de IR de centre tg tel que
(piUto) soit une sous-variété de classe de E (voir par exemple [1]). Soit M q G 7 ,
soit to G [0,T[ tel que (p{to) = M q Si 0 < to < T , soit Vq un sous-intervalle ouvert
de UtQ , de centre to , et tel que Vq C ] 0, T [ . Si to = 0, soit Vq un sous-intervalle
ouvert de UtQ , de centre to , et tel que Vq C] - Ç, Ç [ . Dans chacun des deux cas,
<
p [Vq) est une sous-variété de E de classe , et 7 est union de 7 (Vb) et du compact
C = (p{[0,T] \Vb) • L’ensemble O = E \C est un ouvert de E (puisque C est compact
donc fermé dans £?), e t o n a O f i 7 = p{Vo) ■ On a donc prouvé que chaque point de
7 admet un voisinage ouvert qui rencontre 7 suivant une sous-variété de classe de
E , donc 7 est bien une sous-variété de classe de E ■

Il existe une réciproque au théorème 5.11: toute trajectoire compacte de (¿4) est
nécessairement l’image d’une classe d’équivalence (selon T ) de solutions maximales
périodiques. La preuve utilise le théorème de Baire (voir [3], vol. 4, énoncé 95).
Soit (p une solution maximale non constante de (¿4) non périodique. Alors (p est
injective. Par le même raisonnement que celui de la démonstration du théorème 5.11,
on voit que (p'{t) ^ Oe pour tout t e , donc ip est une immersion de classe de
l’intervalle ouvert dans E .
Toute équation différentielle (à inconnue vectorielle Y à valeurs dans un IR-e.v.n. J{
de dimension finie > 1 ) de la forme = g(t, Y ) , où g est de classe sur un ouvert
i? de IR X>T, se ramène à une équation autonome particulière de la manière suivante: on
prend pour nouvel espace des phases IR-e.v. IR x >T, et pour nouvelle fonction inconnue
Z = {t , Y) , on considère l’équation Z' = G{Z) , où G : ü R x K associe, à tout
{t,X) G i ? , l’élément ( l , g{ t , X) ) . Alors G est de classe et l’application Y Z
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98 §5

induit une bijection de l’ensemble des solutions de l’équation de départ sur l’ensemble des
solutions de l’équation autonome Z' = G{ Z) , qui respecte la relation de prolongement,
donc fait correspondre les solutions maximales aux solutions maximales. On a donc
ramené l’équation Y ' = g { y ) à une certaine équation autonome avec espace des phases
IR X >T, mais en faisant varier g , on n’obtient pas de la sorte, loin s’en faut, toutes les
équations autonomes avec espace des phases IR x >T.

Exemple d’étude qualitative dans l’espace des phases


Revenons à l’exemple 5 .6 , où l’on étudiait le système différentiel (2)) , qui s’identifie à une équation
autonome avec espace des phases . Nous allons décrire les trajectoires de (Qi). L’espace des phases
est donc , que nous équiperons de sa structure euclidienne canonique. Il est immédiat, par simple
examen de (2>) , qu’il y a un et un seul point stationnaire, qui est l’origine (0,0) . Le singleton {(0,0)}
est donc une trajectoire et c’est la seule réduite à un point.
Plaçons-nous tout d ’abord dans les conditions de la cinquième étape (cas le plus compliqué), en en
reprenant toutes les notations. On commence par démontrer que a > -oo (étude due à Jean-D enis
Eiden). Rappelons que / désigne l’intervalle de définition de la solution maximale v? = (v?i, v?2) •
Remarquons tout d’abord que la fonction R étant décroissante, elle admet une limite en a dans
R U {+oo} , qu’on note C . Rappelons que u = l - B? , dans le cas considéré, reste < 0 , d ’où C > 1 .
Les fonctions <^i , v^2 , et ^ vérifient les relations suivantes (les deux premières traduisant
simplement que ip = (v?i,v^2) est solution de (0)), les autres découlant de l’étude déjà conduite de
l’exemple 5 .6 ):

(87 - 1) ip'i = v>2


(8 7 - 2 ) ^p2 = -^P^ + {l-R^)V2
(87)
(87 —3 ) 8' = (^R^'Pi V’2 + —v>iv>2)
, (87 - 4) RR' = (1 - R^)<pI

• Nous allons régionner R^ à partir des équations qui apparaissent aux seconds membres de (8 7 ).
Notons respectivement T et 4^ la quartique et la cubique de R^ d’équations

(a:^ + y^)xy + + y^ - x y = 0 {x^ + y^)y + X - y = 0

Ces courbes s’étudient facilement en coordonnées polaires: notant (r, ip) les coordonnées polaires géné­
riques, F est union de {(0,0)} (l’origine est point double isolé), et des deux arcs Fi et r_ i d ’équations
polaires respectives suivantes, où ^ varie dans ] - f , 0 [

1
sin (V ') c o s('0 ) s i n ( ^ ) COs{lp) J

On voit que A est contenue dans la quatrième quadrant ouvert Q4 , défini par a; > 0 et y < 0 , et
r_i , symétrique de A par rapport à l’origine, est contenu dans le deuxième quadrant ouvert Q2 ,
défini par X < 0 et y > 0 . On sait que les points d’inflexion réels éventuels sont donnés par l’équation
r+ ( r ) = 0 >le signe du premier membre donnant la concavité par rapport à l’origine. Après calculs,
on obtient:

(sin (2V ') - 2) s i n ( 2 ^ ) )


s in ( 2 ^ ) - 2
■P(sin(2V;))

OÙ P{X) désigne le polynôme + 8X - 4 ; on vérifie facilement que P reste < 0 sur [0 , 1 ) . Par
suite, F \ {(0,0)} n’a pas de point d ’inflexion et tourne constamment sa convexité vers l’origine, cette
convexité restant stricte. La cubique A est symétrique par rapport à l’origine, c’est l’union de {(0,0)},
de l’arc d’équation polaire r = (1 - cotg(^))^ pour décrivant ] - |,0 [ , et de son symétrique par
rapport à l’origine. Elle a, comme il se doit, trois points d’inflexion réels, dont un est l’origine, admet
l’axe des x pour asymptote, et passe par les points (0,1) et (0,-1). Sa tangente à l’origine est la
première bissectrice. Il est immédiat que

J
(v V ^ € ]-^ ,o [) (1 - cotg(V'))^ < ^1-
sin{lp) c o s ( ‘0 ) y

d ’où l’on déduit que (A U Г-i) П Л = 0 . L’ouvert C \ (Г U Л) présente quatre composantes connexes;
deux d’entre elles, que nous noterons respectivement Ci et C_i , sont les intérieurs des enveloppes
convexes de A et F-i . Leurs frontières respectives sont A et P-i , leurs adhérences respectives sont
Cl = Cl U A et C_i = C_i u r_ i . On a Л n (Ci uC_i) = 0 . Les deux autres sont les deux composantes
connexes de l’ouvert R^ \ (Ci uC_i иЛ) . L’une contient Ci , l’autre contient C_i . Nous les noterons

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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 99

respectivement D\ et D-i . Le régionnement que nous avions en vue est résumé dans le tableau suivant:

Domaine Signe de - x + {1 - - î/^) y Signe de -(rc^ + y^)xy - x ^ - y ^ -\-xy

Cl >0 >0
Di >0 <0

D-i <0 <0

C-i <0 >0

Nous allons maintenant montrer que a > -oc en trois étapes.


Première étape
On montre que les assertions a = -oc et C< +oc sont incompatibles. Supposons-les en effet vraies
toutes les deux. D’après (3 1 ), l’intégrale converge. D’après (87 -2 ), y>2 est bornée sur R_ ,
donc (p2 serait Lipschitzienne et a fortiori uniformément continue, et puisque ip2 est bornée sur IR, la
fonction (fl est aussi uniformément continue sur IR_ , ce qui, avec la convergence de l’intégrale de ,
entraîne <P2(t) 0. Alors ^ \ = R ^ - ^ 2 —’ jC^ , d’où, par continuité, v>i —» eC avec £6 {-1,1},
t-f-o o t — *- oo t-*-oc
d’où, d’après (8 7 -2 ), -eC . Il en découlerait que tpi {t) e t , ce qui est absurde puisque
ipl < ^ donc (pi est bornée sur 1R_ . Cette contradiction montre bien qu’on n’a pas à la fois a = -oc
et £ < +00 .
Deuxième étape
Montrons que les assertions o > -oo et C < +oo sont incompatibles. Supposons-les en effet toutes
deux vraies. D’après (87 - 1 ) et (8 7 -2 ), (p\ et v>2 sont bornées sur IR_ , donc (pi et tp2 sont Lipschitzien-
nes, donc (fl et v?2 se prolongent toutes deux par continuité en a (critère de Cauchy des fonctions),
et en revenant à (8 7 - 1 ) et (87 - 2 ), on en déduit que (p = (v>i,y>2) se prolonge en une solution de (2 )) sur
{a} U / , en contradiction avec la maximalité de la solution . Cette contradiction montre bien qu’on
n’a pas à la fois a > -oc et £ < +oo .
Troisième étape
La synthèse des étapes 1 et 2 montre que £ = +oc. Soit 7 la trajectoire de (2)) définie par la
solution maximale (p. Nous distinguerons deux cas, selon que 7 n r est vide ou non vide (comme (p
est non constante, elle définit une trajectoire disjointe de {(0,0)} ).
Prem ier cas: 7 nT = 0
Puisque 6' reste < 0 au voisinage de +oc , par continuité on a 6'{t) < 0 pour tout t e l . Donc $
décroît strictement, et par suite admet en a une limite 0a € IRU {+00} .
1) Montrons que 0a < +00 . En effet, par continuité, si on avait $a = +00 , on aurait une suite (tk)k>i
dans / , strictement décroissante et tendant vers a , telle que 0 {tk) = - f + 2A;7r pour tout k . Comme
R(tk) +00 , on voit que pour tout k assez grand, on aurait (p{tk) 6 Ci , ce qui est absurde, car en
k—*oc
examinant le tableau ci-dessus, on voit que pour ces valeurs de k , cela entraînerait 0'{tk) > 0 .
2 ) Montrons que 0a ^ ] - f . 0 ] + ttZ . En effet, si on avait 0o € ] - f + mir, ttitt] avec m e Z ^ posant
e = ^Min(|0a l> I 0o + f |) , on aurait à nouveau une suite {tk)k>i dans / , strictement décroissante et
tendant vers a , telle que 10 {tk) - 0a\<£ pour tout k . Comme R{tk) —> +oc , on aurait (p{tk) e Ci UC2
fc—
»00
pour tout k assez grand, d’où, d ’après le tableau, 0'(fjt) <0 pour ces valeurs de k , ce qui est absurde.
3 ) En définitive, on a donc m e Z tel que 0« e ) rmr, f + ttitt] . On peut sans restreindre la généralité
supposer que m est pair, le cas m impair s’en déduisant par symétrie par rapport à l’origine (si
^ = (^1,^2) est solution de (2) , alors -i> est aussi solution). Nous nous placerons donc dans le cas où
0a €] 2Ntt, ^ + 2iVTr] avec N e Z . Notons Qi le premier quadrant ouvert (défini par i > 0 et y > O).
Il est alors clair qu’on peut trouver un réel t+ tel que pour tout f < , on ait (p{t) G Qi U ({0} x IR* ) .
Donc (pi(t) > 0 et (p\{t) = (p2{t) > 0 pour tout i < i+ : la fonction <pi est donc croissante sur ]a,i+]
et comme elle y reste > 0 , elle aidmet en a une limite Xa > 0 . Comme R{t) —►+oo , par continuité
t —*a
cela entraîne (p2{t) -> +00 (puisque (^i(i)>0 pour tout t< t+ ). Pour tout réel i < ¿4. , on a
t+
/ V>2(r)dT = <p'i{r)dT = (pi(t+)-(pi{t)

d’où / <p2{T)dT -» (pi{t+)-Xa , ce qui entraîne, puisque (p2(t) +oc , que a > -oc . On voit que 7
t-^a t-*a
présente une asymptote verticale quand i a , d ’où immédiatement 0a = | + 2Ni^. Comme on sait que
R{t) décroît vers 1 et 0 {t) décroît vers -00 pour t -» +oc , la courbe 7 , pour t —>+oc , s’enroule une
infinité de fois, asymptotiquement autour du cercle unité (d’équation ^ ) et extérieurement.
Elle est contenue dans £>i U£>2 u , les points de rencontre avec A étant ceux à tangente horizontale,
et les points d’ordonnée nulle étant ceux à tangente verticale.

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100 §5

Deuxième cas: 7 n r 0
Puisque û'(t) reste < 0 pour t assez grand, on a un réel ¿1 tel que 0'(ti)=O et 0'(t)<O pour tout
t > T . Quitte à remplacer y? par —(p , on peut, sans restreindre la généralité, supposer que v^(ii) G A .
Soit alors l’ensemble S = {t €]a,ti] | ( V r G [t, ¿1 ] ) v^i(r) < 0 et > 0} • ^ clair que € est un
intervalle de ]a, ¿i] , relativement fermé (continuité de v?' ), non vide car h e S (il est immédiat que
V?'i(ti) = v?2(<i) < 0 , et en se reportant au tableau, on voit que (^2(^1) > 0 ).
1 ) Montrons que £ = ]a,ii] . Si ce n’était pas vrai, on aurait S [c,ii] avec a < c < ti . On
a + Q4 c Cl (où Q4 désigne l’adhérence de Q4 ), et il résulte de la définition de € qu’on a
(p{S) c + Q4 ; donc (p{€) c Cl . Or on a soit (p\{c) = 0 , soit v?2(^) = ® d’après (8 7 - 1 ) et
(6 9 -2 ), que soit (p2{c) = 0 soit v?(c) G Zi, ce qui est absurde puisque cT n zi = 0 et Ci c Q4 . Cette
contradiction montre que S = ]a, ti] •
2 ) D’après ce qu’on vient de voir, on a (p{S) c v?(ii) + c Ci U {(^(ii)} . Donc décroît sur
]a, ¿i] et v?2 croît sur ]a,ii) . De plus, en se reportant au tableau, on voit que B'{t) > 0 pour tout
t g ]a,il] . En appliquant le théorème des valeurs intermédiaires, on voit qu’il existe N e Z tel que
^(j a, ¿11 ) c I - f 4- 2Nn, 2N tt [ . La fonction 6 étant croissante sur ] a,ii ] , elle admet en a une limite
^ + 2Nir,2Nn[ . Comme R{t) —> 4-00 , les inégalités - f + 2Ntt < 6a < 2Nn entraînent que
V?2(0 t
cotg(0o) • D’après (8 7 -2 ), on en déduit que -(l4-cotg^(öo) < -1 •
Pour tout t G ] a, ¿1

r dr = - i ^ ___L_'\
y, VjIM 2 V¥>2(î i ) V’Ut))
et puisque ip^ (t) 4-00 , il en découle que l’intégrale dr converge, sa valeur étant .
Comme reste < -1 , cette convergence entraîne clairement que a > -00 .
3 ) Pour finir, précisons l’allure de 7 . Montrons d’abord que $a = - ^ + 2 Nir. Si ce n’était pas vrai,
on aurait (pi{t) -> -i-oc , donc L o g (v ? i(i)) +OC , donc l’intégrale di divergerait, ce qui est
t —*a

absurde puisqu’on aurait aussi VI(0 -» tg( 0o) ■ On a donc bien 6a = + 2Nn . Prouvons
—»a
ensuite que v?i admet en a une limite finie. Puisque tpi décroît sur ] a, ¿i ] , elle admet en a une
limite lo G R U {4-00} . Pour tout i G ] a, ii ] , on a:

(«)■
Comme {6'{t) 4-1) et comme ces fonctions restent de signe constant sur ] a, ii ] , les
intégrales (pi{t)(p\{t)dt et
il,(1 4-^'(O)di sont de même nature. Il est immédiat que l’intégrale
f ^ \ l + 6'(t))dt converge. Donc l’intégrale (pi(t)<p[(t)dt = converge, et par suite
(pj(t) admet une limite finie en a . Donc Xa < 4-oo . La courbe 7 présente donc une asymptote verticale
quand t —>a . Le point <p(t) , quand t croît de a 4- 0 à 4-00 , remonte en longeant cette asymptote, puis
traverse A »et va s’enrouler asymptotiquement autour du cercle unité pour t —>4-oc .
• En faisant varier la condition initiale, on voit que chacun des cas 7 f i r = 0 et 'yCiF ^ Hl se
produit effectivement (la réunion des trajectoires est ). La fonction R est ici strictement décroissante
sur / . La fonction 6 est strictement décroissante dans le cas 7 DP = 0 , et dans le cas 7 n P 7^ 0 , elle
est strictement croissante pour t <ti et strictement décroissante pour t > t i . Vu l’étude qui précède,
on en déduit aisément que dans tous les cas, (p est injective, ce qui découlait aussi du théorème 5.11
puisque (p n’est pas périodique (à l’exemple 5 .6 , on a déterminé toutes les solutions périodiques; elles
sont rappelées ci-dessous). Si 7nP = 0 , la courbe 7 , à partir de t venant de a , descend en longeant son
asymptote verticale puis va s’enrouler une infinité de fois en spirale autour du cercle unité, qui est cercle
asymptote, par l’extérieur, en tournant dans le sens indirect. Tout le trajet a lieu dans DiU D2U A .
Si 7 n P ^ 0 , la courbe 7 , à partir de t venant de a , monte en longeant son asymptote verticale dans
Cl jusqu’en < = ii , point où elle rencontre Pi (cas considéré ici; sinon, transformer par symétrie par
rapport à l’origine). Après quoi, la courbe reste dans Di UD2 UZl, et va s’enrouler une infinité de fois en
spirale autour du cercle unité, qui est cercle asymptote, par l’extérieur, en tournant dans le sens indirect.

Trajectoires des autres solutions dans l’espace des phases


À l’exemple 5 .6 , nous avions vu que s’il existe to e I tel que u{to) = 0 , alors / = R et la solution
maximale v? = {(pi,(p2) est périodique, de la forme t (cos(f - A),sin(i - A)) avec A G R ; de plus,
nous avions vu qu’on obtient ainsi toutes les solutions périodiques. Ces solutions périodiques sont toutes
équivalentes, leur trajectoire associée est le cercle unité de l’espace des phases R^ , en conformité avec
le théorème 5 .11 (trajectoire sous-variété de classe ^ compacte). Nous avions vu que s’il existe to € I
tel que u{to) > 0 , alors / = R et u(t) —> 0 et u{t) 1, la fonction R est strictement croissante et
t —* + oc i —»—oc
6 est un "^-difféomorphisme décroissant de R sur lui-même. L’image de (p dans R^ est donc ici une
spirale qui part, pour t venant de -00 , du point asymptote (0,0) , qui tourne dans le sens indirect, et
qui s’enroule une infinité de fois, par l’intérieur, dans le sens indirect, autour du cercle unité en tendant
asymptotiquement vers ce cercle. Comme R est strictement croissante, on voit directement que <p est
injective, ce qui pouvait être prévu à l’aide du théorème 5.11 puisque (p n’est pas périodique.
La figure 3 ci-après illustre cette étude.

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Théorème de Cauchy-Lipschitz sans paramètres 101

Figure 3

La quartique P , la cubique A et le cercle unité ont été représentés en pointillé. Les points ap­
parents ont servi de point initial à MATHEMATICA pour construire la trajectoire correspondante. Les
trajectoires non triviales s’enroulent extrêmement vite autour du cercle unité. De plus, les trajectoires
intérieures au cercle unité s’enroulent extrêmement vite autour de leur point asymptote l’origine. La cu­
bique et la quartique sont asymptotes le long de l’axe des abscisses. La figure représente une trajectoire
non triviale de chaque type: une intérieure au cercle unité, une qui ne traverse pas la quartique et, pour
chaque branche infinie de la quartique, une qui traverse cette branche comme il est expliqué dans la
démonstration précédente. Pour ces deux dernières, la tangente au point commun avec la quartique P
passe par l’origine (puisqu’en ce point, on a 9'{t) = 0 ), ce qui se vérifie avec une précision remarquable
sur la figure. Les asymptotes verticales des trois trajectoires non triviales extérieures au cercle unité
n’ont pas été représentées.

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§ 6 Étude théorique de l’équation de Newton
Dans ce paragraphe, nous donnons un intervalle ouvert non vide 7 de R et une
fonction / : 7 —> R de classe . Nous considérons l’équation différentielle scalaire
suivante, où la fonction inconnue y est à valeurs réelles:
(S) y" = m
qui est appelée une équation de Newton. En posant Y = (y, y' ) , elle se ramène à une
équation à inconnue vectorielle du premier ordre autonome (avec espace des phases R^ );
mais elle se prête à une intéressante étude directe.
Il est clair que le théorème général d’existence et d’unicité locale et globale de Cauchy-
Lipschitz s’applique à (5). Nous allons déterminer une condition suffisante pour qu’une
solution maximale non constante vérifiant des conditions initiales données soit définie
sur R et périodique. Pour toute fonction à valeurs réelles ^ définie sur un intervalle
non-trivial yl de R , nous noterons l’intervalle A .
Nous utiliserons la proposition suivante:
P r o p o s itio n 6.1
Soit une solution maximale ^ de ( S ) . Supposons que 7 = R et que soit bornée.
Alors Jy, = R .
Démonstration:
Montrons par l’absurde que est non majoré. Supposons majoré, et notons
b sa borne supérieure. On aurait b ^ , car est ouvert (cela découle de ce que
7 est ouvert). Puisque (/?" est bornée, (p' admet une limite en b (conséquence du
théorème des accroissements finis et du critère de Cauchy pour l’existence de la limite
d’une fonction). Donc (/?' est bornée au voisinage de 6 , et par le même raisonnement,
(p admet une limite en b . Notons respectivement io et les limites de (p et (p^ en b .
Par composition des limites, on voit que (p” admet une limite en b , qui est £2 = fi^o) •
Soit K l’intervalle J U {6}. Soit ^ la fonction de K dans R qui prolonge (p en b
par la valeur ^0 • D’après la règle de l’Hospital, (p est de classe , et on a (p'{b) = £\
et ^"{b) = £2 = f (^(^)) • On voit donc que (p est solution de (S) , ce qui est absurde,
puisque (p est solution maximale. Cette contradiction montre que n’est pas majoré.
On verrait de même que n’est pas minoré. Donc = R ■

Soit un intervalle non vide yl de R et soit a G R . Nous noterons aA l’intervalle


translaté de A par —a , i.e. aA = {X —a }ag/1 • Pour toute fonction (p : yl R , nous
noterons la fonction translatée de / par a , i.e. ^ <^(û + t ) . Il est
immédiat que ip est yl-solution de {S) ssi est a-^-solution de (5), et que s’il en
est ainsi, alors (p est solution maximale ssi est solution maximale.
P r o p o s itio n 6.2
Soit p> une solution maximale de (S) et soit {a, b) e x tels que a < b et
(</?(a), (^'(a)) = {^{b)i (p'{b)) . Alors = R et (p est r -périodique, avec t = b —a.
Démonstration:
La fonction est solution maximale de ( S ) , est définie au point a , et on a
(^(a),i/j'(a)) = {^{b), (p'(b)) = ((/?(a), y?'(a)) . D’après le théorème de Cauchy-Lipschitz,
on a donc 'ip = (p. Donc = 7^ , i.e. >ce qui implique 7,^ = R puisque
r > 0 . L’égalité xp = (p signifie alors que (p{t + r) = (p{t) pour tout f G R , donc (p est
r -périodique ■

Pour tout (to^yo^Vo) ^ ^ X I X R , nous noterons (pto,yo,y'Q la solution maximale 'ip


de (S) telle que 'ipito) = yo et 'ip'{to) = yQ . D’après le théorème de Cauchy-Lipschitz,
^to.yo,y'o constante (ce qui implique = R ) ssi y'^ = ¡{y^) = 0 .
Fixons (to,yo^yo) et posons “0 = V^to,2/o,î/i • Notons F la primitive de / qui est nulle
en yo , i.e. F{v) = f{^) d^ pour tout u G 7. Pour tout i G R , on a 0"(i) = / (0(0) ?

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104 §6

donc r i ) ' [ t ) = ‘>P'{t)f (rp{t)), c’est-à-dire;

( 1)
On est donc amené à introduire la fonction suivante, qui est appelée Vintégrale première
de (S) définie par (2/o,2/o)-

( 2) P
■^yotVo/ •* 7 R, i m d i
^ Jyo
Il est clair que Pyo.yJ est de classe , sa dérivée étant / . L’équation (1) équivaut à:
(3) ( V i€ J ^ ) i’'Ht) = 2Py„y> m ))
et rp est constante ssi Pyo.y'^iVo) = Pÿ„,yi^{yo) = 0 - ^ ’^to,yo,v'o ’ °" ^
i> = <PturHti),n>'(H) . et donc d’après (3), P^( u W { h ) = Pyo.y'o ■ Donc rj) est constante ssi
Pyo.y'o i'Pi^i)) = = 0 • On a donc prouvé:

P r o p o s itio n 6.3
Soit (io,2/o,2/o) e IR X J X IR et soit rp = ipto.yo.yi, ■ V» est non constante, pour tout
t e J,fr tel que Pya,y{,{t) = 0 , on a f{i>{t)) 7^ 0 .
En raison de la proposition 1.3, la nature des solutions de (S) dépend étroitement
des zéros des intégrales premières de ( S) .
6.1 Cas d ’une intégrale première sans zéros
Soit (to,î/0)î/o) € IRx/xIR et soit rp = (Pt„,yo,yl, ■Dans cette section, nous supposerons
que F = Pyo,y'g ne s’annule jamais. Comme F{yo) = 52/0^ > on a donc F{I) c IR* .
Nous noterons e le signe de yo >i-o- ^ • La fonction:

to €dC
U ;I
f'7^yo
î,„
est alors bien définie, de classe , strictement monotone, et sa dérivée reste strictement
du signe de € . Donc A = U{I) est un intervalle ouvert de IR , et la bijection réciproque
^ : A ^ I de C/|^ est de classe , strictement monotone, croissante ou décroissante
en même temps que U .
T h é o rè m e 6.1
Avec les notations et hypothèses ci-dessus, on a ^ .
Démonstration:
• Vérifions d’abord que ^ est solution de ( S) . Par construction, pour tout t e A,
on a = y/2F {^{t) ) , donc (-^ )^ = 2F{^{t)), d’où par dérivation suivie de la
division par 2 : = ^' {t )f . Comme ^'{t) ne s’annule pas, on en déduit
que = / {^{t)) pour tout t e A, donc est bien une solution de ( S ) .
• Etudions les conditions initiales en to . Il est clair que to ^ A et que ^{to) = yo ■
D’autre part, e^'{to) = \/2F[yo) = = 12/o I > = Vo définition même
de e.
• Montions que la solution ^ est maximale. D’après (3), pour tout i G , on
a = 2F{\l){t)), donc ne s’annule jamais, d’où ^'(¿) = eyj2F . Donc
^ est strictement monotoné, et son image est un sous-intervalle ouvert u; de 7. Soit
T la bijection réciproque de . Alors T est de classe , et pour tout г¿ G a ;, on
a Г'(г¿) = . Comme T{yo) = t o , on voit que T = . On en déduit que
ip = Comme xp est maximale, il en découle que A = et ^ = xp ■

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Étude théorique de l ’équation de Newton 105

6.2 Intégrales premières identiquem ent nulles


Il est clair que (S) admet une intégrale première partout nulle ssi / est la fonction
nulle. S’il en est ainsi, les intégrales premières de (S) sont les fonctions constantes pos­
itives ou nulles sur I . Les solutions maximales de (S) sont les fonctions constantes à
valeurs dans I et les fonctions de la forme , où a est une fonction affine non
Hi)
constante de R dans R .
6.3 Intégrales premières non partout nulles adm ettant des
zéros
Soit (toiVoiVo) € R X / X R , soit 'ip = <^to,î/o,yi, ^ l’intégrale première
^yo.y'o • Dans cette section, nous supposerons 'ip non constante. En vertu de (3), il
existe t\ € J^p tel que F {'ip{ti)) > 0. Quitte s’il le faut à remplacer {to.yo.y'o) par
(¿1)2/1J2/i) ) où 2/1 = '^(¿i) et y[ = 'ip'ih) , on peut supposer F{yo) > 0 . Nous noterons
U la composante connexe de l’ouvert F “ ^(R ^) à laquelle yo appartient (cj est donc
un intervalle ouvert de R contenu dans / ) , et nous noterons T la frontière de uj
relativement à / , en d’autres termes, l’ensemble des extrémités de a; qui sont finies et
appartiennent k l . On a donc F = 0 ssi cj = / , cas qui a été analysé en 6.1. Il est
clair que F est nulle en tout point de F . Dans cette section, nous supposerons F ^ 0 .
Un point a e F sera dit stationnaire ssi f(a) = 0 , et ordinaire ssi f{a) ^ 0 . Si a e F
est ordinaire et si a = I n f (a;) (resp. si a = Sup(a;) ), alors f{a) > 0 (resp. /(a) < 0 ).
Cinq cas se présentent:
Cas (I) : F est un singleton {a} , avec a stationnaire.
Cas (II) : F est un singleton {a} , avec a ordinaire.
Cas (III): c a rd (.^ ) = 2 et tout point de F est stationnaire.
Cas (IV): c a rd (.^ ) = 2 et F contient un point stationnaire et un point ordinaire.
Cas (V) : c a rd [F') = 2 et tout point de F est ordinaire.
Les cas (I) et (II) se subdivisent chacun en deux sous-cas, selon que a = I n f (a;)
ou a = Sup(o;). Nous nous contenterons d’étudier les cas (I) ou (II) sous l’hypothèse
supplémentaire que a = In f (a;), le cas où a = Sup(a;) se traitant de manière analogue.
On a donc a; = / n ] a, -hoo [ avec a G / .
Dans les cas (III) à (V), nous noterons respectivement a et 6 le plus petit et le plus
grand élément de F (donc cj = ]a , 6 [ avec a G / et b e l ) . Le cas (IV) se subdivise
en les deux sous-cas (a stationnaire et b ordinaire) et (a ordinaire et b stationnaire).
Nous nous contenterons d’étudier le second de ces sous-cas, l’étude du premier sous-cas
étant analogue.
Etude du cas (I)
Par hypothèse, on a a = In f (a;) et F{a) = F'{à) = f{a) = 0. On a donc
F{u) G O { { u - a)^) , et par suite l’intégrale du diverge. Notons e = 1
U'—
'{l ) UÇCaJ s/2F(u)
SI 2/o > 0 et £ = -1 si 2/o < 0 • La fonction:
de
U :I to -h S
f
est bien définie, de classe , sa dérivée ne s’annule jamais et reste du signe de e .
Plaçons-nous dans le cas où s = + 1. Alors A = U{I) est l’intervalle ] - oo,6 [ , où
6 = +0O si l’intégrale diverge, et où 6 = si cette
intégrale converge. Notons ^ la bijection réciproque de C/|^ : elle est de classe ,
et on a ^{to) = 2/0 • Pour tout t G A , on a ^'{t) = y ^ 2 F 7 ^ ^ ^ , et on voit comme
au théorème 6.1 que ^ est solution de {S). De plus ^'{to) = = 2/0 ) ^onc
= i'ip{to)y'(p'{to)). On vérifie comme au théorème 1.1 que %p est une
restriction de ^ ^ et comme %p est solution maximale, il en découle que ^ = \p.
Dans le cas où e = —1, on raisonne de manière analogue. On obtient ainsi:

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106 §6

Théorème 6.2
Supposons que T = { o } , que a est stationnaire et a = I n f ( w ) . Soit e = j| “-ï .

Alors l ’intégrale / “ diverge. La fonction:


yo y/F{u)

est bien déünie, strictem ent monotone, de classe , sa dérivée ne s ’annule pas, et
en notant A = U { I ) , la solution 'll) est la bijection réciproque de C/|^ .

Etude du cas (II)


Posons à nouveau e = -¡-^4 . N ous conduirons l’étu d e d an s le cas où e = + 1 , l’a u tre
cas se tr a ita n t de m anière analogue. P a r hypothèse, en te n a n t com pte que a = I n f ( a ;) ,
on a f ( a) = F '( a ) > 0 . C om m e F(u) ~ (u - a ) f ( a ) , l’intégrale
converge. P o u r exploiter c e tte convergence, notons u = o;U {a} (i.e. u = ICï [a, + o o [ ).
D ’après le théorème de division, on a une fonction G \ uj ^ R * de classe telle que
2 F( u) = {u — a)G{u) p o u r to u t u G cD. Soit 7 = + 00 si cj est non m ajoré, e t si uj est
m ajoré, de borne supérieure c , soit 7 = y / c - a . Posons G = . L a fonction:
2F{ u)

A :] - 7 , 7 [ - to —C
f 2 dr
y/G {a-\-T^)
est bien définie, de classe , e t sa dérivée reste > 0 . E n p o san t u = a + , on
voit aisém ent que A{^/yQ - a) = to . D ésignons p ar ] a , P [ l’im age v4 (] - 7 , 7 [) (avec
- 0 0 < a < P < + 0 0 ), soit O : ] O', [ —►
] - 7 , 7 [ la fonction réciproque de , et
soit ^ . Les fonctions O e t ^ sont de classe , la dérivée © ' reste > 0 , e t
p o u r to u t t e ] a , P [ , on a 0 '{t) = ^y/G {a T ~ Ô ^JJ)), d ’où

(4) { ^ ' { t ) f = {2 e { t ) 9 ' { t ) f = i m - a ) G { a + m ) = 2F i m )


P a r dérivation de (4) suivie de la division par 2 , on o b tien t ^' {t )F"{t) = 'F'{t)f { ^ { t ) ) .
L a fonction G ad m et un unique zéro, qui est to - G . Donc ad m et un unique
zéro, qui est to — G . P o u r to u t t e ] a , p [ \ { t o - G} , en d éd u it de ce qui précède que
^^'{t) = / {^ { t ) ) . P a r continuité, cette relation reste vraie au p o int t = t o ~ C , donc ^
est solution de ( S ) . C om m e A{^/yo — a) = to ^ o n a G{to) = y/yo ~ ^ , d ’où ^{to) = yo »
d ’où, d ’après (4), {^^{to))^ = 2 F {^{to)) = 2F ( 2/o) = (2/o)^ ■ G{to) > 0 , donc
^^{to) > 0 , donc ^' {to) = y'o • F inalem ent {^{to ),'F \to )) = (^ (¿ o ),^ '(^ o )) • ^ ®st clair
que ^ {t ) ------------> c e t ^ ( t ) --------- > c , ce qui m o n tre im m édiatem en t que la solution
¿-►-7 ¿-»7
^ est m axim ale. D ’après le théorèm e de C auchy-L ipschitz, on conclut que ^ = 'tp. E n
raiso n n an t de façon analogue si e = —1 , on obtient:
T h é o rè m e 6.3
Supposons que T = { a } , que a soit ordinaire et que a = I n f ( u ) . Soit 7 = + 0 0
si cj est non majoré, et si u est m ajoré de borne supérieure c , soit 7 = y/c - a .
Posons € = 1-44 . Soit la fonction:
\yo\
2 dr
A :] - 7 , 7 [ to
Ja VJ2FM
2F^ Jo '
G{a + t 2)
Alors A est de classe , sa dérivée ne s ’annule pas, et si on note A son image, la
solution maximale ij = <Pto,yo,yo fonction a -h G^ , où G désigne la bijection
réciproque de A^^ .
On laisse au lecteur le soin d’énoncer l’analogue du théorème 6.3 dans le cas où
T = {a} , avec a ordinaire et a = Sup(a;) .
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Étude théorique de l ’équation de Newton 107

Les cas (III) et (IV)


L’étude de ces cas se déduit facilement de celle des cas (I) et (II). Nous laissons au
lecteur le soin de rédiger des preuves détaillées des théorèmes suivants, dans lesquels on
a posé

T h é o r è m e 6.4
Supposons que T = {a, b} avec a < b et a et b stationnaires. Alors les intégrales
2/0 du du

JPa ^/2FW et £Vo y / 2 F ( u )
divergent. La fonction:


U :]a ,6 [ — >R , U I— >t o + e f
Jvo
'yo
est bijective, de classe , strictement monotone, et sa dérivée ne s ’annule pas. La
solution maximale ^ = <^io,yo,2/i, bijection réciproque de U (donc = R ).

