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Jury :
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À Louisa, Boris et Saphia
À Hortense et Hugo
À Nathanaël
!"!!
Nous sommes des héritiers, cela ne veut pas dire que nous avons ou que nous recevons ceci
ou cela, que tel héritage nous enrichit un jour de ceci ou de cela, mais que l’être de ce que
nous sommes est d’abord héritage, que nous le voulions et le sachions ou non.
L’on voudrait un mot, un nom ; l’on voudrait rugir : voilà la solution, voilà d’où naquit mon
tracas. L’on voudrait pouvoir bondir, sortir du sibyllin, du charabia confus, du mot à mot
gargouillis. Mais l’on n’a plus aucun choix : il faut approfondir jusqu’au bout la vision.
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Remerciements
Plusieurs personnes ont relu ce volume. Il m’est agréable, aujourd’hui, de leur adresser
les remerciements qui s’imposent. J’espère n’oublier personne. Chaleureux remerciements
donc à Antoine Coppolani, Michelle Zancarini-Fournel, Gilles Boyer, Yann Calbérac, Jean-
Paul Laborie et Médéric Chauvin, pour leur lecture attentive. Leurs commentaires ont
toujours été précieux.
Je ne serais pas ici sans les personnes qui ont infléchi, consciemment ou non, mon
parcours. Qu’elles en soient toutes très chaleureusement remerciées, y compris celles dont les
noms n’apparaissent pas ici. À ce titre, je n’oublie pas les divers collègues d’écoles primaires,
notamment de l’école Marie Curie à Montpellier, où j’ai enseigné pendant de nombreuses
années. Je pense à Nicole Roméro qui m’a par la suite amicalement ouvert les portes de sa
classe et de son école, dans le quartier du Petit Bard, lorsque je me suis intéressée à cet espace
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de relégation. Je pense également aux collègues de Lyon : Michelle Zancarini-Fournel, qui
m’a, entre autre, associée à cette belle aventure de la Classe Préparatoire à l’Enseignement
Supérieur littéraire à l’École normale supérieure de Lyon ; Gilles Boyer, avec lequel j’ai
partagé deux sessions de Capes à Châlons-en-Champagne et un séminaire à Yad Vashem ;
Patrick Blancodini, co-locataire parmi d’autres de deux gîtes à proximité de Châlons-en-
Champagne (Capes, toujours) ; Pascal Clerc et Vincent Porhel, avec lesquels j’ai parcouru une
bonne partie de l’Union européenne dans le cadre d’une recherche Comenius sur
l’enseignement de l’Europe (et qui m’ont souvent prêté main forte pour porter une valise
(sur)chargée car un autre déplacement succédait à celui-là, sous des climats et pour des motifs
généralement différents, ce qui nécessitait de nombreux ajustements). Ces collègues sont
aujourd’hui indiscutablement bien davantage des ami-e-s que des collègues. Et puisque,
rédigeant ces lignes, mon esprit vagabonde vers des lieux où travail et amitié se conjuguent, je
tiens à adresser des clins d’œil conviviaux aux « amis franco de port » du Capes ; elles et ils
se reconnaîtront. Les conversations, personnelles et scientifiques (autour d’une excellente
caponata par exemple, merci Thierry !) ont sans aucun doute (également) nourri mes
réflexions.
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1
Bernard KAYSER, « Sans enquête, pas de droit à la parole », Hérodote, n°9, pp. 6-18. Il s’agit d’un slogan
emprunté au Petit livre rouge du président Mao Tsé Toung.
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En conséquence, ma dette s’avère immense envers les personnes rencontrées qui ont
accepté de parler, d’échanger, d’expliquer, ou de répondre aux divers et nombreux
entretiens auxquels je les ai conviés, au fil de mes champs d’intérêts successifs : responsables
et personnels des différents musées consacrés à la Shoah, enseignantes et élèves de l’école
Joseph Delteil du Petit Bard, vignerons de Saint Georges d’Orques et de Pézenas, touristes
installés confortablement sur la plage de Villeneuve-les-Maguelonne, maires et conseillers
municipaux des petites communes limitrophes de Montpellier mais aussi de Balagne, acteurs
culturels et élus montpelliérains, commerçants, client-e-s du marché du Plan Cabane, usagers,
habitants du centre ville et du périurbain… J’en oublie forcément. Un grand merci, y compris
à toutes et tous ces oublié-e-s. Ma reconnaissance leur est acquise.
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Introduction
Voici venue l’heure de retracer un itinéraire et de porter un regard réflexif sur des
travaux antérieurs. Il s’agit bien de rendre compte d’un parcours, d’une aventure intellectuelle
et scientifique. Perspective enthousiasmante, car il s’agit là d’une étape clef, d’une escale
formatrice dans une carrière, voire dans une vie. Mais aux premiers instants de cette réflexion
introspective, une première contrariété surgit, quelque peu angoissante : jusqu’à quel point
l’expression d’un intime est-elle autorisée ? Et le prime empressement à regarder dans le
rétroviseur de sa trajectoire faiblit, laissant place à un désagréable sentiment de double bind:
d’un côté se soumettre à une autodiscipline d’ « ego-histoire » qui permet de préciser
véritablement d’où l’on parle, de clarifier ce et ceux qui nous ont co-construit et
éventuellement contribuer à fournir un outil à de futures recherches en sciences sociales2 ;
d’un autre côté, respecter les recommandations du CNU qui invite à ne pas tomber
complaisamment dans l’ « égo-géographie ». Comment gérer ces injonctions paradoxales ?
Comment restituer et conjuguer la part de l'improvisation et du hasard à celle d'une stratégie
de recherche ? Comment rendre cohérent un parcours qui, bien trop souvent, ne l’a pas
forcément été ? Pierre Bourdieu a dénoncé cette illusion biographique : la vaine volonté de
donner du sens, de rendre raison, de dégager une logique, à la fois prospective et
rétrospective3. Osons, à notre tour, l’incitation exprimée par Yves Lacoste dans un numéro
d’Hérodote : « Ego-histoire » disent […] les historiens. Et pourquoi pas les géographes ? »4.
Car finalement la rédaction du parcours scientifique de l’Habilitation à Diriger des
Recherches constitue un des rares moments où les universitaires ont l’opportunité de dire
« d’où » ils ou elles parlent. Alors, jusqu’à un certain point, jouons franc jeu (franc je/eux).
Je dois donc d’emblée ici faire un aveu : la trajectoire que je vais développer est
chaotique, non rectiligne. À la différence de nombreux et nombreuses collègues, je ne puis
présenter un parcours classique de type classes préparatoires, agrégation, ATER, puis Maître
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2
Un projet d’ANR, présenté par Patrick Garcia et l’Institut d’Histoire du Temps Présent propose d’étudier la fabrique des
sciences humaines et sociales à travers l’analyse de ces itinéraires intellectuels et discours produits par différentes générations
d’acteurs du champ scientifique à direction de leurs pairs.
3
Pierre Bourdieu, « L’illusion biographique », dans Raisons pratiques. Sur la théorie de l’action, Paris, Points Essais, 1994,
p. 82.
$"Yves Lacoste, « La géographie, la géopolitique et le raisonnement géographique », Hérodote, 2008/3 n° 130, p. 17-42.
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de Conférences. À la sortie du lycée, devenir universitaire ne faisait pas partie de mon horizon
mental. C’est donc cet itinéraire fait de chemins de traverses que je vais commenter, à travers
divers chapitres, inégaux en taille. Ce plan est sans doute imparfait. Il répond à un choix,
assumé, de présenter comment ce parcours scientifique coïncide avec des enchaînements,
aléatoires, essentiellement liés aux temporalités, aux rencontres et aux opportunités. C’est la
raison pour laquelle je commencerai par une première partie essentiellement chronologique,
présentant les années qui s’étendent entre le Baccalauréat et le Doctorat. Cette période
correspond à la fois à mes pérégrinations et à mes premiers pas dans la recherche. Il s’agit
d’un temps de maturation fondamentale pour la compréhension de cet itinéraire. Dans un
second chapitre, je détaillerai l’ensemble de mon parcours d’enseignante, de mes premières
années dans l’enseignement primaire jusqu’à maintenant. Puis je reviendrai, dans un troisième
chapitre, aux activités de recherche, mais cette fois-ci à travers mes expériences
d’enseignante-chercheure. La posture n’est dés lors plus celle des « premiers pas », bien
qu’elle en hérite en partie. Enfin, je conclurai ce travail sur des perspectives d’avenir.
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Chapitre Un
Du Baccalauréat au Doctorat
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Du Baccalauréat à la Licence : entre hésitations et engagements
C’est en juin 1981 que j’obtins le Baccalauréat, quelques semaines après l’élection de
François Mitterrand à l’élection présidentielle. J’avais été active pendant la campagne
électorale, et mes engagements dans divers mouvements sociaux, féministes et écologistes,
n’avaient pas été propices au bachotage. Devant l’irrégularité de mes résultats, le dernier
conseil de classe avait tenu à réserver son jugement ; je devais faire mes preuves. Et voilà, les
preuves étaient faites ; alors que les déménageurs entassaient les dernières affaires de notre
maison familiale dans le camion de déménagement5, je fêtais la présence de mon nom sur la
liste des reçus. Un Bac B, décroché à Limoges, au lycée Gay-Lussac (Gay-Lu pour les
habitué-e-s). Mon enseignante de Sciences Économiques et Sociales m’avait conseillé de
travailler le concours d’entrée à Sciences Po, mais je n’avais pas suivi sa précieuse
suggestion. J’étais pressée d’en découdre avec ce que j’estimais être la « vraie vie ». Le destin
s’était déjà quelque peu chargé de me bousculer, et les études ne me semblaient pas
appropriées à la rage de vivre qui m’habitait. Les petits boulots se succédèrent, dans le Midi
de la France où des raisons sentimentales m’avaient amenée : démarchage à domicile,
animatrice dans les cantines de quelques écoles montpelliéraines, puis vendeuse, dans la très
belle librairie Vents du Sud d’Aix-en-Provence, au rayon « Littérature jeunesse ».
Sans en avoir pleinement conscience, nous étions encore plusieurs à vivre dans les
traces du « Moment 1968 »6. Assez logiquement, une utopie de vie plus ou moins
communautaire dans les Alpes de Haute Provence succéda à un mode de vie jugé trop urbain
et trop conformiste. Un rêve d’Homo baba nostalgicus ruralis, pour reprendre l’expression de
Jean-Pierre Martin7. Une vie insouciante et pratiquement autogestionnaire, à carder la laine
des brebis voisines, à lire, chanter et jardiner un vaste potager biologique succéda donc à
l’expérience de la librairie aixoise. C’est dans cette Maison bleue, « peuplée de cheveux
longs, de grands lits et de musique, peuplée de lumière et peuplée de fous 8», près de Mane,
que je devins maman. J’avais vingt ans, et c’était le bonheur.
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5
Nous étions installés à Limoges depuis quatre années, mais suite à une promotion professionnelle, mes parents et mes sœurs
partaient s’installer à Bourges.
6
Michelle ZANCARINI-FOURNEL, Le moment 68 : une histoire contestée, Paris, Le Seuil, 2008, 313p, et Michelle ZANCARINI-
FOURNEL et Christian DELACROIX, 1945-2005. La France du Temps Présent, Chapitre VII : « Le moment 1968 et ses
traces », p. 367, Joël CORNETTE (Dir.), Belin, 2010, 652p.
7
Jean-Pierre MARTIN, Sabots suédois, Fayard, 2004, 248p, p. 13.
8
En référence aux paroles de la chanson « La Maison Bleue », de Maxime LE FORESTIER, 1973.
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C’est à mon père que je dois une prise de conscience finalement salutaire. Mes
parents, qui ne goûtaient que très peu mes choix de vie, nous avaient rendu visite pour
quelques jours. C’était la période de récolte des pommes de terre. Sous le soleil provençal, il
m’aida dans cette tâche. Sans acrimonie, peut-être même sans un regard, il me fit remarquer
que le rendement s’avérait faible, au regard de la qualité du sol… Et que les études me
donneraient vraisemblablement des résultats bien plus satisfaisants. Ce fut un déclic. À la
rentrée qui suivit, j’étais inscrite à l’Université Paul-Valéry de Montpellier, dans un cursus
Histoire-Géographie. Études et petits boulots pendant deux ans pour financer mes études, le
temps d’obtenir le DEUG en juin, et le concours d’entrée à l’École normale en septembre9.
J’avais un métier, institutrice, et j’étais désormais sur des rails. Je décidai néanmoins
de poursuivre les études en double licence, histoire et géographie, en tant qu’étudiante non-
assidue, tout en suivant les cours obligatoires à l’École normale. Mais c’est finalement la
géographie qui emporta mon adhésion. Je pouvais suivre les cours du mercredi matin, et
quelques cours qui avaient lieu pendant les vacances scolaires non universitaires. J’avais été
fascinée par les cours que donnait le Professeur Raymond Dugrand, en géographie urbaine.
Avant l’heure, il avait inventé le concept du jeu Simcity. Le partiel sur lequel nous fûmes
évalués reposait en effet sur quelques données physiques, démographiques, économiques et
géopolitiques d’une ville moyenne. En fonction de ces paramètres, il fallait proposer des
projets urbanistiques, penser et aménager la ville en définissant des zones de construction
(quartiers résidentiels, industriels, commerciaux), et des infrastructures indispensables
(hôpitaux, écoles, réseaux de transport)… Je me souviens que la dernière phrase de l’énoncé
reposait sur l’avertissement suivant : ne pas oublier que le maire de cette commune souhaite
être réélu aux prochaines élections municipales. Sans fausse modestie, je dois bien reconnaître
que l’excellente note obtenue à ce partiel décida largement de mon choix : après la licence, je
continuerai en géographie urbaine.
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9
Le concours avait lieu en septembre, et depuis 1985, le recrutement se faisait post-DEUG. La formation professionnelle,
rémunérée, se faisait ensuite en deux ans, à l’École normale.
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De la Maîtrise au Doctorat : les premiers pas en recherche urbaine
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Alors que l’explosion sociale d’Octobre 1988 secouait les rues d’Alger, je soutenais
mon mémoire Évolution et structures de la Casbah d’Alger dans les locaux de l’Université
Paul-Valéry. Ces premiers pas en recherche urbaine s’effectuèrent à l’occasion de missions
accomplies au cours de plusieurs périodes correspondant à des vacances scolaires. Ils
m’apparaissent aujourd’hui fondamentaux car ils vont révéler mon attachement pour le travail
« de terrain » en tant que pratique et espace12 et en tant que méthode et savoir-faire13. Mais, au
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10
Dans le cas d’Alger, Casbah et médina évoquent le même espace.
11
Après avoir joué un rôle important sans la résistance durant la guerre d’indépendance (1954-1962), elle constituera par la
suite un refuge pour les islamistes pendant la décennie noire (1991-2000).
12
Cf le travail de Doctorat, sur ce sujet, de Yann CALBERAC, (2010). Terrains de géographes, géographes de terrain.
Communauté et imaginaire disciplinaires au miroir des pratiques de terrain des géographes français du XXe siècle. Thèse de
doctorat en géographie dirigée par Isabelle Lefort (Université Lumière Lyon 2). 2 volumes (392 p et 400 p), 2010, et un film
Ce qui fait terrain - Fragments de recherches (52 minutes). Le volume principal est disponible en ligne : http://tel.archives-
ouvertes.fr/tel-00551481/fr/
13
Cf Anne VOLVEY (2003), « Terrain », in Jacques LEVY et Michel LUSSAULT (Dir.), Dictionnaire de la géographie et de
l’espace des sociétés, Paris, Belin, pp. 904-905.
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départ, je dois bien l’avouer, ce travail de terrain et d’enquêtes m’effrayait quelque peu. Je
n’étais pas très à l’aise dans la posture d’ « étudiante française » dans ce haut lieu de
résistance durant la guerre d’indépendance. Et puis ma présence dans la médina me paraissait
trop visible, elle n’allait pas de soi. D’ailleurs, je n’étais pas la seule à le penser puisqu’on me
demanda à plusieurs reprises ce que, précisément, je faisais là. À cette occasion, alors que je
déclinais mon identité et la raison de ma présence, j’appris qu’un homonyme, Jacques
Chevallier, fut maire d’Alger, de 1953 à 1958. En 1964, il fut d’ailleurs l’un des premiers
Français à acquérir la nationalité algérienne après l’indépendance du pays. Il avait
manifestement été un maire apprécié, et bien que je démentisse tout lien de parenté, j’eus
parfois l’impression que son aura m’accompagnait et que les regards portés sur ma présence
en étaient quelque peu modifiés.
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14
D’une manière générale, les personnes âgées parlaient assez couramment le français. En revanche, les plus jeunes ne
parlaient qu’arabe. L’arabisation de l’enseignement avait été une priorité assez précoce après l’indépendance. Pour pallier la
pénurie de professeurs, des milliers d’enseignants furent recrutés en Égypte et en Syrie, ce qui suscita d’ailleurs de
nombreuses controverses dans le milieu enseignant algérien. Une ordonnance de 1976 sur l’école fondamentale imposa
l’enseignement du français seulement à partir de la quatrième année. En 1974 l’arabisation de l’enseignement primaire était
achevée et celle du secondaire était en bonne voie. Au moment où ce travail a été réalisé, il était évident que cette politique
d’arabisation avait réussi. Seuls les enfants des élites parlaient couramment le français.
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Présentation de ce premier travail
Dans la première partie de ce travail, j’avais identifié les évolutions spatiales, les
transformations sociales, les diverses fragmentations et leurs incidences sur les tissus urbains,
au cours des deux grandes périodes décisives que sont la colonisation puis la décolonisation.
Dans un second temps, à partir des questionnaires et des divers diagnostics qui en résultaient,
l’analyse plus fine interrogeait les conséquences des nouvelles formes de mobilité et les
transformations du tissu urbain sur les processus d’identification au quartier, à la Casbah dans
son ensemble, voire plus globalement à Alger. Pour cela, j’avais identifié et retenu quatre
îlots, en fonction d’un gradient public/privé axé sur leur connectivité au réseau viaire.
Le premier îlot se situait dans la partie la plus basse de la médina, maintes fois
remaniée au cours des cent cinquante dernières années. Les fonctions administratives,
commerciales et artisanales y restaient toujours dominantes et la modification du tissu urbain
avait permis l’installation précoce de certains équipements tels que le gaz.
Le second îlot avait été choisi sur la grande pénétrante qui sert aujourd’hui à délimiter
la Haute de la Basse Casbah : la rue Abderrahmane Arbadji, ex-rue Randon. Seule voie
carrossable de la Casbah, un flux piétonnier particulièrement important s’y juxtapose à celui
des voitures. L’habitat avait été modifié « à l’européenne » : l’éclairage provenait de la rue et
non plus du patio, des ouvertures avaient été percées, l’eau et le gaz étaient présents à tous les
étages.
Le troisième îlot, situé plus en hauteur, suivait en partie l’un des deux sentiers
pastoraux, anciens chemins berbères et artères maîtresses de la Casbah. De part et d’autres de
ces deux axes, d’autres voies plus petites les reliaient entre eux. Cet îlot se situait donc à un
niveau intermédiaire de connexité au reste de la médina.
Enfin, le quatrième îlot était localisé en plein tissu vernaculaire, dans les profondeurs
des ruelles et des impasses de la haute Casbah.
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… et de ses résultats
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Les entretiens et questionnaires ont permis d’affiner la compréhension de ces espaces
et de les distinguer dans leur peuplement et dans leur fonctionnement. Proche de la grande
artère de Bab el-Oued, dans un tissu urbain complètement remanié par le pouvoir colonial, le
premier îlot abritait une population essentiellement composée de ruraux venus récemment
dans la métropole pour y chercher du travail. D’ailleurs, un quart d’entre eux se disaient
encore très proches sentimentalement de leur village. Parfois propriétaires de leur ancien
logement, ils possédaient souvent quelques biens dans leur village natal. Crise du logement
dans la capitale algéroise et loyers bon marché avaient favorisé leur implantation dans la
Casbah. Le nombre de familles par logement y était plus élevé qu’ailleurs. 73% des fils de ces
émigrés venus après l’indépendance du pays travaillaient comme artisans dans la Casbah. Le
bâti en général, et les espaces semi-privés en particulier étaient généralement très délabrés.
Selon les dires des locataires, les propriétaires se désintéressaient totalement de l’état des
maisons. Pourtant, ces habitants étaient largement favorables à une politique de réhabilitation
de la Casbah et, dans cette hypothèse, auraient souhaité rester ici car ils appréciaient tout
particulièrement d’habiter non loin des grandes artères de la capitale.
Située dans le cœur commercial de la Casbah, la population du second îlot se sentait
majoritairement « appartenir » à la Casbah. La densité d’occupation par pièce était là aussi
relativement élevée, mais c’était aussi l’îlot dans lequel le confort était le plus répandu.
D’ailleurs, c’est là que les propriétaires intervenaient le plus pour améliorer l’état général des
habitations. Le nombre d’épargnants y était aussi plus élevé qu’ailleurs (66%), et parmi eux,
un quart épargnait précisément avec l’espoir de pouvoir acheter un logement dans la Casbah.
Le troisième îlot se distinguait à la fois par une population plus âgée et plus pauvre
qu’ailleurs. En faisant abstraction des personnes âgées vivant seules dans une pièce unique, la
densité d’occupation passait à plus de cinq personnes en moyenne par pièce. C’était l’îlot le
plus densifié des quatre. Les personnes âgées y étaient majoritaires et 17% d’entre elles
vivaient de la générosité des gens. À l’exiguïté des pièces et au délabrement du bâti se
surajoutait l’insalubrité des équipements. Selon les locataires, les propriétaires ne faisaient
absolument rien pour améliorer la situation. Leur sentiment d’appartenance à un espace en
particulier restait assez diffus : à cette question, un tiers répondit « à la Casbah en général »,
et quelques autres répliquèrent, d’un air las, « à la misère ». Je pense notamment à cette
femme de quarante-deux ans au moment de l’enquête, mère de quatre enfants de dix-huit,
quatorze, onze et trois ans, obligée de vivre dans un deux-pièces, dont l’une sert de cuisine,
*&"
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avec son ex-mari qui n’avait pas trouvé à se reloger ailleurs. Son désir le plus ardent était bien
sûr de pouvoir habiter quelque part, n’importe où, seule avec ses enfants. Je pense aussi à
cette femme, âgée de cinquante-quatre ans, qui vivait là en compagnie de son fils de vingt-
sept ans, de sa fille divorcée de trente ans et ses trois enfants de sept, six et cinq ans. Tous
vivaient dans une pièce, une ancienne buanderie, sans aucune source d’aération ni puits de
lumière. Une lumière artificielle éclairait la pièce. Le plafond était très bas, à environ un
mètre cinquante du sol. Une autre femme du même îlot m’expliqua « avec tous les problèmes
liés à l’habitat, les gens de la Casbah pensent plus à améliorer leur sort que la Casbah ! La
Casbah est sale et humide. Mes enfants sont toujours dans la rue car ici nous sommes trop à
l’étroit ».
