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LA CONSCIENCE EN
PHILOSOPHIE: COURS
& CITATIONS

A
u programme de notre
dictionnaire de philosophie : la
conscience

La conscience en philosophie

Table des Matières [Cacher]

1 La conscience en philosophie
2 Définitions générales du concept de
conscience :
3 Cours sur la notion de conscience
3.1 Introduction
3.2 Problématique
3.3 I) Descartes : La conscience va
aboutir comme positivité fondatrice.
3.4 II) La Conscience est une activité
3.5 III) La conscience et la temporalité
3.6 IV) « Toute conscience est
conscience de quelque chose » : Husserl.
3.7 V) La mise ne doute de la suprématie
de la conscience sur le corps.
3.8 Conclusion
4 Définitions particulières de philosophes
sur la conscience / la subjectivité :

Dans l’Antiquité, la conscience n’existait pas


: seul le “noos”, l’esprit connaissant, avait
une valeur. C’est la modernité
philosophique qui a donné au sujet une
conscience. Descartes l’a posée comme le
socle de la connaissance car la conscience a
résisté au doute méthodique, elle peut donc
servir de fondement sur lequel s’édifierait
l’ensemble du savoir (cf. La Métaphysique de
Descartes). Kant, Hegel, ou encore Sartre
reprennent à leur compte cet acquis de la
philosophie moderne.

Définitions générales du
concept de conscience :
– Du latin conscientia : connaissance
partagée avec un autre

– Sens psychologique : connaissance,


intuition ou sentiment qu’un sujet possède
de lui-même, de se états et de ses actes

– Sens moral : capacité de formuler des


jugements moraux, sur le bien et le mal

Cours sur la notion de


conscience

Introduction

« Conscience » : cum scientia (latin). La


conscience : activité psychique qui fait que
je pense le monde et que je me pense moi-
même. Et ce parce que la conscience est une
mise à distance.

La conscience est mise à distance :

De l’homme face au monde


De l’homme face à lui-même

La conscience : ce qui fait que je ne suis pas


posé dans le monde comme peut l’être un
objet mais que je me rapporte au monde,
que je le vise, que je m’y projette.

Etre conscient, c’est sentir, agir, penser


et savoir que je sens, que je pense et que
j’agis. L’homme n’est pas posé dans le
monde, il s’y rapporte. Par la conscience,
le monde devient objet de connaissance
et de réflexion.
Etre conscient des actes accomplis et
des pensées élaborées n’en fournit pas
pour autant l’intelligibilité. De plus, la
conscience est une mise à distance de
l’homme par rapport à lui-même. Elle
peut être ce qui lui inflige des
expériences douloureuses : ex : la
conscience morale, la culpabilité, le
remords. Ex : Crime et châtiment
(Dostoïevski) avec le personnage de
Raskolnikov: après le double meurtre de
l’usurière et de sa sœur. Par la
conscience morale, l’homme fait
l’épreuve d’actes dans lesquels il a du
mal à se reconnaitre. En ce sens, la
conscience signifie moins l’accès à une
identité stable, définie qu’à une tâche à
effectuer.

Problématique

En quoi la conscience fait elle la grandeur et


la misère de l’homme ?

La conscience : ce qui permet la


connaissance

La conscience permet à l’homme de


répondre de ce qu’il est. Ceci l’élève au-
dessus de l’animal.

Mais ce phénomène est aussi ce qui le


sépare de l’immédiateté et de l’innocence
de l’instant.

La conscience est donc synonyme de


dignité, elle est ce qui permet à l’homme de
penser le monde et de se penser lui-même.
Mais cette dignité a un prix, elle est une
libération qui impose la nécessité de devoir
répondre de ses actes et de les assumer.
Parallèlement à cela parce qu’elle permet la
pensée, elle est ce qui permet le
questionnement philosophique.

Si la conscience est ce qui permet le


raisonnement philosophique, il semble
nécessaire de s’interroger sur l’origine de
cette interrogation.

