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Serge Valdinoci Phenomenologie Affective PDF
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Serge V ALDINOCI
a également publié:
Le Principe d'existence
(Nijhoff 1988)
La Traversée de l'imlnanence
(Kimé 1996)
La Science prelnière
(L'Harmattan 1997)
Abrégé d'europanal}'se
(L'Harmattan, 1999)
Phénoménologie affective
Essai d'europanalyse appliquée
L' Harmattan
@ L'Harmattan, 2008
5-7, rue de l'Ecole polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
harmattan I@wanadoo. fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-06636-6
EAN : 9782296066366
À J.-P. Leroy, avec ma grande reconnaissance
Préface
Ce travail prend place à partir de nos recherches initiales en europanalyse.
Le principe de celle-ci a d'abord consisté à fonder la philosophie et dans
cet acte même d'approfondir, en la brassant dans l'abîme, une science
première totalement autonome en regard des sciences dures, sciences
scientifiques, et de la philosophie dans son ensemble, c'est-à-dire dans la
culture occidentale. Notons que la Science première n'obéit pas aux
mêmes réquisits que les sciences scientifiques, ce que nous constaterons à
nouveau dans la suite de cet Avant-propos et dans le texte qui suit. Pour
l'instant notons préliminairement que la dite Science première aménage, à
sa manière, en immanence affective et non par rapport à des
transcendances effectives qui sollicitent des effectuations de pensée dans
l'espace-temps. En effet, le domaine immanent d'affectivité est spécifique.
Prenons un exelnple chez Husserl, à la fois père de la phénolnénologie
la phénoménologie philosophique et initiateur d'une pensée qui, dans le
monde de la vie (Lebenswelt), met au premier plan des affectuations
passives. Cette intervention, cruciale, scinde le travail scientifique en
deux moments d'une inégale importance: la recherche d'une science, sur
le modèle scientifico-scientifique, est seconde, se meut dans le monde,
alors que la fondation europanalytique d'une science première est
précisément une première manifestation de la science première.
Remarquons ensuite que cet ouvrage ne s'attache pas ici à élever plus haut
encore l'idée d'une science première mais à livrer une interprétation
première de l'europanalyse. L'idée de science première n'est donc qu'une
partie fût-elle le tronc - de l'arbre de l'europanalyse à l'élévation duquel
nous nous consacrons depuis le début de notre intervention dans ce
champ, champ dont nous disons qu'il n'a pas été encore parcouru. Cette
notation suffit tout de même à spécifier l'analyse, du moins pour une
première fois. L'europanalyse appliquée, d'essence affective, n'est pas
commensurable au consortium des sciences de l'affectivité qui sévissent
dans la culture Européenne, qu'elles soient dérivées de la physique, de la
psychobiologie, de la psychosociologie ou de la psychologie avec ses
domaines d'applications les plus divers. Les différentes pratiques, il faut
le dire, manquent l'affectivité essentielle. Pour l'instant, et pour avancer
avec précaution, l'affectivité, dirons-nous, est la pierre d'assise qui fait
converger les diverses pratiques dont il vient d'être traité. L'affectivité est
un pâtir caractérisant l'essence de la vie. Il y va de l'homme bien sûr, mais
plus originellement de tous (les mammifères notamment) ce qui relève du
concept plus vaste d'irritabilité. L'affect est au plus proche de l'existence
vitale et dépasse notamment l'affectivité dite spécifiquement humaine,
cette dernière affectivité contrebalançant toutes les effectuations
primitives et, peut-être, les enracine. Mais nous verrons.
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l'architecture de toute pensée. Il est nécessaire, afm de progresser, et c'est
ce que Husserl n'a pas fait, de se fonder sur une homologie qui procède
de la mise au premier plan, très intéressante, de la Fundierung Qui plus
est, nous sommes par avance justifiés par Husserl car ce dernier distingue
une Fundierung domaniale dans tous les territoires de la pensée.