Avec un tissu moins dégradé et un patrimoine historique mieux préservé, le quatrième
îlot, malgré un confort très sommaire, semblait cependant être l’îlot qui fonctionnait le plus en
« quartier ». D’ailleurs, près de la moitié des personnes enquêtées confièrent avoir développé
un sentiment d’appartenance pour le quartier assez important. Il s’agissait de l’îlot où le
nombre de personnes par pièce était comparativement le plus faible. Pourtant,
paradoxalement, les trois-quarts auraient préféré déménager plutôt que de réhabiliter leur
logement, l’objectif étant d’acheter ailleurs un logement individuel.
*'"
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Regard réflexif sur ce travail
"
Cette manière de faire de la géographie urbaine semble aujourd’hui quelque peu datée.
À la lecture de ce mémoire, je reste assez surprise par la prééminence accordée au réseau
viaire tout au long du travail. Rétrospectivement, je pense que la forte déclivité des pentes,
entre 10 et 40%, n’est sans doute pas étrangère à cette prégnance. La topographie avait
marqué ma première visite, orientée par les représentations véhiculées par le film policier
Pépé le Moko15., visionné quelques années auparavant. De l’extérieur, vu du front de mer, je
me souviens également avoir été frappée par la ressemblance du lieu avec le quartier du
Panier à Marseille lorsqu’on l’observe à partir du Vieux-Port ; je connaissais assez bien ce
quartier pour y avoir travaillé quelques temps, avant mon expérience dans la librairie aixoise.
Je reproduis ci-après les commentaires que j’avais écrits concernant ce réseau viaire.
« Aucun autre déplacement que pédestre ou à cheval n’a été prévu, excepté dans
certaines parties localisées dans la basse ville. On assiste à une hiérarchisation très forte du
système viaire. Rues, ruelles et impasses reflètent une sensibilité et un mode de vie propre,
dichotomie entre vie publique intense et vie privée intime. Les impasses, très répandues, ne
sont pas des espaces résiduels ou délaissés, mais plutôt un espace tampon entre espace privé
et espace public, vestibule de la maison et première entité de rassemblement urbain sur lequel
se construira le quartier. La hiérarchisation du système viaire est la suivante :
- Un axe majeur et séculaire reliant la porte Bab el Oued à la porte Bab Azoun, au point de
rupture de la ligne de pente.
- Quatre axes secondaires reliant les portes les unes aux autres, à l’axe majeur, et
convergeant symboliquement vers le centre du pouvoir. Ils sont orientés Est-Ouest dans le
sens de la plus grande pente. Les deux principaux suivent les lignes de crête.
Schématiquement cette structure constitue une véritable épine dorsale du réseau. C’est autour
d’elle que va s’organiser le système viaire de la Casbah.
- Puis apparaît un nouveau type de voies qui coupent transversalement le précédent réseau ;
elles permettent le passage d’un axe secondaire vers un autre. Elles sont toutes orientées
Nord-Sud et suivent grossièrement les courbes de niveau. Elles innervent l’ensemble de la
Casbah qu’elles découpent en zones, et permettront ainsi le dernier branchement des niveaux
hiérarchiques de la voirie, celui qui desservira l’îlot en impasses.
- Enfin, les ramifications d’impasses, principalement localisées dans le cœur de la médina,
assurent une innervation complète du secteur en préservant l’intimité maximum de l’habitat.
Ces agencements, cette organisation, vont nous permettre de mieux cerner la notion
de quartier »16.
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15
Pépé le Moko, film français réalisé en 1937 par Julien Duvivier, avec Jean Gabin, Mireille Balin
16
Dominique CHEVALIER, Casbah d’Alger : évolutions et structures, Mémoire de maîtrise soutenu en octobre 1988, sous la
direction de Jean-Marie MIOSSEC., 212 p., pp. 41-43
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Cette place, parfois prépondérante dans le raisonnement, accordée à une certaine
forme de déterminisme topographique, comme le poids dominant attribué au réseau viaire en
tant qu’infrastructure, sont manifestes et peuvent surprendre. Ils conduisent à m’interroger sur
les représentations de la géographie qui devaient être les miennes à l’époque. Plurielles,
confuses et hétéroclites sont sans doute assez proches de la réalité. Je suivais les cours à
l’université quand ceux, obligatoires, de l’école normale me le permettaient. J’avais, je le
rappelle, été dispensée d’assiduité. Je colportais encore, je crois, une idée ancienne, vieillie,
dépassée, de la géographie, probablement héritée à la fois de la géographie scolaire et d’une
géographie grand public de « sens commun », dans laquelle le milieu continuait d’occuper
une place importante17. Mais par ailleurs, à côté des reliefs de cette géographie-là, différents
courants en vigueur dans la géographie urbaine de l’époque sont également tangibles. Ce
travail, à mes yeux, tente de combiner trois types d’approche : (néo)classique, marxisante et
comportementaliste. La démarche (néo)classique essaie essentiellement de comprendre les
dynamiques d’utilisation du sol, du site et la répartition des groupes sociaux à travers ces
localisations :
« Au commencement il y avait les îles… Ainsi pourrait-on introduire la longue histoire
d’Alger dont le nom dérive d’El Djezaïr. Site et position géographique conditionnent
indéniablement l’histoire et le développement d’Alger. C’est sur ces postulats que nous allons
nous appuyer pour comprendre les différentes étapes de la constitution et de l’évolution de ‘la
Casbah’ »18.
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17
Jean-Pierre CHEVALIER, « Quatre pôles dans le champ de la géographie », Cybergéo, n°23, 1997.
18
Dominique CHEVALIER, Casbah d’Alger : évolutions et structures, Mémoire de maîtrise soutenu en octobre 1988, sous la
direction de Jean-Marie MIOSSEC., 212 p., p.5.
19
Op. Cit., pp. 78-79.
*)"
!
!
« L’enquête concernant les équipements se justifie par la volonté de retrouver la
notion de Huma20, telle qu’elle a été abordée dans la première partie de ce travail, et de
cerner les relations de vie urbaine au sein de la Casbah. D’une manière générale, les
questions permettaient à mon sens, d’obtenir des précisions sur les notions de quartiers, ou
du moins d’appartenance à un quartier donné. L’objectif principal est ici de révéler s’il existe
ou non un secteur apparaissant, aux yeux des habitants, comme plus favorisé qu’un autre 21».
Ce travail sur la Casbah d’Alger avait été passionnant. Il fut suivi d’une autre recherche
menée dans le cadre d’un DEA, option « Géographie urbaine » cette fois-ci, soutenu en juin
1989 sous la direction du Professeur Robert Ferras. Au cours de l’année écoulée, ce dernier
avait insisté, à maintes reprises, sur les rapports qui lient représentations spatiales, expressions
sociales de ces représentations, et pratiques spatiales. C’est à cet aspect fécond des
représentations que je m’attelai cette fois-ci, à travers la rédaction d’un mémoire intitulé
« Réhabilitation et revitalisation de la Casbah d’Alger : lecture de plusieurs discours ». Ce
travail mettait en perspective les discours des aménageurs, des politiques, des habitants de la
Casbah, des écrivains et poètes ayant écrit sur ce lieu et d’ « anonymes » ayant répondu à une
annonce que j’avais rédigée dans le quotidien francophone El Watan tout nouvellement créé.
De mémoire, cette annonce disait : « étudiante en géographie, je travaille sur la Casbah
d’Alger. Tout commentaire ou tout témoignage concernant ce lieu m’intéresse au plus haut
point. Merci de m’écrire à telle adresse… ». Je reçus plus d’une centaine de lettres,
extrêmement intéressantes, et parfois touchantes. Malheureusement, je crains fort les avoir
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
20
La Huma correspond à un quartier desservi par un ou plusieurs cheminements majeurs, qui possède une très forte identité
géographique, sociale et économique.
21
Ibidem, p. 156.
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!
égarées au cours d’un de mes nombreux déménagements. À moins qu’elles ne resurgissent un
jour d’un improbable carton…
J’avais l’intention de poursuivre ces recherches dans le cadre d’un Doctorat. Je souhaitais
en effet travailler sur la métropolisation et l’évolution des diverses centralités au sein de la
capitale algérienne. Mais les tensions politiques, qui débouchèrent sur la décennie noire et
ensanglantèrent l’Algérie à partir de 1991 eurent raison de ma détermination. Les derniers
terrains, en 1990, avaient été difficiles. Des interlocuteurs masculins qui m’avaient jusque là
reçue chaleureusement à l’OFIRAC22, au COMEDOR23, ou à la Wilaya d’Alger refusaient
désormais de me serrer la main pour me saluer, déplaçaient les rendez-vous sans me prévenir
ou me laissaient attendre pendant des heures dans des salles d’attente surchauffées. J’étais
institutrice, je ne pouvais effectuer mon travail de terrain que pendant les vacances scolaires et
j’attendais mon troisième enfant. Il m’était rigoureusement impossible de perdre un temps
aussi précieux dans des rendez-vous stériles. Je renonçai donc à Alger, aux problématiques
algériennes, mais ma fille, qui naquit au début de l’année 1991, hérita d’un prénom arabe.
Changement de cap
"
Il n’est pas si aisé de changer de cap. Pour différentes raisons, je choisis de déplacer mon
centre d’intérêt sur des problématiques urbaines françaises. Au cours des années 1980 et au
début de la décennie 1990, Montpellier connut une effervescence urbaine sans précédent. La
ville vivait dans un chantier permanent, et le bouillonnant maire de l’époque, Georges Frêche,
insufflait une dynamique toute particulière autour de « son » projet urbain24, à travers une
ambitieuse politique municipale de communication. Montpellier était tour à tour « surdouée »
et/ou horizon d’attente, comme en témoigne la communication page suivante « 66% des
Français aimeraient vivre à Montpellier ». Néanmoins, je ne souhaitais pas me lancer dans
une recherche uniquement centrée sur la ville de Montpellier, à la fois parce que je craignais
de manquer de recul avec cette ville dans laquelle je résidais, mais également parce qu’une
comparaison, notamment en terme de jeux d’acteurs, paraissait incontournable.
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
22
OFIRAC (Office d'intervention et de régulation d'opérations d'aménagement sur la Casbah) Organisme sous la tutelle du
Ministère de l’habitat et de l’urbanisme chargé de la mise en œuvre du plan d’aménagement et de la maîtrise d’ouvrage de
l’opération de réhabilitation se déroulant dans le périmètre de la Casbah.
23
COMEDOR (Comité permanent d'études de développement, d'organisation et d'aménagement de l'agglomération
algéroise). Créé au début des années 1970, le COMEDOR, sous la tutelle de la Présidence de la République, est le premier
organisme chargé de produire des études d’aménagement et d’urbanisme pour le développement de la capitale. Dans le Plan
d’Orientation Générale (POG) de la capitale qu’il produit, un plan de rénovation et de restructuration de la Casbah est prévu.
24
Il avait été élu en 1977 avec le slogan « Changer la vie, changer la ville ».
!*"
!
!
Le système urbain français était travaillé depuis une vingtaine d’années par des processus
contrastés : la métropolisation, la mondialisation, la décentralisation administrative qui
avaient accordé de nouvelles compétences territoriales aux maires et aux présidents des
Conseils généraux, et le récent effacement des frontières européennes.
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
25
Parmi ces travaux, citons des deux thèses suivantes : celle de Michel LUSSAULT Tours. Images de la ville et politiques
urbaines, Maison des Sciences de la Ville, Université François Rabelais de Tours, 1992 ; et celle de Muriel ROSEMBERG, Le
marketing urbain en questions, Paris, Anthropos, collection « Villes », 2000.
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!
!
Quatre métropoles françaises méridionales
Quatre métropoles supérieures à deux cents mille habitants du sud de la France furent
donc retenues : Marseille, Montpellier, Toulouse et Nice, en raison de leurs nombreux points
communs. « Capitales » régionales dans la réalité des relations économiques si ce n’est
officiellement26, chacune se trouvait impliquée dans les créations d’activités de hautes
technologies du « Nord des Suds », selon les termes de Roger Brunet27. Le dynamisme de ces
villes était manifeste, ainsi que la séduction qu’elles exerçaient auprès des Français28. Cette
recherche s’est effectuée à un moment où les images que les villes cherchaient à donner
d‘elles-mêmes connaissaient de fantastiques mutations. Accéder à la construction et
déconstruction des images spatiales telles qu’elles se sont élaborées à travers la mémoire
collective et telles qu’elles se fabriquaient par le biais de projets de villes et de politiques de
marketing urbain, telle était l’ambition de ce travail.
Plusieurs questionnements ont guidé cette réflexion. Quels rôles jouent l’histoire et la
mémoire collective dans les processus de formation des images de villes ? Dans quels
processus globaux s’insèrent les projets économiques et les projets de ville ? Quelles sont les
politiques globales de communication urbaine qui orientent et/ou déterminent ces processus ?
Et comment les politiques spécifiques de marketing urbain les accompagnent-elles ? Quatre
chapitres ont permis d’organiser la réflexion. Dans un premier temps, un voyage dans le passé
a permis de comprendre comment les images de ces cités se sont forgées, quels événements
ont été valorisés ou occultés et quels acteurs ont été déterminants dans la construction de ces
représentations. Ensuite, je m’étais plus spécifiquement focalisée sur la mise en place
contemporaine des politiques urbaines et des projets économiques. À travers la création de
technopoles et l’élaboration de projets urbains, j’avais tenté de discerner et de comprendre les
stratégies municipales inhérentes à ces différents projets, et leurs influences sur la formation
de nouvelles images urbaines. La troisième partie était plus particulièrement consacrée aux
politiques de communication et aux rôles de ceux que j’avais alors appelé des « producteurs
d’images ». Enfin, le dernier chapitre se focalisait sur les politiques de marketing urbain
contenues dans les plaquettes commerciales des technopoles, des palais des congrès et sur les
politiques culturelles qui étaient élaborées. La recherche et l’analyse des similitudes et des
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
26
Marseille, Montpellier et Toulouse sont capitales administratives de région. Nice, en revanche ne l’est pas en ces termes,
mais joue de toute évidence un rôle de capitale en Côte d’Azur.
27
Roger BRUNET, Les villes « européennes », La Documentation française, 1989, 79p
28
À la question « Parmi les 21 villes françaises suivantes, dans laquelle aimeriez-vous le plus vous installer si vous deviez
déménager et que le choix vous soit donné ? », 13% des personnes interrogées citaient d’abord Nice, 11% Montpellier et 9%
Toulouse. Sondage réalisé par la Sofrès auprès de 1.003 personnes, publié dans le Pèlerin magazine n°5902 du 12 janvier
1996
!#"
!
!
différences dans les modalités de production des images de chacune de ces quatre villes du
Sud de la France constituaient le cœur de cette étude.
Confessons-le d’emblée, ce travail fut éprouvant. Les terrains étaient certes plus
faciles que si j’avais gardé une problématique algérienne. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute.
Mais conjuguer vie personnelle, familiale, professionnelle et un travail de Doctorat m’a
semblé bien souvent proche de l’impossible. D’autant que l’ambiance à l’université était à ce
moment-là particulièrement délétère, notamment en géographie urbaine. Les étudiant-e-s
faisaient alors les frais de conflits, entre l’Université et la Maison de la Géographie, dont les
enjeux les dépassaient la plupart du temps. J’eus par ailleurs à affronter un machisme
affligeant, qui me désespérait autant qu’il consolidait mon envie de combattre ces préjugés
douteux. Combien de fois ne m’a-t-on conseillé de « m’occuper de mes enfants 29» plutôt que
de (perdre du temps à) rédiger une thèse ? Combien de fois ne m’a-t-on « averti » que ce
travail était vain car je n’aurais jamais de poste ? Enfin, combien de fois ne m’a-t-on demandé
de me justifier sur les finalités de mon engagement : j’avais la chance d’être institutrice quand
d’autres n’avaient passé ou réussi aucun concours… Et j’avais l’outrecuidance de vouloir
prendre leur place ? Inutile de dire que le recrutement du Professeur Philippe Cadène, et
l’intérêt qu’il porta à ce travail, apportèrent une bouffée d’air frais salutaire à cette situation
qui, de désespérante commençait à devenir désespérée.
Quelles avaient été les conclusions de ce travail et quels regards peut-on porter sur ce
travail aujourd’hui ?
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
29
En rédigeant ces lignes, et en me replongeant dans l’ambiance détestable de ces années-je, je retrouve l’écoeurement de
cette amertume. Est-il donc utile de préciser que je m’occupais beaucoup, et avec un plaisir immense, de mes trois enfants ?
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fabrications des images urbaines. Les fondements historiques des quatre villes étaient
contrastés : Marseille, Nice et Toulouse s’enracinent dans des origines méditerranéennes
typiques, tandis que Montpellier, plus récente, échappe à ce prestigieux passé.
Malgré ces origines diversifiées, de nombreux points communs ont pu être établis,
notamment entre Toulouse et Montpellier, qui se sont partagées le rôle de capitale régionale :
Toulouse possédait son Parlement, et Montpellier sa Cour des Aides. Néanmoins, la manière
d’assumer ces charges différait. Aux onzième et douzième siècles, la cité toulousaine avait
réussi à soumettre à sa juridiction et à ses ordres un territoire relativement vaste, à la manière
d’une république urbaine à l’italienne. Cette spécificité toulousaine fut renforcée par l’épisode
de la croisade albigeoise qui institue la ville comme pilier de la résistance envers l’Église et la
monarchie. La Faculté de théologie, érigée en 1229 au sein de la cité par décision du Traité de
Paris pour mieux contrôler les Hérétiques, attire ainsi rapidement des intellectuels
méridionaux, habiles à s’insérer dans les circuits du contrôle monarchique. À rebours,
Montpellier abrite à plusieurs reprises des rencontres où se côtoient les défenseurs de
l’orthodoxie, à la suite de la nomination de Pierre de Castelnau, ancien archidiacre de
Maguelone, comme légat pontifical. Emblème de cette présence monarchique au cœur de la
« Cité des Guilhems », la statue de Louis XIV, responsable de la Révocation de l’Édit de
Nantes, qui domine toujours majestueusement une partie de la ville sur les hauteurs du Jardin
du Peyrou. Mais comme à Toulouse, c’est l’installation d’une Université (Droit à Toulouse,
Médecine à Montpellier) qui va permettre à la ville de rayonner. Dans les deux cités
languedociennes, une nouvelle couche sociale, intellectuelle et influente, commence à
émerger, celle des Gens de Robe, représentants d’une nouvelle élite urbaine. À Toulouse,
l’aristocratie parlementaire investit durablement ses richesses dans la terre et plus
particulièrement dans la production de blé30. Semblablement, la bourgeoisie montpelliéraine
investira quelques temps plus tard ses capitaux dans la viticulture31.
Le cas de Nice est un peu particulier. Poste d’observation anglais pour surveiller les
ennemis espagnols et français en Méditerranée avant le rattachement tardif de la cité nissarde
à la France, la ville est devenue très tôt un lieu de villégiature recherché pour la clémence de
son climat hivernal. Cette attractivité de la ville s’exacerbe avec le rattachement à la France
en 1860, puis avec l’instauration des premiers congés payés en 1936, et dernièrement avec la
généralisation du tourisme et du temps libre. Aujourd’hui les retraités relativement aisés
viennent volontiers vivre ce nouveau temps, libéré de l’affairement, sous le soleil de la Côte
d’Azur. Les activités liées au secteur du tourisme ont marqué le développement de la ville.
Plusieurs événements ont toutefois permis à la ville de s’affirmer et de se spécifier sur la
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
32
Les Harkis ne sont pas à mettre sur le même plan que les autres rapatriés d’Algérie. Leur accueil, lorsqu’il a lieu, se fait par
le biais de camps de transit. Le camp de Rivesaltes, par exemple, héberge successivement trois mémoires douloureuses : les
Catalans Républicains après la Retirada, les Juifs arrêtés en zone libre (le camp sert de camp de transit vers Drancy), et les
Harkis à partir de juin 1962. Le 14 avril 2012, Nicolas Sarkozy a officiellement reconnu la responsabilité du gouvernement
français dans « l'abandon » des Harkis après la fin de la guerre d'Algérie en 1962
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!
scène urbaine : en 1956, la construction de l’aéroport ; en 1957, l’inauguration du Palais des
Congrès et en 1972, la création, sur la proche commune de Valbonne, de Sophia-Antipolis,
une des toutes premières technopoles. Ces différents aménagements permettent à la ville de se
positionner à la fois comme métropole nationale et internationale.
Le passé des quatre villes se trouve inégalement valorisé dans les stratégies
édilitaires. Ainsi, curieusement, Marseille et Nice, les deux cités historiquement les plus
anciennes du corpus, valorisent relativement peu leur passé. Il faut généralement attendre
l’opportunité d’une découverte liée à un chantier pour que la presse se fasse l’écho de la
richesse archéologique de ces villes. Le passé récent de Montpellier, la plus jeune des quatre
cités, se trouve en revanche promu de façon dithyrambique, presque militante, à l’occasion
des diverses festivités qui ont accompagné les mille ans de la ville. L’historicité réelle de la
ville s’est ainsi trouvée volontairement troublée par une communication étonnante,
« Montpellier Méditerranéenne, XXe siècle après J-C ». La notion de XXe siècle après J-C est
pour le moins surprenante ! (cf figure suivante). Encadrée par deux logos récents, la formule
côtoie des photographies valorisant ensemble et de manière juxtaposée le patrimoine bâti à
travers une Folie33, la présence de la mer méditerranée dans sa version jeune, dynamique et
sportive, le festival de danse, le marché aux fleurs, et une place conviviale du centre ville. Le
bleu, couleur de la ville, du ciel et de la mer, flirte avec le rouge, incarnation, entre autres, de
l’amour et de la passion. La plaquette touristique dans laquelle ce boniment temporel s’insère
est préfacée par le maire de la ville, Georges Frêche. Ce dernier pousse
l’anthropomorphisation (genrée) de la ville à son paroxysme : « Mille ans, l’âge tendre.
Montpellier a mille ans. La jeune fille soigne ses petites rues étroites et fraîches comme
autant de souvenirs heureux d’une époque où le plus court chemin entre un hôtel particulier
et une « Folie » tournicotait joyeusement autour d’une fontaine, d’un marché, d’un jardin.