A la question « connais-toi toi-même »,


Socrate répond : « je sais que je ne sais
rien ». Négativité de la connaissance : le
savoir se pose ici comme la conscience de ne
rien savoir.

I) Descartes : La conscience va
aboutir comme positivité
fondatrice.

Les méditations métaphysiques. « Cogito


ergo sum »

Remise en question des perceptions, des


opinions et des jugements. Le doute est un
outil, il est méthodique, radical et
systématique. Il a pour but d’aboutir à la
découverte d’une vérité fondatrice,
indubitable et certaine à partir de laquelle la
science et la connaissance pourraient être
refondées.

On doute du plus simple au plus


complexe : le plus simple : douter des 5
sens : plutôt que de douter de chacune
de mes perceptions ce qui serait infini, il
faut douter de ce qui permet la
perception : les 5 sens. Cf texte du
morceau de cire et de la tour qui semble
carrée et qui en fait est ronde. Les sens
sont donc trompeurs.
Si les sens sont trompeurs, il est
nécessaire de douter ce qui fonde mes 5
sens : le corps. Descartes doute de
l’existence de son propre corps.
Mais si mes sens sont trompeurs, mes
pensées peuvent aussi l’être :doute
quant aux vérités mathématiques.
Comme celles-ci ne procèdent pas de
l’expérience et sont dans mon esprit, il
faut bien qu’un être les y ait mises.
Douter de ces vérités, c’est donc
nécessairement poser l’hypothèse de
l’existence d’un Dieu qui ne cesserait de
me duper. D’où l’hypothèse de
l’existence d’un malin génie. Début de la
conclusion : je puis douter de toute mais
pour douter il faut que je pense et pour
penser il faut que je sois : je pense, je
suis. Dès que je pense et aussi
longtemps que je pense, je suis.

L’unique certitude qui résiste au doute : « je


pense donc je suis ». Mais cette vérité
affirme le fait que j’existe, elle ne me dit pas
la nature de ce que je suis. Etre conscient
d’exister ne m’informe pas sur l’identité de
cet existant. La conscience peut-elle être
objet de connaissance ?

II) La Conscience est une activité

La conscience : une activité qui


accompagne mes représentations

Kant : Logique (intro) 1800

Contrairement à Descartes qui définit la


conscience comme une chose, Kant la
présente comme une activité. La conscience
est une fonction nécessaire de la pensée
mais ne me donne pas la connaissance de ce
je que je suis.

Pour identifier ce moi, il est nécessaire que


le pouvoir d’indentification soit initialement
dans la conscience, pouvoir d’identification
qui permet d’établir la relation entre sujet et
objet. Kant distingue la « représentation »
de la « connaissance », la « matière » de
l’ « intuition », la « sensibilité », la « forme », l’
« entendement ».

Selon Kant, la connaissance procède de


deux sources : la sensibilité et
l’entendement : sans la sensibilité
l’entendement est vide, sans l’entendement,
la sensibilité est aveugle. (cf. La Critique de
la Raison Pure)

Sensibilité : faculté par laquelle les objets


me sont donnés : réceptivité, sensation.

Entendement : faculté intellectuellepar


laquelle les objets sont pensés : faculté de
connaitre. Faculté intellectuelle qui produit
les concepts à partir desquels des intuitions
sensibles sont reliées entre elles et
ordonnées car subsumées.

« Subsumer » : ranger une intuition sensible


sous un concept, donc identifier, connaitre.

Ex : celui qui voit une maison pour la


première fois : simple intuition.

Celui qui voit une maison et qui a déjà dans


son entendement le concept de maison en a
la représentation.

