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Rupture et Plasticité

Plan du cours

Comportements non linéaires des matériaux solides : Amphi 1

Rupture fragile :

− Singularités de contrainte et ténacité des matériaux : Amphi 2


− Analyse énergétique de la propagation d’une fissure : Amphi 3

Plasticité :

− Comportement élasto-plastique : Amphi 4


− Dissipation plastique : Amphi 5
− Structures élasto-plastiques standard : Amphi 6

Charges limites : Amphi 7

1
Elasto-plasticité

Amphis 4, 5 et 6

Au delà de la limite d’élasticité apparaissent des déformations plastiques

....essentielles en mise en forme ....dissipant de l’énergie.

Objectif = expliquer QUAND et COMMENT apparaissent ces déformations plastiques


2
Cadre de travail Amphi 4

Hypothèse des petites perturbations :

• Configuration actuelle = configuration initiale.


• Tenseur des déformations linéarisées :

1 
ε= ∇ξ + ∇ξ ,
T
2
• Tenseur vitesse de déformation :
1 
ε̇ = ∇ξ̇ + ∇ξ̇ = d(v),
T
ε̇ = d(v).
2

Evolution quasi-statique : les termes d’accélération sont négligés.

Evolution isotherme : les variations de température sont négligées.

3
Loi de comportement élasto-plastique

I. Rappel du cas uniaxial.

II. Surface seuil de plasticité. Surface initiale.

III. Surface seuil de plasticité. Ecrouissage.

IV. Déformation plastique. Règle de normalité. Plasticité parfaite.

V. Critère de charge-décharge.

VI. Déformation plastique. Matériau écrouissable.

4
I. Rappel du cas uniaxial
Chargement uniaxial (limite d’élasticité)

σ A
σA

σ0

O B ε

εp εel

Limite d’élasticité = seuil de plasticité


• Limite élastique initiale (en partant de 0) : σ0
• Limite élastique actuelle (en partant de B) : σA.
5
Ecrouissage : la limite d’élasticité dépend de la déformation plastique.

σ (MPa) σ

σ0

ε ε
0.001

domaine de domaine non linéaire


linéarité

Acier inox : seuil = fonction (εp). Acier doux : seuil constant.


Ecrouissage Plasticité parfaite

6
II. Chargements multiaxiaux. Surface initiale de plasticité

L’état de contrainte dans une structure est en général multi-axial : σ.

Généralisation de la notion de seuil de plasticité

• ∃ domaine dans l’espace des contraintes tel que


- A l’intérieur du domaine, le régime est élastique : do-
Surface seuil de plasticité
maine d’élasticité.
- Sur le bord du domaine, le régime est élasto-

plastique : surface seuil de plasticité.
• Critère = toute fonction f telle que

Domaine d’élasticité = {σ, f (σ) < 0},


Domaine d’élasticité

Surface seuil de plasticité = {σ, f (σ) = 0}.

Domaine d’élasticité + surface seuil de plasticité = Domaine de plasticité

7
Détermination expérimentale de la surface seuil : 1. Essai de traction
torsion

F
M

Rayon interne R
épaisseur e

Zone utile

σ = σez ⊗ ez + τ eθ ⊗ ez + ez ⊗ eθ ,
  
0 0 0
σ= 0 0 τ 
0 τ σ F M
σ= , τ= 2
.
2πRe 2πR e
8
Essai de traction biaxiale
σ2

zone utile

σ1

σ = σ1 e1 ⊗ e1 + σ2 e2 ⊗ e2.

9
Surface initiale de plasticité : essais de traction-torsion (Bui, 1970)

offset
Surface seuil de plasticité τ
^ ^
(σ , τ) Σ

Σo (σ(t), τ(t)) = Σ(t) (σ̂, τ̂) ,


0 σ

E
offset ' 10−5.
Domaine d’élasticité

τ
Premières observations

• σ = 0 est dans le domaine d’élasticité.


• Le domaine d’élasticité est convexe.
σ
• Surface seuil ' ellipse :
grand axe √
' 3.
petit axe

10
Surface initiale de plasticité : modélisation

Etat de contrainte en traction-torsion

σ = σez ⊗ ez + τ eθ ⊗ ez + ez ⊗ eθ ,


Critère de Tresca (cisaillement maximal) :

Sup σi − σ j ≤ σ0.


i, j
Contraintes principales :
p p
  σ − σ + 4τ
2 2 σ + σ2 + 4τ2
0 0 0 , 0, .
2 2
σ= 0 0 τ 
0 τ σ
q
Tresca
Sup σi − σ j = σ2 + 4τ2, σ2 +4τ2 ≤ σ20.


i, j

grand axe
La surface seuil est une ellipse. = 2.
petit axe

11
Critère de von Mises
σ = σez ⊗ ez + τ eθ ⊗ ez + ez ⊗ eθ ,


σ σ 2σ
σm = , s = − (er ⊗ er + eθ ⊗ eθ) + ez ⊗ ez + τ eθ ⊗ ez + ez ⊗ eθ .