Montpellier affiche ses ruelles comme autant de rides, et fièrement : elles sont son histoire, sa
richesse, sa force. Cette jeune fille a mille pudeurs, délicates et attentives. Entre ses vieilles
pierres, elle fait pousser des fleurs. Derrière de vénérables portes, elle cache d’inestimables
trésors : patios ombragés, escaliers en volutes, voûtes ouvragées. Sur la place de la Comédie
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
33
Une folie désigne, dans la région montpelliéraine, une maison de plaisance bâtie sous l’Ancien Régime par la noblesse de
robe ou la riche bourgeoisie de la ville.
!'"
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dansent les Trois Grâces. Et sous leurs yeux, la ville. Cette jeune fille a mille audaces : à
l’ouest, elle honore un Louis XIV dominant la royale promenade du Peyrou, le regard fixé sur
un immodeste Arc de Triomphe. À l’est, elle lance vers la plaine le béton néo-classique et
élégant de l’architecte catalan Ricardo Bofill. Montpellier, esthète et sophistiquée ne grossit
pas, elle grandit ».
Plaquette touristique « Voyage au cœur de la civilisation méditerranéenne, Montpellier, XXe siècle après J-C ».
Pourquoi un tel lyrisme ? Avoir mille ans, dans le contexte des années 1980 où le
concept de méditerranéïté est en vogue, constitue un handicap ; la ville est incontestablement
!("
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!
trop jeune. Marseille, Toulouse, Nice, Nîmes, Aix-en-Provence, Narbonne… toutes ces villes
méditerranéennes revendiquent au moins un « âge romain ». Montpellier fait donc figure
d’exception. Si elle ne peut s’appuyer sur des racines méditerranéennes antiques pour vanter
ses atouts, elle doit donc montrer que sa jeunesse relative est plutôt un atout, et qu’elle est
aussi attrayante et compétente que les autres. C’est précisément pour cela qu’elle est à la fois
jeune fille et surdouée. Précoce, douée, voire plus douée que les autres. L’ouest
montpelliérain s’était beaucoup développé au cours des années 1960-1970, durant les mandats
du maire précédent, tandis que l’est de la ville restait bloqué par les friches militaires et la
citadelle Joffre. Pour justifier le projet urbain Antigone de Ricardo Bofill, précisément localisé
à l’est de la cité, la morphologie urbaine était alors présentée comme démesurée et relâchée.
D’ailleurs l’image régulièrement mobilisée était celle d’une « ventre mou », à l’ouest. Le
projet Antigone s’insérait, dans le discours, comme une étape incontournable à la fois pour
l’esthétique et pour la croissance de la ville.
L’analyse du passé, au travers des divers jeux d’acteurs qui ont influencé l’évolution
de ces cités, permet de distinguer trois stratégies. Toulouse et Montpellier, issues de processus
socio-économiques identiques, se réfèrent toutes deux à une tradition intellectuelle et
bourgeoise. À certaines occasions, ces références identitaires servent à inscrire les projets
politiques et les dynamiques urbaines en cours dans ce qui est présenté comme une continuité.
C’est précisément cette passerelle entre « passé » et « présent » que les villes provençales ne
parviennent pas, ou ne cherchent pas, à construire. Il est vrai que les retraités peinent à
inscrire Nice dans la modernité. L’image qui domine est plutôt conservatrice. Le High-tech
des années 1990 repose sur l’image archétypale du ou de la quadragénaire, assis(e) devant un
ordinateur portable à la terrasse d’un café branché ou derrière son bureau design. Les retraités
se promenant sur la Promenade des Anglais, soucieux d’une politique sécuritaire renforcée,
voire les touristes, incarnent difficilement ou imparfaitement cette intégration dans le post-
modernisme. Il en va de même à Marseille, avec les évocations de la grandeur (perdue) de la
ville à l’époque coloniale, comme la politique de communication ci-après permet de le
montrer.
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Communication de l’aéroport international Marseille Provence, 199534.
L’analyse des jeux d’acteurs et du rôle des faits politiques et économiques dans
l’élaboration de nouvelles images urbaines a permis d’appréhender les évolutions plus
récentes. En effet, à la fin de la décennie 1990, les métropoles avaient montré depuis une
vingtaine d’années, leurs diverses aptitudes à adopter et développer les innovations
technologiques et les initiatives économiques. À l’échelle nationale, une inversion
géographique des ressources territoriales s’était d’ailleurs paradoxalement effectuée : les
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
34
En 2012, ce type de communication est toujours d’actualité à l’aéroport de Marseille.
#+"
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villes sans tradition manufacturière et industrielle avaient, pour ces raisons précises, bénéficié
d’une image attractive, la qualité du cadre de vie et l’excellence de la recherche et des
politiques culturelles étant devenues un critère d’installation important pour une population de
cadres de plus en plus nombreuse. Il n’était donc pas surprenant de constater que Nice,
pionnière en la matière, mais aussi Toulouse et Montpellier aient tenté de développer un
potentiel industriel lié au développement des hautes technologies, notamment à travers la
création de technopoles. Marseille, qui disposait de toutes les infrastructures de recherche les
plus modernes, peinait davantage à valoriser ses deux technopôles.
Michel Berardy de Sigoyer et Pierre Boisgontier ont répertorié les diverses mutations
liées aux phénomènes d’émergence des technopoles35 : dissociation de la sphère fiduciaire et
de la sphère de l’économie réelle, dissociation de la croissance économique et de la croissance
énergétique, dissociation entre la production des richesses et l’effectif en personnes
nécessaires à sa réalisation et enfin rupture de l’indépendance postulée entre activité humaine
et équilibre des écosystèmes de la planète. De ce fait, les villes munies d’un milieu d’accueil
novateur pour les investisseurs disposent d’une certaine avance sur le marché mondial des
métropoles et renforcent ainsi leur puissance d’attraction. Dans cette logique concurrentielle,
le rêve de chaque ville consiste finalement à devenir une technopole susceptible de
développer de nouvelles technologies astucieuses et inventives, génératrice d’images
innovantes et créatives, et si possible, initiatrice de nouveaux rapports sociaux au sein de la
ville. Il en résulte une segmentation accrue de l’espace dont la matérialité se traduit par la
production de territoires caractéristiques. C’est précisément cette quête de spécificité et
d’unicité dans la globalisation qui pousse les acteurs urbains influents à établir des projets
économiques novateurs et des projets urbains audacieux.
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
36
Georges FRECHE, Magazine municipal Montpellier Votre Ville, n°93, novembre-décembre 1986.
37
Il évoque les cinq pôles identifiés en 1989 pour constituer la technopole : Médecine, Agronomie, Informatique, Nouveaux
Médias et Tourisme.
38
Raymond DUGRAND, L’élu, le projet de ville et l’urbanisme, Document non publié, 1994.
39
CIEU (Centre Interdisciplinaire des Études Urbaines), Les villes d’Europe, La Tour d’Aigues, DATAR, Editions de
l’Aube, 1993.
40
Michel VALDIGUIE, adjoint au maire de Toulouse, in Ville et technopole, CIEU, Toulouse, CNRS, Presses Universitaires du
Mirail, 1990.
#!"
!
!
politique de décentralisation des activités que préconise l’État. Est-ce une aubaine ? Selon
Francis Marcot, cette concentration de la recherche sur le plateau de Valbonne ne semble pas
avoir beaucoup d’impact sur l’industrie régionale précisément parce qu’elle est le résultat
d’une action volontariste plutôt que de l’effet d’un processus de maturation à partir du tissu
social41. La dissociation spatiale concrétisée par l’implantation de la technopole en-dehors des
limites urbaines communales (Anti-Polis) complique la synergie technopole/ville, projet
économique/projet urbain. Cependant, la cité niçoise, à l’étroit dans ses limites communales,
se trouve heureusement contrainte d’intégrer la technopole dans ses actions de prospectives.
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
41
Francis MARCOT, « Tentative de distinguer technopole et technopôle », Technopoles, axes, ports, tourisme urbain,
Avignon, Actes du 115ème congrès national des sociétés savantes, 1990.
42
Léna SANDERS, Système de villes et synergétique, Paris, Anthropos Economica, p. 232, 1992.
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Quatre villes, quatre projets urbains ?
Chacune des quatre villes a élaboré un projet de ville, à partir de 1992, avec les
élections municipales de 1995 en arrière-pensées.
L’ambition du projet de ville niçois consistait à la fois à conforter la cité comme centre
de la conurbation littorale, et à développer un aménagement en cohérence avec les autres
communes de l’agglomération. La première étape du projet urbain cherchait à renforcer la
coopération transfrontalière de proximité (Nice-Cunéo-Imperia), bien que le territoire de
référence niçois à moyen terme soit plus important puisque Gênes, Milan, Grenoble et Lyon y
étaient inclus. Par ailleurs, le projet de maintenir Nice comme pôle touristique majeur se
concrétisait par la volonté d’enraciner le tourisme au sein de la ville. Favoriser un tourisme
urbain anti « Costa del Sol » supposait notamment de réhabiliter le patrimoine architectural et
paysager, développer des activités culturelles, les croisières et la plaisance dans le cadre d’un
réaménagement global du port de Nice et de ses quartiers environnants, réaménager
l’emblématique Promenade des Anglais, et, enfin, développer les salons professionnels.
Le défi marseillais était triple : d’une part rénover et reconstruire afin d’offrir un cadre
urbain attractif pour inciter l’installation de nouveaux venus et faire revenir la population qui
avait préféré migrer en périphérie, d’autre part endiguer la spirale infernale de la
paupérisation, accentuée par l’image « à la Chicago 45» que revigore chaque règlement de
compte, et enfin favoriser une politique de croissance urbaine en poursuivant le
développement en limite des urbanisations actuelles, tout en préservant les calanques. Mais le
grand projet urbain de la cité résidait dans la réalisation d’une opération géostratégique de
première ampleur pour l’État, celle d’Euroméditerranée. L’enjeu du projet était à la fois
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
43
Municipalité de Toulouse, Un projet de ville pour Toulouse, l’ambition d’une ville forte, l’équilibre d’une ville douce,
janvier 1994.
44
La loi Chevènement relative au renforcement de la coopération intercommunale n’interviendra qu’en 1999.
45
L’expression est utilisée dans un article du quotidien Le Monde daté du 10 février 1992.
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!
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économique et urbain, comme en témoignent les propos suivants : « [il] doit être l’occasion de
créer une adresse qui puisse atteindre au prestige international. Pour y parvenir, Marseille doit
changer d’image. D’où l’importance de réussir un lieu de vie d’une grande qualité
urbanistique et architecturale, où se mêlent sur un plan d’égalité les fonctions économiques,
culturelles et ludiques46 ».
Des similitudes peuvent être établies entre les deux cités languedociennes,
principalement au niveau de leurs objectifs territoriaux. Toutes deux ont élaboré des
réflexions à la fois à l’échelle globale de la cité, pour communiquer à l’extérieur, mais aussi à
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
46
Alain MASSON, Chargé de mission interministérielle, Marseille Euroméditerranée : un nouvel imaginaire de la ville,
Marseille, Édition « Villes et territoires », Atelier 9, p.6, 1994.
47
Zone d’Aménagement Concerté (ZAC), procédure d'aménagement du droit français de l’urbanisme, instituée par la loi
d’orientation foncière no 67-1253 du 30 décembre 1967.
#%"
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la micro échelle du quartier, redevenu un enjeu de la politique urbaine de la décennie 1990.
Mais, hormis ces affinités scalaires, les divergences dominent en terme de méthode. La
stratégie toulousaine s’appuie sur la continuité, voire la tradition ; quand, en 1980, la décision
a été prise d’élaborer un nouveau blason pour signifier la ville, c’est finalement le drapeau
occitan qui a été retenu comme emblème. Les campagnes de communication étaient
essentiellement assurées par les services municipaux en charge de cette fonction. Cette
idéologie de la continuité s’est traduite par une homogénéité de l’image urbaine. À
Montpellier, en revanche, la volonté de rupture était récurrente. Il fallait accompagner
activement et efficacement les mutations substantielles de la petite ville de province devenue
fille de la Californie aux yeux des élus ! En 1985, la ville a fêté ses mille ans sur le thème « À
mille ans, la ville est belle ». L’exaltation de la jeunesse s’affirme, en 1986, à travers une
campagne de communication qui marque son entrée sur la scène nationale, voire
internationale : « Montpellier la surdouée, berceau du futur », symbolisée par un jeune enfant
déjà curieux et téméraire, qui, malgré son âge précoce n‘hésite pas à sortir de son berceau.
L’année suivante, une campagne plus passionnelle affirme que « Montpellier s’écrit avec un
grand Aime » et en 1989, une autre interroge avec impertinence « Surdouée Moi ? ». Ces
publicités élaborées par le groupe Euro-RSCG ne sont pas étrangères à la réputation
mégalomaniaque du maire Georges Frêche. Séparer communication politique et politique de
communication s’avère difficile. Le maire, acteur communiquant par excellence, incarne
physiquement le projet urbain. À rebours, les villes de Marseille et Nice, longtemps gérées par
deux fortes personnalités, Gaston Deferre et Jacques Médecin, n’ont pas développé de
stratégies de communication comparables à celles des deux cités languedociennes.
Je l’ai dit, ce travail était dans l’air du temps, à la fois scientifiquement, puisque de
nombreux travaux ont porté sur ces thématiques, et localement, puisque la ville vivait avec la
silhouette ocre des grues comme horizons d’attente. La communication locale était prégnante
et génératrice, me semble-t-il d’une grande cohésion. La ville changeait à grande vitesse,
régulièrement récompensée par des prix ou oscars de la ville « la plus dynamique », « la plus
sociale », « la plus sportive », « la mieux gérée », « la plus innovante »…, et paradoxalement,
à part quelques « vieux » Montpelliérains qui râlaient de ne plus reconnaître leur ville, les
autres, jeunes du point de leur âge et/ou de leur installation dans la cité, vivaient ces mutations
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avec enthousiasme. Festival de danse, festival de musique-Radio France, fanfares de rues…
J’ai le souvenir d’une ville où l’espace public rimait avec « chantier » et « musique ».
Cependant, ce travail a sans doute péché par son manque d’approche auprès des
industriels par exemple. Quelles étaient les retombées concrètes de ce discours et de ce
dynamisme sur le plan économique ? Comment les entrepreneurs recevaient-ils et
percevaient-ils ce bouillonnement, à Montpellier, ou les diverses difficultés, à Marseille ? Je
ne l’ai pas abordé.
Par ailleurs, la démarche comparative de ce travail s’inscrivait, au départ, dans une
volonté de ne pas tomber dans les travers parfois monographiques du travail de maîtrise, et
précisément, la diversité des situations, des stratégies, des acteurs et des cultures locales avait
permis d’éviter cet écueil. Avait-elle cependant éludé le risque d’une trop grande proximité
avec l’objet de recherche que je cherchais à éviter au départ ? Je n’en suis pas certaine ! Et
finalement l’idée même de comparaison entre les quatre villes a peut-être été quelque peu
biaisée par l’attrait que m’inspirait Montpellier, et par la meilleure connaissance que j’avais
de cette cité. À plus d’un titre, elle m’apparaissait comme un laboratoire significatif (voire un
modèle ?) des processus urbains en cours depuis une trentaine d’années.
D’ailleurs, une fois ce travail de Doctorat terminé et soutenu, Montpellier est devenu,
pour un temps, le terrain privilégié de mes observations, notamment à travers l’étude de trois
champs particuliers : la valorisation et dévalorisation des territoires, l’étalement urbain corrélé
à la problématique du développement durable, et, enfin, la relégation et réhabilitation du
quartier du Petit Bard, situé dans l’ouest montpelliérain et classé Zone Urbaine Sensible48
depuis 1996. Je reviendrai plus longuement sur cette évolution du travail, en détaillant chacun
de ces champs, au cours du troisième chapitre de ce volume.
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48
Les Zones Urbaines Sensibles (ZUS) sont des territoires infra-urbains, définis par les pouvoirs publics français, pour être la
cible prioritaire de la politique de la ville.
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Chapitre Deux
Un parcours d’enseignante
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55
Dossier pédagogique Le retour du tramway. Le tramway du XXIe siècle, 1998.
56
Concours organisé par l’association Paillade Mosson Coulée verte.
57
Il s’agissait de chercher cinq « éléments » jugés « beaux » et autant jugés « laids ». Puis cinq « choses » qui étaient
détestées.
58
Cette approche correspondait aux instructions officielles qui notaient, parmi les compétences transversales à acquérir en fin
de cycle 3 : « l’élève affirme ses choix et ses goûts esthétiques ; il peut les expliciter et les faire partager ; il développe sa
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constat humaniste suivant « Nous voyons la ville à travers ce que nous sommes, mais aussi à
travers notre façon de penser, à travers ce que nous voulons. Les représentations de la ville
sont donc multiples comme est multiple l’homme qui la pense 59».
Outre les finalités intellectuelles et civiques inhérentes à ces diverses approches, le travail
a donné lieu à diverses productions : un volume rédigé « La ville en chantier60 » qui montrait,
à partir de photographies, de témoignages et d’analyses les mutations en œuvre dans la ville ;
une installation artistique dans la cour de l’école, un samedi matin, à laquelle les parents
furent conviés, et un travail d’affiches61, élaboré avec l’aide de deux plasticiens, Laurent
Gardian et Walter Barrientos.
!
Carte postale « Ams Tram Way, Roule et roule et pollue pas
62
Le bus c’est banal, le tramway c’est génial », 1998.
Le dernier jour de classe de l’année scolaire 2001-2002 reste gravé dans ma mémoire.
Bien que ce fût un samedi matin, les élèves étaient venus nombreux pour vivre ce « dernier »
jour d’école avec moi. Ils savaient que j’avais été recrutée comme Maîtresse de Conférences à
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créativité ». In Les cycles à l’école primaire, Collection « Une école pour l’enfant, des outils pour les maîtres ». Ministère de
l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, Hachette Écoles, 1991, p. 31.
59
Antoine BAILLY, Catherine BAUMONT, Jean-Marie HURIOT, Alain SALLEZ, Représenter la ville, Paris, PUF, Economica, p.
5.
60
Le volume a été déposé à la bibliothèque de l’école.
61
Ces affiches ont été exposées dans les locaux de la SMTU et sélectionnées ensuite pour être imprimées en cartes postales.
Elles avaient donné lieu à un travail passionnant sur les slogans et sur les signes. Les deux « o » de « roule et roule »
évoquent des pneus, tandis que les carreaux bleus et blancs symbolisent les bus de la SMTU encore en service à ce moment-
là ; le décor de ces carreaux bleus et blancs leur avait valu le surnom de « bus Lustucru ». Une photographie, insérée dans un
article de la première section du volume 3, permet de voir ces anciens bus.
62
Le texte provient des élèves.
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l’IUFM de Lyon, et ils avaient rédigé un bulletin scolaire affectueux et humoristique pour
mon « passage » à l’Université.
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casiers de bureau désormais vidés de leur fatras, et devant des élèves qui me regardaient l’air
quelque peu indécis, je savais surtout que je quittais un métier qui m’avait passionnée.
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63
École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier.
64
Sir Patrick Geddes (1854-1932) était un botaniste et biologiste écossais, connu aussi comme un penseur novateur dans le
domaine de l’urbanisme et de l’éducation. En 1924 il s’installe à Montpellier où il crée le Collège des Écossais, université
internationale consacrée à la poursuite de sa philosophie du renouveau de la vie, basée sur la culture et l’éducation
notamment. En 1925, il retourne en Palestine où il dessine le plan d’ensemble de la ville de Tel Aviv, qui constitue
probablement son œuvre la plus importante. En 1932, il reçoit et accepte un titre de chevalier. Il meurt la même année à
Montpellier.
65
Une étudiante m’avait confié de manière humoristique qu’elle trouvait que généralement les architectes imaginaient de
beaux volumes, mais que, malheureusement, il fallait toujours que des personnes viennent les détériorer par leur unique
présence !
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Après la soutenance de mon travail de thèse, alors que j’évoquais avec lui ces travaux
d’étudiant-e-s, le professeur Jean-Paul Laborie me demanda si la perspective de venir faire la
même chose au sein de l’Institut Universitaire Professionnel « Aménagement et
développement territorial » qu’il avait récemment créé à l’Université du Mirail m’intéressait.
Je connaissais cette université pour y avoir enseigné pendant un an, en 1995-1996, dans le
module « La géographie science sociale ». J’acceptais avec enthousiasme et intervins de 1997
à 2003 dans le module « Initiation au diagnostic territorial » de l’IUP. Les modalités restaient
identiques : mise en évidence des différentes composantes d’un espace urbain délimité au
préalable à travers l’analyse de cartes, de données, d’entretiens avec des acteurs de terrain, de
résidents, commerçants… Les étudiant-e-s devaient ensuite replacer cet espace dans des
organisations plus complexes. Enfin, dans un troisième temps, ils définissaient une
problématique leur permettant de développer une approche plus spécifique de cet espace. Le
rendu final était semblable à celui demandé aux étudiant-e-s de l’École d’Architecture de
Montpellier. La dernière année où je suis intervenue, le périmètre retenu correspondait à un
rayon de dix km autour de l’usine AZF.
J’ai cessé avec regret ce travail au sein de l’IUP. Avec mon recrutement à l’IUFM de
Lyon, d’autres déplacements s’imposaient. Aux Montpellier-Toulouse, s’ajoutaient désormais
les Montpellier-Lyon. Cela commençait à devenir compliqué en terme d’organisation du
temps.
Évoquer dans le détail les divers enseignements que j’ai pu effectuer comme chargée
de cours serait fastidieux. Le tableau ci-dessous en donne un rapide récapitulatif de ceux-ci,
entre 1992 et aujourd’hui:
L’enseignement à Lyon
"
Désormais munie d’une carte « Grand Voyageur » et d’un « coupon fréquence
SNCF », la rentrée 2002 s’effectue à Lyon, sur le plateau de la Croix Rousse, la « colline qui
travaille66 » selon les Lyonnais-e-s. Je me souviens du premier trajet effectué entre la bouche
de métro « Croix rousse » et le bâtiment où j’avais cours. Comme chaque matin, c’était jour
de marché, je cheminais le long des étals des maraîchers et autres commerçants, et soudain
l’air du Chant des Canuts67 s’était invité dans mes pensées. À cette époque, l’IUFM était
composé de deux bâtiments distants de quelques centaines de mètres l’un de l’autre sur le
Boulevard de la Croix Rousse.
Aujourd’hui, la situation a évolué. Évolution administrative tout d’abord, puisque
l’IUFM a été intégré à l’Université Claude Bernard Lyon, spécialisée dans les sciences de la
santé, les sciences et technologies et les sciences du sport. Lyon 1 est une excellente
université, classée au tout premier rang des universités françaises, quels que soient les critères
retenus. Mais pour les enseignant-e-s de l’IUFM spécialisé-e-s dans le domaine des sciences
sociales, ce rattachement, pour le moins, ne va pas de soi. Évolution liée à des considérations
politiques ensuite. Depuis la réforme de la formation des Maîtres, la formation des futur-e-s
enseignant-e-s a purement et simplement disparu68. Évolution géographique enfin puisque
l’un des deux bâtiments, « la Tourette », ancienne École Normale de filles, « n’existe » plus.
