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CAA de PARIS, 3ème chambre, 23/03/2021,

21PA00240, Inédit au recueil Lebon


CAA de PARIS - 3ème chambre

 N° 21PA00240
 Inédit au recueil Lebon

Lecture du mardi 23 mars 2021


Président
M. BERNIER
Rapporteur
M. Christian BERNIER
Rapporteur public
Mme PENA
Avocat(s)
ESTIVAL
Texte intégral

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Vu la procédure suivante :

Procédure contentieuse antérieure :

Mme H... A... a demandé au tribunal administratif de Paris d'annuler la décision


implicite du 5 février 2020 par laquelle le directeur régional des entreprises, de la
concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi d'Ile-de-France
(DIRECCTE) a validé l'accord collectif majoritaire relatif au plan de sauvegarde de
l'emploi des sociétés Exane SA, Exane Dérivatives et Ellipsis Asset Management.

Par un jugement n° 2013227 du 17 novembre 2020, le tribunal administratif de Paris


a rejeté sa demande.

Procédure devant la Cour :

Par une requête enregistrée le 15 janvier 2021, et des mémoires enregistrés les
8 février 2021, 18 février 2021, et 26 février 2021, Mme A..., représentée par Me D...,
demande à la cour :

1°) d'annuler le jugement du tribunal administratif de Paris du 17 novembre 2020 ;

2°) d'annuler ou de réformer la décision du 5 février 2020 par laquelle le directeur


régional des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de
l'emploi d'Ile-de-France a validé l'accord collectif majoritaire relatif au plan de
sauvegarde de l'emploi des sociétés Exane SA, Exane Dérivatives et Ellipsis Asset
Management ;

3°) de mettre à la charge de l'Etat la somme de 5 000 euros sur le fondement de


l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Mme A... soutient que :
- le tribunal, qui n'a statué que sur les moyens figurant dans la requête introductive
d'instance, n'a ni visé ni analysé les moyens nouveaux figurant dans le mémoire
complémentaire enregistré le 6 octobre 2020 et non communiqué aux défendeurs, et
repris dans la note en délibéré ; le jugement est irrégulier de ce fait ;
- la société Ixios Management, qui n'est pas partie à l'accord, n'a pas qualité pour
être partie à l'instance ;
- sa demande était recevable et a été régularisée ;
- l'administration n'a pas vérifié la qualité du signataire qui s'est engagé au nom des
sociétés de l'UES Exane, ni celle des parties signataires ;
- les discussions au sein du comité social et économique sur la détermination des
catégories professionnelles n'ont pas été suffisamment approfondies ;
- le champ d'application du PSE a été illégalement réduit à trois sociétés de l'unité
économique et sociale Exane qui en compte six ; le tribunal n'a pas répondu à ce
moyen ;
- les catégories professionnelles devaient être définies au niveau de l'UES et non au
niveau des entreprises membres ; le périmètre appliqué pour répartir les salariés
selon les catégories professionnelles a été volontairement réduit aux seules sociétés
au sein desquelles des postes ont été supprimés ;
- la répartition des salariés visés par l'accord collectif en des catégories trop étroites,
fondée sur la performance et non sur la compétence, est frauduleuse, discriminatoire
et tend à obtenir le départ de salariés préalablement identifiés ;
- elle occupait un emploi permutable avec des emplois de même nature,
éventuellement au prix d'une adaptation
- elle a été, comme d'autres, discriminée en raison de son sexe, de sa nationalité, et
de son état de santé ; les salariés les plus âgés étaient plus particulièrement visés ;
- l'UES Exane n'avait pas préalablement accompli tous les efforts de formation et
d'adaptation que l'article L. 1233-4 du code du travail met à sa charge ; la décision de
la DIRECCTE est sous-motivée sur ce point ;
- les mesures de reclassement prévues par l'accord sont insuffisantes et n'ont pas
été effectivement mises en oeuvre.

Par un mémoire en défense, enregistré le 2 février 2021, le ministre du travail conclut


au rejet de la requête.

Il soutient que :
- le tribunal a répondu à tous les moyens, y compris ceux figurant dans le mémoire
enregistré le 6 octobre 2020, non communiqué aux parties ;
- c'est au niveau de l'entreprise, qui a la qualité d'employeur, et non de l'unité
économique et sociale, que s'apprécient les catégories professionnelles et les
critères d'ordre ;
- s'agissant d'un accord collectif majoritaire et non d'un document unilatéral, le
contrôle de l'administration porte uniquement sur le caractère éventuellement
discriminatoire du découpage des catégories professionnelles ; le moyen tiré du
nombre élevé de catégories professionnelles ou de leur caractère trop restrictif n'est
pas suffisant ;
- il n'y a pas eu de choix discriminatoire à raison du sexe, de la nationalité ou de l'état
de santé ;
- la DIRECCTE a vérifié l'existence de mesures de formation et de reclassement
interne ainsi qu'il ressort de la motivation de la décision, suffisante en l'espèce ;
- la validité du plan n'est pas subordonnée à l'importance de l'effort préalable de
l'employeur en matière de formation ;
- s'agissant d'un accord collectif majoritaire, le contrôle des mesures de reclassement
porte sur leur existence et non sur leur caractère suffisant au regard des moyens du
groupe, ce qui a été le cas en l'espèce ; la circonstance que la requérante n'ait pas
bénéficié d'un reclassement est indifférente.
Par des mémoires en défense, enregistrés les 13 février 2021 et 23 février 2021, la
société Exane SA, la société Exane Asset Management, la société Exane
Derivatives, la société Exane Finance, la société Exane Derivatives Gérance, la
société Ellipsis Asset Management et la société Ixios Asset Management,
représentées par la SCP d'avocats G... Fattacini Rebeyrol, concluent au rejet de la
requête et à ce qu'une somme de 4 500 euros soit mise à la charge de Mme A... sur
le fondement de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.

Elles soutiennent que :


- la demande qui tendait à l'annulation d'une décision implicite inexistante est
irrecevable ;
- le jugement n'est pas irrégulier, les moyens et arguments contenus dans le dernier
mémoire non communiqué de la requérante soit avaient déjà été soulevés, soit
étaient inopérants ;
- M. B..., directeur général d'Exane avait été habilité à signer l'accord par les sociétés
qu'il représentait ;
- la négociation a effectivement porté sur la définition des catégories professionnelles
;
- le périmètre de l'accord est limité aux seules entreprises qui licencient, les autres,
dont certaines au demeurant n'ont pas de salariés, n'étant pas concernées ;
- les catégories professionnelles n'avaient pas à être déterminées au niveau de l'UES
ou du groupe, qui ne sont pas des entités juridiques ;
- la définition des catégories n'est pas frauduleuse ;
- la détermination des catégories ne présente pas de caractère discriminatoire ;
- l'autorité administrative n'a pas à apprécier les efforts passés en matière de
formation, mais les mesures de formation arrêtées dans le cadre du PSE ;
- l'exécution du PSE relève du juge judiciaire.

La clôture de l'instruction est intervenue le 2 mars 2021.

Vu les autres pièces du dossier.

Vu :
- le code du travail,
- le code de justice administrative.

Les parties ont été régulièrement averties du jour de l'audience.

Ont été entendus au cours de l'audience publique :


- le rapport de M. C...,
- les conclusions de Mme Péna, rapporteur public,
- et les observations de Me D... et Me F..., représentant Mme A... et de
Me G..., représentant la société Exane SA et autres.

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