T h é o rè m e 6.5
Supposons que = {a,b}, où a < b et avec a ordinaire et b stationnaire. Posons
y = y/b —a . Soit G : [a ,6 [—> IR la fonction de classe telle que pour tout
U e [a,b[ , on ait 2F{u) = [u —a)G{u). Soit la fonction:

_ du r 2 dr
A :] - 7 ,7 [ - e io
Ja y/2F{u)
a/ 2 F (u ) ' JJo
o Gf(a + r 2)

Alors A est de classe , bijective, et sa dérivée ne s ’annule pas. Notant G sa


bijection réciproque et ^ = a + G“ ^ , la solution maximale -0 = (^¿o,2/o,2/J ^^^st autre
que ^ . On a donc = IR .
Le lecteur établira un énoncé analogue au théorème 1.5 si F = {a, b} oxx a < b avec
a stationnaire et b ordinaire.
Etude du cas (V)
T h é o rè m e 6.6
Supposons que F = {a, b} où a < b avec a et b ordinaires. Alors J,/, = IR et *0
est T -périodique avec T = 2 ^ , et T est la plus petite période > 0 de 0 .

Démonstration:
Remarquons d’abord que l’énoncé a un sens, car les hypothèses entraînent la conver-
gence des intégrales f p ^ et ^ .
En remplaçant la fonction inconnue y par z telle que y = 4- et / par
9 • U^ , on se ramène au cas où (a, 6) = (—1, 1). Plaçons-nous
donc dans ce cas. Fixons Oq e U tel que yo = sin(^o) et que si y^ ^ 0, on ait
yQCos{Oo) > 0 . D’après le théorème de division, on a une fonction G : [—1,1] IR
de classe telle que 2F(u) = (1 - u^)G(u) pour tout u e [-1,1] . D’après les
hypothèses, on a G( [—1,1 ] ) C IR* . On en déduit que la fonction
h :U ^R , 0 ^ (G (sin (^ )))” ^
est de classe et 27t-périodique. La fonction:
dr
(5) A : ’, 0 I— >toP [ h{r) dr = to + [
J Ôq J Oq \ Z G ( s i n ( r ) )

est continue, strictement croissante et de classe . Puisque h est 27t-périodique,


l’intégrale h(r) dr est indépendant du réel A. On notera T ce nombre. Pour
tout ^ G IR , on a:
(6) A{e -h 27t) = T + A{0)
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108 §6

ce qui entraîne immédiatement que A{R) = R . Donc A est un homéomorphisme


strictement croissant de [R sur IR, dont la dérivée reste > 0 . Nous noterons O
l’homéomorphisme réciproque: il est aussi de classe . La fonction:
(7) ^ : R — >[R, il—4 s in (0(0)
est donc bien définie et de classe . Pour tout réel i , on a ^'{t) = 0^(0 (0(i))
et 0 '(i) = y^0 ( s in ( 0 (i)) = y/G {^{t) ) , d’où:
(1 - s i n 2 (0 (0 )) = (1 - = 2F
d’où, par dérivation suivie de la division par 2 :
(8) im ) = (^W )
Il est clair que l’ensemble Z = est donné par:
z = {a { - ’- ) + tz ) v {a Q * t i )
donc Z est une partie localement finie de IR . La fonction —/ o est continue, et
d’après (8), elle est nulle en tout point de R \ Z . Comme I R e s t une partie dense de
IR , on en déduit.que - f est partout nulle, i.e. ^ est une IR-solution de (S) , et
donc solution maximale de {£). On a d’une part ^{to) = s in (0 (io )) = sin(^o) = Vo >
et d’autre part = 2F{^{to)) = 2F{yo) = Vo^ . Mais
^ \to ) = O'{to) cos{6o) = y/0 (2/0) cos(^o)
donc si ^'{to) 7»^ 0 , les signes de et cos(^o) sont égaux et par suite, d’après
le choix de ^0 » les signes de ^'{to) et de Pq sont les mêmes. Quoi qu’il arrive, on
conclut que ^'{to) = t/o • Finalement, les deux solutions maximales ^ et 'ip =
de (S) sont définies en t o , et elles vérifient en ce point les mêmes conditions initiales
-0 (^0) = ^{to) = yo et = ^^{to) = Vo ; donc ^ = 'ip. Il est clair, d’après (5), que
pour tout t G IR , on a 0 (T -f t) = 2ir-\-0{t) , ce qui entraîne immédiatement que %p est
T -périodique. Par définition de T*, on a enfin:
TT , ^37T -
r . r - x/0
= £ = + Ar yG (sin(T ))
-T \/G ((sin
s in ((r))
T ))
En posant U = s in ( r ) dans chacune de ces intégrales et en additionnant, on obtient:
du ^ du
T =2
7-1 VvTT^^û2)G(ü)
( 1 - u 2 )G (u ) ' J7-1
-l^/2F (^
Comme 0 définit un homéomorphisme croissant de [0,T] sur [0, 27t] , et comme
0 = s in o O , il est maintenant clair que T est la plus petite période > 0 de 0 ■

Rem arque 6.1 :


Dans ce paragraphe, on vient d’étudier tous les types possibles de solutions de (S) . On voit que le
cas (V) est le seul pour lequel la solution est définie sur R et périodique non constante. En particulier, si
/ ne s’annule jamais, les intégrales premières de (S) sont toutes strictement monotones et donc on n’est
jamais dans le cas (V), donc (S) n’admet aucune R-solution périodique non constante. Les solutions
maximales constantes de (S) sont les fonctions constantes sur R à valeurs dans f~^{0) . On en déduit
que si (S) admet au moins une R -solution périodique non constante, alors (S) admet au moins une
R -solution constante ^

Exem ple 6.1 :


Supposons que / admette un unique zéro ( , que f(u) > 0 pour tout n G / tel que
U < C et f(u) < 0 pour tout U G / tel que u > ( , et enfin que les intégrales /jpj.QQ /
//n(c +c»( f divergent. Alors la fonction constante F définie sur IR partout égale à
C est solution, et c’est la seule solution constante. Toute solution non constante est de
la forme 0 = 2/o ^ ^ . Fixons (yo^Po) ^ I x R"^ t et soit F l’intégrale
première • Notons a = I n f ( I ) et ^ = S u p ( / ) (donc - 0 0 < a < /3 < -hoo).
Puisque F ' = / , on voit que F est strictement croissante sur /_ = ] a, ^ ] et strictement
décroissante sur /+ = [C>^ [ » admet donc un maximum strict en ( , et seulement en
ce point. Soit M = F(C) la valeur de ce maximum. Comme F{yo) = ^{Po)^ > 0 , on
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Étude théorique de l ’équation de Newton 109

a M > 0 . En vertu des hypothèses, F(u) -00 et F(u) -0 0 .


■* a , uÇl u —^ 0 , u G l
Donc F admet un unique zéro a sur ]a ,C [ et un unique zéro b sur ](^,ß[ . On
voit que /(a) > 0 et f{b) > 0. L’ensemble T associé à 'ip est donc {a, 6} , et a et
b sont ordinaires. On est dans le cas (V), et par suite = U et 'ip est périodique,
son groupe des périodes étant TZ avec T = 2 ^/2F{ ) ' conclusion, dans les
conditions du présent exemple, toutes les solutions maximales de (S) sont déânies sur
R et périodiques, et une seule de ces solutions est constante: la fonction F ^

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§ 7 Application au pendule simple
Dans ce paragraphe, nous fixons к G et nous étudions l’équation de Newton
particulière:
{£) y" = - k ^ s i n { y )
Autrement dit, la fonction notée / au paragraphe 1 est ici la fonction —A:^ s i n , qui est
définie et de classe sur IR .
Rappelons que (S) est l’équation vérifiée par l’écart angulaire y (mesuré en radians), avec la
verticale dirigée vers le bas, d’un fil inextensible de longueur finie > 0 attaché par une extrémité
à un point fixe et portant à son autre extrémité, libre, le centre de gravité de la masselote d ’un
pendule simple. Le mouvement du pendule a lieu dans un plan vertical, et la seule force agissant
sur la masselote est la pesanteur, dirigée vers le bas. Cette force agit sur le centre de gravité de
la masselote. Il n’y a donc pas de frottement, d’où les mobilia perpétua obtenus.
Les solutions maximales constantes de (£) sont les Г^п ' IR IR, t i—> штг, où
m e Z . En vertu de la proposition 6.1, toutes les solutions maximales sont définies
sur IR. Les solutions non constantes sont les ф = {^о^Уо^Уо) ^ et
(Уо,2/о) ^ ^ 2 X {0} , i.e. (sin(t/o),2/o) ^ • Fixons donc (¿о,Уо,2/о) ^ tel que
(з1п(уо),Уо) ^ (0)0) ) soit ф = <Pto,yo,y'o ) ®t soit F l’intégrale première Py^^y'^ • Sans
perte de généralité, nous pouvons supposer que 0 < t/o < тг. Pour tout г¿ G IR , on a:

(1) F {u ) = ^ {y'o f - (cos(yo) - cos(u)) = 2A^ - 2k^ sin^ ( | )


OÙ l’on a posé:

( 2) A = \j\{y'o Y + k'^ s ir ? ( Ç )

(donc A > 0 ). Les notations F et u ayant le sens défini au paragraphe 6, on voit qu’il
faut distinguer les cas suivants: A < k\ A > k; et A = k ^ ce qui équivaut respective­
ment à: (?/o)^ < cos^ ( ^ ) ; (yo)^ > 4A:^ cos^ ( ^ ) ; et (yo)^ = 4/c^ cos^ ( ^ ) .

Cas où (yo)^ < 4A;^ cos^ ( ^ )

Alors c a rd (F) = 2 . On a ^ = {a, 6} , où:

a = —2 A rc s in ; b = 2 A rc s in

et a et 6 sont points ordinaires de T . D’après le théorème 6.6, la fonction 'ip est
périodique de groupe des périodes T Z , où T = 2 - . En opérant le changement
“ y/2F{u)
de variable 0 = A rcsin s in (^)) (i.e. s in ( | ) = j sin (0 ) ), on obtient:
de
(3)
- U f Ф - ^ s i n ^ (6>)

Comme 0 < ^ < 1 , pour tout в e [—f . f ] , on a:

(4) k2rr W2m Sin^”*(0)


^ A m=0

OÙ W2m = /o^ = f" P°ur tout TU, en Convenant que tuo = f • La


série de fonctions de 6 au second membre de (4) converge normalement sur IR , on peut
donc l’intégrer terme à terme entre —Ç et f , ce qui donne l’expression bien connue de
la période T :
,2 2тг Г, ^ / 1 - 3 - - - ( 2 т - 1 )V Л2”
(5)
m =0 V m =l ^ '

Soit maintenant ^ la fonction ^ s i n . Le groupe des périodes de ^ est T Z . Nous


allons donner une expression de ^ en appliquant la méthode de la preuve du théorème

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112 §7

6.6. On a = ^ t j j ' c o s ( f ) , d’où ^1 - , d’où, en tenant compte


de (1):

(6) ^1 - (1 - iP'^)

En dérivant (6), on obtient 2^' E = 0 , avec:


(7) E = ^" - - (A;^ + A^)) ^
En se reportant à l’étude théorique du cas (V) au paragraphe 6, on vérifie que pour tout
A G IR, l’ensemble est localement fini, ce qui entraîne que l’ensemble ¿^'“ ^(0)
est localement fini, donc de complémentaire partout dense dans IR . L’expression (7)
montre que E est continue sur IR , et comme elle est nulle sur une partie dense de IR ,
on a H = 0 sur IR . Donc ^ est IR -solution de l’équation de Newton:
(8) y" = h{y)
où h est définie sur IR par:
(9) h{u) = 2A^u^ - (/c^ + A'^)u
On calcule immédiatement les conditions initiales vérifiées par ^ en to \

. ( , ) . A s i „ ( D : r«o) = ^ c o s ( f )
et d’après (6), l’intégrale première H de (8) correspondant au couple est
H définie sur IR par:

( 10) (Vu e R ) H{u) = y ( l - ^ « 2) (1 - u2)

On a co s (2^) / 0, d’où ^^{to) ^ 0. L’ensemble T associé à la solution maximale


de (8) est { - 1,1} , les deux éléments de T étant ordinaires. L’étude du cas (V) du
paragraphe 1 justifie alors les résultats qui suivent. Soit la fonction:
dr
(11) ^ : IR ■to +
'^^0 k \\ // ll -- ^ s in 2 (T )

avec 00 ^ IR choisi de façon que ^{to) = s in ( 0o) et que ^'(to) et c o s(0o) aient
même signe e (où e G {—1, 1} ). Alors A est un homéomorphisme croissant de IR sur
lui-même, de classe , et son homéomorphisme réciproque O est de classe , qui.
en posant J = - d r , vérifie 0(i) + 27t = G{t J) pour tout t G
A :\/l-^ sin 2(r)
La fonction s in ( 0 ) , définie sur IR, admet donc JZ pour groupe des périodes, et on
a = s i n { 0 ) . Comme la fonction sin ^ est tt-périodique et paire, on voit que
J = 2 f\ — d r_____ , et on retrouve ainsi J = T . En conclusion:
fc\Z l- f r Sin2(r)
On a ^ = s i n ( 0 ) , où O désigne le difféomorphisme réciproque du -difféomor-
phisme A de U sur lui-même défini par (11). Le groupe des périodes de est T Z .

Cas où (2/0)^ > 4k^ cos^ ( ^ )

Alors ^ = 0 et a; = IR . Soit e = . Soit la fonction:

U : IR — >IR , U I— >to s i • ^
J>vyo
q 2yjA^ - fc2 s i n 2( |)

Elle est de classe , sa dérivée ne s’annule jamais, et il est clair que pour tout u , on
a U {u 4- 27t) = U { u ) +€ T y avec:
(1 2 ) rr _ [ _ O /

J ~ n 2^ y l2 _ s i n 2(£) Jo ^ y l2 _ fe 2 s in 2 (|)

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Application au pendule simple 113

Il en découle que U est un -difféomorphisme de R sur lui-même, dont le difféomor-


phisme réciproque V vérifie:
(13) (Vt G R ) V{t + r ) = V{t) + 2e7T
D’après le théorème 6.1, on a 'ip = V . Soit ^ la fonction s i n ( ^ ) . En vertu de
(13) , les fonctions cos{i)) et s in (^ ) sont T-périodiques, et ^ est 2T-périodique.
Pour étudier ^ par la méthode de la preuve du théorème 6.6, procédons comme au cas
précédent. On a cos (^) , d’où ^ (l - iZ^^) , d’où d’après (1):
(14) = (1 -
En raisonnant comme au cas précédent, on voit que ^ est R-solution, donc solution
maximale, de l’équation de Newton:
(15) y" = h{y)
où la fonction /i : R —►R est définie par:
(Vг¿ € R) h{u) = 2k‘^u^ - + /c^)u
Les conditions initiales vérifées en to par ^ sont:
(16) <f’(io) = s i n ( y j ^ cos
et il découle de (14) que l’intégrale première de (15) relative au couple
est H définie sur R par:
(17) (Vu G R )H{u) = i ( l - u^){A^ - k'^v?)
¿à
L’ensemble T correspondant à cette intégrale première est {—1,1} et les deux points
de T sont ordinaires. La fonction G (de classe ) telle que 2H{u) = (1 —v?)G{u)
pour tout г¿ G R est G{u) = . Un élément ^ IR tel que ^{to) = sin(^o)
et que !Z''(io) et c o s(0o) aient même signe est ^ si £: = +1 et T T -^ si e = - 1 .
La fonction
dr
to +
J 0(
^0 ^
/ —k!^ sin ^ (r)
est un -difféomorphisme de sur lui-même, qui vérifie A{t H- 27t) = A{t) + J
pour tout i € IR, où J = / : , — —------- =
- 2- JJO
q y. . Notons O le
difféomorphisme réciproque. D’après le théorème 6.6, on a iZ' = s i n ( 0 ) , et le groupe
des périodes de ^ est J Z . En posant ^ = 2r dans (12), on constate que J = 2 T .
Puisque les fonctions s in ( 0 ) et s in ( ^ ) sont égales et puisque 0 et -0 sont continues,
on a en fait 0 = ^ , ce qu’il est d’ailleurs aisé de vérifier directement. Le théorème 6.6
n’a donc ici rien apporté de mieux que le théorème 6.1. Le pendule n’oscille pas, il tourne
indéfiniment, son mouvement se reproduit à l’identique à chaque révolution, et la durée
d’une révolution est T = ^ J (le groupe des périodes de la fonction e x p (i0 ) est TZ ).
En procédant comme dans le cas où le pendule oscille, on a d’ailleurs:
(18) r =1 d
'T = IL -A / l - 3 - -(2îIm -l)^^
^ /l•3•••(2m —1) k'^
1+ ^277
^ A J _ s. Г^ ^F Tsin^
~ 2 7 IÏ
{t )
a h \ 2 - 4 - ' 2m

Cas où {yo)^ = 4/c^ cos^ ( ^ )

Nous poserons e = . L’équation (1) s’écrit ici:

(19) F{u) = 2/c^ cos^ Q j


Puisque y'o ^ 0 y on 3. 0 < yo < tt . L’ensemble uj est donc ici ] —tt, tt [ , on a
T — { - 7r,7r} , et les deux points de T sont stationnaires. L’application

C
7 :] - 7r,7r[ ■to+£ / —------ de -TT —io + r Log
■*>'2J/0 2fccos(f) k t g ( 1^ + f ) /
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114 §7

est un -difFéomorphisme, et d’après le théorème 6.4, son diiFéomorphisme réciproque


n’est autre que 'ip . En posant a = Log ( tg + J )) , on en déduit, pour tout t e U :
(20) i;{t) = - 7T+ 4 A rc tg tg ^ j = 2 A rc tg ^ s h [ek{t - to) + a) j
La durée du mouvement du pendule est donc infinie aussi bien dans le passé que dans
l’avenir. Aux dates infiniment éloignées dans le passé ou l’avenir, le centre de gravité
I de la masselote du pendule tend vers le point le plus haut du cercle support de sa
trajectoire, sans jamais l’atteindre. Au cours du temps, le point I décrit bijectivement
ce cercle privé de ce point le plus haut. Si io = 0 , yo = 0 et € = -\-l (cas auquel on peut
toujours se ramener par translation sur la variable t suivie s’il le faut d’un changement
de sens du temps), on a t/o = 2A; et l’équation (20) se simplifie en:
0(t) = -TT + 4A rc tg (e^*) = 2 A rc tg {sh{kt))
d’où t g ( ^ ^ ) = sh{kt) , et par suite:
2 sh{kt)
( 21) cos{ip{t)) = -1 + sin(V^(i)) =
ch^{kt) ’ ch^kt )
Les relations (21) mettent en évidence la symétrie du mouvement par rapport à la ver­
ticale passant par le centre du pendule, puisque les fonctions cos{'ip) et s in ('0) sont
respectivement paire et impaire.

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§ 8 Pendule simple et théorème de Poncelet
8.1 Fonctions de Jacobi dans le champ réel
Soit un réel P g ] —00,1 [ . On lui associe les fonctions analytiques réelles suivantes:

( 1)
/
f di
y / l — P sin ^ t

t I--- ►y jl —p s i n ^ t
La fonction A est analytique réelle, à valeurs dans [R* et 7r-périodique. Il est immédiat
que / est un ^°°-difféomorphisme croissant de R sur lui-même. Posons K = / ( f ).
Comme / est impaire et 7r-périodique, on a / ( tt) = / ( | ) - / ( - f ) = 2 K . Il est alors
clair que
(2) ( V (x, n) G IR X Z ) f {x + mx) = f[x) 2nK
Le difféomorphisme réciproque est appelé fonction am plitude associée à p,
et sera noté Am. C’est une fonction analytique réelle impaire, strictement croissante,
d’image IR . En raison de (2), elle vérifie
(3) ( V (n, n) G IR X Z ) Am(u H- 2nK) = Am(u) + nn
On introduit les trois fonctions dites elliptiques de Jacobi (^) associées à p notées
e n , sn et d n , définies sur IR à valeurs réelles, en posant, pour tout n G IR :
( cn{u) = cos (Am(u)) ; sn(u) = sin(Am(u))
(4)
\ dn(г¿) = A (Am(u)) = \ / l —psn?{u)
Ces fonctions sont analytiques réelles; la fonction sn est impaire, les fonctions en et
dn sont paires. Il découle immédiatement de (4) que en et sn sont 4ÜT-périodiques et
que dn est 2AT-périodique. Le réel p de départ est appelé le m odule de ces fonctions.
Pour p = 0 , la fonction amplitude est l’identité de IR, la fonction dn est constante
égale à 1, et on a en = cos et sn = s i n . Nous écarterons ce cas ci-dessous, i.e. nous
supposerons p / 0 (cela éliminera, plus loin, le cas trivial de deux cercles concentriques).
Par la formule de dérivation des fonctions réciproques, on a:
d (Am(u))
(5) = dn{u)
dг¿
d’où les dérivées de en et s n , données, pour tout u G DR par:
d(cn(u)) d(sn(u))
= - sn(u) dn(u) = cn(u) dn(u)
du du
(6)
d (dn(u))
= —psn(u) cn(u)
du
Des relations (5) et (6), on déduit facilement l’étude des variations de e n , sn (resp.
d n )su r [0,4K] (resp. sur [0, 2i^] ). On observe des comportements analogues à ceux
de cos , s i n et y/l —p sin ^ , et on en déduit que AK est la plus petite période > 0
de en et s n , et que 2K est la plus petite période > 0 de d n . La fonction dn reste
> 0 , et on a:
(7) cn"^(0) = K + 2KZ sn-^(O) = 2i^Z

Les formules d’addition


Dans ce qui suit, pour tout (u , u) G IR^ , nous poserons d ( u , v ) = 1 —p sn^(u) sn^(u).
La fonction D ainsi définie sur IR^ est de classe et à valeurs dans IR* .

(^) C’est à tort que la célèbre expression: “ Les mathématiques sont l’honneur de l’esprit humain ” est
souvent attribuée à Jean Dieudonné. En réalité, elle est due à Jacobi, 140 ans avant que Jean Dieudonné
la reprenne.

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116 §8

Théorème 8.1
Pour tout (Uyv) e , on a les relations suivantes, appelées form ules addition:
cn(w) cn(î;) —sn{u) dn{u) sn{v) dn{v)
(I) cn(u + v) =
D {u , v )

sn{u) cn(v) dn(t;) -h sn{v) cn(u) dn{u)


(II) sn(ii -hv) =
D { u , v )

dn(г¿) dn{v) —psn(u) cn(u) sn(v) cn(n)


(III) dn(n + i>) =
D { u , v )

Démonstration:
Nous allons prouver (I), les autres formules pouvant être prouvées de même. Notons
E{u,v) le second membre de (I). La fonction E ainsi définie sur est de classe
et symétrique en {u, v) . En particulier, on a ^ { u , v ) = (t>,u). Nous allons vérifier
que ^ est symétrique en {u, v ) , ce qui entraînera que f f = fif • En effet, on a
If N(u,v) = d(u, v )A - B , avec:
A = - sn{u) dn(u) cn(v) - cn(г¿) dn^(г¿) sn(u) dn{v) + p sn^(г¿) cn(î^) sn(î;) dn(v)
B = —2p sv?{v) sn(г¿) cn(u) dn(u) (cn(u) cn{v) — sn(u) dn{u) sn{v) dn{v))
= —2p sn^{v) sn(г¿) cn^(г¿) dn{u) cn(t;) + 2p sn^{u) sn^(v) cn(г¿) dn^(u) dn{v)
En tenant compte que dn^ = 1 —psn? , en remplaçant cn?{u) par 1 —sn ^ (u ), et en
posant
(8) X = sn{u) ; Y = sn{v) ; Z = cn(u) ; T = cn(v) ; U = dn(u) ; V = dn(v)
on obtient:
N{u, v) = { l - pX^Y^){-XUT - ZYV + 2pX^ZYV) + 2pXUY^T{l - X^) - 2pX^ZY^V(l - pX^)
= -{XUT + ZYV)(1 - pX^Y^) + 2p [x^ZYV + XUY^T - X^UY^T - X^ZY^v)
= -XUT - ZYV + P{2X^ZYV + 2XUY^T - X^UY^T - X^ZY^v)
ce qui est un polynôme invariant par l’échange des deux triplets {X, Z, U) et {Y, T, V ) ,
d’où l’invariance de N{u, v) par l’échange de u et v . Cette symétrie de N{u, v) achève
de prouver que • En utilisant le ^°®-difféomorphisme (г¿, v) { u v , u - v)
de U? sur lui-même, on en déduit facilement l’existence d’une fonction ^ : R —>R de
classe telle que E{u, v) = 'ip{u -h v) pour tout (u, v) £ U? , Pour tout u G R , on a
alors i^{u) = E{u, 0) = cn(tx). La formule d’addition (I) en découle ■

Les formules s in ( 7r - x) = s in ( x ) , c o s (7t - x ) = - c o s (x ), s in (x + | ) = cos(x)


et cos(x + f ) = - sin (x ) donnent immédiatement, pour tout u £ R:
( sn{2K - u) = sn(г¿) ; cn{2K - u) = - cn(u); dn{2K - u) = dn{u)
(9)
[ sn{u + K) = cn(г¿) ; cn(г¿ -{■K) = - sn(u)
La fonction sn est strictement croissante sur [ - K, K] , et la fonction en est stricte­
ment décroissante sur [0, 2K ] . Compte tenu que sn est impaire, que en est paire et
des relations (9), on en déduit:
sn(t6) = sn(v) u - v £ 4KZ ou u + v £ 2K + AKZ
(10) (V( u, u) g R^)
en(u) = en(v) u - v £ 4KZ ou u-\-v £ 4KZ
Par la même méthode que pour le théorème 8.1, on démontre alors:
T h é o rè m e 8.2
Soit (u,v) £ tel que u -Y v ^ 2KZ et u - v ^ 4 K Z . On a la form ule de
Thom son:
dn(u + t;) - en(^ + v) _ dn(г¿) en(t;) - en(^) dn(u)
(IV)
sn(tz -f v) sn{u) - sn{v)
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Pendule simple et théorème de Poncelet 117

Prouvons enfin:
T h é o rè m e 8.3
Pour tout (u, v) G , on a:
(V) cn(n —v) = cn(i6) cn(v) -f sn(г¿) sn(î;) dn(n —v)

Démonstration:
Posons w = U —V . En appliquant les formules d’addition (I) et (II) du théorème 8.1,
on a:
cn(г¿) cn(v) + sn(г¿) sn{v) dn(n —v) = cn(v + w) cn{v) + sn(v + w) sn(u) dn(ti;)
^ _______ M_______
1 —psn^(г;) sn^{w)
où, après réduction et en tenant compte que cn^ + sn^ = 1 :
J{= cn^{v) cn{w) + sn^(г>) ôn^{w) cn{w) = cn(гí;) (cn^(г;) + sn^(î;)(l —p sn^(tt;)))
= cn(ti;) (l - psr?{y) sn^{w))
On en déduit bien que cn{u) cn{v) + sn{u) sn(t;) dn(u —v) = cn{w) = cn{u —v) M

8.2 A pplication à l’équation d ’Euler des fonctions elliptiques


Soit P{X) = (1 - ^^)(1 - p^^) G IR [X] , et soit £ G {-1,1} . Nous allons utiliser
les fonctions elliptiques de Jacobi pour étudier sur l’ouvert Üq =] - 1,1 l’équation
différentielle d’Euler
dx _ ^ dy
V m '' V W )
En prenant p = —1 , on retrouvera les résultats de l’exemple 5.7 en les précisant.
Par définition, la relation “ (x,u) G IR x [ - K , K ] et x = sn(г¿) ” équivaut à:
“ a; G f-1, I l et U = . ér » changement de variable ^ = s in ( r )
^ •* y l —p s i n 2 ( r )
dans l’intégrale donne donc l’équivalence:

(11) (x,u) G R X [~K,K] et X = sn{u) X G [-1,1] et U = /■

En utilisant (7), on voit que: “ (x,n) G R x [0^2K] et x = cn{u) ” équivaut à:


“ { x , u - K) e U x [~K,K] et x = - s n { u - K ) ”, d’où l’équivalence:

(12) (x , u ) g R x [0,2K] et x = cn{u) 4=^ x e [-1,1] e tu = K - \ / P(^)

Dans i?o ) l’équation différentielle obéit au théorème de Cauchy-Lipschitz, et


ses solutions sont de classe . Fixons mo = (xo^Po) ^ j ^t notons (pmo solution
maximale de (^e) dont le graphe passe par mo • Nous noterons Jmo intervalle de
définition. Pour tout x G Jmo , on a en posant y = <Pmo(^) dans (^e) ot en intégrant
entre Xq et x\

io T m ^ jy o T W
Ce qui équivaut, en posant <to = Jq° ^
/•V’moi®) /■*
<“> l V m
En remarquant que
' di
(15) K
- L s /m
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118 §8

on voit immédiatement que (tq + e ^ 1 ~ K ,K [ . L’image réciproque de


l’intervalle ] —K ,K [ par l’application continue strictement monotone

f л /Щ
est donc un intervalle ouvert I q voisinage de xq . D’ après (11) et (14), pour tout x e I q ,
on a donc:

(16) Vmoix) = sn ^(To + £j


D’autre part, pour tout x € ] —1,1 on a:

= ex en = V T^:
(17) V m ,

= y /l - px'^

En utilisant la formule d’addition (II) du théorème 8.1, on déduit de (16) et (17), pour
tout X e I q \

(18)
(^ \ _ ^ c n (c T o ) d n (cT o ) X + sn (cT o ) y /P { x )
^mo(^) — ^7 T 9
1 - psn^{ao)x^
L’équation {%e) présente les mêmes symétries que celle de l’exemple 5.7. Le cas où
yo = exo est trivial et conduit à la solution maximale x ^ ex ^ définie sur ] —1,1 [ .
Si yo ^ exo, on vérifie que I q est le plus grand intervalle ouvert de ] - ! , ! [ auquel
xo appartienne et tel que pour tout x de cet intervalle, la valeur du second membre de
(18) appartienne à ] —1,1 [ . On en déduit alors facilement que I q = Jmo • Terminons
l’étude dans le cas où £ = 1 avec yo < xo (par symétrie, les autres cas s’en déduisent).
On a alors cro < 0 et J^o =] —cn(cro),l [ . La limite de <^mo(^) P^ur x —> 1 est
cn(i7o).
Cette étude montre que la formule d’addition (II) du théorème 8.1 équivaut à la
propriété que les courbes intégrales de sont des quartiques planes, dont l’équation
s’obtient en rationalisant la relation
е/З'ух + ay/P{x)
(19)
1 - pa‘^ x‘^
où l’on a posé a = sn((7o), P = сп(ао et 7 = dn((7o). Cette rationalisation s’opère en
utilisant = 1- , 7^ = 1 - ; on déduit de (19):
(20) ((1 - pa^x^)y - epyxyŸ = a^P{x)
On développe (20) et on simplifie le résultat par 1 - pa^x‘^ , qui ne s’annule jamais pour
X G] —1,1 [ . On obtient ainsi l’équation de la quartique irréductible unique contenant
le graphe de v?rno ^
(21) pa^x‘^y‘^ - x^ - 4- 2eP^xy + = 0
Pour P = - 1 , on retrouve bien l’équation des quartiques de l’exemple 5.7.

8.3 U ne version ciném atique du grand théorèm e de P oncelet


Retour au pendule simple
Reprenons l’équation différentielle du pendule simple considérée au paragraphe 7,
mais en y désignant la fonction inconnue par в :
(22) e '\t) = s in {e )

La fonction inconnue в représente l’écart angulaire (mesuré en radians) avec la verticale


dirigée vers le bas d’un fil inextensible de longueur ^ > 0 attaché à un point fixe O
et portant à son autre extrémité une masselote P de masse 1 . Le mouvement de P
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Pendule simple et théorème de Poncelet 119

a lieu sans frottement dans un plan vertical Y (euclidien orienté) qu’on rapporte à un
repère orthonormé direct (0,Î, J) tel que %dirige la verticale vers le bas. La seule force
agissant sur P est l’accélération de la pesanteur g (donc ^ > 0 ), et P est défini par
(23) OP = %cos(9) + J sin(^)
On rappelle que dans ces conditions, on a = | . Le mouvement de P se fait sur le
cercle r de y de centre O et de rayon i (voir figure 1 ci-dessous).