3 3 3

Contrainte équivalente :
 1/2 1/2 τ Von Mises
3 
σeq = s s = σ2 + 3τ2 .
2 ij ij Tresca

q
vonMises
σeq = σ2 + 3τ2, ⇒ σ2 +3τ2 ≤ σ20. σ

La surface seuil est une ellipse.

grand axe √
= 3.
petit axe

Meilleur accord modèle/expérience dans ce cas avec le critère de von Mises.

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Forme générale du domaine initial de plasticité.

(2)
σ 


Domaine initial de plasticité :
(1)
σ 

• P est convexe,


 



(1) (2)
t σ + (1−t) σ

P
• et contient 0 dans son intérieur.

Conséquences pour le choix du critère de plasticité, i.e. de toute fonction f définissant le


domaine de plasticité :

P = {σ, f (σ) ≤ 0 }.

f est choisie convexe et telle que f (0) < 0.

13
III. Chargements multiaxiaux. Ecrouissage

La charge est poursuivie au delà de la surface initiale de plasticité.

τ
τ

σ
σ

Chargement radial en traction-torsion Traction puis torsion

14
Manifestations de l’écrouissage

• Modification de taille : écrouissage


Trajet de chargement
“isotrope”.
τ Surface seuil actuelle
Surface seuil initiale
• Translation du centre du domaine
d’élasticité : écrouissage “cinématique”
⇒ effet Bauschinger (limite d’élasticité
0 σ en compression < limite élasticité en
traction après écrouissage).

• Distorsion ou changement de forme


de la surface seuil.

15
Modélisation de l’écrouissage
Domaine initial de plasticité : f (σ) = F (σ) − σ0 ≤ 0.

Trajet de chargement
τ
Surface seuil initiale Surface seuil actuelle Ecrouissage isotrope :
changement de taille de la surface seuil.
σ
f (σ, R) = F (σ) − R ≤ 0.
0
R paramètre scalaire mesurant la taille du do-
maine.
Trajet de chargement
τ
Surface seuil initiale Surface seuil actuelle
Ecrouissage cinématique :
Changement de centre de la surface seuil
X σ
0 f (σ − X) ≤ 0.
X : contrainte interne, centre du domaine.

Cas général : f (σ, X, R) = F (σ − X) − R ≤ 0. R et X évoluent avec la déformation


plastique.
16
IV. Déformation plastique.

Rappel du cas uniaxial

σ A
σA Evolution de la déformation plastique
• Décomposition de la déformation ε en partie
σ0 élastique εel (récupérable par décharge) et par-
tie plastique εp (déformation permanente après
décharge) : ε = εel + εp.
ε • Décharge A → B ' parallèle au trajet élastique :
O B
σ
ε
p
ε
el εel = , εp? Comportement élasto-plastique.
E

εp identique le long de AB ⇒ impossible de déterminer εp, mais on peut déterminer ε̇p :

Sur AB : si σ < σA, dεp = 0, si σ = σA, dσ ≤ 0 dεp = 0, dε = dεel,


si σ = σA, dσ ≥ 0 ⇒ dε = dεel + dεp, dεel = , dεp ≥ 0.
E
17
Chargements multiaxiaux

Décomposition de la déformation totale :

ε = εel + εp, εel = S : σ, ε̇p?

Aspects expérimentaux Vecteur dεp porté à partir de σ.

Jauges de déformation :
σ
dεzz, dεθz,
p p
⇒ dεzz, dεθz,

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Autre matériau, autre trajet de chargement

τττ

σσ

19
Modélisation : règle de normalité en plasticité parfaite

Etat de contrainte sur le seuil. Comment évolue la déformation plastique ?

• Si σ est l’intérieur du domaine d’élasticité les déformations plastiques n’évoluent pas.