Il a été récupéré par le Conseil Général afin d’y installer un collège. En remplacement, un
autre bâtiment de l’IUFM, appartenant, lui, à l’État69, s’est déployé en périphérie sur le site de
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66
C’est ainsi que les Lyonnais la nommaient au XIXe siècle, en opposition à la colline de Fourvière, qu’ils « baptisaient » la
colline qui prie, en raison du grand nombre de couvents et d’églises qui s’y trouvent. C’est Jules Michelet qui est à l’origine
de cette dissociation. Il écrit dans Le Banquet en 1878 : « Je vis bien dès ce jour l'opposition des deux montagnes, de la
montagne mystique et de celle du travail : mais je ne sentis pas leur guerre ». Le chanteur Benjamin Biolay parle de « colline
qui prie et colline qui crie » dans sa chanson Lyon Presqu’île. http://www.youtube.com/watch?v=XVksXm2TmdA, page
consultée le 28 juin 2012.
67
http://www.youtube.com/watch?v=HjNuE28K10M page consultée le 18 mars 2012. Contrairement à une idée reçue, le
Chant des Canuts a été écrit ! de siècle après les révoltes lyonnaises de la Monarchie de Juillet.
68
J’ai écrit ces lignes en mars 2012. Nous sommes maintenant en juillet 2012. Il y a peut-être une petite place pour un
discours moins franchement pessimiste.
69
Il s’agit d’une ex ENNA (École Normale Nationale d’Apprentissages). Les ENNA sont des écoles de formation des
personnels enseignants des centres d’apprentissage, devenus en 1959 des collèges d’enseignement technique, puis lycées
d’enseignement professionnel en 1976, et enfin lycées professionnels en 1986.
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Villeurbanne. Le « territoire IUFM » s’est donc considérablement distendu, et désormais ce
n’est plus en poignée de minutes qu’il faut compter la distance qui sépare les deux IUFM,
mais en heure. Cette fragmentation des lieux, associé à la désintégration des IUFM induit bien
sûr une désagrégation des contacts entre enseignant-e-s, et une détérioration des projets. Mais
cela constitue un autre propos.
Mes activités d’enseignement reposent essentiellement sur la préparation des divers
concours d’enseignement, comme le tableau ci-dessous permet de le récapituler.
2009-2010 Co-rédaction du rapport de jury concernant l’Epreuve sur dossier du Capes d’histoire-
géographie, publié dans Historiens et Géographes n°412, novembre 2010.
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hôtels, pharmaciens, vêtements…), le député-maire de Châlons-en-Champagne monsieur Bruno Bourg-Broc, des membres
du jury du Capes des trois épreuves (histoire, géographie et épreuve sur dossier), le président du jury Inspecteur général Yves
Poncelet… Malheureusement, outre la transcription des divers entretiens que j’avais réalisée sur place après les interrogations
des candidat-e-s je n’ai jamais pris le temps d’analyser toutes les données. C’est dommage.
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2005-2006 Responsable de la section PCL1 à l’IUFM
Pur autant qu’il est possible de le faire dans des cours dispensés en IUFM, j’essaie
d’établir un lien entre l’enseignement et les recherches que je peux mener par ailleurs. Les
occasions restent rares, mais elles existent tout de même.
L’enseignement au sein d’un IUFM s’accompagne également d’encadrement de Masters
professionnels. Mais il faut bien admettre que malheureusement, les Masters d’enseignement
portant sur des thématiques urbaines ne sont pas si nombreux que cela… Pour information,
voici quelques titres de mémoires concernés par une approche plus spécifiquement urbaine :
- Enseigner le centre-ville à des élèves de cycle3
- L’école, la ville et l’intégration : quels enseignements mettre en place pour enseigner
« leur ville » à des élèves issus de milieux défavorisés ?
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74
L’année en cours, 2011-2012 n’est pas significative en raison de mon congé sabbatique d’un semestre.
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- L’histoire des arts : un enseignement pluridisciplinaire. Les arts de l’espace par les arts
visuels et la géographie
- Enseigner la géographie : une séquence sur la notion de centre-ville
- Comprendre et s’approprier la ville à travers les arts visuels
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Chapitre Trois
Activités scientifiques et diversités des terrains
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Depuis la soutenance du Doctorat, j’ai développé différentes problématiques, en
fonction de la diversité des types de terrains75 qui m’ont intéressée. Mais si les thématiques et
centres d’intérêts se révèlent en effet pluriels, la méthodologie reste la plupart du temps
analogue. À compter du travail de Maîtrise, en dehors du travail bibliographique
indispensable et propre à chaque sujet, l’observation et l’échange basé sur la mise en place
d’entretiens ont toujours été privilégiés, suivant en cela les postulats de Peter Berger et
Thomas Luckmann76 qui considèrent que, indépendamment des perspectives théoriques, la
connaissance est disponible dans le monde de la vie quotidienne et ordinaire. J’ai en effet
expérimenté que, généralement, les personnes aiment parler d’elles-mêmes et donner leurs
avis sur les sujets à propos desquels elles sont sollicitées. Il est vraiment rare qu’elles n’aient
pas quelque chose à évoquer, qui se rapporte à leurs propres vies ou à leurs conceptions de la
vie.
L’ensemble de mes recherches s’ancre majoritairement dans le champ de la
géographie sociale et répondent aux questions de savoir comment les relations aux autres se
construisent dans l’espace. Et comment les relations aux autres produisent de l’espace et des
lieux en tant qu’espaces d’identités ou de reconnaissance. La notion d’acteurs, d’actants et
d’opérateurs spatiaux est donc fondamentale pour comprendre la « production » de l’espace,
sa construction, son invention collective, ses représentations, ses matérialités, ses idéalités et
les conflits d’usages qui en découlent. Or, comment étudier le plus objectivement possible la
« réalité » et le monde en dehors des expériences, des discours et des pratiques qu’en ont les
individus ? Interroger les acteurs, qu’ils soient politiques, institutionnels, habitants, usagers,
professionnels, associatifs ou autres, permet de comprendre et de reconstituer leurs stratégies
d’action et de « dégager les contraintes internes et externes qui pèsent sur eux, de mettre au
jour « les outillages mentaux » qui structurent leur pensée et leurs affects, de saisir les valeurs
déontologiques, éthiques, culturelles ou religieuses qui enserrent ou baignent leur existence
dans un milieu donné et à une époque donnée77 ».
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
75
Sur la question des « terrains » en géographie, voir notamment le numéro spécial de L’Information géographique, « Le
terrain », Vol.74, 2010/1, 106 p.
76
Peter BERGER et Thomas LUCKMANN, La Construction sociale de la Réalité, Masson/Armand Colin, Paris, 1996,
Deuxième édition.
77
Florence DESCAMPS (Dir.), Jean de PRENEUF, Françoise de RUFFRAY, Aude TERRAY, Les sources orales de l’histoire.
Récits de vie, entretiens, témoignages oraux, Bréal, 2006, p.35.
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Mais, dès lors, quels types d’entretiens privilégier ? Autant que faire se peut, j’ai
choisi de cumuler à la fois les entretiens formels et informels, car chacun procure ses
avantages et ses inconvénients.
Les entretiens formels présentent l’avantage d’être « honnêtes » vis-à-vis de la
personne enquêtée. L’observateur ou l’observatrice « assume » son rôle et ne s’efface pas
derrière ce que les anglophones78 appellent « covert researcher », « unknown observator » ou
« covert role » (observateur caché, clandestin ou rôle masqué). Ce type d’entretiens suppose
généralement une demande formelle de rendez-vous au préalable. Le jour venu, l’échange
s’effectue dans une relation de face-à-face, et le choix du lieu prévu pour cette entrevue peut
parfois s’avérer signifiant. La palette des possibles est large. Deux extrêmes me viennent en
tête en écrivant ces lignes. Dans le meilleur des cas, les personnes rencontrées, et notamment
les élus, ou acteurs « influents », reçoivent dans leur confortable bureau ou dans une salle de
réunion si celle-ci offre la possibilité d’être plus au calme ou mieux installés. Parfois, des
baies vitrées dévoilent une vue saisissante sur la ville ou sur un paysage remarquable, une
bibliothèque expose un exemplaire de livre rare, une sculpture particulière... que
l’interlocuteur prend plaisir à montrer, à un moment de l’entretien. D’autres fois, des éléments
plus personnels « dévoilent » la personne qui reçoit : un diplôme accroché au mur, une
photographie familiale ou personnelle. Je pense par exemple à cet élu niçois fier d’exposer
une photographie (très grand format) d’un de ses sauts en parachute. Les élus n’ont bien sûr
pas le monopole du « bien recevoir ». Je garde à cet égard un excellent souvenir d’un travail
de terrain mené dans la région de Pézenas où un vigneron a pris un plaisir visible à faire
visiter sa cave et déguster son vin.
A contrario, le rendez-vous, bien que prévu depuis des semaines, peut aussi se
dérouler dans un endroit suffisamment désagréable pour que l’interlocuteur s’assure que la
rencontre ne durera pas trop longtemps. En la matière, le pire entretien fut sans aucun doute
celui que j’ai effectué avec ma collègue Mariette Sibertin-Blanc de l’université de Toulouse,
auprès d’un adjoint au maire de Palavas-les-Flots, au moment où ce dernier venait de faire
voter le retrait de sa commune de la communauté d’agglomération montpelliéraine. Cet élu, à
la fois vindicatif et sur la défensive, nous a reçu dans un couloir de la mairie, à la fois exigu et
passant, nonchalamment campé sur une photocopieuse, ce qui lui donnait de la hauteur par
rapport à nous, assises sur deux chaises. Il répondait à nos questions, de fort méchante
humeur, par des « oui », « non », « ne sais pas » ou encore « quoi d’autre ?» et manifestait
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
78
HUGHES, E.C. 1997, La sociologie et l’entretien, (Trad.) in Le regard sociologique, Textes présentés par J.M. CHAPOULIE,
Paris : éditions de l’EHESS.
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bruyamment des signes d’impatience ! L’entretien a dû durer une dizaine de minutes, tout au
plus, et au final rien n’était exploitable. Il nous a donc fallu chercher d’autres sources de
renseignements pour comprendre les différents mobiles de cette décision. Des opposants à la
politique municipale nous ont finalement reçues, durant plusieurs heures, dans l’arrière
boutique du magasin de l’un d’eux. Le dispositif était tout autre. Chacun était assis sur des
sièges identiques. Un thé à la menthe avait été improvisé, accompagné de pâtisseries
orientales qu’un autre opposant, Pied-noir, joint par téléphone, avait apporté avec lui.
Quoi qu’il en soit, dans le cadre de ces rencontres, la posture de l’enquêteur repose sur
une attitude d’écoute « sérieuse ». La conversation peut être enregistrée, avec l’accord des
intéressé-e-s. Si elle ne l’est pas, la prise de notes se fait de manière visible. Le temps de
l’entretien est borné ; il y a un début, et il y a une fin. Précisément, en raison de son caractère
« officiel », ce type d’entretiens peut se révéler insuffisant. Il faut alors biaiser un peu, laisser
l’enquêté digresser, puis revenir sur ce qui paraît important, éventuellement en agrémentant le
propos d’une « fausse erreur », ou en faisant preuve de « naïveté ». Ce truchement place alors
la personne dans un rôle d’informateur. Son discours devient plus précis, plus direct et moins
méfiant. Plus riche donc, d’un point de vue sociologique, car échanger et s’entretenir avec une
personne ne consiste pas seulement à recueillir des informations. Pendant ces moments-là, de
nombreuses interactions s’établissent, au cours desquelles émergent différents points de vue.
Et parfois l’enquêté en dit « plus » que ce qu’il pensait, ou croyait penser, ou pensait qu’il
arriverait à exprimer, ou encore n’avait jamais imaginé verbaliser de cette façon.
Mais si ces rencontres permettent en effet de connaître les opinions et façons de penser
d’une personne ou d’un groupe de personnes sur un certain type de questionnements, elles
peuvent en outre contenir une part non négligeable de violence symbolique. Les apports des
lectures d’auteurs tels que David Le Breton79 sur l’interactionnisme symbolique, Harold
Garfinkel80 sur l’ethnométhodologie ou Jean-Claude Kaufmann81 sur la sociologie
compréhensive ont, à cet égard, été une aide précieuse. Qui suis-je, moi, femme, « blanche »,
étrangère au groupe, et relativement bien intégrée dans la société, pour venir questionner, par
exemple, des personnes habitant un quartier de relégation ? Et pourquoi répondraient-ils à
mes questionnements ? Les difficultés et les ambiguïtés inhérentes à ces relations sont
connues : indiscrétion, voyeurisme, curiosité mal vécue car (jugée) « déplacée »… Les biais
et les filtres sont à la fois structurels et conjoncturels. Certes, ne pas appartenir à la
communauté étudiée, et ne pas avoir les mêmes cultures peut s’avérer un frein. Mais à ces
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
79
David LE BRETON, L’Interactionnisme symbolique, Paris, PUF, 2004.
80
Harold GARFINKEL, Recherches en ethnométhodologie, Paris, PUF, [1967] 2007
81
Jean-Claude KAUFMANN, L’Entretien compréhensif, Paris, Armand Colin, ([1996] 2004).
%$"
!
!
discontinuités82 individuelles, il convient d’ajouter aussi les biais tels que le genre, le sexe,
l’âge du chercheur (qui peut être atout ou inconvénient), la présence ou non de voisins ou
d’autres tiers lors des enquêtes. Enfin, dernier type de filtre implicite, parfois occulté, le
positionnement du chercheur vis-à-vis de son objet de recherche, son engagement personnel
et/ou les ramifications de l’objet de recherche avec l’histoire personnel du chercheur. Les
individualités qui se dissimulent derrière chaque géographe ne sont pas systématiquement
interrogées. Dans tous les cas, il convient alors de se rendre aussi acceptable que possible, de
faire « profil bas », de manière à neutraliser le terrain.
Les entretiens plus informels permettent de se fondre davantage dans et avec
l’observation en cours, par le biais de conversations par exemple, plus ou moins sciemment
orientées, avec ou sans prises de notes. Ils peuvent aussi s’intégrer dans une démarche
davantage participante, où l’identité de « chercheur » n’est pas déclinée, et les finalités de la
rencontre ni évoquées ni justifiées. La fréquentation assidue des lieux publics et des
commerces d’un quartier, l’adhésion à une ou des associations s’avère, par exemple, assez
efficientes pour voir « de l’intérieur » les représentations et les pratiques d’une population
donnée. Il s’agit alors tout à la fois d’appliquer, de s’impliquer et de s’engager (Mucchielli)83.
Néanmoins, si l’observation participante offre sans conteste de nombreux atouts pour un
chercheur en sciences sociales, je souscris totalement au propos de Béatrice Collignon,
lorsqu’elle rappelle les cinq points clé de l’éthique de la relation chercheur-e/cherché-e-s, tels
qu’ils ont été élaborés par Cloke 84et alii :
« 1. Consentement informé. Le chercheur devrait présenter son projet d’une façon claire et
précise aux cherchés, et leur demander leur accord sans exercer de pression sur eux.
2. Protection de la vie privée. Le chercheur devrait s’abstenir de rendre publiques des choses
dites ou faites dans un cadre strictement privé.
3. Blessure. Le chercheur devrait éviter que sa recherche ait des conséquences négatives tant
pour les personnes étudiées que pour d’autres.
4. Exploitation. Le chercheur devrait éviter d’« utiliser » ses interlocuteurs en recueillant
auprès d’eux des informations sans rien leur donner ou presque en échange.
5. Sensibilité aux différences culturelles et de genre. Le chercheur devrait être sensible aux
droits et croyances et à la culture des cherchés, ainsi qu’à leur position au sein de relations
patriarcales de pouvoir. » (Cloke et alii , 2000 p. 135 — Traduction libre de l’anglais par
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
82
Si l’on accepte la définition qu’une discontinuité est ce qui sépare deux ensembles spatiaux voisins et différents »
83
Alex MUCCHIELLI (dir.) (1996), Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines et sociales, Paris, Armand
Colin/Masson.
84
CLOKE P., COOKE P., CURSONS J., MILBOURNE P. et WIDDOWFIELD R. (2000), « Ethics, Reflexivity and Research :
Encounters with Homeless People », Ethics, Place and Environment, 3 (2), p. 133-154.
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l’auteur85)
Ces divers terrains peuvent être regroupés selon leurs thématiques. C’est précisément
ces objets de recherche composites que je vais maintenant présenter87.
Dès le début du premier mandat de Georges Frêche88, en raison d’un statut de capitale
régionale nouvellement affirmé et d’un dynamisme démographique remarquable, la notion de
projet urbain s’est trouvée au cœur des processus de valorisation de l’image de la ville et de
l’organisation urbaine de celle-ci. Les politiques de communication ont joué un rôle
prépondérant au sein de la stratégie municipale. Selon une dialectique récurrente, les
campagnes de communication valorisaient les politiques urbaines et les projets urbains mis en
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
85
Béatrice COLLIGNON, « L'éthique et le terrain », L'Information géographique, 2010/1 Vol. 74, p. 63-83.
86
Stéphane BEAUD et Florence WEBER F. ([1998] 2003), Guide de l’enquête de terrain. Produire et analyser des données
ethnographiques, Paris, Éditions La Découverte, p. 293.
87
Merci à Nicolas ESCACH pour sa lecture de l’introduction du Chapitre trois, et pour ses conseils avisés.
88
Georges FRECHE (PS) a été élu maire en 1977. Réélu à chaque élection municipale, il a occupé ce poste jusqu’à son
élection à la présidence de la Région, en 2004.
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œuvre par l’équipe municipale89, lesquels nourrissaient en retour de nouvelles campagnes de
communication. L’esprit du projet trouvait ainsi son incarnation dans la stature et la
médiatisation des personnes qui le portaient. Ce dynamisme est sans doute moins vrai
aujourd’hui, mais il a été particulièrement marquant durant les décennies 1980-1990.
Désormais, plusieurs logiques contribuent à modeler la valorisation de ce territoire
urbain, où deux échelles de promotion cohabitent : celle de la ville, capable de promouvoir un
important travail de marketing urbain pour asseoir son image de capitale régionale et de
métropole, et celle de l’agglomération, comme territoire émergent90 en quête d’harmonie, de
cohésion sociale et de gestion foncière. En effet, en 1999, la loi dite « Chevènement » a
cherché à simplifier la coopération intercommunale, en fonction de la nature démographique
des territoires : « Communautés de communes » en milieu rural et dans le périurbain;
« Communautés d’agglomération » pour les centres urbains et leurs périphéries et
« Communautés urbaines » pour les grandes villes. Dans le même temps, la loi d’Orientation
pour l’Aménagement et le Développement Durable du Territoire (LOADDT), dite loi
« Voynet », a instauré des contrats d’agglomération permettant aux agglomérations de
construire et d’affirmer leur projet de développement en contractualisant avec l’Etat et la
Région. Enfin, la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU, Loi Gayssot-Besson) a prévu
que chaque « agglomération » à l’échelle de l’aire urbaine définisse un Schéma de Cohérence
Territorial (SCOT) avec l’objectif premier de maîtriser l’étalement urbain et de favoriser la
mixité socio-spatiale.
Depuis ces lois, la légitimation de l’agglomération comme territoire de réflexion et
d’action sur le devenir des espaces urbains se trouve fortement posée, et le territoire
communal n’apparaît plus comme le périmètre pertinent pour penser la ville et ses enjeux. En
effet, confrontée à une croissance urbaine et démographique extraordinaire, la communauté
d’agglomération montpelliéraine91 affiche une forte volonté d’intégrer le développement
durable dans l’élaboration d’un SCOT, porteur de nouvelles valeurs urbaines et sociétales. Un
nouveau projet, avec de nouveaux desseins à l’échelle de l’agglomération, constitue donc la
charpente des nouvelles politiques urbaines. La production de ce « nouveau territoire » s’est
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
89
Les domaines phares de ces politiques urbaines concernent notamment des opérations d’habitat telle que celle d’Antigone
de Ricardo BOFILL et des opérations culturelles d’envergure nationale telle que les festivals de danse et de musique.
90
DUBOIS-TAINE, G. et CHALAS, Y., La ville émergente , Editions de l’AUBE, 1998.
91
Le 27 mai 2002, Georges Frêche, alors maire de Montpellier, est élu Président de la Communauté d’Agglomération de
Montpellier lors du premier Conseil de Communauté d’Agglomération. À cette date-là, l’Agglo était composée de 38
communes. 7 communes l’ont quittée et aujourd’hui Montpellier Agglomération est constituée de 31 communes, dont
Montpellier sa capitale (8e ville de France. Douze compétences lui sont attribuées: l’aménagement de l’espace
communautaire ; le développement économique ; l’organisation des transports urbains ; l’équilibre social de l’habitat ; la
politique de la ville ; la création et l’entretien de la voirie d’intérêt communautaire ; l’assainissement ; l’environnement et le
cadre de vie ; la construction, l’aménagement, l’entretien et la gestion d’équipements sportifs et culturels d’intérêt
communautaire ; les services funéraires ; la fourrière animale ; la lutte contre les inondations.
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accompagnée, de manière consubstantielle, d’une production de nouvelles images. La ville,
qui fut « surdouée » par la grâce de la politique de Jacques Séguéla et de son agence euro-
RSCG à l’époque de Montpellier Technopole, s’est métamorphosée en une agglomération
pensée et promue par l’équipe de Bernard Reichen92.
Le cas montpelliérain est singulier à plus d’un titre. Première agglomération de plus de
200 000 habitants à adopter un Schéma de cohérence territoriale (SCOT), elle est également
celle qui s’inscrit dans le processus métropolitain le plus conflictuel de France. Mais au-delà
de cette conflictualité, cristallisée en partie autour de la figure de Georges Frêche, le SCOT
est original dans la mesure où il adopte totalement le périmètre de l’Agglomération. Cette
corrélation directe entre périmètre du SCOT et périmètre de la communauté explique
certainement la mise en œuvre rapide du document de planification. La croissance
démographique, les dynamiques spatiales et les pressions qu’elles engendrent demeurent
particulièrement vives. Au cours du dernier demi-siècle, la population de l’agglomération a
plus que triplé ; l’espace urbanisé en périphérie de la ville centre a, lui, été multiplié par dix.
Dans ces conditions, la maîtrise de l’étalement urbain s’affiche comme une priorité
fondamentale des objectifs du SCOT. Déjà ancien, l'étalement urbain se poursuit aujourd’hui
le long du littoral et a gagné, avec le développement des transports, les communes ayant un
accès immédiat sur l'A9 ou l'A75.