Le « je » accompagne toutes mes


représentations et les unifie. La conscience,
le « je » est originaire. Il est ce qui permet
cette unification et la conscience de soi
procure aux représentations leur
cohérence. Pour que les représentations
soient unifiées, il faut admettre ce pouvoir
unificateur comme ce qui permet la
connaissance, donc le penser comme
originaire. La conscience est donc une
activité, elle est un pouvoir de synthèse. Le
sujet ne peut prendre conscience de lui-
même qu’à travers cette activité. Comme, la
conscience de soi ne peut apparaitre que
lorsqu’elle se réalise, elle ne peut pas être
une connaissance de soi car elle est ce qui
permet la connaissance. La conscience,
lorsqu’elle se prend elle-même pour objet
de pensée ne peut se penser à vide. Elle se
pense à partir des contenus de pensée qui
l’investissent.

La conscience présente ainsi un caractère


paradoxal, elle est ce qui permet la
connaissance de l’objet, mais elle ne peut
être elle-même objet de connaissance.

La conscience immédiate et la conscience


réfléchie, la connaissance du monde, la
connaissance de soi. La conscience de soi se
définit comme la possibilité pour le sujet de
prendre pour objet de connaissance ses
états de conscience : la conscience se
retourne sur elle-même pour penser ses
contenus de pensée. La conscience participe
ainsi de deux mouvements :

1. La conscience immédiate : elle est celle


qui accompagne les actes du sujet : avoir
conscience de quelque chose
2. La conscience réfléchie : celle dans
laquelle le sujet se pense lui-même
comme conscient de quelque chose.

Exemple :

Kant : le passage de la simple conscience de


soi « Charles veut manger » à « je veux
manger » : la conscience de soi : Kant :
« Avant il se sentait, maintenant il se pense »

Les deux mouvements fonctionnent


ensemble : toute conscience est toujours
conscience de quelque chose et je ne peux
prendre conscience de ce que je suis qu’en
me regardant au travers des actes
accomplis : la conscience réfléchie
présuppose la pensée immédiate. De la
même façon, le sujet ne peut avoir
conscience de quelque chose que parce qu’il
s’y sait présent : je n’ai conscience du monde
que pace que je suis conscient d’y être : la
conscience immédiate présuppose la
conscience réfléchie. Elles sont donc
inscrites dans une activité, dans un
mouvement, donc dans une temporalité qui
entrelace la conscience immédiate et celle
réfléchie sans pour autant les faire
coïncider.

Cette absence de coïncidence avec soi


clairement chez Bergson. Cette non
coïncidence apparait avec la notion de
durée.

Le mouvement effectué inscrit la


conscience dans la durée. La conscience
établit une relation entre le passé, le
présent et l’avenir.

III) La conscience et la temporalité

Texte de Bergson : l’énergie spirituelle

1. La conscience est conservation du


passé.
2. La conscience est mouvement vers
l’avenir.
3. Donc la conscience est un lien entre le
passé et l’avenir car c’est le rapport à la
mémoire et au projet qui caractérise la
conscience.

Bergson lie le savoir à la mémoire et à


l’anticipation. La mémoire est une fonction
du passé.

1. La conscience est attention portée au


présent. Elle est donc
fondamentalement pratique.
2. La conscience chez Bergson est une
chose concrète, c’est-à-dire une réalité
dont nous faisons l’expérience à chaque
instant. Elle apparait d’autant plus
clairement qu’elle se réalise à chaque
rapport au monde car elle accompagne
chacune de nos perceptions et chacun
de nos actes.
3. La conscience se caractérise par la
mémoire : une conscience sans mémoire
serait une conscience « inconsciente »,
une conscience sans conscience d’elle-
même (une conscience qui ne pourrait
jamais rien identifier et serait ainsi
confrontée à un perpétuel inconnu). Or
la conscience est le lieu dans lequel les
événements s’impriment. Elle se définit
d’abord par la perception des objets qui
nous environnent et cette perception
implique la mémoire : « percevoir, c’est
se souvenir » (Bergson) « Etre
conscient », signifie être capable
d’effectuer le lien entre un événement
présent et un événement passé afin que
celui présent puisse être identifié,
reconnu et que je puisse agir dans le
monde et donc y vivre.
4. La conscience est aussi tension vers
l’avenir, anticipation car agir dans le
présent signifie nécessairement
s’engager dans ce que ce présent va
devenir.

