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PROJET DE LÉGISLATION

Aliment médicamenteux, un dernier recours ?


Un projet d’ordonnance gouvernementale camenteux avec AMM, et sur pres- soit à la ferme, « sous la responsabi- n’existe aucun prémélange autorisé
cription vétérinaire à partir de plus lité d’un pharmacien ou d’un vété- spécifique de la maladie à traiter ou
transposera en loi française la cascade d’un prémélange autorisé […] ». rinaire, par un utilisateur agréé à cet de l’espèce concernée. »
Le projet d’ordonnance rem- effet ». Jusqu’à présent, pour la fabri-
européenne du “hors AMM”. place ce texte par une obligation cation d’aliments médicamenteux Pas plus d’un mois
L’aliment médicamenteux y serait inclus similaire : « Pour la fabrication à la ferme, la loi française prévoyait
d’aliments médicamenteux, seuls d’agréer des installations chez l’éle- La directive prévoit que les livrai-
et il ne pourrait alors être prescrit peuvent être utilisés des prémélan- veur. Mais en vingt ans, les services sons d’aliments médicamenteux ne
qu’après exclusion de tous les autres ges avec AMM ou ATU* ». Ce qui de l’Etat n’ont finalement jamais peuvent excéder un mois de besoins.
légalise par exemple l’incorpo- voulu agréer d’installations à la ferme En revanche, le vétérinaire peut
médicaments vétérinaires et même ration de la bacitracine sous ATU malgré les demandes de plusieurs prescrire pour une durée maximale
humains. Une incohérence de plus. dans les aliments médicamen- éleveurs, de porcs notamment. En de trois mois. En pratique, le renou-
teux des lapins. pratique, la Fédération nationale vellement de l’ordonnance vétéri-
porcine a d’ailleurs reconnu que naire étant interdit dans la quasi-
Utilisateurs agréés,

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es vétérinaires prescrip- appliquée. A l’inverse, la directive la plupart des éleveurs étaient totalité des cas en productions
teurs d’aliments médica- communautaire (81/851) dans dans l’illégalité sur ce point. Le pro- animales, la durée de prescription
menteux sont inquiets. En laquelle figure la fameuse cascade
mais pas responsables jet d’ordonnance ne prévoit plus devrait être aussi limitée à un mois
effet, le projet d’ordon- européenne ne vise pas explicite- En outre, jusqu’à présent, « aucun d’agréer des installations, mais des en France. Cette incohérence figure
nance qui transpose la ment les aliments médicamenteux. prémélange médicamenteux ne peut utilisateurs qui agiraient alors « sous toutefois déjà dans le droit français,
cascade européenne du “hors C’est donc sans doute une erreur être délivré au public ». Le projet la responsabilité d’un vétérinaire ». avec une durée de prescription limi-
AMM” les présente toujours comme française de transposition que de d’ordonnance complète la disposi- Enfin, il indique qu’un décret tée à trois mois pour l’aliment médi-
des médicaments sans AMM*, voire vouloir faire entrer la prescription tion en interdisant aussi leur « admi- devra préciser « les conditions de camenteux (article L. 5143-5) et des
des préparations extemporanées “à des aliments médicamenteux nistration [directe] à l’animal ». fabrication, d’importation, d’expor- délivrances limitées pourtant à un
la ferme”. Il oblige donc théorique- comme un dernier recours, lorsque Dans des termes presque identiques, tation, de mise sur le marché, de pres- mois pour les substances vénéneuses
ment leurs prescripteurs à n’y faire toutes les autres solutions médica- cette interdiction a d’ailleurs déjà cription, de délivrance et d’utilisation (antibiotiques, antiparasitaires, anti-
appel qu’en tout dernier recours, menteuses ont été épuisées. Sinon, été votée par l’Assemblée nationale des aliments médicamenteux ». Il inflammatoires, etc.) !
lorsqu’ils ne disposent d’aucun cela reviendrait alors à quasiment en mai et par le Sénat en octobre devra nécessairement intégrer En outre, selon la directive euro-
autre médicament vétérinaire dont interdire leur usage. Et les autres dernier, dans le cadre d’un autre les nombreuses obligations de la péenne, le vétérinaire « traitant les
l’AMM est ou non validée dans dispositions du projet d’ordonnance projet de loi (article 934-2 du Code directive européenne 90/167 sur l’ali- animaux » ne doit pas dépasser dans
l’espèce ou dans l’indication, et sur les aliments médicamenteux rural). Ce projet d’ordonnance ne ment médicamenteux qui ne sont sa prescription les limites maximales
même après l’utilisation d’une spé- seraient presque sans objet. Celles- fait donc que la reprendre dans le pas déjà transposées en droit français. de posologies indiquées dans les
cialité humaine (voir en pages 6 à ci ne changent d’ailleurs pas fon- Code de la santé publique. Ainsi, l’obligation de fabrication AMM. Cela peut néanmoins poser
10 de ce numéro) ! damentalement la réglementation Les prémélanges médicamenteux d’un aliment médicamenteux à par- des difficultés lorsque les posolo-
Pourtant, la directive commu- déjà existante. n’ont donc plus qu’une seule finalité tir d’un seul prémélange médica- gies approuvées dans les AMM sont
nautaire sur l’aliment médicamen- Jusqu’à présent, « l’aliment médi- possible : l’incorporation à un ali- menteux – qui a disparu dans le notoirement insuffisantes et, pour
teux (90/167) n’indique pas que la camenteux ne peut être fabriqué qu’à ment médicamenteux, soit chez un projet d’ordonnance – figure dans certains antibiotiques, susceptibles
cascade européenne doit lui être partir d’un [seul] prémélange médi- fabricant d’aliment médicamenteux, cette directive. « Par dérogation, le d’être à l’origine d’échecs et d’émer-
vétérinaire pourrait faire fabriquer, gence de résistances.
sous sa responsabilité et sur pres-
cription, des aliments médicamen- Éric Vandaële ●
SURVEILLANCE MICROBIOLOGIQUE DES PÂTISSERIES teux à partir de plus d’un prémé- * AMM : autorisation de mise sur le marché.
lange autorisé, à condition qu’il ATU : autorisation temporaire d’utilisation.