Pour de nombreux maires des communes périurbaines, l’enjeu d’établir une politique
d’aménagement du territoire pour les vingt ans à venir a constitué une véritable innovation93 :
le développement de la périphérie s’était jusque là effectué le plus souvent selon les
opportunités foncières. L’élaboration du Plan d’Aménagement et de Développement Durable
(PADD), a constitué une étape capitale dans l’apprentissage de la démarche planificatrice94.
Ce diagnostic a permis aux élus d’acquérir une vision collective du territoire intercommunal
en construction et d’en identifier les enjeux communs – en termes de démographie,
d’économie, de marché immobilier, de consommation d’espaces et d’agriculture.
Les injonctions de renouvellement urbain, les encouragements à la densification de
l’existant et l’intégration des enjeux de la maîtrise de l’étalement urbain ont profondément
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
92
Les élus de l’Agglomération ont sélectionné cette équipe pour mener à bien l’élaboration du Schéma de Cohérence
Territoriale (SCOT). Il s’agit d’un choix prestigieux. Un jury international, réuni à l’initiative de Dominique PERBEN,
ministre des Transports, de l’Equipement, du Tourisme et de la Mer, et présidé par le directeur général de l’Urbanisme, de
l’Habitat, de la Construction, a décerné le Grand Prix de l’Urbanisme 2005 à Bernard REICHEN et un Grand Prix spécial du
jury à Alvaro SIZA. « En attribuant le Grand prix à Bernard REICHEN, le jury a voulu saluer une attitude innovante,
stratégique, à la fois réaliste et inventive, dans toutes les formes d’urbanisme aux différentes échelles territoriales au service
d’une vision dynamique et moderne de la ville européenne durable ». In communiqué de presse publié sur le site
www.urbanisme.equipement.gouv.fr
93
À travers la mise en cohérence de l’ensemble des documents de planification d’échelle communautaire : le plan de
déplacements urbains (PDU), le programme local de l’habitat (PLH), le schéma directeur d’assainissement (SDA).
94
Le PADD a été adopté en décembre 2004.
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remanié les notions d’identités villageoises. Aujourd’hui, les traits caractéristiques de ces
villages résident-ils dans l’urbanité des noyaux villageois, densément peuplés95, ou dans la
périurbanité des espaces lotis96? Les identités locales sont-elles méditerranéennes et/ou
languedociennes ? Littorales et/ou d’arrière-pays ? Ne sont-elles pas aussi plus
spécifiquement singulières : les élu-e-s des villages de Saint-Génies-des-Mourgues,
Vendargues et Saint-Georges-d’Orques affirment par exemple un grand attachement à leurs
traditions bouvines.
Les dynamiques démographiques, économiques et sociales ont généré la constitution de
vastes aires urbanisées qui débordent de toutes parts les limites des collectivités locales. La
« ville émergente » a créé des emboîtements d’échelles urbaines plus ou moins complexes,
qui interrogent les critères de délimitation de chacun de ces espaces. Le premier maillage
territorial, en matière de planification territoriale, reste celui des communes, qui élaborent les
PLU, et dont les maires demeurent responsables de la délivrance des permis de construire.
Mais ne tendent-elles pas à devenir des unités administratives insignifiantes? De nombreux
maires de petites communes déplorent en effet l’érosion de certaines de leurs compétences :
« Il faut être vigilant parce que, petit à petit, il y a des compétences qui passent à l’agglo et
parfois, en conseil municipal, on se dit que bientôt on sera là juste pour inaugurer les
chrysanthèmes !97 ». La ville-centre elle-même s’est trouvée délestée de nombreuses
compétences en matière économique et culturelle, au profit de la Communauté
d’agglomération, au moment où Hélène Mandroux a remplacé Georges Frêche à la mairie de
Montpellier. Aujourd’hui, les véritables enjeux dépassent le strict cadre de l’Agglomération
montpelliéraine. L’aire métropolitaine actuelle englobe à la fois Nîmes, Sète et Alès.
Ces questionnements concernant Montpellier et sa périphérie ont donné lieu à des
communications à plusieurs colloques, et à diverses publications. Les tableaux qui suivent
résument d’une part les communications lors de différents colloques et, d’autres part, les
publications dans des revues à comité de lecture, puis dans des chapitres d’ouvrages.
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95
Plus de 50 logements à l’hectare en moyenne.
96
Moins de 10 logements à l’hectare en moyenne.
97
Entretien d’un maire d’une commune de l’Agglomération montpelliéraine, février 2005.
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- 1996, Colloque International Les espaces publics méditerranéens, Ecole d'Architecture de
Montpellier les 14-15-16 mars 1996.
- 1995, Colloque International Les pratiques de la ville : transformations sociales et évolutions
spatiales, Centre de Recherche sur l'Habitat, Ecole d'Architecture de Paris-La-Défense les 21 et 22
septembre 1995 ".
- 1995, Colloque International Villes en projet, Centre d'Etudes des Espaces Urbains, Bordeaux les 23
et 24 mars 1995.
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des élections municipales de 1977. Localement, celles-ci correspondent à un changement de
majorité, Georges Frêche succédant à François Delmas98. Dans de nombreuses villes, la
politique culturelle, au service de l’image du maire, s’avère rapidement un formidable outil de
communication politique. La culture renforce l’identification réciproque du maire et de la
ville et sert son rayonnement interne autant qu’externe. L’exemple de Montpellier est le plus
significatif de cette décennie [Ph. Poirier, 1997] car le nouveau maire est un des premiers à
défendre l’idée d’une excellence culturelle. L’objectif est clair : faire de Montpellier, à l’heure
de la décentralisation, de la métropolisation et de l’Europe de Maastricht, une véritable
métropole européenne. Par quel biais ? En éveillant le prestige culturel comme dessein
économique. La culture n’est pas appréhendée sous l’angle des dépenses ; elle constitue en
revanche un investissement en lien avec le tourisme et le patrimoine.
Les enjeux culturels sont essentiellement de deux ordres. Il convient, d’une part, de
corriger les représentations de « belle endormie » qui, au début des années 1970, collent
encore à l’image de la capitale languedocienne ; le chantier est de taille car selon une étude
réalisée par Jean-Paul Volle et Suzanne Savey en 1967, Montpellier se trouve, sur le plan
culturel, devancée par des communes beaucoup plus petites99. Il convient par ailleurs de
donner aux habitants de la cité, dont le tiers de la population se renouvelle tous les dix ans, un
sentiment d'appartenance commune à la ville. La culture apparaît alors comme une sorte de
"ciment" social garant du vivre-ensemble100.
Dès 1977, la nouvelle municipalité commence à créer les équipements symboliques d'une
dynamique culturelle qui faisait défaut à la ville : un Centre Chorégraphique National, un Centre
Dramatique National, un orchestre régional, un palais de congrès, un Zénith, une salle de rock...
Le festival de Danse de Montpellier est le premier né de la politique culturelle montpelliéraine.
Depuis 1981, date de création du festival, Montpellier Danse fait partie des lieux privilégiés où
les plus grands chorégraphes se retrouvent régulièrement. La communication de Montpellier
Danse a entièrement accompagné celle de la ville. « On peut dire que la communication de
Montpellier Danse a été encastrée dans celle de la ville. Il y a des journalistes qui viennent du
monde entier. Il y a eu deux grands articles dans le New York Times l’été dernier. J’imagine que
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
98
Il fut maire de Montpellier de 1959 à 1977.
99
Les auteurs montrent que Montpellier n'a toujours pas réussi à s'imposer à l'échelle de l'espace régional. Ils notent à cet
égard que des villes, pourtant bien plus petites, comme Sète ou Pézenas ont une influence beaucoup plus grande sur le public,
notamment grâce à leurs festivals de théâtre ou de cinéma. In SAVEY, S., VOLLE, J-P. (1967). Montpellier. Notes et études
documentaires.
100
« L'héritage de mille ans d'histoire placés dès l'origine sous le sceau de l'enrichissement mutuel, les choix de ses élus, ont
fait de Montpellier la ville aux mille et une vies, une ville internationale qui pratique une véritable politique d'intégration des
populations. Des 244 500 habitants que compte notre ville seuls, 20% y sont nés. En 2002, le recensement fait apparaître :
32 190 ressortissants étrangers résidant à Montpellier, 60000 étudiants y poursuivant leur cursus universitaire dont plus de
13% d'étrangers ». Propos d’Hélène Mandroux, In http://eo.montpellier.fr/#par9773, version esperanto du site web de la ville
de Montpellier.
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les New Yorkais ont lu ça… Montpellier-Danse est un des joyaux de la couronne ! »101. En 1992,
questionné sur ses stratégies en matière de politiques culturelles, le maire de Montpellier répond
de ses choix en ces termes : « Nous voulons faire une eurocité, donc une ville/technopole qui
crée des emplois à partir de la matière grise dans un cadre d'urbanisme, de sport, de culture et de
qualité de vie de haut niveau. […] La culture "médiatise" la ville à l'échelle internationale.»102
Jusqu’au 1er janvier 2003, les objectifs des politiques culturelles épousaient les visées du
projet urbain montpelliérain tel qu’il avait été élaboré par Georges Frêche et son adjoint à
l’urbanisme Raymond Dugrand. Mais, depuis cette date, un partage des compétences entre la
Ville et l’Agglomération a été défini. À la ville de favoriser la culture « intra-
montpelliéraine » dans son acception sociale et civique du « vivre-ensemble », et à
l’Agglomération de valoriser l’image du grand Montpellier. Chacune de ces collectivités a
d’ailleurs sa propre agence de communication103.
Le lien social est, en effet, fragile car Montpellier est aussi un puissant miroir aux
alouettes. La « ville où il fait bon vivre » attire et fascine, mais elle rejette aisément les plus
faibles ; le taux de chômage104 est ici plus important qu’ailleurs, il est particulièrement
difficile de trouver un logement et les prix sont élevés105. Et si certains pensent que la misère
est plus douce au soleil, celui-ci ne brille pas avec la même intensité pour tous106. Eviter la
fragmentation sociale constitue un enjeu de taille. C’est une gageure qui concerne autant les
politiques urbaines107 que les politiques culturelles. A l’échelle de l’agglomération, les enjeux
des politiques culturelles sont davantage perçus comme un moyen de promouvoir, sur le plan
national et international, une image de Montpellier au sens large, c’est-à-dire « grande
agglomération » comprise, qu’une possibilité de promouvoir et de favoriser l’intégration des
différents territoires de cette agglomération en construction.
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
101
Entretien Jean-Paul MONTANARI, Directeur du Festival international Montpellier Danse. 26 février 2007.
102
Héxaméron Magazine, n°28, p.32, 1992.
103
L’Agence Anatome travaille avec la mairie de Montpellier ; deux agences travaillent avec l’Agglomération : Alternative
Synthèse sur la notion de proximité dans l’agglomération et l’agence Publicis sur la notion de valorisation.
104
Le taux de chômage dans l’Hérault s’établit aux environs de 15%, il dépasse bien souvent les 20% à Montpellier, alors
qu’il avoisine les 10% en moyenne nationale.
105
La mécanique en place et le niveau des prix écartent les jeunes couples de l'accession à la propriété: « Il faut bien
constater qu'à moins de 300 000 " on n'a rien. Les jeunes ne peuvent s'installer qu'à l'approche de la quarantaine, et souvent
avec l'appui financier de leurs parents», regrette Laurent Bochu, à Castelnau-le-Lez ». In L’Express, no. 2879. Couverture
région, jeudi 7 septembre 2006, p. 2. Par ailleurs, fin 2006, le prix moyen du mètre carré (dans le neuf) s'est hissé à 3 275
euros, soit +5,3% en un an (+10,53% en 2005) car Montpellier continue de profiter de son image attractive,
démographiquement et économiquement. « Les demandeurs de logement familial sont très nombreux, mais ils ne sont
malheureusement pas toujours solvables. Entre la primo-accession à 2 400 euros et le marché libre moyen à 3 300 euros, il y
a un vide que nous n'arrivons pas à combler ». In Le Nouvel Observateur, no. 2211, Jeudi 22 mars 2007, p. 7
106
« A Montpellier, le taux de boursiers est parmi les plus élevés de France: sur les 25 000 dossiers traités par le Crous, la
moitié concernent des boursiers 5e échelon (montant de bourse maximale) ». In L’Express, no. 2906
Couverture région, jeudi 15 mars 2007, p. 14.
107
« Montpellier s'est donné les moyens de gérer son foncier et de limiter autant que possible la flambée des prix. Elle est
l'une des rares villes de plus de 100 000 habitants à proposer plus de 20% de logements sociaux. L'an dernier, nous avons
produit 24% de logements sociaux, 26% de logements intermédiaires et 50% de logements libres. Notre PLU (plan local
d'urbanisme) s'appuie sur une politique de ZAC très importante ». Entretien d’Hélène MANDROUX, in Le Nouvel Observateur,
no. 2211, Jeudi 22 mars 2007, p. 7.
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Les enjeux des politiques culturelles reposent sur une valorisation multi-scalaire. Le
transfert des politiques culturelles de la Ville à l’Agglomération a exacerbé cette dynamique ;
il permet d’assurer des fonctions qui ne pourraient pas reposer sur la seule responsabilité
d’une commune. Le rôle des équipements structurants, comme colonne vertébrale de ces
politiques, apparaît déterminant : les salles de spectacles les mieux équipées sont aussi les
mieux adaptées aux représentations chorégraphiques des grandes compagnies, et le
« nouveau » musée Fabre108, enserré dans un périmètre culturel et patrimonial majeur, draine
de nouveaux visiteurs dans la ville-centre. La coexistence d’impératifs multiples domine. Les
édiles apparaissent avant tout soucieux d’attirer dans leur ville des spectacles, des
manifestations susceptibles de leur valoir d’abondants comptes rendus dans la presse
nationale et internationale ; mais par ailleurs ils n’en négligent pas les dimensions locales et
infra-locales, propices à la création et à la consolidation du lien social. Enfin, les politiques
culturelles sont également susceptibles de faciliter l’insertion, autant sociale que physique, de
populations « en marge » : jeunes, handicapés, personnes issues de quartiers de relégation,
chômeurs…
Les créateurs, de leur côté, se préoccupent davantage de la noblesse de la création109.
D’ailleurs, aux retombées économiques des premiers, Jean-Paul Montanari oppose, ou ajoute,
des retombées symboliques et imaginaires, difficiles à évaluer. Les politiques culturelles, les
arts et la création imprègnent sensiblement les ambiances urbaines et contribuent à donner à la
ville une atmosphère particulière qu’on peut finalement dépeindre par défaut : en 2003,
lorsque le festival a été annulé faute de techniciens mobilisés par la grève des intermittents du
spectacle, l’atmosphère du centre-ville et du milieu urbain dans son ensemble s’en sont
trouvés altérés.
Le contexte des années 2010 n’est plus celui des années 1980. Les diverses mutations
qui ont affecté la société ont occasionné de multiples changements économiques, sociaux et
sociétaux. Les dépenses culturelles ne peuvent-elles pas paraître superflues en temps de
crise ? Les élus de l’agglomération, bien que la région soit régulièrement « ruban bleu du
chômage », n’ont en rien infléchi la philosophie en œuvre depuis la fin des années 1970. La
culture est un media puissant et la société médiatique place le culturel au centre des flux
d’informations. Néanmoins, la manière de concevoir les politiques culturelles a évolué. Les
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
108
« L’un des plus importants chantiers culturels de France redonne naissance à un musée qui triple ses surfaces
d’exposition », titrent Les Echos, n°. 19850, 5 février 2007, p.4 ; « L’un des plus beaux d’Europe » titre Le Figaro Magazine
du 3 février 2007, p.69.
109
« C’est l’œuvre qui est la seule chose intéressante. Que ce soit difficilement accessible, et bien oui c’est difficilement
accessible, et bien oui c’est comme ça, l’art, c’est difficile. C’est ce geste qui va faire qu’on va aller vers ça, qui va nous
élever ; donc si on diminue l’intensité, du coup, le geste n’y est plus… et du coup ça ne sert plus à rien ». (Entretien J-P
MONTANARI, op. cit.).
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loisirs de masse se sont affirmés : les Zénith, les Multiplexes sont devenus des équipements
majeurs des périphéries urbaines. Par ailleurs, la multiplication des produits et les biens de
consommation produits par les industries culturelles ont provoqué une privatisation croissante
des pratiques.
Les politiques culturelles montpelliéraines n’échappent pas à ces mutations ; elles
entrent probablement dans une seconde période, inaugurée par la réhabilitation du musée
Fabre, dernier pilier culturel de l’Ecusson. Des équipements sont en cours de réalisation : un
théâtre de mille deux cents places, en cœur de ville, dans le quartier « Saint-Roch »
actuellement en cours de réalisation110 sur des terrains anciennement occupés par la SNCF ;
un centre d’art moderne, en face de la toute nouvelle mairie, dans le quartier, récemment
construit, d’Odysseum, et vraisemblablement un autre Zénith, de douze mille places, puisque
le Zénith actuel est désormais trop petit pour accueillir de grands groupes. Les principaux
territoires de valorisation des politiques culturelles répondent à la promotion de deux
stratégies urbaines, géographiques, sociales et idéologiques contrastées : centre ancien
(Ecusson) / nouveau centre (en direction du Sud), culture d’élite / culture de masse, et culture
cultivée / cultures locales… Les nouvelles politiques culturelles montpelliéraines seront-elles
globales, consensuelles, manichéennes ou fragmentées ?
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
111
Zone à Urbaniser en Priorité. Ces ZUP correspondent à une procédure administrative d’urbanisme opérationnel utilisée en
France entre 1959 et 1967 afin de répondre à la demande croissante de logements. Ces ZUP étaient destinées à permettre la
création ex nihilo de quartiers nouveaux.
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Pieds-Noirs. Arrivés après 1962, ils sont souvent propriétaires de leur appartement. À leur
départ, des personnes originaires d’Espagne et du Portugal, fuyant la pauvreté et des régimes
politiques peu amènes, les remplacent. Les loyers y sont accessibles. Durant cette période,
dans la foulée des événements de mai 1968, des militants, étudiants ou non, viennent
également s’installer dans ce quartier de réputation ouvrière et populaire.
Aux alentours des 1973, les premiers Maghrébins s’installent, pour les mêmes raisons
que les occupants précédents : les loyers restent peu élevés. Il s’agit essentiellement de
population d’origine algérienne qui bénéficie du regroupement familial. Les hommes,
installés en France depuis longtemps, préparent la venue de leur famille ; ils quittent les
meublés où ils habitaient à plusieurs, et migrent vers le Petit Bard. Là, ils trouvent, le plus
souvent par agence, un appartement à louer, en général un T3. A partir des années 1980, ce
sont les Marocains qui viennent s’installer, toujours pour les mêmes raisons, d’autant qu’entre
temps les mutations économiques ont fragilisé les catégories ouvrières les plus précaires : les
émigrés et les femmes. Jusqu’à cette période-là, les témoignages des habitants112 s’accordent
tous pour louer la bonne entente et l’excellente ambiance qui régnaient dans le quartier. Puis,
peu à peu, les habitants d’origines géographiques similaires se regroupent dans les mêmes
bâtiments. Cause et conséquence de ce processus « d’ethnicisation » du quartier, les moins
défavorisés quittent le quartier pour aller habiter les villages périphériques en pleine
expansion ; les appartements laissés vacants sont immédiatement occupés par d’autres
migrants qui emménagent tout naturellement à proximité des membres de la famille déjà
installés. Les commerces européens sont remplacés peu à peu par des commerces plus
spécifiquement arabes.
Les années 1990-2000 sont celles qui scellent la ghettoïsation de la cité. Le quartier
devient très majoritairement marocain. Trois provenances géographiques dominent: Tinrir et
les alentours, les plaines du centre, et la région du Rif. Quelques Gitans, quelques Turcs
occupent encore les lieux. La population s’homogénéise d’autant plus qu’elle se paupérise : la
drogue devient un revenu supplémentaire, certes illégal, mais parfois indispensable pour un
grand nombre de familles. Le Petit-Bard se transforme en plaque tournante montpelliéraine de
la drogue. C’est aussi le lieu des trafics d’objets volés ; le quartier est surnommé Toutstock 113
par la police municipale, selon les propos rapportés par un technicien de la mairie de
Montpellier114.
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
112
Cf plus particulièrement le livre Quoi qu’on en dise. Le Petit Bard raconté par ses habitants. Montpellier 1960-2008. Une
production du CIEPAC. 2008, Chèvre feuille étoilée.
113
En raison du nombre important d’objets volés qui y étaient retrouvés.
114
Entretien 2004.
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Mais si le processus de ghettoïsation est bien enclenché, il n’empêche cependant pas à
certains acteurs de faire de belles plus values immobilières. Jusqu’à une période récente, pour
un acheteur, le retour sur investissement tenait parfois du miracle : il s'effectuait dans le temps
record de trois ans ! Un appartement F4 s'achetait, en 2000, au prix dérisoire de 80 000 F,
mais se louait 3 300 F (503 euros) par mois. Dans ces conditions, certains propriétaires n’ont
pas hésité à se transformer en marchands de sommeil. Les locataires, eux, paient des charges
importantes115 pour des services inexistants. Olivier Taoumi116 relate par exemple le cas de sa
grand’tante, sollicitée par le syndic pour régler une somme importante correspondant à
l’entretien d’extincteurs depuis longtemps volés et non remplacés. Les parties communes
deviennent totalement vétustes ; quelques copropriétaires n’hésitent pas à se rendre à
plusieurs chez les locataires récalcitrants et à utiliser les menaces pour obtenir le paiement des
loyers et des charges. Les habitants, prisonniers d’une situation économique et sociale de plus
en plus précaire restent, assignés à résidence, pris au piège de la cité. L’opacité du quartier
favorise par ailleurs quelques irrégularités telles qu’héberger des sans-papiers ou pratiquer
différentes formes d’économie parallèle.
La lourdeur des charges pèse également sur les petits propriétaires, qui refusent de
payer leur quote-part. La copropriété accumule ainsi un passif faramineux de douze millions
de francs. Les charges que paient les locataires et les propriétaires ne sont pas reversées à la
copropriété. Les gros co-propriétaires, avec l’aide complaisante du syndic, attendent que les
petits propriétaires accumulent les dettes ; lettres, huissiers grossissent leurs dettes par le
chapitre frais. Et lorsque ces derniers se trouvent complètement pressurés, ils leur proposent
alors de prendre en charge leur passif, leur versent un petit reliquat et les conservent comme
locataires. Des notables se sont ainsi rendus propriétaires de dizaines d’appartements du Petit
Bard117. Le montant des dettes de la copropriété, en décembre 2001, au moment de la
nomination d’un administrateur judiciaire, s’élevait à 2,3 M d’euros. Les conséquences de ces
désinvestissements sont multiples : des branchements électriques et téléphoniques sauvages se
multiplient, les compteurs d’eau sont retournés, afin que la consommation ne soit pas
enregistrée. La co-propriété se dégrade à vive allure : les façades se lézardent, les rats hantent
les caves, les parties communes et rongent les fils électriques.