• Si σ est sur la surface seuil de plasticité, la vitesse de déformation plastique est, dans
les métaux, donnée par la règle de normalité : ε̇p est normale extérieure à la surface seuil
de plasticité au point représentatif de l’état de contrainte.

f (σ) = 0,
et, si f est dérivable :

∂f
ε̇ = λ̇ (σ),
p
λ̇ ≥ 0.
f(σ
_) < 0 . ∂σ
P ε_ p
f(σ
_) > 0
λ̇ : multiplicateur plastique, laissé indéterminé
f(σ
_) = 0
par la loi de comportement.

• Les états de contraintes hors du domaine de plasticité ne sont pas physiquement admissibles.

20
Equations de comportement pour un solide élastique parfaitement
plastique ... et critère f dérivable.

ε = εel + εp, εel = S : σ,

∂f
f (σ) ≤ 0, ε̇p = λ̇ ∂σ (σ), λ̇ inconnu

λ̇ = 0 si f (σ) < 0, λ̇ ≥ 0 si f (σ) = 0.


Décompte équations-inconnues

Connaissant l’incrément de déformation ε̇, peut-on déterminer l’incrément de contrainte σ̇ ?


• En élasticité (ou en régime élastique) :

ε̇ = S : σ̇, 6 équations pour 6 inconnues.

• En élasto-plasticité :
∂f
ε̇ = S : σ̇ + λ̇ (σ), 6 équations pour 6 + 1 inconnues.
∂σ
Equation supplémentaire :

λ̇ = 0 si f (σ) < 0, λ̇ ≥ 0 si f (σ) = 0. Bilan OK !


21
Critère de von Mises
Contrainte équivalente mesurant l’intensité du cisaillement :
σ3  1/2
_σ 3
p i f (σ) = σeq = s:s , où σ = σm i + s,
Deviateurs
2
s
_ σm i

σ2 s = K : σ déviateur de σ, K projecteur sur les déviateurs.

σ1 f (σ + pi) = f (σ).
Le domaine de plasticité de von Mises est un cylindre de
génératrices parallèles à l’axe des pressions.

σ3
∂f ∂f ∂s 3 s ∂s
p (σ) = (σ) : = : .
∂σ ∂s ∂σ 2 σeq ∂σ
i

Déviateurs
σ2 ∂s ∂f 3 s
= K, et donc (σ) = , puisque K : s = s.
∂σ ∂σ 2 σeq

σ1 3 s
ε̇ = λ̇
p
. ε̇p parallèle à s.
2 σeq

22
Récapitulation dans le cas du critère de von Mises

On suppose de plus l’élasticité isotrope.

ε = εel + εp,

εel = − Eν trσ i + 1+ν


E σ,
s
σeq ≤ σ0, ε̇p = 2 λ̇ σeq ,
3

λ̇ = 0 si σeq < σ0, λ̇ ≥ 0 si σeq = σ0.

23
Commentaires : 1. Les déformations plastiques sont incompressibles (pas de variation de
volume) :
3 trs
trε̇ = λ̇
p
= 0.
2 σeq
2. On définit la vitesse de déformation plastique équivalente, et la déformation plastique
cumulée p :
 1/2 Z t
p def 2 p p def p p
ε̇eq = ε̇ ε̇ = λ̇, p(t) = ε̇eq(s) ds, ṗ = λ̇ = ε̇eq.
3 ij ij 0

3. Justification du facteur 2/3 (analogue du 3/2 pour σeq) :


p
σ : ε̇p = σeqε̇eq.
De plus en traction simple :
 
1 1 2
σ = σez ⊗ ez, s = σ − ex ⊗ ex − ey ⊗ ey + ez ⊗ ez ,
3 3 3
s
 
3 1 1
ε̇p = λ̇ = ṗ − ex ⊗ ex − ey ⊗ ey + ez ⊗ ez .
2 σeq 2 2
ṗ vitesse de déformation plastique axiale.
24
V. Charge-décharge

σ
B 2
A Retour sur le cas uniaxial : même si
1 le seuil de plasticité est atteint, les dé-
formations plastiques n’évoluent qu’en
charge (trajet 2).
ε

Etat multiaxial : il y a charge si f (σ(t)) = 0 et f (σ(t + dt)) = 0 ∀dt > 0, dt  1.

∂f
f˙(σ)(t) = 0 ⇒ (σ) : σ̇ = 0 ⇒ ε̇p(t) : σ̇(t) = 0.
∂σ
En plasticité parfaite, incrément de contrainte et incrément de déformation plastique sont
orthogonaux.

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Quelques points de rigueur mathématique (problème non linéaire !)