Figure 1

Soit (io,^o,^o) ^ X ' . Posons A = sin ^ ( ^ ) . Nous nous


placerons dans le cas où

(24) (6>(,)2 >4fc2cos2 ( ^ ^ )

hypothèse qui signifie que A > k . Notons G la R-solution maximale ^to,6o,e'Q de (22)
q!
qui vérifie les conditions initiales 0(fo) = et &{to) = Bq . Soit e = . Soit la
fonction

(25) U 6»i to -\- € /«0 ^ > 12-fc 2s i n 2( |)


et posons

(26)
fc2s i n 2( |)
Alors U est un ^^-difféomorphisme de IR sur lui-même, et on a 0 = (difféomor-
phisme réciproque de U). Cette fonction vérifie G{u + T) = G{u) -\-2s 'k pour tout
U e R . La fonction ^ = sin (Ç ) est 2T-périodique. Le pendule tourne indéfiniment,
toujours dans la même sens, sa vitesse ne s’annulant jamais. On ne perd donc aucune
généralité à supposer = 0 et > 0 , i.e. e = 1. Nous le supposerons donc.
Posons P = ^ (d’où 0 < P < 1 ), et considérons les fonctions elliptiques de Jacobi
associées au module p . En opérant le changement de variable ^ = 2r] dans l’intégrale,
la relation (25) s’écrit maintenant:
2 n At}
(27) (V0 € u{e) = io +
a Jo
y l-p s in ^
En posant U = ^ , on déduit de (27):
(28) (V i€ ô{t) = 2Am(i/(i - io))
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120 §8

e t p a r suite:

(29) (Vt€ (R) iP'(i) = sn(i/(i - io))


E n p o sa n t K = f J . ’ , la form ule (26) devient

(30) T = ^

Préliminaires géométriques
C onservons to u te s les n o tatio n s ci-dessus. Soit deux réels r e t A , avec r > 0 . N otons
^ le cercle de rayon r et de centre I défini p ar O Î = X i (dans le cas où r = 0 , on a
S>= { /} , c ’est le cercle-point { /} ). P our que ^ soit in térieu r k F et ne le ren co n tre pas,
il fa u t e t il suffit que | A | + r < ^ . Soit (o^i, « 2) ^ vérifiant a 2 - ^ 27tZ . P o u r
k e {1,2} , soit Qk ^ F défini p a r O Q I = i { i c o s(a fc ) + j s in (a fc )) • U ne é q u atio n de
la d ro ite {Q 1 Q 2 ) dans le repère { 0 ,î , j ) est:

(31) ( s i n ( a i ) - s i n ( a 2)) x - ( c o s ( a i ) - 0 0 3 ( 0:2)) y i s i n ( o :2 - oti) = 0


P o u r tran sfo rm er (31), utilisons les formules
f u -v \ f u -\-v \
s i n t t —s i n v = 2 s i n

. (u -v \ . (u + v \
cos U —c o s 1

s in u ; = 2 s i n cos ( ^ )

C om m e s i n ( ^ ^ ^ ) / 0 , on p e u t diviser le ré su lta t o b ten u p a r 2 s i n ( - ^ ^~ ^ ^ ) , d ’où


l’éq u atio n de {Q1Q2) sous la form e norm ale L { x ,y ) = 0 , avec, p o u r to u t (x ,y ) € IR^ :

(32) L { x ,y ) = x c o s ( ^^ 2 + 2/ s i n ( ~ " ~ ^ ) - e c o s ( ^ ^ ^ " ^ )

Les coordonnées d an s (O, T, J) de I sont (A ,0 ). L a d istance de I à la d ro ite {Q1Q2)


est I L (A ,0) I . C e tte distance est donc r ssi il existe e G {—1,1} tel que i/(A ,0) = e r .
O n en d éd u it que la condition nécessaire et suffisante pour que la droite (Q1Q2) soit
tangente à est:
Oil + Oi2 ai —a2
(33) ( G { - 1 ,1 } ) A cos cos - er 0

Polygones de Poncelet
D ans les conditions ci-dessus, fixons le couple (^0 = ^0) vérifiant la condition (24)
qui se ré d u it à û' q > 4k^ . D onnons-nous un réel r > 0 , posons 7 = i/r e t supposons
que 7 < 2 K . P o u r to u t p G Z , notons Op la solution m axim ale (Pto+pr,o,0^ de (22),
no tons \Pp la fonction s i n ( ^ ) , e t notons Qp(t) le p o int m obile (ex trém ité m obile du
pendule sim ple) O -h £ (z c o s (O p(t))-h f s in (0 p (t)) , où t décrit R . D ’après l’étu d e
ci-dessus, on a donc, pour to u t i G IR :

(34) Gp{t) = 2 A c c i{ i'{ t- to - p r ) ) ; ^p{t) = sn {î/{t - to - pr))


Si 7 = 2 K , les p o in ts Qp{t) (p G Z ) sont tous égaux à to u t in sta n t t . Nous exclurons
ce cas dans la suite, i.e. désorm ais nous supposerons que 7 < 2 K .
Fixons P G Z , exam inons la d roite {Q p{i)Q p+ i{t)) , qui est bien définie puisque les
h ypothèses e n tra în e n t Qp{t) Q p + i(i) • D ’après (32), une éq u atio n de c e tte d ro ite d an s
le repère ( 0 ,r , j ) est:
^ O p(t) + O p+ i{t)^ ^ 6 )p(t) -h & p ^i{t)^ ^ 0 p(t) - Op+i{t)
X cos =0

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Pendule simple et théorème de Poncelet 121

Pour t donné, posons s = p r) , d’où i/{t - to - {p l)r) = s - j . On a alors,


en appliquant la formule d’addition des cosinus:

;^ ^ = c o s (Am(s) + Am(s - 7 ))
(35)
= cn(s) cn(s —7 ) —sn(s) sn(s —7 )
et de même:
(36) cos —7 ) + sn(s) sn(s - 7 )

Posons maintenant:
d n ( 7 ) - i _ _ ^ 0 p(t) + ep + ift)^ —t c o s Op{t) 0 p-n(t)\
Î=£- •c o s
dn(7) + 1 V 2 (
Après réductions, on déduit de (35) et (36):
2i
(37) (cn(s) cn(s —7 ) + sn(s) sn(s —7 ) dn(7 ))
1 + dn(7 )
En appliquant la formule (V) du théorème 8.3 avec (s, 5 —7) à la place de (u, v) , on
déduit de (37):

(38) W=
^ 1 + dn(7 )
D’après (33), la relation (38), qui entraîne | V€\ = , montre le résultat suivant,
hautement non-trivial:
T h é o rè m e 8.4
Avec les hypothèses et notations ci-dessus, la droite (Qp(t)Qp+i(t)) reste, quel que
soit t , tangente au cercle Cp^y = de centre Jy déñni par OJy = Í %et de
« . = T ls S f ■
On a = 0 ssi 7 = A . Dans ce cas, la droite (Qp(t)Qp+i(t)) passe, à tout instant
t , par le point JK défini par

(39) ÔJk = i ^ ^
dn(Ar) + 1 y/\ —P H~ 1
Dans toute la suite, nous supposerons 7 ^ AT. Nous poserons:

(40) c = | c n ( 7 )| ; d = dn(7 ) ; ¿ = ||ÔI^|| = £

On a alors 6 + =i ^ • Comme sn(7) ^ 0, on a


cn^(7) + /9sn^(7) < cn^(7) + sn^(7) = 1
d’où cn^(7) < 1 —/9sn^(7) , c’est-à-dire 1011(7) I < dn(7) . Il en découle immédiatement
que 6 -\- R < i . Par suite, le cercle $y ne rencontre pas F et lui est intérieur.
Les relations (40) donnent facilement:
Ry £-6 m
(41) c= d= P = (£ -\-6 f-R ^ R^y=^{£ + 6 f - —
I+ S £+ 6 ^ P
Les coordonnées dans du point de contact Sp{t) de la droite (Qp(t)Qp+i(t))
avec le cercle se calculent facilement en paramétrant la normale à cette droite issue
de Jy , en reportant cette paramétrisation dans l’équation de la droite juste avant (35),
et en tenant compte de (35) et (36). On obtient ainsi les coordonnées:

^(i) = ;3 n( 7 ^) -I- i “ 1 + 2 cn( 7 ) (cn(s) cn(s - 7) - sn(s) sn(s - 7 )))


Sp(t) <
% t) = “ "^) + “ "l'))
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122 §8

On déduit de (41) l’équation suivante de dans le repère (0,f, j) :

(42) + 2/^ + 26x - — (2 - p) - =0


P
Les équations (40) et (42) montre que lorsque 7 varie dans ]0,2K [\{K } {p restant
fixé), le cercle varie dans le faisceau linéaire ponctuel à points de Poncelet dont P
est un cercle et dont J k est un point limite. On obtient la partie ^ de ^ décrite par
en faisant varier 6 dans 0, £ j . Chaque cercle de l’ensemble ^ est obtenu
exactement deux fois, une fois avec 7 et une autre avec 2K —^ (voir formules (9). Pour
t fixé, la suite (Qp(i))pez est déterminée géométriquement de manière unique à partir
de Q o { t ) et Q i { t ) : on mène de Q i { t ) la tangente à autre que ( Q o { t ) Q i { t ) ) , la
tangente obtenue est { Q i { t ) Q 2 { t ) ) , et en continuant ce processus, on a tous les Q i { t )
pour i > l . De même, on mène de Q o { t ) la tangente à autre que { Q o { t ) Q i { t ) ) , la
tangente obtenue est { Q o { t ) Q - i { t ) ) , et en continuant ce processus on a tous les Q i { t )
pour i < - 1 . Le changement de 7 en 2K - 7 remplace la suite { Q p { t ) ) p ^ z par la
suite (Q_p(i))pç2 • La figure 2 ci-dessous illustre ce processus.

Rappelons que p = , et que par hypothèse p < 1 . Si on fait varier | Oq \


dans ] 2A;,-l-oo[ , alors p décrit ] 0, 1 [ . On vérifie aisément que 0 = Upç]o,i[^ est
l’ensemble des cercles ne rencontrant pas P , intérieurs à T et dont le centre u vérifie
Ou = Xi avec —^ < A < Oj en effet soit $ un tel cercle, défini par un tel centre J et
par son rayon R . Posons (5 = | A | . On a donc 6 -\- R < i . Il existe une seule valeur p
de p vérifiant la dernière relation (41) avec R à la place de R^ et 6 k la place de 6 ,
4£6
c’est p = . Du fait que 6 + R < £, on a, 0 < p < 1. Considérons les fonctions
(£+6)^-R^ _
elliptiques de Jacobi e n , i n et dn construites avec le module p, soit K le quart de
^ /p_c\2_d2
période correspondant à ces fonctions. On a 1 - p = ^—J ^ , d’où immédiatement
(£+6P-R^
> y /\ —p . On a donc un unique réel 7 G] 0, R" [ vérifiant dn(7) = il est
l+<5
alors clair que $ = . Chaque cercle élément de 0 est donc, de manière unique,
de la forme avec p G ]0 ,l[ et 7 G]0,R"[ o ù K désigne le quart de période des
fonctions de Jacobi du module p .
Dans tout ce qui suit, le couple {6q = 0,^ q) est à nouveau fixé tel que 9'^ > 4fc^ ,
donc p est à nouveau fixé. On revient à l’étude des suites (Qp(i)pGZ définies par un
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Pendule simple et théorème de Poncelet 123

choix de 7 = z/r 6 ] 0,2K [\{K } . D’après ce qu’on vient de voir, on ne restreint pas la
généralité en supposant que 0 < 7 < K , ce que nous supposerons donc.
Pour tous points M et N de T, notons [M ,N ] le segment de droite d’extrémités
M et N . Le point Sp{t) est point interne du segment [Qp(i), Qp+i(i) ], puisque est
intérieur à P et ne le rencontre pas. La suite de segments ([Qp(i), Qp+i(t) ] )pez forme,
à tout instant t , une ligne polygonale dont les sommets appartiennent à T et dont les
côtés sont tangents à , propriété qu’on traduit en disant que cette ligne est inscrite
dans r et circonscrite à . î\ est naturel de chercher si cette ligne peut se refermer, i.e.
si l’ensembie {Qp(i)}peZ est fini ou infini. Le théorème suivant répond à cette question.
Il constitue un cas particulier du grand théorème de Poncelet: ce dernier s’énonce de
manière analogue, mais avec deux coniques au lieu de deux cercles. Cependant la version
ci-dessous contient l’essentiel du grand théorème de Poncelet envisagé sous l’angle de la
Géométrie Algébrique réelle, car en travaillant dans le complexité 14^= C(8>r 'V' de T puis
dans son projectifié "W , le cas de deux coniques propres à points réels sans point commun
réel et sans tangente commune réelle peut, moyennant des transformations projectives
de i f définies sur R , se ramener à celui de deux cercles sans point commun dont l’un
est intérieur à l’autre (éventuellement concentriques, cas que nous avons exclu de notre
étude en supposant p 0 , mais dont l’étude directe est triviale).
T h é o rè m e 8.5
Avec les hypothèses et notations ci-dessus (en particulier Vhypothèse 0 < 'y < K ),
les assertions suivantes sont équivalentes:
(I) Il existe i G IR tel que Vensemble {Qp{t)}p^z soit Uni,
(II) Pour tout i € [R, Vensemble {Qp{t)}pei est Uni.
(III) Il existe i G IR tel que l ’application I. P ^p Qp{t) soit non injective.
(IV) Pour tout i G IR , l ’application J. P ^p Qp{t) est non injective.
(V) On a ^ e K .
Si ces conditions sont satisfaites, soit (m, n) G N * x * tel que 7 = 2K ^ , avec
pgcd (m, n ) = 1 . Pour tout t e U , l ’ensemble {Qp(t)}pez est de cardinal n , et le
polygone %{t) = [Qi{'t)iQi+i{i)] est la frontière de son enveloppe convexe
ssi m = 1.
Démonstration:
Fixons t G IR et soit {p,q) G avec p < q. Pour que Qp{t) = Qq{t) , il faut et
il suffit que , c’est-à-dire que Op{t) - &q{t) G 2 n Z . Cette condition
s’écrit G{t — to —pr) — 0{t — to — qr) G 27tZ , ou encore, en posant h = q —p et
s = i/(t —to —qr) :
(43) 2 Am(s -f /17) - 2 Am(s) G 27tZ i.e. Am(s -f /17) G Am(s) + ttZ
Mais l’étude de la fonction amplitude a prouvé que Am” ^(Am(5) + ttZ) = s + 2KZ . la
condition (42) équivaut donc à /17 G 2 K Z , et cette dernière condition est indépendante
de t . Comme 7 > 0 , cela prouve l’équivalence entre les assertions (III), (IV) et (V).
Supposons l’assertion (V) vraie, et soit (m, n) G ^ x N ^ tel que 7 = 2K ^ , avec
pgcd ( m ,n ) = 1. Soit i G IR et {p,q) G Z^ avec p < q. En reprenant le calcul ci-
dessus, on voit que Qp{t) = Qq{t) ssi ç. 2KZ , i.e. ssi {q-p)m G nZ . Comme
pgcd ( m, n ) = 1 , cette dernière condition équivaut à q - p e nZ . Il en découle que
Qo(^)» • • • JQn-i{t) sont deux à deux distincts et que Qi{t) = Qi+rn{t) pour tout r G Z ,
donc l’ensemble {Qi{t)}i^z est fini, égal à {<5o(^), • • •, Qn-i{t)} et est de cardinal n .
Cela achève de prouver l’équivalence entre toutes les assertions (I) à (V), et cela prouve
aussi toutes les autres assertions sauf celle relative à la convexité du polygone.
Supposons l’assertion (V) satisfaite et que 7 = ^ avec n G N * . On a n > 3
puisque 0 < 7 < AT. Soit i G IR . Pour tout p G |0, n - 1], on a

Op{t) = 2Am(z/(t - ¿0) -P 7 ) = 2Am ^i/{t - to) -

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124 §8

d’où, puisque la fonction Am est strictement croissante et compte tenu de (3):


(44) &o{t) - 2тг = On{t) < Gn-i{t) < • • • < Oi{t) < Oo{t)
Si l’on identifie C et T de façon que les R-repères (0,1,1) de C et (0 ,T,J) de T se
correspondent, Qp{t) est identifié à Des considérations élémentaires permet­
tent alors de déduire de (44) que la ligne polygonale.fermée %{t) est bien la frontière
de son enveloppe convexe (propriété qu’on traduit en disant simplement que le polygone
% (t) est convexe).
Supposons l’assertion (V) satisfaite et que 7 = avec n e N , m > 1 et
pgcd ( m, n ) = 1 . Puisque 0 < 7 < , on a nécessairement n > 5 et m < ^ . Soit
(Po» Qo) un couple d’entiers naturels tels que l <po < n et ротп —qon = 1 . Soit t G R .
Il est clair que po ^ 2 . Comme m < ^ ^ on po < n — l ^ et

Ор^{1) = 2Am ^i/(t - to) - = 2 Am ^i/(t - to) - 2 K q o----

2K
= -2ço7T + 2 Am - to)

d’où Гоп déduit:


Лв1 Лв,po+i
(Qo(i),Qi(i),Qpo(i).Qpo+i(<)) =
OÙ l ’on a posé:
J 9o = 2 IKm{u{t - to)) ; 9i = 2A m {u{t-to)-m ^y)

\ вро = 2 Am(i/(i - to) - 7 ) ; вра+ 1 = 2Am(i/(i - io) - { m + 1 )7 )


On voit que во — 2n < Op^+i < 0i < ^Po < ^0 ; des considérations élémentaires permet­
tent d’en déduire que les segments [Qo{t))Qi{t)] et [Qpo{t)^Qpo+i{t)] ont un point
commun et un seul, ce qui entraîne que la ligne polygonale 9^^ n’est pas convexe ■

Lorsque les conditions du théorème 8.5 sont satisfaites et qu’on a 7 = 2 K m avec m


et n naturels premiers entre eux tels que K m < f , le polygone (%){t) est étoilé (de
type (m, n) ) quel que soit t .
Dans tous les cas, le théorème 8.5 entraîne la conséquence géométrique suivante:
Pour qu’il existe un polygone fermé inscrit dans P et circonscrit à , il faut et il
suffit qu’il en existe une infinité. S ’il en est ainsi, tout point de P est sommet d ’un et
un seul tel polygone, ces polygones ont tous le même nombre de côtés et sont ou bien
tous convexes ou bien tous étoilés de même type.
C’est sous cette dernière forme qu’est en général énoncé le grand théorème de Poncelet,
et avec deux coniques au lieu de deux cercles. Il a été étendu dans un cadre de Géométrie
Algébrique plus abstraite en liaison avec la notion de correspondance algébrique (voir
par exemple [10]).
Le lien entre fonctions elliptiques, polygones de Poncelet et pendule simple a été
remarqué par Cayley (cf. [13]) qui cependant ne donne qu’une justification intuitive de
faible valeur démonstrative. L’exposé qui précède, et notamment l’usage de la formule
(V) du théorème 8.3, est dû à l’auteur.

8.4 Q uelques polygones de P oncelet particuliers


Duplication, triplication
Considérons les fonctions elliptiques de Jacobi en, sn, dn associées à un module
P ] - 00, 1 [\{0}. A partir des formules d’addition, on obtient immédiatement les
g
formules de duplication, valables pour tout G R :
cn^(u) - sn^(г¿) dn^(u) 2 sn(îi) cn(n) dn{u)
cn{2u) = sn ( 2 u) =
1 —P sn^(г¿) 1 —psn^(u)
(45)
dn^(u) - P sn^(г¿) cn^(u)
dn(2г¿) =
1 —psn^(u)

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Pendule simple et théorème de Poncelet 125

et après quelques calculs, les formules de triplicatioUj valables respectivement pour tout
U G IR tel que cn(3n) 7*^ - 1 , pour tout u G IR tel que sn(3u) ^ - 1 , et pour tout
tz G IR:
1 —cn(3г¿) _ 1 cn{u) /1 - P + 2(1 - p) cn(u) + 2pcn^(u) + pcn^(n)"
1 + cn(3г¿) 1 + cn{u) (r
\1 —p - 2 { l - p) cn{u) - 2p cn^(u) H- p cn'^{u) ^
1 —sn(3г¿) _ 1 + sn(г¿) f l —2sn{u) + 2psn^{u) - psn'^(îz)^ ^
(46)
1 + sn(3u) (r
1 - sn{u) V1 + 2 sn(u) - 2p sn^(u) - p sn^(u) )
1 - dn(3tz) 1 - dn(tz) ff ^
l ~
- P
p-\-2{\
+ - p) dn(u) - 2 dn^{u) —dn"^(w)^ ^
~
1 + dn(3u) 1 + dn(n) \ l - p - 2 { l - p) dn(u) + 2 dn^(n) - ôn^{u) ^

Application à une relation d’Euler


Reprenons toutes les notations de la section 8.3. Pour que la condition (V) du
théorème 8.5 soit satisfaite et conduise à des triangles inscrits dans F et circonscrits
à (triangles dits de Poncelet), il faut et il suffit que 7 = ^ , i-e. que dn(37) = 1.
Or on a dn(7) < 1 , donc d’après la troisième formule (46), la condition dn(37) = 1
équivaut à:
(47) 1 - p + 2(1 - p) dn(7) - 2 dn^(7) - dn^(7) = 0
ou encore, en utilisant les formules (41), à:
(£-6)^-R^ £-S £-S
(48) 1+ 2 -2
(^ + (5)2-R2 ’+ (5 £- hS
Après quelques calculs (et en tenant compte que £S ^ 0), la condition (48) se réduit
à (£^ - S^)^ = (2£Ry)^ , c’est-à-dire, puisque £^ > , à:
(49) £^ - 6^ = 2£Ry
Réciproquement, soit un cercle non réduit à un point intérieur à jT , ne le rencontrant
pas, de rayon r et centre cj tel que Oui = Xz avec —^ < A < 0^ On a vu qu’il existe
un couple unique (p, 7) tel que 0 < p < l et 0 < 7 < R " ,o ù K désigne le quart de
période des fonctions de Jacobi e n , i n , dn du module p, tel que ce cercle soit .
Si on a ^2 _ I^ |2 _ 2^r , en remontant les calculs ci-dessus, on obtient dn(37) = 1 , donc
d’après ce qui précède il existe une infinité de triangles inscrits dans F et circonscrits à ce
cercle. On retrouve donc le bien connu théorème, habituellement prouvé en Géométrie
euclidienne plane élémentaire par application de l’inversion et en même temps que le
célèbre théorème de Feuerbach (®) :
T h é o r è m e 8.6
Soit un cercle non réduit à un point, ne rencontrant pas F et intérieur à F , de
rayon r et dont le centre est à la distance d du centre O de F , Pour que ce cercle
admette une infinité de triangles circonscrits inscrits à F , il faut et il suffit quffi en
admette un. S’ii en est ainsi, tout point de F est sommet d^un unique tel triangle.
La condition nécessaire et suffisante pour qu’il en soit ainsi est que soit vérifiée la
relation d^EuIer: ^2 _ ¿2 _ 2^7^
Remarquons que d’après le théorème 8.5, on est assuré de l ’existence de cercles
vérifiant la condition du théorème 8.6. Plus précisément, on voit que pour tout point L
intérieur à r , il existe un cercle et un seul répondant à la question et appartenant au
du faisceau linéaire dont F est un cercle et dont L est un point limite Toutefois cette
existence aurait pu être vérifiée de façon élémentaire, il suffit d’inscrire un triangle dans
F et de considérer le cercle inscrit dans ce triangle.

(^) Qui dit que le cercle d’Euler d’un triangle est tangent au cercle inscrit et aux trois cercles exinscrits
à ce triangle.

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126 §8

La figure 3 ci-dessous illustre le théorème 8.6. On s’est placé dans les conditions du
théorème 8.5 avec 7 = ^ • Rappelons que est le point limite intérieur à T du
faisceau linéaire de cercles déterminé par $2^ et F .
Figure 3

Quadrilatères de Poncelet
Pour que la condition (V) du théorème 8.5 soit satisfaite et conduise à des quadri­
latères, il faut et il suffit que 7 = y • Ces quadrilatères sont donc nécessairement
convexes; la condition 7 = y équivaut à cn(27) = 0, c’est-à-dire, en vertu de (45), à:
(50) cn^(7) - sn^(7) dn^(7) = 0, i.e. (1 + dn^(7)) 011^(7) - dn^(7) = 0
En utilisant les formules (41), on voit que (50) équivaut à:
Ri '-à Ÿ \ ii-8 ^''
=0
(^ + (5)2 H J

c’est-à-dire, après réductions et en tenant compte que —6“


^ > 0 ^ a:
Ri Ri
(51) = 1
( £ - 5 ) 2 +' (£ + 5)2
S’il en est ainsi, pour tout i G [R, le point Q2{t) = Qo{t — 2r) est repéré par l’affixe
complexe ^©^^^^“ 2'^) = ^ d’où l’on déduit, d’après ce qui a été vu à la
suite du théorème 8.4, que la droite {Qo{t)Q2{t)) passe à tout instant t par le point
fixe J K . De même, la droite {Qi{t)Q^{t)) passe à tout instant t par le point fice J k •
En raisonnant comme pour les triangles de Poncelet, on étudie la réciproque et on arrive
à l’énoncé géométrique suivant:
T h é o rè m e 8 .7
Soit un cercle non réduit à un point, ne rencontrant pas F et intérieur à F , de rayon
r et dont le centre est à la distance d du centre O de F . Pour que ce cercle admette
une infinité de quadrilatères circonscrits inscrits dans F , il faut et il suffît qu’il en
admette un. La condition nécessaire et suffisante pour qu’il en soit ainsi est que soit
vérifiée la relation
<y»2
= 1
( ^ - d )2 (^-hd)2
S ’il en est ainsi, tout point de F est un sommet d ’un unique tel quadrilatère, tous
ces quadrilatères sont convexes et leurs diagonales passent par un point fixe, qui est
le point limite intérieur à F du faisceau linéaire de cercles déterminé par le cercle de
départ et le cercle F .
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Pendule simple et théorème de Poncelet 127

À nouveau, le théorème 8.5 démontre l’existence de cercles vérifiant la condition du


théorème 8.7. De façon précise, pour tout point L intérieur à T , il existe un cercle et
un seul vérifiant cette condition et appartenant au faisceau linéaire dont F est un cercle
et dont L est un point limite. La simple existence de tels cercles n’est ici pas évidente a
priori J car il n’existe en général pas de cercle inscrit dans un quadrilatère. Toutefois on
peut en construire de la manière suivante: on part d’un trapèze circonscrit à un cercle
dont les deux côtés non parallèles sont symétriques par rapport au diamètre du cercle
orthogonal à ses deux côtés parallèles. Ce trapèze admet un axe de symétrie orthogonale,
donc est inscriptible dans un cercle. Pour obtenir un cercle ^ intérieur à F conduisant
à des quadrilatères de Poncelet circonscrits à ^ et inscrits à P , il suffit d’appliquer une
homothétie-translation qui transforme le cercle circonscrit au trapèze en T . La figure 4
ci-dessous montre un quadrilatère vérifiant la condition du théorème 8.7. On est revenu
aux notations du théorème 8.5, avec 7 = ^ •

Figure 4

Hexagones de Poncelet
Pour que la condition (V) du théorème 8.5 soit satisfaite et conduise à des hexagones
inscrits à r et circonscrits à , il faut et il suffit que 7 = y , i.e. que cn(37) = 0 et
cn(7) ^ 0 . On a, pour tout u G tel que cn(u) ^ 0 :
cn(3u) _
cn(u)
(1 - psn^(u))(cn^(u) - sn^(u) dn^(it)) - 2 sn^(n) dn^(n)(dn^(u) - psn^(u) cn^(u))
(1 - psn^(u))^ - 4pcn^(u) sn^(u) dn^(îi)
en tenant compte des formules (41), après avoir chassé les dénominateurs et opéré
quelques rédut ions, on est amené à considérer le polynôme Ile suivant à coefficients
dans Z en les trois indéterminées X^Y jZ :
ne{X,Y,Z) = ne =
((X 2 - y2)2 + AXYZ^) (2(X 2 + y 2)^ 2 - (X2 - Y'^Ÿ)-2{X-Y)^ ((X + y )2 - Z2) ((X 2 - y2)2 - 4XYZ^)

qui est absolument irréductible (vérification avec MAPLE V), et dont l’expression déve­
loppée est:
ne = -3X® + 12X®У^ + 4X®Z2 - ISX^Y^ - 4X^Y^Z^ + 12X^Y^ - 4X^Y^Z^ + leX^Y^Z^ - 3^® + 4Y^Z^
On démontre alors, par la même méthode que pour le théorème 8.7:

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128 §8

T h é o rè m e 8.8
S o it un c e r c le n o n r é d u i t à un p o in t, n e r e n c o n tr a n t p a s F e t in té r ie u r à ^ F , d e
rayon r e t d o n t le c e n tr e e s t à la d is ta n c e d d u c e n tr e O de F . P o u r q im \c e
c e rc le a d m e t t e u n e in fin ité d 'h e x a g o n e s c ir c o n s c r its in s c r its d a n s F , il fa u t e t il s u ffit
q u 'il en a d m e t t e un. L a c o n d itio n n é c e ss a ire e t su ffis a n te p o u r q u 'il en s o i t a in s i e s t
q u e s o i t v é r ifié e la r e la tio n I I e { i , d , r ) = 0 S 'il en e s t a in si, t o u t p o i n t d e F e s t un
s o m m e t d 'u n u n iq u e t e l h e x a g o n e , to u s c e s h e x a g o n e s s o n t c o n v e x e s e t le u r s tr o is
g r a n d e s d ia g o n a le s p a s s e n t p a r un p o in t fixe, q u i e s t le p o i n t lim i te in té r ie u r à F d u
fa isc e a u lin é a ir e d e c e r c le s d é te r m in é p a r le c e rc le d e d é p a r t e t le c e rc le F .

Le théorème 8.5 démontre l’existence de cercles qui vérifient la condition du théorème


8.8. Plus précisément, pour tout point L intérieur a F , il existe un cercle et un seul
vérifiant la condition et appartenant au faisceau linéaire de cercles dont L est un point
limite et dont F est un cercle. Cette existence est non-évidente a p r io r i.
Reprenons les notations du théorème 8 .5 , et supposons que 7 = y . Pour tout t e R ,
l’hexagone convexe % { t ) inscrit à F et circonscrit à est U o < i < 5 [ Q i ( 0 ) Q i + i ( i ) ] • Les
triangles
^ y { t ) = [ Q o { t \ Q 2 { t ) ] U [Q 2{t ). Q4 {t )] U [Q 4 (î ) , Q oW ]

% ( t ) = l Q i ( t ) . Q 3( t ) ] u l Q 3( t ) , Q 5( t ) ] u l Q 5(t),Qi(t)]
sont inscrits a F , c e sont deux s o u s -p o ly g o n e s de ^ y { t ) , et leurs triplets de sommets
sont respectivement { Q o { t ) , Q o { t - 2 ^ ) , Q o { t ~ 4 'y)) et { W { t - ^ ) , Q o { t - 3 j ) , Q o { t - 5 ' y ) ) .
Le point fixe commun aux grandes diagonales de % { t ) est . Le faisceau linéaire de
cercles a été noté plus haut. Comme 27 = ^ , on déduit du théorème 8.6 que
ces triangles restent, à tout instant t , circonscrits à un même cercle fixe qui, d’après ce
qu’on a vu après l’équation (4 2 ), appartient lui aussi au faisceau S j,.
Ces propriétés permettent de construire effectivement des cercles vérifiant la condition
du théorème 8.8. Partons en effet d’un triangle non équilatéral (i4o,^2)^4) inscrit à F ,
soit L le point limite intérieur à T du faisceau linéaire défini par F et le cercle inscrit
au triangle. Soit respectivement A 3 , et A \ les points où les droites { A ^ L ) , { A 2 L )
et (i44L) recoupent F . D ’après ce qu’on vient de voir, il est clair qu’alors l’hexagone
convex^ [^0^1] U [ A1A2] U [^42^43] U [^43^44] U [A4i45 ] U [As^o] est circonscriptible à un
cercle qui appartient au faisceau linéaire déterminé par F et le cercle inscrit au
triangle. Le cercle $ répond à la question (cf. figure 5 ci-dessous)

Figure 5

Le lecteur averti aura remarqué que le théorème 8.8 redonne le théorème de Brianchon avec des cercles

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Pendule simple et théorème de Poncelet 129

Octogones de Poncelet
P o u r que la condition (V) du théorèm e de P oncelet soit satisfaite e t conduise à des
octogones inscrits à T e t circonscrits à , il fa u t e t il suffit que 7 G { ^ , ^ } , ce
qui éq u ivaut à c n ( 4 7 ) = 0 . L a condition 7 = ^ co n d u it à des octogones convexes,
la co ndition 7 = ^ conduit à des octogones étoilés. Le problèm e d ép en d donc de
la form ule de quadriplication des am plitudes dans les fonctions de Jacobi. P o u r to u t
UG IR , on a, p a r ité ra tio n des form ules (45):
/9 зп ^ (ц ))^ (сп ^ (ц ) - sn ^ (ц )d n ^ (ц ))^ - 4 c n ^ (ц ) sn^{u )dn^{u)iôri^{u) - р с п ^ ( ц ) sn^ju))^
(52) cn(4u) = • (1 - psn'^{u))'^ - 1 6 p cn ^(u) sn^(w) dn'*(u)

D ’ap rès cela, la condition c n ( 4 7 ) = 0 équivaut à U {j) = 0 ou У (7 ) = 0 , où l’on a


posé, p o u r to u t U G IR :
C/(u) = (1 - Ps n ‘^{u))(cn^(u) - sn^(n)dn ^(w ) - 2 c n (u ) sn (u ) d n(u)(d n^(u) - p c n ^ (w ) sn^(w ))
(53)
V(w) = (1 - Psn^{u)){cri^iu) - sn^(w)dn^(u) + 2cn(w) sn(u) dn(tz)(dn^(w) - /9cn^(u) sn^(u))

Q u an d on su b stitu e dans U {'y) e t ^ ( 7 ) les expressions de 011(7 ) , s n ( 7 ) e t d n ( 7 )


tirées de (41), on n ’o b tien t pas d ’expressions rationnelles à coefficients com plexes en le
trip le t {£ ,6 ,R y). P our obtenir une expression rationnelle, il fau t form er U{'y)V{'y),
i.e. su b stitu e r les form ules d irectem ent d an s le n u m érateu r d u second m em bre de (52)
p réalab lem en t évalué en 7 . Une fois faite c e tte su b stitu tio n , on chasse les d én o m in ateu rs
e t on réd u it, ce qui conduit à considérer le polynôm e Y ,Z ) e l . [X, Y, Z ] suivant:
778 = ((A-2 - y2)2 + ^X Y Z ^y (2{X^ + Y^)Z^ - {X^ - Y^Ÿ) ^

-4Z^ ((X + Y f - Z^) (X^ - y2)2 ((X2 - y2)2 - 4XYZ^y


Le polynôm e Us est absolum ent irréductible (vérification à l’aide de M A P L E V ).
Son expression développée, ordonnée lexicographiquem ent, est:
X^®-8X^‘*У^-8X^'‘Z^+28X^^У'^+40X^^У^Z^^-8X^2Z'*-56X^°У6-72X^°У^Z^+48X‘®У^Z'‘+70X®У® +
40X®y®Z^ - 264X®y'*Z'‘ - 128X®y^Z® - 5 6 X ® y + 40X®y®Z^ + 416X®y®Z^ + 128X®y^Z® + 128X®y^Z® +
28x4yi2 _ 72X‘*y^°Z^ - 264X'*y®Z'* + 128X‘*y®Z® - SX^Y^“^ + 40X^У^^Z^ + 48X^y^°Z^ - 128X^y®Z® +
128X2y®Z® + y^®- 8Y^"^Z^ + 8y^^Z'*
C om m e ci-dessus, on dém ontre:
T héorèm e 8 .9
Soit un cercle non réduit à un point, ne rencontrant pas F et intérieur à F , de
rayon r et dont le centre est à la distance d du centre O de F . Pour que ce
cercle adm ette une infinité d ^octogones circonscrits inscrits dans F , il faut et il suffît
q u ’il en adm ette un. La condition nécessaire et suffisante pour q u ’il en soit ainsi est
que soit vérifiée la relation F f^{i,d ,r) = 0 S ’il en est ainsi, tout point de F est un
som m et d ’un unique tel octogone, ces octogones sont ou bien tous convexes ou bien
tous étoilés de type ( 3 , 8) ; leurs quatre grandes diagonales passent par un point fixe,
qui est le point lim ite intérieur à F du faisceau linéaire de cercles déterm iné par le
cercle de départ et le cercle F .
L ’existence de cercles qui vérifient la condition du théo rèm e 8.9 découle du théorèm e
8.5. De façon précise, pour to u t po in t L intérieur à T , il existe deux cercles ré p o n d a n t
à la q uestion e t a p p a rte n a n t au faisceau linéaire ponctu el d o n t L est un p o in t lim ite
e t d o n t F est un cercle. Ces deux cercles sont intérieu rs l’un à l ’au tre. Celui qui est
in térieu r à l’a u tre correspond aux octogones de P oncelet étoilés, l’a u tre aux octogones
de P oncelet convexes.
O n p e u t prouver que la condition [ /( 7 ) = 0 est satisfaite ssi 7 = ^ e t que ^ ( 7 ) = 0
ssi 7 = ^ , de sorte que les fonctions U et V , facteurs du n u m érateu r du second
m em bre de (52), d é p a rta g e n t les cas de l’octogone convexe e t de l ’octogone étoilé. Il
a p p a ra ît donc que la distinction en tre ces deux cas ne s ’exprim e pas ratio n n ellem en t en
fonction des donnés f,d ,i' dans l’énoncé du théorèm e 8.9. Seul le nom bre des côtés, 8 ,
est caractérisé rationnellem ent en fonction de ces données.