L’équipe municipale a timidement géré cette phase de stigmatisations du quartier.
D’une part elle considérait sans doute que le Petit Bard constituait un lieu d’acculturation
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
115
« Les charges sont effectivement très lourdes : jusqu’à 3250 francs par trimestre pour un F4, nettement au-dessus des
résidences bourgeoises des environs » in Marianne n°381, semaine du 7 août au 13 août 2004.
116
Correspondance par mail, novembre 2007.
117
Plusieurs élus ainsi qu’Olivier Taoumi, magistrat franco-marocain ont largement décrit ces processus d’enrichissement au
cours des entretiens.
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nécessaire pour les primo-arrivants. D’autre part, selon l’aveu d’un élu proche de Georges
Frêche, l’enrichissement scandaleux de copropriétaires fortunés ne réinvestissant rien, ni sur
la copropriété ni sur les espaces libres, détournait « idéologiquement » la possibilité
d’intervenir. Pourquoi une municipalité socialiste aiderait-elle et financerait-elle une
amélioration du bâti qui aurait favorisé une bourgeoisie quasi mafieuse ? En revanche, elle a
participé aux équipements du quartier : construction d’une école élémentaire, d’une Maison
pour tous118 et d’un stade. Mais le principal leitmotiv reposait sur l’idée que l’Etat
n’investissant rien dans ces espaces-là, la Ville n’avait pas vocation à financer des
copropriétaires responsables du délabrement d’une co-propriété privée. Avec la création de
l’ANRU119, en 2003, une plus grande autonomie est attribuée aux municipalités ; or, si
désormais l’Etat investit une somme d’argent importante, la question de l’engagement de la
Ville se pose. En juin 2004, un incendie, dû à la vétusté des installations électriques,
provoque120 la mort d’un homme. Les habitants des logements endommagés par le feu,
soutenus par le MIB121, le DAL122 et la CIMADE123 refusent le relogement proposé par la
mairie, occupent un gymnase, manifestent en nombre jusqu’à la place centrale de la ville, la
place de la Comédie, et demandent la réhabilitation du quartier. L’enclavement du quartier et
ses diverses problématiques s’invitent, à la suite de cet événement tragique, en centre ville ; la
périphérie124 occupe symboliquement le centre.
Le soir même, à l’annonce du décès de l’habitant gravement brûlé, une centaine de
jeunes descendent dans la rue et incendient des poubelles. Dans l’urgence du moment, la
question du relogement des dix-neuf familles, que l’incendie a laissé sans domicile, se pose
avec plus d’acuité que celle de la rénovation. C’est pourtant à ce moment-là que le projet est
sérieusement envisagé. Il prévoit la destruction et la reconstruction de 483 logements, dont
327 logements sociaux, ainsi que la construction de 323 logements hors site. Enfin 371
logements seront réhabilités. (cf carte du projet de rénovation page suivante)
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
118
Les Maisons pour tous de la Ville de Montpellier constituent des relais de l’action publique et d’importants points
d'ancrage de la vie des quartiers.
119
En France, l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine est un établissement public industriel et commercial créé par
l’article 10 de la loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine du 1er août 2003, afin d’assurer la
mise en œuvre et le financement du programme national de renouvellement urbain.
120
Les circonstances de la mort de cette personne restent assez obscures. Certains prétendent que sa mort n’est pas liée à
l’incendie et que ce dernier aurait servi précisément à masquer ce meurtre… D’autres affirment que l’incendie est
directement lié à la vétusté des équipements, laquelle ne peut de toutes manières guère être remise en cause.
121
Le Mouvement de l’immigration et des banlieues (MIB) est issu de la marche des Beurs de 1984 et des émeutes du début
des années 1990.
122
Droit au logement (DAL) est une association française de loi 1901, créée en 1990. Son but est de permettre aux
populations les plus fragilisées d’avoir accès à un logement
123
La Cimade (Comité intermouvements auprès des évacués) est une association à but non lucratif (loi 1901)
particulièrement présente sur le terrain de l’aide aux sans-papiers. C’est la seule ONG autorisée par la loi à entrer dans les
centres de rétention administrative afin de surveiller les conditions de rétention souvent dénoncées par ailleurs.
124
Le terme « périphérie » ne renvoie pas à une situation « géographique » mais fait référence au modèle centre/périphérie
que développe Alain Reynaud dans son ouvrage Société, espace et justice, 1981.
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!
Les enjeux de la rénovation du quartier sont à la fois politiques, économiques, sociaux,
sociétaux, économiques et urbains. Cette dynamique nouvelle, axée sur le désenclavement,
donne au quartier la visibilité qu’il n’avait pas, à travers une plus grande insertion urbaine de
ses abords.
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Carte du projet de rénovation urbaine de l’ensemble Petit Bard-Pergola:
Source : Plan de sauvegarde du Petit Bard. Arrêté préfectoral du 22 août 2007.
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La création, en 2005, de la médiathèque William Shakespeare s’accompagne d’une
ouverture du quartier sur l’avenue Paul Bringuier. Cet espace, qui se trouvait encore en 2004
en situation de cul-de-sac, représente désormais une nouvelle porte d’entrée dans le quartier.
La Maison pour Tous François Villon, d’abord créée en 1987, puis démolie en 2006 en raison
de l’étroitesse de ses locaux et reconstruite au même endroit en 2008 dans le cadre du projet
de rénovation urbaine, le petit terrain de sport, créé également en 2008 et le groupe scolaire
Joseph Delteil contribuent désormais à donner une image renouvelée du territoire ; c’est aussi
dans cet îlot « rafraîchi », en face du groupe scolaire, que les nouveaux logements de la
résidence Arthur Young ont été construits. Quarante-trois familles y ont été relogées en juin
2008. Plus récemment encore, un arrêt de la ligne 3 du tramway permet aux habitants de se
rendre au centre-ville ou vers les plages. Et réciproquement, les usagers du tramway qui se
rendent en direction de la commune périurbaine Juvignac passent en bordure du quartier.
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Étalement urbain et développement (urbain) durable
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
127
Le laboratoire s’appelait à l’époque le CIRUS-Cieu.
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aux « bons sentiments »128 inhérents à cette expression, parfois galvaudée mais souvent
mobilisatrice, de développement durable ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que
ces sentiments sont portés par des acteurs dont les objectifs, leurs rapports aux institutions, la
légitimité, les intérêts et les référentiels socio-politiques diffèrent indubitablement.
Les instruments de planification et de gestion de l’étalement urbain (PADD, SCOT), la
notion de développement durable s’appliquent selon des modalités législatives, voire
coercitives ; mais il ne faut surtout pas sous-estimer les habitus, les pratiques et contextes
locaux et les ressources humaines spatialisées, les arrangements et bricolages qui contribuent
à ce que nous avions appelé, au Cieu, la « petite fabrique du développement durable ». La
traduction de grandes orientations à l’échelle locale passe par le filtre inévitable des enjeux et
des réalités locales. Cette analyse renvoie à la grande difficulté de définir quel est le territoire
pertinent de la gestion urbaine : est-ce le territoire sur lequel s’identifient des dynamiques
spécifiques ? Ou un territoire politiquement viable ? Ou encore un territoire techniquement
opérationnel … ? L’expérience montpelliéraine tend à préciser le rôle des instruments de
planification dans la définition des territoires de l’action et de la gestion urbaine : plus qu’un
territoire pertinent, il s’agit sans doute plutôt de construire un territoire pragmatique et
opérant.
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
128
J. THEYS, « Un nouveau principe pour l’aménagement du territoire ? Le développement durable et la confusion des
(bons) sentiments », in Collectif, Repenser le territoire. Un dictionnaire critique, L’Aube, 2000
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!
Chevalier, D., & Sibertin-Blanc, M. (2006). « Les acteurs de la scène métropolitaine face au double
défi de l’urbanisation et du développement durable », Action publique et projet métropolitain,
éditions de l'Harmattan, pp. 175-189.
Chevalier, D., & Sibertin-Blanc, M. (2010), « Entre grands projets et positionnements situés : la
maîtrise de l'étalement urbain dans l'agglomération montpelliéraine », in L'étalement urbain : un
processus incontrôlable?, Sous la direction de Y. Djellouli, C. Emelianoff, A. Bennasr, J.
Chevalier, Presses Universitaires de Rennes, pp.165-174.
L’objectif initial de cette recherche était de comprendre les lieux, temps et modalités
de l’émergence de la notion de durabilité dans le périurbain, dans le contexte languedocien
marqué par la vulnérabilité de l’environnement et la précarité de la population. En effet, une
fois encore, la Région Languedoc-Roussillon nous est apparue comme un observatoire
privilégié des différents enjeux induits par le paradigme de durabilité. Marquée par une
croissance démographique continue depuis les années 1960-70 et une accélération à la fin des
années 1990, elle enregistre un taux de croissance démographique de 1,4 %/an, très supérieur
à la moyenne des régions françaises. Accueillant 33 000 nouveaux résidents chaque année
depuis une décennie, elle compte aujourd’hui 2 600 000 habitants. Seule région française à
entretenir un solde migratoire positif avec l’ensemble des autres régions, toutes tranches d’âge
confondues, elle tire son attractivité d’une qualité de vie appréciée par les nouveaux venus
comme par les résidents. La périurbanisation et la croissance des pôles urbains, plus élevée
que dans les autres régions françaises, en sont des marques significatives. La densité de
population, en augmentation sensible, est aujourd’hui voisine de la moyenne nationale, 93
habitants au km#.
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129
L’équipe scientifique était composée de deux géographes : Catherine Bernié-Boissard, Maîtresse de Conférences
Université de Nîmes, Art-Dev UMR 5281, Université Montpellier3 ; Dominique Chevalier, Maîtresse de Conférences
Université de Lyon, LISST-Cieu UMR 5193, Université de Toulouse ; d’une architecte-urbaniste : Anne Sistel, Maître
assistante première classe, Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Montpellier (ENSAM) ; d’un spécialiste des
« Sciences de la communication » : Eric Auziol, Maître de Conférences, Université de Nîmes, Praxiling, UMR 5267, CNRS,
Université Montpellier 3 ; de trois doctorant-e-s tous membres du laboratoire ART-Dev : Cassandre Dewintre, Karim Kadir
et Claire Magaud, et, enfin, de deux chercheurs associés : Pascale Parat-Bezard, Chargée d’études, socio-anthropologue au
CAUE du Gard et Nello Chauvetiere, économiste prospectiviste.
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!
Pour de multiples raisons, son type de croissance est en contradiction avec la notion de
développement durable.
- À l'idée de densification de l'habitat s'oppose un double processus de métropolisation et de
périurbanisation autour des deux principales villes, Montpellier et Nîmes. L’étalement urbain,
si décrié, trouve un terrain de choix. L’axe urbain Montpellier-Nîmes se conforte et les
communes en consolidation urbaine ont tendance à se rejoindre130.
- Aux vertus supposées de la mixité sociale sont confrontées les logiques de fragmentation et
de spécialisation des espaces urbains et périurbains, la croissance continue des coûts du
foncier.
- Aux objectifs de réduction des inégalités sociales sont opposés une précarité accrue de la
population active, le maintien de niveaux de chômage et de pauvreté élevés.
- À un rythme élevé de croissance périurbaine répond un morcellement de l’intercommunalité
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
130
Abrantes P., Soulard C., Jarrige F., Laurens L., « Dynamiques urbaines et mutations des espaces agricoles en Languedoc-
Roussillon (France) », Cybergeo : European Journal of Geography, Espace, Société, Territoire.
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!
- Dilemme entre croissance démographique et concentration spatiale. La croissance est
particulièrement sensible sur le littoral et dans les zones sous influence des principales
agglomérations, Montpellier, Nîmes et Perpignan. Or, la concentration de l’habitat est forte -
la moitié des habitants vit sur 5,5% du territoire, et inégale - le département de l’Hérault (39%
de la population régionale) contribue à lui seul à 45% de la croissance.
- Dilemme entre attractivité et maintien des équilibres sociaux. La venue des nouveaux
arrivants (entre 500 000 et 800 000 d’ici 2030, selon l’INSEE), favorisant la poursuite d’une
dynamique de consommation d’espace et d’ouverture de nouvelles zones constructibles,
induit des besoins exponentiels en logements (environ 30 000 /an), en équipements urbains de
transport, d'accueil scolaire, de logement social (10,5 % des résidences principales en 2006
contre 16,5 % au plan national).
- Dilemme entre économie résidentielle et maintien d’une agriculture périurbaine.
L’augmentation de la demande, mais aussi le pouvoir d’achat des nouveaux arrivants et le
contexte national, sont à l’origine de l’explosion des coûts du foncier : + 285 % dans le Gard,
+ 173 % pour l’Hérault, entre 2000 et 2007. L’agriculture périurbaine représente 1/3 des
exploitations de la région, elle est à haute valeur agronomique (40% du chiffre d’affaire
agricole régional). Mais la superficie agricole utile dans les aires urbaines diminue trois fois
plus rapidement que celle des zones rurales.
Pour mener à bien notre recherche, trois terrains différents ont été sélectionnés dans les
communautés d’agglomération de Montpellier et de Nîmes et la communauté de communes
Cévennes Garrigues, autour de St Hippolyte Du Fort. La carte suivante permet de localiser
ces différents terrains.
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!
Saint Hippolyte-du-Fort, Sauve, Clarensac, Caveyrac, Grabels,
Juvignac et Saint-Georges d’Orques : terrains de la recherche PIRVE
Source : Rapport final PIRVE, avril 2012
Pour chacun de ces terrains, trois thématiques principales ont été retenues : l’habitat, les
mobilités et les pratiques culturelles. Ces entrées devaient nous permettre de comprendre si la
notion de développement durable transformait, ou non, les représentations et les pratiques en
matière de gestion de l’espace, de maîtrise foncière et d’organisation de l’habitat ; d’évaluer
si des marges de manœuvre existent par rapport au modèle dominant du pavillonnaire ; de
tester l’hypothèse d’une co-fabrication des territoires, fondée sur la construction de
partenariats, la négociation de projets, l’émergence de nouvelles représentations de l’habitat ;
d’identifier l’émergence de pratiques alternatives et/ou innovantes ; enfin, de cerner le rôle
des pratiques et des politiques culturelles.
Ce travail a donné lieu à un rapport final. Un livre, exposant les résultats de cette
recherche, est actuellement en cours de rédaction.
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!
- 2011, Séminaire national de suivi PIRVE (Programme Ville et Environnement), Présentation finale
de la recherche « Développement durable et espace-temps des pratiques dans le périurbain en
Languedoc-Roussillon », avec Catherine Bernié-Boissard. Environnement urbain et développement
durable, entre discours politiques. Ecole centrale de Nantes, Nantes 5 et 6 mai 2011.
- 2010, Colloque Villes petites et moyennes, un regard renouvelé, 09 et 10 décembre 2010, Tours,
« Entre reconversion et innovations : les exemples de Grabels et de Saint Hippolyte-du-Fort, en
Languedoc », en collaboration avec Catherine Bernié-Boissard et Cassandre Dewintre.
- 2010, Séminaire Art-Dev, Le développement durable dans le secteur périurbain en Languedoc,
Université de Nîmes, 18 novembre 2010, « Conflits d’usages et de représentations en périurbain
montpelliérain ».
- 2010, Séminaire national de suivi PIRVE (Programme Ville et Environnement), Présentation à mi-
parcours de la recherche « Développement durable et espace-temps des pratiques dans le périurbain en
Languedoc-Roussillon », avec Catherine Bernié-Boissard. Environnement urbain et développement
durable, entre discours politiques. Discutant Comité d’orientation : Evelyne Lemercier, PUCA.
Discutant Comité scientifique : Jean-Pierre Lévy, Labo architecture, Ville, Environnement, dans
l’atelier « Espaces urbains, périurbains et extra-urbains », Lyon 12 mars 2010.
- 2010, Séminaire Art-Dev, Le développement durable dans le secteur périurbain en Languedoc,
Université de Montpellier, 3 mars 2010, « Le projet de LICOM à Saint-Georges d’Orques : anti-thèse
du développement durable ? ».
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131
Martin VANIER, Métropolisation et tiers espace : quelle innovation territoriale ? Rencontres de l’innovation territoriale.
Texte en ligne, www.pacte.cnrs.fr/.../pdf_41_Vanier_Tiers_espace, page consultée le 12 juillet 2012.
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m’apparaissait sans personnalité et sans attrait. J’appréhendai le périurbain dans mes
réflexions parce qu’il était impossible de ne pas en tenir compte dans le cadre de l’étalement
urbain, mais je n’abordais pas le périurbain « en soi ». Cette approche était quelque peu
manichéenne, et rapidement au « ni-ni » succéda un « mi-mi », un timide « à la fois rural et
urbain » qui offrait l’avantage de comprendre la success story du périurbain et d’inscrire ce
type d’espace dans une dynamique qui lui est propre, avec des formes de territorialités
nouvelles. Plus une agglomération est attractive et plus son périurbain est attractif. L’attrait
toujours confirmé de et pour cette « espèce d’espace » suscite des affrontements politiques,
des rivalités et des conflits d’usages, absolument passionnants à étudier.
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!
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AOC132. Dans les villages de l’ouest montpelliérain, les grands principes du SCOT, en terme
de transport collectif et de maintien d’une agriculture périurbaine de qualité ne s’appliquent
donc pas. Et la thématique du développement durable se trouve mobilisée à la fois par les
détracteurs du projet, on l’a vu, mais aussi par certains élus qui profitent de cette
« opportunité » pour élaborer et défendre un nouveau projet urbanistique : l’agrandissement
du centre du village. Le tracé de la LICOM deviendrait ainsi selon eux une nouvelle
« frontière » du périmètre villageois au-delà duquel l’étalement cesserait.
On retrouve une situation quelque peu identique à proximité de Pézenas, dans l’Hérault,
sur un terroir exceptionnel, au cœur d’un patrimoine reconnu. La majeure partie du territoire
est caractérisée par la présence de deux grandes formations géologiques caractéristiques qui
marquent profondément le paysage viticole régional : terrasses caillouteuses quaternaires et
notamment celle du Villafranchien déposées le long d’anciens cours de l’Hérault et de l’Orb ;
coulées basaltiques issues de volcans actifs au cours de l’ère quaternaire. Dans les deux cas,
ces dépôts géologiques ont conduit à une géomorphologie actuelle strictement identique due
au principe de « l’inversion de relief »133. La coulée basaltique du volcan des Baumes est
classée dans le programme « Villes et Pays d’Art et d’Histoire », décerné en 2002 par le
Ministère de la Culture. Cette distinction concerne les territoires qui s’engagent à valoriser
leur patrimoine par le développement d’un tourisme actif, par la sensibilisation des habitants
et du jeune public pour une connaissance de leur environnement134. Les Estivales de Pézenas
ont pour objectif, chaque été, de mettre en valeur les grands vins des AOC Pézenas Coteaux
du Languedoc ainsi que de la Route des vignerons et pêcheurs de la Communauté
d'Agglomération Hérault Méditerranée.
Malgré cette distinction, et en dépit des protestations des vignerons et du Syndicat des
Coteaux du Languedoc, un projet d’extension de la carrière de Fontès a été autorisé par arrêté
préfectoral135 tandis qu’un deuxième demeure, dans la commune proche de Lézignan la Cèbe,
un risque majeur. L’un comme l’autre menacent à la fois le terroir et l’attractivité des lieux.
Le projet de carrière met en péril la construction à venir d’une région viticole basée sur des
terroirs esthétiques et agronomiques. La « grande carrière » de Lézignan-la-Cèbe et la
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132
Les vins de Saint-Georges sont réputés depuis le Moyen Age, ce qui leur confère l'antériorité et la notoriété la plus forte
en Languedoc Roussillon. Aujourd’hui situé en pleine zone d’appellation d’origine contrôlée (AOC), le village a su
conserver une activité viticole de qualité.
133
« Ces formations géologiques se sont déposées en fond de vallée, dépôts caillouteux transportés par les fleuves ou roche
éruptive en fusion très fluide dans le cas du basalte. Du fait de leurs caractéristiques propres, ces dépôts sont très résistants à
l’érosion. Sous l’effet du relèvement général subi par le Sud de la France du fait du soulèvement alpin à la fin de l’ère
tertiaire et du quaternaire, les flans des vallées ont été plus rapidement attaquées que les terrasses caillouteuses ou les coulées
basaltiques et celles-ci se retrouvent aujourd’hui en sommet de collines dans le paysage » in Fanet, J., 2001, Les terroirs du
Vin, Hachette.
134
Onze villes en Languedoc-Roussillon ont obtenu cette labellisation.
135
L’arrêté préfectoral n° 2010-1-1573 autorisant l’exploitation de la carrière est paru la 11 mai 2010.
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« petite » carrière de Fontès ne sont distantes l’une de l’autre que de cinq kilomètres. Un
vigneron136, rencontré à Nizas, souligne avec amertume qu’elles sont, de toute évidence,
appelées à terme à se rejoindre. L’exploitation d’une carrière s’harmonise pourtant mal avec
la découverte de circuits oeno-touristiques prévus dans le cadre de la labellisation Pays d’Art
et d’Histoire. À la balafre paysagère générée par l’exploitation de la mine, s’ajouteront des
nuisances de toutes sortes : fréquents tirs de mine, noria de camions qui s’engageront sur une
route départementale inadaptée à ce trafic intense, concasseurs, et dispersion de millions de
particules nuisibles à la santé des villageois-es et à la qualité du vignoble.
Ces conflits, paradoxaux, ont également été étudiés à travers d’autres exemples que le
cas montpelliérain ou languedocien. La Balagne, première destination touristique de la Corse,
a ainsi fait l’objet d’une étude et d’un travail de terrain, au cours des mois d’été 2009. Élu-e-s,
membres de diverses associations, personnel du Syndicat d’initiative et quelques commerçant-
e-s ont constitué le corpus essentiel des personnes enquêtées. Les politiques d’aménagement
se trouvent confrontées aux dilemmes de construire une passerelle entre développement
économique lié au tourisme, protection des espaces convoités, préservation des héritages à la
fois naturels et culturels, et respect des « identités » locales, notion floue et polysémique.
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136
Entretien avec un viticulteur de Nizas, le 3 février 2011.
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Géographie et enseignement de la géographie : quelques réflexions.