. d −σ 1. σ̇ n’existe pas toujours.


εp dt
d+σ d+ σ(t + dt) − σ(t)
dt σ(t) = lim .
dt dt
dt > 0 → 0
O d− σ(t − dt) − σ(t)
σ(t) = lim .
dt dt
dt < 0 → 0

+
La relation d’orthogonalité s’applique à dt σ(t).
d

2. Equation différentielle non linéaire. Supposons ε̇(t) connue :

∂f
S : σ̇(t) + λ̇ (σ) = ε̇(t), avec f (σ) ≤ 0 et λ̇ f (σ) = 0.
∂σ
Equation différentielle non linéaire. λ̇ fonction implicite et inconnue de σ dont on ne sait pas si
elle vérifie la condition de Lipschitz. Existence, unicité, régularité en t d’une solution non
triviales.
26
VI. Règle de normalité dans les matériaux écrouissables

Domaine et critère de plasticité pour matériaux écrouissables

f = f (σ, X, R) = F (σ − X) − R.
R variable scalaire mesurant la taille du domaine, X variable tensorielle repérant le centre du
domaine.

P(X, R) = {σ, f (σ, X, R) ≤ 0}.


Comment R et X dépendent-elles de la déformation plastique ?

Z t
Modèle le plus couramment utilisé : X = H : εp, R = R(p), p(t) = λ̇(s)ds.
0

σ R Exemple : identification d’un modèle d’écrouis-


sage isotrope
σ0 σ0 • Effectuer un essai de traction simple et relever la
courbe (ε, σ).
ε p • En déduire la courbe (p, R), p = ε − σ/E , R = σ.
p • Modèle d’écrouissage isotrope : σeq − R(p) ≤ 0.
27
Règle de normalité

Enoncé sans changement par rapport au cas parfaitement plastique : σ, X, R étant connues, la
vitesse de déformation plastique ε̇p est nulle si σ est intérieur à P(X, R) et normale
extérieure à la surface seuil de plasticité si σ est sur le bord de P(X, R).

∂f
ε̇ = λ̇ (σ, X, R),
p
λ̇ ≥ 0.
∂σ
Equations de comportement pour les matériaux élasto-plastiques écrouissables :

ε = εel + εp, εel = S : σ,

∂f
f (σ, X, R) ≤ 0, ε̇p = λ̇ ∂σ (σ, X, R),

λ̇ = 0 si f (σ) < 0, λ̇ ≥ 0 si f (σ) = 0,

X = H : εp, p(t) = 0t λ̇(s)ds.


R
R = R(p),

28
Levée de l’indétermination sur le multiplicateur plastique

La loi de comportement permet-elle de calculer de façon unique la vitesse de déformation


ε̇ associée à une variation de contrainte σ̇ ?

σ .
σ σ
B 2 .Module tangent
A B ε
1 A

ε
ε
Non si l’écrouissage est nul (plasti-
Oui si l’écrouissage est positif.
cité parfaite)
λ̇ déterminé sans équivoque.
λ̇ indéterminé.

29
Démonstration

En régime élastique ou en décharge : ε̇ = S : σ̇.

Seul le cas de la charge nécessite une démonstration. Charge si f = 0 à t et à t + dt , donc si


f˙ = 0.

f = F (σ − X) − R = 0, ˙f = ∂F (σ − X) : σ̇ − ∂F (σ − X) : Ẋ − ∂R (p) ṗ = 0.
∂σ ∂σ ∂p

∂F ∂R
Rappel : ṗ = λ̇, Ẋ = H : ε̇p, on pose N= (σ − X) et h = (p).
∂σ ∂p

 +
  N : σ̇
Il vient : N : σ̇ − λ̇ N : H : N + h = 0, λ̇ = , (si dénominateur > 0).
N : H : N +h

N ⊗N
ε̇ = S : σ̇ + λ̇N ⇒ ε̇ = Sep : σ̇, où Sep = S + .
N : H : N +h

Attention : le tenseur de souplesse tangent Sep est anisotrope et dépend de σ, X et p.


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Conclusions

• Surface seuil de plasticité fixe (plasticité parfaite) ou variable (écrouissage).

• Règle de normalité : la vitesse de déformation plastique est une normale extérieure à cette
surface seuil.

• Multiplicateur plastique indéterminé en plasticité parfaite, parfaitement déterminé en plasticité


avec écrouissage positif.

• Ecriture de la règle de normalité dans le cas d’un critère non différentiable ?

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