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130 §8

Reprenons les notations du théorème 8 .5 , et supposons que y e • Pour tout


t G IR, les deux quadrilatères
[Qo{t),Q2{t)] U [ Q2{ t ) ^Q4{ t ) ] U [ Q4 i t ) ^ Qe ( t ) ] U [ Q e { t ) , Q o { t ) ]
U [ Q 3 { t ) ^ Q 6 {t)] U
[ Q i { t ) . Q 3 {t)] u [Q7 W ,Q i W]
sont inscrits à r , sont des s o u s -p o ly g o n e s de 9 ^^( t ) , et leurs sommets respectifs sont
( Q o ( t l Q o ( t ~ - 7 l Q o ( t - 4r Q o ( t - 6y ) ) et ( Q o ( t - 7 ) . Q o ( t - 3 y l Q o ( t - 5y ) , Q o ( t - 7y ) ) .
Puisque 27 = Y ) lo théorème 8.6 montre qu’à tout instant t , ces deux quadrilatères
sont convexes et sont circonscrits à un même cercle fixe , qui appartient au faisceau
linéaire de point limite J k (le point commun aux quatre grandes diagonales des
% { t ) ) et dont r est un cercle. Ainsi T , et le cercle-point { J k } sont dans un
même faisceau linéaire.
Voici comment on peut construire des cercles intérieurs à F vérifiant la condition du
théorème 8.9. On part d’un trapèze non rectangle [AiA3] U [A3A5] U [A5A7] U [A7A1] ins­
crit à r* et circonscriptible à un cercle (les côtés parallèles sont [A7A1] et [A3A5] ). Le
diamètre de F orthogonal aux côtés parallèles du trapèze est axe de symétrie orthogonale
du trapèze. Il rencontre F en deux points A q et A4 , nommés de façon que [AoAi] ne
rencontre pas l’enveloppe convexe du trapèze. On vérifie alors facilement, en se replaçant
dans les conditions du théorème 8.5, que l’ensemble {Ai}iç|[o,7j\{2,6} est contenu dans
un et un seul octogone circonscriptible à un cercle, dont (A0A4) est une grande dia­
gonale, l’autre grande diagonale, (A 2A 6), lui étant orthogonale, d’où des alignements
remarquables. Le cercle $ tangent aux quatre droites (A qA i ) , (A 0A 7), (A4A3) et
(A4As) répond donc à la question. La figure 6 ci-dessous illustre cette méthode.

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Pendule simple et théorème de Poncelet 131

8.5 Polygones de P oncelet quelconques


Soit un entier n > 5. Pour que la condition (V) du théorème 8.5 soit satisfaite et
conduise à des polygones inscrits à T et circonscrits k de n côtés, il faut et il suffit
que

(54)
f m 6 |l , E n t ( ^ ) ] l )
\ pgcd ( m ,n ) = 1

ce qui équivaut à:
sn{ny) = 0
(55)
sn{qy) / 0 pour tout diviseur strict ç de n
Par récurrence, les trois formules d’addition fondamentales montrent que sn{N u) , pour
tout entier iV > 1 , est une fraction rationnelle à coefficients dans Q en le quadruplet
(cn(u),sn(u),dn(u),p) (notons que pour N = b ou iV > 9, les propriétés simples ci-
dessus ne s’étendent pas facilement: en général il est impossible d’exprimer rationnelle­
ment sn{N u) , cn(iVг¿) ou â.n{Nu) en fonction d^un seul des trois termes c n (u ),
sn(n) et d n (n ), autrement dit il n’y a pas de généralisation évidente de la théorie des
polynômes de Tchebytchev des fonctions circulaires). Toutefois en s’aidant des formules
(41) et en rationalisant, on aboutit à une condition de la forme Fiv(^, d, r) = 0 , où Fn
est un polynôme à coefficients dans Z en trois indéterminées, nécessaire pour que le
cercle sans point commun avec F , intérieur à T , de rayon r et dont le centre est à
la distance d de O , soit tel qu’il existe des polygones de Poncelet à N côtés inscrits
à r et circonscrits à ce cercle. Cette condition ne sera en général pas suffisante, i.e.
le polynôme n’est en général pas absolument irréductible, il aura des facteurs qui
traduisent les conditions sn{q‘y) = 0 pour q diviseur strict de n , et il aura aussi des
facteurs introduits en rationalisant les expressions obtenues en substituant les formules
(41) dans les fractions rationnelles en (cn(u), sn(u), dn(u)) qui expriment sn{N u) . La
condition qui va rester après élimination de ces facteurs excédentaires sera polynomiale
en (^, d, r) et sera, elle, nécessaire et suffisante. Toutefois l’exemple des octogones de
Poncelet montre qu’on ne peut en général pas distinguer les cas des polygones convexes
et des polygones étoilés par une condition polynomiale en (¿, d, r ) .
Pour aller plus loin, il faudrait entrer dans le maquis de la théorie des fonctions ellip­
tiques de variable complexe, seul cadre où l’on peut traiter raisonnablement la question
de la multiplication des amplitudes dans les fonctions de Jacobi.
En revanche, de nombreuses propriétés géométriques peuvent être aisément déduites
du théorème 8.5 et ses accessoires. Pour commencer, le théorème 8.5 démontre l’existence
de cercles intérieurs à F conduisant à des polygones de Poncelet à N côtés. De manière
précise, soit (j) la fonction indicateur dFuler. Pour tout point L intérieur à T , il existe
^ ^(N ) cercles répondant à la question et appartenant au faisceau linéaire dont L
est un point limite et dont F est un cercle. Ils forment une succession de cercles dont
chacun est intérieur au précédent. Celui qui contient tous les autres correspond aux
polygones de Poncelet convexes. Soit ( p i , N ) , . .., (p ^(N) , N) les types des polygones de
Poncelet obtenus, classés de façon que 1 = mi < • • • < . Pour tout ^ G |1, ,
soit % le cercle de correspondant aux polygones de Poncelet de type {pi, N ) . Alors
la succession va du cercle le plus extérieur au plus intérieur de façon que
2
chacun soit intérieur au précédent.
Revenons aux notations du théorème 8.5 et supposons que la condition (54) soit
satisfaite. Soit ti G R . Pour tout diviseur strict q de N , \e polygone (t) admet
q sous-polygones naturels à ^ côtés >où désigne le polygone
^o<m<^-i[Qmqy+i{t),Q(m+i)qy+i{t)] • Ces polygones sont des polygones de Poncelet
relatifs à un même cercle fixe (indépendant de t ) qui appartient au faisceau linéaire
(dont J K est un point limite et dont F est un cercle). Le nombre total des sous-
polygones ainsi obtenus est (Ji{N) , la somme des diviseurs de N autres que N . Lorsque
N est pair, les y sous-polygones ^^^¿(¿) dégénèrent en des segments qui ne sont autres
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132 §8

que les grandes diagonales de ^ y it) , le cercle fixe dégénère en le cercle-point J k et ces
diagonales passent toutes par J k • Dans tous les cas, le faisceau contient exactement
cercles donnant naissance à des polygones de Poncelet à N côtés, convexes ou
étoilés. Si on leur adjoint les cercles correspondant aux sous-polygones de Poncelet de
ces polygones, on obtient une configuration de cercles appartenant au faisceau
linéaire .

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§ 9 Équations différentielles avec variable complexe
Nous ne présenterons ici qu’une brève introduction à ce riche sujet, essentielle­
ment consacrée au cas des équations linéaires définies et régulières sur un ouvert
simplement connexe.

9.1 R appels de topologie


Dans tout ce qui suit, nous appellerons espace topologique pointé tout couple
(T, a) où T est un espace topologique et où a e T .
D é fin itio n 9.1
On appelle chemin (com pact) d'un espace topologique T toute application con­
tinue (f : [0,1] —^ T . Les points (p(0) et (p(l) sont appelés les extrém ités du
chemin, (p{0) est appelé Porigine et (p{l) Parrivée. Le chemin (p est appelé un
lacet ssi <p{0) = (p{l).
D é fin itio n 9.2
Deux chemins y? : [0,1] T et xj) : [0,1] —^ T d'un espace topologique T
sont dits hom otopes ssi il existe une application continue h : [0,1]^ T telle
que pour tout t e [0, 1] , on ait h(t,0) = (p(t), h(t,l) = xp{t), h{0,t) = (p{0) et
h{l,t) = (p{l). Toute telle application continue h est appelée une hom otopie (^)
entre (p et xp (ou: de (p à xp ).
P r o p o s itio n 9.1
Soit T un espace topologique. Sur l'ensemble des chemins de T , la relation “ Je
chemin (p et le chemin xp sont homotopes " est une relation d'équivalence.
Démonstration:
• Réflexivité:
si (p est un chemin de T , l’application
: [0 ,1 ]^ — >T, {t,u)i— xp{t)
est une homotopie entre (p et ip .
• Symétrie:
si h est une homotopie entre les chemins (p et xp , l’application
h : [0, 1]^ — >T, {t,u) \— > h { t , l - u )
est une homotopie entre xp et (p.
• Transitivité: Soit , (^2 et (ps trois chemins de T . Soit h\ une homotopie de
(pi à (p2 et /12 une homotopie de ip2 a ips . L’application:
( hi{t,2u) si 0 < U < ^
\ h2{t,2u - 1) si ^ < U < 1
est une homotopie de a (ps M

Espaces simplement connexes


Un lacet ip d’un espace topologique T est dit hom otope à zéro ssi il est homotope
au lacet constant [0,1 ] ^ T , i 1—>(/?(0) .
P r o p o s itio n 9.2
Dans un espace topologique T , les assertions suivantes sont équivalentes:
(I) Tout lacet est homotope à zéro.
(II) Tous chemins (p et xp ayant même origine et même arrivée sont homotopes.

(^) Plus précisément, il s’agit là d’une homotopie à extrémités fixes. Nous les appellerons simplement
homotopies parce que nous n’en considérerons pas d’autres.

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134 §9

Démonstration;
Il est trivial que (II) implique (I). Montrons que (I) implique (II); supposons donc
(I) vraie, et soit (p et ip deux chemins de T tels que (^(0) = 7p(0) et </?(!) = .
L’application
¥’(2î ) si 0 < t < i
7 : [0, 1] - ^ T , t

est un lacet d’origine


gine a =
|:
V>(2 - 2 t ) si A < i < 1
= (p(0) = i/>(0). Soit h une homotopie de 7 au lacet constant
d’origine a . Soit la fonction continue
(0,3îi) si 0 < U < I
A : [0,1] -^ IR 2 , U (3u - 1,1) si I < u < I
(1,3 - 3u) si I < U < 1
L’application

H : [ 0 , 1 ]2 ^ T , (i,u )^ /i(^ (l-i)A (u )+ (i 0) i ^

est alors une homotopie de </? à . On a donc montré que (I) implique (II) ■

D é ü n itio n 9.3
Un espace topologique est dit sim plem ent connexe ssi il vérifie les conditions
équivalentes de la proposition 9.2.

Rem arque 9.1 :


On prendra garde qu’un espace simplement connexe n’est pas nécessairement connexe. Dans la
pratique, on constate que la notion d’espace simplement connexe ne présente d’intérêt que pour les
espaces connexes par arcs ^

Groupe fondamental
Soit T un espace topologique. Pour tout couple (<^,V^) de chemins de T tel que
</?(!) = -0 (0), nous noterons le chemin 6 défini par:
si 0 < i < I
(1) 0{t) = ^
si 5 i< 1

Pour tout chemin y? de T , nous noterons le chemin t i-> (^(1 —t) (consistant
à parcourir le chemin en sens inverse). Remarquons que ^{^(p) = y? • La classe
d’homotopie d’un chemin (p sera notée ip. Pour tout point a e T ^ l’ensemble des
classes d’homotopie des lacets de T d’origine a sera noté IIi,a(T ). Le lacet constant
d’origine a sera noté a , et sa classe d’homotopie sera notée Ua .
P r o p o s itio n 9.3
Soit ip i, cp2 des chemins d^un espace topologique T d^origine a et d^arrivée 6 , soit
y ^2 des chemins de T d^origine b et d ’arrivée c avec cpi homotope à (p2 et 'ipi
homotope à ^2 • Alors ^(pi est homotope à ^<p2 ; ★ <^i est homotope à ^2 * <^2 ;
ipi'ka et biccpi sont chacun homotopes à ipi. Enûn ^(pi'kipi est homotope à a et
(pi ★ ^(pi est homotope à b .
Démonstration:
Soit h une homotopie de (pi k ip2 et k une homotopie de 'i/ji à ^2 • L’application
[0,1]^ T , (t,n) h{l —tyu) est une homotopie de ^(p\ à ^^p2 • L’application
( h{2tyu) siO < t < ^
\ k{2t - l,г¿) si ^ i< 1
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Équations différentielles avec variable complexe 135

est une homotopie de à ^2 * <^2 • L’application


si i < f
[0, 1]2 — . T , / 2i t--' u \
si f < i < 1
\-u )
est une homotopie de à (^1 ^ a . On vérifie de façon analogue que ^p\ et sont
homotopes.
L’application
r (pi{2tu) si 0 -< t -< ^.
[ 0, 1 ] T,
y(p\(2u —2tu) si \ < t < \
est une homotopie entre a et ^<^1 ★ . On construirait de même une homotopie entre
6 et ★ ^ipi ■

Une petite difficulté technique se présente du fait que la loi ★ (sur l’ensemble des
chemins de T , non partout définie) n’est pas associative. Il faut passer aux classes
d’homotopie pour récupérer l’associativité.
P r o p o s itio n 9.4
Dans un espace topologique T , soit un chemin d^origine a et d ’arrivée 6 , soit un
chemin ^ d ’origine b et d ’arrivée c, et soit un chemin 9 d ’origine c. Les chemins
^ et {0'k'^)'kip sont homotopes.
Démonstration:
L’application

si 0 < i <
ÎKtI.)
io ,il T, (t,u)< ip(4t — 1 —u) si ^ < t < ^

SI 4 <
^ t<
^ l

est une homotopie de Oie à (Oicip)ie(p ■

Nous noterons S^(T) l’ensemble des classes d’homotopie de chemins de T . Il est


clair que pour tout ^ G i 3(T ), on peut parler d’origine de ^ et d’arrivée de Soit
€(T ) l’ensemble des couples G Sj(T) x Sj{T) tels que l’origine de ^ coïncide
avec l’arrivée de ^ .
D’après la proposition 9.3, pour tout ^ G S^{T), et pour tout G il existe un
élément et un seul de S} (T) égal à pour tout G ^ ; on le notera .
D’après la proposition 9.3, il existe une application et une seule (que nous noterons
multiplicativement)
(2) (£(T) — >i 3 (T ), ^) ^
telle que = ipicip pour tous chemins (p e ^ et e 'ip^ (l’application (2) est donc
une loi de composition non partout définie sur S) (T) ). D’après les propositions 9.3 et
9.4, la loi (2) vérifie les propriétés suivantes:
(3) Pour tout ^ e ( T ) , d ’origine a et d ’arrivée 6 , on a 4>Uo = ^ =

{Pour tout € { ^ { T ) f tel que € €{T) et ( 9 , ^ ) e € { T ) , on


\a : G {^^) = {G ^)S (i.e. la loi (2) est associative).
(5) Pour tout ^ G S^{T ), d ’origine a et d ’arrivée b , on a: = \ia ; .
Pour tout a G T , il est clair que IIi,a(T') x IIi,a(T) C ( t( T ) , donc (2) donne, par
restriction, une loi de composition interne partout définie sur IIi,a(^) • Cette loi sera
encore notée multiplicativement, l’ensemble IIi,a(T) en sera systématiquement équipé,
et muni de cette loi, on continuera à le noter IIi,a(^) •

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136 §9

Théorème 9.1
Pour tout a e T , Vensemble Ui^aiP) j rauni de la loi interne définie ci-dessus, est un
groupe, dont Via est Félément neutre. Pour tout ^ G Ui^aiP) pour tout lacet ip
tel que p = ^ , Vinverse est égal à .
Démonstration:
Il découle de (3) que Ua est élément neutre de la loi considérée. Il découle de (4)
qu’elle est associative. Enfin d’après (5), tout élément ^ G IIi,a(^) admet un inverse,
donné par ■

D é fin itio n 9.4


Soit T un espace topologique et a e T . Le groupe IIi,a(T’) défini par le théorème
9.1 s'appelle groupe fondam ental de T en a , ou encore groupe de Poincaré de
T en a, ou encore prem ier groupe d^homotopîe de T en a .
Nous allons maintenant voir que le groupe Ui^a{T) ne dépend, à isomorphisme près,
que de la composante connexe par arcs de T à laquelle appartient a .
Soit 7 un c h e m in ^ T , d’origine a et d’arrivée è .^ o u r tout ^ G IIi,a(T ), on a
(7, G C(T) et (^, ®7) G C (T ), donc le composé 7 4^ «7 est bien défini (il n’y a pas
besoin de le parenthéser en vertu de l’associativité générale (4)). Il est immédiat que
7 ^1^^7 G IIi^5( r ) . On a donc défini une application:
(6) ly : n i , „(T) ^ n i,t(T ), iP ^ 7 # *7

T h é o rè m e 9 .2
Soit un chemin 7 d ’un espace topologique T , d ’origine a et d ’arrivée b. L ’appli­
cation déSnie par (6) est un isomorphisme du groupe ni,o(T) sur le groupe n i,6(T ).
Démonstration:
Montrons que Xy est un morphisme de groupes. Soit ^ G Ili^a(T) et ^ e IIi,a(^) •
On a, en utilisant (5) et (3):
Iy{^) Ij{^) = 7i?«77îZ/«7 = ^ ^ ( 5 < y ^7 =
d’où l’assertion. En remplaçant 7 par ^7 , on a donc de-même un morphisme de groupes
h'y • '^iyb{T) —>Hi,a (T ). Nous allons voir que = Idoi ,,(t ) l'yoL^ = Idnu,(T) »
ce qui établira que Xy et sont des isomorphismes réciproques l’un de l’autre.
Pour tout ^ G IIi,a(^) »on a, en utilisant (3) et (5) et compte tenu que ^(^7) = 7 :
Xs.y 0 X^(4^) = = (®77)^(^77) =VLa^Via = ^
donc Isy O = Idni^„(T) • On verrait de même que o = Idn^ ^CT) ®

C o ro lla ire
Soit T un espace topologique connexe par arcs. Les groupes IIi,o(T), lorsque a
décrit T , sont tous isomorphes entre eux. Ils sont triviaux ssi T est simplement
connexe.
En raison du corollaire ci-dessus, lorsque T est connexe par arcs, on peut parler du
groupe fondamental de T , ce qui sous-entend alors qu’on considère seulement ce groupe
à isomorphisme près.
Exem ple 9.1 :
Un espace topologique T est dit contractile ssi il existe a G T et une application
continue C : T X [0,1] —>T telle que C(a;,0) = a: et C{x, 1) = a pour tout a: G T . Il
est immédiat que s’il en est ainsi, alors T est connexe par arcs puisque tout point de T
est l’arrivée d’au moins un chemin d’origine a .
Soit T un espace topologique contractile, et soit a G T et une application C vérifiant
les conditions ci-dessus. Pour tout lacet p d’origine a , l’application
[0 ,1 ]^ — >T, (i,u)i— >C{(p{t),u)
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Équations différentielles avec variable complexe 137

est alors une homotopie entre (/? et a , donc = {Ua} . D’après le théorème 9.2,
on a donc = {u^} pour tout b e T ^ autrement dit T est simplement connexe. Ce
résultat satisfait l’intuition mais, bien qu’élémentaire, il n’est pas vraiment trivial ^
Rem arque 9.2 :
De façon générale, les concepts développés ci-dessus nécessitent de contrôler avec vigilance l’usage
de l’intuition. Il ne faut pas perdre de vue qu’un chemin peut fort bien être, par exemple, une courbe
de Peano ^
Invariance topologique du groupe fondamental
Soit X et y deux espaces topologiques et soit F : X Y une application continue.
Pour tout chemin </? de X , l’application F o ip est un chemin de Y . Pour toute
homotopie /i de y? à un chemin ^ de X , l’application F o h est une homotopie de
Foip à Fo^i/j. Si (p est un chemin de X , d’origine a et d’arrivée b , alors F ocp est un
chemin de Y , d’origine F{a) et d’arrivée F{b). Par suite, l’application ( p ^ F oip de
l^nsemble des chemins de X dans l’ensemble des chemins de Y induit une application
F de l’ensemble .^(X ) dans Sj{Y) , et, pour tout a GX , cette application F induit
une application Fa : IIi^o(X) —> Ili^/?(o)(y). Pour tout couple de chemins de
X tel que l’arrivée de coïncide avec l’origine de ^ , il est immédiat que {F o'i/;^F o(p)
vérifie encore cette propriété, et qu’on a F o (-0 ★ (/?) = (F o -0 ) ★ (F o <^). On en déduit
immédiatement que pour tout a GX , l’application Fa : ^ ni^ir(a)(y) est un
morphisme de groupes.
Si Z est un troisième espace t^ o lo g iq u e ^ si G : Y -^ Z est une^^plication
continue, on vérifie facilement que G o F = G o F ,e t que ¿^(a) ^ = {G o F) a pour
tout a G X . Comme Idx = Id^(x) ? d’où Idxa = Idni^(x) pom* tout a GX , il en
découle que si F est un homéomorphisme, alors F est une bijection, dont la bijection
réciproque est F ” ^ , et, pour tout a G X , que Fa est un isomorphisme du groupe
fondamental IIi,a(X) sur Ili^ir(a)(y), dont l’isomorphisme réciproque est (F “ ^)j?(a) .
Par conséquent:
Pour un espace topologique, la propriété d ’être simplement connexe est invariante
par homéomorphismes et pour un espace topologique connexe par arcs, le groupe fonda­
mental considéré à isomorphisme près est un invariant topologique (Le. est invariant par
homéomorphismes).
9.2 M onodrom ie
Germes de fonctions continues
Pour ne pas alourdir l’exposé, désormais nous ne considérerons que des espaces
topologiques séparés. Pour tout espace topologique T , on notera 0(T) l’ensemble des
ouverts de T , et si a GT , on notera 0a (T) l’ensemble des voisinages ouverts de a .
Soit X et y deux espaces topologiques séparés. Les parties de X seront tacitement
munies de la topologie induite. Pour tout ouvert U de X , nous noterons ^(U, Y)
l’ensemble des applications continues de X dans Y . Si U et V sont deux ouverts de
X tels que C/ C y , on a l’application naturelle de restriction
P[/,v fie
Ces applications vérifient la propriété de transition: pour tous ouverts U , V , W de X
tels que U C. V d W , on a pu^w — Puy ®Pv^w •
Soit a G X . On appelle application continue définie au voisinage de a de X
dans y tout élément de ^ ( V ,Y ) , où y G 0 a(X ). Sur l’ensemble de ces applications,
la relation binaire “ il existe un voisinage y de a sur lequel et 0 sont définies et
tel que = 0 |^ ” est d’équivalence. Les classes d’équivalence associées sont appelées
les germ es en a d’applications continues de X dans Y . Les applications continues
produisant un même germe f sont appelées les représentants de ce germe. Si / désigne
une telle application, définie sur un voisinage ouvert V de a , on notera f = Germa (/) ;
L’ensemble des représentants de f sera noté ^ ( f ) .
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138 §9

L’ensemble des germes en a d’applications continues de X dans Y sera noté


• Lorsque a parcourt X , les ensembles sont deux à deux disjoints
(conséquence facile du fait que X est séparé). L’ensemble Uaex^ai^^y) sera noté
© (X ,y ) et appelé l’ensemble des germes applications continues de X dans Y .
Si y = R (resp. si y = C ), on parlera de germes de fonctions réelles (resp. de
germ es de fonctions complexes au lieu de germes d’applications.
À l’ensemble & ( X j Y ) , sont associées deux applications naturelles: la projection
zu : 0 ( X , Y) ^ X sur la base X , qui pour tout a e X k tout f G %{Xy Y ) , associe
a , et Vévaluation Eval : Ô5(X, y ) Y qui, pour tout a e X k tout f G % ( X j Y ) ,
associe la valeur commune des /(a ) lorsque / décrit l’ensemble f . Pour tout a G X ,
on a w~^{à) = ^ a { ^ i y ) •
L’espace des germes d’applications continues
Soit X et y deux espaces topologiques séparés. Soit f G 0(X ,y). Pour tout
représentant / de f , défini sur un voisinage ouvert U de a = w{f) , notons , /)
l’ensemble {Germb{f)}beu • On vérifie facilement qu’il existe une topologie et une seule
sur d5{X^Y) telle que pour tout f G (Ô{X,Y) ^ l’ensemble {"^f,/)}/G9i(f) soit un
système fondamental de voisinages de f . Avec cette topologie, pour tout f G © ( A , y)
et pour tout / G S/t(f ), l’ensemble °l/(f, / ) est un voisinage ouvert de f . Désormais,
nous munirons &{X^Y) de cette topologie, appelée la topologie naturelle de & ( X , Y )
(elle est en général loin d’être séparée). Il est immédiat que la projection zu est à la fois
continue et ouverte (i.e. transforme tout ouvert de &(XyY) en un ouvert de X ).
L’application zo est un homéomorphisme local, i.e. pour tout f G 0 ( X , Y ) , il
existe un voisinage ouvert U de zo(f) dans X et un voisinage ouvert y de f dans
(Ô(X,Y) tels que soit un homéomorphisme de V sur U . En effet, soit un point
f G & ( X , Y ) et a = tu(f). Soit un représentant / de f , défini sur un voisinage ouvert
U de a dans X . Alors V = Y[f,f) est un voisinage ouvert de f dans & { X , Y ) .
Notons (p l’application y —>C/ , fl i-> vj{q ) , et soit 'll) : U - ^ V , Germx{f) . On a
'ipoip = Idy et ipo'ip = Idc/ ; de plus ip, comme w , est continue et ouverte, donc ip et
'll) sont des homéomorphismes réciproques l’un de l’autre, d’où l’assertion. On traduit
cette propriété en disant que l’espace 0 { X , Y ) est étalé au-dessus de X .
Du fait que les représentants des germes éléments de (Ô{X,Y) sont des fonctions
continues, on déduit facilement que l’application Eval est continue sur (3{X,Y) :
P r o p o s itio n 9.5
Dans les conditions ci-dessus, Vapplication Eval : (Ô{X,Y) Y est continue.
Démonstration:
Fixons A et y , soit f G (!5{X,Y) et a = 'cj{f). Posons 'w = E v a l(f), et soit
W un voisinage ouvert de 'w dans Y . Choisissons un représentant / de f , défini sur
un voisinage ouvert U de a. Puisque / est continue et 'w = f { a ) , on a un voisinage
ouvert y de a , contenu dans U , tel que f{V) C W . L’ensemble S = /|^ ) est
alors un voisinage ouvert de f qui vérifie Eval(5) = f{V) C W . Cela montre que
Eval est continue au point f . Comme f est arbitraire, la proposition en découle ■

Soit maintenant U G Ü{X) et f e %{U,Y) . On lui associe l’application


(7) f :U Y ), Germ^(/)
qui, d’après la définition même de la topologie naturelle sur les germes, est continue. Les
définitions montrent que / = Eval o f et zv o f = Idu .

P r o p o s itio n 9.6
Soit (S un sous-ensemble de 0 ( X , Y ) vérifiant la condition (D) suivante:
(D) Pour tout a e X , la restriction de Eval à Ê fl\ { X , Y) est injective
Alors (B est séparé.
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Équations différentielles avec variable complexe 139

Démonstration:
Montrons que (B est séparé. Soit f G € et 0 G € avec f ^ 0 - Soit a = zu(f)
et b = tu ( g ) . Si a ^ 6 , soit un voisinage ouvert W de a et un voisinage ouvert V
de b sans point commun, et soit respectivement / et des représentants de f et 0 ,
soit 5 et T leurs ouverts de définition. Alors
respectivement des voisinages ouverts de f et 0 dans € , et ils ne se rencontrent pas.
Si a = 6 , d’après l’hypothèse, on a n = Eval(f) ^ v = Eval(0 ). Soit / et y des
représentants de f et 0 , respectivement définis sur des ouverts U et V . Puisque /
et g sont continues, puisque u = /(a ) ^ v = g{a) , et puisque Y est séparé, on a un
voisinage ouvert de a , contenu dans U n V et tel que f{W) fl g{W) = 0. Alors
Gt ^ n ‘y(0 ,^|^) sont respectivement des voisinages ouverts de f et 0
dans (B , et ils ne se rencontrent pas, ce qui achève de prouver que (B est séparé. H

Dans ce qui suit, nous nous intéresserons essentiellement à certains ouverts de


& { X , Y ) . Un tel ouvert (B sera dit au-dessus de X ssi w{(B) = X .
D é fin itio n 9.5
Soit X et Y deux espaces topologiques séparés. Nous appellerons ouvert déployé
de 0 ( X , Y ) tout ouvert de (3(X, Y) vérifiant la condition (D) de la proposition
9.6. Nous appellerons ouvert de & ( X , Y ) déployé au-dessus de X tout ouvert
déployé (B de &{X^Y) tel que w((B) = X . Nous appellerons ouvert de 0 ( X , Y )
revêtem en t de X (®) tout ouvert (B de &(X^Y) vérifiant la condition suivante:
Pour tout a e X , Vensemble (B D zu~^{a) est non vide, et il existe un
voisinage ouvert U de a dans X et une famille (Va)oG(Sncî7-i(a) d'ouverts
(R) de (3(X,Y) deux à deux disjoints tels que pour tout a , l'ensemble Va
soit un voisinage ouvert de a et ru définisse un homéomorphisme de Va
sur U , et tels que (B n w~^{U) = Uaç,gntî7-i(a)^a •
D’après la proposition 9.6, tout ouvert de &{X^Y) qui est déployé est séparé. La
réciproque est fausse: par exemple on voit facilement que si y = C , si AT est un ouvert
de C , et si (B est l’ensemble des germes de fonctions analytiques complexes définies sur
un ouvert de X , alors € est un ouvert au-dessus de X , séparé (conséquence aisée du
principe du prolongement analytique), mais non déployé.
Il est clair qu’un ouvert (B de &(XyY) revêtement de X est au-dessus de X et
est séparé (conséquence du fait que X est séparé). Si c’est en outre un ouvert déployé,
on dira qu’il s’agit d’un ouvert déployé de &{XyY) revêtem ent de X .
Relèvements, sections
Soit X et y deux espaces topologiques séparés non vides et soit un ouvert (B
de &{XyY) au-dessus de X . Etant donné une application continue (p \ T ^ X
où T désigne un espace topologique, on appelle relèvem ent de dans (B toute
application continue ^ : T ^ (B telle que w = g). Étant donné un ouvert U de
X , on appelle section de (B au-dessus de U tout relèvement de l’injection canonique
Idc/,x : U X y X X y autrement dit toute application continue s : U ^ (B telle que
w Os = Idu . On peut remarquer que si s est une section de (B au dessus de U , elle
est injective, à valeurs dans (B , et pour tout x G U , s(x) est le seul élément commun
à s(i/) et zu~^(x).
Soit une section s de &(XyY) au-dessus d’un ouvert U de X . On lui associe
l’application = E val 05 , qui est continue. Montrons que {s^Ÿ = ^ î soit a G C/ , soit
V un voisinage ouvert de a dans U et g e %VyY) tels que s{V) C {Germb{g)}bev •
Pour tout 6 G y , on a nécessairement s{b) = Gerrrv,(^), donc s\b ) = g{b) ; on en
déduit que Germa(5**) = Gernia(^) = s (a ). C’est vrai avec tout a G Ù , donc {s^Ÿ = s

(®) Expression insécable. Nous ne développons pas ici une théorie générale des revêtements. Pour une
telle théorie, voir l’exposé magistral de [12].
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140 §9

Si f e % U ,Y) , on a vu après (7) que est continue, que / = E v a l o f ^ et que


w O = Idu , donc est une section de (Ô{X,Y) au-dessus de U , et il est clair que
. On a donc démontré:
P r o p o s itio n 9 .7
Soit X et Y deux espaces topologiques séparés non vides, soit U un ouvert de X .
L^appîication s établit une bijection de Vensemble des sections de (3(X,Y)
au-dessus de U sur Vensemble ^ ( U , Y ) . La bijection réciproque est Vapplication
f ^ f •
Dans les conditions ci-dessus, donnons-nous maintenant un ouvert (B de (3{X,Y)
au-dessus de X . Pour tout ouvert U de X , on considère les ensembles suivants:
(8) n u , e ) = [ f £ ^ { u, y ) I f ( u ) c e }

(9) % (î/, € ) = ensemble des sections de (B au-dessus de U


On a alors immédiatement:
C o ro lla ire
Soit X et Y deux espaces topologiques séparés non vides et soit un ouvert (B de
(3{X,Y) au-dessus de X . Soit un ouvert U de X . application s ^ établit une
bijection D de Vensemble ^(U,(B) sur Vensemble 3^{U,(B). La bijection réciproque
est Vapplication B : f ^ .
La proposition suivante précise le lien entre sections et topologie des germes:
P r o p o s itio n 9.8
Soit X et Y deux espaces topologiques séparés non vides et soit un ouvert (B de
& ( X , Y ) au-dessus de X . Soit a e ^ et a = vj{a). L^ensemble des s{U) , où U
parcourt Vensemble des voisinages ouverts de a et où s e %(Î7, (B) vérifie s{à) = a ,
est un système fondamental de voisinages ouverts de a dans € .
Démonstration:
Par définition de la topologie des germes, pour tout fl G € et pour toute application
continue g G %{oj,Y) où a; G Ü(X), l’ensemble est un ouvert de & { X , Y ) . En
particulier, l’image de toute section de <B est un ouvert de € .
Soit V un voisinage de a dans C de la forme ‘^ (a ,/ ) , où / G %{U,Y) avec U
voisinage ouvert de a dans X et Germ^if) = Ci. Par définition, on a f^{U) = T(a, / ) .
D’autre part d’après la proposition 9.7, on a /*’ G %(C/, (B) , d’où le résultat puisque
f { a ) = Gericiaif) = a ■

Enfin soit s une section de (S au-dessus d’un ouvert U de X : on vient de voir que
s (U) est un ouvert de (B . Comme w est continue et ouverte et comme s est continue,
on voit que est un homéomorphisme de U sur s{U).