Nous avions alors posé comme hypothèse que la prise en compte conjointe des
dimensions éthiques, sociales et cognitives des disciplines pourrait permettre aux enseignants
non spécialistes de faciliter leur tâche. Ce postulat nous a conduit à réfléchir à la réalisation
d’un outil, appelé « matrices épistémologiques et sociales en histoire et en géographie » en
référence aux travaux sur les matrices disciplinaires en technologie (Lebeaume). Le travail de
réflexion sur ces matrices épistémologiques et sociales croisait des dimensions diverses : la
structure épistémologique des disciplines et leurs finalités de développement individuel,
d’insertion sociale et de formation du citoyen. Étaient donc pris en compte, d’un côté le
caractère scientifique de la discipline (en géographie : distance, environnement/milieu,
acteur/action spatiale, dialectique des échelles....), et de l’autre son caractère social
(développer son esprit critique, être capable de participer aux débats et argumenter, découvrir
et respecter les différences...) ; au croisement des deux dimensions se trouvaient des activités
d’élèves, susceptibles d’être mises en œuvre dans la classe (cycle 3). Le but principal
consistait à proposer des pistes de travail en classe et à repérer des enjeux d’apprentissage. Ce
travail reposait sur une analyse externe partagée par l’ensemble des membres de l’équipe :
l’histoire et la géographie sont peu et mal enseignées. Au sein de ce couple scolaire, la
géographie se trouve encore moins bien lotie que l’histoire car les professeurs d’école sont
généralement peu formés dans cette discipline. Ils convoquent régulièrement leurs propres
souvenirs d’élèves pour enseigner une géographie qui, de fait, ne correspond que très peu à
celle qui se trouve préconisée dans les programmes et les instructions officielles.
Ce travail s’est achevé avec le départ de Nicole Tutiaux-Guillon, lorsqu’elle a été
recrutée comme Professeure des Universités à Lille en 2005.
- 2006, Colloque Scénarios, 16-17 mars 2006, IUFM de l’académie de Versailles Site d’Antony – Val-
de-Bièvre (92), « Les matrices épistémologiques et sociales pour l’histoire et la géographie : un outil
efficient en formation ? ».
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!
- 2005, Journées d’études didactiques de l’histoire et de la géographie Recherche et formation, INRP
Lyon, 9-10 novembre 2005, « Former des professeurs d’école stagiaires aux savoirs historiques et
géographiques : petite histoire d’un outil : les matrices épistémologiques et sociales pour l’histoire et
la géographie », en collaboration avec Catherine Vercueil-Simion et Gilles Boyer
- 2005, 5ème Colloque international Recherche(s) et formation, Former des enseignants-
professionnels, savoirs et compétences, IUFM des Pays de la Loire, Nantes, 14-16 février 2005, « Des
outils pour la formation des enseignants de l’élémentaire : les matrices épistémologiques et sociales
pour l’histoire et la géographie », en collaboration avec Nicole Tutiaux-Guillon et Catherine Vercueil-
Simion.
- 2004, 9ème Colloque international de l’AIRDF, Le français : discipline singulière, plurielle ou
transversale ? Québec, 26-27-28 août 2004.
- 2004, 5ème Congrès International d’Actualité de la Recherche en Education et en Formation, CNAM,
Paris, 31 août, 1, 2, 3 et 4 septembre 2004.
, Belfast (Irlande du Nord), 21-24 mars 2010 : Analyse des curricula. Travail et réflexion sur la
notion d’identité européenne.
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
137
En ligne à l’adresse suivante www2.ac-lyon.fr/etab/.../feuille_de_route_1.pdf , page consultée le 11 avril 2012.
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!
, Eskilstuna (Suède), 30 septembre-03 octobre 2010 : Analyse des curricula. Présentation des
résultats des questionnaires. Présentation du Tool Kit A. Réflexion autour de la notion de
culture(s) européenne(s).
, Larnaka (Chypre), 23-27 février 2011 : Analyse des curricula, présentation des résultats des
questionnaires, discussion du rapport intermédiaire, publications.
, Lyon (France), 28 juin-1er juillet 2011 : Finalisation du Tool Kit B. Discussion à propos du
Tool Kit C. Réflexion autour de la question de citoyenneté européenne.
, Cracovie (Pologne), 20-24 novembre 2011 : Finalisation Tool Kit C. Pam-Ina ITT.
, Mytilène (Lesvos), 10-13 mai 2012 : Finalisation de tous les Tool Kit et des modules
d’enseignements (Pam-Ina ITT)
, Ljubljana (Slovénie), 12-18 septembre 2012 : conférence finale. Présentation des travaux
auprès des enseignant-e-s slovènes et de quelques enseignant-e-s partenaires du projet.
Liste des séminaires Pamina auxquels j’ai participé
Dans un premier temps, les programmes scolaires des huit pays partenaires du projet ont
été comparés afin d’examiner comment se manifeste et s’exprime l'idée d’Europe dans les
différents programmes. Dans un second temps, une étude qualitative a été effectuée auprès
d’élèves du secondaire, dans chacun des pays (environ 200 élèves par pays), par le biais de
questionnaires semi directifs qui ont pour objectifs d’appréhender les différentes perceptions
que les jeunes éprouvent à l’égard de l’Europe. Ces divers résultats ont ensuite été utilisés
pour créer des kits didactiques (« ma vie quotidienne en Europe », « Europe et culture
européenne », « Europe et citoyenneté européenne ») qui proposent différentes activités
d’apprentissages aux enseignants souhaitant enseigner ces problématiques européennes. Les
résultats de ces recherches, ainsi que les différents kits didactiques sont (et/ou seront)
disponibles sur le site web http://www.pam-ina.eu/.
Chevalier, D., Clerc P., Porhel, V., (2012), « Les programmes scolaires français entre Europe et
Nation », in « Que valent les apprentissages en histoire, géographie et éducation à la
citoyenneté ? », Actes du colloque international de didactique de l'histoire, géographie et
(%"
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éducation à la citoyenneté, Leininger-Frézal Caroline, Ogier Angelina et Genevois Sylvain (Dir.),
Édition Mersenne.
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138
Institut National de Recherches Pédagogiques. Dissout en 2010, cet organisme est devenu l’Institut Français
de l’Éducation, intégré à l’École Normale Supérieure de Lyon.
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pratiques et par le jeu de quels types d’acteurs ? Si Claude Raffestin139, en 1986, évoquait
« l’écogenèse territoriale » pour suggérer la « fabrique » territoriale, Michel Lussault140
mentionne, aujourd’hui, pour sa part, le rôle et les effets des « actions spatiales des opérateurs
sociaux ». C’est précisément la dimension spatiale des actes de ces acteurs sociaux, les
actions de ces divers opérateurs, telles qu’elles s’inscrivent dans les territoires qui
m’intéressent (territoires nationaux, urbains et muséaux), et qui ont été examinés, à Jérusalem,
Washington, New-York, Los Angeles, San Francisco, Montréal, Paris, Berlin, Miami et
Budapest. Ces divers musées et/ou mémoriaux sont en effet les produits d’images et de
représentations hybrides, composées à la fois de diverses matérialités telles que les espaces
urbains, l’architecture et les objets exposés, et de multiples idéalités, notamment des
idéologies identitaires, territoriales, nationales et supra-nationales, des mémoires complexes, à
la fois collectives, familiales, communautaires et individuelles, et, enfin, des valeurs
humanistes. Ces divers dispositifs spatiaux, deviennent, éventuellement, eux-mêmes des
actants141.
Daniel Lévy et Natan Sznaider*$! montrent que la mémoire de la Shoah ne peut être
réduite, conceptuellement et empiriquement à un territoire fixe, et Jeffrey Alexander*$#
souligne combien l'Holocauste144 est devenu à la fois la représentation symbolique dominante
du Mal et le soubassement d’un universalisme moral supranational. La mémoire du génocide
des Juifs et la nouvelle « culture des Droits » sont liés, si bien que la Shoah constitue un
concept « déraciné» spatialement et temporellement pour évoquer d’autres actes d’injustice et
d’autres mémoires nationales traumatisées à travers le monde.
Je ne détaille pas davantage cet aspect nouveau de mes recherches, car le deuxième
tome de cette Habilitation à Diriger des Recherches est spécifiquement consacré à ces
questionnements spatiaux de la mémoire de la Shoah dans le monde. Il témoigne, à différentes
échelles, de ce nouvel intérêt intellectuel. Cependant, si la thématique et le cadre
géographique des terrains changent, par rapport aux divers sujets et centres d’intérêt qui ont
été les miens précédemment, on peut néanmoins retrouver une trame intellectuelle commune.
Les fils sont de la même étoffe.
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
139
Claude RAFFESTIN, "écogénèse territoriale et territorialité », in Espaces, jeux et enjeux, Franck AURIAC et Roger BRUNET
(dir), Fayard, 343p, pp. 175-185.
140
Michel LUSSAULT, « De la lutte des classes à la lutte des places », Grasset, 2009, 221p.
141
« Actant », selon la définition donnée par Michel LUSSAULT dans le « Dictionnaire de la géographie et de l’espace des
sociétés », Jacques LEVY et Michel LUSSAULT (Dir.) Belin, 2003, 1033 p. p. 38, désigne une réalité sociale, humaine ou non-
humaine, dotée d’une capacité d’action.
142
Daniel LEVY, Natan SZAIDER, The Holocaust and Memory in the Global Age, Temple University Press, Philadelphia,
2006, 234p, p. 26.
143
Jeffrey ALEXANDER, « On the Social Construction of Moral Universals : The Holocaust from War Crime to Trauma
Drama », 2002, Europea, Journal of Social Theory 5, no.1 : 5-85.
144
Les anglophones préfèrent le terme Holocaust(e) à celui de Shoah.
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!
!
…et de nombreux points communs…
• Des démarches communes : comme pour les autres centres d’intérêt, l’analyse des
territoires mémoriels des musées et mémoriaux consacrés à la Shoah a reposé sur un travail de
terrain basé sur des observations, des rencontres, des entretiens et des transcriptions. Et à
l’instar de mes postulats pour le travail de doctorat, la comparaison entre différents lieux m’a
semblé tout à fait opportune pour comprendre les différentes logiques d’édification de ces
musées et mémoriaux. Si Yad Vashem a été le premier musée étudié du point de vue de
l’ancrage territorial de la mémoire, les musées nord-américains ont rapidement fait l’objet
d’une observation pour comprendre comment outre-Atlantique cette circulation de la mémoire
s’était effectuée. Assez logiquement, les musées européens ont également aiguisé ma
curiosité : celui de Paris parce qu’il est le plus ancien, et ceux de Berlin et Budapest parce
qu’ils doivent coexister avec d’autres mémoires douloureuses.
• Même si bien évidemment le cadre géographique diffère totalement par rapport aux
autres travaux effectués jusqu’alors, ce travail de réflexion sur les mémoires blessées de la
Shoah s’inscrit dans le champ des problématiques de géographie urbaine. Les musées retenus
sont tous localisés dans des métropoles mondiales, qui, selon les critères de Saskia Sassen145
sont soit globales à des échelles régionales, pour la plupart d’entre elles, soit globale à
l’échelle mondiale dans le cas de New York. L’analyse des localisations de ces édifices
permet de mettre en évidence les divers ancrages historiques, sociaux, politiques, culturels,
économiques, géopolitiques, idéologiques de ces villes, dans leurs articulations avec de
multiples dynamiques qui traversent à la fois l’espace et le temps. Les thématiques telles que
territorialités, conflits d’usages, représentations, discontinuités, pratiques spatiales, jeux
d’acteurs, ou encore marketing territorial habituellement travaillées sous l’angle de
l’étalement urbain, de la périurbanisation, de la ségrégation, de l’intercommunalité et des
politiques urbaines en général se sont trouvées réinterrogées, cette fois-ci, à travers le prisme
de la circulation mémorielle de la Shoah.
• À l’instar d’autres réflexions menées par ailleurs, même si la thématique de la
mémoire de la Shoah reste bien entendu tout à fait irréductible, il s’agit bien d’arriver à
expliquer les divers agencements matériels, à comprendre les multiples représentations, les
différentes pratiques spatiales, et à décrypter les soubassements des jeux d’acteurs pour
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
145
Saskia SASSEN, The Global City : New York, London, Tokyo, Princeton, Princeton University Press, 2001 (1re éd. en
1991)
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!
!
essayer de donner les clefs interprétatives de ces productions d’espaces à la fois pluriels et
spécifiques.
• Si dans mon travail de Doctorat, j’ai montré qu’il existait des producteurs d’images au
service des différentes collectivités territoriales, et notamment des villes, ce travail sur les
musées et mémoriaux montre qu’il existe également des producteurs et des entrepreneurs de
mémoires, lesquelles sont à la fois institutionnelles et plurielles. Sédimentées et circulantes,
ancrées et réticulées.
• Enfin, cette opportunité de travailler à une échelle « mondiale » à partir d’un nouvel
objet est arrivée à point nommé au moment où je commençais à me lasser des études
effectuées, depuis le travail de Doctorat, à une échelle uniquement locale ou régionale. J’avais
un peu trop souvent une impression, sans doute excessive, de déjà-vu. Et lorsque la
thématique du développement durable m’a logiquement amené à m’intéresser à mon propre
village, j’ai commencé à ressentir une certaine claustrophobie146. Sans abandonner pour autant
ce niveau scalaire et les thématiques qui s’y rapportent, il était grand temps que j’étende mes
champs d’intérêts.
- 2012, Les Rendez-Vous de l’Histoire, Blois 2012, Rencontre-Débat du Cartable de Clio, Revue
suisse sur les didactiques de l’histoire, « Enseigner les mémoires », Salle Lavoisier du Conseil
Général, 20 octobre 2012.
- 2012, Introduction de l’exposition sur les mémoriaux de la Shoah, Paris, Mémorial de la Shoah, du
16 septembre 2012 à mars 2013. Titre de l’introduction : Patrimoines culturels et territoires
mémoriels de la Shoah.
- 2012, Colloque international Les cultures du déplacement. Mobilités et requalifications des lieux et
territoires, Université de Nîmes, 14-16 juin 2012 : « Errances, fuites, enfermements, exils… quand
l’art et l’architecture expriment la douloureuse mémoire de la Shoah ».
- 2012, Séminaire de recherche Mémoires des violences politiques, LISST, 27 février, Université
Toulouse le Mirail, « Le corps à l’épreuve des mémoires blessées : Scénographies et parcours dans les
musées consacrés à la Shoah ».
- 2011, Colloque international L’histoire dans les musées : entre mémoires et politique, Université
Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 17-19 novembre 2011 : « Comment raconter la Shoah ? Les choix
muséographiques de grands Mémoriaux mondiaux (Jérusalem, Washington, Los Angeles, Berlin,
Montréal) ».
- 2011, Colloque international Labellisation et « mise en marque » des territoires, CERAMAC-MSH,
Clermont-Ferrand, 8-10 novembre 2011 : « Édification de Mémoriaux consacrés à la Shoah : enjeux
territoriaux, mémoriels, idéologiques et identitaires. Les exemples de Jérusalem, Berlin, Paris et
Washington ».
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146
Il s’agit là d’un sentiment personnel, donc subjectif, qui peut sans conteste être discuté. William Bunge montre, à l’inverse
que c’est précisément à l’échelle de son quartier, le quartier Fitzgerald, à Détroit, qu’il a consacré sa vie de chercheur, en
interrogeant notamment ses voisins et ses amis ; il défend l’idée que pour connaître un terrain et ceux qui l’habitent, il faut y
vivre, y travailler, y avoir ses réseaux de relations sociales et familiales. Le terrain, selon ce postulat, doit être le territoire
quotidien du géographe. (cf William BUNGE, Fitzgerald. Geography of a Revolution, Schenkman Publishing Company,
Cambridge, Massachusetts, 1971.)
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- 2011, Séminaire Confrontation des historiographies et des pédagogies de la Shoah, 23 au 31
octobre, Yad Vashem, Jérusalem, « Géographie mémorielle, analyse géographique des grands
mémoriaux à travers le monde ».
- 2010, Colloque Patrimoine culturel et désirs de territoires : vers quels développements ? , Nîmes,
25-27 février 2010, « Patrimoines culturels et territoires mémoriels de la Shoah : comparaison de trois
lieux (Beit Lohamei Haghetaot, Yad Vashem et United States Holocaust Memorial »).
- 2010, Présentation de mes travaux sur les territoires mémoriels liés aux Mémoriaux consacrés à la
Shoah, dans le cadre du séminaire Cultures, Acteurs, Territoires, 11 janvier 2010. Séance consacrée au
thème Mémoires, Patrimoines et Identités. LISST, Toulouse.
- 2009, Colloque international Actions et interactions (1989-2009), Limoges, 15-16-17 octobre 2009,
« Yad Vashem : un lieu entre mémoires et espoirs ».
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Conclusion
et
Perspectives de recherches
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Perspectives de recherche
Les quatre lignes de tramway déjà existantes contribuent à modifier la ville, pas
uniquement en terme d’accessibilité. Depuis son inauguration officielle, le 6 avril 2012, la
ligne 3 dessert, notamment, le quartier du Petit Bard. J’ai commencé, de manière empirique, à
observer les effets et changements divers que cette connexion au reste de la ville induit. Avec
deux collègues géographes de l’Université Paul Valéry, nous avons le projet d’effectuer une
recherche pointue, au niveau spatial, social, économique, urbanistique et politique à l’échelle
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
147
Conférence à Montpellier de Michaël Delafosse, adjoint au maire de Montpellier, délégué à l’urbanisme, auprès des
étudiant-e-s toulousain-e-s de l’IUP. 5 avril 2012
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de ce quartier. Cela suppose de poursuivre le travail de terrain auprès des habitants, des
associations, des élus, des commerçants.
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148
Catherine BERNIE-BOISSARD, « Banlieues urbaines, périphéries rurales, agglomération métropolitaine : les métamorphoses
de l’urbanité, l’exemple du Languedoc-Roussillon » Revue Juridique nîmoise, Presses Universitaires d’Aix-Marseille, 2010 .
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mutations ? Et comment ces diverses mutations se manifestent-elles ? Il conviendrait
d’analyser les dynamiques du tissu associatif, des commerces et des services, les résultats aux
diverses élections (locales, régionales et présidentielles), les discours des édiles, les projets
urbains, les différents modes d’habiter, ainsi que les lieux et les formes de travail. Il serait
donc nécessaire de mettre en place un travail de terrain qui mettrait de recueillir les paroles et
propos d’un important échantillon de personnes. Les petites villes auxquelles je pense sont
notamment les suivantes : Saint-Hippolyte-Du-Fort, le Vigan, Alès, Clermont-l’Hérault,
Lodève, Montagnac, Bédarieux et Pézenas149.
• Celle du 11 Septembre tout d’abord. Depuis les attentats, à l’occasion de mon travail
de terrain portant, entre autre, sur le musée juif de New York, je me suis rendue à plusieurs
reprises sur le site de Ground Zero. J’ai pu mesurer l’avancée des travaux, mais aussi des
réflexions sur ce qu’il convenait ou pas de commémorer. J’ai alors été frappée par la
ressemblance avec les questionnements que pose la mémoire de la Shoah, et par la rhétorique
que ce « nouveau culte » emprunte à celui des victimes de l’Holocaust. Un vocabulaire
identique se trouve mobilisé, mais cette fois-ci les victimes sont de confessions variées.
D’ailleurs, en attendant que le musée soit terminé, c’est à l’intérieur de la Chapelle Saint-Paul
que différents artefacts se trouvent exposés. Les pompiers représentent indubitablement les
héros150 de cette tragédie. Exténués, c’est ici qu’ils venaient se reposer151, et éventuellement
prier. Certains se sont même assis sur le banc de prière de George Washington152, le temps
que des bénévoles les soignent, notamment au niveau des pieds, comme le précise une
annotation écrite à l’endroit des touristes. Elle précise à cet égard qu’il ne s’agissait pas là
d’actes sacrilèges, car les soldats de Washington Valley Forge, n’ayant pas de chaussures à
l’époque, avaient semblablement souffert des pieds. Comme à Yad Vashem le jour de Yom
HaShoah153, la cérémonie de commémoration du 11 septembre 2011 a été marquée par la
lecture des noms des victimes, prononcée par de nombreuses personnes. Aux abords du
chantier, des témoins de l’événement racontent leur histoire et font visiter le quartier. Daniel
Libeskind, architecte notamment des musées juifs de Berlin et de San Francisco, a été retenu,
en raison de ses compétences en architecture « mémorielle », pour la reconstruction du World
Trade Center. Il s’agira donc de suivre l’édification des différentes structures
commémoratives et de les analyser, à différents niveaux scalaires, selon une méthodologie
identique à celle employée dans le cadre du volume inédit de cette Habilitation à Diriger des
Recherches.
• Celle des crimes du régime Khmer rouge ensuite. J’envisage également de
m’intéresser à cette nouvelle catégorie de mémoire douloureuse. Pour l’instant, il s’agit d’un
projet ; un long travail bibliographique m’attend, avant d’entreprendre les premières
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
150
Même s’ils sont aussi des victimes.
151
Un lit exposé en témoigne.
152
George Washington s’y asseyait, lorsque New York était la capitale des États-Unis.
153
Jour de commémoration de la Shoah.
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approches sur le terrain. La dimension anti-urbaine, et spatiale, durant ces années
particulièrement sombres, a sans conteste été fondamentale. Durant quelques temps, une carte
du Cambodge, réalisée à partir d’ossements de victimes, a été exposée au musée de Tuom
Sleng, l’ancien lycée situé à Phnom Penh, transformé entre 1975 et 1979 par les Khmers
rouges en centre de détention, torture et exécutions. Il est plus connu sous son nom secret :
Sécurité 21, ou S-21.
• Plus généralement, les violences de masse, de leurs mémoires et de leurs traces
spatiales et territoriales paraissent sans limites. La mémoire arménienne, du génocide
rwandais, des Traites négrières*%$, d’Hiroshima et Nagasaki, de Pearl Harbor, de la guerre du
Vietnam (aux États-Unis et au Vietnam)… constituent des perspectives de recherche qui me
paraissent également passionnantes.
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
154
Cf la récente ouverture (juin 2012) du mémorial de l’abolition de l’esclavage à Nantes.
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IUFM de l’Académie de Lyon. Université Claude Bernard Lyon 1
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Dominique Chevalier
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Curriculum Vitae
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Expériences professionnelles
et travaux
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Octobre 2012
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État civil
Nom : CHEVALIER
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Formation initiale et diplômes obtenus
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1. Diplômes universitaires
2. Diplôme professionnel
1986 Certificat d’Aptitude Professionnel d’Institutrice (Académie de Montpellier)
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Activités scientifiques
1. Équipe de recherche
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collectivités territoriales, des pratiques émergentes et/ou innovantes, susceptibles de
promouvoir une meilleure utilisation de l’espace, des ressources matérielles et immatérielles.