Si la conscience rapporte l’événement


présent à celui passé pour pouvoir identifier
celui présent, si la conscience est relation à
l’événement présent à partir de l’avenir qu’il
annonce, quelle relation la conscience peut-
elle avoir avec le présent ?

Si la conscience est en relation avec ce qui


n‘est plus (le passé), et ce qui n’est pas
encore (l’avenir) quelle relation a-t-elle avec
ce qui est (l’instant présent) ?

L’instant présent est par nature fugace,


fugitif : commencer à percevoir l’instant
présent signifie qu’il n’est déjà plus du
présent mais déjà du passé car la pensée s’y
applique (l’instant est alors déjà un
souvenir). De la même façon, anticiper le
présent est impossible. L’instant n’existe
pas : dès qu’il apparait, il n’est déjà plus(il est
déjà du passé), aussi longtemps qu’il est
attendu, il n’est pas (c’est de l’avenir). Dès
lors, le présent n’est qu’une durée participée
par le passé immédiat et l’avenir imminent.
Le présent, c’est quelque chose qui dure.

Là où Descartes voyait la conscience comme


une chose qui pense, Bergson voit une
chose qui dure, qui s’écoule. Pour Bergson,
la conscience est progrès et son inspiration
dans la durée fait que l’homme est ce qu’il
fait et fait ce qu’il est. Si la conscience est
happée par le passé et tendue vers l’avenir,
la conscience est mouvement, visée.

IV) « Toute conscience est


conscience de quelque chose » :
Husserl.

Tout cogito porte en lui son cogitatum


auquel elle se relie et dont il se distingue. La
conscience est toujours relation avec autre
chose qu’elle-même. Il y a toujours une
distance entre la conscience et l’objet
qu’elle vise. Même lorsque la conscience
prend pour objet de pensée ses contenus de
pensée (ex : ses souvenirs …) elle ne parvient
pas à les penser tels qu’ils étaient au passé
parce qu’elle ne peut les appréhender que
relativement au présent dans lequel elle est.

La conscience est projet, visée du monde,


elle est « intentionnalité ». Intentionnalité :
visée, projection vers le monde. La
conscience n’est plus lue comme une
intériorité close sur elle-même, elle est
visée, projection. Avant d’être réflexive,
retour sur elle-même, la conscience est
initialement relation au monde en tant que
je suis un être qui désire, qui agit et qui
anticipe. Parce qu’elle s’anticipe, la
conscience est donc toujours déjà au-delà
d’elle-même, elle est visée d’un ailleurs pour
orienter son agir dans le monde. La
conscience est donc donatrice de sens, de
signification. La signification n’est pas dans
la chose, c’est la conscience qui donne leur
sens aux choses qu’elle vise et qu’elle
perçoit.

Mais si la conscience est donatrice de sens,


si elle ne se règle plus sur l’objet pour le
connaître mais fournit un sens à l’objet,
alors la conscience ne peut plus être pensée
comme le lieu d’une vérité unique, absolue.
Il apparait alors légitime de se poser la
question suivante : penser la conscience
comme prévalant sur la conscience, est-ce
une vérité ou une simple interprétation ?

V) La mise ne doute de la
suprématie de la conscience sur le
corps.

Texte de Nietzsche : « Aurore » (1880)

1. La conscience n’est que le simple écho


du corps qui la porte au monde. Plus que
cela, ne serait-ce pas une simple
interprétation que l’on aurait posée
comme vérité pour des raisons morales,
pratiques ? Si la conscience est
donatrice de sens, penser la conscience
comme supérieure au corps, n’est-ce pas
une simple interprétation plutôt qu’une
vérité, une croyance et non un état de

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