Prolongement par continuité le long d’un chemin


T h é o rè m e 9.3
Soit X et Y deux espaces topologiques séparés non vides et soit un ouvert (B
de & ( X , Y ) revêtement de X . Soit 7 un chemin de X et soit f e (B tel que
U7(f) = 7(0). Il existe un relèvement F de 'y dans (B et un seul tel que r ( 0) = f .
Démonstration:
Montrons d’abord l’unicité de F . Soit Fi et /2 deux relèvements répondant à la
question. L’ensemble E des t e [0,1] tels que Fi(t) = F2(t) est non vide puisque
0 G , et fermé parce que Fi et F2 sont continues et parce que (B est séparé. Montrons
que E est ouvert dans [0,1 ] . Soit t e E . Soit U un voisinage ouvert de j{t) dans X
et V un voisinage ouvert de Fi{t) dans (£ tels que w définisse un homéomorphisme
de V sur U . Par continuité de 7 , A et T2 , on peut déterminer un réel a > 0 tel que
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Équations différentielles avec variable complexe 141

pour tout U e [0,1] n [t-a^t-\-a] , on ait j{u) G U , A(w) et ^ V • Pour


tout U e [0, l ] n [ i —a ,i + a ] ,o n a w{ri{u)) = w {r 2{u)) = 'y{u), d’où nécessairement
ri{u) = • Donc E contient le voisinage [0,1 ] D [i —a, i + a] de t dans [0, 1] .
Ainsi E est voisinage de chacun de ses points, donc est ouvert. En définitive, E est
non vide, ouvert et fermé dans [0,1 ] qui est connexe, donc E = [0,1 ] , i.e. A = A >
ce qui prouve l’assertion d’unicité. Remarquons que jusqu’ici, la seule propriété de Ê
utilisée est que c’est un ouvert séparé de C5(A’, Y ) , au-dessus de X .
Montrons maintenant l’existence de F . Pour tout i G [0,1 ] , soit respectivement
Ut et (Vb,t)b€Cntï7-i(7(i)) un voisinage ouvert de 7 (i) et une famille d’ouverts de €
vérifiant la condition (R) avec 7 (i) à la place de a . Pour tout t G [0,1] et tout
bG , on notera l’homéomorphisme de Vt,,t sur Ut induit par w , et
'ipff^t son homéomorphisme réciproque. Soit I l’ensemble des u G [0,1] tel qu’il existe
un relèvement A à valeurs dans Ê de 7|| q^ j tel que A (0) = f . Soit a > 0 tel que
[0,a] C 7“ ^(A)) ; pour tout t G [0, a] on peut poser A ( 0 = “0f,o(7(t)) ; A est un
relèvement de 7| jq tel que A[0] = f • H est alors clair que I est un intervalle tel que
[0, a] C / C [0,1] ; on notera 0 = S u p (/). Il existe un intervalle J , relativement ouvert
dans [0,1], tel que 6 e J C y~^{Ue) ; cet intervalle contient un réel u G / , et comme
A(г¿) G € n w~^{Uo), il existe b G € fl tel que Fu{u) G . On voit que
la fonction t 'ipb,e{'y{i)) ost un relèvement à valeurs dans (B de 7|^ qui coïncide en u
avec Fu . On peut donc prolonger sur [0, u]U J le relèvement A ; cela prouve d’abord
6 e I , puis ^ = 1, car 6 = Sup(/) ; A est le relèvement cherché du chemin 7 ■

Pour tout ouvert (S de (Ô{X,Y) au-dessus de X , nous noterons ^{(B) l’ensemble


des applications continues / , à valeurs dans Y définies sur un ouvert quelconque U
de X , et telles que f^{U) C (B (autrement dit, 3^(Ê) = ^ueG{x)^{U, € ) ). Pour tout
6 G X , soit % (€ ) l’ensemble des applications / G dont l’ouvert de définition
est un voisinage de b . Cet ensemble est non vide, et il permet d’obtenir des systèmes
fondamentaux de voisinages, dans (B , pour tous les points de la fibre (B fl w~^{b) (cf.
proposition 9.8).
Sous les hypothèses du théorème 9.3, soit un chemin 7 de X d’origine a . Fixons
/ G ( € ) . Soit F le relèvement de 7 tel que F{0) = f^{a). L’application
F : [0,1 ] —►y , i i-> E v a l(r(i)) est continue, prend la valeur /(a ) en 0 , et pour tout
t e [0,1 ] , elle coïncide au voisinage de t avec une application de la forme u »—►g{'y{u) ) ,
où P G ^y(t)(^) (cela découle du fait que pour toute application g G , définie
sur un ouvert [/, on a ^ G S't(€) pour tout b e U). Montrons que cette propriété
caractérise F :
T h é o rè m e 9.4
Soit X et Y deux espaces topoîogiques séparés non vides et soit un ouvert déployé
(B de 0 ( X ,y ) revêtement de X . Soit 7 un chemin de X , d^origine a, et soit
/ G S^a(C). Posons f = Germai f ) > U relèvement de 7 qui prend la valeur
f en 0. U application F : [0,1] —> y , i Eval(r*(t)) est Tunique application
^ : [0, 1] —> y telle que ^(0) = /(a) et qui, pour tout t e [0, 1] , coïncide au
voisinage de t avec une application de la forme u 1—>gi'y{u)), où g e ^y(t)i^) ♦
Démonstration:
Soit t G [0,1] ; il existe par hypothèse g G 3^y(t)(^) ) définie sur un ouvert U , et
un intervalle J voisinage de t dans [0,1], tel que pour tout u e J , 7 (u) e U et
^(u) = gi^iu)) = E val o^‘^(7(n )). On en déduit d’abord que la fonction ^ prend ses
valeurs dans l’image de la fonction E v a l , et comme (B est déployé au dessus de X ,
qu’il existe une unique fonction A : [0,1] —> Ê telle que ^{t) = E val o A{t) pour
tout t e [0, 1] ; d’après ce qui précède, au voisinage de tout t e [0, 1] , cette fonction
coïncide avec une fonction de la forme o 7 , où g e . La fonction A est
donc continue, relève 7 , et du fait que ^ (0) = /(a ) Eval(f), on a Z\(0)= f . On en
déduit A = F , d’où ^ = F .
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142 §9

Le théorème 9.4 signifie que l’existence et l’unicité de F assurée par le théorème 9.3
résout le problème de “ recoller par continuité le long de 7 des germes d’applications
éléments de ”. C’est là le substrat topologique de tous les exposés anciens sur le
“ prolongement analytique le long d’un chemin continu ” utilisés pour traiter les fonctions
algébriques de variable complexe ou les équations différentielles à variable complexe.
Sous les hypothèses et avec les notations du théorème 9.4, la fonction F = E val o F
sera appelée le prolongem ent de / p a r continuité le long de 7 .
T h é o rè m e 9.5
Soit X et Y deux espaces topologiques séparés non vides et soit un ouvert déployé
(B de (Ô{X^Y) revêtement de X . Supposons X connexe par arcs, localement
connexe par arcs et simplement connexe. Fixons a e X et f G 3^a(^) • Pour tout
b e X , soit Ca,b(X) Vensemble des chemins de X d^origine a et d ’arrivée b . Pour
tout chemin 'y de X , soit le prolongement par continuité de f le long de ^ . Il
existe une application et une seule / • : X Y telle que f*{b) = /^^1(1) pour tout
chemin 7 G Ca,b{X) . L ’application {f*Ÿ ost une section de (B au-dessus de X , et
c’est l ’unique section s de (B au-dessus de X telle que s^a) = f{a ) .
Démonstration:
(Remarquons d’abord que puisque € est ouvert, pour tout voisinage ouvert u de
a dans X et pour toute application continue (p : Y telle que Gernvi(<^) G € , il
existe un voisinage ouvert W’ de a , contenu dans w , tel que f^{W ) C (B . La condition
d’application du théorème sera donc satisfaite en prenant pour / l’application restriction
de (f k W .)
On notera f = G erm a(/).
La propriété que pour tout point b e X , on a f*{b) = /^^^(1) pour tout chemin
7 ^ Ca,b(X) , définit au plus une application f* \ X ^ Y .
• Existence de /*
Les relèvements utilisés dans cette démonstration seront toujours des relèvements dans
(B . Fixons b e X , i\ s’agit de montrer que l’application Ca^b{^) ^ /^^^(1) est
constante. Soit deux chemins 7 G Ca,b{X) et 6 G Ca,b{X). Soit une homotopie /1 de 7
à 6. Pour tout U G [0,1] , soit le chemin [0,1] X ,ty-^ h{t,u) (donc 70 = 7
et 7i = (5) et Fu le relèvement de 7^ tel que Pu(0) = f . On va d’abord montrer que
l’application :
: [0, 1]2 —.( g ,
est une homotopie de Fq à A ; il faut pour cela démontrer que c’est une application
continue, et que u 1-^ H{l,u) est constante sur [0,1]. Soit uq G [0,1]; reprenons
les notations de la preuve du théorème 9.3: pour tout t G [0 ,1 ], soit respectivement
Ut et (Fb,i)bG€ntï7-i(7uo(0) voisinage ouvert de 7uo(0 une famille d’ouverts de
(B vérifiant la condition (R) où 7^0(0 remplace a. Pour tout t G [0,1] et tout
bG C (7^0(t)), on notera l’homéomorphisme de Vî,,î sur Ut induit par w ,
et son homéomorphisme réciproque. Comme h est continue, pour tout 6 G [0,1],
il existe un intervalle 1$ voisinage ouvert de 6 dans [0, 1], et un intervalle Je voisinage
de г¿o dans [0, 1] tels que h{Ie x Je) C Uq . De la famille (/0)^e[o,i] d’ouverts de [0,1]
qui recouvre [0,1], on peut extraire un sous-recouvrement fini , où p G N .
On pose J = > c’est un intervalle voisinage de г¿o dans [0,1] et pour tout
^ ^ IL p I j on a h{Iei x J) C Ue^ . Pour tout i G |[l,p], la fonction Hi = i>ruQ{di),9i ° h
est un relèvement de h sur x J ; on a bien sûr Hi{6i,Uo) = Fu^iOi) , et comme
t Hi{t,uo) est un relèvement de 7^0 sur , on a (Wt G Hi{t,uo) = Fuoit) .
Montrons maintenant que Hi{t,u) , pour (t,u) G [0,1] x J , ne dépend pas de l’entier
i G [l,p] tel que t G hi \ en effet, si i G hi H h j , les chemins u Hi{t,u) et
U H ->Hj{t,u) , définis et continus sur J , sont deux relèvements du chemin u •-> h{t,u) ,
dont les valeurs en no 6 J coïncident puisque c’est F^q(t) ; ces relèvements sont donc
identiques, ce qui prouve que pour tout u G J , Hi{t,u) = Hj{t,u). Il existe donc
un relèvement Kj:[0,l] x J ^ (B de h sur [0, 1] x J , qui coïncide localement avec
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Équations différentielles avec variable complexe 143

les relèvements H i , où i G |1, p 1 • Comme l’application u i—> /l(0,г¿) est constante


sur J , son relèvement U i-> K j { 0,u) est constant sur J , donc pour tout u e J
Kj{0,u) = Kj{0,uo) (0) = f ; cela prouve que pour tout г¿ G J , le chemin
t ^ K j { t , u ) coïncide avec , et que par conséquent K j coïncide avec H sur [0, l ] x J .
Ceci étant vrai pour tout uo G [0,1], on en déduit que H est continue, et comme
l’application u ^ H{l,u) est un relèvement sur [0,1] du chemin constant u h{l,u) ,
c’est un chemin constant, ce qui termine la démonstration du fait que H est une
homotopie de Fq , relèvement de 7 , à A , relèvement de 71 = <5. Enfin comme
/M (l) = (E v a lo ro )(l) etcomme /1*1(1) = (Eval o r i ) ( l ) , onabien / ^ ( 1 ) =/1*1(1),
ce qui achève de montrer l’existence de /* .
• Propriétés de / •
Soit b e X , 7 G Ca,b{X) et F le relèvement de 7 tel que Fq = f (a) = f .
Soient V un voisinage de F{1) dans (B ^ et U de 7 (1) = b dans X tels que w\y
soit un homéomorphisme; on notera -0 l’homéomorphisme réciproque. Comme X est
localement connexe par arcs, on peut supposer U connexe par arcs. Pour tout c G C/ , il
existe un chemin 6 d’origine b et d’extrémité c ; le chemin A = xp 06 dans (B a pour
origine '0(6) = F{1) ; on peut donc composer les chemins F et et comme Aie F est
un chemin d’origine F{0) = f^{a) et d’extrémité 'ip{c) , c’est que f*{c) = E v a lo 0 (c ) .
D’où /*1^ = et {f*Ÿ \u = { r \ u Ÿ = (^**)*' = L’application (/•)*', qui coïncide
partout localement avec une section de (B , est une section de (B sur X . On a bien sûr
/•(a ) = f (a ) , donc en posant s = { f * f , alors = /* ,et s**(a) = / ( a ) .
Réciproquement, soit s : X (B une section de (B au-dessus de X telle que
s^(a) = f{a) . Soit 6 G X et soit un chemin 7 G Ca,b{X) . L’application
F ; [0, 1] - ^ y , i ^ s “(7 (t))
est continue et F{0) = f{a) ; elle vérifie les hypothèses du théorème 9.4, avec g =
pour tout t G [0,1] ; on a donc F = /W , d’où /* (6) = F{1) = s^{'y{l)) = s^{b) .Comme
6 est arbitraire, on a = / • , d’où s = {f*Ÿ ®

C o ro lla ire
Soit X et Y deux espaces topologiques séparés non vides et soit un ouvert déployé
(B de iÎ5(X, y ) revêtement de X . Supposons X connexe par arcs, localement
connexe par arcs et simplement connexe,
(I) Fixons a e X . Pour tout a G Ê fl w~ ^ { a ) , soit s a Punique section de (B
au-dessus de X telle que Sa(a) = a , et soit i?a Pouvert Sa(X) de € . Les ouverts
(i^a)aeenw-^(a) ^ont deux à deux disjoints, et leur réunion est C .• Les Sa sont les
seules sections de (B au-dessus de X .
(II) Toute section de (B définie sur un ouvert connexe se prolonge de manière unique
en une section de (B au-dessus de X . En conséquence, toute application f : U ,
où U est un ouvert connexe non vide de X , continue et telle que f^{U) C (B, se
prolonge de manière unique en Pune des applications (sa)** ♦
Démonstration:
Soit a i et a 2 éléments de € fl w~^{a) . Soit b G i?ai C Üa2 » posons 6 = tu{b).
D’après le théorème 9.5, il y a une seule section de (B au-dessus de X qui prend la
valeur b en 6 . Or Sai(^) = Sa2(^) = b , donc a i = a 2 . On voit donc que ou bien
lOflj — bien Plçii Pld2 ~~ ^ ■
Soit b G € , posons 6 = îu (b ). Notons l’unique section de (S qui prend la valeur
b en 6 . Soit a = Tt,(a). Nécessairement rt, = Sa , donc b = Sa{b) G • La réunion
des i?a pour a parcourant (Bnzu~^{a) est donc bien (B. La dernière assertion (I) est
évidente.
Soit un ouvert connexe non vide U de X et soit a une section de Ê au-dessus de
U . Soit a e U , posons a = cr(a). Puisque a définit un homéomorphisme de U sur
(t {U) , l’ensemble (t {U) est un ouvert de (B connexe, qui a en commun avec i?a le point
a . Puisque les ouverts (<Cb)t>6€ntï7-i(o) sont deux à deux disjoints et de réunion (B , la
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144 §9

connexité de (t { U ) oblige à avoir cf{ U ) C i?a » et est le seul des (-l^b)bGCnca-i(o)


qui contienne (j{U). En d’autres termes, s prolonge a et c’est la seule section de (S
au-dessus de X qui prolonge a ■

Avec les notations du corollaire du théorème 9.5, on voit donc que l’espace topologique
€ s’identifie à la somme topologique des ouverts »où décrit la fibre C n zu “ ^(a).
Cela décrit (S en fonction de X , puisque chaque i?a est homéomorphe à X . Si la
fibre (£ n zu~^(a) est finie, C est homéomorphe au produit direct X x [ l,m ] , où
m = c a rd ((S fl zu~^(a)) et où | 1, m] est muni de la topologie discrète.
Le théorème 9.5 est une forme topologique raisonnable du théorème de monodromie^
étape obligée de toute étude ancienne ou moderne de la théorie des fonctions algébriques
de variable complexe ou de la théorie des équations différentielles à variable complexe.
Rem arque 9.3 :
Dans l’énoncé du théorème 9.5, supposons ü non vide et connexe, mais non nécessai­
rement simplement connexe. Il continue donc à être connexe par arcs et localement
connexe par arcs. Conservons les notations Ca,6 et de l’énoncé. Soit a et 6
deux points de i ? , soit 7 G Ca^b{^) et soit / G . La première partie de la
démonstration prouve que J’éiément de Y ne dépend que de la classe d^homotopie
de 7 ^

9.3 Equations linéaires avec variable com plexe


Fonctions vectorielles analytiques
Dans ce qui suit, nous utiliserons les résultats de la section 2.3. Pour ne pas alour­
dir l’exposé, les espaces de valeurs que nous considérerons seront toujours supposés de
dimension Unie. En raison de l’équivalence des normes entre elles sur un e.v.n. de di­
mension finie sur IR ou C , les résultats obtenus ne dépendront pas du choix de la norme
dans l’espace des valeurs des fonctions inconnues des équations différentielles envisagées.
Soit (E, Il. Il) un C-e.v.n. de dimension finie et Î2 un ouvert non vide de C . Une
application f : ü E est dite développable en série entière en un point a G i? ssi
il existe une série formelle S = (un)neN ^ de rayon R5 > 0 et un réel r g ]0,R5 ]
tels que

( 10) ( V z G D r) f(a + z) = z'^Un


n=0

S’il en est ainsi, S est unique, / est indéfiniment C-dérivable sur a + Dr , ses C-dérivées
s’obtenant par dérivation terme à terme de (11). En particulier, on a:

(11) (Vn e » . = ¿ / < “>(«)


Pour que / soit développable en série entière en a , il faut et il suffit qu’il existe une base
de E dans laquelle ses fonctions coordonnées soient développables en série entière en a .
S’il en est ainsi, les séries formelles qui développent ces fonctions coordonnées autour de
a sont les composantes de S dans la base (ce qui apparaît clairement sur (11)), et la
propriété a lieu dans toutes les bases de E .
L’application / est dite analytique sur ü ssi elle est développable en série entière
en tout point de i? . S’il en est ainsi, / est indéfiniment C-dérivable sur i? . Pour qu’il
en soit ainsi, il faut et il suffit qu’il existe une base de E dans laquelle les fonctions
composantes de / soient analytiques sur ü , et quand c’est le cas, cette propriété a
lieu dans toutes les bases de E . Les applications analytiques de i? dans E forment
un sous-C-e.v. de l’espace de toutes les applications ü E , Si F et G désignent
deux autres C-e.v. de dimension finie et si ¡5 : E x F G y {x,y) x • y désigne
une application C-bilinéaire (elle est donc continue puisqu’on est en dimension finie),
alors pour toutes applications analytiques f \ ü E et g : ü F y l’application
h : ü ^ G y Z ^ f{z) • g{z) est analytique sur Q .
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Équations différentielles avec variable complexe 145

Si 5 = (nn)nef^ ^ désigne une série formelle de rayon Rs > 0, la fonction


S : Dr5 —>E est analytique sur Dr^ . Cette propriété est bien connue quand E = C ,
et dans le cas qui nous occupe, on se ramène au cas E = C par passage aux fonctions
coordonnées dans une base de E .
Soit f : ü E une fonction analytique, soit a Gi7 et soit Sa la série formelle qui
développe / ^ t o u r de a . Si i? = C , alors Sa est de rayon infini et pour tout 2?GC ,
on a f{z) = Sa{z - a ) . Si i? ÿé C , soit da la distance euclidienne de a à C \ (d’où
da> 0). Alors Rs^ = da et on a /(z) = Sa{z-a) pour tout z G a + ; ces propriétés
sont bien connues lorsque E = C (voir par exemple [4]), cas auquel on se ramène en
passant aux fonctions coordonnées dans une base quelconque de E .
Enfin les fonctions analytiques Î2 E obéissent au théorème appelé principe du
prolongement analytique: si Î2 est connexe, et si une fonction analytique f : U ^ E
s’annule sur une partie de i? ayant un point d’accumulation dans Î 2 , alors / est
partout nulle dans . Ce théorème est bien connu quand E = C , cas auquel on se
ramène par passage aux fonctions coordonnées dans une base quelconque de E .

Equations différentielles linéaires complexes


Dans cette sous-section, on fixe un entier AT > 1 et un C-e.v.n. {E, | | . ||) de dimen­
sion finie égale a N . On notera |||. ||| la norme de Uomc{E) associée à ||. | | . Soit ü
un ouvert non vide de C , et soit deux applications A : ü Uomc{E) et B : ü ^ E
supposées analytiques. On considère l’équation:
(C) y '(z )= A (z )-F (z ) + B(z)
appelée équation différentielle linéaire complexe (^) du premier ordre, à fonction incon­
nue Y à valeurs dans E . Cette équation est dite scalaire ssi E = C , vectorielle dans
le cas général (dans ce dernier cas, on parle de fonction inconnue vectorielle). L’équation
(C) est dite homogène ssi B est la fonction nulle sur i? . La fonction B est appelée le
second membre. Dans le cas général, en remplaçant B dans (£) par la fonction nulle
ü E , on obtient une équation homogène appelée Véquation homogène associée à (jC) .
Etant donné (^®) un sous-ouvert connexe U de i ? , on appelle [/-solution de (£)
toute fonction C-dérivable (c’est-à-dire C-dérivable en tout point) f : U E telle que
(12) (VzG//) /'(z ) = A (z )./(z ) + B(z)
On sait qu’une application U E est C-dérivable sur U ssi elle est analytique sur
U {si E = C , c’est bien connu, voir par exemple une démonstration dans [4]; on se
ramène à ce cas en passant aux fonctions coordonnées dans une base quelconque de E ).
Il revient donc au même de définir une [/-solution de (£) comme étant une fonction
f : U E analytique qui vérifie (12).
L’ensemble des [/-solutions de (£) sera noté S^u{E) . Il est clair que c’est un sous-
C-e.v. de l’espace des fonctions U ^ E si (C) est homogène, et en général c’en est un
sous-C-espace affine, soit vide soit d’espace directeur S^c/(£o), où (£o) désigne l’équation
homogène associée à (C) ; cette propriété signifie concrètement que si on dispose d’une
[/-solution / particulière de (£ ), alors Su{C) = / + %r(£o) •
Rem arque 9.4 :
Ici, on rencontre une différence fondamentale entre les équations linéaires ordinaires
et les équations linéaires complexes: alors que l’ensemble des solutions d’une équation
linéaire ordinaire sur un intervalle n’est jamais vide, dans le cas qui nous occupe, on peut
très bien avoir Su{C) = 0 (voir exemple 9.2 ci-dessous) ^
Le lecteur énoncera et établira sans peine un principe de superposition des seconds
membres pour (£), analogue à celui des équations linéaires ordinaires.

(^) Cet adjectif complexe se réfère à la variable. Il s’oppose à l’adjectif ordinaire qui s’emploie pour
qualifier les équations différentielles où les fonctions inconnues sont des fonctions de variable réelle.
(^^) Rappelons qu’un ouvert connexe d’un e.v.n. s’appelle un domaine, et qu’il est connexe par arcs.

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146 §9

Pour tous domaines non vides U et V de C tels que U C V C Î2 ^ on a, une


application dite de restriction
(13) gv,u : ^ v (^ ) — ► 1 f '— ^ f\^

qui est C-linéaire dans le cas homogène, et C-affine dans tous les cas. En vertu du
principe du prolongement analytique, l’application gy^u est toujours injective.
Pour tout domaine non vide U de C contenu dans Ü et pour tout a e U ^ nous
considérerons l’application
(14) Xc/.a : f^ fia )
qui est de manière évidente C-linéaire dans le cas homogène et C-affine dans tous les cas.

Existence de solutions locales


Reprenons l’équation (C). Pour tout a G , notons da la distance euclidienne de a
à C \ i? , étant entendu que si j? = C , on pose da = H-oo . Si da = +oo , on conviendra
que Dd, = C .
Fixons a e Î2. Compte tenu des propriétés rappelées ci-dessus, les rayons de con­
vergence des séries formelles Sa,a ^ {lîomc{E))^ et Sa,b ^ E ^ qui développent res­
pectivement A et B autour de a sont égaux à do > et on a A{z) = Sa,A{z —a) et
B{z) = Sa,B{z - a) pour tout Z e a + Dd^ • De plus, toujours en vertu des rappels
ci-dessus, l’ensemble des fonctions analytiques a + Dd^ —>E n’est autre que l’ensemble
des fonctions de la forme z i-^ T{z - a ) , où T e E ^ est une série formelle de rayon
> do • Il en est de même en remplaçant E par Homc(^) •
Compte tenu de ces propriétés, on déduit de la proposition 2.2 le théorème suivant:
T h é o rè m e 9.6
Considérons réquation {C) . Avec les conventions de notation ci-dessus:
(I) Pour tout a G 17, Vapplication Xa+DdaA • %+Od„(^) E ^f f{a) est une
bijection.
(II) Pour tout domaine U voisinage de a dans a H- Dd„ , les deux applications
Xu,a • E, f f {a) et Qa+D^^,u ■ %+B4,{C) -» ^ u { E ) , f /|^ sont
bijectives.
Démons tra tion ;
L’assertion (I) résulte immédiatement des considérations qui précèdent et de la propo­
sition 2.2. Compte tenu de (I), les deux bijectivités envisagées dans l’assertion (II) sont
équivalentes. Montrons que Xu,a est bijective. Si Yq e E ^ soit g l’unique élément
de %+Dda(^) q^i vérifie g{a) = Yq , alors g^^ G Su{C) et g^^ prend la valeur Yq en
a , donc Xu,a est surjective. Soit maintenant gi et g2 deux ^/-solutions de (£) telles
que Pi (a) = P2(û). Les séries formelles 5i et S2 éléments de E ^ qui développent
respectivement pi et p2 autour de a sont égales à une même série formelle S , dont le
rayon de convergence est > da (voir démonstration de la proposition 2.2), et la fonction
/ : a -h Dda E,Z S{z - a) est (a H- )-solution de (C) (cf. ibid.). On a donc
9i(^) = 92{z ) = f{z) pour tout Z e U suffisamment voisin de a. Comme U est connexe
et comme pi et p2 sont analytiques, on en déduit que pi = p2 , d’où l’injectivité de
l’application Xu,a B

Un théorème de Cauchy-Lipschitz complexe


Nous l’avons déjà signalé, en général sur un domaine U contenu dans Q , l’équation
(£) peut n’avoir aucune solution, ce qui signifie qu’on ne peut pas nécessairement recoller
entre elles des solutions locales dont l’existence est assurée par le théorème 9.6 pour
former une solution globale sur U . On voit bien que le problème de la détermination
de ^/-solutions est un problème de recollement de ces solutions locales. Nous avons vu
que le problème de recollement, posé dans un cadre très général, admet, moyennant des
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Équations différentielles avec variable complexe 147

hypothèses adéquates, des solutions satisfaisantes dans le cas d’une base connexe par
arcs, localement connexe par arcs et simplement connexe. Un domaine de C (comme
tout domaine d’un e.v.n. sur IR ou C ) est nécessairement connexe par arcs et localement
connexe par arcs. Il est donc naturel d’étudier (£) dans le cas où ü est connexe et
simplement connexe. On a alors le remarquable résultat suivant, que nous appellerons
Théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire complexe:
T h é o r è m e 9 .7
Considérons Téquation (£). Supposons i? connexe et simplement connexe.
(I) Pour tout a e i? , l ’application Xa,a - % (^ ) ^ /(a ) est bijective
(II) Pour tout domaine non vide U de C contenu dans ü , l ’application de restric­
tion qq^u • %(>C) —^ %r(£) est bijective.
Démonstration:
On cherche à appliquer le théorème 9.5 et son corollaire avec i? à la place de X et
E a la place de У . Vu les hypothèses, Q est connexe par arcs, localement connexe par
arcs et simplement connexe. D’autre part E est séparé. On considère donc ici l’espace
(3{i2yE) des germes de fonctions continues de i? dans E . Notons (5 l’ensemble des
germes de solutions de ( C ) , c’est-à-dire l’ensemble des germes de la forme Сегть(д), où
j

g désigne une solution de (£) sur un sous-domaine V de i? et où 6 G V . Nous noterons


w la projection naturelle &{Q^E) Q et Eval l’évaluation &{Î2^E) —>E .
Fixons a e Î2 et soit Yq e E . Soit U un voisinage ouvert connexe de a contenu
dans ü . Pour qu’une fonction f : U ^ E soit U-solution de (C) et vérifie /(a ) = Yq ,
il faut et il suffit qu’on ait f{a) = Yq et que pour tout 6 G U , il existe un voisinage
V de 6 dans U et une V-solution g de (£) tel que / |^ = g (la propriété, pour une
fonction à valeurs dans E donnée sur un sous-ouvert de ü , d’être une solution de (C),
est locale). En d’autres termes, / est une [/-solution de (£) vérifiant /(a ) = Yq ssi:
elle est continue et vérifie /(a) = УЬ , et /*’ est une section de (S au-dessus de U .
D’après le théorème 9.5, pour prouver intégralement le présent théorème, il suffit donc
de prouver que Ê est un ouvert déployé de &{Ü,E) revêtement de ü .
• Montrons d’abord que (S vérifie la condition (D) de la proposition 9.5. Soit b e Î2
et soit b\ et b 2 deux germes au point b de solutions de (£). Soit gi et g2 des
représentants respectifs de b\ et 62 , définis sur un même ouvert connexe U voisinage
de b dans ü , avec U Cb + Ddb • Si ^1(6) = g2{b) , d’après l’assertion (II) du théorème
9.6, on a gi = g2 , d’où bi = 62 . La restriction de Eval à la fibre (S Г\%{П,Е) est
donc injective, d’où l’assertion. D’après le théorème 9.6, il est d’ailleurs clair que cette
restriction Lb de Eval à la fibre ^C\% {Ü^E) est une bijection de cette fibre sur E ,
et donc cette fibre est non vide.
• Vu ce qui précède, pour prouver que (B est un ouvert déployé de (J5(i7,£^) revête­
ment de i? , il suffit de montrer que (B vérifie la condition (R,c) suivante:
^Pour tout b e X , il existe un voisinage ouvert U de b dans X et une
famille {Vb)beianw-'^{b) d ’ouverts de (¡5{Ü,E) deux à deux disjoints tels que
(Rc) pour tout b , l ’ensemble Vb soit un voisinage ouvert de b contenu dans
(B et zu définisse un homéomorphisme de Vf, sur U , et tels que l ’on ait
Xnw~^{U) = U bgen w -iw '^ b •
Fixons b e ü . On va montrer que l’ouvert U = b-\- Dd,, satisfait la condition (Дс) •
Tout élément b G (Br\w~^{b) est le germe en b de la [/-solution de (C) dont la valeur
en b est Eval (b) ; cette U -solution sera notée дь . Pour tout b G CS П w~^{b), par
définition gliU) ^ 9^^ ^ous noterons VJ, >est un voisinage de b dans (B et zu définit
un homéomorphisme Vf, .
Montrons que les {Vb)been-c^-'4b) sont deux à deux disjoints. Soit b\ e (B C\zu~^{b)
et b 2 G € П zu~^{b). Supposons trouvé C G Vt,i ^Ьг î soit c = '^{c). Les deux
fonctions analytiques дь, et дь2 coïncident alors au voisinage de c, donc sont égales
(principe du prolongement analytique), d’où bi = Germfe(5ft,i) = Germb(^b2) = ^2 ; d’où
l’assertion.
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148 §9

Montrons que (B D zu~^{U) = ^beenzx7-^b)^b • Ps^r construction, il est trivial que


Ub6€ntc7-i(6)Pb C (Bn w~^{U). Soit C e (Bn w~^{U), et c = w{ c ). L’application
2^6,c '• E E qui, à Y , fait correspondre la valeur en c de la C/ -solution de (£) dont
la valeur en 6 est Y , est C -affine; pour tout y G Æ?, on a:
%>A^) = 5L-i(y)(c) = Eval ^Germc(5i-i(y)))
d’où L~^{^b,cO^)) = Germc(p^-i(y)) € ^L"^(y) • Comme les (Vi,)bGenu7-i(6) sont deux
à deux disjoints, on en déduit que est injective, donc bijective puisque E est de
dimension finie. Il existe donc un unique y G Æ? tel que ^x,-i(y)(c) = Eval(c). Le
germe b = Germb(^^-i(y)) est l’unique élément de la fibre (B fl w~^{b) qui vérifie
gf,{c) = Eval(c), et alors p^(c) = C, d’où C G gl(U) = Vf,. Cela achève de prouver
que la condition (R^) est satisfaite ■

Rem arque 9.5 :


Pour le confort du lecteur, nous avons choisi de ne traiter cette brève initiation aux
équations différentieles avec variable complexe qu’avec un espace vectoriel des valeurs de
dimension finie sur C . Toutefois la plupart des grands théorèmes que nous exposons
s’étend avec, pour espace des valeurs, un espace de Banach complexe. Voici comment il
faut modifier la démonstration de théorème 9.7 pour qu’elle soit valable sans hypothèse
de finitude de la dimension de l’espace des valeurs. La démonstration est inchangée
jusqu’à lénoncé de la condition (R/:) inclus. À partir de là, il faut remplacer le texte
par le suivant:
Fixons 6 € i? . On va montrer que l’ouvert U = 6 + Dr , avec r = ^ , satisfait la condition
(R c). Pour tout il € 6 C\w~^{b), b est le germe en 6 de la C/ -solution de (C) dont la valeur
en b est E v a l(b ) ; cette [/-solution sera notée gb . Pour tout b € (Bnw~^{b), par définition
l’ensemble g^iU) , que nous noterons Vf, , est un voisinage de b dans <6 et c? définit un
homéomorphisme Vb -* U .
Montrons que les sont deux à deux disjoints. Soit bi € (Sno7”^(6) et
b2 € ^6) . Supposons trouvé c€ Vf,, nVf,2 , et soit c = w{c) . Les deux fonctions analytiques
5b1 et gb2 coïncident alors au voisinage de c , donc sont égales (principe du prolongement
analytique), d’où bi = Germ6(5bi) = Germbigbi) = b2 ; d’où l’assertion.
Montrons que ^nw~^(U ) = Ubçenw-Hb)^^ • construction, Ubeencr-i(6)^f» ^ .
Soit c€ , et c = tu{c) . Montrons qu’il existe b G ^r\w~'^{b) tel que gb{c) = E v a l(c ) .
Soit V le disque ouvert c + de C . D’après le théorème 9 .6 , on a une (unique) V-solution
h de l’équation (£) telle que h{c) = E v a l ( c ) . Comme c G i/ , il est clair que de > ^ ,
d’où U c V . La restriction de h k U est une [/-solution de (£), il y a donc un élément
b G (6 nw~^(b) et un seul tel que cette restriction soit gb , et on a bien gb{c) = E v a l ( c ) . En
vertu de la deuxième assertion du théorème 9 .6 (appliquée avec c à la place de a ), il en découle
que c = Germc(55) = gl{c), d’où C G Vb , ce qui achève de prouver que la condition (R^) est
satisfaite.
On observera que cette preuve alternative n’est guère plus compliquée que la précé­
dente. Le seul avantage de cette dernière résidait dans la taille de l’ouvert U trouvé
qui vérifie la condition (R/:) : on a montré que U = 6 + convient lorsque E est de
dimension finie, alors que sans cette hypothèse, il a fallu se contenter de U = 6 + .
La première preuve a utilisé les applications notées j Qui s’avèrent être des bijections
affines. Ces bijections jouent un rôle important dans une théorie plus approfondie des
équations linéaires (théorie des résolvantes) ^
En raison du théorème 9.7, lorsque l’ouvert ü de définition de l’équation (£) est
connexe et simplement connexe, pour intégrer (C) (c’est-à-dire en déterminer toutes les
solutions sur les sous-domaines de i? ), il suffit d’en déterminer les i7-solutions: nous les
appellerons les solutions maximales de (£), ou, lorsque cela ne prêtera pas à confusion,
les solutions tout court.
C o ro lla ire 1
Sous les hypothèses et avec les notations du théorème 9.7, le C-espace affine % (£ )
est isomorphe à E , donc de dimension ffnie égale à N . Dans le cas homogène, le
C-e.v. ifn{C) est isomorphe à E .