Quelques lignes plus haut nous avons introduit l'idée d'une fonne larvaire
de la pensée, qui autorise la Fundierung. En biologie, dans ce territoire
donc, la néoténie est la persistance des fonnes larvaires au cours du
développement d'un organisme. Faisons de la néoténie un moteur
structural de recherche afm de penser ensemble affectuation et
effectuation. L'affectuation fouit dans l'affect et creuse radicalement en
lui. Si l'on prend comme standard du pensée l'effectuation en tant que
pensée-dans-Ie-monde, on songe à la pensée commune, la pensée
artistique, et même à la pensée philosophico-scientifique. Ces ef-
fectuations sont des proéminences vers le dehors. Chez Husserl, il est
question de la fonne d'intentionnalité: le réalisme pictural, la
modélisation techno-scientifique sont des effectuations d'un projet enté
sur la matière première humaine. Mais il convient d'aller beaucoup plus
loin. Lançons l'idée: nous dirons heuristiquement qu'il y a « néoténie »
dès lors que le processus d'effectuation devient un moment de
l'affectuation générale. Il convient de clarifier et pour être précis d'écrire
que l'effectuation, évolutive, demeure tout de même un moment
d'involution un« en affectuation ». Sachons, pour exprimer l'analogie
entre néoténie et affectuation, que cette dernière signifie la persistance,
dans l'évolution, d'un domaine larvaire. Mais il existe une différence entre
l'acception biologique et celle, idéologique (au sens de D. de Tracy) de
l'affectuation. Dans les organismes l'involution néoténique caractérise
une puissance locale du larvaire, la persistance d'un système ancien de
dentition, par exemple. En l'europanalyse qui intègre la logique du texte
de Husserl, la fonne néoténique échappe au principe de localisation: la
néoténie affective et inductive vaut d'un système affectif profondément et
réellement valide. Mieux: inventif.
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récession, dans le domaine de pensée le dire effectif s'enveloppe dans le
signe d'un dire affectif dont il s'agira d'étudier les structures. Nous
touchons là à la production d'un dire qui ne nous est pas immédiatement
donné.
La nescience contemporaine
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via l'en soi et les dialectiques de relais.
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comme conversion, du réel empirique. De même Logique formelle et
Logique transcendantale invoque la nécessité irrémédiable de revenir,
depuis les accents de la formalisation, aux individus empiriques de
l'expérience. À la fm de sa vie, les questions ouvertes par l'intentionnalité
intersubjective, l'élucidation des data premiers ou synthèses passives dans
le temps sont autant de points d'arrêts qui bloquent le théorial de théorie.
On ne saurait tout de même oublier que la Fundierung comme théorie
d'appui, préparant au détachement de la Réduction, fonne avec celle-ci
deux moments forts qui transfèrent - certes imparfaitement - une
expérience mystique dans un domaine de pensée.
Après Husserl
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se bâtit pour nous, lecteur et herméneute, une phénoméno-Iogique de
l'ailleurs. Par « ailleurs» il convient d'entendre l'expression «hors les
concepts phéno-philosophiques s'auto-effaçant ». Cette fm d'ouvrage est
le point d'accès à une europanalyse, qui n'est pas enfouie dans la culture
Européenne, pour parler comme le dernier Husserl dans sa Krisis. La
phénoménologique élucidée laisse supposer qu'il existe un logos dans
« les choses elles-mêmes» (Sachen-selbst) qui n'est pas celui de la chose
elle-même que décrit Hegel. L'europanalyse s'attache d'abord à fonder la
philosophie2 puis, plus essentiellement, à s'émanciper de la science
comme de la philosophie en œuvrant pour son propre compte, d'ailleurs
immensément.
La question du langage
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donner dans la métaphorique heideggérienne dont nous venons de parler.
En europanalyse nous avons longuement suggéré déjà que le langage
configure un moment dépendant, à la différence du logos panique des
Anciens, avant Plutarque. Le langage, en d'autres termes, est en un acte de
parole ou d'écriture. M. Henry a bien montré dans Phénoménologie
matérielle combien la philosophie devrait être réécrite, redite depuis la
problématique dûment subvertie de la perception. Nous le verrons, la
question de la perception est centrale dans notre ouvrage. Pour l'instant,
rien n'est encore fait, même si c'est donné à faire. Déjà, cependant, nous
pouvons assumer quelques positions théoriques. Comme Husserl, il est ici
admis que le langage est une couche de l'expression des vécus intimes.
