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MOOC Santé publique et système de santé :

Transitions et transformations
Retranscription de la vidéo

Module 1/Promotion de la santé et milieu de vie


La promotion de la santé, un champ de pratique difficile à définir
Intervenant : Éric BRETON

Prévention, promotion de la santé, éducation à la santé,


protection, sécurité sanitaire ce sont tous des termes qui
vous sont familiers ; n’est-ce pas ?
Souvent ils cohabitent sans que l’on distingue trop ce que
les uns et les autres recouvrent. On entend souvent
évoquer, côte à côte, dans une même phrase, la prévention
et la promotion de la santé, comme si ces deux termes
recouvraient la même chose.
Voyons donc si nous pouvons démêler les choses.

Commençons par la prévention. Comme le terme l’indique, l’idée ici est de mettre en œuvre
des actions qui permettent de prévenir un évènement négatif. Dans le secteur de la santé, il
s’agit d’une pathologie ou d’un traumatisme/handicape physique ou psychique. Mais comme
nous parlons d’un travail sur des populations, le levier pour réduire le nombre de ces
événements malheureux est celui des risques.
La prévention est donc une affaire de risques et la mission des systèmes de santé publique est
de réduire l’exposition aux principaux risques attribuables aux handicapes et à la mortalité
prématurée.
Par exemple, on va chercher à réduire le nombre de personnes souffrant d’un cancer en
agissant sur le risque que pose le tabagisme, ou encore réduire les décès de la route par des
mesures abaissant la vitesse des véhicules.
Mais pour planifier des programmes de prévention, il a fallu développer une typologie plus
pointue de ce que l’on entend par prévention.
Dans un article publié en 1983, un américain, Robert Gordon a proposé une typologie
remettant en question une conception trop clinique de la prévention. Gordon a donc suggéré
de distinguer une prévention dite universelle, à une autre sélective et indiquée. C’est d’ailleurs
une typologie que l’on retrouve encore fréquemment évoquée dans les textes.
Pour Gordon ce qui distinguait essentiellement les différents types de prévention était la taille
du groupe visé par les actions. Et cette taille du groupe découlait d’une analyse coût-bénéfice.
Bref si cela ne coûte pas cher, on applique la mesure sur toute une population, sinon on la
concentre sur un sous-groupe voire quelques individus selon des critères bien précis.

Une autre façon de concevoir la prévention va selon une typologie prévention primaire,
secondaire, tertiaire et quaternaire. Mais ici la distinction
entre les niveaux ne s’appuie pas sur un critère coût-
bénéfice mais plutôt sur le moment où l’on intervient par
rapport au risque.
Pour la prévention primaire, on agit sur toute une
population quelle que soit le niveau d’exposition au
risque, en prévention secondaire, on aura identifié un
groupe particulièrement exposé au risque alors qu’en
prévention tertiaire et quaternaire, le risque s’est déjà
transformé en pathologie, handicap et cette prévention vise donc à éviter la résurgence de la
pathologie ou la venue d’autres problèmes.

Mais la santé est-elle uniquement une affaire de risque ? Des risques que l’on élimine quand
c’est possible ou à tout le moins dont ont réduit la prévalence. Autrement dit, est-ce que la
santé n’est que l’absence de maladie ?
Depuis plusieurs années, plusieurs acteurs de la santé publique prônent une vision positive de
la santé qui s’oppose à cette idée « de santé en tant qu’absence de maladie ».
Résumé de manière très simplifié, on peut dire que la promotion de la santé a surtout pour
objectif de conférer les ressources qui permettent aux individus et aux groupes d’améliorer
leur santé. C’est donc essentiellement un travail sur les ressources et non sur les risques.

C’est une différence fondamentale puisque si le point de départ des interventions en


prévention est une pathologie ou un handicap, en promotion de la santé on va plutôt
s’interroger sur ce qui fait la santé d’une population et plutôt travailler sur des questions en
liens avec les conditions de vie, tels le logement, l’emploi, l’accès à l’éducation, à une
alimentation saine. On sait par exemple qu’améliorer les conditions de logement des
habitants d’un quartier a le potentiel de générer des bénéfices qui se répercuteront sur un
large spectre de pathologies physiques ou psychiques.
Cette conception positive de la santé est d’ailleurs au cœur
du modèle de développement de la santé de Bauer et de
ses collègues. La promotion de la santé s’inscrivant dans la
perspective de la salutogénèse. C’est-à-dire qui relève des
mécanismes générant de la santé.
Cela dit, aujourd’hui il est commun de voir la promotion de
la santé évoquée comme un grand tout englobant
également les actions de prévention.
La confusion règne dans les définitions ; et cette confusion
est même entretenue par l’Organisation mondiale de la santé.
Quand l’OMS définit les 10 opérations et services essentiels de santé publique, la prévention
se retrouve restreinte aux activités de vaccination et de dépistage alors que toutes les actions
visant les changements de comportements et habitudes de vie sont considérées de la
promotion de la santé.
Bref, tout semble indiquer que nous en n’avons pas fini avec la confusion qui règne entre les
différentes missions que peuvent porter les structures de santé publique d’un pays.

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