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Équations différentielles avec variable complexe 149

Démonstration:
En effet, fixons a e ü . D’après le théorème 9.7, l’application f{a) est
une bijection de sur E , qui est C-linéaire dans le cas homogène, et C-affine dans
tous les cas ■

C o ro lla ire 2
Sous les hypothèses et avec les notations du théorème 9.7, supposons (£) homogène.
Soit un entier p e , et soit des solutions f i , . . . , f p de {£). Les assertions
suivantes sont équivalentes:
(I) Il existe a e Q tel que les vecteurs / i( a ) , ..., fp{a) de E soient C-iineairement
indépendants.
(II) Pour tout a e Î2, les vecteurs fi{a),...,fp{a) de E sont C-linéairement
indépendants.
(III) Les fonctions f i , . . . , f p sont C-iinéairement indépendantes.
(IV) En conséquence, si p = N , pour que ( / i , ... , M soit une base de % ( £ ) , il
faut et il suffit qu^il existe a e Ü tel que (/i(a),..., / n (û)) soit une base de E , et
s^il en est ainsi, cette propriété est vraie avec tout a e Î2 .
Toujours dans le cas homogène, on définit le déterm inant fonctionnel, de N so­
lutions / 1, . . . , / n dans une base B = {ei,... , cn ) de E : c’est la fonction
(15) ^ b J u- J n • ^ — »C, ZI— » d e t B ( /i( z ) ,...,/j v ( 2 ))
On appelle systèm e fondamental de solutions de (C) toute base ( / 1, . . . , / n ) de
ifn{C). On a alors:
C o ro lla ire 3
Sous les hypothèses et avec les notations du théorème 9.7, supposons (jC) homogène.
Soit B une base de E . Soit / 1, .. . , / n des solutions de {C). Pour qu^elles forment
un système fondamental de solutions de (£), il faut et il suffît qu^il existe z € Î2 tel
que ^ 0 . S'il en est ainsi, on a alors ^ 0 pour tout
ze Q .
Lien avec les solutions ordinaires
Nous appellerons solution ordinaire de (C) toute /-solution de l’équation différentielle
linéaire ordinaire, où la fonction inconnue est à valeurs dans E , qui s’écrit comme (£),
mais avec z remplacé par une variable réelle t qui varie dans un intervalle ouvert non-
trivial I contenu dans i? H IR. Il suffît évidemment de considérer le cas où I est une
composante connexe non vide de i7nlR (si i?nlR ^ 0 ). Nous noterons (£ r ) l’ensemble
des équations linéaires ordinaires ainsi obtenues en considérant toutes les composantes
connexes de Ü C\ I .
Supposant i?n[R non vide, fixons une, notée I , de ses composantes connexes. Notons
(^R,/) réquation linéaire ordinaire ainsi obtenue, et soit S//(£|r j ) le C-espace affine de
ses /-solutions. On sait que pour tout a G / , les applications
Xn,a : %(>c) — >E, / I— ^ /(a ) et X/,a : ^/(£ r,/) — >E , ip \ ^ (p{a)
sont des bijections affines. D’autre part, il est immédiat que pour toute solution / de
(C) , la fonction /|^ est /-solution de (£ r,/) • Soit l’application

(16) PI : % (£ ) — >S>i{Cuj) , / —-

Il est immédiat que p est C-affine dans tous les cas, et C-linéaire dans le cas homogène.
On a Xi^a^pi = XQ^a , d’où pi = (X/,a)” ^ O Xü^a , donc:
P r o p o s itio n 9.9
Sous les hypothèses du théorème 9.7, et avec les notations ci-dessus, dans tous les
cas. Pi déffnie par (17) est une bijection affine; dans le cas homogène, pi est une
bijection C-linéaire.
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150 §9

Une conséquence immédiate de la proposition 9.9 est que toutes les /-solutions de
(£(r /) sont analytiques réelles, un résultat que nous avions déjà prouvé autrement au
paragraphe 2.
Une autre conséquence, très importante, est une nouvelle voie d’étude des singularités
d’une équation différentielle ordinaire. Supposons par exemple que j? = C \ iR_ .
L’équation {Cu) pourra être envisagée sur R * , où elle présentera une singularité à
l’origine. Ses solutions régulières seront celles des équations ) et ) • Or
grâce à la proposition 9.9, les i?-solutions de (£) vont relier étroitement ces deux types de
solutions régulières, et en général le comportement des i?-solutions de (£) au voisinage
de l’origine éclairera celui des solutions de (£ r ) .
Dans le cas homogène, remarquons que la proposition 9.9 aurait aussi pu être prouvée
en évaluant en les points de / le déterminant fonctionnel d’un système fondamental
de solutions de (£) : leur valeur en a G / est en effet le déterminant
fonctionnel en a des solutions (<^i, • •. de (C^j) (où (pi désigne la restriction
de fi à / ) : cette valeur étant non nulle, la suite (<^i,... ,<^n ) est donc un système
fondamental de solutions de ( C ^ j ) .
Systèmes différentiels linéaires complexes carrés
Soit un entier N > 1 et un domaine de C . Donnons-nous des fonctions ana­
lytiques et (6i)i<i<N , à valeurs complexes et définies sur ü . On
associe à ces données le systèm e différentiel linéaire complexe carré (l’épithète
“ carré ” étant là pour rappeler que le système comporte le même nombre d’inconnues
que d’équations, mais pouvant être sous-entendu sans inconvénient):
j= N
(17) (ViG|l,AT]l) 2/j = fej +
j=i
Ce système est dit homogène ssi les bi sont toutes nulles, il est dit à coefficients
constants ssi les fonctions üij sont toutes constantes. Dans le cas général, les fonctions
a ij sont appelées les fonctions coefficients (ou plus brièvement les coefficients, et
la suite de fonctions (bi) est appelée le second membre. Les yi sont appelées les
fonctions inconnues.
Etant donné un sous-domaine non vide U de Î2, on appelle U -solution du système
toute suite (-^i,. . . , V^iv) de fonctions analytiques définies sur U à valeurs complexes
qui vérifie, pour tout z e ü :
j= N
(18) ( Vi e [1, N] ) i>[{z) = hi{z) + Y ,
i=l
Par définition, intégrer le système (17), c’est déterminer toutes ses solutions sur tous les
sous-domaines de ü .
On ramène immédiatement (17) à une seule équation du type (C) en considérant le
C-e.v. E = C ^ (muni d’une norme quelconque et que l’on équipe de sa base canonique
B = (e i,... ,e//) ), la fonction B : Q ^ E , z (bi(z),... ,bi<i(z)) et la fonction
A :Q Homc(-Ê') 9^1 associe, à tout z e Q , l’endomorphisme dont la matrice dans la
base B est (9'ij(^))(^ij)^ii^Nj2 • Etant entendu que l’équation (£) considérée ici est celle
correspondant à ces choix de E , A et 5 , il y a alors identité entre U-solution de (17)
et [/-solution de (£ ). Le théorème de Cauchy-Lipschitz complexe 9.7 s’applique donc.
Nous laissons au lecteur le soin de rédiger des énoncés détaillés, mais nous utiliserons de
tels énoncés si nécessaire.
Inversement, par passage aux fonctions coordonnées dans une base fixée de E ,
l’équation générale (C) se ramène à un système de type (17). Selon le choix de la base, on
arrive ainsi à des systèmes différentiels linéaires complexes en général de forme différente,
qui traduisent une même équation (C) à inconnue vectorielle. Un choix adéquat de la
base pourra le cas échéant ramener (£) à un système différentiel abordable.

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Équations différentielles avec variable complexe 151

Systèmes linéaires complexes à coefficients constants


Le cas particulier des systèmes à coefficients constants est particulièrement simple.
Un tel système se ramène à une équation à inconnue vectorielle de la forme (£), avec
A fonction constante.
Revenons donc à l’équation générale (£ ), mais avec A constante, partout égale à un
endomorphisme L e Homc(-É^) • Considérons l’équation homogène associée:
(^L.o) V' = L - V
qui est définie sur C . Le théorème 9.7 lui est applicable, mais on peut ici le démontrer
directement de façon élémentaire. Il suffit en effet d’observer que pour toute fonction
analytique f : U E , où U désigne un sous-domaine de C , la fonction
g : c — * E , ZI— » (exp(-zL )) • /(z)
est analytique, de dérivée donnée par z {exp>{—zL)) • {f'{z) - L • f { z ) ) . Comme
exp(—2;L) est inversible quel que soit 2:, on en déduit que / vérifie (^l ,o) ssi ^' = 0 ,
donc si g est constante puisque U est connexe. Dire que g est constante équivaut à
dire que pour tout Zq e U ^ on a, f{z) = (exp((2: —zq)L)) • f{zo) . Ainsi on retrouve
non seulement toutes les conclusions du théorème 9.7, mais en outre on obtient une
expression explicite de la solution maximale qui prend la valeur Yq en un point donné
zq : cette solution maximale est la fonction C E ^ z ^ (exp((2; - zq)L)) • Yq . Le
lecteur adaptera sans peine à ce cas l’étude, faite à la section 4.1, des équations linéaires
homogènes à inconnue vectorielle et à coefficients constants. Dans les deux cas, tout se
ramène à l’étude de la fonction C —» Uomc{E) , 2; exp(—2:L).
Considérons maintenant l’équation linéaire complexe à coefficients constants
{Sl ) y ' = L y -h b
dans le cas d’un second membre analytique B quelconque. Le théorème 9.7 lui est
applicable, mais la démonstration de ce fait n’est plus élémentaire, car pour recopier
celle faite au paragraphe 4 pour les équations linéaires ordinaires à coefficients constants
avec second membre, il faudrait disposer d’un substitut complexe aux primitivations de
variable réelle qui y sont utilisées. Nous verrons plus loin comment on peut tourner cette
difficulté.
Équations linéaires scalaires complexes d’ordre quelconque
Soit un entier AT > 1, et soit un domaine de C . Donnons-nous des fonctions
analytiques a i , . .., è , à valeurs complexes, définies sur ü . On leur associe l’équation
i= N

i=l
appelée équation linéaire scalaire complexe d ’ordre iV , en la fonction inconnue
y . La fonction b est appelée le second m em bre. L’équation est dite homogène ssi
le second membre est la fonction nulle. Les fonctions ai sont appelées ses coefficients.
L’équation est dite à coefficients constants ssi les coefficients sont tous des fonctions
constantes. L’équation homogène obtenue en remplaçant le second membre de
par la fonction nulle sera dite associée à ÇS).
Étant donné un sous-domaine U de i? , on appelle U-solution de toute fonction
analytique (p : U ^ C qui vérifie, pour tout z e U :

(19) = 6(z)
i=l
L’ensemble des [/-solutions de forme dans le cas général un sous-C-espace affine,
et dans le cas homogène, un sous-C-e.v., de l’espace vectoriel des fonctions analytiques
de U dans C . Cet espace sera noté • Si b est quelconque, ou bien
ou bien son espace vectoriel directeur est > Une différence essentielle entre les
équations linéaires scalaires ordinaires et les équations linéaires scalaires complexes est
que pour ces dernières, le cas où = 0 n’est pas exclu:
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152 §9

Exem ple 9.2 :


Prenons iV' = l et i? = C * ; considérons l’équation scalaire complexe du premier
ordre y'{z) = ^ , qui sera étudiée en détail plus loin. Les C*-solutions de l’équation
homogène associée forment le C-e.v. de dimension 1 des fonctions constantes sur C * .
Pourtant le C-espace affine des C*-solutions de l’équation de départ est vide, comme ce
sera justifié à l’exemple 9.3 ^
Comme dans le cas des équations linéaires scalaires ordinaires, on ramène l’équation
générale à une équation de la forme (£) de la manière suivante: soit E le C-e.v.
, équipé d’une norme et de sa base canonique B = (ei)i<i<N • Pour tout z e Î2 ^
soit B{z) = b{z)eN , et soit A(z) l’élément de Homc(£?) dont la matrice est {—ai{z))
si = 1 , et, si N > 2 , dont la matrice est sé{z) ci-après:

0 0
0
(20) d{z) =
0 0 1
<-aN{z) ........... -ai{z) ,
Considérons l’équation {C) correspondant à ce choix de E , A et B . Alors pour tout
sous-domaine C/ de i ? , pour toute [/-solution (p de ÇS), la fonction
est une [/-solution de (£ ), et l’application —> S/t/(£), p i-> est
une bijection affine dans tous les cas, une bijection C-linéaire dans le cas homogène. En
apliquant le théorème 9.7 à (£), on en déduit, pour , les conséquences suivantes:
T h é o rè m e 9.8
Supposons le domaine ü simplement connexe,
(I) Pour tout zo e , ¡’application
Xa.zo ; % ( « ) — > C " , ^^ {<p(zo),<p'(zo) ,.. . .
est une bijection, C-aiRne dans tous les cas, C-linéaire dans le cas homogène.
(II) Pour tout sous-domaine non vide U de Î2, l ’application de restriction
Qû,u • ^ ^
est une bijection, C-afRne dans tous les cas, C-linéaire dans le cas homogène.

En raison du théorème 9.8, pour intégrer , il suffit de déterminer ses i?-solutions.


On les appelle les solutions maximales, ou simplement, si cela n’entraîne pas de confusion,
les solutions de .
C o ro lla ire 1
Supposons l ’équation (^ homogène, et que Î2 soit simplement connexe. Le C-e.v.
^st de dimension finie égale à N .
Si ( ^ est homogène, on appelle systèm e fondam ental de solutions de (^ toute
base {(fl,... ,(Pn ) du C-e.v. • Pour une suite quelconque {(fi,... ,<Pn ) de solu­
tions de (‘^ , on définit sa fonction wronskien, notée Wronsk<^j,...,<^^ , par
(21) ( V z e /2 ) W ronsk^,....^^(z) = det^(¥>p
C o ro lla ire 2
Supposons l ’équation Çê) homogène, et que Ü soit simplement connexe. Une suite
(<pi,... , p n ) de solutions de en est un système fondamental de solutions ssi on
a Wronsk<^i,...,<^^(2:o) / 0 pour au moins un zq G Î2 . S ’il en est ainsi, pour tout
Z G Q on a W ronskt,
Revenons à une équation ("^ quelconque, et supposons /2 fl IR ^ 0. Pour toute
composante connexe I de i? fl IR , on définit l’équation linéaire scalaire ordinaire ( ^ /)
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Équations différentielles avec variable complexe 153

comme , mais en remplaçant par une variable réelle t qui varie dans I . Il est
immédiat que pour toute solution de , la restriction de à / est /-solution de
(%,/) • Oil démontre alors, de la même manière que pour la proposition 9.9:
P r o p o s itio n 9.10
Supposons ü simplement connexe. Soit I une composante connexe de 1? fl R (sup­
posé non vide). U application
Pi : ^ ^ ^\j
est une bijection, C-affine dans tous les cas, C-iinéaire dans le cas homogène.

Équations linéaires scalaires à coefficients constants


Dans l’équation , supposons toutes les fonctions ai constantes. Notons ci la
valeur constante de a i. Nous traiterons le cas d’une équation homogène; on peut la
définir sur i? = C tout entier:
i=N
(N) .„(N-i) 0
{%) y +
i= l
On définit comme pour les équations linéaires scalaires ordinaires homogènes à coefficients
constants, le polynôme caractéristique de (%) : c’est le polynôme + ^ ¿ 1^ CiX^ ~ ^ .
Pour tout couple (A, m) G C X , on notera le C-e.v. des fonctions C ^ C
de la forme z i-> P{z) , où P e C[ X] est un polynôme de degré < m . Par une
démonstration identique à celle du théorème 4.2, on obtient:
T h é o rè m e 9.9
Considérons une factorisation sur C du polynôme caractéristique C{X) de {%) :
i=p
C{X) = Y[{X -
i=l
avec P , des Xi deux à deux distincts et des entiers ai > 1. On a alors
i=p

i=l

On laisse au lecteur le soin de développer une théorie des équations à coefficients


constants avec second membre particulier élément de l’un des P\^k • L’adaptation ne pose
aucun problème particulier, la C-primitivation des polynômes d’une variable n’offrant
aucune difficulté.
9.4 P rim itives de fonctions analytiques com plexes
Soit i? un domaine non vide de C et / : i? —> C une fonction analytique. On
considère l’équation linéaire scalaire complexe du premier ordre:
y'= f
Pour tout sous-domaine U de Î2 , les [/-solutions de sont appelées les U -prim itives
de f . On sait qu’elles sont analytiques, mais ce fait est rendu évident par la forme
particulière de , puisqu’il y a équivalence entre C-dérivabilité et analyticité. Les Ü-
primitives de / en sont appelées les primitives globales. L’équation homogène associée
à a, quel que soit le sous-domaine U de Ü , pour espace de [/-solutions le C-e.v.
des fonctions complexes constantes sur U , qui est de dimension 1 (c’est une conséquence
immédiate du théorème des accroissements finis). Par suite, s’il existe une [/-primitive
Fu de / |^ , les autres [/-primitives sont les fonctions U C , z ^ Fu{z) d- C , où C
est une constante complexe arbitraire. Il en découle évidemment:

(
Si f admet des primitives sur un sous-domaine U de ü , et si a e U , alors
pour tout C e C , il existe une et une seule U-primitive de f qui prend la
valeur C au point a .
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154 §9

L’exemple 9.2, qui sera justifié en détail ci-dessous, nous a montré qu’en général, /
n’admet pas de primitives globales. Mais le théorème 9.7 entraîne:
T h é o rè m e 9.10
Supposons le domaine Q simplement connexe. Alors toute fonction analytique
f \ Î2 C admet des primitives globales. Elles forment un C-espace affine de
dimension 1 , dont Fespace vectoriel directeur est le C-e.v. des fonctions complexes
constantes définies sur Î2 .
Avec les notations ci-dessus, nous dirons que / admet des primitives locales ssi pour
tout point a G i? , il existe un sous-domaine U de Î2 voisinage de a tel que / admette
des [/-primitives. On retrouve alors (ce qui est élémentaire par les séries entières) :
C o ro lla ire
Toute fonction analytique sur un domaine ü de C y admet des primitives locales
Démonstration:
En effet, soit a e Î2. Tout disque ouvert U de centre a et contenu dans ü est un
domaine simplement connexe (il est convexe donc contractile), donc d’après le théorème
9.10, la restriction de f k U admet des primitives globales ■

Primitive le long d’un chemin


Soit i7 un domaine non vide de C et une fonction analytique / : i? ^ C . En
général, / n’admet pas de primitive globale; compte tenu du corollaire du théorème
9.10, on voit que ce qui contrarie l’existence de telles primitives est l’impossibilité de
recoller entre elles des primitives locales de manière à obtenir une fonction continue.
À défaut de primitives, les intégrales curvilignes peuvent rendre des services de na­
ture analogue. Rappelons qu’étant donné un chemin 7 de classe de ü et une
forme différentielle complexe u sur Î2 (c’est-à-dire une application continue de i? dans
HomiR(C)), on appelle intégrale curviligne de oj le long de 7 le scalaire, noté
défini par:

(23) / W= ^ (w (7(i)) ) (Y(i)) di

À la fonction analytique / , est associée une forme différentielle naturelle, celle qui, à
tout 2: G i? , fait correspondre la multiplication par f{z) dans C . Il est traditionnel de
noter d f cette forme différentielle, ou encore /(.) d (.), étant entendu qu’on peut mettre
une variable muette à la place du point; par exemple on parlera de la forme différentielle
f{z) dz . Pour tout chemin 7 de classe dans i? , l’intégrale curviligne d f (qu’on
peut donc aussi noter f{z) dz , ou f{t) d t ,...) est appelée Vintégraie curviligne
de f le long de 7 . Par définition, on a donc:

(24) J f{z) dz =

Lorsque / admet des primitives globales, soit F l’une d’entre elles. Alors F 07 est une
primitive ordinaire, sur [0, 1] , de la fonction continue t 1-^ f {'lit)) • La formule
(24) se réduit donc, en posant a = 7 (0) et b = 7 (1), à:

(25) f(z) dz = J \ f o yY{t) dt = [{F O 7)(i)]J = F{b) - F{a)

qui montre, compte tenu du théorème 9.10, que f ^ f ( z ) d z ne dépend que du couple
(a, 6) (en effet, changer de primitive F revient à y rajouter une fonction constante, ce
qui laisse F (b) — F(a) invariant).
Ces propriétés laissent soupçonner que lorsque la fonction analytique / n’admet pas
de primitive globale, d’une part la dépendance d’une intégrale curviligne de / le long
d’un chemin de classe par rapport à ce chemin est assez légère, et d’autre part que
l’hypothèse que le chemin est de classe n’est pas essentielle, le fond de la question
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Équations différentielles avec variable complexe 155

étant étant de recoller des primitives locales le long de 7 . Les outils pour arriver à un
énoncé précis ont été forgés: le théorème 9.4 et la remarque 9.3. On arrive ainsi au
T h é o rè m e 9.11
Soit Q un domaine de C , soit une fonction analytique f : Î2 ^ C , Soit 7
un chemin de Q . Pour tout C e C , il existe une et une seule fonction continue
Fc : [0, 1] C telle que Fc{0) = C et telle que pour tout t e [0, 1] , on puisse
trouver un disque ouvert U de centre ^{t) contenu dans Ü , un réel r] > 0 et une U-
primitive G de f vérifiant Fc(u) = G(j(u)) pour tout u e [0, 1] n [t - r j , t r j ] .
Pour tout C , on a Fc = Fo -h O'l[o,i] (où l[o,ij désigne la fonction constante
[0,1 ] —>C J t 1 ). En conséquence, F c {l) - Fc{0) ne dépend que de 7 et non de
C . Enfin F c {l) - Fc{0) ne dépend que de la classe d^homotopie de 7 .
Démonstration:
L’existence et l’unicité de Fc découle de la combinaison du théorème 9.9 (appliqué
à l’espace des germes de solutions de ) et de (22). La dernière assertion découle de
la remarque 9.3 ■

D é fin ît ion 9.6


Dans les conditions du théorème 9.11, pour tout C e C , la fonction Fc est appelée
la prim itive de f le long de 7 qui prend la valeur C en 0 . Le nombre complexe
égal à Fc(l) - Fc(0) pour tout C e C est appelé Pintégrale curviligne de f
sur 7 , et sera noté f ou /(.) d (.).
Vérifions la cohérence de la définition 9.6 avec la définition antérieure d’intégrales
curvilignes sur des chemins de classe . Dans les conditions du théorème 9.11, sup­
posons 7 de classe . Fixons to E [0 ,1 ], soit U un voisinage ouvert simplement
connexe de 7 (^0) contenu dans ü , et soit ^ une [/-primitive de / . Soit un réel rj > 0
tel que 7 (J) C U , où J = [0,1] D [to —r],to r]] . Par dérivation de fonctions com­
posées, la fonction ip : J —►C , i •—>^{y{t)) est dérivable, sa dérivée étant donnée par
t ^ • La fonction ^ : [0,1] C,u / ( 7 (t ))7'( t ) d r est de classe
, sa dérivée étant donnée par u f{'y{u))j'{u) . On a donc une constante Cj e C
telle que гp{t) = (p{t) + Cj pour tout t E J . La [/-primitive ^ ^ + Cj l ц de / (où
í ц désigne la fonction constante égale à 1 sur [/) vérifie donc = '0 ([)pour
tout t e J . Par suite ^ est la primitive de / le long de 7 qui prend la valeur 0 en 0 ,
et l’intégrale curviligne de / sur 7 au sens de la définition 9.6 coïncide bien avec cette
intégrale curviligne au sens de (24).
Il résulte du théorème 9.11 que l’intégrale curviligne d’une fonction analytique / sur
U le long d’un chemin 7 de i? ne dépend que de la classe d’homotopie de ce chemin.
Il est trivial que l’intégrale curviligne d’une fonction analytique sur un chemin constant
est nulle. Par suite:
C o ro lla ire 1
Soit i? un domaine de C , et soit une fonction analytique f : i? —> C . Soit 7 un
lacet de Ü homotope à zéro. Alors f (z ) d z = 0.
Notons que quel que soit le domaine U , si une fonction analytique f : 17 C
admet une primitive globale sur U , alorsf{z) dz = 0 pour tout lacet 7 de [/ : cela
découle immédiatement de la définition 9.6 et du théorème 9.11: on prend toujours la
même primitive locale (à savoir, la primitive globale).
Exem ple 9.3 :
Soit j? = C * . Soit / la fonction analytique i? —>C , z ^ . Soit 7 le chemin (de
classe ) donné par 1 1-> pour t e [0, 1] . On a:

/ f{z) dz = 2i 7T 02^^' dt = 2i 7T dt = 2i 7T^ 0


^7 Jo Jo
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156

donc d ’après le corollaire 1 ci-dessus, 7 n ’est pas hom otope à zéro d ans C ; a fortiori^
C * n ’est pas sim plem ent connexe. De plus d ’après la rem arque ci-dessus, / n ’ad m et
pas de prim itive globale sur i? , ce qui justifie com plètem ent l’exem ple 9.2 ^

Notation des primitives globales


Soit i? un dom aine s im p le m e n t c o n n e x e de C , et soit une fonction an aly tiq u e / :
ü C . S i a G i 7 e t 6 e i ? , i l découle im m édiatem ent de la définition 9.6 e t du théo rèm e
9.11 que po u r to u te prim itive globale F de / e t p o u r to u t chem in 7 de i? d ’origine a
e t d ’arrivée 6 , on a F{b) - F{a) = f { z ) dz (com m e plus h a u t, on p ren d to u jo u rs p o u r
prim itive locale c e tte prim itive globale). Nous noterons f ( z ) d z le nom bre com plexe
égal, quel que soit un tel couple (F, 7 ) , à f {z ) dz e t à F{b) — F{ a ) . C e tte n o ta tio n
est cohérente avec la n o ta tio n ordinaire des intégrales usuelles des fonctions de variable
réelle: en effet, si le segm ent de K -droite [a, 6 ] est contenu dans i? fl IR , le changem ent
de variable x = {1 — t)a -{■tb dans l’intégrale ordinaire
rb
(x) dx
l (^1- )
m o n tre que c e tte intégrale ordinaire est bien égale au nom bre noté ci-dessus f{z)dz .
Avec c e tte n o ta tio n , quel que soit a G i ? , la fonction

(26) n C, i f i u ) du
Ja
est la prim itive globale de / qui prend la valeur 0 en a .
L a form ule (25) ren d évidentes les propriétés suivantes:

(27) fS i a et b sont fixés, Vappîication g f ^ g ( z ) d z est une forme C-Iinéaire sur


\ l e C -e.v. des fonctions analytiques complexes sur Q
'P our tous points a , b , c de Q et pour toute fonction analytique complexe
f sur ü , on a:
(28)
i f{z)dz= i f(z)d z+ [ f{z)dz
Ja Ja Jb
Pour tous a e ü , b e f2 tels que [a,b] C Ü , et pour toute fonction analytique
complexe f sur Q , on a
(29)
\[ f{z)dz ■ < | 6 - a | Sup ( 1/ ( 01)
Ja ^G [a,6]

(on vérifie im m éd iatem en t (29) en écrivant que f { z ) dz est l’intégrale o rd in aire (de
la variable t réelle) / qV ((1 ~ {b - a) dt ).

Deux propriétés des intégrales curvilignes


Les pro p riétés (27) e t (28) ci-dessus des prim itives globales s ’éte n d e n t au x intégrales
curvilignes de la m anière suivante.
P r o p o s itio n 9.11
Soit ü un domaine de C .
(I) Fixons un chemin 7 de i ? . L^application f ^ f ^ f { z ) d z est une forme C -
linéaire sur le C -e.v. des fonctions analytiques complexes sur Q .
(II) Soit ^ et 6 deux chemins de Q , tels que Forigine de 6 coïncide avec Varrivée
de 7 . Pour toute fonction analytique complexe f sur Q , on a

[ f { 2^ ) à z = Î f { z ) d z - ^ ( f { z ) d z
J 6*^ 'ï'Y là

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Équations différentielles avec variable complexe 157

Démons ira tion :


Assertion (I)
Soit f et g deux fonctions analytiques complexes sur Î2. Soit respectivement F et
G des primitives de / et p le long de 7 . Alors pour tout (A, n) e , on vérifie que
XF + fJiG est une primitive de A/ + fig le long de 7 . L’assertion s’en déduit.
Assertion (II)
Soit F une primitive de / le long de 7 . Soit A la primitive de / le long de ô qui
prend la valeur F{1) en 0. On peut considérer F et A comme des chemins de C . Par
construction, l’arrivée de F coïncide avec l’origine de . En revenant aux définitions,
on vérifie alors que A'k F est une primitive de / le long de (5★ 7 . Par suite:
f{z)dz = {AkF){l)^{Ai.F){0)

+ |(Z i* r)(-)-(Z i* r(0 )


(<
= (z\(l)-/i(0)) + (r(l)-r(0))
= j f{z) àz + j j { z ) d z

ce qui achève la démonstration ■

9,5 A pplication aux équations linéaires com plexes


Nous pouvons maintenant compléter notre étude des équations différentielles linéaires
complexes en leur étendant, dans le cas où elles sont définies sur un domaine simplement
connexe, les méthodes d’intégration des équations ordinaires.
*
Equations scalaires complexes du premier ordre
Soit Fl un domaine sim plem ent connexe de C , et soit A et B deux fonctions
analytiques complexes sur i l . Pour tout zq Gi? , la fonction

(30) fl — y C , Z I— ►exp A(u)du

est C-dérivable, sa dérivée s’exprimant par


(31) ^exp A (u )d u )) = A{z) exp A{u)du

(application de la C-dérivation des fonctions composées). Cela perm.et de reprendre


pas à pas la démonstration du théorème 1.1 pour l’adapter à l’équation linéaire scalaire
complexe
(32) y ' = Ay + 5
On obtient ainsi:
T h é o rè m e 9.12
Avec les hypothèses ci-dessus, soit (zo,yo) G x C . La fl-solution fzo,Vo cíe (32)
qui prend la valeur Yq en zq est donnée, pour tout z e f l , par:

(33) f Y o M = ^Yo + B { v ) exp J A(u)dtx^ duj exp A(u)dv^

Dans la pratique, on pourra présenter (33) avec l’analogue de la disposition pratique


de variation de la constante exposée au paragraphe 1 pour les équations linéaires scalaires
du premier ordre ordinaires.
Formule d’Abel complexe
Soit E un C-e.v.n. de dimension finie N > 1, soit fl un domaine sim plem ent
connexe de C et deux fonctions analytiques A : i? —>Hom£(E) et B : il E . On
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158 §9

considère l’équation linéaire complexe à inconnue vectorielle à valeurs dans E :


(34) y ' = A •y + 5
Soit B = {ei)i<i<N une base de £7 et solutions / i , . . . , / n de (35). Notons W
le déterminant fonctionnel • Cette fonction W est de manière évidente
analytique. Par une démonstration calquée sur celle du théorème 2.3, on démontre que
pour tout Z e ü :
(35) W'{z) = W{z) Tr {A{z))
(la règle de C-dérivation d’un déterminant de matrice C-dérivable est analogue à celle
de dérivation ordinaire d’un déterminant de matrice R-dérivable). Comme la fonction
complexe z Tr (A{z)) est analytique sur ü , la formule (35) signifie que W est
solution d’une équation de type (32) homogène, d’où, en appliquant le théorème 9.12:
T h é o rè m e 9.13
Soit / i , . . . , /iv solutions de Féquation linéaire complexe (35) et soit B = (c i,. . . , e//)
une base de E (Vouvert Q étant supposé simplement connexe). Quels que soient
zq e ü et Z e Î2, on a la form ule d ’Abel:

WrB,/i,...,/w(2) = Vlreju-Jivi^o) exp Tr (A(u))

Le théorème 9.13 confirme, en le précisant, le corollaire 3 du théorème 9.7. On


en déduit facilement, comme pour les équations linéaires scalaires ordinaires d’ordre
quelconque:
T h é o rè m e 9.14
Soit Q un domaine simplement connexe de C et o i ,. .., des fonctions complexes
analytiques sur Q (où N e ). Soit des solutions de Féquation
linéaire scalaire homogène complexe

i=l
Pour tous zo e Ü et Z e fl f on a la form ule d ’Abel:

WrQnsky,i,...,<^;^(z) = Wronsk<^i,...,<^^(2:o) exp (^~J du

Le théorème 9.14 confirme et précise le corollaire 2 du théorème 9.8.


Variation des constantes
Soit E un C-e.v.n. de dimension finie iV > 1 , soit Î2 un domaine sim plem ent
connexe de C et deux fonctions anal3d;iques A : —>Homc(E) et B : il E . On
considère l’équation linéaire complexe à inconnue vectorielle à valeurs dans E :
(C) Y ' = A ‘Y B
Nous noterons (£ q) l’équation homogène associée à (C) et (yi,...,y}v) un système fon­
damental de solutions de (£ q) • Soit (Ai,..., Ayv) des fonctions complexes analytiques
sur Q . On voit, de même qu’à la section 2.4 pour les équations linéaires ordinaires, que
la fonction XiYi est solution de (£) ssi
i=N
(36)
i=l
ce qui permet, en reprenant pas à pas l’étude faite à la section 2.4, de ramener l’intégration
complète de (£) à N quadratures complexes sur Ü (c’est-à-dire à N primitiva-
tions de fonctions analytiques complexes sur ü ) . De manière précise, fixons une base
B = (e i,...,e ;v ) de E . Pour tout j e |[l,nj, notons {yij)i<i<n les fonctions coor­
données de Yj dans B . Pour tout z G i ? , soit M{z) la matrice {yij{z))(ij)^ii^Np >
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Équations différentielles avec variable complexe 159

d’où d e t (M(z)) = . On notera W{z) = d e t (M(2:)). On a W{z) ^ 0


pour tout 2: puisque (V^) est un système fondamental pour (£0) • Soit enfin (61, , b^)
les fonctions coordonnées de B dans B . La relation (36) équivaut à:
j=N
(37) (Vi6ll,n])
J= 1
Pour tout ( A ; , e |l,iV p , notons Tk,e{^) le cofacteur d’indice ( k j ) de la matrice
M { z ) . Fixons zq e Ü .
Pour tout (C l,. .., Cn ) g , définissons la fonction

(38) : n ^ E , Z 6i(u)Ti,,(îi)^ duj Yj(z)

Par une méthode calquée sur celle de la section 2.4 relative aux équations linéaires or­
dinaires, on démontre que rapplication ^q {^ ) , (C i,..., C ^ ) •-> / zo,Ci ,...,Cn est
une bijection C-affine.
On laisse au lecteur le soin d’étendre au cas des équations linéaires scalaires complexes
d’ordre N quelconque définies sur l’ouvert simplement connexe 1? de C les formules (7)
et (8) de variation des constantes données au paragraphe 3 pour les équations linéaires
scalaires ordinaires d’ordre N .

9.6 Logarithm e com plexe


Rappels
Rappelons que la fonction entière
-
(39) exp : C — ^ C ,
n=0

définit un morphisme surjectif du groupe additif (C, -f ) dans le groupe multiplicatif


(C* , x ) , dont le noyau est 2iTrZ. L’application t e x p (it) définit un morphisme
surjectif du groupe additif (IR,+) sur le groupe multiplicatif (OJ, x) (où l’on a noté
llJ = { z G C | | z | = l } ,l e cercle unité), dont le noyau est 27tZ . La restriction de
exp à IR définit un isomorphisme du groupe additif (IR, +) sur le groupe multiplicatif
(IR+ , x ) , appelé exponentielle réelle, qui est aussi un homéomorphisme croissant, et dont
l’homéomorphisme réciproque est appelé logarithme népérien, souvent noté In mais que
nous noterons aussi Log .
Pour tout Z G , on note log(z) l’ensemble des i G C tels que в* = z , et
arg(z) l’ensemble des в e U tels que = jfj . L’ensemble 1од(г) est non vide, et
pour tout to G lo g (2r), on a 1од(г) = io + 2i 7rZ . L’ensemble агд(г) est non vide, et
pour tout ^0 ^ а г д (г ), on a arg(^) = + 27tZ . Si i = $ 4- G C avec (^, ^) G IR^ ,
on a l’équivalence:
(40) t G log(z) (^ = Log(|2:|) et ^ G arg(z))
Sur tout ouvert U de , on appelle déterm ination du logarithm e toute fonc­
tion continue (p : U ^ C telle que (p{z) G lo g (2() pour tout 2: G C , i.e. telle
que exp Oy? = Idu . On appelle déterm ination de Vargument sur U toute fonc­
tion continue C : C/ —> C telle que G{z) G a rg (2() pour tout z e U , i.e. telle que
Z = \ z\ pour tout Z e U . Si on donne une fonction (p = S ± 0 : C/ —> C ,
avec S et O a valeurs réelles, alors (p est une détermination du logarithme ssi O est
une détermination de l’argument et E{z) = Log(| z |) pour tout z e U . Autrement dit
l’empêchement éventuel à l’existence d’une détermination du logarithme ne porte que
sur les arguments.
Sur un domaine U de C , il n’existe pas nécessairement de détermination du loga­
rithme. Mais on a le théorème suivant:

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160 §9

Théorème 9.15
Soit U un domaine de C . Soit ^ une détermination du logarithme sur U . Alors
l'ensemble des déterminations du logarithme sur U est
{<p + 2 ± k n lu } ^ ^ ^
OÙ l u désigne la fonction constante égale à l sur U . En conséquence, pour tout
zq e U et pour tout Ao € log(zo),il existe une et une seule détermination 'ip du
logarithme sur U telle que 'ip(zo) = Aq .
Démonstration:
Pour tout Â; e Z , il est immédiat que ipk = ^ l u ®st une détermination
du logarithme sur U . Réciproquement, soit ^ une telle détermination. Alors pour
tout Z e U , on a exp{(p{z)) = exp(^(2:)) = 2:, d’où exp(V^(z) - cp(z)) = 1, d’où
i){z) - if{z) G 2iTrZ. Comme est continue, comme U est connexe et comme
2i 7rZ est une partie discrète de C , nécessairement 'tp - (f est constante, donc il existe
k e Z tel que 'tp = 'ipk •
Soit zo e U et Xo e lo g(zo). Comme ip{zo) G lo g (2;o), il y a un entier A; G Z et
un seul tel que Aq = (p{zo) + 2i/c7r . Alors 'ipk(^o) = Aq , et pour tout entier ^ ^ fc, on
a 'ipei^o) = Ao + 2i{£ - k)7r ^ Xq ■

Soit L = C \ R_ : c’est un domaine simplement connexe de C . la fonction

(41) Log : L — >C , ln(|z|) + 2iArctg|^y^


\+dt{z)J
est une détermination du logarithme, appelée déterm ination principale du logarithme.
Le fait que Log définie par (41) est bien une détermination se vérifie par un calcul
élémentaire immédiat. On a Log(l) = 0, donc Log est la seule détermination du
logarithme sur IL qui prend la valeur 0 en 1. On constate que Log| = I n , c’est
pourquoi il n’y a aucun inconvénient, sauf cas particuliers très spécifiques, à noter Log
le logarithme népérien ordinaire I n . C’est ce que nous ferons systématiquement.