Plus radicalement, il nous paraît que cette couche de l'expression est
partie prenante d'une impression générale, et plus précisément ici, d'une
impression qui recentre affectivement l'homme, quelle que soit la
diversité des situations. Issue de l'impression, la couche du langage
épouse son origine affective. En ce sens, il s'agit bien ici d'un moment
dépendant qui prime sur toutes modélisations possibles, toujours
intéressantes mais à titre de compléments (Saussure par exelnple). C'est
pourquoi le langage fait partie du ravissement général (theoria)
accentuant la contemplation. La theoria, en effet, n'est pas la théorie,
modélisante. Celle-ci propose une logique de la communication entre
territoires. La theoria est un exercice, une ascèse, et n'est pas Inodélisable
parfaitement dans la mesure où c'est la communication qui est
ex-prinlable, donc modélisable.
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aboutissent à engendrer un régime de métaphores (la différence, la trace,
le différend, l'autrement que, etc.), nous dirons que Husserl hyperbo/ise
des moments qui valent pour l'intrastructure. L'originalité de Husserl est
là: substituer des protophores aux métaphores. C'est ainsi que la
méditation est créatrice: les protophores interviennent, certes trop
localement, dans le dispositif de l'intrastructure du réel. Mais elles ne sont
pas « humaines trop humaines ». Elles prennent le rang de métaphores
constituantes, ouvrant sur un fonds de réel.
Pour délocaliser les protophores nous sommes amenés, dans cet ouvrage,
à métabo/iser l'hyperbole. Il n'est pas question d'élire des métaphores
fumeuses, mais il convient de livrer un mode de fonctionnement. La
racine grecque ballein (lancer) indique qu'il s'agit de rendre la fiction
fonctionnelle. La lnétabolisation de l'hyperbole engendre une économie
impressionnelle, reversée expressionnellement à des fms de
communication dans l'espace et le temps. Tout notre ouvrage sera articulé
par ce développement et cette fondation des protophores en métaboles.
Prenons un exemple: l'Europe-philosophie est une fiction non-
fonctionnelle. Elle se propose comme un faire-échec à la pseudo-vigilance
de la réalité humaine. Elle est essentiellement problématisante tout en ne
résolvant aucun des problèmes qu'elle pose. La raison en est simple:
l'Europe-philosophie - et les aspects les plus contelnporains des sciences
scientifiques, ou dures - est arraisonnée par son rôle culturel. Disons-le
tout net: c'est l'opinion publique - certes droite - qui suscite les
problématisations, même si ces dernières affment leur statut de doxa par
la suite et, au mieux, relèguent cette dernière.
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l'apposition d'un apposé à un apposant. L'opération essentielle est, dans le
discours et non dans le dyscours formant conversation, de laisser glisser
l'apposant sous l'apposé, de basculer la structure de l'apposition. Cette
situation du vrai implique un regressus, regressus qui départage le
discours du dyscours. Ce basculement, cependant n'est pas une retombée,
une annulation du sens propositionnel. Ce que le sens commun appelle du
nom, certes surfait, d'intuition cache une vérité: le dyscours s'empale en
discours au moment de la soi-disant intuition. De la même manière, le
discours philosophique à large composante dyscursive, se troue,
abandonne ses oripeaux dyscursifs pour entamer - et entamer simplement
- une incursion-intuition dans une trouée de soi définitive. Cette trouée
suscite l'établissement progressif d'un axe métabolique, invisible
« derrière» les contreforts discursifs. Un parcours invisible, qui ne fait
pas chiasme (comme chez Merleau-Ponty) avec le visible du parcours
dyscursif, met en place ce que nous nommons: une analectique.
L'analectique
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l'analectique théorialisante est le premier mouvement - en interne qui,
depuis son invisible, contrecarre le dyscours prédicatif et sa variante
dialectique.
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L'europanalyse considère que le «projet-de» est l'éviscération d'un jet
dans l'interne avant même les positions du sujet et de l'objet. En effet, au
départ est l'écumène qui est bien plus consistant que l' habitus de vivre
issu du monde de vie (Lebenswelt). Ce jet habitant intrastructure
l'écumène.
La rétroréférence
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