- Confronter trois modèles : le lotissement métropolisé (Montpellier), aggloméré (Nîmes),
intégré (Cévennes).Terrains : communautés d’agglomération de Montpellier et de Nîmes,
communauté de communes Cévennes Garrigues.
Thématiques :
– Maîtrise foncière, gestion de l’espace, habitat. Sommes-nous à l’orée d’une co-fabrication
des territoires fondée sur la construction de partenariats, la négociation de projets,
l’émergence de nouvelles représentations de l’habitat ? L’analyse testera cette hypothèse et
évaluera les marges de manœuvre par rapport au modèle dominant du pavillonnaire.
- Déplacements et mobilité : comment se combinent pratiques et représentations individuelles
et collectives. Les modes de déplacement doux (vélo, Pédibus pour les trajets vers l’école),
les pratiques alternatives et/ou innovantes seront observées.
- Mutations socio-économiques, accessibilité aux équipements et services : quelle contribution
actuelle et à venir des acteurs de l’économie sociale. Identifier ses composantes, évaluer les
formes de coopération en regard d’un décloisonnement favorable au développement durable.
- La culture : Comment les politiques culturelles affectent-elles les représentations des
habitants des territoires périurbains et contribuent à construire des conduites et des pratiques
en accord avec les concepts de la durabilité urbaine, économique et sociale ? Quel est l’état
différentiel des réseaux numériques sur les territoires étudiés. Qu’est-ce qu’ils autorisent et
qu’est-ce qu’ils contrarient ? Quelles sont les nouvelles potentialités qui, en situation,
s’ouvrent aux usagers ? Qu’en est-il de la connaissance de l’accès aux réseaux de nouvelles
technologies de communication?
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" *+*"
3. Recherches en cours
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Ce travail s’organise autour des différentes formes de territorialités et de
« mémorialités » des musées des grandes métropoles mondiales consacrés à la Shoah
(Jérusalem, Washington, Los Angeles, San Francisco, Montréal, Paris, Berlin et Budapest).
Quels sont en effet les pratiques, les intentions, les genèses, les histoires particulières
et les attendus à la fois cognitifs, muséographiques, identitaires, idéologiques, politiques voire
géopolitiques de la construction et/ou production de ces territoires mémoriels? Quels sont par
ailleurs, les différents processus engagés par les systèmes d’acteurs, les organisations
politiques, sociales, les dispositifs, les diasporas pour faire advenir ces territoires ?
4. Publications
" *+#"
Cadène, Ph. & Chevalier, D., (1997), « Méditerranéïté ou mondialisation : réflexions autour
de trois places montpelliéraines », in L’espace public dans la ville méditerranéenne,
Montpellier, Editions de l'Espérou, pp. 149-166.
Chevalier, D. (1998), « Entre pratiques commerciales et images urbaines : les clients du
marché du Plan Cabanne à Montpellier », in Ville et immigration, Revue sur l'Espace
Humain et Urbain, Y. Marin (Dir.), Presses Universitaires franc-comtoises, n° 678, pp.
71-80.
Chevalier, D. (2002), « La ville sous le regard des jeunes : quels miroirs ? Quels en-jeux ?
Quelles utopies?», Les utopies de la ville, Y. Marin (Dir.), Collection Annales littéraires,
Presses Universitaires Franc-Comtoises, pp. 25-38.
Chevalier, D. (2005), « Habiter au Petit Bard, le quotidien d’enfants issus de l’immigration »,
Actes de Géoforum Poitiers 2004, Les migrations internationales : connaître et
comprendre, AFDG, pp. 83-89.
Chevalier, D. (2005), « Les figures de l’étranger à l’école primaire : quelles perceptions,
quelles catégorisations, quelles stigmatisations ? », Le barbare, l’étranger : images de
l’autre, Textes réunis et présentés par Nourrisson, D. et Perrin, Y., Publications de
l’Université de Saint Etienne, pp. 375-392.
Chevalier, D., & Sibertin-Blanc, M. (2006). « Les acteurs de la scène métropolitaine face au
double défi de l’urbanisation et du développement durable », Action publique et projet
métropolitain, éditions de l'Harmattan, pp. 175-189.
Chevalier, D, (2009), « Le Petit Train : mythes et caricatures », in Mobilités contemporaines.
Approches géoculturelles des transports, sous la direction de Fumey, G., Varlet, J. Zambri,
P., Ellipses, pp. 243-255.
Chevalier, D., & Sibertin-Blanc, M. (2010), « Entre grands projets et positionnements situés :
la maîtrise de l'étalement urbain dans l'agglomération montpelliéraine », in L'étalement
urbain : un processus incontrôlable?, Sous la direction de Y. Djellouli, C. Emelianoff, A.
Bennasr, J. Chevalier, Presses Universitaires de Rennes, pp.165-174.
Chevalier, D, (2010), « Montpellier et son territoire métropolitain entre valorisation interne et
externe : question d’échelle et/ou question d’images ? », in La dimension culturelle du
développement. Dynamiques de valorisation et de dévalorisation des territoires urbains,
sous la direction de A.H Ba, J-L Zentelin., L’Harmattan, pp. 195-205.
Chevalier, D, (2011), « La Balagne, entre identités territoriales, valorisations paysagères et
développement touristique », in Insularité et développement durable, F. Taglioni
(Dir .),IRD Éditions, collection « Objectifs Suds », 650 p., pp. 85-105.
Chevalier, D, (2012), « Patrimoines culturels et territoires de deux haut-lieux mémoriels : Yad
Vashem (Israël) et United States Holocaust Memorial (Etats-Unis), in Patrimoine culturel
et désirs de territoires : vers quels développements ? sous la direction de C. Bernié-
Boissard, C. Chastagner, D. Crozat, L-S. Fournier, L’Harmattan (à paraître).
Chevalier, D, Bernié-Boissard, C, (2012), « Les paysages viticoles héraultais, entre
développements durables concurrentiels, patrimonialisation et urbanisation », in
Patrimoines et Développement Durable. Ressources-Enjeux-Lien social, sous la direction
de Nassima Dris, PUR, 332p, pp. 187-199.
Chevalier, D., (à paraître). Stratégies politiques et conflits d’acteurs : le développement
durable comme enjeu et comme objet de conflits, Presses Universitaires de Caen.
"
" *+$"
4.3. Publications dans des actes de colloques
Chevalier, D. (2004), 5ème Congrès International d’Actualité de la Recherche en Education et
en Formation , CNAM, Paris, 31 août, 1, 2, 3 et 4 septembre 2004, « Conception d’un
outil didactique en géographie : quelles finalités du côté de la recherche ? Quels effets sur
les représentations et les pratiques des enseignants ? », Publication en ligne sur le site de
l’AECSE http://www.aecse.net.
Chevalier, D., & Sibertin-Blanc, M. (2006), « Entre grands projets et positionnement situés :
maîtrise de l’étalement urbain dans l’agglomération montpelliéraine et développement
durable », in Actes du colloque Les villes au défi du développement durable, Sfax
(www.univ-lemans.fr/lettres/labo/gregum/activites/colloques/sfax/axe3)
Chevalier, D. (2006), « Une séance de géographie à l’école primaire : usages du langage
naturel dans l’appropriation des savoirs géographiques ». Le français : discipline
singulière, plurielle ou transversale ? Publication en ligne sur le site de l’Université
Laval, à Québec : www.colloqueairdf.fse.ulaval.ca/actes
Chevalier, D, (2012), « L’école en quartier sensible : entre « rude école » et « bonne école ».
Représentations d’élèves sur un lieu complexe », in L’école, représentation(s), mémoire,
CRDP Clermont-Ferrand, CRDP Auvergne, 151p, pp. 133-138.
Chevalier, D., Clerc P., Porhel, V., (2012), « Les programmes scolaires français entre Europe
et Nation », in « Que valent les apprentissages en histoire, géographie et éducation à la
citoyenneté ? », Actes du colloque international de didactique de l'histoire, géographie et
éducation à la citoyenneté, Leininger-Frézal Caroline, Ogier Angelina et Genevois
Sylvain (Dir.), Édition Mersenne (en cours de publication), 433p, pp 148-161.
"
" *+%"
- 2011, Colloque international L’histoire dans les musées : entre mémoires et politique,
Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 17-19 novembre 2011 : « Comment raconter la
Shoah ? Les choix muséographiques de grands Mémoriaux mondiaux (Jérusalem,
Washington, Los Angeles, Berlin, Montréal) ».
- 2011, Colloque international Labellisation et « mise en marque » des territoires,
CERAMAC-MSH, Clermont-Ferrand, 8-10 novembre 2011 : « Édification de Mémoriaux
consacrés à la Shoah : enjeux territoriaux, mémoriels, idéologiques et identitaires. Les
exemples de Jérusalem, Berlin, Paris et Washington ».
- 2011, Séminaire Confrontation des historiographies et des pédagogies de la Shoah, 23 au 31
octobre, Yad Vashem, Jérusalem, « Géographie mémorielle, analyse géographique des grands
mémoriaux à travers le monde ».
- 2011, Séminaire national de suivi PIRVE (Programme Ville et Environnement),
Présentation finale de la recherche « Développement durable et espace-temps des pratiques
dans le périurbain en Languedoc-Roussillon », avec Catherine Bernié-Boissard.
Environnement urbain et développement durable, entre discours politiques. Ecole centrale de
Nantes, Nantes 5 et 6 mai 2011.
- 2011, Colloque Le patrimoine bâti et naturel au regard de la question du développement
durable et du lien social : ressources, pratiques, représentations, 17 et 18 mars 2011, Rouen,
« Les paysages viticoles héraultais, entre développements durables concurrentiels,
patrimonialisation et urbanisation », en collaboration avec Catherine Bernié-Boissard.
- 2011, Colloque international de didactique de l’histoire, de la géographie et de l’éducation à
la citoyenneté, Que valent les apprentissages en histoire, géographie et éducation à la
citoyenneté ?, 17 et 18 mars 2011, INRP, Lyon, « L’Europe dans les programmes du second
degré : entre prescriptions institutionnelles et contextes socio-politiques », en collaboration
avec Vincent Porhel et Pascal Clerc.
- 2010, Colloque Villes petites et moyennes, un regard renouvelé, 09 et 10 décembre 2010,
Tours, « Entre reconversion et innovations : les exemples de Grabels et de Saint Hippolythe
du Fort, en Languedoc », en collaboration avec Catherine Bernié-Boissard et Cassandre
Dewintre.
- 2010, Séminaire Art-Dev, Le développement durable dans le secteur périurbain en
Languedoc, Université de Nîmes, 18 novembre 2010, « Conflits d’usages et de
représentations en périurbain montpelliérain ».
- 2010, Séminaire national de suivi PIRVE (Programme Ville et Environnement),
Présentation à mi-parcours de la recherche « Développement durable et espace-temps des
pratiques dans le périurbain en Languedoc-Roussillon », avec Catherine Bernié-Boissard.
Environnement urbain et développement durable, entre discours politiques. Discutant Comité
d’orientation : Evelyne Lemercier, PUCA. Discutant Comité scientifique : Jean-Pierre Lévy,
Labo architecture, Ville, Environnement, dans l’atelier « Espaces urbains, périurbains et
extra-urbains », Lyon 12 mars 2010.
- 2010, Séminaire Art-Dev, Le développement durable dans le secteur périurbain en
Languedoc, Université de Montpellier, 3 mars 2010, « Le projet de LICOM à Saint-
Georges d’Orques : anti-thèse du développement durable ? ».
- 2010, Colloque Patrimoine culturel et désirs de territoires : vers quels développements ? ,
" *+&"
Nîmes, 25-27 février 2010, « Patrimoines culturels et territoires mémoriels de la Shoah :
comparaison de trois lieux (Beit Lohamei Haghetaot, Yad Vashem et United States Holocaust
Memorial »).
- 2010, Présentation de mes travaux sur les territoires mémoriels liés aux Mémoriaux
consacrés à la Shoah, dans le cadre du séminaire Cultures, Acteurs, Territoires, 11 janvier
2010. Séance consacrée au thème Mémoires, Patrimoines et Identités. LISST, Toulouse.
- 2009, Colloque international Quel développement durable pour les petits espaces
insulaires ?, Saint Denis de la Réunion, 24-27 novembre 2009, « La Balagne entre identités
territoriales, valorisations paysagères et développement touristique ».
- 2009, Séminaire international Faire la ville : par quelles pratiques et par quels projets ?
Université Larbi Ben m’hidi (Oum el Bouaghi, Algérie), 26-27 avril 2009 ; « Jeux d’acteurs
et enjeux territoriaux : le cas du quartier du Petit Bard à Montpellier ». Présidente de l’Atelier
4 : « Environnement, cadre de vie et ville durable ».
- 2009, Colloque, Les jeunes, l'Europe, la Méditerranée. Territoires, identités, politiques,
Quatrièmes rencontres jeunes & sociétés en Europe et autour de la Méditerranée, Forlì
(Italie), 26, 27 et 28 mars 2009, « Les jeunes du Petit Bard (Montpellier) face à la
réhabilitation de leur quartier : quelles représentations, quels discours et quelles pratiques? ».
http://www.giovaniesocieta.unibo.it/paper/13/chevalier.pdf
- 2009, Colloque Sacrée nature, paysages du sacré », Orléans, 22-24 janvier 2009, « Un
Mémorial (Yad), un nom (Shem), Isaïe (55,5)… et un environnement ».
- 2009, Colloque international Actions et interactions (1989-2009), Limoges, 15-16-17
octobre 2009, « Yad Vashem : un lieu entre mémoires et espoirs ».
- 2008, Colloque Transports, mobilités et approches de géographie sociale et culturelle,
Paris, 10-11 septembre 2008, « Le Petit Train de Montpellier à Palavas : entre mobilités,
mythes et caricatures ».
- 2008, Colloque Le développement culturel : un avenir pour les territoires ? Nîmes, 17-18
avril 2008, « Montpellier : un territoire à cultiver ? Les enjeux du développement culturel
montpelliérain ».
- 2008, Colloque international Périphéries urbaines entre normes et innovations. Les villes du
Sud de l’Europe, Bordeaux, 11-12-13 Juin 2008, « Montpellier Agglomération : entre
développement métropolitain et métropole multipolaire ».
- 2008, Colloque international Action collective et exclusion sociale en Europe, Université de
Lyon, 11-12 janvier 2008, « De la ségrégation socio-spatiale à la mobilisation des acteurs :
tergiversations autour du projet de réhabilitation du quartier du Petit Bard à Montpellier ».
- 2006, Colloque Scénarios, 16-17 mars 2006, IUFM de l’académie de Versailles Site
d’Antony – Val-de-Bièvre (92), « Les matrices épistémologiques et sociales pour l’histoire et
la géographie : un outil efficient en formation ? ».
- 2006, Colloque international L’école : représentation(s), mémoires, IUFM de Clermont-
Ferrand, 4-5 avril 2006, « L’école en quartier « sensible » : entre « rude école » et « bonne
école ». Représentations d’élèves sur un lieu complexe ».
" *+'"
- 2006, Colloque Dynamique de valorisation et de dévalorisation des territoires urbains,
Université d’Évry, 2-3 mars 2005, « Montpellier et son territoire métropolitain, entre
valorisation interne et valorisation externe : une question d’échelle et/ou une question
d’images ? ».
- 2005, Journées d’études didactiques de l’histoire et de la géographie Recherche et
formation, INRP Lyon, 9-10 novembre 2005, « Former des professeurs d’école stagiaires aux
savoirs historiques et géographiques : petite histoire d’un outil : les matrices épistémologiques
et sociales pour l’histoire et la géographie », en collaboration avec Catherine Vercueil-Simion
et Gilles Boyer
- 2005, Colloque international Circulations et Territoires dans la migration internationale,
Université de Toulouse le Mirail, 16-18 mars 2005, « Ici et là-bas : pratiques spatiales et
pratiques sociales de jeunes du quartier du Petit Bard ».
- 2005, Colloque international Logiques métropolitaines : modèles, acteurs et processus,
CNRS IFRESI, Université de Lille, 2 et 3 juin 2005, « Les acteurs de la scène métropolitaine
face au double défi de l’urbanisation et du développement durable », en collaboration avec
Mariette Sibertin-Blanc
- 2005, Colloque international Développement urbain durable, gestion des ressources et
gouvernance, Université de Lausanne, 21-23 septembre 2005, « La dialectique de la
mobilisation sociale et de l’injonction dans la petite fabrique locale du « Développement
urbain durable » : une comparaison Nord-Sud », en collaboration avec Sinda Haoues-Jouve,
Alice Rouyer, Fatima Gomes.
- 2005, Colloque international Les villes au défi du développement durable, Université de
Sfax, 23-26 novembre 2005, « Entre grands projets et petits arrangements : la maîtrise de
l’étalement urbain de l’agglomération montpelliéraine sous le prisme du développement
durable », en collaboration avec Mariette Sibertin-Blanc.
- 2005, 5ème Colloque international Recherche(s) et formation, Former des enseignants-
professionnels, savoirs et compétences, IUFM des Pays de la Loire, Nantes, 14-16 février
2005, « Des outils pour la formation des enseignants de l’élémentaire : les matrices
épistémologiques et sociales pour l’histoire et la géographie », en collaboration avec Nicole
Tutiaux-Guillon et Catherine Vercueil-Simion.
- 2004, Géoforum, Poitiers, 11 et 12 juin 2004, Atelier « Les enfants issus de l’immigration »,
« Habiter le Petit Bard : le quotidien d’enfants issus de l’immigration ».
- 2004, Colloque, Le barbare, l’étranger : images de l’autre, Centre de Recherche en
Histoire, Université Jean Monnet, Saint-Etienne 14-15 mai 2004, « Les figures de l’étranger à
l’école primaire : quelles perceptions, quelles catégorisations, quelles stigmatisations ? »
- 2004, 9ème Colloque international de l’AIRDF, Le français : discipline singulière, plurielle
ou transversale ? Québec, 26-27-28 août 2004, « Une séance de géographie à l’école
primaire : usages du langage naturel dans l’appropriation des savoirs géographiques ».
- 2004, 5ème Congrès International d’Actualité de la Recherche en Education et en Formation,
CNAM, Paris, 31 août, 1, 2, 3 et 4 septembre 2004, « Conception d’un outil didactique en
géographie : quelles finalités du côté de la recherche ? Quels effets sur les représentations et
les pratiques des enseignants ? ».
" *+("
- 1997 : Séminaire organisé par l'Université Joseph Fourier, Grenoble : Acteurs et Territoires,
10-11 avril 1997, "Le maire : acteur politique majeur des politiques urbaines ?".
- 1996, Colloque International Les espaces publics méditerranéens, Ecole d'Architecture de
Montpellier les 14-15-16 mars 1996, "Méditerranéïté ou mondialisation : réflexions autour de
trois places montpelliéraines", en collaboration avec Philippe Cadène.
- 1995, Colloque International Les pratiques de la ville : transformations sociales et
évolutions spatiales, Centre de Recherche sur l'Habitat, Ecole d'Architecture de Paris-La-
Défense les 21 et 22 septembre 1995, "L'image de Montpellier, valorisation et enjeux".
- 1995, Colloque International Villes en projet, Centre d'Etudes des Espaces Urbains,
Bordeaux les 23 et 24 mars 1995, "Projets urbains et images de villes"
" *+)"
2006-2007 Responsable et coordinatrice du stage de formation continue « Enseigner
l’Europe », IUFM Lyon.
2007-2008 Coordination et enseignement : stage « l’enseignement de l’histoire –
géographie au cycle 3 : quelles approches privilégier ? », Pékin (Chine), du 11
au 13 février 2008.
2005-2006 Responsable de la section PCL1 à l’IUFM
"
9. Responsabilités scientifiques
2012-2013 Membre du comité scientifique International Conference on European Identity,
Ljubjljana, Slovénie, 12-18 septembre 2012, University of Ljubljana, Faculty of
Arts.
2011-2012 Membre du comité scientifique du colloque Les cultures du déplacement.
Mobilités et requalifications des lieux et des territoires. 14-15-16 Juin 2012,
Université de Nîmes.
2008-2009 Membre du comité scientifique du colloque HyperUrbain.2. Nouvelles
cartographies, nouvelles villes ?, Paris, 3 et 4 juin 2008, organisé par CITU-
Paragraphe, Université Paris 8 et la FING.
2010-2011 Membre du comité scientifique du colloque HyperUrbain.3. Villes hybrides et
enjeux de l'aménagement des urbanités numériques. Troisième colloque sur les
Technologies de l’Information et de la Communication en milieu urbain
Université de Montréal - Faculté d'Aménagement 26-28 Septembre 2011
2007-2010 Co-responsable et organisatrice du cycle de conférences en sciences sociales à
l’IUFM de Lyon.
2006-2007 Co-responsable du séminaire « deux sciences sociales et leur enseignement : le
renouvellement des savoirs en géographie et en histoire » à l’IUFM de Lyon
http://www.lyon.iufm.fr/pole_recherche/recherche.html
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Activités d’enseignement et de formation
Dans le premier degré (cycle 3 essentiellement)
1988-2002 Institutrice dans différentes écoles du département de l’Hérault
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Nature des enseignements dispensés
et publics concernés
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l’élaboration de séquences d’apprentissage ; leurs pratiques et leurs réflexions nourrissent tout
particulièrement leur mémoire professionnel.
- Cours sur le thème Identités des élèves et des apprentissages en histoire-géographie, Centre
Michel Delay à Vénissieux, 2003.
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Au Centre National d’Education à Distance (2006-2012)
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SOMMAIRE
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TABLE DES ILLUSTRATIONS
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Réseau viaire actuel de la Casbah d’Alger et emplacement des îlots. 15
Campagne de communication début des années 1990. 22
e
Plaquette « Voyage au cœur de la civilisation méditerranéenne, Montpellier, XX siècle après J-C ». 28
Communication de l’aéroport international Marseille Provence, 1995. 30
Carte postale " Ams Tram Way, Roule et roule et pollue pas" 41
Bulletin des élèves 42
Service de chargée de cours, entre 1992 et 2012. 45
Détail des diverses préparations aux concours. 46
Liste des sujets donnés au CNED 47
Participation à divers jurys de concours (2004-2012) 48
Stages de formation continue. 48
Responsabilités administratives et pédagogiques 49
Service d’enseignement, tous sites confondus, année 2010-2011 49
Carte du projet de rénovation urbaine de l’ensemble Petit Bard-Pergola 69
Exemple de morcellement des SCOT. Rapport final PIRVE, avril 2012. 75
Terrains de la recherche PIRVE 77
Liste des incontournables 84
Liste des séminaires Pamina auxquels j’ai participé 85
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