Analyticité des logarithmes


Nous noterons E_i la fonction —> C , z k-> ^ , qui est rationnelle donc analy­
tique. Nous avons vu à l’exemple 9.3 que E_i n’a pas de primitive globale. Mais elle a
des primitives sur tout sous-domaine simplement connexe de C * . Ces primitives sont
étroitement liées aux déterminations du logarithme:
T h é o r è m e 9.16
Soit U un sous~domaine sim plem ent connexe de , et soit (/? une U-primitive
de E _ i. Pour que if soit une détermination du logarithme sur U , il faut et il suffit
qu’il existe zq ^ U tel que (p(zo) G log(^o). En conséquence, sur U , il existe des
déterminations du logarithme, et ce sont toutes des fonctions analytiques.
Démonstration:
La nécessité de la condition est triviale. Réciproquement, supposons trouvé zq Ç: U
tel que ip{zo) G log(zo) • La fonction F = expoip est analytique sur U et on a
F' = ip'F , i.e. zF'{z) - F{z) = 0 pour tout z e U , donc ( " ^ ^ ) = 0 Pour tout
Z Ç. U , d’où, par connexité de U , l’existence de C G C tel que F{z) = Cz pour tout
Z e U . On a C zq = F{ zq) = = zq , donc C = 1 , donc expo(^ = Idc; >i-e. ^
est une détermination du logarithme sur U .
Fixons alors zq e U . D’après ce qui précède, les [/-primitives de E_i dont la valeur
en zo appartient à log(zo) sont des déterminations du logarithme sur U , et d’ailleurs
ce sont les seules en vertu du théorème 9.15. Elles sont bien analytiques puisque ce sont
des primitives de E_i ■
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Équations différentielles avec variable complexe 161

Il est aisé d’expliciter le développement du logarithme en série entière autour d’un


point quelconque. Commençons par le classique développement autour du point 1 :
T h é o rè m e 9 .1 7
Soit D = D\ (disque ouvert de C de centre 0 et de rayon 1 ). On a:
oo
{yZ e D ) —Log(l —z) =
n=l n
Démons t rat ion :
La série formelle S{X) = X)n>i n rayon 1, et on a

n>0
X

La fonction (f = S définie par S sur D est analytique et vérifie ^'{z) = pour


tout a;. Notons A le disque ouvert 1 + Di (de centre 1 et de rayon 1). Notons s
la bijection z ^ 1 — z de D sur Z\ et cr sa bijection réciproque, qui est donnée par
Z 1 — Z . Notons I la restriction de E_i à A . On a (p' = I o s , donc I = p' o <j .
En posant -0 = -(^ O c7 , on voit que o a = / . Donc 'ijj est une Z\-primitive
de E_i . Comme '0(1) = -<p(0) = 0 G log(l), on déduit du théorème 9.16 que 0
est une détermination du logarithme sur A ; c’est l’unique détermination qui prend la
valeur 0 en 1, donc ce ne peut être que la restriction de Log à A . Autrement dit
-(p{l - z) = Log(z) pour tout ^ G ^ , ce qui équivaut à dire que - Log(l - z) = <p(z)
pour tout z e D ■

C o ro lla ire
Soit (f une détermination du logarithme sur un sous-domaine U de C * , et soit
Zq e U . Soit r la distance euclidienne de zq à C \ U . Pour tout u e Dr , on a:

ф о + u) = <p(zo) + ^ ■
n=l nz^

Démonstration:
Il est clair que r < \ zq\ (noter que le cas r < \ zq\ n’est pas exclu). Les deux
fonctions
/ : D r — ►C , U — ►(p{zo + u)
I et g : Dr — ►C , и \— >p{zo) + Log ( i + “
V ^0
sont des déterminations du logarithme de Zq H - , qui prennent la valeur (p{zo) en zq ,
donc elles sont égales. Par le théorème 9.17, on a Log(l -\~ ^ ) =
pour tout n G Dr , et le corollaire en découle ■

Pour apprécier la puissance du théorème 9.17 et de son corollaire, le lecteur est prié
de revenir un instant sur la formule (41).

9.7 Indice d ’un lacet en un point


L’image L d’un lacet 7 de C étant compacte, l’ensemble C \ L est toujours un
ouvert non vide. On connaît assez bien la structure de cet ouvert lorsque 7 est un arc de
Jordan^ i.e. lorsque sa restriction à [0,1 [ est injective (ce sont les célèbres théorèmes de
Jordan dans le plan). Dans le cas général, la structure de cet ouvert peut être chaotique,
mais on peut attacher à chacune de ses composantes connexes un entier relatif bien
déterminé, qui, intuitivement, rend compte du nombre de fois qu’on aura tourné autour
du point en décrivant le lacet, mais en comptant algébriquement les angles des rotations
effectuées: positivement quand on tourne dans le sens direct et négativement quand on
tourne dans le sens indirect, le nombre de tours final s’obtenant par addition algébrique
de toutes ces rotations assorties de leur signe.
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162 §9

D é fin itio n 9 .7
Soit 7 un chemin de . Nous appellerons r e lè v e m e n t lo g a r ith m iq u e de 7
toute application c o n tin u e F : [ 0 , 1 ] —> C telle que e x p o F = 7 , i.e. telle que
F(t) e lo g (7 (i)) pour tout t G [ 0 , 1 ] .

T h é o rè m e 9.18
Soit 7 un chemin de C * , d'origine a et d'arrivée b. Pour tout C e C , notons
Fc la prim itive de E_i le long de 7 qui prend la valeur C en 0 . Alors Fc est
un relèvement logarithmique de 7 ssi C G l o g ( a ) . L'ensemble des relèvements
logarithmiques de 7 est {Fc}ceiog(a) • En conséquence, pour tout C G l o g ( a ) , il
existe un et un seul relèvement logarithmique de 7 qui prend la valeur C en 0 .
Démonstration:
Dans l’espace des germes de fonctions continues ^ = (Î5(C ^,C ), notons (S le
sous-ensemble des germes de primitives de E_i et SI le sous-ensemble des germes
de déterminations du logarithme. Nous savons que est un ouvert déployé de 9”
revêtement de C * . On a i î C € . Comme d’habitude, nous noterons w la projection
naturelle ST—>C* et E val la projection naturelle S"—>C.
• Montrons que ü est un ouvert déployé de 2T revêtement de C * . Puisque £ C € ,
la condition (D) de la proposition 9.6 est vérifiée pour £ . Soit a G C * . Soit U
le disque ouvert a + D r, où r = \a\ (i.e. U est le disque ouvert de centre a et
de rayon r ) . Fixons A G lo g (a ) , et pour tout k e T , soit fk la détermination
du logarithme sur U qui prend la valeur A + 2iA;7r au point a , de sorte que l’on a
fj^ =z /0 + 2i/c7T I t; (où l u désigne la fonction constante sur U partout égale à 1 ).
L’existence des fk est assurée, puisque U est un sous-domaine simplement connexe de
C"'" . Pour tout A; G Z , l’ensemble I4 = f l i ^ ) ouvert de C , contenu dans £ ,
voisinage de = Germa(/fc) et homéomorphe a U { f l définit un homéomorphisme
'ipk de U sur Vk , dont l’homéomorphisme réciproque (pk est induit par w ). D’après
le théorème 9.15, on a £ n w~^{a) = {Cik}kel • Les sont manifestement deux à
deux distincts. Il découle immédiatement du théorème 9.15 que les Vk sont deux à deux
disjoints. Montrons pour finir que Uk^z^k = S^ H w~^{U). Soit en effet C G £ tel
que w{c) G U , notons c = w {c ) . Soit u un disque ouvert de centre c, contenu dans
U , et sur lequel on ait une détermination g du logarithme vérifiant Germe(p) = C.
Puisque g{c) G lo g (c ), on a une et une seule détermination du logarithme sur U qui
prend la valeur g{c) en c, et c’est l’une des fk (théorème 9.15). Soit donc ko e Z
tel que fko(c) = g{c). D’après le théorème 9.15, on a fko\^ = g, d’où l’on déduit
Germc(p) = Germdfko) G Vfeo • Finalement Slnvj~^{U) est union disjointe des ouverts
Vk et w induit sur chaque Vk un homéomorphisme sur U , donc la condition (R) est
établie, et £ est bien un ouvert déployé de 9” revêtement de C ^ .
• D’après le théorème 9.4, pour tout C G lo g (a ), il y a donc un relèvement logarith­
mique Gc de 7 et un seul tel que Gc{a) = G . C’est une primitive de E_i le long de
7 , puisque £ est un ouvert de € . Donc par unicité de Fc , nécessairement Gc = Fc .
Enfin si C G C est tel que Fc soit un relèvement logarithmique de 7 , nécessairement
C G lo g ( a ) , d’où l’on déduit que l’ensemble des relèvements logarithmiques de 7 est
bien {Fc}cGlog(a) ■

Rem arque 9.6 :


Le lecteur vérifiera sans peine, à l’aide du théorème 9.5, que les déterminations du
logarithme sur un ouvert simplement connexe C/ de C * correspondent bijectivement
aux sections au-dessus de U de l’ouvert déployé £ revêtement de 4

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Équations différentielles avec variable complexe 163

P r o p o s itio n 9.1 2
Soit 7 un lacet de C , d ’image L , et soit ^ e C \ L . On a A ^ ^^ •
Démonstration:
Il suffit évidemment de le prouver dans le cas où ^ = 0. Plaçons-nous dans ce cas.
Soit F un relèvement logarithmique de 7 . Par définition, on a /^ -^ = F (l) - F( 0 ).
Comme F(t) € lo g (7(t)) pour tout t e [0,1] , et comme 7 (0) = 7(1), il est clair que
F(l) - F(0) e 2i 7r Z , d’où la proposition ■

D êG n itio n 9.8
Soit 7 un lacet de C , d'image L . Pour tout ^ e C \ L , l'entier ^ ^ s'appelle
Pîndice de 7 par rapport à ^ (ou: au point ^ ), et sera noté Ind(7 ,^ ) .
Nous allons maintenant interpréter l’indice en termes de groupe fondamental. Nous
reprenons ici les notations de la section 9.1. Pour tout a e C \ {^} , nous noterons
l’ensemble des lacets de C\{^} d’origine a . Si a et ^ sont fixés, il découle du théorème
9.11 que pour tout 7 € »l’entier Ind(7 ,^) ne dépend que de la classe d’homotopie
7 de 7 . L’application'
(42) ^Z , 7 '— ' Ind(7 , 0
induit donc une application unique
(43) iiida,4 : ni,a(C \ {Î}) — ^ Z
qui vérifie Inda,^(7) = l^^ut 7 G •
T h é o rè m e 9.19
Soit ^ e C et a e C \ {^} . L'application Inda,^ déünie ci-dessus (cf. (42) et (43))
est un isomorphisme de groupes.
Démonstration:
Montrons d’abord que Inda,^ est un morphisme de groupes. Soit 7 G S8a,^ et
<5 € • D’après la proposition 9.11, assertion (II), on a:
Î dz _ f dz ^ Î dz

d’où, en divisant par 2i 7r et en passant aux classes d’homotopie:


Inda,^(?7,0 = lnda,e(% 0 + ln d a ,^(?,0
donc Inda,^ est bien un morphisme de groupes.
Pour montrer que ce morphisme est surjectif, il suffit de montrer que 1 appartient à
son image. Soit R = | a - ^ | , choisissons a G a rg (a —0 >soit 7 le chemin de classe
donné par:
[0, 1] ^ C \ { ^ } , +
On a alors:
f dz 27Tiîie(^+2^^)^dt f \
Jq RQ{a+27Tt)i J
d’où In d (7 , ^) = 1 , et Inda,^ est bien surjectif.
Montrons que Inda,^ est injectif. Soit 7 G Notons 70
le chemin [0 ,1] —►C * , t 1-^ 7 (t) - ^ de C * . Soit Fq un relèvement logarithmique
de 7o : c’est une primitive de E_i le long de 70 . On a donc:

(44) 0 = / ^ = / ^ = F o ( l) - F o (0 )
J y ^ S J'iO ^
Notons A = Fo(0) = Fq{1) . L’application Fq peut être considérée comme un lacet de
C . Considérons l’application
(4 5 ) Ho : [ 0 , 1 ] ^— >C, (i,u )i— > u X - \ - { l - u ) F o { t )
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164 §9

C’est visiblement une homotopie dans C du lacet Fq au lacet constant Л. Posons


maintenant ho{t,u) = ехр(Яо(^,и)) pout tout (t,u) G [0,1]^. On vérifie aisément
que h est une homotopie de 70 au chemin constant a —^ dans C . L’application
h : [0, 1]2 —^ C \ { 0 ,
est donc une homotopie de 7 au chemin constant a dans C \ {^} . On a donc 7 = .
On a dons démontré que Ker = {Ua} , d’où l’injectivité de Inda,^ , ce qui
achève de montrer que Inda,^ est un isomorphisme ■

Le théorème 9.19 donne la véritable signification de l’indice d’un lacet 7 en un point


^ n’appartenant pas à son image: c’est l’entier qui caractérise la classe d’homotopie de
7 dans C \ {^} .
C o ro lla ire
Le groupe fondamental de C ^ est isomorphe à Z . Le groupe fondamental de U
est isomorphe à Z .
Démonstration: •
La première assertion découle directement du théorème 9.19. Pour démontrer le
deuxième, notons % l’ensemble des lacets d’origine 1 dans U . L’application
^Z , 7 I— ►Ind(7 , 0)
définit à nouveau un morphisme de groupes : Ili,i(llJ) —> Z . Ce morphisme est
surjectif, puisqu’il envoie le chemin [0, 1] —►U , t sur 1. Reste à voir qu’il
est injectif. Pour cela, soit 7 G %i tel que Ind(7 , 0) = 0. Soit Fq le relèvement
logarithmique de 7 tel que Fo(0) = 0. Puisque exp(Fo(t)) G fU pour tout t , on
voit que Fq = i ^ o , où Go est une fonction continue sur [0, 1] à valeurs réelles.
On a 0 = In d (7 , 0) = Fo(l) - Яо(0), donc Fo{l) = 0. Pour (t,u) G [0,1]^, on
pose h{tyU) = exp{iuGo{t)) : l’application h ainsi définie est une homotopie du lacet
constant 1 à 7 , donc 7 est l’élément neutre de IIi,i(U ). On a donc prouvé que le noyau
du morphisme ^ est réduit à l’élément neutre de IIi^ (U ), ce qui achève de prouver que
^est un isomorphisme de groupes I

Struture de l’espace topologique £


Rappelons que nous avons noté £ l’ouvert de (Î5(C* ,C) formé par les germes de
déterminations du logarithme sur des ouverts de C * .
T h é o rè m e 9.20
L^espace topologique £ est homéomorphe à C .
Démonstration:
Pour tout 2: G c * et tout t G lo g (2:), nous noterons Dz le disque ouvert z-\-D\z\
de C (de centre z et de rayon | z | ). Sur D z , il existe des déterminations du logarithme;
nous noterons Az,t celle de ces déterminations qui prend la valeur t au point z .
Définissons les applications:
Ф:£ C, Eval(a) ^ : C —y£ , 1 1— >Ge3rin©t (yl©«
L’application ^ est continue. Il est immédiat que ^ = Idü et ^ = Idc •
Montrons que ^ est continue, ce. qui entraînera que ^ et ^ sont des homéomorphismes
réciproques l’un de l’autre et prouvera donc le théorème.
Soit to ^ C , on pose zo = . La fonction L zq z ^ to-\-Log{^) est définie sur le
domaine zq L , et son image est l’ensemble BtQ = {t e C \ \ 9(t - to) I < “tt} ; elle établit
entre Zo L et Bto un homéomorphisme dont la réciproque est la restriction à B iq de
la fonction e x p . On en déduit que L zq est une détermination du logarithme qui pour
tout t G BtQ vaut t en ; le germe de L zq en est donc la valeur de iZ' en t ;
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Équations différentielles avec variable complexe 165

autrement dit (Vi G BtQ ) ^{t) = ^ continue en to . Comme ceci


est vrai pour tout to ^ C , on en déduit que ^ est continue. ■

9.8 A perçu sur les équations non linéaires com plexes


Fonctions analytiques à N variables
Dans cette sous-section, nous rassemblons les définitions et propriétés de base concer­
nant les fonctions analytiques d’un nombre fini de variables complexes. Pour des détails
et des démonstrations développées, voir par exemple [8] ou [11].
Soit un entier N > 1 . Une série formelle
(46) 5= 6 C [ [ X i,...,X w l]
(ku-,kN)€N'^
est dite convergente ssi il existe un réel r > 0 tel que la famille
(47) ....
soit sommable. S’il en est ainsi, la famille

est sommable pour tout {zi^... ^z n ) € , donc S définit une fonction S sur le
polydisque ouvert N ,
c, (zi,...,Ziv) E
On montre que cette fonction est continue et indéfiniment C-dérivable par rapport à la
multivariable (zi) , les dérivations s’obtenant par dérivation terme à terme. De façon
précise, pour toute dérivée partielle formelle
--- haNg
T =
(ki,...,kN)€NN
d’ordre quelconque de 5 , la famille déduite de (48) en y remplaçant les aki,...,kN P®'’*'
bki....kN est sommable, pour tout ( « i,... ,a/v) € , et pour tout (2i,...,zyv) € :
QOCI+ '+OCNg
(48) T (z i,.. .,Zff) (z i . . , , z n )

Tout polydisque , où le réel r > 0 est tel que la famille (47) soit sommable, sera
appelé un polydisque (ouvert) de convergence de S .
D é fin itio n 9.9
Soit U un ouvert de et soit une fonction / : C/ —>C .
(I) / est dite développable en série entière en un point c = (c i,... ,Civ) G U
ssi il existe une série formelle convergente S et un polydisque V de convergence de
S tels que f{ci + z i , ... , cn + zm) = S{z\ , ... .z^) pour tout (zi, .. .^ z n ) G .
(II) / est dite analytique sur U ssi elle est développable en série entière en tout
point de U .
Avec les notations de la définition 9.9, si / est développable en série entière en c ,
elle est indéfiniment C-dérivable au voisinage de c , et la série formelle qui satisfait la
condition indiquée est unique, c’est la série, appelée série de Taylor de f en c :
gki+’ -+kN
E
(fci....kN)m'^
(c) xl^---x< }r

Sur tout polydisque de convergence de S (supposée convergente), la fonction S est


analytique: c’est une cons^uence facile de l’associativité des familles sommables. Mais
pour AT > 2, l’ensemble 5 ” ^(0) n’est jamais discret, contrairement au cas où N = l
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166 §9

(cet ensemble 5 “ ^(0) s’appelle une sous-variété analytique complexe de , il donne


lieu à une théorie des fonctions analytiques implicites, voir par exemple [8]).
Néanmoins, les fonctions analytiques de N variables complexes donnent lieu à un
principe du prolongement analytique, qui repose sur la proposition suivante:

P r o p o s itio n 9.13
Soit une série formelle convergente S = Ciku...,kN ‘" • Soit
un réel r > 0 tel que la famille (47) soit sommable. Pour tout i G [1, N J , soit Ai
une partie de Dr admettant 0 pour point d^accumulation. Si S{ ci , , , , , cn ) = 0
pour tout (c i,... , cm) g i4i X • • • X Ajv , alors S = 0,
Démonstration:
Par récurrence sur N . La proposition est vraie pour N = 1 (théorie des séries
entières d’une variable complexe). Supposons-la vraie avec l’entier N —1 , où N > 2.
Fixons (c i,..., cn - i ) g Al X • • • X A ^ - i . Par associativité dans les familles sommables,
pour tout entier n > 0 , la série formelle à N - 1 variables
Sn = (Îki,...,kN-i,n Ni ^
{ku...,kN-i)e^^-^
est convergente et admet pour polydisque de convergence. Soit T la série formelle
à une variable définie par
T = ^ ^ ( c i,...,c w _ i) X "
n6N
Par associativité dans les familles sommables, le rayon de convergence de T est > r ,
et pour tout 2 GDr , on a T{z) = S{ci,... ,CN-iyZ), L’hypothèse entraîne donc que
T{z) = 0 pour tout ZGA n , Donc T est nulle formellement, i.e. Sn{ci,,,, , cn- i ) = 0
pour tout n > 0 . Comme (c i,... ,c;v-i) était arbitraire, on voit que pour n fixé, la
fonction Sn est nulle sur Ai x • • • x A n - i • D’après l’hypothèse de récurrence, Sn est
donc nulle formellement. C’est vrai pour tout n G , et on en déduit immédiatement
que tous les coefficients de S sont nuis, i.e. 5 = 0 ■

C o ro lla ire
Soit U un domaine de et soit une fonction analytique f : U C , S^il existe
un sous-domaine non vide u de U sur lequel f s^annule, alors / = 0 sur U , (C^est
le principe du prolongem ent analytique).
Démonstration:
Soit 2É l’ensemble des points a e U au voisinage desquels / s’annule. C’est évidem­
ment un ouvert de U (donc de ), non vide puisqu’il contient uj. Montrons que 3^
est fermé relativement à U , Soit c e U adhérent à 2?. Il est clair que sur tout ouvert où
/ s’annule, toutes les C-dérivées partielles de / s’annulent aussi. Par suite, c est point
d’accumulation de l’ensemble des zéros de toute C-dérivée partielle • Psir
continuité, toutes ces dérivées partielles sont donc nulles au point c , La série formelle
de Taylor de f en c est donc nulle. Comme c’est cette série de Taylor qui développe /
autour de c , on voit que c G 2Ê. On en déduit bien que 3? est fermé dans U , Finalement,
3Ê est non vide et à la fois ouvert et fermé relativement à U qui est connexe, d’où % =U ,
i.e. / est nulle sur U ■

Systèmes différentiels complexes


Soit Q un domaine de et des fonctions Fi : Q — > C {I < i < N)
analytiques. À ces données, on associe le systèm e différentiel com plexe en les
fonctions inconnues pi (sous-entendu: résolu en les Pi):
(SD) (V 2 g I1 ,N |) y[=Fi{z,p,,,..,pN)
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Équations différentielles avec variable complexe 167

Pour tout domaine U de C , on appelle U -solution de (SD) toute suite ( / i , . .., / n )


de fonctions analytiques complexes sur U vérifiant les conditions suivantes:
j(VzeU) {zJi{z),...,M z))eü
(49)
[ { ^ z e u ) (V iG [l,A ri) m z ) = F i { z J i { z ) , . . . j N { z ) )
Comme pour les équations différentielles en une seule fonction inconnue scalaire ou vecto­
rielle, l’exigence d’analyticité sur les fi n’est pas moins générale que l’exigence de la seule
C-dérivabilité, puisqu’il y a équivalence, pour des fonctions complexes d’une variable com­
plexe sur un ouvert de C , entre analyticité et C-dérivabilité. L’exigence d’analyticité des
Fi en la multivariable (¿^,2/1,.. •, 2/n ) est naturelle: c’est l’hypothèse simple minimale
pour qu’après substitution de fonctions complexes analytiques / 1, . . . , / at quelconques
d’une variable complexe 2: aux yi dans les membres de droite de (SD), on obtienne des
fonctions analytiques de 2: (en effet, on sait a priori que les // sont analytiques).
Nous allons maintenant établir pour (SD) un théorème analogue au théorème de
Cauchy-Lipschitz local des équations ordinaires.
T h é o r è m e 9.21
Considérons le système (SD). Soit (zq^2/i ,o, • • • j yN,o) ^ . il existe un réel r > 0 et
des fonctions analytiques complexes fi : zq Dr Vi,o + Dr (où i décrit |l,iV] j
possédant les propriétés suivantes:
(I) On a (zo, yi,o, ■■■, VNfi) + C Ü .
(II) ( / i , . .., /iv) est une zq + Dr-solution de (SD).
(III) Pour tout i e [l,iVj , on a la condition initiale fi(zo) = ?/i,o •
(IV) Pour tout voisinage u de zq sous-domaine de U = zo-\-Dr , la seule cj-solution
(gi, • • • ,P n ) de (SD) telle que gi(zo) = t/i,o pour tout i 6 [l,iV] est (cpi,.. .,(Pn ) ,
où (fi = fil pour tout i .

Avant de passer à la démonstration du théorème 9.21, nous avons besoin de quelques


préliminaires. Considérons une famille d’indéterminées (X, ) sur C . On con­
sidère la série formelle de valuation > 1 générique G élément de A [[X]] , où A désigne
l’anneau de polynômes C [(ri)i> i] :
(50) G=
n>l

Pour tout entier m > 1, on a, en utilisant la formule du multinôme:

(51) =
(“i ^ ' V -‘ /
E .,
cette formule ayant un sens algébrique puisque les familles (a^) qui y figurent sont à
support fini. En ordonnant le membre de droite de (51) suivant les puissances de X , on
obtient: G^ = Vm.qX^ , avec, pour tout entier q > m :

m!
(52) '^m^q — E
y Qii=m, > taj=a

La contrainte = Q qui régit la sommation au second membre de (52) entraîne


a i = 0 pour tout i > q . Par suite, Vm,q est un polynôme à coefficients dans C en les
indéterminées T i,... ,Tg , qui s’écrit plus explicitement:

ml
(53) Fm.qiFly . . . , Tq) —
n n
(«1...
<q
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168 §9

Les coefficients des Vm,q sont donc entiers naturels, et nous considérerons désormais
Vrn,q comme élément particulier de C [T i,... ,T,] . On conviendra de poser Vo,o = 1
et Vo,q = 0 pour tout q > 1 , de sorte qu’on a bien 1 = G° = Y^g>o 'Po,qX’’ .
Soit maintenant {'I'i,j)i<i<N,j>i une famille d’indéterminées sur C(X) indexée par
|l,iV | X N * . Pour tout i € , soit la série formelle G» =
tous entiers Wi > 0, ... rriN > 0 , on a:
i=N /
(54) G r - - - G r = n E
i=l \q>m,i

avec, pour tout entier k >mi -\ ---- -h ttin :


/i=N
(55) */4.7711,...,mAfjfc ~ PJ 'PmiyQiiTi^l) • • •
Î[ q(< n... f '
i >m i ,...,q/y^ > m ; ^ . q i H ------- \

On voit donc que pour tout k > mi + ••• H- rriN, le coefficient Ami,...,mN,k est
un polynôme à coefficients entiers naturels en les indéterminées (îi,j)(i,j)etti,N]|x|[i,fel •
Nous considérerons désormais Amu...,mN,k comme un élément particulier de l’anneau
de polynômes C [ (Ti,^)(ij)e|[i,ivix|[i,ifcl ] O^s polynômes Vm,q sont, à l’indexation près,
les bien connus polynômes potentiels^ et les polynômes Amu...,mN,k sont appelés les
polynômes multipotentiels. Noter que Ao,...,o,k = 0 pour tout A; > 1 et «4o,...,o,o = 1 )•

Démonstration du théorème 9.21

Sans restreindre la généralité, on peut supposer que zq = yi,o = • ■• = 2/n ,o = 0 (on


se ramène à ce cas par des translations sur >2^ et les yi ). Pour tout i e [1, , soit

0/4 yi/ ymi \rrTiN


(56) 0i{X,Yu...,YN)=
(iy,mi,...,mAr)€N^+^
la série formelle (en les indéterminées X, Ei, . . . , Y}v ) convergente qui développe Fi au­
tour de 0. Soit un réel R > 0 tel que Ci? et que soit un polydisque de
convergence pour chaque . Si des fonctions fi satisfont les conditions de l’énoncé,
puisque fi{0) = 0 , les séries formelles Si qui les développent autour de 0 sont de
valuation > 1 , donc la suite («Si,..., S n ) est substituable à (Vi,.. . , Vn ) dans les
séries formelles (56). De plus, en vertu de la proposition 9.13 (et du fait que les dérivées
fl sont définies, au voisinage de 0, par les séries formelles dérivées «S^ ), on a:

(57) ( V i e [1,7V]) Si = 0 i{ X, Si ,.. ., SN )

Inversement, soit des séries formelles 5^ E C [[X ]] de valuation > 1 et de rayons


> 0 vérifiant la condition (57). Soit un réel r tel que 0 < r < Min(iî, i^ i,... ^R n )
et tel que Si{Dp) CDr pour tout i . On vérifie alors facilement que la suite de fonctions
(/ij • • • »/ n ) >où fi = pour tout i , et le réel r , satisfont les assertions (I), (II) et
(III) du théorème 9.21. De plus, s’il y a unicité d’une telle suite ( 5 i,. .., S n ) vérifiant les
conditions (57), le raisonnement qu’on vient de conduire établira aussi l’assertion (IV)
du théorème 9.21. Ce théorème sera donc entièrement établi si on prouve d’une part
qu’il y a une suite et une seule («Si,. .., S ^) de séries formelles vérifiant les conditions
algébriques (57), et d’autre part que toutes ces Si sont de rayon > 0.

Existence et unicité de la suite (Si)

Soit, pour tout i E [l,iV ], une série formelle Ui = ^ j > i U i j X ^ C [[X ]] de


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Équations différentielles avec variable complexe 169

valuation > 1. Pour tout i , on a, en utilisant les polynômes multipotentiels;

Z) ..

p>0

avec, pour tout p e N :

(58) Ci,P = ^ ^ i ^ ^ Ûi^p_/j^7ni,...,mN*^7ni,...,mAr,fe (('^ z,j)(i,j)e|l,N ])x |l,fe]]) 1


(m i,...,m Ar)el^ A\A;=mi+ --l-mN /
Comme U- = 5^p>o(P+ l)^^i,p+i-^^ pour tout les conditions (58) se traduisent
par le système:
(59) (V(i,p) e [1,NI X ^J) (p + Î)ui,p+i=Ci,p
Les conditions (59) déterminent d’abord Ui,i = Cj.o = Ui,o,o....o pour tout i . Sup­
posant déjà déterminée la famille (wij)(j_j)g[i,jvixli,p] i conditions (59) déterminent
de manière unique la suite (ui,p+i)i<i<yv • Par récurrence, on voit qu’il existe une
suite et une seule {Ui,..., Un ) qui satisfait les conditions (59). Cette suite sera notée
( 5 i,. . . , S n ) , et nous poserons = T,j>i pour tout i .

Convergence des séries formelles Si

Pour tout (i,i/, m i,... ,m;v) ^ X »soit ai —I I■


Pour tout i e [1, A^l, notons ai la série formelle
^ -»l ‘‘‘^N

Soit un réel P tel que {)< p < R . Posons M = Maxi<i<iv(i^i(p»Pj • • • >P)) • Il ®st clair
que pour tout (i, i',m i,... . tuaî) € |l,iV | x , on a;
(60) ûi,.
Notons A la série formelle en (X, 1 1 , , Yn ) définie par
(61) A=M Y, p-(i'+m^+-+mN) • • •Y;^^

Notons (W i,..., Wtv) l’unique suite de séries formelles de valuation > 1 éléments de
C [[ X]] , avec Wi = WijX^ , déterminée par les relations de récurrence:

(V (i,p ) € I1,W1 x M) (P+I)u>i,p+1 = m J 2 ( Ë p-<‘'+'"‘ + - ....m„,»:((tO«)(i,j)e|.,Nl|x|l,lkD)|

À l’aide de l’inégalité triangulaire, en tenant compte que les polynômes multipotentiels


sont à coefficients dans , on voit par récurrence que les Wij sont réels > 0 et vérifient
I Si J I < Wij pour tous i et j (“ méthode des séries majorantes ”). De plus, la définition
même de (Wi, . .., W^v) montre que c’est l’unique suite de séries formelles de valuation
> 1 qui vérifie le système d’équations différentielles formelles;
(62) ( Vi e II,N J) W! = A (X ,W i , . . . , W n )
d’où W[ = ■■■ = , d’où Wi = ■■■ = W n puisque les Wi sont de valuation > 1 .
Mais il est immédiat que
M
(63) A=
( 1 - P - ^ X ) { 1 - p -^Y i ) - - ^ { 1 - p -^Y n )
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170 §9

d’où, en notant W = 2 j > i WjX^ la série formelle égale à toutes les Wi :


M
(64) W' =
(1 - - p-^W) N
On arrive donc aux relations
(65) V,1(V T)>1 ; ^ ( - ^ ( ( l - p - . < « ) , j ^

En intégrant formellement la dernière relation (65), on voit que la constante d’intégration


est —N-hl , c’est dû à la contrainte Val{W) > 1 . On en déduit facilement:

(66) W = p ( l - { l + {N + l ) M h o g { l - p - ^ X ) ) ' ^ ^
(où L o g (l-Z ) désigne ici la série formeiie L’expression (66) montre que
W est de rayon > 0, et comme | Sij \ < Wj pour tous i et j { W est une majorante
de chacune des Si), on en déduit que chaque Si est de rayon > 0 I
C o ro lla ire
Soit deux domaines non vides U et V de C . Soit une U-solution / = ( / i , . .., / n )
et une V-soIution ^ = (^ i,... , çn ) de (SD). Soit une composante connexe non vide
W de U n V . Supposons trouvé z e W tel que f(z) = g(z) . Alors / | ^ = .
Dém ons tra tion :
En effet, d’après le théorème 9.21, / et g coïncident au voisinage de z . Le principe
du prolongement analytique entraîne donc / | ^ = g^^ I

Nous ne pouvons ici aller plus loin dans l’étude des systèmes différentiels de la forme
(SD). Nous nous bornerons à faire voir l’obstruction principale à la globalisation des
solutions. Revenons au système (SD) général, avec Q quelconque et des Fi analytiques
quelconques sur Q . En notant E = , F = (Fi, . .., Fjv) et t/ = (yi, .. •, V n ) >nous
pouvons l’interpréter comme une équation différentielle complexe du premier ordre en
une seule inconnue y à valeurs vectorielles dans E :
(67) y '= F{z, y)
où F est analytique (condition équivalente à la propriété que les composantes de F dans
n’importe quelle base de E sont analytiques complexes). Soit uj la première projection
de Î2 dans C , i.e. son image par la projection Pi : C ^ C , (C»Îij • • • i ^ n ) C•
Alors cj est un ouvert de C (P i est une application ouverte), et tout domaine de
définition d’une solution de (67) est nécessairement un sous-domaine de cj .
Considérons alors, dans l’espace topologique des germes (3(oj,E) , le sous-ensemble
€ formé par les germes des solutions de (68) sur des sous-domaines de a ;. On déduit
facilement du théorème 9.21 que (B est un ouvert de (Ô(u,E) déployé au-dessus de cj ,
tel que pour tout z e u , la fibre (B D w~^{z) s’identifie à i? D P î ^ { z ) . Mais on ne
peut en général dire mieux: cet ouvert (S n’est pas nécessairement un ouvert déployé
revêtement de c j , ce qui empêche d’utiliser le théorème de monodromie 9.5. C’est la
raison profonde pour laquelle il n’y a en général pas de solution globales de (68), même
si CJ est simplement connexe et même si c j et i? sont tous deux simplement connexes.
Concrètement, ce qui empêche que (B soit un revêtement est que si on donne zq e lj ,
en général il n’existe pas de voisinage U de zq dans c j sous-domaine de c j tel que quel
que soit (yi,o, • • •, 2/iv,o) ^ vérifiant {zq, yi,o,. .., yN,o) € i? , on ait une [/-solution
(/i)---j/iv ) de (SD) qui satisfait la condition initiale fi{zo) = yi,o pour tout i. La
seule chose qu’assure le théorème 9.21 est que pour chaque po = (yi,o, • • •, yN,o) tel que
(^o,A^o) G , il existe un voisinage t/zo./zo 6e zq dans c j sous-domaine de c j sur lequel
soit définie une solution qui satisfait cette condition initiale: ce voisinage i/zo,/zo dépend
en général de p o , et il n’est pas toujours possible de faire un choix simultané de ces
^zo,tio de manière que leur intersection quand po varie soit encore un voisinage de zq .

