Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Isaac Chueke
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
© C.N.R.S. Editions | Téléchargé le 28/08/2020 sur www.cairn.info (IP: 90.90.116.67)
Damien Ehrhardt : Dans quelle mesure la musique est-elle d’expression qui, forcément, nous touchent d’une manière
un moyen de communication ? Quel est le rôle joué par ou d’une autre. Le rôle du chef pendant les répétitions et le
l’interprète, et tout particulièrement le chef d’orchestre, jour du concert est de convaincre sa phalange de cette gran-
dans cette transmission ? deur au sens noble, épique, lyrique… Par ailleurs, je pense
de plus en plus à un leadership partagé avec l’orchestre
© C.N.R.S. Editions | Téléchargé le 28/08/2020 sur www.cairn.info (IP: 90.90.116.67)
changer ses habitudes et de s’adapter. Paris et Berlin sont c’est l’une des conditions pour qu’une œuvre ait plus de
deux centres musicaux importants séparés d’à peine une chances d’être appréciée à sa juste valeur.
heure et quart de vol. Ce sont néanmoins des villes très dif-
férentes, qui ont relativement peu en commun. La musique Damien Ehrhardt : Que pensez-vous de la diffusion
française là-bas semble parfois perçue, encore aujourd’hui, planétaire de la musique classique occidentale ? Est-elle
comme quelque chose d’étranger, littéralement comme devenue une musique mondiale ? Pour qui ?
venue d’ailleurs : dans ce contexte, pensez à un programme
berlinois entièrement consacré à Debussy ! Le public serait Isaac Chueke : La musique planétaire n’est pas mon-
moins réticent avec un programme célébrant Beethoven ou diale au sens où ce n’est pas une musique de masse, et elle
Brahms, bien entendu ! ne le sera jamais ! À part les mélomanes bien sûr. Pensez
Tout cela finit par compromettre le choix de ceux qui aux extraits de morceaux qui sont écoutés partout : les
décident du programme des salles de concert. En effet, la débuts de la Cinquième Symphonie de Beethoven ou d’Also
mondialisation musicale dépend toujours de la curiosité de Sprach Zarathustra de Strauss. Le plus souvent, les per-
ceux qui font cet art et y croient suffisamment pour lancer sonnes ne connaissent que ces extraits. Les œuvres dans
de nouveaux défis, à eux-mêmes et aux divers publics. Puis, leur intégralité restent inconnues. Quant à la pratique
si l’on pense aux auditeurs, il ne faudrait pas trop chercher musicale mondialisée, les gens se rendent compte qu’il y a
l’unanimité des goûts : cela n’a jamais existé, c’est impos- beaucoup de musique classique exécutée hors Europe : en
sible, ce serait inintéressant et même dangereux ! Asie, aux Amériques. Ce n’est pas un phénomène nouveau.
© C.N.R.S. Editions | Téléchargé le 28/08/2020 sur www.cairn.info (IP: 90.90.116.67)