Trop de coliformes thermotolérants VOS CLIENTS ONT LU


Seulement 54, 4 % des pâtis- Causes microbiologiques de non-conformité
series artisanales sont confor-
mes aux critères microbio-
logiques, selon le bilan du plan de %
des pâtisseries artisanales Plus besoin
surveillance 1998/1999 de la Direc-
tion générale de l’alimentation
45
40
35
41,24
d’antibiotiques ?
(DGAL). Les résultats des pâtis- 30
series industrielles sont moins 25
préoccupants, plus des deux tiers 20 « Traiter sans anti-
© La Semaine Vétérinaire d’après la DGAL

(68,6 %) des produits étant toujours 15


10,05
biotiques par l’isothéra-
conformes à la date limite de consom- 10 7,36 pie. » Avec ce titre, le
mation (DLC). 5 mensuel Porc magazine de
0,23 0 0 0,93
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La principale cause de non-confor- novembre dernier attire l’atten-
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mité est un excès du taux de coliformes tion des éleveurs sur cette thé-
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thermotolérants, autrefois appelés coli- rapie « alternative » pour le


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formes fécaux, en artisanat (41 %),


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moins originale. Ce procédé


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comme en industrie (21 %). La pré- * Les 21 recherches de toxines staphylococciques se sont révélées négatives. dérivé de l’homéopathie pour-
sence de salmonelles ou l’excès de sta- rait « être grossièrement com-
phylocoques sont rares, inférieurs à 856 prélèvements ont été analysés. 54,4 % se sont révélés satis- paré à un autovaccin ou un
1 % en artisanat et nuls en industrie. faisants (inférieurs à 10 fois la valeur réglementaire (m) du critère). sérum antivenimeux, explique
Aucune contamination par Listeria la revue. On prélève l’agent
monocytogenes à un taux supérieur à agresseur que l’on dilue ensuite
100/g n’a été constatée (voir graphiques). Causes microbiologiques de non-conformité avant de le réintroduire pour
Les coliformes thermotolérants stimuler la réponse immuni-
sont des indicateurs d’une contami-
des pâtisseries industrielles taire ». Cette technique est mise
nation fécale. Mais ce critère pourrait 25
% en œuvre une fois que « les
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manquer de spécificité. La méthode 21 à J0
règles essentielles de conduite,
de dénombrement des coliformes à 20 d’équilibre du microbisme et du
17 à la DLC
42 °C met en évidence, sans les dif- 15 confort animal sont assurées ». L’isothérapie est utilisée « en traitement
férencier, plusieurs espèces bacté- curatif comme en traitement d’entretien [ou] à titre préventif », par voie
© La Semaine Vétérinaire d’après la DGAL

10
riennes, certaines d’origine fécale, 6 6
orale, selon René Le Douaron, p.-d.g. des laboratoires HLD Sodicalima qui
d’autres d’origine tellurique. La 5 promotionnent cette technique. L’article cite plusieurs exemples d’appli-
DGAL envisage donc de remplacer, 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 cation : la gale, la maladie de l’amaigrissement du porcelet ou « en cas de
pour les pâtisseries contenant des problème de toux ». Un éleveur « pleinement convaincu » témoigne qu’il
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ovoproduits, crèmes pâtissières, etc., l’utilise « pour les truies […] avant leur entrée en maternité, […] les porcs
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ce dénombrement par celui d’Esche- charcutiers après la vaccination ». Mais en cas de problème aigu, il n’hésite
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richia coli, espèce plus spécifique pas « à avoir recours, si nécessaire, aux antibiotiques », contrairement à ce
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d’une contamination fécale dans ce que laisse entendre le titre de l’article.


type de denrées. 70 prélèvements ont été analysés le jour du prélèvement (J0) Pour informer les vétérinaires, le laboratoire homéopathique HLD Sodi-
et/ou à la date limite de consommation (DLC). A J0, 52 prélève- calima les a conviés à une réunion technique, sous la houlette d’un Grou-
ments sur 68 sont satisfaisants (76,5 %). A la DLC, 24 échantillons pement technique vétérinaire départemental.
Pascal Cahen ● sur 35 sont satisfaisants (68,6 %). P. C. ●

46 - La Semaine Vétérinaire - n° 996 - 9 décembre 2000

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