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Équations différentielles avec variable complexe 171

Exem ple 9.4 :


Prenons iV = 1 , considérons Téquation différentielle scalaire complexe:
(68) 2/' = l + y^
dont le second membre correspond à la fonction polynomiale ►C , (C>Î) ^ 1 •
Elle admet pour solutions les fonctions r\ : U\ C ^z tg{z - A), où U\ désigne
l’ouvert C \ (A + f H- ttZ) . Il est immédiat que ces solutions sont maximales, car pour
tout (A, fc) G C X Z , on a It\{ z ) \ --------------- > + o o . On laisse au lecteur le soin de
2—»A +f+/c7r, z e U \
vérifier, à l’aide du corollaire du théorème 9.21, que les solutions de (68) sur des domaines
de C sont obtenues par restriction des ta . Fixons zo G C . Soit U un domaine de C
voisinage de zq . Choisissons Ao G C tel que Ao + f G C/ et zo - Ao ^ f + ttZ . D’après
ce qu’on vient de voir, les solutions </? de (68) définies en zq et vérifiant la condition
initiale (p{zo) = tg{zo —Xq) ne peuvent être que des restrictions de taq , donc aucune
d’elles ne peut être définie sur U . L’ouvert (S des germes de solutions de (68) n’est
donc pas un ouvert revêtement de C ^

9.9 Quelques exem ples


Nous terminerons ce bref survol du maquis de la théorie des équations différentielles
à variable complexe par l’exposition d’exemples, tous concernant des équations linéaires.
Rappels sur quelques fonctions usuelles
Pour tout a G c , on définit la fonction : IL —> C , ^ i-> exp(aLog(;s:)), et on
note Ea(^) = z°‘ . On vérifie que cette fonction est analytique, que sa C-dérivée est
aE a-1 , que si a Çl IL, elle coïncide avec la restriction à L de la fraction rationnelle de
même écriture, et qu’on a le développement:

(69) ( Vz GDi ) (1 + ^)“ = E Ô ^ "


71=0

(o) “ ^ (n) “ n! ni=o~^(^ “ si n > 1. Les propriétés de l’exponentielle


montrent immédiatement que EaEp = Ea+p pour tout (a, /?) G .
Ces fonctions Ea permettent de définir des prolongements canoniques, à certains
ouverts simplement connexes de C , des fonctions usuelles de variable réelle A r c t g ,
A r c s in , A r g th , A r g sh . On définit
T = C \ ( ( i + i R + ) u ( - ( i + iR + ))) ; T' = i T
Pour tout ^ G T , on pose (après avoir vérifié que cela a un sens):

(70) A rctg(^) = ^ Log(l + i z ) —^ Log(l —i z ) ; Argsh(^) = Log ^2: + (1 +

La fonction A r ctg est la primitive de sur T qui prend la valeur 0 en 0. la


fonction Argsh est la primitive de (1 -\- sur T qui prend la valeur 0 en 0 . Les
développements à l’origine, valables pour \z \ < 1 , sont donnés par
/ N ^ ( - 1)^^^^+^ s ^ ( - 1)^ l - 3 ' - - ( 2 n - l ) 2n+l
(71) A rc tg (.) . ^ 1 Argsh(z) . . + ^
n= 0 71=1
Pour tout Z G T ', on pose:

Argth(^) = i A rctg(-i;s:) = ^ Log(l 4- 2:) - ^ Log(l - z)


 ¿à
(72)
A r c s in ( 2:) = ~ A rgsh (i^ ) = Log (^±z + (1 —z^)^^

d’où les développements autour de l’origine, valables pour | z \ < l :


2ti+1 1 l - 3 - .- ( 2 n - l) ..2 „ + i
(73) A rgth(z) = ^ 2ÏTTT ’ = ^+ E 2n 4-1 2 • 4 • • • 2n
n=0 71=1
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172 §9

La fonction A rg th est la primitive de sur T' qui prend la valeur 0 en 0. La


fonction A rcs in est la primitive de (1 — z^)~i sur T' qui prend la valeur 0 en 0.
Pour tout ^ € T , on a tg(Arctg(>?)) = z et sh(A rgsh( 2;)) = z. Pour tout z G T ',
on a th (A rgth (z)) = ^ et s in ( A r c s in ( 2 :)) = z .
Exem ple 9.5 :
Soit ^ G IR. Notons = C \ (e^^R+) (on a donc IL = 0.^ ssi 6 e tt + 27tZ ) .
Les sont des ouverts simplement connexes maximaux de C * . On a 2: G ssi
Z G L . Par suite, une détermination du logarithme sur est Le définie par
(74) {Wz e L e ) Le{z) = xO -\- I tt + Log{~e~^^z)
Pour tout a G C et tout ouvert simplement connexe Î2 de C * , on appelle détermi­
nation de z^ sur ü toute fonction de la forme i? —> C , 2: i-> exp{a(p{z)), où ip est
une détermination du logarithme sur Q . Ces déterminations possèdent des propriétés
voisines de celles des , que nous laissons au lecteur le soin de regarder en détail. La
fonction Z ^ z ^ sur IL rappelée plus haut s’appelle la déterm ination principale
de z^ . On déduit de (74) qu’une détermination de z^ sur l’ouvert est la fonction
—>C , 2; exp ^ ia (^ + 7t) + a Log(-e^^z)^ ^
Exem ple 9.6 :
Soit U un domaine non vide de C et soit / : U une fonction anal3diique.
On appelle determ ination de Log(f) sur U toute fonction continue de U dans
C dont la valeur en tout point z e U appartient à lo g ( /( z ) ) . S’il existe une telle
détermination, elle est donc unique à l’addition près d’une fonction constante de la forme
2íh7гlц avec A: G Z . Nous allons montrer que si U est simplement connexe, une telle
détermination existe et que c’est une primitive globale de ^ sur U . Supposons donc U
simplement connexe. Soit zq ^ U et soit Aq G log{f{zo)). Soit Go la primitive globale
de ^ sur U qui prend la valeur Aq en zq . La fonction F = exp o Go est analytique
sur , et on a f F ' —f ' F = 0 , d’où {^)' = 0 . Donc est constante, sa valeur est
“ eÎ^lx^ ~ ^ suite, F = f , donc Go est bien une détermination de
Log(/) sur U ^
Exem ple 9.7 :
Considérons l’équation différentielle linéaire scalaire homogène complexe du second
ordre
(75) (1 - z^)y" - z y ' - y = 0
D’après le théorème 9.7, sur tout ouvert simplement connexe U de C \ { - 1, 1} , cette
équation obéit au théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire, l’espace vectoriel % de ses
[/-solutions est donc de dimension 2 . On vérifie que les fonctions de variable réelle
(p : I — >C ,i I— >exp(A rcsin(i)) ; I — >C ,i 1— >e x p (-A rc s in (i))
où I désigne l’intervalle ] —1,1 [ , sont des solutions ordinaires de (75), et que (</?, 'tp) est
une base du C-e.v. des /-solutions ordinaires de cette équation. A l’aide de la proposition
9.10, on en déduit la base (^, de , où, pour tout 2; G T' :
^{z) = exp (A r c sin ( 2()) = exp ^ - iL o g ( ^ X z (1 -
(76)
^{z) = exp { - Ar c s i n { z ) ) = exp Log (^Xz + (1 - =
^{z)
Considérons maintenant le domaine simplement connexe ü de C \ { —1, 1} suivant:
Ü = C \ { { 1 - ilR+) U ( - 1 - iR + ))
On a i ? u T ' = C \ { - 1, 1}, et i / f l T ' possède trois composantes connexes, toutes
simplement connexes (deux quadrants ouverts et l’union du demi-plan {^(2:) > 0} et de
la bande ouverte {3^(2:) € ] —1,1 [} )• Sur Î2 , on définit la fonction analytique
(77) h : z ^ ( i ( l - z))--^ ( - i ( l + z))--^ = E_ 1 ( i ( l - ^))E_ 1 ( - i ( l + z))
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Équations différentielles avec variable complexe 173

qui ne s’annule jamais, et qui coïncide avec {1 — z^) 2 au voisinage de 0 (l’idée


d’introduire h est naturellement suggérée par l’exemple 9.5). Autrement dit, h est
une détermination de (1 - г^)“ 2 sur Ü . La fonction

f : Î2 — C , z ^ ^ i z + ^ = iz + E i( i ( l- z ) ) E i( - i( l+ z ) )

ne s’annule pas sur j?, on peut donc définir la détermination g de lo g (/) sur ü
qui prend la valeur 0 en 0 (puisque /(0) = 1 ). On vérifie facilement que f{z) GL
pour tout Z Gi ? , donc on peut prendre pour détermination g la fonction Log 0 /
(pour vérifier que f{z) GIL, on peut remarquer que f{z) est une racine du trinôme
— 2 iz X — 1 ^ dont le discriminant réduit est 1 — z^ \ ce discriminant ne s’annule
jamais sur i ? , et / est un relèvement sur i? des racines de ce trinôme. En creu­
sant cette observation, on rencontrerait la question des déterminations des fonctions
algébriques au-dessus d’un ouvert simplement connexe sur lesquels le discriminant ne
s’annule pas. ..mais ce serait là un autre livre!). Ayant fait ce choix de ^ , on a
p' = ^ = i / i , donc ( - i p ) ' = h; en particulier, ( - i p ) ' coïncide avec (1 - z'^)~'^
au voisinage de 0. Comme (-ip )(0 ) = 0 = A rcsin(O ), et comme Arc s i n est une
primitive de (1 —z^)“ 2 sur T ', les fonctions — et A rcs i n coïncident au voisi­
nage de 0 . Notons V la composante connexe de 0 dans i? fl T' (qui est définie par
V = { z e C \ ^{z) > 0 ou - 1 < 3î(z) < 1} ). D’après le principe du prolongement
analytique, on a:
(78) A rcsin j = ( - i 5)|^

Introduisons alors la fonction


(79) : Q — >C , 2; I— >exp ( - i Log{f{z)))
D’après (78), on a ^*\y = ^\ y ^ donc ^*\y est une V’-solution de (75). D’après le
principe du prolongement anal5d;ique, on a donc . On verrait de même que la
fonction
\ n — »c , — ►exp ( i L o g (/( 2 :)) =
1

coïncide sur V avec ^ , d’où G par le même raisonnement. En vertu du théorème


9.7, assertion (II), la C-indépendance linéaire àe ^ et ^ entraîne celle de leurs restric­
tions à V , qui entraîne à son tour la C-indépendance linéaire de et . Par suite,
(i?*, îZ^*) est une base du C-e.v. ÿ’s? •
Soit le quadrant ouvert W = { z e C \ ^{z) < 0 et 3f^(z) > 1} : c’est une composante
connexe de i? D T '. Sur VF, nous disposons des deux solutions suivantes de (75),
provenant par prolongement analytique de la même solution ^ \y : la VF-solution F
obtenue par restriction de , et la VF-solution F* obtenue par restriction de . De
même, on a les VF-solutions G et G* de (75), provenant toutes deux par prolongement
analytique de la même fonction F\y , respectivement égales aux restrictions de ^ et
à VF. On a donc G = ^ et G* = . Notons J l’intervalle ouvert ] 1, +00 [ de IR.
Un calcul facile montre:
(80) (VA G J ) ^*{X) = exp + iArgch(A)^

A rcsin(A 4- ie ) — + i Argch(A)
1 ¿à
(81) ( VA g J )
A rcsin(A - ie ) ^ - iA rgch(A )
£6r; ,
On déduit de (81) que A rc s in n’est continûment prolongeable en aucun point de J .
On déduit de (80) et (81) que F = et G = . Ainsi, à partir du germe de
solution Germo(^), en tournant autour de la singularité 1 de (75) pour arriver à W ,
soit d’un l’angle orienté ^ G] f , tt [ , soit d’un angle orienté ^ G] - tt, - ^ [ , on arrive
aux FF-solutions distinctes F et F* = e^G = ^ .
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174 §9

Du fait que Arc s i n n’est continûment prolongeable en aucun point de J , et du


fait que l’exponentielle complexe est un homéomorphisme local, on déduit que ^ est une
solution maximale de (75). On vérifie de même que est une solution maximale de (75).
Ainsi ^ et sont deux solutions maximales de (75) qui coïncident dans un voisinage de
0 (elles ont même germe à l’origine) et sont pourtant distinctes: même pour les équations
linéaires, quand l’ouvert de définition de l’équation n’est pas simplement connexe, il n’y a
donc aucun espoir d’étendre avec un certain degré de généralité l’assertion (du théorème
9.7) d’existence et d’unicité des solutions maximales définies par des conditions initiales.
D’après la proposition 9.10, une base du C-e.v. des J-solutions ordinaires de l’équation
(75) est , où (f* et ip* désignent respectivement les restrictions de et
à J . D’après (80), on a, pour tout A G J :
( 82) ip*{X) = exp + i Argch(A)) ; V»*(A) = = exp - iArgch(A)^

On en déduit qu’une IR-base des J-solutions ordinaires réelles est (u, v) , où, pour tout
Ag J:
(83) n(A) = cos (Argch(A)) ; v(A) = s i n (Argch(A))
On laisse au lecteur le soin d’étudier les (—J)-solutions ordinaires de (75).
La considération des solutions complexes de (75) a notamment permis, à partir de
la connaissance des /-solutions ordinaires, de découvrir les J-solutions ordinaires. C’est
grâce à la possibilité qu’on a eue, dans C , de faire “ tourner continûment ” la variable
autour de la singularité 1 , alors qu’en se limitant à la variable réelle, une singularité
est une barrière infranchissable. Ce principe guide la plupart des techniques d’étude des
singularités d’équations différentielles ordinaires à coefficients analytiques ^
Exem ple 9.8 :
Considérons l’équation linéaire scalaire complexe du premier ordre
(84) 2z(l 4- z)y' + (1 -f z)y = 1
D’après le théorème 9.7, sur tout ouvert simplement connexe U de C \ {—1, 0} , cette
équation obéit au théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire, l’espace affine de ses U-
solutions est donc de dimension 1 . Les points 0 et —1 sont les deux points singuliers
de (84) (on définit les singularités d’une équation linéaire scalaire complexe de la même
manière que pour une équation linéaire scalaire ordinaire non résolue par rapport à la
dernière dérivée). Les solutions ordinaires ont été étudiées en détail à l’exemple 1.1.
Dans C , nous désignerons par U le domaine -1 + L = C \ (-14-IR_) et par V le
domaine C \ ( - 1 + IR+). Les domaines e t V sont simplement connexes.
Pour tout ^ G L , o n a g T; donc pour tout C G C , la fonction

(pc ' L — >C, 2: 1—>.2:“ 2 + A rctg(z2)j


est définie et analytique. C’est une L-solution de (84). Il en découle que l’application
^ ^ f c est une bijection affine de C sur .
La fonction (fo se prolonge analytiquement à l’ouvert U . En effet, pour tout z e L
tel que | 2: | < 1 , on a (par application de = E^^.^ ):

(85)
n=0 71=0

La série formelle S = 2n+l est de rayon 1 , donc définit sur le disque unité
ouvert D = Di une fonction analytique S , et (85) prouve que les restrictions à DflL de
(fo et de S coïncident. Par suite, la fonction : U C égale à (fo sur IL et à 5 sur
D a bien un sens, est analytique et prolonge po . D’après le principe du prolongement
analytique, il est immédiat que ^0 est une [/-solution de (84). En utilisant les premières
des formules (70), (71) et (72), on voit que pour tout réel a: G] - 1,0 [ , on a:
A r g t h ( - /^ )
( 86) ^o{x) -

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Équations différentielles avec variable complexe 175

et on retrouve les solutions ordinaires de (84) sur ] - 1,1 [ déjà obtenues à l’exemple
1.1. Montrons que est solution maximale de (84). En effet, il découle de (86) que
4^0(x) —> H-oo, donc ï^’est déjà pas prolongeable par continuité en - 1 . Soit un
x —^—l
réel x < -1 . On a:
/ -iTT 1 , / ^ / ^ :+ 1
+ ie)

Î tT 1 / +1
<Po(-A - ie) + Log
£€ir; ,
ce qui prouve que ne se prolonge pas par continuité au point x . Finalement, ne
se prolonge par continuité en aucun point de C \ C/ , donc est bien maximale. De plus,
pour tout C e C , la fonction Cz~'^ ne se prolonge par continuité à aucun point
de IR_ , donc ipc ne se prolonge par continuité à aucun ouvert contenant strictement
L, donc (fc est solution maximale de (84); on déduit aussi de là que est l’unique
C/-solution de (84). Cette propriété n’est pas en contradiction avec le théorème 9.7 bien
que U soit simplement connexe, car le théorème 9.7 n’est pas applicable sur U (puisque
0 est point singulier de l’équation).
La fonction I tt H- Log(—^) est une détermination du logarithme sur —L . Une
détermination de z~'^ sur V est donc z ±[—z)~^ ;on vérifie que cette détermination
prend ses valeurs dans T . Pour tout C 6 C , on peut donc définir la fonction analytique
Ipc ■ V — >C , Z I— y ( - z ) “ i ( c - i Arctg ( i ( - z )“ 2j j
On vérifie immédiatement que

( V i e R tel que K - l ) ipci^) = ^L og

et donc, d’après l’exemple 1.1, la restriction de à ] ~oo> ~1 [ est solution ordinaire de


(84). On en déduit que 'ijjc est U-solution de (84) (proposition 9.10). Donc l’application
C I—> 'ijjc est une bijection affine de C sur Sfy . Il est clair que quel que soit C7, on a
1 I +00 , donc n’est pas continûment prolongeable au point - 1 .
Fixons X réel, a: G ] - 1,0 [ . On a:
1
^ c(x 4- i^:) (c-i + A rg sh (v ^ )^
(87)
V
1
- ie)
e€R^,e->0 y/—x \ Z /
ce qui montre que n’est prolongeable par continuité en aucun point de [- 1,0 ]
Fixons maintenant x réel > 0 . On a:
i>c{x + is ) + (ci-|+Arctg(v^))
e€R* ,£-.0 ^/x \
( 88)
i ’c{x — i f ) ^ ( _ C i - |+ A r c t g ( ^ Æ ) )
eeui,
donc si C ÿé 0 , alors \!)c n’est prolongeable par continuité en aucun point de IR* .
Finalement, pour C ÿé 0 , la fonction n’est prolongeable par continuité à aucun
ouvert contenant strictement V , donc c’est une solution maximale de (84).
En revanche, est prolongeable par continuité en tout point de IR^ . Notons W
le domaine C \ [—1,0] de C . Il n’est pas simplement connexe (on montre facilement
que son groupe fondamental est Z , le même que celui de C * ). Soit la fonction
si Z Çl V
(89) ^
+ (-^+Arctg(v/î)) =<p-f(x) si Z = X e s :
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176 §9

Pour tout U e C tel que 9^(u) > 0 , on a Arctg(г¿) + A rc tg (^ ) = f . S i 2r Gl Ln y et


^{z) > 0, on a = z~^ et ^{z~^) > 0, d’où puisque A rc tg est impaire:
^o(^) = z~^ Arctg(-z"^) = - z ~ ^ Arctg(2:“^) = - z ~ ^ - Arctg{z^Ÿj = (^)
Si Z e L C ï V et '^{z) < 0, on a —±{—z)~^ = —z~^ et > 0, d’où
Tpoiz) = A r c tg (z “ i ) = - z ~ 2 (JL -A r c tg (z ^ )^ =(p-:^{z)

Compte tenu de (89), on déduit de là que les restrictions de et de à L fl


coïncident. Donc est analytique. D’après le principe du prolongement analytique,
^0 est W'-solution de (84). C’en est une solution maximale puisqu’elle n’est prolongeable
par continuité en aucun point de [—1 ,0 ]. L’étude qui précède montre en outre que c’est
l’unique ly-solution de (84). Pour tout 2: G IL tel que 12: | > 1, on a:

(90) 9- M =- z - H r c t g ( r i ) . nE pn
'
=0
+i)~
'
f
et pour tout Z e V tel que | 2: | > 1, on a:
V>o(2) = -i(-z)“î Arctg j
(_ l)n j2 n + l(_ ^ )-n -^
(91) 2n 4-1
n=0
(_i)«+i
=E^ (2n + l)z"+i
n=0
On déduit de (90) et (91):
r - iv n + 1
(92) (Vz e W tel que U: > 1) W = E 7 (2n
^ T +T 1)2:^+!
n= 0
La relation (92) signifie que par rapport à la variable ^ ^ , pour tout z e W tel
que | 2:| > 1 (i.e. |C| < 1 ), on a !ib(^) = T{C) ^ ^ désigne la série formelle
5Dn>o ^2n+i ' rayon 1 . On traduit cette propriété en disant que %
est développable en série entière en le point 00 de C U {00} . Le point 00 joue pour la
fonction ¿^0 un rôle analogue à celui joué par 0 pour la restriction de ^0 à C/ \ {0} .
Munissons Cu{oo} (appelé la sphère de Riemann complexe) de sa topologie naturelle (de
compactifié d’Alexandroff de C , ce qui en fait un espace topologique homéomorphe à une
sphère euclidienne d’un espace euclidien de dimension 3). La fonction % se prolonge
par continuité en 00 par la valeur 0. On notera cette fonction ainsi prolongée.
Le domaine W n’est pas simplement connexe, mais le domaine W* = W U {00} de
C U {00} est simplement connexe. La symétrie est parfaite entre les triplets (C/,0,^o)
et {W*y 00, tf'o ) • Ainsi se trouvent unifiés et éclairés les résultats de l’exemple 1.1 ^

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INDEX DES NOTATIONS

N : .................................................................................................................. ensemble des entiers naturels


^ : .............................................................................................. ensemble des entiers naturels non nuis
Z : .................................................................................................................. anneau des entiers rationnels
Z * : ............................................................................................ ensemble des entiers rationnels non nuis
Q : .................................................................................................................................corps des rationnels
Q_l_, Q _ : .................................................................................. ensemble des rationnels > 0 (resp. < 0 )

Q ^ ,Q+ : ...................................................... groupe multiplicatif des rationnels non nuis (resp. > 0 )

[R : .......................................................................................................................................... corps des réels


IR_I_, [R-f. : ............................................................................................ ensemble des réels > 0 (resp. < 0 )
: .......................................................................................... ensemble des réels > 0 (resp. < 0 )

C : .................................................................................................................................. corps des complexes

C * : ...................................................................... groupe multiplicatif des nombres complexes non nuis


U . groupe multiplicatif des nombres complexes de module 1 (cercle unité)
e .................................................................. base des logarithmes népériens
i ...................................... nombre complexe de carré -1 et d’argument |

3 .......................................... racine cubique de 1 dans C d ’argument ^


C .......................................................................................... l’inclusion stricte

E \F : .............................................................................................. la différence des ensembles E et F

[-,•1 ; [•>•1 ; 1-. •[ ; l-,-l : ...................................................................... intervalles dans Z


: .................................... ................................les nombes binomiaux ( a complexe, n entier naturel)

.............................................................................................................................................famille
.......................................................................................l’ensemble image de l’application i •-> a,
/ | ^ : ........................................................................................................................ la restriction de / à A

/ | ^ : ................................................................................................ la corestriction de / à l’ensemble B

/ | | ^ : ...................................................................... l’application induite par / sur la partie /-stable A

X > a : .................................................................................................................. on spécialise a; en a


p gcd ( , ) ppcm ( ) : ........................le plus grand commun diviseur, le plus petit commun multiple
<!> : ........ Fonction d’Euler sur N* ( <t>{rn) est le nombre d’entiers naturels < m et premiers avec m )
5R(.), ^ ( .) i ..........................................la partie réelle et la partie imaginaire (des nombres complexes)
Id, Id* : ........................................ l’identité, l’identité de l’ensemble ★ (si cet ensemble est mentionné)
ssi : .................................................................................................................................... si et seulement si
ca r d ( . ) : ................................................................................................................................ le cardinal
Max, Min, Sup, I n f : ..................le maximum, le minimum, la borne supérieure, la borne inférieure
e &E . le groupe des permutations de degré n , le groupe des permutations de l’ensemble E

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178 Index des notations

S ln iS C s : ................................................................................ ........................................ groupes alternés


HOTClfci-^) .........................................................l’algèbre des endomorphismes du K -espace vectoriel E
d im : ........................................................................................................................................ la dimension
K e r ( ) : ............................................................................................................................................ le noyau

Im ( ) : ................................................................................................................................................ l’image
d e t : ...................................................................................................................................... le déterminant
d e g ( ) : .................................................................. le degré (d’un polynôme, d’une fraction rationnelle)

K [ X ] ^ A[S] :. polynômes en X à coefï. dans K , A -algèbre engendrée par S (suivant contexte)


K { X ) : .................................................................... fractions rationnelles en X à coefficients dans K
K [ [ X ] ] : ...................................................... ....................séries formelles en X à coefficients dans K

K [ [ X i , . . . yX n ]] : .............. séries formelles à coefficients dans K en les indéterminées X i,. . . , X„

M a t 5 (u) : .................................................................. la matrice de l’endomorphisme u dans la base B


M a t 5 ^c(u) : .......................................... la matrice de l’appplication linéaire u dans les bases B et C
Tr(г¿) : .............................. La trace de l’endomorphisme u (d’un espace vectoriel de dimension finie)
: ............................ souvent employé pour le groupe des éléments inversibles de l’anneau A
X : . . . produits cartésiens d ’ensembles (éventuellement munis d ’une structure), produits de nombres
f { x ) ---------- >t \ .......................................................................... la fonction / admet en a la limite /
X Cb
f{x) ^ Q{P^) ......................... équivalence de fonctions au voisinage de a (notation de Landau)
X—

/ : E ------ >F : ........................ / est un isomorphisme de E sur F (pour une certaine structure)

P : ...................... l’objet quotient de l’objet E par le sous-objet F (pour une certaine structure)
............................................. Le déterminant fonctionnel des fonctions fi dans la base B
W ronskfj^...jf^ : ........................................................................ Le wronskien des fonctions scalaires /,
l o g ( z ) : .................................................................... Ensemble des logarithmes du complexe non nul z
L o g : ............................................................................................ Détermination principale de l’argument
a r g ( z ) : ........................................................................ Ensemble des arguments di complexe non nul z
A rg : ............................................................................................ Détermination principale de l’argument
n i , a ( ^ ) ....................................................... Groupe de Poincaré de l’espace topologique T au point a
In d (7 , : .......... Indice du lacet 7 par rapport au point ^ , où ^ € C et ^ non dans l’image de 7

e n , s n , d n , : ............................................ Fonctions elliptiques de Jacobi relatives à un module donné


R5 : ................................ rayon de convergence de la série formelle complexe (en une indéterminée) S
D;^ : ........................................................ dans C , disque ouvert de centre 0 et de rayon r (où r eU+)

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INDEX ALPHABÉTIQUE
Les rubriques renvoient aux pages dont le numéro est indiqué

Abel Détermination
formule d - ..................................... 15 - du logarithme............................... 159
formule d - complexe....................158 - principale du logarithme..............160
Amplitude Équation
fonction .115 - autonome................................ 92, 94
- d ’Euler............................................ 8 6
Analytique
- d ’Euler des fonctions ellipptiquesll7
fonction - réelle.............................. 1 2
- linéaire à coefficients constants.. .51
fonction vectorielle - ...................... 144
- linéaire à coefficients périodiques. 16
Aecoli - linéaire complexe d ’ordre 1 ..........145
théorème d - .. . 69 - linéaire complexe homogène . . . . 145
- linéaire d ’Euler............................... 64
Autonome
- linéaire d ’ordre 1 résolue en Y' .. 67
équation - . . .. . 92, 94
- linéaire homogène. . . 1, 7, 21, 24, 52
Baire - linéaire scalaire d ’ordre 1 ................ 1
- linéaire scalaire complexe.......... 151
Brianchon
- linéaire scalaire d ’ordre 1 compl. 157
théorème de - . 128
- linéaire scalaire d ’ordre > 2 .. 21, 24
Cauchy - linéaire scalaire d ’ordre p .......... 74
problème de - .................................. 68 - linéaire scalaire non résolue . . . 3, 24
- linéaire vectorielle d ’ordre p . . . . 76
Cauchy-Arzelé
théorème de - ....................................69 Équilibre
Cauchy-Lipschitz Étalé
théorème de - linéaire........................ 8 espace - des germes........................ 138
théorème de - à Vinfîni..................... 18 position d ’- ........................................92
théorème simpliüé de - local.........71 position d ’- stable............................. 92
théorème simplifié de - global.......72
Euler
th. de - linéaire complexe local.. . 146
construction d ’- ................................ 69
th. de - linéaire complexe global. .147
équation d ’- .................. 86
Compagnon équation d ’- des fct. elliptiques. .. 117
matrice- - ...................... .......... 28,56 équation linéaire d - ..........................64
indicateur d - .................................. 131
Convergence
relation d ’- ...................................... 125
rayon de - ........................................ 1 1
disque ouvert de - ........ .................. 1 1 Feuerbach
intervalle de - ..................................1 1 théorème de - ..................................125
Déployé Formule
ouvert - ..........................................139 - d ’addition......................................116
- de duplication et triplication . . . 124
Déterminant
- de Thomson..................................116
- fonctionnel.................. ........ 14, 149

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180 Index alphabétique

Frobenius Phases
théorème de - .................................29 espace des - .................................... 96
Fuchs Poincaré
équations du type de- .....................32 groupe de - .................................... 136
fonctions du type de- .................... 32
Pélya
théorème de - ....................................34
théorie de - ........................................30
Germe
Poncelet
- de fonction continue.................. 137
grand théorème de - .............. 115, 123
Gronwall polygones de - ................................. 1 2 0
lemme de - ........................................ 18 triangles de - ................................... 125
quadrilatères de - ............................126
homéomorphisme
hexagones de - ................................ 127
- local.............................................. 138
octogones de - ................................. 129
Homotope polygones de - quelconques.......... 131
chemin - à zéro................................133
Primitive
chemins - s ...................................... 131
- le long d ’un chemin......................155
Homotopie
Relèvement
- d ’un chemin à un autre............... 133
- d ’une application..........................139
premier groupe d - ..........................136
- logarithmique................................162
Immersion
Revêtement
- dans un e.v.n. de dimension finie. 97
ouvert - ............................................139
Indice
section
- d^un lacet en un point................. 161
- au-dessus d ’un ouvert.................. 139
Intégrale
- curviligne...................................... 155 Simplement connexe
- première.............................. 104, 105 espace topologique - ....................... 134

Jacobi Système fondamental


fonctions elliptiques de - ................115 - de solutions............ 14, 23, 149, 152
honneur de l ’esprit humain............115 Solutions
Leibniz - maximales.......................... 3, 22, 6 8
théorème de - ....................................68 - régulières maximales........................4
- ordinaires......................................149
Liapounov J - - ........... 74
théorème de - ....................................95 U - - ................................................ 150
Lipschitzienne Superposition
fonction - .................................. 69, 70 - des seconds membres . . 1, 7, 21, 145
fonction localement - ........................70
Trajectoires
Monodromie - d ’une équation autonome..............96
théorème de - .................................. 142
Wronskien
Newton - de solutions.......................... 23, 152
équation de - ................................... 103 - de fonctions....................................25
Pendule simple Variation des constantes
théorie du - ......................................111 méthode de la - ............ 3, 15, 23, 158
- et théorème de Poncelet..............118

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BIB LIO G R A PH IE

[1 ] A r n a u d iè s J.M., F ra y sse h. Cours de Mathématiques, tome 3 (Dunod, 1989)

[2 ] A r n a u d iè s J.M. L ’intégrale de Lebesgue sur la d r o ite ............... (Vuibert, 1997)

[3 ] A r n a u d iè s j .m . Problèmes de Préparation à l ’Agrégation de Mathématiques,


volumes 1 à 4 .................. (Ellipses, 1 9 9 6 , 1 9 9 7 , 1 9 9 8 , 1 9 9 9 )

[4 ] A r n a u d iè s j .m . Séries entières, séries de Puiseux, séries de Fourier, et com­


plément sur les fonctions presque-périodiques (Ellipses, 1 9 9 9 )

[5 ] A rnold v. Equations différentielles ordinaires .............................. (MIR, 1974)

[6 ] A rnold v. Chapitres supplémentaires de la théorie des équations différentielles


ordinaires ........................................................................... (MIR, 1 9 7 8 )

[ 7 ] B ie b e r b a c h l. Theorie der gewöhnlichen Differentialgleichungen (Springer, 1965)

[ 8 ] C a r ta n H. Théorie des fonctions analytiques d ’une ou plusieurs variables com­


plexes .............................................................................. (Hermann, 1 9 6 1 )

[9 ] COMTET L. Analyse combinatoire, tomes 1 et 2 ............................ (p.U.F., 1970)

[10] D ie u d o n n é J. Cours de géométrie algébrique, tome 1 ................ (r u .f ., 1974)

[11] D ie u d o n n é J. Éléments d ’Analyse, tome 1 ..................... (Gauthier-Viiiars, 1971)

[ 12 ] DOUADY a & R. Théories galoisiennes, tome 2 ---- (Cedic-Fernand Nathan, 1978)

[13] G r EENHILL A.G. The applications of elliptic functions ................ (Dover, 1959)

[14] H a l e J . к. Ordinary differential equations ...................................... (Wiley, 1980)

[15] H a r t m a n n P. Ordinary differential equations ....................... (Birkhaüser, 1982)

[ 16 ] К амке e. Differentialgleichungen reeller Funktionen................ (Chelsea, 1947)

[ 17 ] PONTRIAGUINE L. Équations différentielles ordinaires....................... (MIR, 1975)

[18] S ie g e l c. Topics in complex function theory, vol. 1 .............. (Wiley, 1969)

[19] Valiron G. Cours d ’Analyse mathématique, tome 2 ............. (Masson, 1945)

N.B. Une nouvelle version de [12], revue, corrigée et complétée, va paraître aux éditions Cassini.

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par M A M E Im prim eurs à Tours
Dépôt légal M ars 2000 (N “ 00032017)

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